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Archive pour la catégorie 'WILDER Billy'

Uniformes et jupons courts (The Major and the Minor) – de Billy Wilder – 1942

Posté : 11 mai, 2020 @ 8:00 dans 1940-1949, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Uniforme et jupons courts

Ray Milland troublé devant le charme d’une ado de 12 ans… Pour son premier film américain (huit ans après son très réussi coup d’essai français, Mauvaise Graine), Wilder signe une comédie pleine de rythme, mais aussi très politiquement incorrecte.

Certes, l’adolescente en question n’en est pas vraiment une, mais une jeune femme qui se retrouve prisonnière de son déguisement (qu’elle a choisie pour économiser sur le prix de son billet de train). Mais quand même… Derrière l’irrésistible regard de son œil paresseux, Milland se surprend peu à peu à voir celle qu’il prend pour une gamine comme si elle était une vraie femme. Et son trouble est communicatif.

Brillante comédie, qui repose sur le rythme bien sûr, mais aussi sur la sa prestation de son actrice principale, Ginger Roger, décidément très grande actrice de comédie, capable de singer les manières adolescentes tout en restant une vraie femme, jusqu’au bout des ongles, et sans jamais en faire trop.

Qu’elle écrase un œuf sur la tête d’un New Yorkais trop insistant (Robert Benchley), qu’elle passe des bras d’un très jeune cadet à ceux d’un autre, ou qu’elle tente d’échapper aux suspicions de deux contrôleurs de train, elle est d’un naturel formidable, à la fois pleine de vie et lasse du regard des autres.

Face à Ray Milland, cet « oncle Philip » qui la prend sous son aile en toute innocence (du moins s’en convainc-t-il), elle fait des étincelles. Son regard s’agrandit, son sourire s’élargit. Entre eux, l’histoire d’amour est amorale, indéfendable (du moins d’un côté). Wilder s’en amuse, se moque de la morale comme il le fait souvent. The Major and the Minor porte en germes tout ce qui fait la réussite de ses grands films à venir. Réjouissant.

Sept ans de réflexion (The Seven Year Itch) – de Billy Wilder – 1955

Posté : 6 mai, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Sept ans de réflexion

C’est sans doute l’image la plus célèbre de Marylin Monroe, le symbole du glamour : l’actrice dont la spectaculaire robe blanche vole sur ses jambes largement dénudées, en passant au-dessus d’une grille de métro… Une image sexy en diable, autour de laquelle toute la promotion du film était (et est toujours) axée…

Sexy ? Glamour ? Innocente, surtout… Cette scène, mieux peut-être que toute autre, illustre le personnage purement innocent de Marylin, inconsciente de l’effet que provoque sa beauté et son corps si plein sur les hommes.

Véritable fantasme malgré elle… Le contraste entre l’innocence de la dame et l’image qu’elle dégage donne, comme souvent dans sa carrière, les plus beaux moments de 7 ans de réflexion. La manière dont elle évoque ses sous-vêtements gardés au frigo, ou sa mésaventure dans la baignoire, et le visage de Tom Ewell qui se décompose au fur et à mesure que des images mentales se forment…

Tom Ewell, homme marié dont la femme et le fils sont partis passer l’été à la campagne (belle scène d’au-revoir, avec ces baisers contrariés), le laissant seul dans un New York surchauffé, seul avec ses fantasmes masculins. Le film est tiré d’une pièce triomphale dont Ewell fut la star. D’où, sans doute, l’aspect très bavard du film, Ewell passant l’essentiel de ses scènes solo à parler seul, comme une voix off, mais pas off. C’est assez drôle, souvent, mais le procédé est aussi un peu lourd, et rappelle bien plus l’origine théâtrale que l’unité de lieu, presque respectée.

