Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'par réalisateurs'

La Cible humaine (The Great Flamarion) – de Anthony Mann – 1945

Posté : 13 août, 2010 @ 1:14 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, MANN Anthony | Pas de commentaires »

La Cible humaine (The Great Flamarion) - de Anthony Mann - 1945 dans * Films noirs (1935-1959) la-cible-humaine

Voilà typiquement le genre de films que le DVD a permis de redécouvrir. Pas un chef d’œuvre, certes : Anthony Mann, qui était alors un tout jeune réalisateur, avec seulement quelques petites productions aujourd’hui oubliées, fera bien mieux dans la série noire au cours de la seconde moitié de la décennie, avec quelques bijoux secs et nerveux qui feront de lui l’un des rois du polar, avant d’être celui du western dans les années 50.

Sur le fond, The Great Flamarion est tout à fait classique. Un homme revenu des femmes après une histoire d’amour que l’on devine douloureuse (on ne saura rien de son passé), se laisse séduire par une jeune femme au visage d’ange, qui le poussera au meurtre avant de l’abandonner. Bref, un point de départ que l’on retrouve dans beaucoup de films noirs de l’époque, y compris dans La Rue Rouge, le chef d’œuvre que Fritz Lang tourne la même année avec Edward G. Robinson, Joan Bennett et Dan Duryea. Ce dernier est également à l’affiche du film de Mann, et comme c’est souvent le cas, il interprète le compagnon de la vamp. Mais une fois n’est pas coutume, cet habitué des rôles de salauds joue un type certes imbibé d’alcool, mais attachant. Ce qui ne l’empêchera pas de connaître un sort aussi funeste que dans la plupart de ses films…

Duryea est excellent dans ce rôle en demi-teinte. Mais c’est bien sûr Erich Von Stroheim qui retient toute l’attention. Le cinéaste maudit, qui était alors devenu un second rôle très recherché aux Etats-Unis comme en France, apparaît dans la première partie du film dans son éternel personnage d’ancien officier de l’armée raide comme la justice et aussi avenant qu’un bouquet de barbelés. Mais peu à peu, son armure craque, et finit par disparaître totalement, révélant un personnage fragile et fleur bleue (si, si). Jamais, sans doute, Von Stroheim ne s’est autant dévoilé que dans ce film… Sa composition, en tout cas, est en tout point parfaite, ce qui n’est pas vraiment le cas de Mary Beth Hughes, qui n’a pas, loin s’en faut, la séduction perverse d’une Joan Bennet.

Qu’importe d’ailleurs. Les personnages sont moins importants que l’atmosphère que Mann parvient à créer dans les coulisses de ces music halls où se situe l’action du film : Von Stroheim, alias « le grand Flamarion », est un tireur d’élite, artiste vedette d’un spectacle à succès. Le plus intéressant et le plus réussi, dans ce film, c’est justement la manière dont le réalisateur filme les coulisses. La séquence d’ouverture est en cela un grand moment de cinéma : alors qu’un coup de feu éclate derrière la scène, et que la panique gagne l’ensemble du théâtre, on voit une ombre se glisser subrepticement à travers les couloirs, pour se réfugier au milieu des éléments de décors qui surplombent la scène, et d’où il observe l’arrivée de la police et les réactions de la foule et des artistes. C’est Von Stroheim, bien sûr, totalement muet jusqu’à présent. Et la manière dont il est filmé, ombre planant sur la scène, est déjà la marque d’un très grand cinéaste.

Invictus (id.) – de Clint Eastwood – 2009

Posté : 13 août, 2010 @ 10:05 dans 2000-2009, EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Invictus (id.) - de Clint Eastwood - 2009 dans 2000-2009 invictus

Comment Clint Eastwood a-t-il pu réussir ce film ? Il y a dans le scénario d’Invictus une telle envie de démontrer, une telle volonté d’édifier Mandela en figure presque christique, que le film aurait dû sombrer dans le panégyrique. Mais non. Eastwood n’a à ce point plus rien à prouver, à ce stade de sa carrière, qu’il se moque éperdument des figures imposées. Aux grandes scènes « historiques », aux grands discours, Eastwood préfère les moments en apparence plus anodins, sans grande importance dans le déroulement de l’histoire. C’est ce qui fait le sel de la plupart de ses films (c’est particulièrement frappant dans Jugé Coupable), et c’est bien le cas ici. Les plus belles séquences sont celles que d’autres auraient évacué en quelques secondes, à commencer par l’entraînement dans les bidonvilles, une longue séquence muette et baignée par le soleil, simplement magnifique. On sent que c’est ce genre de scènes, cette confrontation entre les noirs très pauvres et les blancs très privilégiés qui a inspiré Eastwood.

Pour autant, Clint ne filme pas les séquences de rugby par-dessus la jambe (comme il avait littéralement expédié celles de boxe dans Million Dollar Baby). Filmées à hauteur d’homme, ces scènes sont même particulièrement belles et réalistes. Pour peu, on sentirait la sueur. D’ailleurs, Invictus peut être considéré comme le premier vrai « film de sport » d’Eastwood, qui n’avait jamais témoigné d’un amour extrême pour ce sous-genre cinématographique. A une différence prêt : généralement, le sport permet à un personnage de se dépasser et de renaître meilleur. Ici, c’est tout un pays qui surmonte la honte et la haine grâce au rugby. La démonstration pourrait être édifiante, elle est constamment juste, grâce à l’infinie délicatesse du cinéaste Eastwood, qui se sort avec brio des scènes les plus imbuvables sur le papier : la complicité naissante entre un policier blanc visiblement peu tolérant et un petit garçon noir en marge de la finale ; le respect qui finit par s’installer entre les garde du corps de Mandela et ceux de De Klerk…

Beau et délicat, Invictus est à peine gâché par quelques écarts assez incompréhensibles d’Eastwood, tenté à deux reprises de créer un faux suspens qui n’a pas grand intérêt. Il n’y avait nul besoin de montrer cette camionnette menaçante, et encore moins ce pilote d’avion suspect, pour faire sentir que le pays est encore loin de la réconciliation, et que les tensions existent.

Pas de quoi bouder son plaisir, l’émotion est bien là, et jamais où on l’attend vraiment.

1...332333334335336
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr