Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'par réalisateurs'

Evangeline (id.) – de Edwin Carewe – 1929

Posté : 8 octobre, 2010 @ 6:22 dans 1920-1929, CAREWE Edwin, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Evangeline (id.) - de Edwin Carewe - 1929 dans 1920-1929 evangeline

On l’a oublié aujourd’hui, mais Edwin Carewe fut un réalisateur important à Hollywood, vers la fin du muet. On lui doit en particulier de très grosses productions épiques et romanesques, peuplés de personnages très marqués par leur dévotion religieuse : Resurrection en 1927, Ramona (l’adaptation d’un roman à succès déjà porté à l’écran par D.W. Griffith - ici) en 1928, et ce Evangeline, qui surfe évidemment sur le succès des deux précédents films. On y retrouve le même ton, la même actrice (Dolores Del Rio), le même romantisme tragique, et la même importance de la religion : les personnages sont des êtres profondément pieux, ce qui visiblement plaît beaucoup à Carewe (qui a d’ailleurs reçu le soutient des autorités religieuses pour le tournage de son film), et qui colle parfaitement au cadre de son histoire, à savoir l’Acadie du milieu du XVIIIème siècle.

Une époque tragique pour cette province du Nord de l’Amérique, puisque le peuple « historique » est déporté par les Anglais, qui gouvernent le pays, en l’espace de quelques années seulement. Cette tragédie est le sujet même du film de Carewe (dont le scénario s’inspire d’un célèbre poème racontant le terrible destin d’une Acadienne ayant vécu cet exode forcé), mais ce qui concerne tout un peuple est symbolisé par un seul village. C’est un choix narratif qui ne plaira évidemment pas aux puristes de l’Histoire, mais qu’importe : en simplifiant le récit, le film gagne en efficacité, le destin de milliers de personnes étant symbolisé par celui d’une poignée de personnages.

Le résultat est un mélodrame flamboyant, passionnant, et franchement plombant dans sa dernière partie.

Ça commence en fait comme un beau mélo bucolique, avec deux jeunes gens amoureux, un village où il fait bon vivre, un amoureux éconduit, et un mariage qui se prépare dans la liesse générale. Mais l’ombre de la tragédie à venir plane, et se noue bientôt à grands coups de bottes qui claquent. Point de grands combats, ici, même si la violence est souvent à deux doigts d’exploser : mais à chaque fois, le bon homme d’église est là pour rappeler le principe de non violence. Oui, les Acadiens savaient mieux que quiconque tendre l’autre joue… On a l’air de se moquer, là, mais cette première partie est terriblement émouvante, et le magnétisme de Dolores Del Rio, visage atypique, mais d’une grande beauté, n’est pas étranger à cette émotion qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus.

Pendant toute la première heure, l’émotion ne cesse de monter, et c’est le ventre serré qu’on arrive au point culminant du film : cette extraordinaire séquence de l’exode forcée, où des centaines de soldats anglais obligent des milliers de pauvres Acadiens à s’embarquer dans des bateaux, dont les destinations sont inconnues. Et ce n’est pas du cinéma au rabais que Carewe nous offre là : chaque Acadien, chaque soldat, et chaque bateau, est bien présent à l’écran (et sans effets spéciaux, s’il vous plaît). On se rend compte, alors seulement, qu’on est dans une très grosse production. Mais surtout, dans un grand film, car la dimension de cette séquence ne paralyse pas le réalisateur, qui nous offre ici un moment terrifiant de cinéma, illustrant en quelques minutes l’atrocité qu’on impose à tout un peuple : sans ménagement, les soldats poussent les Acadiens vers les bateaux, n’hésitant pas à séparer les mères des enfants, les épouses des maris… et Evangeline de son fiancé.