Assez magique quand Marylin Monroe est à l’écran, le film manque un peu d’allant quand Tom Ewell est seul. Pas grand-chose à lui reprocher, mais sans doute n’a-t-il simplement pas l’aura d’un grand acteur de cinéma…

Le film est en tout cas un bon exemple qui prouve que Wilder est aussi un grand cinéaste, et pas juste un grand scénariste. Il y a dans son film une vivacité, une richesse formelle remarquable, avec quelques trucages (simples) et surimpressions plutôt rares dans sa filmographie, qui donnent réellement forme aux fantasmes d’Ewell. Irrésistibles fantasmes…

Mauvaise graine – de Billy Wilder (et Alexander Esway) – 1934

Posté : 5 mai, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, DARRIEUX Danielle, ESWAY Alexander, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Mauvaise graine

Comme Lang, Wilder est passé par la France en fuyant le nazisme. C’est même là qu’il réalise son premier film, avant de partir pour Hollywood, où ses talents de scénaristes ont déjà été remarqués. Il mettra en revanche huit ans avant de repasser derrière la caméra…

Ce coup d’essai est pourtant, déjà, l’œuvre d’un grand cinéaste, un film plein de vivacité, à la maîtrise formelle impressionnante. Qu’il utilise les surimpressions pour souligner le trouble de son héros marchants dans les rues de Paris, ou le montage alterné pour faire monter le suspense lors d’une belle séquence de poursuite automobile… Wilder maîtrise parfaitement son sujet.

On peut même déjà parler d’une vraie signature. Pas encore celle de ses grands chefs d’œuvre : l’influence de Lubitsch n’est pas encore passée par là. Mais dans sa manière d’utiliser le montage et les ellipses courtes, Wilder donne un ton singulier à son film, l’art de ne pas filmer cet instant précis où les décisions sont prises… Des choix de mise en scène qui rythment constamment l’action.

Beau scénario, aussi, qui flirte à la fois avec la comédie et le film d’action, avec cette histoire d’un jeune homme trop gâté que son père veut remettre dans le droit chemin, mais qui se perd avec une bande de voleurs de voitures. Il y rencontre une toute jeune femme, dont le visage accroche déjà la caméra : Danielle Darrieux, 16 ans à peine, le visage encore un peu poupin.

Wilder a donc commencé sa carrière de réalisateur en dirigeant Darrieux, en France. Et dire que ce film reste une curiosité largement oubliée…

Spéciale Première (The Front Page) – de Billy Wilder – 1974

Posté : 2 mai, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Spéciale Première

Un succès facile, le film le moins ambitieux de son auteur… The Front Page n’a pas vraiment bonne réputation. Tournée par Wilder après deux échecs (injustes : ceux de The Private life of Sherlock Holmes et de Avanti !, deux réussites), cette comédie n’apparaît, c’est vrai, pas comme un risque énorme, nouvelle adaptation d’une pièce très populaire qui a déjà donné un classique, La Dame du Vendredi.

Facile ou pas facile, le film a toutes les qualités de la veine comique de Wilder : un sens du rythme extraordinaire, une manière de filmer des répliques qui fusent, digne de son maître Lubitsch, tout comme cette capacité qu’il a de mêler le rire et l’émotion, ou de faire émerger une gravité inattendue des pures situations comiques.

Une manière aussi de suspendre le rire sur une gêne soudaine, qui se transforme bientôt en sentiment de révolte, puis en dégoût… C’est le cas dans la salle de presse de la prison, où se déroule l’essentiel de l’intrigue, et où d’un coup, le personnage de la brave pute à deux dollars (pour reprendre sa propre expression) prend une gravité déchirante…

La pièce, co-écrite par Ben Hecht (à qui un dialogue rend un hommage grinçant) raconte l’histoire d’un journaliste décidé à raccrocher pour se marier (avec la jeune Susan Sarandon) mais que son rédacteur en chef a bien l’intention de retenir en utilisant les stratagèmes les plus retors. Deux rôles en or pour Jack Lemmon (le journaliste) et Walter Matthau (le rédac chef), grand duo comique que Wilder avait créé avec La Grande Combine, et qu’il retrouvera pour son ultime film, Buddy Buddy.

L’enthousiasme de l’un, le cynisme de l’autre… Deux facettes exacerbées du journalisme. Le métier en prend un sacré coup devant la caméra de Wilder. Comme toujours, pourrait-on dire : Kirk Douglas dans Le Gouffre aux chimères était déjà une vision franchement détestable du journalisme. Au moins ici sont-ils sympathiques, malgré tout. Parce que Wilder les filme avec un regard amusé. Cynique, oui, terriblement même. Mais amusé malgré tout, quelles que soient les horreurs qu’ils débitent (et Matthau n’est pas avare en horreurs).

