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Archive pour la catégorie 'WELLMAN William A.'

Female (id.) – de Michael Curtiz (et William Wellman) – 1933

Posté : 21 juin, 2013 @ 9:12 dans 1930-1939, CURTIZ Michael, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

Female (id.) – de Michael Curtiz (et William Wellman) – 1933 dans 1930-1939 female

Tourné la même année que le trépidant et irrésistible Kennel Murder Mystery, ce Female est une nouvelle occasion pour Michael Curtiz de s’imposer comme un maître dans l’art de donner du rythme à un film. Avec un ton similaire, mais dans un genre totalement différent : pas d’intrigue policière ici, mais le portrait d’une business woman amoureuse du seul homme qui la repousse.

C’est une charmante comédie pre-code, dont le personnage principal est assez osé : Ruth Chatterton interprète la jeune et jolie patronne d’une grosse usine automobile, aussi intraitable en affaires qu’avec les hommes. Pour se faire une place dans cet univers machiste, elle se fait aussi dure que les hommes, refusant de se rabaisser à vivre en couple. Pour elle, les hommes sont à consommation unique : des employés qu’elle attire chez elle et qui finissent la soirée dans son lit… avant de prendre une belle douche glacée le lendemain.

Guess what : elle finira par tomber réellement amoureuse du seul employé à l’envoyer promener. Un type qu’elle avait justement rencontré par hasard dans une fête foraine, alors qu’elle cherchait (maladroitement) à se fondre dans la masse.

L’histoire est aussi romanesque et improbable que dans beaucoup d’autres romances hollywoodiennes. Mais le film, outre une comédie échevelée et bien sympathique, est surtout un beau portrait de femme, original et audacieux : une femme qui a choisi de renoncer au chemin tout tracé des femmes des années 30 et d’être le seul maître de sa destinée. Dans la plus grande partie du film, en tout cas.

Autant le dire : le dernier quart d’heure fout absolument tout par terre. La jeune femme volontaire et indépendante se range finalement à l’évidence, énoncée clairement par l’homme qu’elle aime et par son secrétaire, deux personnages pourtant ouverts et éclairés : une femme n’est pas faite pour travailler, mais pour s’occuper de son mari et élever ses enfants. Bon… On est en 1933, d’accord, mais ce retournement final équivaut aux douches froides que subissent les pauvres amants d’un soir de Ruth Chatterton. Et puis cette conclusion surprend d’autant plus après avoir vu le beau rôle réellement moderne et progressiste tenu par Barbara Stanwyck dans Night Nurse de William Wellman, l’année précédente. Le machisme a la peau dure…

Female figure d’ailleurs dans le même coffret DVD que Night Nurse : le volume 2 de la collection « Forbidden Hollywood », chez TCM Archives, qui comprend trois autres films pre-code : The Divorcee de Robert Z. Leonard, A Free Soul de Clarence Brown et Three on a match de Mervyn LeRoy.

L’Ange blanc (Night Nurse) – de William A. Wellman – 1931

Posté : 20 juin, 2013 @ 9:34 dans * Pre-code, 1930-1939, STANWYCK Barbara, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

L’Ange blanc (Night Nurse) – de William A. Wellman – 1931 dans * Pre-code lange-blanc

1931 est une grande année pour Wellman, qui signe plusieurs films dont L’Ennemi public (l’un des premiers classiques du film de gangster) et Safe in hell, œuvre à la fois sensuelle et très cruelle. Night Nurse se situe plutôt dans la lignée de ce dernier, et s’inscrit dans la grande tradition des films « pre-code ».

A quoi reconnaît-on un « pre-code » ? Aux tenues souvent légères des comédiennes, à la cruauté et l’amoralité des situations, à l’alcool et la drogue qui transforment des personnages respectables en rebus de l’humanité… Autant de critères que l’on retrouve dans ce petit bijou souvent déroutant, qui adopte un rythme enlevé et une apparente légèreté, pour raconter des horreurs absolues.

