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Archive pour la catégorie 'SPIELBERG Steven'

Columbo : Le Livre témoin (Columbo : Murder by the book) – de Steven Spielberg – 1971

Posté : 19 janvier, 2017 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Columbo Le Livre témoin

On pourrait essayer de voir des signes, tenter de détecter le génie du futur réalisateur de Duel ou Jaws, se dire que, quand même, le jeune Spielberg a fait sien l’univers de Columbo. On pourrait. On aurait d’ailleurs toutes les raisons de le faire : ce premier “vrai” épisode de la série (après un téléfilm réalisé en 1967 et un pilote officiel réalisé par un autre), est mené sans la moindre baisse de régime, et réserve un suspense remarquable.

Mais il s’agit bien d’un film de commande pour Spielberg, réalisateur plein de promesses qui a encore tout à démontrer. Et son talent est entièrement au service d’une machine hyper-efficace et déjà bien rodée. Le montage, la musique, l’interprétation suave de Jack Cassidy, et bien sûr le scénario qui réserve la première demi-heure à la mécanique d’un meurtre que le célèbre inspecteur devra décortiquer par la suite… Reconnaissons que rien n’annonce l’univers de Spielberg dans ce bon épisode d’une série très datée 70s mais toujours fort sympathique.

Finalement, le fait que Spielberg, dans ses débuts, ait apporté sa pierre à cet édifice, est surtout l’occasion de renouer avec cette série culte qui a bercé l’enfance de plus d’une génération.

Jurassic Park (id.) – de Steven Spielberg – 1993

Posté : 24 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Jurassic Park

Comme avec Les Dents de la Mer ou Les Aventuriers de l’Arche perdue, Spielberg a durablement inspiré le cinéma hollywoodien avec ce premier Jurassic Park, ne serait-ce que pour l’utilisation, extraordinaire pour l’époque, d’effets spéciaux qui continuent, plus de vingt ans plus tard, à impressionner. A vrai dire, si le film reste aussi convaincant aujourd’hui, c’est parce qu’il mélange très habilement les effets spéciaux à proprement parler et les « animatronix ». Un aspect que les blockbusters à venir auront de plus en plus tendance à ignorer, privilégiant de plus en plus les tournages sur fond vert.

Jurassic Park, aussi révolutionnaire soit-il, est donc presque un film d’un autre temps. C’est d’ailleurs tout le paradoxe de Steven Spielberg, quasiment depuis ses débuts : s’il a réinventé à lui seul, ou presque, les règles du grand cinéma populaire, il s’est toujours inscrit dans la lignée des grands cinéastes classiques. Et cette fois, c’est du côté des vieux films de monstres qu’il s’est tourné. King Kong en tête bien sûr, avec cette gigantesque porte, cette île qui ressemble tant à Skull Island, et le combat final du T-Rex et des velociraptors, comme un hommage au film de 1933.

On retrouve en tout cas dans Jurassic Park le pur plaisir du cinéma d’aventures à l’ancienne, dont Spielberg avait déjà fait le cœur de ses trois premiers Indiana Jones. Il y a d’ailleurs une vraie parenté entre ces films : dans la personnalité, le chapeau… et jusqu’aux mimiques du personnage de paléontologue (presque un archéologue) joué par Sam Neill. On se demanderait presque si, à un moment ou un autre, Spielberg n’aurait pas pensé à intégrer Indy dans le film. Sans doute pas, mais la ressemblance est par moments troublante.

La séquence d’ouverture est formidable, comme souvent chez Spielberg : un grand moment terrifiant où le cinéaste pose les bases du drame, avec un art consommé de filmer les choses (et les dinosaures) sans rien vraiment montrer.

