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Archive pour la catégorie 'WALSH Raoul'

Les Nus et les morts (The Naked and the Dead) – de Raoul Walsh – 1958

Posté : 12 octobre, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Les Nus et les morts

Walsh réussit là une très belle adaptation du roman de Norman Mailer. Un film de guerre à la trame assez classique : il est question d’une intervention militaire américaine sur l’une des îles du Pacifiques, en 1943, avec son lot d’actes de bravoure, et de sacrifiés. Mais d’emblée, les images quasiment monochromes sautent aux yeux : ce film de guerre-là ne ressemble pas tout à fait aux autres.

Pas, en tout cas, à ceux qu’a déjà tourné Walsh, souvent avec Errol Flynn. Ici, point de star, pas d’images glamours, pas d’héroïsme triomphant… Avec ce film à l’esthétique étonnante, où le vert est terne est omniprésent, Walsh échappe aux codes hollywoodiens habituels. Il signe une œuvre un peu poisseuse, au réalisme troublant, et aux personnages particulièrement passionnants.

A priori, les trois personnages principaux entrent pourtant dans des catégories bien précises. Il y a d’abord Cliff Robertson, le gentil idéaliste pas franchement lâche, mais un peu planqué quand même. Il y aussi Raymond Massey, grand officier aussi raide avec ses hommes qu’éclairé côté stratégies militaires. Il y a surtout Aldo Ray, un salaud de facho, qui prend un plaisir apparent à dessouder les Japs, exécutant les prisonniers et arrachant les dents en or de ses victimes.

Trois meneurs d’hommes radicalement différents, que l’on sait dès le premier regard si on va les aimer ou non. Sauf que Walsh ne filme pas simplement des hommes : il filme des hommes en tant de guerre, et ça change tout. Le personnage d’Aldo Ray est particulièrement trouble et passionnant : ce tueur à sang froid, manipulateur et autoritaire, qui n’hésite pas à envoyer son officier dans une embuscade pour reprendre la main, ce type qui écrase un oiseau blessé sans ciller… Il est aussi un sous-officier respecté par ses hommes, un soldat qui est toujours en première ligne, ne laissant personne prendre des risques que lui-même ne prendrait pas.

Deux petits flash-backs, qui arrivent un peu sans prévenir, éclairent aussi les différences entre les personnages : on y découvre Aldo Ray et Cliff Robertson dans leurs vies sentimentales respectives, le premier trompé par sa femme, le second entouré d’innombrables conquêtes. Des vies différentes, dont on ne sait pas grand-chose mais qui disent beaucoup de leurs personnalités et de leurs comportements. La confrontation de ces personnalités est passionnante, en particulier dans la dernière partie, lorsque Ray et Robertson sont obligés de cohabiter lors d’une quasi-mission suicide à l’intérieur des lignes.

Il y a un bémol quand même : la musique de Bernard Herrmann, par moments trop illustrative (la scène du serpent est gâchée par ces quelques notes qui disent d’une manière trop évidente « attention danger ! »). Mais The Naked and the Dead est l’un des meilleurs films de guerre de la décennie, un film qui bouscule, avec une grande intensité.

La Blonde framboise / Strawberry Blonde (The Strawberry Blonde) – de Raoul Walsh – 1941

Posté : 30 août, 2017 @ 8:00 dans 1940-1949, CAGNEY James, WALSH Raoul | 1 commentaire »

The Strawberry Blonde

Dans la liste des films qui rendent heureux, celui-ci figure en bonne place. Loin des films de gangsters qui ont fait leurs réputations, Raoul Walsh et James Cagney se retrouvent pour un film drôle et infiniment délicat, hymne au bonheur simple et à l’amour, le vrai, avec un grand A et les yeux doux et irrésistibles d’Olivia De Havilland.

On en sort en fredonnant « And the band played on » (le générique de fin propose même aux spectateurs de reprendre la chanson en karaoké avant de quitter la salle, on imagine l’ambiance et le plaisir partagé), et avec l’envie irrépressible d’enlacer nos deux tourtereaux, et de dire à celle qu’on aime qu’on l’aime. Bref, un vrai feel-good movie.