Car le personnage de Barbara Stanwyck (qui, comme dans d’autres films de cette époque, comme The Locked Door, se retrouve en nuisette – qu’elle porte joliment d’ailleurs – à la moindre occasion, et même sans occasion particulière), apprentie infirmière engagée par une riche famille pour veiller sur deux fillettes malades, découvre des enfants que l’on laisse littéralement mourir de faim, sous le même toit qu’une mère totalement ravagée par l’alcool, et manipulée par un médecin cocaïnomane. Jamais il n’est dit clairement que ce médecin se drogue, mais son corps est secoué de tels tics et rictus que le doute n’est pas permis…

Les apparitions du flirt de Barbara Stanwyck, un bootleger au sourire enfantin, donnent par moments les allures d’une comédie au film. Tout comme la blondeur sexy et innocente de Joan Blondell (Three on a match) font oublier par moments le drame terrible qui se joue. Mais le regard vide de ses fillettes qui vivent un calvaire, et la mâchoire crispée d’un Clark Gable encore débutant, et très méchant, le rappellent très vite.

La mise en scène de Wellman est brillante. Dès la toute première image, caméra embarquée à bord d’une ambulance lancée à toute allure, il nous plonge littéralement au cœur de l’action, nous trimballant dans les dédales d’un hôpital grouillant de vie avec ses joies (la maternité), ses souffrances (les urgences), et ses peines (dans les salles d’opération, parfois).

Cette première partie, située entièrement dans l’enceinte de l’hôpital, est exceptionnelle. Avec une fluidité et une rapidité étonnantes, Wellman rend palpable l’ambiance et l’effervescence de ce lieu souvent dur. La belle relation, loin d’être angélique, entre Barbara Stanwyck et Joan Blondell, souligne les aspérités de cette vie d’efforts. Un plan aussi simple qu’une main qui tort discrètement le bras de son amie pour l’empêcher de s’évanouir, se révèle très émouvant.

Le scénario n’est pas tout à fait à la hauteur de la mise en scène et de l’interprétation. La prudence de chacun, malgré l’état des fillettes, peut laisser dubitatif. Mais il y a une volonté d’éviter les raccourcis et toute facilité : la mère, par exemple, est totalement irrécupérable. Pas vraiment de morale à l’horizon, mais un film qui ose. Un « pre-code », quoi…

Night Nurse figure dans le volume 2 de la collection « Forbidden Hollywood », édité en zone 1 chez TCM Archives (avec The Divorcee de Robert Z. Leonard, A Free Soul de Clarence Brown, Three on a match de Mervyn LeRoy et Female de Michael Curtiz, tous des films pre-code).

L’Etrange Incident (The Ox-Bow Incident) – de William A. Wellman – 1943

Posté : 25 février, 2013 @ 6:49 dans 1940-1949, WELLMAN William A., WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Etrange incident

Sept ans plus tôt, Fritz Lang avait fait ses débuts à Hollywood avec Furie, chef d’œuvre absolu qui dépeignait avec réalisme et cynisme les comportements les plus extrêmes d’une foule, jusqu’au lynchage. Une référence instantanée, difficilement égalable. Et pourtant, avec une économie de moyen impressionnante, Wellman signe lui aussi un immense chef d’œuvre, plus fort encore, peut-être, que le film de Lang.

Le parti-pris est, en tout cas, plus jusqu’au-boutiste : Wellman parle de la foule ? Il n’en sortira jamais, tout son film se déroule à hauteur d’homme, à l’intérieur de ce groupe qui se forme pour rattraper et pendre ceux que la communauté soupçonne d’avoir tué l’un des leurs.

Wellman ne choisit pas la facilité : son western, passées les premières apparences, ne possède aucune des caractéristiques habituelles du genre. Ni héros, ni vrai méchant. Ni grande chevauchée sauvage (la seule cavalcade se solde par un accident stupide et une rencontre inattendue et sans conséquence entre deux anciens amants), ni menace extérieure.

Non, le film ne sort jamais de ce groupe d’homme, dont il observe au plus près les réactions, les doutes, les passions, les colères. Celui qui ressemble le plus à un héros, joué par Henry Fonda, est un type brut de décoffrage au passé un peu trouble, qui ne se fait aucune illusion sur la culpabilité des types qu’ils vont lyncher, ou sur son propre héroïsme : s’il suit le mouvement, c’est par peur d’avoir l’air suspect et de se retrouver à la place de ceux qui vont se balancer au bout d’une corde.

C’est son point de vue que Wellman adopte : celui d’un type foncièrement bon, mais vaguement lâche, qui n’élève la voix, par intermittence, que pour se donner bonne conscience. La surprise, l’hébétement, les peurs des « victimes » (Dana Andrews, Anthony Quinn et Francis Ford), observées de l’extérieur, n’en sont que plus troublantes, et plus effrayantes. C’est aussi ce qui rend le film aussi bouleversant : l’approche terriblement humaine et « normale » de ce lynchage terrifiant. Et le fait que personne, et surtout pas les plus véhéments des lyncheurs, n’en sortira indemne.