Après cette ouverture percutante, on a hélas droit à une longue partie explicative, sans doute indispensable à l’époque (il fallait bien explique comment on avait réussi à clôner tous ces animaux disparus depuis des millénaires), mais dont l’effet de surprise, et même l’intérêt, sont aujourd’hui très émoussés. Un ventre creux qui permet quand même de faire connaissance avec les personnages : Sam Neill excellent, Jeff Goldblum cabot sympathique, Laura Dern cabote agaçante, deux gamins pas du tout tête à claque, et Richard Attenborough que le fait d’avoir vu 10 Rillington Place il y a peu rend glaçant…

Bref, on se contrefout de tout l’aspect scientifique de l’histoire, créée par Michael Crichton (une sorte de variation sur le thème de son Mondwest). Et la fascination qu’exerçaient les dinosaures à la sortie du film n’est plus aussi forte. Mais quand tout part en couille, quand les garde-fous de ce parc d’attraction sautent les uns après les autres, quand ces braves scientifiques émerveillés se transforment en gibier potentiel, alors là le génie de Spielberg prend toute sa dimension.

La vraie attraction, le vrai trip, les vraies sensations, c’est le pur cinéma qui les offre. Spectateurs et personnages se retrouvent alors sur le même plan, embarqués par un maître du spectacle qui se permet même de jouer avec sa propre image, en mettant en scène le merchandising qu’il a lui-même développé avec ses films événements, et tout particulièrement celui-ci. Un grand spectacle, doublé d’une mise en abyme. Une nouvelle leçon de cinéma.

Always, pour toujours (Always) – de Steven Spielberg – 1989

Posté : 11 novembre, 2016 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Always

Un plan, fugace et magnifique : juste après la mort de Pete, sa fiancée et son meilleur ami se retrouvent pour la première fois. Pas un mot, pas une larme, juste leurs mains qui s’agrippent derrière une porte qui se referme sur leur douleur. Tout n’est pas aussi beau dans ce film méconnu et mal aimé, mais ce simple plan résume à lui seul l’immense sensibilité de Spielberg, sensibilité qui, non, n’est pas de la sensiblerie.

D’ailleurs, de ce pur mélodrame inspiré d’un petit classique de l’âge d’or d’Hollywood (Un nommé Joe de Victor Fleming), Spielberg aurait pu faire un tire-larmes dans la lignée de Ghost, autre histoire d’amour qui se prolonge après la mort, sortie (est-ce un hasard ?) quelques mois plus tard. Mais non : l’émotion est constamment contrebalancée par l’humour, le second degré et cet optimisme qui est encore la marque de Spielberg à la fin des années 80.

C’est d’ailleurs la fin d’une époque pour Spielberg, dont le cinéma deviendra bientôt beaucoup plus sombre : avec Hook, son film suivant, Always symbolise la fin d’une certaine innocence de la jeunesse. Comme Peter Pan, Pete Sandich doit lui aussi accepter d’aller de l’avant, d’accepter cette mort qui l’a privé d’une belle histoire d’amour.

Elle, c’est Holly Hunter, formidable en « vraie » femme aux allures de garçon manqué (« C’est pas la robe, c’est la manière dont tu me vois » est quand même une très jolie réplique). Lui, c’est Richard Dreyfuss, l’acteur fétiche des premières années, qui tourne justement pour la dernière fois sous la direction de Spielberg, pilote de canadair qui se brûle les ailes (littéralement) à trop jouer avec le feu (re-littéralement).

La première demi-heure est euphorisante, dominée par la présence irrésistible de John Goodman, en pleine forme dans son éternel rôle de meilleur ami rigolo, et marquée par une multitude de signes avant-coureurs de la mort : cette vision glaçante de Dreyfuss éclairé par la lumière bleutée d’un frigo ouvert, ou d’autres jeux de lumière qui semblent annoncer l’inéluctable.

La suite alterne le très beau et le moins convaincant, « l’ange » Dreyfuss devenant la conscience de celui dont on devine qu’il prendra sa place dans le cœur de sa belle (Brad Johnson, pataud et attachant). Là, Spielberg multiplie les ruptures de ton, passant du rire aux larmes, souvent avec bonheur, mais aussi en cassant parfois l’émotion, comme s’il refusait de se laisser aller au pur mélo.

Et au milieu, il y a deux scènes étonnantes et déroutantes : les apparitions de l’ange Hap, dont je ne saurais trop quoi penser si elles n’étaient habitées par la présence lumineuse d’Audrey Hepburn. Ce pourrait être kitsch et un peu ridicule. C’est juste beau et emprunt d’une douce nostalgique. Ce sera d’ailleurs la toute dernière apparition de l’actrice à l’écran.

