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Archive pour la catégorie 'SHERMAN George'

Le Barrage de Burlington (River Lady) – de George Sherman – 1948

Posté : 3 octobre, 2012 @ 11:50 dans 1940-1949, DE CARLO Yvonne, SHERMAN George, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Barrage de Burlington

Décidément, George Sherman est un réalisateur qui mériterait d’être réévalué, ce que le DVD pourrait bien rendre possible : les récentes sorties de Universal (Bandits de grands chemins, La Fille des prairies et Le Grand Chef), Artus (The Lady and the Monster) et ce River Lady dans la collection Western de Légende de Sidonis contribuent en tout cas à révéler le grand talent de cet artisan très efficace que je considérais jusqu’à présent comme un yes-man sans grande personnalité.

Avec River Lady, c’est une nouvelle fois un western de haute tenue, et très original, que signe Sherman. L’intrigue adapte un thème traditionnel du genre (l’affrontement des riches propriétaires et des modestes fermiers) et le transpose dans un contexte rarement utilisé à l’écran : l’univers dur et viril des bûcherons qui passent huit mois de l’année dans les bois à abattre et débiter les arbres avant de les convoyer au fil de la rivière vers la ville.

Les dix premières minutes du film sont quasi-documentaires (même si l’exactitude historique n’est pas le but de Sherman et de ses producteurs), et passionnantes, avec une très belle photographie qui rappelle l’excellente Fille du Bois maudit d’Hathaway. Les personnages de l’histoire ne sont pas encore introduits, mais déjà on sent la sueur et l’atmosphère virile du film se met en place. Le héros, d’ailleurs, interprété par un Rod Cameron parfait dans un rôle fait pour lui, est un homme taillé dans la pierre : un rude bûcheron aux poings comme mes cuisses, fier et modeste, désireux de vivre sa vie à sa manière, et de ne rien devoir à quiconque.

Pas même la belle Yvonne de Carlo, à tomber par terre évidemment, riche propriétaire d’un tripot qui rêve de devenir une femme puissante et respectée, au côté de son Rod Cameron de fiancé. Le gars n’a pas les mêmes envies qu’elle ? Mais Yvonne sait ce qu’elle veut, et pousse son homme à prendre la direction d’une petite société, dont le président (l’excellent John McIntire) a une fille fort charmante (Helena Carter) qui préférerait séduire le rustre bûcheron plutôt que de mener une vie de petite fille gâtée…

C’est un film d’hommes, avec des coups de poings bien envoyés, des beuveries mémorables, et un « méchant » bien méprisable (Dan Duryea). Pourtant, les personnages les plus forts sont les personnages féminins, qui sont la véritable âme du film. Dans un film aussi efficace dans l’action pure que lorsqu’il aborde des thèmes plus « politiques » (les petites sociétés forcées de créer la première coopérative pour faire face au puissant syndicat), la manière dont ces personnages féminins sont écrits et filmés est étonnamment fine et complexe.

Helena Carter, qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles, donne une profondeur et une vérité inédite à un rôle issu d’une longue lignée : celle des filles de bonne famille qui rêvent de s’encanailler. Elle est à la fois touchante, drôle et séduisante, même si la dernière partie du film semble la mettre un peu de côté. Dommage…

Même un second rôle aussi anecdotique que Ma Dunnington (jouée par ….), tenancière d’un bar peu recommandable, parvient à exister en quelques scènes seulement, et peu de dialogues.

Mais la vraie star du film (la plus grande star Universal de l’époque), c’est bien sûr Yvonne de Carlo, magnifique actrice dans tous les sens du terme, qui trouve ici l’occasion de jouer sur des registres très différents. Arrogante et ambitieuse, Sequin est aussi une romantique à la fois fière et triste. Irrésistible quand elle chante, sublime quand elle réalise ce qu’elle perd, Yvonne de Carlo n’a pas le beau rôle dans l’histoire. Mais elle est filmée magnifiquement, et habite littéralement le film.