The Ox-Bow Incident est presque une aberration dans la production hollywoodienne : son sujet, cruel et insupportable, est traité sans que rien ne vienne adoucir le propos. C’est un chef d’œuvre absolu, qui n’a rien perdu de sa puissance…

Convoi de femmes (Westward the Women) – de William A. Wellman – 1951

Posté : 4 février, 2013 @ 11:54 dans 1950-1959, WELLMAN William A., WESTERNS | Pas de commentaires »

Convoi de femmes (Westward the Women) – de William A. Wellman – 1951 dans 1950-1959 convoi-de-femmes

Des grands maîtres hollywoodiens, Wellman est sans doute le plus méconnu aujourd’hui. De Ford, Walsh, Hawks ou Lang, on connaît tous les grands films. Mais il y a dans l’œuvre de Wellman des chefs d’œuvre à découvrir, comme ce Convoi de femmes, dont j’avoue n’avoir jamais entendu parler avant que Patrick Brion ait la riche idée de le programmer dans son Cinéma de Minuit.

Le titre du film résume bien l’intrigue, tirée d’une histoire authentique (qui a passionné Frank Capra, auteur de l’histoire dont est tiré le scénario). Après avoir fait prospérer son ranch californien, un pionnier réalise qu’il n’y manque qu’une chose : des femmes, pour permettre aux cowboys de fonder des familles. Nous sommes en 1851, et le ranchman (John McIntire) part recruter des femmes « bien comme il faut » à Chicago. Il charge son ami Robert Taylor de guider le convoi à travers 3000 kilomètres de pistes, de dangers, de déserts, d’accidents stupides…

Il y a dans ce western magnifique tous les passages obligés du genre : des Indiens, des drames, des accidents de chariots… Pourtant, ce western-là ne ressemble à aucun autre. Par son rythme, languide, qui prend le temps des lenteurs : cette traversée dure des mois, et Wellman réussit merveilleusement à rendre perceptible l’inattendu.

Aux moments de légèreté absolue succèdent les tragédies les plus insupportables. En dépit de toute logique scénaristique (le scénar épouse les hasards d’un tel voyage) et loin des ficelles habituelles. Wellman privilégie les personnages au spectaculaire (on ne voit rien de « la » grande attaque d’Indiens).

Ce sont ces personnages, bien sûr, qui font de Convoi de femmes un film si singulier : la distribution est, à quelques exceptions près, exclusivement féminine. La plupart des hommes du convoi sont rapidement évacués par un scénario malin, et Robert Taylor lui-même finit par être éclipsé par les femmes du convoi, campées par des actrices formidables, aux personnalités bien trempées.

Une petite merveille.

Safe in Hell (id.) – de William A. Wellman – 1931

Posté : 8 novembre, 2012 @ 12:00 dans 1930-1939, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

Safe in hell

Film méconnu du grand Wellman, Safe in Hell a été tourné durant cette parenthèse enchantée pour le cinéma américain, entre la fin de la Prohibition et la mise en place du code de censure Hayes, ces quelques mois durant lesquels on pouvait boire et fumer sur grand écran, où la violence physique et psychologique pouvaient aller vraiment loin, et où un cinéaste pouvait se passer d’un happy end artificiel et dire merde à la morale…

Dans cette petite perle noire, romantique mais désespérée, Wellman ne se prive pas d’utiliser au maximum toutes ces possibilités. Son héroïne, interprétée par une Dorothy Mackaill belle et touchante, rayonnant d’érotisme troublant, et au jeu d’une modernité impressionnante, se prostitue parce que son marin de fiancé l’a laissée pour passer de longs mois en mer. Elle passe la moitié du film en nuisette (une habitude pour les comédiennes du début des années 30), se saoule avec d’autres hommes qui meurent tous d’envie de coucher avec la belle, et qui multiplient les allusions ouvertement sexuelles, qui ne sont pas pour lui déplaire… Difficile d’imaginer un tel personnage, quelques mois plus tard !