Le film est en tout cas une merveille de comédie, portée par de grands acteurs, au rythme impeccable, sorte de bilan de l’œuvre wilderienne. Succès facile ? Pas tant que ça. La preuve : le film a été un bide.

Avanti ! (id.) – de Billy Wilder – 1972

Posté : 1 mai, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Avanti

Après l’échec public de The Private life of Sherlock Holmes, Wilder et son comparse I.A.L. Diamond retrouvent une veine, et un acteur, qui leur ont réussi : la comédie de mœurs, et Jack Lemmon donc, pour une plongée amoureuse dans l’Italie la plus séduisante qui soit.

Il y a aussi un peu de One, two, three dans cette histoire d’un riche héritier pressé qui ne quitte les Etats-Unis que pour récupérer le corps de son père, mort lors de ses vacances à Ischia, une petite ville côtière pleine de charmes.

Sauf que, très vite, Wilder glisse quelques détails décalés qui annoncent la dérive à venir. Dès la première séquence, dans l’avion, muette et brillante, la « Wilder touch » est éclatante : ce pull rouge affreux sur un fauteuil orange, l’homme d’église terrorisé à l’idée de s’écraser, ou cet autre passager aux verres de lunettes énormes… Des petits riens, mais qui donnent un ton, un décalage, irrésistibles.

Il y aura donc une dérive… Celle d’un homme dont la vie bien rangée va lui sauter au visage, non comme une claque, mais comme une bouffée d’air frais. Cet homme si pressé qui découvre que ce père si droit vivait depuis dix ans une histoire d’amour avec une femme rencontrée en Italie. Chaque année, après onze mois offerts à la société (et à la famille), les deux amoureux s’accordaient un mois de bonheur…

Déstabilisant, forcément, pour un homme qui ne laisse pas la moindre place pour la surprise ou l’imprévu. Surtout qu’il l’apprend en compagnie d’une jeune femme… qui s’avère être la fille de celle qui est morte au côté de son père. Et qui en sait plus que lui sur ce dernier. Une femme bien loin de son idéal, qu’il appelle « fat ass » dans un élan d’autoritarisme…

« Je ne sais pas si vous avez remarqué : j’ai un problème de poids.
- Oh oui, j’ai remarqué ! »

C’est qu’il est odieux, Lemmon, balançant mine de rien quelques horreurs (« All the time that we thought he was getting cured, he was getting laid… »). Odieux, et pourtant attachant. Wilder n’en fait pas un monstre. A petites touches, il laisse entrevoir une humanité dont on sait bien qu’elle va finir par prendre le dessus, le confrontant à un douanier trop zélé, ou à un coroner mécanique.

C’est un film très wilderien, dans son rythme et dans sa manière d’invoquer le passé des personnages (des morts, en l’occurrence). C’est aussi l’une de ces romances improbables, comme Sabrina, entre un homme très riche et une femme très pétillante (Julia Mills, irrésistible, et physiquement aux antipodes d’Audrey Hepburn). C’est enfin un film très beau, où la comédie la plus cartoonesque flirte souvent avec l’émotion. Enthousiasmant…

Un, deux, trois (One, Two, Three) – de Billy Wilder – 1961

Posté : 5 avril, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, CAGNEY James, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Un deux trois

Une tornade, ce Wilder. Un rythme fou, un James Cagney constamment sous tension, qui hurle ses répliques et traverse les décors comme une furie, une avalanche de gags et de répliques très drôles… C’est la veine comique la plus effervescente de Wilder.

C’est aussi l’un de ses films où on ressent le plus l’influence de Lubitsch. Le rythme, donc, mais aussi les portes qui s’ouvrent et se referment, et que l’on franchit constamment, et la comédie qui s’empare de l’Histoire avec un grand H. Il y a du Ninotchka et du To be or not to be dans cette vision d’un Berlin coupé en deux.

