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Archive pour la catégorie 'KING Henry'

La Cible humaine (The Gunfighter) – de Henry King – 1950

Posté : 8 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, KING Henry, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Cible humaine

Pas si facile d’être le tireur le plus rapide de l’Ouest… Jimmy Ringo s’en est rendu compte un peu tard. 35 ans, sans le sou, obligé de passer d’une ville à l’autre, confronté partout à des petits cons désireux de se faire un nom en descendant cette légende vivante… Il est un homme fatigué, usé, condamné.

Ce thème n’est pas nouveau dans l’histoire du western. King en fait une sorte d’épure aussi belle que radicale. Le personnage de Ringo, joué par un Gregory Peck parfait, est presque une caricature lorsqu’il apparaît : cavalier superbe et solitaire qui traverse des paysages typiques du genre, avant d’arriver dans une ville tout aussi archétypale.

Après une première partie vive et dense, l’action s’arrête subitement. Peck s’assoit sur une chaise, dans un recoin d’un grand bar désert (tenu par Karl Malden). Il n’en bougera plus qu’épisodiquement… Un choix étonnant qui fait l’originalité et la beauté du film.

Gregory Peck est formidable dans le rôle de cet homme qui attend, à la fois la femme qu’il a perdue et le destin qui lui est promis. Il est formidable dans sa manière d’incarner les regrets, la fatigue, l’espoir. Il est formidable, dans ce qu’il incarne par son seul regard, et sa grande carcasse fatiguée.

Parce que l’action, la plupart du temps, se déroule autour de lui, en marge. Le film raconte aussi l’effet que sa seule présence a sur cette communauté. Dans le bar, Peck est immobile, attentiste. À l’extérieur, c’est grouillant de vie, les enfants chahutent, les caïds s’excitent, les femmes de la ville se remontent, les esprits s’échauffent…

Et celui qui arpente les rues pour tenter de faire respecter l’ordre, ce n’est pas Peck, mais le shérif, merveilleux Millard Mitchell (le chercheur d’or de L’Appât, le producteur de Chantons sous la pluie), force tranquille un peu raide avec ses bras ballants, incarnation parfaite de l’autorité.

Les scènes communes de Peck et Mitchell sont peut-être les plus belles de ce western étonnant. Parce qu’on ressent l’affection que ces deux-là se portent, et parce qu’on les sait conscients que l’un et l’autre représentent les deux faces d’une même pièce : deux hommes semblables, aux destins différents. Grand western…

Capitaine King (King of the Khyber Rifles) – de Henry King – 1953

Posté : 2 janvier, 2015 @ 6:09 dans 1950-1959, KING Henry | Pas de commentaires »

Capitaine King

Un rien colonialiste, ce film d’aventure tourné dans un technicolor flamboyant par un Henry King dans sa veine « yes man des studios ». Bref, par le plus inspiré de ses films, ni le plus palpitant, et la peinture de ces Indes de l’empire britannique dont la civilisation semble sauvegardée par la présence anglaise a un aspect forcément exaspérant et révoltant.

Mais il y a tout de même, sous-jacente, une belle réflexion sur le racisme : les belles pensées humanistes sont-elles si faciles à mettre en place ? La réponse n’est pas vraiment là, mais le film a au moins le mérite de poser la question, avec ce beau personnage d’un officier anglais né aux Indes d’une mère hindoue, qui ne trouve sa place nulle part : ni auprès des autres officiers qui le tiennent à l’écart de leur quotidien, ni auprès de celui avec qui il a été élevé, devenu le chef sanguinaire de la révolte.

Tyrone Power est très à l’aise dans ce rôle qui lui sied parfaitement. Mais son héroïsme et sa pureté sont trop parfaits pour que l’acteur puisse donner une vraie profondeur à ce personnage. Le plus intéressant serait plutôt celui de son supérieur, joué par Michael Rennie. Un homme de bien fier de son ouverture d’esprit et ouvertement hostile aux discriminations, qui se heurte pourtant aux réalités de la différence lorsque sa fille (la belle de l’histoire, jouée par Terry Moore), s’éprend du métis Tyrone Power.