La belle, donc, laissée seule à la Nouvelle Orléans, croit avoir tué l’un de ses « clients » d’un soir. Son fiancé, enfin de retour, découvre qu’elle vendait ses charmes, mais décide de l’aider malgré tout à fuir. Ils embarquent alors à destination d’une île des Caraïbes, où se réfugient toutes sortes d’hommes recherchés par la justice, et que l’arrivée de cette belle jeune femme va troubler au plus haut point…

Autant dire, et sans dévoiler la fin, que le jeune marin va se mordre les doigts toute sa vie d’avoir choisi cet enfer sur terre pour installer sa belle, que ce grand nigaud à baffer laisse une nouvelle fois seule pour repartir en mer. On peut pas dire qu’il apprenne beaucoup des erreurs du passé, celui-là…

La mise en scène de Wellman (qui signe cette même année L’Ennemi public, avec Cagney) impressionne, notamment lors de la première séquence entre les deux fiancés, où l’utilisation des cadrages, du montage, est brillantissime. Le culot du cinéaste, et le ton libre et cruel qu’il donne à son film, est tout aussi impressionnant. Safe in hell… Un titre douloureusement ironique qui résume parfaitement l’esprit de cette curiosité assez formidable.

Escadrille Lafayette (Lafayette Escadrille) – de William A. Wellman – 1958

Posté : 9 avril, 2012 @ 8:01 dans 1950-1959, EASTWOOD Clint (acteur), WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

Lafayette Escadrille

William Wellman s’est souvent inspiré de son propre passé d’aviateur (notamment pour Wings, en 1929), mais jamais autant que dans ce Lafayette Escadrille, le plus autobiographique de tous ses films, comme s’il pressentait que ce serait son tout dernier long métrage. Ce n’est pas un hasard s’il offre à son fils, William Wellman Jr, un petit rôle discret, mais qui a son importance : celui d’un certain Bill Wellman Sr, jeune aviateur de la célèbre escadrille Lafayette qui observe les événements au cœur du film…

Les événements en question, ce sont les mésaventures d’un jeune apprenti-aviateur de la célèbre Escadrille Lafayette, durant la Grande Guerre, qui tombe amoureux d’une jeune prostituée parisienne et refuse l’autorité de son formateur (Marcel Dalio, dans un rôle stéréotypé et peu convaincant). Condamné pour acte de violence, il s’évade grâce à ses camarades et se réfugie dans la petite chambre de bonne de sa charmante fiancée qui s’est rachetée une conduite. Mais une nouvelle chance s’offrira à lui…

Lafayette Escadrille est un film mineur dans l’immense carrière de Wellman. Mais il y a dans ce film une sincérité qui touche au cœur : celle d’un vieil homme qui se penche sur son passé et boucle une boucle commencée plus de quarante ans plus tôt. D’ailleurs, on sent Wellman bien moins inspiré par la romance du film que par la camaraderie qui unit les jeunes aviateurs. Le plus beau moment du film ne se passe ni dans cette petite chambre de bonne, ni même dans les airs (il y a pourtant des scènes de combats aériens assez impressionnants), mais dans l’obscurité d’un dortoir : tous les apprentis aviateurs sont allongés, côte à côte, la caméra passant de l’un à l’autre tandis qu’une voix off (celle de Bill Wellman) dévoile leur destin, pour la plupart fatal. Chacun d’eux, endormi, semble reposer dans son linceul…

Ce moment de grâce mérite à lui seul que l’on voit le film, même si le reste n’est franchement pas au niveau. Si Wellman met beaucoup de passion dans sa peinture de l’univers très masculin des aviateurs (ce qui donne quelques scènes tantôt drôles, tantôt émouvantes), il se montre bien moins inspiré par son charmant couple formé par le falot Tab Hunter et par la frenchie Etchika Choureau. Un couple loin d’égaler les grands couples de l’Âge d’Or d’Hollywood, âge d’or dont la fin coïncide à peu près avec ce film.

Le film représente d’ailleurs l’unique lien tangible entre un tout jeune Clint Eastwood et le grand Hollywood classique qui ne cessera de l’inspirer dans ses propres réalisations. Sans grande expérience, Clint a 27 ans et trouve ici l’un de ses rôles les plus « visibles » de ses premières années. Très présent à l’écran dans la première moitié du film, il se contente toutefois de faire de la figuration, dans le rôle d’un grand dadais au regard un peu vide qui sait très bien se placer dans l’axe de la caméra derrière le héros. Sans doute aurait-il aimé un rôle un peu plus conséquent pour son unique collaboration avec un grand maître hollywoodien, mais tout de même…

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