The Strawberry Blonde n’est pas une comédie musicale. Mais c’est le genre de films où les clients d’un barbier peuvent se mettre à chanter ensemble, et où tout est mouvement, à l’image de cette première rencontre entre les deux « couples » du film : l’horrible Jack Carson dont l’avenir prometteur séduit celle qui monopolise tous les regards, jouée par la star montante Rita Hayworth, et ce bon vieux James Cagney qui se « rabat » sur la bonne copine, Olivia De Havilland.

C’est tout le drame de sa vie, à la pourtant magnifique Olivia : ce couillon de Jimmy mettra dix ans pour réaliser que celle qu’il a finalement épousée est non seulement la plus belle, mais aussi celle qui peut le rendre profondément heureux. Elle en interprétera d’autres, des personnages plongés dans l’ombre d’actrices à la beauté plus arrogante. Mais ici, le drame ne fait qu’affleurer, malgré un passage bouleversant où Olivia voit son mari partir avec bravade entre deux policiers, loin d’elle.

Les larmes, pourtant, sont de joie dans ce film, qui est aussi l’un des plus drôles tournés par Walsh. Un chef d’œuvre dont le cinéaste filmera lui-même un remake dès 1948, cette fois sous la forme d’une vraie comédie musicale : One sunday afternoon, pas le plus connus de ses films…

L’Escadron noir (Dark Command) – de Raoul Walsh – 1940

Posté : 21 juin, 2017 @ 8:00 dans 1940-1949, WALSH Raoul, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Escadron noir

Dix ans après La Piste des Géants, Raoul Walsh retrouve John Wayne, que le succès de Stagecoach venait de sortir d’autant d’années de séries B (au mieux), et reforme le couple que le jeune Duke formait avec Claire Trevor dans le film de John Ford. Alors oui, il y a de la romance dans l’air, et beaucoup d’action, dans ce western qui semble à première vue très mineur dans la filmographie de Walsh, en particulier à cette époque où il enchaînait les chefs d’œuvre.

Le film est surtout étrangement maladroit par moments, avec quelques rebondissements auxquels on a beaucoup de mal à croire. Le revirement du personnage joué par Walter Pidgeon est ainsi pour le moins étonnant : d’instituteur posé et attachant, il devient en quelques minutes un monstre sanguinaire qui sème la terreur dans plusieurs états. Ce personnage inspiré par le célèbre Quantrill (il s’appelle d’ailleurs Cantrell dans le film) ne manque pas d’intérêt : le moindre n’est pas de lui avoir collé une mère désespérée par le chemin qu’il décide de prendre. Mais Walsh échoue à développer une psychologie convaincante.

On peut d’ailleurs faire le même reproche à la quasi-totalité des personnages, y compris celui de John Wayne, lui aussi plein de promesses. Tiraillé entre son amour pour Claire Trevor et son sens du devoir qui l’oblige à arrêter le frère de cette dernière, il se transforme en héros tragique. Mais Walsh ne le filme que comme un vrai héros pur et sans tâche. Toujours impeccablement rasé et aux habits immaculés. Lisse, trop lisse, sans aspérité.

C’est la grande limite de ce film psychologiquement très faible, qui en revanche marque des points dans l’action pure. Autant les séquences dramatiques semblent filmées par dessus la jambe, autant les nombreuses scènes d’action sont formidables, filmées avec une belle intensité et, pour le coup, un immense sens dramatique. Et ça ne fait que s’améliorer au fil du métrage, avec une conclusion impressionnante, fusillade haletante dans une ville en flammes. Et les images sont particulièrement spectaculaires.

Avec Dark Escadron, Walsh s’impose comme un grand cinéaste d’action. Pour la psychologie, il a fait et fera nettement plus convaincant.

Saboteur sans gloire (Uncertain glory) – de Raoul Walsh – 1944

Posté : 5 mai, 2017 @ 8:00 dans 1940-1949, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Saboteur sans gloire

Encore une merveille signée Walsh, qui boucle une sorte de triptyque officieux de films de propagandes dont Errol Flynn est la vedette. Après le très léger Sabotage à Berlin et le très mouvementé Du sang sur la neige, Saboteur sans gloire surprend par sa tonalité et par son personnage principal, un authentique salaud pour une fois, voleur, meurtrier, égoïste, profiteur de guerre… Bref, un rôle inattendu pour Flynn.

