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Archive pour la catégorie 'SIRK Douglas'

Le Secret magnifique (Magnificent Obsession) – de Douglas Sirk – 1954

Posté : 22 août, 2011 @ 9:13 dans 1950-1959, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Le Secret magnifique (Magnificent Obsession) – de Douglas Sirk - 1954 dans 1950-1959 le-secret-magnifique-sirk

Un playboy égoïste échappe à la mort grâce à l’appareil respiratoire inventé par un grand médecin aimé de tous, qui a passé sa vie à faire le bien autour de lui. Mais ce dernier meurt au même moment, victime d’une crise cardiaque. Lorsqu’il apprend que le médecin aurait pu être sauvé avec son appareil, le playboy décide de se racheter. Il fait connaissance de sa veuve, mais cause sans le vouloir un accident qui rend cette dernière aveugle…

Comment transformer une histoire impossible qui semble tout droit sortie d’un mauvais roman de gare (et je vous passe d’autres passages tout aussi écoeurants sur le papier), en un beau mélodrame délicat et bouleversant ? Douglas Sirk a la recette miracle : sans une seule faute de goût, il signe l’un de ses grands films, un mélo bouleversant, l’un des plus beaux films qui soient sur la rédemption d’un homme qui en avait vraiment besoin, même si cette rédemption implique toute une série de malheurs.

Jane Wyman, dans le rôle de la veuve qui tente de vivre avec sa cécité, est parfaite. Sobre et juste, elle est excellente dans un rôle pourtant pas facile. Mais c’est le personnage de Rock Hudson qui est le plus intéressant, et de loin. Et l’acteur est absolument formidable, dans ce qui est sans doute son plus grand rôle. Le plus complexe aussi : le film montre comment son personnage arrogant, suffisant et inconséquent, évolue lentement pour devenir un homme bon, à la sensibilité à fleur de peau. Un rôle difficile, dont il se sort parfaitement.

Et pourtant, il faut bien reconnaître que le pari n’était pas gagné à l’avance : difficile de faire croire à la métamorphose d’un homme qui passe en si peu de temps de stéréotype du riche oisif, à celui de grand médecin philanthrope. John Stahl l’avait certes déjà filmée dans une première adaptation du roman de Lloyd Douglas, et plutôt bien. Mais Sirk lui donne une dimension bien supérieure, ce qui sera d’ailleurs le cas de tous les remakes qu’il fera des films de Stahl.

La force de Sirk, dans ses grands mélos en couleur des années 50, c’est peut-être de n’éviter aucun stéréotype du genre. Bien au contraire, il va jusqu’au bout de ces stéréotypes, qu’il filme avec une élégance et une pudeur absolues. Et de film en film, le miracle se répète.

Tout ce que le ciel permet (All the heaven allows) – de Douglas Sirk – 1955

Posté : 20 août, 2011 @ 7:23 dans 1950-1959, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Tout ce que le ciel permet (All the heaven allows) – de Douglas Sirk - 1955 dans 1950-1959 tout-ce-que-le-ciel-permet

Le miracle se répète une nouvelle fois, et comment, avec ce qui est l’un des plus grands mélos de Sirk, dont Todd Haynes signera un quasi-remake avec le magnifique Loin du Paradis, en 2002 (qui s’ouvre sur un plan presque identique, vue plongeante et automnale sur un quartier bourgeois américain). Le film reprend le couple du Secret magnifique, Jane Wyman et Rock Hudson, couple une nouvelle fois impossible : elle est une jeune veuve fortunée (encore) ; lui est un modeste jardinier qui s’occupe de ses arbres depuis des années, mais qu’elle n’a jamais vraiment remarqué. Elle se sent prisonnière d’une vie étriquée, des conventions de sa classe, et de son rôle de mère de deux grands enfants prêts à prendre leur indépendance, qui s’attendent à la voir se remarier avec un vieux bonnet de nuit ; lui vit au milieu des arbres, et mène une existence de liberté sans compromission et sans faux semblant.