Remake de The Black Watch, le premier film parlant de John Ford, Capitaine King a tous les aspects du grand spectacle hollywoodien le plus traditionnel. Mais il impressionne par moments par sa crudité et sa violence. La terrible séquence d’exécution surtout, paraît furieusement d’actualité, 60 ans après…

• DVD dans la collection Hollywood Legends tirée des archives de la Fox.

Stanley et Livingstone (Stanley and Livingstone) – de Henry King (et Otto Brower) – 1939

Posté : 10 décembre, 2014 @ 2:39 dans 1930-1939, BROWER Otto, KING Henry | Pas de commentaires »

Stanley et Livingston

Voilà l’un de ces « grands films prestigieux » que les studios hollywoodiens adoraient du temps de leur grandeur : l’une de ces productions taillées pour les Oscars et la postérité. L’un de ces films, aussi, qui supporte généralement le plus difficilement l’épreuve du temps. Pas manqué : ce Henry King ne figure pas parmi les plus mémorables du cinéaste, et résume assez bien la grandeur et la limite du système hollywoodien de l’âge d’or.

Cette grande épopée humaniste a aussi un aspect très colonialiste, assez représentatif de la vision de l’époque : comme dirait l’autre, c’est le blanc qui fait rentrer l’Afrique dans l’histoire, comme si le continent ne pouvait exister que parce les sociétés occidentales l’ont reconnu à travers des cartes.

Au-delà de cet aspect (à remettre dans son contexte, bien sûr), le film est assez beau, surtout par les portraits qu’il dresse de ces aventuriers transformés à jamais par un continent noir fascinant. Livingstone bien sûr, mais aussi l’ambassadeur amoureux et détruit par cette Afrique qui a fait de lui un vieillard avant l’heure.

Henry King peut surtout se reposer sur la prestation toute en nuance et particulièrement intense à la fois de Spencer Tracy, formidable en Stanley, ce journaliste d’un autre temps qui passe des contrées sauvages de l’Ouest américain (dans une étrange séquence d’ouverture) à celles si semblables et si différentes de l’Afrique.

L’acteur, flanqué d’un Walter Brennan déjà haut en couleur dans le rôle de son « éclaireur », n’a pourtant jamais mis les pieds en Afrique pour ce film, tourné en studio avec en fond des images filmées sur place (par Otto Brower). Le procédé est habilement utilisé, mais donne aussi un côté très fabriqué, nuisant quelque peu à l’atmosphère.

Paradoxalement, la séquence de « tribunal » de Stanley face aux scientifiques qui doivent juger de la véracité de ses propos, elle aussi très hollywoodienne et qui permet de faire de grands discours forcément humanistes, est d’une belle intensité. Plus que beaucoup de scènes africaines qui s’étirent un peu trop et s’attardent parfois gratuitement sur les paysages.

• Le film vient d’être édité parmi neuf autres productions de la Fox (des curiosités, pour la plupart), dans la collection Hollywood Legends.

Le Cygne Noir (The Black Swan) – de Henry King – 1948

Posté : 5 novembre, 2014 @ 2:33 dans 1940-1949, KING Henry, O'HARA Maureen | Pas de commentaires »

Le Cygne Noir

Tyrone Power torse nu, couteau entre les dents, un bandeau rouge autour de la tête, plongeant entre deux bateaux au cœur d’une bataille… Pas de doute, on est en plein dans l’âge d’or du film de pirates, dont ce Cygne Noir est l’un des fleurons. On a d’ailleurs bien droit à toutes les figures imposées du genre : des scènes d’action à couper le souffle, des combats à l’épée, une romance entre le pirate et la jeune femme de bonne famille (Maureen O’Hara, magnifique forcément), des scènes de beuverie sur la mythique île de la Tortue…

Mais Henry King, le cinéaste quasi-attitré de Power, celui qui l’a accompagné tout au long de sa carrière en lui offrant ses plus beaux rôles, King donc s’amuse tout au long du film à jouer avec les clichés pour mieux les détourner. Son héros, ainsi, est loin, très loin de l’image pure imposée par Errol Flynn quelques années plus tôt, souvent victime des manigances des puissants. Power, lui, est un vrai pirate, un authentique salaud aussi brutal et dégueulasse que le méchant désigné, une sorte de Barberousse à l’accent british interprété par un George Sanders totalement sidérant dans ce rôle à contre-emploi.