Duel (id.) – de Steven Spielberg – 1971

Posté : 3 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Duel

Quand Spielberg a découvert le scénario des Dents de la Mer (Jaws), il y a vu un signe du destin : un titre en quatre lettres et une menace déshumanisée dans un environnement quotidien. Exactement comme le film qui l’a révélé. Un téléfilm en fait, tourné pour la télévision mais tellement enthousiasmant que la Universal a décidé de le sortir en salles, lançant la carrière du cinéaste le plus emblématique de sa génération.

Il faut dire qu’il y a déjà là, et plus qu’en germes, le génie narratif et la puissance visuelle de Spielberg, qui transcende le script malin mais simplissime de Richard Matheson pour en faire une oeuvre terrifiante et édifiante. Ou quand un contexte quotidien (un parcours en voiture) se transforme en cauchemar éveillé.

L’histoire, donc, tient en quelques mots : un automobiliste se retrouve aux prises avec un mystérieux camion qui le traquent et menacent de le tuer. Il y a dans ce principe (que l’on doit donc à Matheson, pas à Spielberg) une approche très hitchcockienne, héritière des Oiseaux. Ce n’est sans doute pas un hasard si quelques notes de musique rappellent subrepticement le thème de la douche de Psychose

Le film est proche de l’abstraction, tant le personnage et l’action sont ramenés à ce qu’ils ont de plus simples. Sans doute, d’ailleurs, Spielberg aurait-il gagné à éviter les rares digressions comme le coup de téléphone passé à la femme du « héros », scène inutile qui ne semble là que pour rallonger le métrage, et qui coupe un peu l’atmosphère oppressante du film.

Car le vrai héros du film, ce n’est pas le personnage (interprété par un très bon Dennis Weaver, seul à l’écran la plupart du temps), mais ce camion mystérieux et menaçant. De face, il a presque allure humaine, ce camion dont jamais on ne verra le conducteur (là aussi, une idée de Matheson).

Mais, et c’est là que le génie de Spielberg est déjà éclatant, la manière dont il est filmé souligne constamment sa puissance et son potentiel meurtrier. Jusqu’à l’hallucinante fin, qui ne libère en rien, mais renforce le caractère angoissant de cette machine qui semble douée d’une vie propre.

Avec Duel, Spielberg gagnait son droit d’entrée pour le grand écran. C’est rien de dire qu’il a tenu ses promesses…

Cheval de guerre (War Horse) – de Steven Spielberg – 2011

Posté : 2 septembre, 2016 @ 4:40 dans 2010-2019, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Cheval de guerre

Il n’y avait que Spielberg pour réussir un tel film : une fresque sur fond de première guerre mondiale, racontée à travers le destin d’un cheval. Et pour éviter d’en faire une bluette sirupeuse, ou une petite chose réservée à un public très jeune. Non, Avec Cheval de Guerre, Spielberg confirme que, même s’il a largement contribué à créer le Hollywood actuel des blockbusters, il reste le principal héritier des grands cinéastes classiques comme John Ford ou William Wellman.

Et il ne triche pas, Spielberg. De la petite ferme irlandaise où il est dressé par un adolescent plein de fougue, à ses exploits dantesques dans les tranchées de la Somme, c’est bien le parcours du cheval qu’il suit : ses premiers pas de cheval de trait, son départ pour le front, sa participation à une charge meurtrière, sa récupération par les Allemands, sa rencontre avec une jeune fille et son grand-père, ses « travaux forcés », son évasion sublime, et son échouage dans le no man’s land où, le temps d’un soir, il sera l’objet d’une trêve aussi belle qu’éphémère entre les deux camps…

C’est le Spielberg des années 80 que l’on retrouve en quelque sorte ici : un Spielberg qui cherche l’innocence dans les pires situations. Dans cette époque terrifiante, le cheval aura une constante : il dévoilera le meilleur de tous ceux qu’il côtoiera, jeunes ou vieux, Français, Irlandais, Américains ou Allemands, soldats ou civils. Sans naïveté, mais avec une sensibilité extrême, et surtout un sens esthétique rare.