Ces deux êtres que tout sépare vont pourtant tombés éperdument amoureux. Un véritable scandale dans cette petite ville où le râgot est une espèce de sport national, d’autant plus qu’elle est beaucoup plus âgée que lui. Le dilemme qui se pose alors à Jane Wyman est bouleversant : tiraillée entre son amour et sa soif de liberté, et ce qu’elle croit être son devoir de mère, elle devient une magnifique héroïne tragique, au bord de l’étouffement dans un univers où elle sent prisonnière.

Après avoir tout sacrifié à sa famille, seul un miracle pourrait sortir Jane de cette prison dorée et insupportable. Mais nous sommes chez Douglas Sirk ; les couleurs vives qui baignent son film rendent perceptible la possibilité d’un tel miracle ; et le titre lui-même est évocateur. Le miracle est possible… Dans ce mélo magnifique, rien n’est vraiment réaliste : tout semble exagéré, et pourtant d’une justesse totale.

La justesse du ton tient aussi à ce que les personnages sont bien plus complexes qu’il n’y paraît. En apparence, celui de Hudson est un pur stéréotype : celui du type bon et simple, ouvert et honnête, et d’une liberté absolue. Mais la vérité est bien plus complexe : son refus de céder aux faux-semblant et son mépris pour les conventions sont en fait des postures simples à assumer, au regard du dilemme de la mère de famille bourgeoise, à qui il demande de quitter ses habitudes de toute une vie, ainsi que la maison dans laquelle ses enfants ont grandi.

Rien n’est simple, mais tout est sublime dans ce très grand film que seul Sirk pouvait réussir aussi bien. Qui d’autre que lui aurait pu rendre si émouvant ce plan qui montre Jane Wyman devant une baie vitrée s’ouvrant sur la campagne enneigée, et où un cerf se promène en toute liberté…

Demain est un autre jour (There’s always tomorrow) – de Douglas Sirk – 1956

Posté : 12 août, 2011 @ 5:34 dans 1950-1959, SIRK Douglas, STANWYCK Barbara | Pas de commentaires »

Demain est un autre jour (There’s always tomorrow) – de Douglas Sirk – 1956 dans 1950-1959 demain-est-un-autre-jour

Sirk, LE grand romantique hollywoodien vient de signer, dans des couleurs flamboyantes, le plus réputé de ses chef d’œuvre (Tout ce que le ciel permet), lorsqu’il réalise ce « petit film » en noir et blanc, prolongement du All I desire qu’il a réalisé trois ans plus tôt, déjà avec Barbara Stanwyck. L’actrice a d’ailleurs un emploi similaire dans ce nouveau film : là aussi, elle est une femme dans la force de l’âge, qui réapparaît des années après, semant le trouble malgré elle dans une famille en apparence idéale.

Ici, elle est une styliste qui, de passage à Los Angeles, retrouve l’homme dont elle a secrètement été amoureuse vingt ans plus tôt, et qui s’ennuie dans une famille qui le délaisse un peu : sa femme semble éviter systématiquement ses projets d’évasion, et leurs enfants ont leurs propres projets… Fatigué de son quotidien sans surprise, ce père de famille, interprété par Fred MacMurray (le couple d’Assurance sur la mort se reforme, plus de dix ans après, et dans un tout autre genre), voit l’apparition de sa vieille amie comme une chance inespérée de renouer, en toute innocence, avec sa jeunesse plus aventureuse.

Sauf que MacMurray tombe amoureux de Stanwyck. En tout cas le croit-il. Mais est-ce vraiment le cas ? Trouvera-t-il le bonheur avec celle qui aurait pu être son premier amour vingt ans plus tôt ? Est-il seulement amoureux de cette femme, ou est-il simplement à la rechercher d’un nouveau souffle de jeunesse ? C’est le cœur-même de ce film d’une justesse et d’une finesse absolues. C’est peut-être là que se révèle le mieux le romantisme si particulier, et si complexe, de Sirk. Toute l’œuvre du grand cinéaste est tiraillée par cette dualité : d’un côté, la pure passion amoureuse ; de l’autre, la beauté d’un vrai foyer… et entre les deux la cruauté du temps qui passe. Rien à voir avec la crise de la quarantaine telle qu’on se l’imagine, un peu vulgaire et puérile : la crise que traverse MacMurray est un profond mal-être.