The Lady and the Monster (id.) – de George Sherman – 1944

Posté : 21 septembre, 2012 @ 12:23 dans 1940-1949, FANTASTIQUE/SF, SHERMAN George | Pas de commentaires »

The Lady and the Monster

The Lady and the Monster : voilà bien l’un des titres les plus putassiers que j’ai pu découvrir ces derniers temps. Car dans cette série B fauchée, tantôt poussive, tantôt inspirée, adaptée d’un roman de Curt Siodmack (le frère de Robert), on ne trouve guère de « lady », si ce n’est l’assistante d’un scientifique peu charismatique et finalement peu importante dans l’histoire. Il faut voir l’affiche du film, aussi, pour comprendre que les distributeurs comptaient bien faire passer l’idée que « the monster » était réellement un monstre inhumain et terrifiant…

The Lady and the Monster affRien de tout ça, bien sûr, même si le film est une variation sur l’éternel mythe de Frankenstein : cette fois un scientifique joué par Erich Von Stroheim, et menant de curieuses expériences dans un « château » perdu dans le désert d’Arizona. Désert dont, budget riquiqui oblige, on ne verra quasiment rien. On ne voit d’ailleurs pas grand-chose de quoi que ce soit : le film est baigné dans une constante obscurité, due évidemment au manque de moyens (pas besoin de décors qui auraient fait exploser le budget), qui contribue pour beaucoup au charme du film.

Ce scientifique, donc, est persuadé que le cerveau humain a une vie propre, et qu’il peut survivre à la mort du corps. Le crash d’un avion dans le désert va lui fournir le cobaye nécessaire à ses expériences.

Derrière la caméra, George Sherman fait le travail plutôt efficacement, même s’il se révèle nettement plus percutant dans le western, son genre de prédilection. Il a surtout la chance d’avoir un Erich Von Stroheim plus ambigu que dans la plupart de ces séries B au rabais qu’il tournait beaucoup à l’époque. D’ailleurs, grand méchant désigné, il se révélera au final plus nuancé. Hélas, il disparaît en grande partie de la seconde moitié du film, au profit de deux assistants du scientifique, et d’une histoire guère convaincante de possession et d’enquête policière.

Autre regret : le personnage de la gouvernante du « château », qui aurait pu être un grand second rôle, trouble et inquiétant, s’il avait été mieux écrit et filmé avec plus de conviction. On sent hélas que Sherman ne sait trop quoi faire de ce personnage, clairement inspiré de la Mme Danvers de Rebecca, le chef d’œuvre de Hitchcock sorti quatre ans plus tôt.

Le Grand Chef (Chief Crazy Horse) – de George Sherman – 1955

Posté : 21 août, 2012 @ 11:58 dans 1950-1959, SHERMAN George, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le grand chef

George Sherman est sans doute la découverte la plus vivifiante de mes récentes pérégrinations cinématographiques : quelques-uns de ses westerns s’inscrivent dans la lignée de ceux de Ford. A un degré de réussite infiniment moindre, certes, mais avec un classicisme et une efficacité enthousiasmants : Bandits de grands chemins et La Fille des prairies sont ainsi de purs plaisirs de cinéma. Sauf que Le Grand Chef, l’un de ses films les plus ambitieux, est loin d’être aussi réussi.

Bien moins à l’aise avec le quotidien des indiens qu’avec celui des cow-boys, Sherman poursuit sa relecture des grandes figures de l’Ouest sauvage. Après Calamity Jane (La Fille des Prairies) ou Black Bart (Bandits de grands chemins), le voici qui s’intéresse à Crazy Horse, grand chef Indiens qui réussira à unir les nombreuses tribus Sioux pour mettre à mal l’hégémonie de l’armée américaine.

En à peine une heure et demi, Sherman tente d’illustrer le riche destin de ce jeune Indien marqué par une prophétie, et qui sacrifiera son bonheur personnel à la cause de tout un peuple. Par moment, c’est assez réussi, et Victor Mature fait un Sioux assez convaincant. Mais Sherman reste un réalisateur modeste, pas un grand maître du niveau de Ford. Il ne parvient jamais vraiment à apporter à son film le souffle épique dont il a besoin : celui de l’histoire en marche.