Car si le film est aussi beau, c’est avant tout parce qu’il est parsemé d’images d’une beauté sidérante : le labour du champ pierreux sous la pluie, la course folle à travers les tranchées, la réconciliation dans le no man’s land à la tombée de la nuit, les retrouvailles sous la neige, ou le retour au pays dans un clair obscur que n’aurait pas renié John Ford. Du grand cinéma classique.

Le Pont des Espions (Bridges of Spies) – de Steven Spielberg – 2015

Posté : 19 juillet, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, 2010-2019, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Le Pont des Espions

Il y a décidément de grandes contradictions autour de Spielberg. Lui qui a créé la logique du blockbuster (avec Les Dents de la Mer) et révolutionné l’industrie hollywoodienne est peut-être le plus classique des grands cinéastes actuels. Son cinéma a toujours été ouvertement tourné vers le passé, et avec Le Pont des Espions, il s’impose plus que jamais comme le plus digne (le seul ?) héritier de John Ford ou Raoul Walsh.

Comme ses aînés, Spielberg privilégie des cadrages et une lumière soignés à des mouvements de caméra hystériques. Et les gros moyens à sa disposition ne sont pas une fin en soit, mais une manière de recréer l’ambiance de l’époque, en l’occurrence celle de la Guerre Froide. Comme Ford, Spielberg n’en finit pas de revisiter l’histoire de son pays. Avec ce film, il signe aussi une œuvre très personnelle (comme souvent ces dernières années), hommage à son père, toujours vivant, qui a participé à un échange du même genre que celui au cœur du Pont des Espions.

Un film d’un autre temps ? En quelque sorte, mais Le Pont des Espions ne ressemble pas pour autant aux films d’espionnages qui se tournaient dans les années 70. Esthétiquement, l’image renvoie clairement à cette période, mais Spielberg apporte son génie narratif et visuel, et les possibilités inédites des nouvelles technologies, qu’il met au service de la reconstitution, pour retrouver l’ambiance de cette époque révolue. On a ainsi droit à quelques images saisissantes, notamment autour de ce mur de Berlin qui commence à peine à l’élever.

Mais Spielberg filme une histoire d’hommes avant tout : une amitié impossible entre un espion russe arrêté aux Etats-Unis (formidable Mark Rylance) et son avocat qui finira par être envoyé au cœur de ce Berlin plein de dangers (Tom Hanks, toujours grand devant la caméra de Spielberg). Le genre de rapports virils et peu expansifs que Ford, Walsh ou Hawks n’auraient pas renié.

Spielberg filme cette histoire d’hommes sans grandiloquence. Difficile d’affirmer ce que le film doit aux frères Coen, pour la première fois scénaristes pour un autre. Ce qui est sûr, c’est que Spielberg apporte au film une intensité rare, et cette manière si personnage d’associer le spectaculaire le plus extrême à l’émotion la plus dense. Sa marque, qui était aussi celle des grands cinéastes classiques.

* DVD indispensable chez Sony, avec un petit documentaire promotionnel qui revient notamment sur l’expérience du père de Spielberg, qui a assisté au tournage du film.

Lincoln (id.) – de Steven Spielberg – 2012

Posté : 1 février, 2016 @ 2:45 dans 2010-2019, SPIELBERG Steven, WESTERNS | Pas de commentaires »

Lincoln

Spielberg le portait depuis des années, ce film consacré à Lincoln. Annoncé et sans cesse repoussé depuis plus de dix ans, comme d’autres projets chers à son cœur (une adaptation de Tintin, un quatrième Indiana Jones) qui, ce n’est sans doute pas un hasard, ont finalement vu le jour les uns après les autres.

Ce qui surprend en premier mieux dans cette grande reconstitution historique qu’est Lincoln, c’est à quel point elle prend soin d’éviter la surenchère spectaculaire. Spielberg a les moyens de ses ambitions, c’est une évidence. Sa reconstitution est méticuleuse et illustre parfaitement le gigantisme des enjeux. Les champs de batailles sont impressionnants, les hommes qu’on y croise, morts ou vivants, sont innombrables… Pourtant, on n’assiste pas à la moindre explosion de violence à l’écran, par le moindre coup de feu.