Il y a dans le film quelques séquences bouleversantes, où on le voit comme un étranger chez lui, étouffé dans l’atmosphère pourtant aimante et vivante de la maison dont il a toujours rêvée. Avec une délicatesse infinie, Sirk filme les affres de cet homme bon et honnête, dont le drame est de regretter les surprises de la jeunesse, qui n’arrive pas à se contenter de ce qui fait le cœur de la vie de sa femme.

Le film est d’un romantisme fou, bien sûr, mais d’un romantisme lesté du poids des ans, et de toute la complexité que cela peut induire. Dans cette étude de caractère, MacMurray est bouleversant. Barbara Stanwyck, plus en retrait, prouve une nouvelle fois à quel point elle est une actrice immense. La rencontre de ces deux êtres abîmés par le temps, dans une sublime séquence de nuit, dans la fabrique de jouet de MacMurray, est un pur moment de grâce, l’un de ces moments qui font la grandeur du cinéma. Et c’est un passage dénué de tout pathos, où le temps est comme en suspens…

Intelligent et honnête, Sirk évite jusqu’au bout de tomber dans la facilité, ou de nous asséner une issue qui aurait gâché tout le film. Il sait que quel que soit le choix que fera MacMurray, il n’y a pas de happy end possible. Et la fin du film (qu’on ne dévoilera pas, vous pouvez continuer à lire) est à la hauteur du film : est-ce une fin heureuse ou tragique ? Pas la moindre idée, et ce doute trotte longtemps dans la tête…

All I desire (id.) – de Douglas Sirk – 1953

Posté : 10 août, 2011 @ 9:51 dans 1950-1959, SIRK Douglas, STANWYCK Barbara | Pas de commentaires »

All I desire (id.) – de Douglas Sirk – 1953 dans 1950-1959 all-i-desire

C’est avec All I desire que Sirk inaugure son grand cycle de mélodrames, qu’il prolongera jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, en 1959, avec une dizaine de chef d’œuvre. Celui-ci, tourné en noir et blanc et pas avec les couleurs flamboyantes de ses films les plus célèbres, peut sans doute être considéré comme un « petit film », mais un petit film qui n’a rien à envier aux grands.

Fait plutôt rare chez Sirk, le film commence avec une voix off : celle de Barbara Stanwyck, petite vedette de cabaret qui mène une existence très modeste, loin de ses rêves de gloire qui l’on fait quitter mari et enfants des années plus tôt. Cette voix off, placée sur de très belles images d’un petit théâtre un soir de pluie, dessine en quelques secondes seulement le personnage : une femme vieillissante sans amertume, mais qui sait que son avenir ne lui réserve rien de bon. Une femme qui a fait le choix d’abandonner sa famille, et hantée par ce choix, même s’il n’était pas uniquement égoïste (il y avait un scandale qui couvait, derrière ce départ). Aussi, lorsqu’elle reçoit une lettre de sa fille cadette, qui s’apprête elle aussi à monter sur scène, et rêve secrètement de cette mère qu’elle connaît à peine, elle saute sur l’occasion.

Et voilà cette femme, habillée comme la star que tout le monde s’attend à voir, qui débarque dans cette petite ville américaine tranquille, peuplée de bons voisins, de commerçants honnêtes, et de cancanniers. Elle retrouve cette famille qui, depuis des années, a fait sa vie sans elle… Et c’est tout simplement bouleversant, parce que Sirk, comme toujours, traite son sujet avec une délicatesse immense. Parce que la petite ville est à la fois attachante et détestable (une version acide de Capra), parce que Sirk a visiblement beaucoup d’empathie pour tous ses personnages, y compris les plus mal-aimables, comme cet ancien amant par qui le scandale arrive, et que le réalisateur finit par rendre attachant. Le personnage principal lui-même, d’ailleurs, est présenté comme une femme forte et sincère, mais elle a aussi abandonné toute sa famille, y compris un enfant en bas âge.