Le film commence, curieusement, de la même manière que L’Imposteur, le film de Duvivier, sorti à peine deux mois plus tôt aux Etats-Unis. Le personnage de Flynn, comme celui de Gabin, y échappe miraculeusement à l’exécution par la guillotine lorsque la prison où il se trouve se retrouve détruite par un bombardement qui coûte la vie à ses bourreaux. La comparaison entre les deux films s’arrête à peu près là, même s’il sera évidemment question de rédemption, de sens du sacrifice, et de l’esprit français, que Hollywood ne cessait de mettre en avant ces années-là.

Flynn, plus charmeur et souriant que jamais, reste un sale type quasiment jusqu’au bout. Un homme préoccupé par son seul sort, qui semble traverser la guerre et l’occupation comme un simple visiteur en villégiature. Walsh le flanque de son exact opposé, un super flic qui le traque et ne tarde pas à l’arrêter, qu’interprète l’excellent Paul Lukas, acteur aussi à l’aise pour jouer les ordures que, comme c’est le cas ici, l’image même de l’honnêteté et de la générosité.

Leur duo fonctionne parfaitement, et se retrouve au cœur des passages les plus forts. C’est le cas lors de la scène-clé de l’histoire. Arrêté dans une petite ville où cent habitants s’apprêtent à être exécutés par les Allemands en guise de représailles après un attentat meurtrier commis par un mystérieux résistant, Flynn propose à Lukas de le laisser se dénoncer comme l’auteur de l’attentat, afin de sauver les otages, et surtout d’échapper à la guillotine, qui lui semble nettement plus barbare qu’un peloton d’exécution. Troublé par cette proposition, le policier est perdu dans ses pensées face à son prisonnier qui attend sa décision, tandis que les ombres des otages se profilent sur le mur derrière eux…

Ce plan est tout simplement renversant. Tout le film, d’ailleurs, est visuellement splendide, avec un noir et blanc sublime (signé Sidney Hickox, chef of de Walsh sur une quinzaine de films parmi ses meilleurs), de merveilleux décors (dus à Robert Haas) et l’extraordinaire sens du cadre du cinéaste. En plus d’offrir à Errol Flynn l’un de ses meilleurs rôles, Uncertain glory transcende les codes du film de propagande, pour offrir à la fois un spectacle profondément réjouissant, et une plongée passionnante dans les tourments mentaux d’un criminel.

La Belle Espionne (Sea Devils) – de Raoul Walsh – 1953

Posté : 2 mai, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, DE CARLO Yvonne, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

La Belle Espionne

De l’aventure, de la romance, du suspense… Bref, un pur plaisir de cinéma que nous offre Walsh, une vraie gourmandise qui pousse jusqu’à sa forme la plus épurée le film de genre. Le cinéaste ne s’embarrasse ni du contexte historique (la France napoléonienne en guerre), ni de complexité psychologique, ni même de vraisemblance : tout le mouvement du film est entièrement tourné vers le plaisir pur.

Et il y en a du mouvement, avec ces allers-retours incessants entre l’île de Guernesey et les côtes françaises, et avec ces personnages qui s’avancent avec aplomb et sans hésitation face au danger. C’est totalement invraisemblable? L’histoire d’amour entre la « belle espionne » Yvonne De Carlo et le rude contrebandier Rock Hudson est hautement improbable? Qu’importe: on y croit avec délectation, et on applaudit devant ce spectacle jubilatoire.

Du roman de Victor Hugo Les Travailleurs de la Mer, le scénariste Borden Chase n’a gardé que quelques bribes. Normal: l’intrigue elle-même n’est qu’un prétexte. Walsh est moins intéressé par son histoire que par la manière de la mettre en mouvement et en images, dans un Technicolor qui a rarement été à ce point flamboyant. Il faut dire que la décidément très belle Yvonne De Carlo multiplie les tenues différentes, et que ces dernières ont une constante : elles tranchent de fort belle manière avec ce crépuscule que Walsh filme si bien.