Wilder a tourné une grande partie de son film sur place, entre Berlin-Est et Berlin-Ouest, avec des passages récurrents sous la porte de Brandebourg. Juste avant la poste des premiers barbelés, qui ont compliqué le tournage et que Wilder a pu intégrer dans un court prologue bien dans sa veine. Ce décor est le coeur du film, son principal moteur.

C’est aussi l’élément qui fait de One, two, three autre chose que simplement une brillante comédie. Wilder prend un parti pris quand même assez rare dans le Hollywood de ces années-là : rire de la Guerre froide et de ses absurdités, se moquant autant des excès du communisme que de ceux du capitalisme.

Le point de vue est, quand même, très américanophile, mais avec un regard d’immigré, amusé et conscient des limites et des égarements de son pays d’adoption. Le « héros » James Cagney, symbole d’une Amérique conquérante, est un être autoritaire que sa femme appelle « Mein Führer »… Un symbole du capitalisme : il est le potentat local de Coca-Cola, occupé à trouver un accord de distribution avec trois émissaires russes pour s’implanter en URSS (trois personnages hauts en couleur, comme sortis de Ninotchka), tout en jonglant entre sa femme et sa maîtresse, et en s’occupant de la fille de son patron, qui s’amourache d’un jeune communiste plein d’illusions (Horst Buchholz).

Le clou du film, c’est la transformation de ce dernier en bon capitaliste, séquence totalement improbable sur le papier, mais que le rythme de la mise en scène et la vivacité des personnages rendent irrésistible. Plus le film avance, plus Wilder se moque de la crédibilité de son histoire. Seul compte le rythme, l’effet. Surtout ne pas ralentir, ne pas s’arrêter. Pas avant le mot fin, sur le visage drôlement horrifié de Cagney.

Presque une fin de carrière pour l’acteur, que l’on ne reverra que vingt ans plus tard dans Ragtime. Comme s’il avait tout donné devant la caméra de Wilder. On notera d’ailleurs au passage une menace au pamplemousse par Cagney, clin d’œil à L’Ennemi public, son premier gros succès trente ans plus tôt. Belle manière de boucler la boucle.

Le Poison (The Lost Week-End) – de Billy Wilder – 1945

Posté : 10 novembre, 2019 @ 8:00 dans 1940-1949, Palmes d'Or, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Le Poison

Billy Wilder sort de Double Indemnity lorsqu’il signe ce Poison, et l’impact du film noir est encore bien palpable. Il n’est pas question de crime, ni de femme fatale, bien au contraire : le « héros » est un malade, pas un criminel, et le personnage féminin, passé le doute initial (et fugace), est l’incarnation même de la bienveillance. Mais Wilder utilise les codes du film noir, pour le portrait de cet homme rongé par l’alcoolisme.

Ray Milland (qui n’a pas volé son Oscar, tant son incarnation est intense) dissimule ses bouteilles comme s’il cachait l’arme d’un crime. Le même Ray Milland qui subtilise un sac à main pour dérober un billet qui lui permettra de se précipiter au bar. Ou redoublant d’inventivité pour tromper son entourage, toujours pour se saouler… Milland est constamment filmé comme un anti-héros de Noir.

Un personnage magnifique et pathétique, filmé avec simplicité et sensibilité. Le Poison est d’ailleurs l’un des films les plus simples, les plus dépouillés de Wilder. Les flash-backs éclairent le parcours du personnage, mais leur courte durée, et manière dont le cinéaste les amène, font que ces flash-backs ne rompent jamais le mouvement resserré du film, ce simple week-end de descente aux enfers.

Bref, c’est une merveille, aux antipodes des séries B (C ? D ?… Z ?) qu’on tournait à la chaîne dans les années 30 pour combattre le fléau de l’alcool, avec une grandiloquence souvent ridicule. Wilder, mine de rien, ne satanise pas, pas plus qu’il ne juge. Il signe simplement le portrait d’un homme, rongé par son addiction, mal dans sa peau et dans sa vie. Magnifique dans l’échec.