Après cette montée graduelle et constante en puissance, jusqu’à un sommet d’émotion, c’est comme un autre film qui commence, un peu moins convaincant, hélas : Evangeline va passer des années (mais vraiment des années) à rechercher son bien-aimé, parcourant le Sud de l’Amérique (dans de magnifiques paysages de Louisiane, notamment, où le film a réellement été tourné), mais les élipses plutôt brutales ne permettent pas de prendre la dimension du temps qui passe. Autant le dire, il arrivera les pires catastrophes autour d’Evangeline, au cours de son interminable quête. C’est déchirant, violent, douloureux. Et franchement plombant.

Collateral (id.) – de Michael Mann – 2004

Posté : 7 octobre, 2010 @ 7:39 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, CRUISE Tom, MANN Michael | Pas de commentaires »

Collateral (id.) - de Michael Mann - 2004 dans * Thrillers US (1980-…) collateral-300x199

Que ce soit bien clair : je trouve dans l’immense majorité des cas les films tournés en HD numérique d’une laideur absolue. Dans l’immense majorité des cas, mais il y a une exception notable : le cinéma de Michael Mann. Non seulement le cinéaste est, à mon sens, le seul à avoir réellement su maîtriser ce nouvel outil cinématographique, mais son cinéma, déjà franchement passionnant, s’en est trouvé considérablement enrichi. Ses deux derniers films en date, Miami Vice et Public Enemies, sont deux chef d’œuvre qui ne ressemblent à rien d’autre qu’à un film de Michael Mann : l’étonnante lumière de la nuit, la netteté presque troublante des arrière-plans… autant de signes qui définissent le style Mann, qui révolutionne bien d’avantage que la 3D le langage cinématographique.

Dans cette révolution, j’avais dans la tête que Collateral, que j’avais pourtant déjà vu deux fois, était une sorte de brouillon (excellent et hyper efficace, mais brouillon quand même) que Mann peaufinera avec Miami Vice, son film suivant. Eh bien il m’a fallu une troisième vision pour réaliser que ce n’était vraiment pas le cas : Collateral est un chef d’œuvre absolu, peut-être bien le meilleur film de Mann à ce jour (mais je changerai peut-être d’idée en revoyant Miami Vice, Public Enemies, voire Heat ou Le Sixième Sens). Tout, dans ce film, est à tomber par terre : les images sublimes (qui a filmé la nuit aussi bien que Mann ?), le rythme étonnamment lent (malgré quelques scènes d’action renversantes), et même les personnages, génialement joués par Jamie Foxx et Tom Cruise en vrai méchant.

L’histoire est typiquement « mannienne », elle aussi : c’est l’éternelle confrontation du bien et du mal. Ici, un brave chauffeur de taxi tellement gentil qu’il s’arrange pour faire gagner de l’argent à ses clients, qui embarque un homme d’affaires, qui est en fait un tueur à gages. C’est Vincent, Tom Cruise habillé et coiffé comme DeNiro dans Heat, qui prend le taxi en otage tout au long de la nuit, pour une virée à travers les rues quasiment désertes de Los Angeles, marquée par cinq étapes : les cinq gars que Vincent doit refroidir.

Contrairement à Heat, où la confrontation entre DeNiro et Pacino se faisait à distance (exceptée une scène trop courte et frustrante), le bien et le mal sont ici coincés ensemble tout au long du film, la plupart du temps dans l’espace exigu du taxi. L’échange qui se crée entre les deux hommes est fascinant, dialogue parfois irréel souligné par de longs plans visuellement sublimes du taxi roulant dans la nuit, dans un silence envoûtant. Mann filme L.A. comme personne avant lui. Peut-être parce que c’est là son vrai sujet : cette ville-monstre inhumaine où, comme le raconte le personnage de Tom Cruise, un homme peut mourir dans le métro sans que personne ne s’en rende compte pendant des heures…

Cette ville, Mann en montre toute la complexité, des highways à ciel ouvert aux ruelles écrasantes, des clubs de jazz chaleureux aux boîtes à la mode saturées de lumière, des motels miteux des bas quartiers aux luxueux bureaux des quartiers d’affaire. Il illustre magnifiquement la solitude de ces êtres, entourés par des tonnes de béton et des millions d’autres êtres qui vivent leur vie sans que jamais elles n’interfèrent les unes avec les autres. Cette ville-monstre est le principal adversaire de Vincent-Tom Cruise, pur méchant indifférent à la douleur des autres, mais qui révèle une humanité inattendue dans cet univers qui l’oppresse.