La Belle Espionne est d’une simplicité absolue. Cette histoire d’espionnage et de contre-espionnage autour de la figure de Napoléon (interprété par Gérard Oury !) aurait pu être complexe. Le film la résume à une série d’enjeux simplissimes : Rock Hudson doit conduire Yvonne De Carlo en France ; Rock Hudson veut ramener Yvonne De Carlo à Guernesey ; Yvonne De Carlo veut retourner en France…

Le cinéma est l’art du mouvement ? La Belle Espionne est la quintessence du cinéma d’aventure, dépouillé de toute fioriture et de tout ce qui n’est pas l’essentiel. Simple, jubilatoire, magnifique.

Les Aventures du Capitaine Wyatt (Distant Drums) – de Raoul Walsh – 1951

Posté : 2 avril, 2017 @ 12:52 dans 1950-1959, COOPER Gary, WALSH Raoul, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Aventures du Capitaine Wyatt

Ah, les Everglades et leurs labyrinthes de végétations et de marécages. Leur décor fascinant n’ont pas été si souvent utilisés au cinéma, malgré leur potentiel évident. Ce Distant Drums est d’ailleurs l’un des tout premiers à faire de cette région de Floride un élément central de l’action, quelques années avant le beau La Forêt interdite de Nicholas Ray. C’est en tout cas le premier « western » majeur à avoir ce décor (et la guerre contre les Indiens Seminoles) comme toile de fond.

Le film est aussi l’unique collaboration, aussi surprenant que cela puisse paraître, entre Raoul Walsh et Gary Cooper. La rencontre entre ces deux géants du cinéma d’aventure semblait pourtant évidente. Et elle tient plutôt bien ses promesses avec ce film certes imparfait, mais passionnant et admirablement tendu. Oui, comme toujours chez Walsh.

Imparfait, tout de même, parce que l’introduction est pour le moins maladroite, avec une utilisation approximative de transparence, qui donne la curieuse impression d’un film un peu figé. Surtout que la toute première apparition de Gary Cooper a tout de la caricature guère crédible. Heureusement, cette première impression disparaît au bout de quelques minutes seulement, avec l’extraordinaire attaque du fort, moment de bravoure merveilleusement filmée dans une nuit profonde et fascinante.

Tout l’art de Walsh se révèle enfin dans cette séquence d’anthologie, quasi-muette. La suite est à l’avenant, avec cette plongée au cœur des Everglades. Certes, Walsh échoue à rendre le décor réellement menaçant. La moiteur et les dangers de cet entrelacs de végétation et d’humidité ne sont pas toujours perceptibles, contrairement au film de Nicholas Ray qui, lui, privilégiera le tournage en décors naturels. Walsh, lui, use et abuse des transparences, avec plus ou moins d’efficacité.

Mais le rythme ne retombe jamais. Et Walsh, dans ce pur film d’aventures, s’offre une dernière partie tragique, violente et bouleversante originale et inattendue. Sans snober le happy end de rigueur, il s’autorise un ton assez radical, qui clôt joliment ce « eastern » passionnant.

Un lion dans les rues (A Lion in the streets) – de Raoul Walsh – 1953

Posté : 22 décembre, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, CAGNEY James, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Un lion dans les rues

Les premières séquences ne trompent pas : c’est une bluette joyeuse et légère que nous offre Walsh avec cette curiosité, reconstitution en studios d’un Sud pauvre mais optimiste et chantant, où l’entraide et la solidarité sont omniprésents. A l’image de James Cagney, colporteur sans le sou qui séduit au premier regard une belle institutrice (Anne Francis) qu’il épouse aussi sec, et qui accepte avec le sourire de partager sa vie dans une masure où se croisent tous les paysans miséreux et leur chaleur exceptionnelle.

Une pure comédie hollywoodienne, donc. Vraiment ? A peine le couple est-il marié qu’un détail nous chiffonne : une simple phrase prononcée par un James Cagney plus entreprenant et plus chaleureux que jamais. Surpris par l’émotion de sa jeune épouse, qui trouve ses nouveaux amis merveilleux, il a cette réponse : « Tout le monde est merveilleux. Il suffit de savoir appuyer au bon endroit. C’est comme des instruments de musique, le tout est de savoir en jouer… »

Une réplique qui dérange dans cet optimisme béat, et qui sème les germes d’un trouble qui ne fera que croître. James Cagney n’est pas un salaud. C’est un homme plein d’amour et de conviction. Plein d’ambition aussi, et c’est l’ascension de cet homme que raconte le film. L’ascension d’un homme qui utilise l’exceptionnel don qu’il a de communiquer sa passion, d’entraîner les foules derrière lui.