Bien sûr, le « héros » s’adoucit à mesure que le film avance, et que l’amour agit (on est à Hollywood quand même). Mais c’est pendant une scène de pillage qu’on le découvre, volant, tuant et s’enivrant comme les autres sans le moindre état d’âme. Lorsqu’il rencontre Maureen O’Hara pour la première fois, c’est à un quasi-viol d’une brutalité rare qu’il se livre, la frappant et l’assommant sans même ciller. Un homme sans grande personnalité qui plus est, qui ne choisit la voie de l’honnêteté que parce que son chef et ami le lui impose.

Là aussi, c’est un choix curieux et audacieux : confier le rôle d’un corsaire mythique et charismatique, anobli et transformé en gouverneur de Jamaïque (Henry Morgan), à Laird Cregar, acteur imposant et fascinant que l’on connaît surtout pour son personnage trouble et fragile de The Lodger (version John Brahm).

Adapté d’un roman de Rafael Sabatini (l’auteur de Scaramouche), Le Cygne noir est un film d’une vitalité impressionnante, dans la grande lignée des classiques du genre (depuis Le Pirate noir avec Doug Fairbanks), et visuellement somptueux : King nous offre notamment de magnifiques plans du soleil se couchant sur la mer calme. C’est aussi un film qui trouve le parfait équilibre entre l’action pure, un humour irrésistible et discret (dû surtout aux interprétations de Cregar et de Thomas Mitchell), et un réalisme brutal inattendu. Un grand film de pirates en tout cas.

• Le film a droit à une belle édition blue ray chez Sidonis, dans sa version restaurée, avec en bonus une présentation par Bertrand Tavernier et un court documentaire sur l’histoire du film de pirate, par Jean-Claude Missiaen.

Le Brigand bien-aimé (Jesse James) – de Henry King – 1939

Posté : 3 février, 2014 @ 6:25 dans 1930-1939, CARRADINE John, KING Henry, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le brigand bien aimé

1939 est une année miraculeuse pour le western. Artistiquement mort depuis la fin du muet, le genre se limitait jusqu’alors à une interminable série de nanars pour la plupart sans la moindre ambition. Et puis cette année-là, une poignée de grands cinéastes offrent au western une nouvelle jeunesse, et en font l’un des genres majeurs du cinéma américain, ce qu’il ne cessera plus d’être dans les quinze années qui viennent : c’est l’année du Stagecoach de John Ford bien sûr, mais aussi de Pacific Express de Cecil B. De Mille, et de ce Jesse James signé par un Henry King très inspiré.

Ce modèle de western revisite le mythe du célèbre brigand. Le film de King évite tout angélisme, mais c’est un anti-héros romantique et profondément américain qu’il filme ici. C’est aussi, et surtout, l’histoire d’amour entre le plus célèbre des bandits, et l’Amérique. Il y a quelque chose du Tom Joad des Raisins de la colère dans ce personnage victime de son époque, mais qui sait aussi saisir les opportunités d’un pays qui est à la fois une terre d’accueil et un environnement impitoyable.

« Si la légende est plus belle que l’histoire, imprimez la légende » pourrait être l’épitaphe de ce chef d’œuvre, qui annonce par bien des aspects L’Homme qui tua Liberty Valance. Et pas seulement parce qu’on y retrouve un personnage très semblable de journaliste fort en gueule.

Le film de King, comme plus tard celui de Ford, évoque un pays sauvage sur le point de laisser la place à la civilisation et à l’ordre. Il parle d’un pays qui avance dans son histoire, du progrès en marche et de ses victimes. En l’occurrence, celles du chemin de fer, souvent montré dans les westerns comme le grand œuvre qui a unifié l’Amérique, mais dont King montre le sombre revers avec beaucoup plus de cynisme.