Témoin à charge (Witness for the prosecution) – de Billy Wilder – 1957

Posté : 13 avril, 2019 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, DIETRICH Marlene, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Témoin à charge

Dans une décennie sans la moindre faute de goût, Billy Wilder s’attaque à un genre qui est comme un passage obligé pour tout cinéaste à Hollywood : le film de procès. Et s’il signe un classique absolu du genre, c’est parce qu’il y met sa patte, inimitable. Témoin à charge est un authentique film de procès, plein de rebondissements et de faux semblants. C’est aussi l’une des meilleures adaptations d’Agatha Christie. Mais s’il fonctionne aussi bien, c’est grâce aux accents de comédie de Wilder insuffle.

A commencer par le personnage de Charles Laughton, avec sa manière toute personnelle de cabotiner avec finesse. Il est absolument génial dans le rôle d’un vieil avocat star, qui se remet péniblement d’une crise cardiaque, et qui accepte de défendre un homme accusé de meurtre contre l’avis express de son médecin, et surtout de l’infirmière qui le suit où qu’il aille. Les joutes verbales qui l’opposent à cette dernière, jouée par sa propre femme Elsa Lanchester, sont les meilleurs moments du film.

Réjouissants moments où Laughton redouble d’imagination pour siroter un verre de sherry ou fumer un cigare à la barbe de son « ange gardien ». Où il découvre avec un air las le bermuda qu’il doit porter lors de ces vacances qu’il est contraint de prendre. Où il s’amuse avec un monte escalier aménagé pour lui. Et ces regards outrés et attendris à la fois d’Elsa Lanchester, qui soulignent idéalement la passion juvénile de cet homme en bout de course.

Evidemment, les têtes d’affiche du film sont Marlene Dietrich et Tyrone Power. Et elle est formidablement belle et encore terriblement envoûtante, Dietrich, à qui le scénario réserve un flash-back taillé pour elle, en chanteuse d’un troquet allemand de l’après-guerre. Envoûtante, et même très émouvante, dans ce rôle trouble d’une épouse toxique (vraiment ?).

Mais le couple qu’elle forme avec Tyrone Power n’est pas vraiment à la hauteur. Sans doute parce que Power, usé par l’alcool et le tabac (c’est son dernier film, avant son décès prématuré), semble trop vieux pour Marlene. Il n’a pourtant que 43 ans, 13 de moins que sa partenaire, et en paraît bien plus… Son visage marqué lui donne un air tristement absent. Surtout, jamais on ne s’attache à ce personnage, constat qui condamne d’avance le rebondissement final.

C’est pourtant un film franchement réjouissant, grâce au rythme impeccable que Wilder impose, grâce à cette imagerie pas si courante des cours de justice anglaises, et surtout grâce à son vrai couple vedette. Laughton-Lanchester, donc, réjouissants jusqu’à la dernière image.

La Grande Combine (The Fortune Cookie) – de Billy Wilder – 1966

Posté : 15 décembre, 2018 @ 8:00 dans 1960-1969, WILDER Billy | Pas de commentaires »

La Grande Combine

On a tellement l’habitude de les voir l’un avec l’autre, comme les deux faces d’une même pièce, qu’on a du mal à imaginer qu’ils ne se sont pas toujours donnés la réplique. Pourtant, il y a bien eu une première, pour le couple Lemmon-Matthau. Et c’est Billy Wilder, en toute logique, qui l’a provoquée, lui qui avait déjà donné à Jack Lemmon quelques rôles mémorables depuis Certains l’aiment chaud.

Dire que l’alchimie fonctionne immédiatement est presque une évidence. Encore une fois : ces deux-là semblent avoir été faits l’un pour l’autre, la dureté cynique de l’un magnifiant la réserve romantique et timorée de l’autre. Et réciproquement. Wilder lui-même en est visiblement convaincu : il ne dirigera plus jamais Lemmon sans son nouveau complice.