Bien sûr, il va se perdre en route. Mais le film de Walsh va au-delà de ce thème assez classique de l’homme qui perd son âme sur le chemin de la réussite. En recréant en studio cet univers trop parfait, en faisant de son « héros » un tribun qui rassemble les foules et se fonde une sorte de culte sur le terreau de la religion, très présente, il signe mine de rien une critique d’une cruauté inattendue d’une certaine société américaine.

Les notions de religion, d’ambition politique et de sectarisme se mélangent. Avec son extraordinaire sens du récit, et avec une poignée de comédiens formidables (dont l’indispensable John McIntire) Walsh crée de toutes pièces un monde de rêve pour mieux en démonter les rouages, jusqu’à un final déchirant. Voilà une rareté à redécouvrir.

Sabotage à Berlin (Desperate Journey) – de Raoul Walsh – 1942

Posté : 23 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1940-1949, WALSH Raoul | 1 commentaire »

Sabotage à Berlin

Entre deux classiques (La Charge fantastique et Gentleman Jim), Raoul Walsh et Errol Flynn s’offrent une réjouissante récréation en forme d’effort de guerre.
Faut-il prendre au sérieux cette histoire d’aviateurs alliés qui se retrouvent derrière les lignes ennemis et multiplient les pieds de nez aux Allemands ? A l’occasion d’une scène, Walsh prouve que lui-même s’en amusait : en fuites, nos héros tombent en panne ; juste à ce moment, un camion de carburant passe devant eux…

La plupart des rebondissements sont aussi improbables que ceux-là. A commencer par la première évasion, pas plus sérieuse que les aventures de La 7e Compagnie. Ou le vol des uniformes allemands, les militaires passant à portée de main étant au bon nombre… et de la bonne corpulence. Ou encore la manière dont nos héros s’emparent d’un avion bombardier gardé par des dizaines d’hommes.

D’ailleurs, avec le personnage rigolard d’Alan Hale, ou même celui très décontracté joué par Ronald Reagan, Walsh donne le ton. Flynn lui-même affiche la plupart du temps un enthousiasme rafraîchissant. Mais le film n’est pas d’un seul bloc. Pour preuve, un autre personnage, plus complexe et plus sombre : celui joué par l’excellent Arthur Kennedy, le plus intense de tous, qui refuse de voir la guerre comme un terrain de jeu.

Il y a d’ailleurs dans ce Desperate Journey quelques moments d’une grande noirceur : la mort de plusieurs personnages importants, ou encore le dur destin de cette jeune Allemande qui lutte contre les Nazis, symbole pas si courant dans le cinéma hollywoodien de l’époque de cette population allemande qui n’a pas choisi la barbarie.

Mais avant tout, Desperate Journey est un film d’action et d’aventure. L’intrigue, finalement, semble ne servir que de liant entre les nombreuses scènes d’action : le crash de l’avion, la fuite par les toits, l’attaque de l’usine, ou encore l’extraordinaire course poursuite en voiture… Autant de séquences d’anthologie auxquelles Walsh donne un rythme et une intensité incroyables.

Desperate Journey est un voyage réjouissant qui ose toutes les ruptures de ton. Un pur plaisir de cinéma.

Du sang sur la neige (Northern Pursuit) – de Raoul Walsh – 1943

Posté : 8 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1940-1949, WALSH Raoul | Pas de commentaires »

Du sang sur la neige

Walsh est en pleine Flynn-mania lorsqu’il tourne ce thriller neigeux, nerveux et bourré d’action : de La Charge fantastique à Aventure en Birmanie, ce sont six films qu’ils tournent quasiment coup sur coup en à peine quatre ans (et sans compter La Rivière d’argent, qu’ils tourneront quelques années plus tard).

Celui-ci n’est pas le plus connu. Il n’est pas non plus le moins intéressant. Dès les premières images, on sent qu’il y a ici quelque chose de très familier, et en même temps de très atypique. L’histoire en rappelle d’autres (celle de Griffes jaunes par exemple), avec ce policier convaincu de sympathie pour l’ennemi, qui prend la fuite avec un officier nazi en passant aux yeux de tous pour un traître. Sauf que, bien sûr, il n’en est pas un…

Rien de très original de ce côté là, donc. Mais le décor, lui, change radicalement la donne : on n’est ni dans un western, ni dans un suspense urbain, ni même dans un film d’aventure traditionnel. Non, c’est dans la neige du grand Nord canadien que Walsh pose ses caméras. Enfin, plutôt dans un grand Nord reconstitué en studio : à l’exception de quelques séquences de ski qui n’ont rien à envier aux futurs James Bond, tout semble avoir été tourné bien au chaud en studios.

Ce qui, d’ailleurs, ne pose pas vraiment problème. Que ce soit pour la scène de l’avalanche ou celle du sous-marin brisant la glace, le film fait plutôt bien illusion. Et même si on a un peu de mal à voir un homme qui vient de marcher des jours dans la neige, derrière l’élégance très dandy de Flynn, cet environnement immense et plein de dangers donne un ton très original au film.

Il y a bien quelques rebondissements hautement improbables, comme l’irruption soudaine de la fiancée de notre héros, arrivée on ne sait trop comment dans la gueule du loup. Mais Walsh oscille efficacement entre l’humour (avec le personnage du beau-père écossais), la menace (beau personnage de traître interprété par l’excellent Gene Lockhart), la violence la plus sèche avec quelques exécutions sommaires qui font froid dans le dos, et même de l’action pure assez impressionnante, comme cette étonnante séquence finale dans l’avion.

Du sang sur la piste s’inscrit dans la grande tradition hollywoodienne du film de propagande anti-nazi. Sans grande délicatesse sans doute, mais avec un vrai sens du spectacle et une efficacité imparable.

Le Roi et quatre reines (The King and four queens) – de Raoul Walsh – 1956

Posté : 1 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, WALSH Raoul, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Roi et quatre reines

Walsh n’est décidément pas un cinéaste comique. Loin d’être déshonorant, ce western tardif avec Clark Gable contient de biens beaux moments, mais l’humour qui tourne autour de cet homme enfermé dans une propriété habitée par quatre belles veuves tombe le plus souvent un peu à plat.

C’est d’ailleurs une idée assez géniale qui est au cœur de ce film : placer un aventurier séducteur dans une demeure isolée au cœur du désert où vivent les veuves de quatre bandits et leur belle-mère, qui attend désespérément le retour de l’un de ses fils, et où un « trésor de guerre » est censé être caché.

Avec cette histoire pleine de promesses, Walsh souffle le chaud et le froid, en changeant constamment de ton. Tantôt léger, en filmant un Clark Gable minaudant au milieu de son harem. Tantôt grave et bouleversant lorsqu’il s’intéresse au personnage de la mère, rongée par l’incertitude relative au sort de ses fils, et à sa culpabilité de ne pas avoir su en faire des hommes honnêtes.

C’est, et de loin, le plus beau personnage du film, le seul à rester constamment en dehors de la comédie. Jo Van Fleet, actrice oscarisée pour A l’Est d’Eden, lui apporte une belle et sombre gravité, sa présence pesant constamment sur l’atmosphère du film.

Le personnage de Gable, lui, est nettement plus léger, comme hermétique même à toute gravité. La première partie, pourtant, laisse imaginer un destin tragique. Faisant même penser que le Clint Eastwood des Proies, le beau film cruel de Siegel, s’en inspirerait directement. C’est peut-être le cas d’ailleurs, mais dans une version nettement plus pessimiste.

Le Roi et quatre reines aurait pu être un grand film cruel, mais se contente d’être un fort sympathique divertissement. Tourné entre l’excellent Les Implacables et le magnifique L’Esclave libre, il est en tout cas le plus anecdotique des trois films que Clark Gable et Raoul Walsh ont enchaînés ensemble.

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