On ne s’ennuie jamais, non, mais la vie de Crazy Horse méritait sans aucun doute un réalisateur d’une autre envergure. La Flèche brisée de Delmer Daves, tournée peu avant, était autrement plus important. Comme le seront d’autres films consacrés au drame de la nation indienne, et notamment Les Cheyennes de… John Ford. Comme quoi l’élève, aussi bon soit-il, est resté loin de son maître…

 

Bandits de grands chemins (Black Bart) – de George Sherman – 1948

Posté : 31 mai, 2012 @ 11:16 dans 1940-1949, DE CARLO Yvonne, SHERMAN George, WESTERNS | Pas de commentaires »

Bandits de grands chemins (Black Bart) – de George Sherman – 1948 dans 1940-1949 bandits-de-grands-chemins

Décidément, le western est un genre qui réussit à George Sherman, solide artisan qui a l’intelligence de ne pas se prendre pour le génial artiste qu’il n’est pas. Sherman n’est pas Ford, et ce western est une grande réussite, parce qu’il ne se prend pas au sérieux, et ne recherche que l’efficacité. C’est rien de dire que l’objectif est atteint : pas le moindre temps mort dans cette histoire d’amitié, de rivalité, d’amour, dans laquelle on retrouve d’authentiques figures ayant marqué l’histoire de l’Ouest américain, en particulier un voleur gentlemen surnommé Black Bart, et une danseuse et comédienne venue d’Europe nommée… Lola Montez.

Oui, c’est bien le même personnage immortalisé par Martine Carol dans le film de Max Ophüls. Sherman prend bien plus de liberté avec le personnage historique, dans son western, mais Lola ne manque pas non plus de charme, puisque c’est la sublime Yvonne de Carlo qui prête son joli minois à la mythique femme de spectacle, ancienne intrigante de la cour de Bavière tentant une nouvelle carrière en Amérique.

Son chemin croise celui de deux gangsters, anciens complices ayant en apparence tous deux quitté la voie du vol. Ces deux-là sont prêts à s’entretuer, mais ils s’adorent, et c’est tout le sel de ce beau film dont la fin évoque furieusement celle de Butch Cassidy et le Kid. Les deux hommes se retrouvent rivaux sur tous les fronts : dans leurs plans d’enrichissement, et dans le cœur de la belle Lola. Aucun des deux ne reconnaîtrait son amitié pour l’autre, mais qu’importe : cette amitié crève l’écran.

Jeffrey Lynn (sympathique second rôle vu dans Les Fantastiques Années 20 et La Comtesse aux pieds nus) y est un contrepoint parfait au génial Dan Duryea, indispensable second rôle (notamment pour le diptyque de Fritz Lang, La Femme au portrait et La Rue rouge), promu pour une fois tête d’affiche, dans le rôle du fameux Black Bart, sorte de Zorro ne se battant pas pour le bien de la population, mais par appât du gain. Ajoutant à cette belle affiche un autre second rôle qu’on adore : John McIntire. Et si ça ne suffit pas à donner envie, alors j’abandonne…

La Fille des prairies (Calamity Jane and Sam Bass) – de George Sherman – 1949

Posté : 28 mai, 2012 @ 9:20 dans 1940-1949, DE CARLO Yvonne, SHERMAN George, WESTERNS | 2 commentaires »

La Fille des prairies

Après le succès de Black Bart, l’année précédente, George Sherman met une nouvelle fois en scène des figures authentiques de l’Ouest américain : Calamity Jane et Sam Bass. La première a souvent été à l’honneur au cinéma, et souvent sous les traits de jolies actrices, de Jean Arthur dans Une aventure de Buffalo Bill à Ellen Barkin dans Wild Bill. Le film de Sherman ne fait pas exception, puisqu’elle est interprétée par la sublime Yvonne de Carlo, qui réussit la gageure d’être crédible en garçon manqué as de la gâchette et des courses de chevaux, tout en restant hyper sexy.

Sam Bass, par contre, est quasiment inconnu chez nous. Son destin pourtant, en tout cas tel qu’il est raconté dans le film, est extrêmement cinégénique. C’est une histoire de spirale infernale qui touche un brave type qui n’aspire qu’à une vie confortable et tranquille, l’une de ces inexorables descentes aux enfers qu’affectionne particulièrement le film noir. Transposé dans l’Amérique des années 40, le scénario aurait effectivement pu donner un bon film noir, sans quasiment changer la moindre ligne. La fin, d’ailleurs, évoque furieusement un classique du genre : High Sierra.

