Le Tatoué – de Denys de La Patellière – 1968
Surprise : on rit franchement dans ce Patellière-ci. Le réalisateur n’est pas franchement réputé pour sa finesse ni pour son audace. Mais cette fois, il laisse libre court à une folie authentique et à une liberté de ton qui font mouche. A condition quand même d’être dans le bon état d’esprit…
Entendons-nous bien : Le Tatoué s’inscrit dans le bon vieux cinéma de papa tant décrié par les jeunes loups des Cahiers. Surtout, Gabin y est en roue libre. Jamais dirigé, jamais cadré, il passe le film à éructer ses répliques, le visage rougeaud et le ventre en avant.
La surprise, en fait, vient plutôt de De Funès, qui fait du De Funès avec une relative retenue. C’est lui qui tient le film. C’est lui qui lui donne son ton, son rythme, sa folie, et une certaine insolence assez réjouissante. Il est même franchement très drôle quand il laisse apparaître la médiocrité et la méchanceté de son personnage. « Ça ne vous dérange pas qu’il soit noir ? » demande-t-il à un invité devant son valet noir…
L’histoire n’a aucun sens et aucun intérêt : ce vendeur d’art qui veut acheter un dessin de Modigliani tatoué sur le dos d’un comte farfelu. Aucune importance : l’intrigue finit par passer aux oubliettes. Seule compte la fantaisie. Ça et le numéro des deux stars, dont la rencontre est la seule raison d’être du film. C’est déjà quelque chose.