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Archive pour la catégorie 'TRUFFAUT François'

Baisers volés – de François Truffaut – 1968

Posté : 2 juillet, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Baisers volés

Désormais jeune homme, Antoine Doinel se cherche. Il va d’un boulot à l’autre, veilleur de nuit, détective privé ou réparateur de télé. Il vagabonde d’une prostituée à une femme mûre et mariée, tournant autour de l’amour de sa vie…

Et Truffaut filme des moments fugaces, des petits bonheurs et des doutes, de ces petits riens qui font les grands souvenirs. Il y a toujours quelque chose de ça dans Baisers volés : ce sentiment que les petits moments de la vie de Doinel sont avant tout des souvenirs qu’il se forge.

D’où cette étrange nostalgie qui recouvre ce film, pourtant dédié à la naissance d’un amour, et à la jeunesse, cet âge de tous les possibles. Douce nostalgie qui apparaît même dans les moments de pure comédie, à travers le regard grave d’Antoine, qui semble inquiet même lorsque, enfin, sa vie semble prendre un tournant apaisé.

Il est en tout cas irrésistible, gamin amouraché de Fabienne Tabard (inoubliable Delphine Seyrig), la femme du patron ; ou ricanant de l’autorité militaire. Irrésistible et touchant, conscient de la précarité de tout. Ce que Truffaut suggère d’ailleurs en filmant un Paris inhabituellement calme, et en basant son intrigue en février 1968, alors que la Cinémathèque française est en plein trouble… en attendant d’autres remous.

Nostalgique, mais léger, Truffaut filme des personnages hauts en couleur. La palme à Michael Lonsdale, extraordinaire en patron tyrannique, odieux et imbu de lui-même qui ressent « comme une animosité » dans son entourage.

Christine, le joli personnage interprété par Claude Jade, apparaît comme une douce incarnation de la stabilité qui a toujours fui Antoine… Le couple qu’elle forme avec Jean-Pierre Léaud est d’une beauté presque enfantine.

Les Mistons – de François Truffaut – 1957

Posté : 4 juin, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Les Mistons

« N’ayant pas l’âge d’aimer Bernadette, nous décidâmes de la haïr et de tourmenter ces amours… »

Dès ce premier film, les thèmes chers à François Truffaut sont là. L’enfance, les premiers amours, la découverte de la sensualité… Et formellement : la voix off, les images comme volées, ou l’irruption soudaine du burlesque (« Non monsieur, je ne donne jamais de feu. Jamais ! »).

Truffaut rend aussi un hommage au cinéma des premiers temps : clin d’œil à L’Arroseur arrosé, et puis cet étonnant plan filmé à l’envers, comme dans les courts métrages de Chaplin, avec ce gamin que l’on voit se relever, ou plutôt dé-tomber.

Truffaut filme la sensualité de Bernadette Laffont comme un fantasme d’enfant, ou un souvenir d’enfance trop beau pour être vraiment vrai… Le regard nostalgique d’une enfance envolée, et ce dernier plan, comme un adieu à l’enfance, déchirant…

Le premier film de Truffaut est un film court. Mais c’est déjà un grand film.

Antoine et Colette – de François truffaut – 1962

Posté : 3 juin, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Antoine et Colette

Trois ans après Les 400 coups (et cinq ans avant Baisers volés), Truffaut retrouve son personnage d’Antoine Doinel, pour le segment français d’un film à sketchs international, L’Amour à 20 ans, qui n’est à peu près connu aujourd’hui que pour sa participation (même si Andrzej Wajda et Marcel Ophüls ont également signé des segments).

Antoine et Colette est un film à la fois très différent du précédent, et qui s’inscrit dans sa continuité, avec plusieurs références directes. Antoine, le gamin en mal d’amour parental, est devenu un ado en quête d’amour, et qui fait face à des problèmes plus universels que ceux qui étaient les siens autrefois : la douche froide de l’amour unilatéral.

Marie-France Pisier, toute jeune, est le pendant féminin de Jean-Pierre Léaud. Même phrasé, même air dégagé. Entre les deux, la rencontre est pleine de promesses, de tensions, et de frustration, sentiment que Doinel expérimente à plein !

Il y a au moins deux aspects formels passionnants dans ce court métrage de vingt minutes à peine. D’abord, la manière dont Truffaut isole constamment ses personnages principaux, y compris dans la foule. Par des gros plans, des allers-retours entre l’un et l’autre, par des caches (procédé désuet qu’il utilise dans une grande partie de ses films), ou par des cadres naturels dans le plan.

Ensuite, la bande-son, exceptionnelle, qui utilise aussi bien des grands airs classiques (Ah ! ce réveil d’Antoine qui ouvre ses fenêtres sur Paris !) que des chansons françaises populaires, dont il ne retient parfois qu’une phrase.

Étape indispensable dans la saga Doinel, Antoine et Colette est aussi un jalon loin d’être anodin dans la filmographie de Truffaut.

Tirez sur le pianiste – de François Truffaut – 1960

Posté : 10 novembre, 2018 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Tirez sur le pianiste

« Peur… Peur ?… Merde, j’ai peur! » Filmé en gros plan, Charles Aznavour a sans doute là le plus beau plan de sa carrière d’acteur. Le plus intense, et celui où ses talents de comédiens, pas toujours bien servis par ailleurs, paraissent les plus éclatants. Ce petit homme discret, comme étranger au monde qui l’entoure, révèle une humanité à fleur de peau, et une détresse infinie.

La prestation d’Aznavour convient parfaitement au ton que Truffaut donne à son deuxième long métrage, son premier « noir » : une longue errance largement nocturne, sur une partition jazzy fascinante et d’une immense liberté. Ruptures de ton, faux rythmes, décalage entre le drame qui se noue et l’apparente légèreté des dialogues… Il fallait un phare pour ne pas se perdre, et Aznavour tient formidablement ce rôle, bien servi par des dialogues formidables (et l’utilisation fascinante d’une voix off qui semble être sa voix intérieure, mais qui n’est pas celle d’Aznavour).

Paradoxalement, c’est son apparente banalité qui fascine ici, la sensation constante qu’il est dépassé par les événements. Pas uniquement lorsqu’il est pisté par des gangsters d’ailleurs : dans un passage du long flash-back, où on découvre le passé de concertiste de ce petit pianiste au lourd secret, on le découvre trop petit dans son manteau, marchant dans un simple couloir où se joue son avenir, et qui semble prêt à le dévorer.

Aznavour n’a peut-être jamais été aussi bien que dans Tirez sur le pianiste ? Pas étonnant : c’est sans aucun doute son meilleur film, une merveille dans laquelle Truffaut confirme le style à la fois réaliste et littéraire des 400 coups, une caméra qui paraît capter sur le vif des moments de vie, alors que l’ensemble affirme une immense maîtrise. Parce que, avec cette liberté de ton qui le caractérise, Truffaut mène le spectateur exactement où il veut, créant des atmosphères puissantes.

Sûr de sa maîtrise, il se permet d’improbables digressions. Le film s’ouvre ainsi sur un homme (Albert Rémy, le « père » d’Antoine Doinel) fuyant des hommes qui le poursuivent dans les rues quasi désertes de la nuit parisienne, et prenant le temps de discuter de la vie avec un quidam rencontré par hasard (Alex Joffé, réalisateur pas franchement proche de la Nouvelle Vague, et acteur occasionnel au débit impossible).

Des parenthèses comme celles-là, il y en a plusieurs dans le film, qui enchaîne ces ruptures de ton inattendues. Dans la nuit, traversée à pied ou en voiture dans de longues séquences assez fascinantes, ce parti-pris renforce l’impression de voir un film fondamentalement jazzy. C’est en tout cas la nuit que Truffaut nous offre quelques scènes inoubliables : la marche silencieuse de Marie Dubois et Aznavour, qui tente maladroitement de lui saisir la main ; la longue route vers le « chalet »…

Seul bémol : un court plan de coupe qui montre une mère foudroyée après que son gangster de fils a juré sur la vie de sa mère qu’il portait un foulard en acier asiatique. Pour le coup, ce n’est pas dans le gag pur que Truffaut révèle toute l’étendue de son talent. Mais ne chipotons pas pour un plan qui ne dure que deux ou trois secondes : Tirez sur le pianiste est un chef d’oeuvre, souvent oublié dans la liste des grandes réussites trufaldiennes.

Les 400 coups – de François Truffaut – 1959

Posté : 12 octobre, 2018 @ 8:00 dans 1950-1959, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Les 400 coups

Ah ! le regard de Jean-Pierre Léaud. Les 400 coups, ce magnifique premier long métrage de Truffaut, c’est peut-être avant tout ce regard, que le jeune cinéaste capte comme s’il était ce qu’il y avait de plus primordial au monde, comme si tout venait de ce regard, profond et bouleversant, innocent malgré tout.

Lorsque Antoine croise celui de sa mère dans les bras d’un inconnu, c’est comme si ses dernières bribes d’enfance se faisaient la malle. Lorsque ses yeux se mettent à rire, lors d’une soirée enchantée avec ses parents, c’est comme s’il découvrait le sentiment même de l’enfance, avant de le perdre aussitôt. Lorsque les larmes coulent derrière les barreaux du fourgon de la police, c’est toute l’angoisse de l’enfant qu’il ne peut plus être.