La Grande Combine n’est pas la comédie la plus célèbre de Wilder. C’est pourtant un film assez passionnant, et visiblement très personnel. Le réalisateur y reprend ainsi, assez curieusement, des thèmes qui ont marqué ses grands films noirs. Le type impitoyable qui profite d’un homme physiquement coincé évoque sur un autre ton mais avec autant de cynisme le Kirk Douglas de Ace in the Hole. Quant à l’arnaque à l’assurance, c’est quasiment une marque déposée de Wilder depuis Double Indemnity

Le film a quelque chose de presque conceptuel, pour Wilder, qui ouvre et referme son récit sur l’immense pelouse ouverte d’un stade de football américain, pour ne quasiment jamais sortir de pièces fermées entre deux, dans une succession de séquences clairement divisées en seize chapitres, annoncés par autant de titres. Construction imparable pour un véritable festival de mensonges et de tromperies.

Léger ? Pas tant que ça bien sûr, tant Wilder maltraite ses personnages. Lemmon bien sûr, que son beau-fère convainc de se faire passer pour handicapé afin de toucher l’argent des assurances après un « accident de travail ». Cynique, Wilder base la plus belle des relations humaines du film sur la plus cruelle des tromperies : celle entre le faux handicapé et le footballeur star rongé par la culpabilité.

Quant aux femmes, elles sont au choix insignifiantes, horripilantes ou odieuses, surtout en tant qu’épouses. La notion même de mariage en prend un sacré coup. Celle de père aussi par la même occasion: Matthau qui lance à ses enfants qui font du skate dans les couloirs « Vous devriez aller jouer à ça sur l’autoroute » est une réplique aussi méchante qu’irrésistible.

Il est d’ailleurs formidable, Matthau, contrepoint parfait à la bonhomie un peu molle de Lemmon. Génial en avocat cynique et impitoyable, il décroche l’Oscar (du second rôle) pour cette première collaboration avec Lemmon et Wilder. Malgré l’insuccès du film, le couple se reformera deux ans plus tard (pour Drôle de couple, The Odd Couple, un triomphe), et ne se quittera plus jusqu’à la fin de leurs carrières à tous les deux, tournant ensemble une dizaine de films.

Sabrina (id.) – de Billy Wilder – 1954

Posté : 26 novembre, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, BOGART Humphrey, WILDER Billy | Pas de commentaires »

Sabrina

Ça commence avec un clin d’œil amusé à Rebecca : la voix off d’une jeune femme, devant une demeure somptueuse. Le titre-prénom, déjà faisait référence au chef d’œuvre d’Hitchcock, dont Sabrina reprend la situation de départ : une jeune employée très romantique est séduite par un homme richissime.

Mais très vite, on réalise que la principale inspiration de Billy Wilder, ce n’est pas Hitchcock, mais Lubitsch, encore et toujours. Lubitsch à qui son plus fidèle disciple a repris son obsession des portes : lorsque Bogart quitte une pièce, ce n’est pas en franchissant une porte, mais trois !

Rien de dramatique ne risque d’arriver, dans ce film ouvertement bienveillant, on en est très vite convaincu. Même la tentative de suicide de Sabrina, par laquelle tout commence vraiment, est filmée comme une pochade source d’amusement, à ne surtout pas prendre au sérieux.

C’est donc Wilder dans sa veine la plus légère. Et c’est du grand Wilder, aérien et solaire, qui filme un inoubliable triangle amoureux. Et quel triangle ! Audrey Hepburn, craquante comme jamais ; William Holden, merveilleusement inconséquent ; et Humphrey Bogart, dans son rôle le plus romantique. Dans un registre a priori à contre-emploi, il est impérial, formidable en homme d’affaires dont la carapace se fendille imperceptiblement mais sûrement.

Wilder aime ses personnages. Tous, jusqu’aux moindres seconds rôles. Le père de Sabrina et celui des Larrabee surtout, irrésistible avec ses cigares et ses cocktails. Mais aussi les autres, ceux qui n’ont qu’une ou deux scènes, et que Wilder filme avec… oui, avec bienveillance, encore une fois.

Sabrina est une bluette. Mais une bluette merveilleuse, un film léger comme une bulle de champagne, comme on dit souvent des films de Lubitsch. Un film dans lequel Wilder s’autorise une pub inattendue pour 7 ans de réflexion, que ses personnages vont voir au théâtre… et qui est le film qu’il tournera juste après.

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