Dès les premières images, la cruauté de ce progrès que personne n’arrêtera apparaît, avec le génial Brian Donlevy, agent sans scrupule chargé d’exproprier à moindre coût, et en utilisant n’importe quels moyens, les fermiers installés sur le tracé de la future voie ferrée. La famille de Jesse James est de ceux-là. C’est le début d’un engrenage fatal. Jesse James (Tyrone Power) et son frère Frank (Henry Fonda, en retrait), qui ont résisté, sont obligés de fuir, leur mère (Jane Darwell, qui sera justement celle de Tom Joad dans le film de Ford l’année suivante), est tuée, et les deux frères deviennent vite les hors-la-loi les plus recherchés du pays.

A grands coups d’ellipses magnifiques, le film retrace un parcours de dix années marquées par la violence et la tragédie, par des rencontres avec des hommes sans morale et sans courage (Donald Meek, et John Carradine en Bob Ford) et quelques belles relations qui illustrent ce qui aurait pu être dans un meilleur monde : une femme belle et aimante, une famille à peine esquissée, un shérif bienveillant (Randolph Scott) qui entame avec Jesse James une relation à la De Niro/Pacino dans Heat.

Quant à la mise en scène de King, elle est absolument magnifique. Aussi inspiré dans les passages intimes que dans les spectaculaires morceaux de bravoure (notamment une fuite à cheval, au sommet d’une falaise), le cinéaste fait plus que redonner ses lettres de noblesse au western : il en signe l’un des grands chef d’œuvre.

Le succès du film incitera les producteurs à lancer une suite dès l’année suivante : ce sera Le Retour de Frank James, toujours avec Henry Fonda, John Carradine, Donald Meek et quelques autres, qui sera le premier des trois westerns réalisés par Fritz Lang.

L’Incendie de Chicago (In old Chicago) – de Henry King – 1938

Posté : 5 septembre, 2012 @ 12:52 dans 1930-1939, KING Henry, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Incendie de Chicago

La première séquence est absolument magnifique. Dans le soleil couchant, sortant de l’immense obscurité du désert, comme venant de nulle part, un chariot tiré par deux chevaux amène une famille vers la toute jeune cité de Chicago, guère plus grande alors que ces villes du Far West qui peuplent les westerns. Mais le père n’y arrivera pas, victime d’un accident stupide, le destin le privant de cette ville pleine d’avenir dont il rêve tant. « Enterrez-moi ici, je n’ai pas réussi à aller jusqu’à Chicago, c’est Chicago qui viendra jusqu’à moi », lance-t-il à sa femme et à ses trois jeunes enfants avant de rendre l’âme…

Cette famille d’immigrés irlandais, les O’Leary, seront les symboles de cette ville américaine en pleine expansion. Car si le film parle de la naissance et de la folie grandissante d’une ville à la fois belle et malsaine, il le fait à travers le destin de cette famille, ce « clan pas comme les autres ». La mère courage, garante de l’esprit américain, fera de ses enfants des stéréotypes du rêve américain. Le plus jeune fondera une famille mixte en épousant une immigrée allemande. Le plus âgé deviendra avocat, puis maire de Chicago. L’autre sera l’homme puissant de l’ombre, du genre à plier la loi à ses intérêts plutôt qu’à se plier à la loi.

Evidemment, entre les frères, on sait que l’entente ne peut pas durer. Surtout quand une femme entre en scène. Suivront magouilles, tricheries, mensonges, déceptions, trahisons… Mais il faudra attendre l’ultime péché du fils perdu (Tyrone Power) pour que le destin se décide à punir la famille, et donc la ville entière : un incendie immense (et historique) qui ravage toute la vieille ville, faisant table rase d’un passé basé sur le vice et le crime.

Le film est typique de la production hollywoodienne de l’époque : l’incroyable savoir-faire de la machine à rêve est au service d’un message biblique qui cristallise les valeurs américaines. Ce que résume le discours final, assez pénible, de la mère O’Leary. Pas de rédemption sans destruction, du passé faisons table rase. Au sens propre.

Mais il y a ce fameux savoir-faire, et le talent immense d’Henry King, qui réussit parfaitement à faire vivre ses personnages, et à faire ressentir le pouls de cette ville séduisante et répugnante à la fois, magnifique reconstitution du Chicago des années 1870. Le grand moment de bravoure est également à la hauteur de l’attente : les vingt-cinq minutes hyper spectaculaires de l’incendie restent d’une force impressionnante.