Spielberg a opté pour le strict point de vue de Lincoln et des politiques de Washington, et il s’y tient de bout en bout. De la guerre fratricide, de la lutte contre les horreurs de l’esclavage, on ne verra rien de plus que ceux qui, loin du front, loin des champs de coton, décident de l’avenir du pays. Un pari risqué pour un cinéaste plus habitué à l’action, mais qui fait tout le poids de ce film passionnant.

L’action se déroule début 1865, mais on jurerait que le film parle aussi de la démocratie telle qu’elle se pratique 150 ans plus tard. L’enjeu a beau être éminemment humaniste, les méthodes utilisées pourraient être celles d’un Frank Underwood, le congressman manipulateur de House of Cards. Spielberg a pour Lincoln une admiration totale, mais il n’en fait pas pour autant un chevalier blanc : plutôt un être réaliste prêt à quelques concessions avec la morale si le but à atteindre le mérite.

On s’attendait à être plongé dans la violence de la guerre de Sécession, comme on l’était dans l’horreur des plages du débarquement (Il saut sauver le soldat Ryan). On l’est par les manipulations et les tractations politiciennes… Déroutant dans un premier temps, mais finalement totalement fascinant.

Surtout, le film est le portrait d’un homme fatigué, assommé par le poids de ses décisions. Montré dans son intimité la plus simple, dans des postures vulnérables, dans des moments de relâchement, voire de communion avec ceux qui l’entourent, Lincoln est un être qui doute constamment, et qui se retrouve confronté au plus grand des dilemmes, dont Spielberg fait le thème central de son film : l’abolition de l’esclavage, ou la fin immédiate de la guerre et de ses tueries…

Lincoln est un film d’une intensité remarquable. Bavard, certes: tout repose sur la rhétorique, sur la passion, les empoignades verbales, les grandes vérités et les petits mensonges, et la voix posée et un peu tremblante d’un Daniel Day Lewis incroyable, qui impose une présence magnétique à Lincoln en en faisant pourtant le minimum. Génial, comme l’impressionnante distribution, de Sally Field à Tommy Lee Jones en passant par David Stratharin, tous magnifiques.

Aux antipodes des excès auquel il nous a habitués depuis Bill le Boucher, le grandiloquent « méchant » de Gangs of New York, Daniel Day Lewis est un Lincoln majestueux et intime, mythique et profondément humain à la fois. Mieux : il fait de son Lincoln un prolongement parfait de celui d’Henry Fonda dans Vers sa destinée, l’autre grand film lincolnien, qui racontait la jeunesse du futur président, et dont le film de Spielberg semble adopter l’ambition et le ton.

Ford et Spielberg partagent le même amour lucide et presque cynique de l’Amérique, la même foi en la démocratie, le même humanisme, et la même conscience de la fragilité de tout cela… Spielberg a mis du temps pour livrer ce Lincoln. Le temps qu’il lui fallait pour révéler sa nature de grand cinéaste classique. Son film est un chef d’œuvre.

Indiana Jones et la dernière Croisade (Indiana Jones and the Last Crusade) – de Steven Spielberg – 1989

Posté : 8 janvier, 2016 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Indiana Jones et la dernière croisade

Spielberg ne l’a jamais caché : il regrette la noirceur et la violence extrême d’Indiana Jones et le Temple maudit, avec notamment le sort réservé aux enfants… Pour son troisième Indy, le cinéaste souhaitait revenir à un pur divertissement, nettement plus léger. Avec George Lucas, il revient donc aux fondamentaux du mythe, en reprenant tous les ingrédients qui avaient fait le succès des Aventuriers de l’Arche perdue.

Le plus célèbre (et improbable) des archéologues part donc une nouvelle fois à la recherche d’un symbole religieux fort: après l’Arche d’Alliance, le Saint Graal. Il renoue aussi avec son emploi d’enseignant, retrouve au passage des compagnons de la première heure (Marcus et Sallah) et des ennemis qu’il connaît bien (« Nazis, I hate these guys »).