Mais Sirk ne juge pas. Pas de moralisme chez lui, ni de romantisme puéril. L’amour, pour le plus grand réalisateur de mélos hollywoodiens, est quelque chose de complexe et de contradictoire, où le bonheur et la cruauté ne sont jamais bien loins l’un de l’autre. Faut-il dire que Barbara Stanwyck est à tomber par terre ? Cette femme, rattrapée par son passé et par ses choix, par cette famille qui la désire et la déteste tout à la fois, est un personnage bouleversant, interprété avec une profondeur et une simplicité qui sont la marque des très, très grandes actrices. Sirk la retrouvera d’ailleurs trois ans plus tard pour un autre chef d’œuvre, Demain est un autre jour, autre film magnifique sur l’amour et le temps qui passe, thème pour lequel le cinéaste a trouvé en Barbara Stanwyck son interprète idéale.

Scandale à Paris (A Scandal in Paris) – de Douglas Sirk – 1946

Posté : 14 octobre, 2010 @ 1:06 dans 1940-1949, SIRK Douglas | Pas de commentaires »

Scandale à Paris (A Scandal in Paris) - de Douglas Sirk - 1946 dans 1940-1949 scandale-a-paris

C’est le troisième film américain de Douglas Sirk, et celui qu’il avouait préférer. Largement méconnu par rapport à ses grands mélos des années 50, cette version très romancée de la vie de Vidocq, ancien malfrats devenu le flic le plus célèbre de France, est un vrai bonheur. L’histoire est basée sur des faits authentiques, avec lesquels le scénario prend d’énormes libertés. Ce qui frappe dans ce film, c’est à quel point Sirk se moque de la vraisemblance. Mais son scénario, aussi invraisemblable soit-il avec ces énormes rebondissements, est transcendé par la réalisation de Sirk, qui donne un mouvement extraordinaire à son film.

Le ton est donné dès les premières minutes, avec deux mouvements de caméra magnifique, qui évoquent d’une manière aussi simple qu’intelligente la fuite du temps : la caméra s’arrête sur les barreaux d’une prison, et ce sont trente années qui passent ; elle s’arrête sur un arbre, et c’est une nuit de misère qui prend fin… Tout le film est comme ça, porté par le génie d’un cinéaste déjà au sommet, qui accumule les cadrages impossibles et sublimes (la scène du cimetière, où le héros choisit son nom d’emprunt, est un modèle), et s’amuse à aller aussi loin que possible dans l’excès. Excès de romantisme, excès de rebondissements… même la famille du « dragon », le compagnon de Vidocq, est parfaitement excessive, accumulation de « gueules » inimaginables, autour de l’inoubliable « patriarche » Vladimir Sokoloff.

Les seconds rôles sont d’ailleurs tous exceptionnels : le préfet de police Richet, que Vidocq délaissera de son poste, de sa femme et de sa fierté, est interprété par un Gene Lockhart formidable, mélange de fourberie et de faiblesse qui finissent par lui attirer la sympathie du public ; sa femme aussi, actrice arriviste et séductrice jouée par la magnifique Carole Landis… Et puis il y a surtout George Sanders, qui est un Vidocq mémorable. Sirk n’a jamais tari d’éloges sur le travail de l’acteur, mais il faut reconnaître que sa performance est extraordinaire : le flegme qui le caractérise est ici utilisé à merveille, faisant du personnage un être que l’on sent capable de tout, du pire comme du meilleur, de l’acte le plus méprisable (voler la famille qui l’accueille, voire un prêtre) comme du plus héroïque (risquer de perdre ce qu’il a pour rester honnête avec celle qu’il aime)…

La richesse du film semble visuellement infinie. On n’en dira pas plus, toutefois : l’unique version DVD disponible en France ne laisse qu’entrevoir cette richesse. Cette version propose une image indigne du support (de tout support, d’ailleurs : c’est de la qualité d’une mauvaise cassette vidéo que l’on aurait laissée traîner dans un coin pendant quinze ans). Seul le DVD édité par Kino aux Etats-Unis est de bonne qualité, mais il n’est disponible qu’en zone 1, et ne possède pas de sous-titres français. A moins d’être un cinéphile parfaitement bilingue, mieux vaut attendre une prochaine réédition, dans une version digne de ce nom…

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