Grindhouse : Planète Terreur (Planet Terror) – de Robert Rodriguez – 2007
• Le film fait partie du programme Grindhouse
• Voir aussi Grindhouse : Boulevard de la mort
Rodriguez fait bien plus que rendre hommage au cinéma bis des années 60 et 70 : il se glisse dans la peau d’un réalisateur de cette époque et, de manière totalement décomplexée, signe un authentique nanar qui se revendique comme tel. Forcément jouissif. Plus nonchalant en apparence que son pote Tarantino, Rodriguez va en tout cas beaucoup plus loin dans la régression. S’il avait effectivement été tourné trente ans plus tôt, Planète Terreur aurait sans aucun doute contribué à forger la cinéphilie hors du commun de Tarantino… Ces deux-là, décidément, sont sur la même longueur d’ondes. Leur projet Grindhouse en est la meilleure preuve.
On sait depuis longtemps que Rodriguez aime le cinéma bis, et qu’il revendique un plaisir immédiat et presque enfantin (à la manière d’un Joe Dante, le second degré en moins). Avec Planète Terreur, il va plus loin que jamais. Le scénario, qu’il a écrit lui-même, est un sommet du genre : une histoire extraordinaire de virus lâché dans la nature, qui transforme la majorité des habitants en zombies boursouflés. Seuls quelques individus sont épargnés, et luttent pour survivre, et former une sorte de communauté d’un nouvel âge…
L’histoire, déjà, est bien improbable, mais Rodriguez s’éclate à forcer continuellement le trait, avec des effets spéciaux pourris, des personnages stéréotypés à l’extrême, des acteurs qui s’amusent à jouer « à côté »… Et pas n’importe lesquels : Rodriguez sort de l’oubli Michael Biehn (la vedette des premiers James Cameron) et Jeff Fahey (vu dans le Chasseur blanc, cœur noir d’Eastwood), et donne un second rôle réjouissant de militaire-mutant à Bruce Willis.
C’est du grand n’importe quoi ambiant que vient tout le plaisir (immense et régressif, oui) que l’on ressent devant le film. Rodriguez n’hésite devant aucun artifice, surtout s’il est énorme : une infirmière lesbienne est une terreur de la seringue ; le jeune héros malgré lui s’avère être une légende du maniement des armes ; le même héros fait l’amour avec sa petite amie fraîchement amputée d’une jambe, et remplace cette jambe manquante par un pied de table, puis par une arme lourde (Cobra n’a qu’à bien se tenir) ; un autre militaire-mutant (joué par Tarantino) sur le point de violer une prisonnière voit ses testicules se liquéfier et tomber sur le sol…
Clin d’œil à ces séances de cinéma souvent très approximatives, une bobine du film est manquante, ce qui nous prive, évidemment volontairement, de quelques rebondissements pourtant importants pour l’évolution des personnages. Aucune importance : la psychologie est au niveau zéro. Tout ce qui compte, c’est le plaisir un brin coupable, mais tellement reposant, d’assister à un festival de n’importe quoi, de boucherie et d’humour très décalé…