Un prologue, un détour par l’université, et une quête qui le fait voyager à travers continents… Spielberg s’inscrit clairement dans la lignée du premier Indy, en en reprenant la construction, et l’idée d’enchaîner les morceaux de bravoure sans temps mort, en renouant avec l’esprit « serial » et en se moquant totalement de la vraisemblance.

A trop vouloir faire oublier la noirceur du précédent, le cinéaste va parfois un peu loin dans la comédie, n’évitant pas quelques gags un rien lourdingues (l’aviateur privé d’ailes qui double la voiture dans le tunnel, franchement…). Mais Spielberg réussit à faire de ce Indiana Jones 3 l’un des sommets du pop-corn movie tel qu’on le connaissait alors.

Harrison Ford a toujours une classe folle en aventurier jusqu’au-boutiste, capable d’affronter n’importe quel danger sans l’ombre d’une hésitation. Mais la grande idée du film, c’est de lui avoir donné une histoire (beau prologue, avec River Phoenix dans le rôle du jeune Indiana Jones), et surtout de le confronter à une figure paternelle qui fait ressortir les failles de ce héros absolu.

Et pas n’importe quel père : Sean Connery, absolument génial en scientifique plus doué pour la recherche que pour le rôle de père. Entre Connery et Ford, l’alchimie est totale. Dès leur première rencontre, il se passe quelque chose entre ces deux-là, de totalement irrésistible. Hilarant, avec un rien d’émotion… Il faut les voir côte à côte sur un side-car pourchassé par des Nazis, Indy effaçant un sourire devant le regard sévère de son père, devant qui cet aventurier sans peur semble redevenir un enfant.

Drôle, inventif, décoiffant, Indiana Jones et la dernière croisade n’a pas la prétention d’être autre chose que ce la saga est depuis le début : un pur divertissement, sans arrière-pensée et sans message. Juste un immense plaisir à savourer sans modération.

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdue, Indiana Jones et le Temple maudit, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal et Indiana Jones et le cadran de la destinée.

Indiana Jones et le Temple maudit (Indiana Jones and the Temple of Doom) – de Steven Spielberg – 1984

Posté : 30 décembre, 2015 @ 2:38 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Indiana Jones et le temple maudit

Après avoir créé un mythe, encore fallait-il le faire vivre… Pour cette première suite après le « miracle » de … l’Arche perdue, le tandem Spielberg-Lucas n’a pas choisi entre la fantaisie la plus légère et la violence la plus sombre : le Temple maudit est un pur film d’aventures avec son lot d’action échevelée et l’humour irrésistible du personnage ; c’est aussi, et de loin, l’épisode le plus noir, le plus dérangeant et le plus gore de la saga.

Le cocktail est curieux, parfois un peu indigeste, comme si Lucas et Spielberg avaient chacun voulu apposer leur signature, sans que les deux comparses n’arrivent à trouver une vision commune. D’ailleurs, le réalisateur ne cachera pas que ce deuxième « Indy » lui a quelque peu échappé, et regrettera ouvertement de ne pas en avoir fait un pur divertissement comme les autres films de la série.
La peur et le rire sont parfaitement imbriqués cela dit, mais s’ajoute à ce savoureux mélange des séquences limite gores (le cœur arraché, en particulier), et un aspect grand-guignol qui a plutôt mal vieilli. Comme les gags à répétition autour de l’étrange nourriture que les personnages sont obligés d’ingurgiter…

Mais Spielberg, réalisateur, nous offre de beaux, de grands moments de cinéma : de superbes images qui mettent en valeur les splendides décors naturels, et qui évoquent joliment les grands films d’aventure des années 50 du style Mogambo. On sait qu’Indiana Jones est né de l’amour des deux amis pour le vieux cinéma de genre hollywoodien. Avec ce deuxième opus, Spielberg et Lucas confirment cette approche cinéphile.

Dans la séquence d’ouverture, qui prend le contre-pied total du premier film, Spielberg semble même s’offrir un grand plaisir en évoquant à la fois la comédie musicale, le film noir, le film d’aventures… et la saga James Bond, dont Spielberg rêvait de réaliser un épisode au début des années 80.

Après ces vingt premières minutes complètement folles, le film continue à se démarquer des Aventuriers… : alors que, dans le précédent film, Indy était lancé dans une sorte de voyage perpétuel, cette « suite » (dont l’action se déroule curieusement en 1935, un an avant celle du premier film) renonce aux voyages : la quasi-totalité du film se déroule en effet à l’intérieur même d’une montagne, loin donc des grands espaces auxquels on avait déjà attaché le héros le plus mythique de la décennie.

Dans le rayon des surprises, il y a aussi les « sidekicks » d’Indy, qui confirme son caractère d’aventurier un rien goujat et irresponsable, puisqu’il entraîne dans ses aventures une belle blonde tête à claque (Kate Capshaw, qui allait devenir Mme Spielberg) et un gamin débrouillard (le petit Asiatique qu’on reverra dans Les Goonies), sources intarissables de comédie.

Mais le plus drôle, et le plus intense à la fois, c’est Harrison Ford, une nouvelle fois génial dans le rôle de sa vie. Aussi à l’aise dans l’action pure que dans la comédie, Ford est formidable lorsqu’il donne à son archéologue des airs outrés ou lorsqu’il affiche son petit sourire satisfait. Même dans un film bancal et inégal comme celui-là, le plaisir de le voir enfiler les frusques d’Indiana Jones est immense, et rare.

* Voir aussi : Les Aventuriers de l’Arche perdue, Indiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal et Indiana Jones et le cadran de la destinée.

Les Aventuriers de l’Arche perdue (Raiders of the Lost Ark) – de Steven Spielberg – 1981

Posté : 14 décembre, 2015 @ 4:55 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, FORD Harrison, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Les Aventuriers de l'Arche perdue

Steven Spielberg invente le film d’aventures non-stop avec ce premier Indiana Jones. L’histoire est connue : imaginé par George Lucas, porté à l’écran par le roi du pop-corn movie, le personnage est un hommage aux grands serials des années 30 à 50, ces ancêtres des feuilletons télé dont chaque épisode se terminait par un « cliffhanger » toujours plus improbable et spectaculaire…

Les Aventuriers de l’Arche perdue est construit comme tel, comme une succession ininterrompue de morceaux de bravoure, avec un héros capable d’affronter tous les dangers, tous les ennemis… jusqu’à faire face à une armée entière, celle du IIIe Reich, incarnation du Mal absolu. Le sujet du film est on ne peut plus simple: c’est l’éternel affrontement du bien et du mal, dans sa forme la plus manichéenne, et la plus divertissante. Un pur plaisir de cinéma totalement assumé.

Le réalisme et la vraisemblance n’ont pas droit de cité ici : on est clairement dans le mythe cinématographique. D’ailleurs, dès sa première apparition à l’écran, Harrison Ford / Indiana Jones est filmé comme tel : un mythe, dont l’entrée en scène doit être aussi marquante que celles de Sean Connery en James Bond dans Dr No, ou de Bogart alias Rick dans Casablanca. Pas étonnant que le personnage soit devenu presque instantanément l’une des figures populaires les plus immédiatement identifiables, l’un des symboles les plus universels du cinéma… avec un certain Charlot.

Figure déterminée sortant de l’ombre, silhouette découpée dans le soleil levant… La mise en scène de Spielberg ne cesse de sublimer cet « archéologue » dont la véritable occupation est à vrai dire « héros ultime ». Mais si le personnage est à ce point mythique, il le doit aussi à son interprète : lorsque Harrison Ford, chemise ouverte sur un poitrail en sueur, remet son Fedora sur sa tête, c’est un véritable miracle qui se produit. Indiana Jones est le rôle de sa vie, c’est rien de le dire.

Quant à ce premier film, le meilleur de la saga, il reste l’un des chefs d’œuvre de Spielberg, un film totalement décomplexé, un immense bonheur de cinéphile, dont le plaisir reste le même vision après vision. If adventure has a name, it must be Indiana Jones…

* Voir aussi : Indiana Jones et le Temple mauditIndiana Jones et la Dernière Croisade, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal et Indiana Jones et le cadran de la destinée.

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