Et que dire du dernier plan, formidable travelling qui se termine en se figeant par un gros plan sur le regard d’Antoine, toujours ce regard, magnifique, déchirant et inoubliable… Jean-Pierre Léaud, c’est une sorte de miracle, dont Truffaut capte toute la complexité, toute la magie, par la grâce de sa mise en scène.

Tout est beau, tout est juste dans ce film dont Truffaut dira qu’il est très inspiré par sa propre enfance difficile. C’est d’ailleurs cette justesse qui frappe, plus que le réalisme brut des images. D’emblée, Truffaut marque sa différence avec un Godard. Pour lui, cinéaste déjà classique, la caméra est entièrement au service des émotions, et de l’histoire.

Truffaut s’inscrit pourtant bien dans la Nouvelle Vague, rompant avec le cinéma français traditionnel. Dès le générique, où la caméra joue à cache-cache avec la Tour Eiffel pour mieux s’en éloigner, il semble dire que les clichés n’auront pas droit de cité. Et puis Truffaut se place évidemment à hauteur de ses personnages principaux : les enfants, victimes (pas si innocentes, tout de même) d’une société patriarcale bornée, encore bien ancrée dans cette période pré-68.

On peut regretter que Truffaut ait été si dur et définitif vis à vis de ses aînés, et du cinéma tel qu’il se pratiquait jusque dans les années 50. Jusqu’à être profondément injuste par moments. Mais comment pouvait-il en être autrement : avec ces 400 coups, Truffaut condamne mine de rien tout un système de pensée, qu’il dynamite avec le destin de ce gosse mal aimé et trop seul, brisé par cette société dans laquelle il n’a pas sa place.

Le Dernier Métro – de François Truffaut – 1980

Posté : 8 avril, 2016 @ 8:00 dans 1980-1989, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Le Dernier Métro

Dans son autobiographie (Histoire de ma vie), Jean Marais consacrait un chapitre à ses souvenirs de l’Occupation. Le rapport avec Truffaut ? C’est ce chapitre qui, semble-t-il, lui a inspiré ce qui allait devenir Le Dernier Métro, son plus gros succès populaire, son triomphe aux Césars aussi : dix statuettes récoltées.

Je gardais le souvenir d’un film ample et ambitieux, reconstituant joliment le Paris de l’Occupation. Tout ça est vrai, mais la reconstitution se limite quasi-exclusivement aux murs du théâtre où Marion Steiner répète sa nouvelle pièce événement, tandis que son metteur en scène de mari, juif allemand, a dû disparaître. La caméra ne sort de ces murs que pour explorer les abords de l’entrée des artistes, où un restaurant de comédiens. Jamais plus loin.

Pourtant, Le Dernier Métro fait partie de ces films qui ont su recréer l’atmosphère de ces années de menace perpétuelle. A l’époque, Truffaut était enfant, et trouvait refuge dans les salles de cinéma, où est née la passion qui dominera toute sa vie. Rien d’étonnant, donc, à ce que son Occupation soit vue d’une salle de spectacle.

Derrière le « film à Césars », il y a donc un film très personnel, dans lequel Truffaut semble constamment se citer lui-même, évoquant le trio amoureux de Jules et Jim, le travail de création de La Nuit Américaine… jusqu’à reprendre (trois fois) la magnifique réplique que Belmondo sortait à Catherine Deneuve dans La Sirène du Mississipi, cette fois reprise sur les planches par Depardieu à la même Deneuve…

« Tu es belle Héléna, si belle que te regarder est une souffrance.
- Hier, tu disais que c’était une joie.
- C’est une joie, et une souffrance. »

Pourtant, Truffaut s’inspire si ce n’est de faits authentiques, au moins de personnages bien réels. A commencer par l’ignoble journaliste Daxiat (Jean-Louis Richard), tout puissant critique théâtral et grand pourfendeur des Juifs, directement inspiré du collaborateur Alain Laubreaux qui écrivait sous le pseudonyme de Michel Daxiat.

Portrait de Français sous l’Occupation, dénonciation de la médiocrité, cri d’amour à la création artistique (quelle vie dans ce théâtre !)… Le Dernier Métro est aussi, et peut-être avant tout, l’histoire d’une femme mariée qui tombe amoureuse d’un autre homme, mais que les circonstances interdisent de quitter son mari. Catherine Deneuve est absolument sublime dans ce rôle qui joue merveilleusement de son image glacée pour camper une femme trop isolée du monde. Magnifique.

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