Le film aurait toutefois gagné à être (beaucoup) plus long : on sent que King et son monteur ont été tenus par les exigences des studios, et que de nombreux épisodes de cette fresque ont dû être supprimés (sans doute jamais tournées), ou écourtés au maximum. Résultat : le film n’a pas ce souffle historique et épique qu’il aurait dû avoir, et certaines ellipses nuisent à la force du film.

Dommage, parce que la rivalité entre les deux frères (Power et Don Ameche) tient toutes ses promesses. C’est de cet affrontement que naît l’émotion, c’est sur cette relation d’amour-haine que King base tout son film : la descente aux enfers et la résurrection de toute une ville…

Capitaine de Castille (Captain from Castile) – de Henry King – 1947

Posté : 12 janvier, 2011 @ 2:08 dans 1940-1949, KING Henry | Pas de commentaires »

Capitaine de Castille

Vous voulez ressentir l’excitation de l’inconnu ? le vent qui balaye votre visage ? les embruns qui mouillent votre chemise ? les folles cavalcades à travers la plaine ? le souffle de l’histoire en marche ? Ne cherchez plus : Capitaine de Castille est l’un des fleurons des superproductions hollywoodiennes de l’après-guerre, un vrai et grand film d’aventures tourné à une époque où les grands studios voulaient en sortir (des studios) et démontrer leur savoir-faire en matière de reconstituions historiques.

Celle de ce film ample qui sait prendre son temps (2h15, et pas une minute de trop) est impressionnante. Henry King, vieux briscard d’Hollywood depuis déjà trente ans, reconstitue la fameuse expédition de Cortez au Mexique, à la fin des années 1510. Les cartons de début l’affirment haut et fort : le réalisme de la reconstitution sera l’un des points forts du film, tourné en grande partie sur les lieux réels de l’expédition. Et avec des centaines… que dis-je : des millier… que dis-je : des dizaines de milliers de figurants, représentants les populations indigènes et l’armée de Cortez. C’est un film à très gros budgets, mais on peut dire que l’argent est bel et bien à l’écran.

Pourtant, Capitaine de Castille est bien plus qu’une superproduction de plus. On ne verra rien des actes sanglants commis par les hommes de Cortez, ni des batailles qu’ils auront à mener. On pourrait croire que c’est une volonté de lisser cet épisode glorieux mais discutable de l’histoire, mais il n’en est rien, bien au contraire. En évitant toute scène qui pourrait glorifier l’héroïsme de ces hommes, King signe un film délicieusement ambigu. « Pourquoi agissez-vous ainsi ? » demande l’ancien esclave Coatl à Pedro de Vargas, alors que les hommes de Cortez viennent de détruire une idole. « Je ne sais pas », répond sobrement le héros.

Un drôle de héros, en fait, campé par celui qui est pourtant le digne héritier d’Errol Flynn, Tyrone Power. En apparence, Pedro a tout du héros romantique comme Hollywood les aime : une belle famille, un grand cœur, une propension à défendre la pauvre et l’opprimé contre les exactions de ses semblables. Un destin contrarié, aussi : accusé à tort d’hérésie, la famille de Pedro est arrêtée par l’Inquisition, et sa petite sœur est tuée, avant que le bon Juan Garcia (Lee J. Cobb, qu’on n’a pas l’habitude de voir dans un tel emploi, mais qui se révèle excellent) ne les aide à prendre la fuite. Et voilà Pedro, Juan, et la belle serveuse Catana (Jean Peters, révélée par le film) partis pour le Nouveau Monde… Tout pour être le parfait héros sans peur et sans reproche, donc. Et bien sûr, plus Cortez (Cesar Romero est génial dans ce rôle charismatique et ambigu) révèle sa part sombre, plus on est sûr que la révolte du bon Pedro de Vargas est proche. Sauf que cette révolte n’arrive jamais.

On sent bien que Pedro a quelques doutes sur le bien-fondé de cette expédition, mais ces doutes ne l’empêchent pas de dormir, pas plus que le sort des indigènes. Fidèle envers et contre tout à sa hiérarchie, il n’en demeure pas moins un héros charismatique et attachant. Cette ambivalence instille un léger malaise qui ne fait que renforcer la puissance de ce film riche, complexe et passionnant.

 

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