Pourtant, on est bel et bien dans du pur western du samedi soir, léger et presque joyeux malgré le piège tragique dans lequel notre héros s’enferme peu à peu. Sam Bass, donc, interprété par un Howard Duff peu charismatique, mais plutôt à sa place en brave type sans grande envergure (on se demande juste comment Yvonne de Carlo peut tombe raide dingue de lui aussi vite), arrive dans une petite ville où il n’aspire qu’à trouver un boulot. Il tombe sous le charme d’une commerçante (Dorothy Hart), mais le frère de ce dernier, shérif du bled, le prend en grippe. A la première occasion, il tente de s’en débarrasser et Bass accepte un boulot de convoyeur de bêtes, au côté de ce bon vieux Lloyd Bridges.

Lors d’une étape, il accepte de participer à une course organisée par un homme riche et véreux. Sûr de son cheval, le plus rapide de l’Ouest, Bass joue l’argent confié par les propriétaires des vaches qu’il convoie. Mais son cheval est empoisonné, et Bass est obligé de prendre la fuite. En tentant de récupérer l’argent, il s’enfonce un peu plus dans la vie de hors-la-loi, ne comptant bientôt plus que sur une poignée de fidèles et sur Calamity Jane… jusqu’au point de non-retour.

Passionnant, le film est réalisé avec beaucoup d’inspiration par un George Sherman à son meilleur. Le réalisateur fait pourtant souvent office de sous-Ford, ou de sous-Walsh. Mais La Fille des prairies n’a pas grand-chose à envier à Victime du destin, film comparable réalisé par ce dernier quelques années plus tard. Un rythme trépidant, des grands espaces, des personnages attachants… Rien à jeter dans ce western qui ose des ruptures de ton plutôt culottées. Une vraie réussite…

A l’abordage ! (Against all Flags) – de George Sherman – 1952

Posté : 25 septembre, 2011 @ 5:08 dans 1950-1959, O'HARA Maureen, SHERMAN George | Pas de commentaires »

A l'abordage

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on entre vite dans le vif du sujet (et du dos d’Errol Flynn), avec ce film de pirates, dont les premières images nous montre l’éternel Capitaine Blood attaché au mât d’un navire, fouetté jusqu’au sang sous le regard de l’équipage. Mais pas de panique, Errol ne va pas être jeté aux requins : cette punition est en fait une couverture pour qu’il puisse infiltrer le repaire des pirates qui écument les mers et menacent le commerce des Indes. Il arrive dans une cité fortifiée sur la côte de Madagascar, où il est finalement accepté malgré les soupçons d’un méchant pirate, joué par un Anthony Quinn débordant de vie et de jeunesse. Il tombe aussi sous le charme d’une jolie pirate toute rousse, qui a les traits irrésistibles de Maureen O’Hara.

Un film de pirates de plus pour Errol Flynn ? Oui et non. C’est vrai que quand il se prend un peu trop au sérieux, le film s’apparente à une énième resucée de L’Aigle des Mers ou du Capitaine Blood. En forcément moins bien, parce que George Sherman n’est pas Michael Curtiz, parce que les deux films que je viens de citer sont sans doute insurpassables dans le genre « film de pirates », et aussi parce que Flynn, dans son éternel rôle de jeune premier bondissant, a pris un petit coup de vieux : il a 43 ans, et en fait 50 facile. Alors oui, on a un peu de mal, cette fois, à croire au prouesses physiques du héros, et à son charme absolu (même s’il a de beaux restes, faut reconnaître). Comme on a un peu de mal à comprendre pourquoi la sublime Maureen O’Hara, dans un rôle de gonzesse « qui en a », et qui fait jeu égal avec les plus terribles pirates, se transforme en flaque d’eau dès qu’elle pose le regard sur Flynn…

Heureusement, le film se prend rarement au sérieux : il y a un petit côté parodique qui est franchement ravissant, et qui finit par emporter l’adhésion. Le charme désuet qui se dégage du film, la sympathie qu’on ressent même pour le grand méchant interprété avec dérision par Anthony Quinn, la présence de cette princesse des Indes qui découvre les hommes et ne pense, elle aussi, qu’à embrasser notre Errol (« again »… lance-t-elle, les lèvres tendues, dès qu’elle apparaît à l’écran)… Tout ça fait qu’on ne prend pas cette histoire au sérieux, mais qu’on se laisse transporter sur les mers avec un vrai plaisir, en se disant que, même si on est loin des grands chef d’œuvre que la Warner a produit dans le genre, on est devant un film bien sympa, et bien rigolo. C’est déjà pas mal…

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