Le rythme est donc lent, lancinant. Mais le film est émaillé, comme toujours chez Mann, de scènes d’action époustouflantes, à commencer par la fameuse fusillade dans la boîte, dont on a beaucoup parlé, et qui mérite tout le bien qu’on en a dit. Impossible, a priori, de rendre constamment clair ce qui se passe précisément dans cette fourmilière humaine. Mais grâce à un montage serré et à des cadrages brillants, l’action qui se déroule est toujours limpide. Et formidablement grisante, d’autant plus que ce débordement soudain de violence surgit entre deux séquences presque contemplatives.

Collateral, c’est un pur bonheur de cinéma. Michael Mann n’a pas inventé le thriller, mais il en a créé une nouvelle forme, la plus passionnante de toutes…

L’Homme léopard (The Leopard Man) – de Jacques Tourneur – 1943

Posté : 7 octobre, 2010 @ 5:54 dans 1940-1949, TOURNEUR Jacques | Pas de commentaires »

L'Homme léopard (The Leopard Man) - de Jacques Tourneur - 1943 dans 1940-1949 lhomme-leopard-300x226

Dernier des trois films réalisés par Tourneur et produits par Val Lewton pour la RKO, The Leopard Man est le plus méconnu de la série, et aussi le seul à ne pas reposer sur un ressors fantastique. Le film n’est pourtant pas moins intéressant que La Féline et Vaudou, les deux précédents chef d’œuvre. Plus encore que dans les deux précédents films, Tourneur semble n’être intéressé que par la création d’une atmosphère angoissante. L’histoire, d’ailleurs, se résume en quelques lignes à peine : un léopard se sauve dans une petite ville, et peu après, des femmes commencent à se faire tuer. L’animal est-il le seul responsable ? L’intrigue n’est pas plus complexe que cela, et le film comprend relativement peu de personnages. L’Homme Leopard est un pur exercice de style, qui démontre une nouvelle fois l’immense talent de Tourneur.

Le film est surtout marqué par les trois séquences au cours desquelles des femmes se font tuer. Trois moments mémorables autours desquelles tout le récit est construit, même si les séquences de « transition » sont loin d’être inintéressantes. Même si, visuellement, elles sont moins impressionnantes que les trois scènes de mort, elles sont brillamment construites, avec toute la concision, la simplicité et l’efficacité dont le cinéaste sait faire preuve.

On est toutefois essentiellement marqué par la manière dont Tourneur filme, à chaque fois différemment, les morts des trois jeunes femmes. Loin de se répéter, ces moments sont d’une inventivité extrême, et reposent uniquement sur le génie du cinéaste : dans les trois cas, on ne voit qu’une jeune femme à l’écran. Dans un vaste terrain vague pour la première, dans un cimetière pour la deuxième, et dans les rues désertes de la ville pour la dernière. La manière dont Tourneur joue avec les ombres, les regards, et surtout l’invisible, est exceptionnelle. Comme dans La Féline, le cinéaste ne montre strictement rien des morts. Il étire le temps à l’extrême pour faire monter l’angoisse, puis la terreur, mais l’acte final se passe toujours hors champs (derrière une porte, ou derrière un mur)… Et le fait de ne rien voir (si ce n’est deux yeux qui brillent dans la nuit) renforce, évidemment, la trouille qu’inspire le film, et qui nous hante longtemps après.

Le titre le prouve : L’Homme léopard est à l’origine une opération commerciale, qui tente de surfer sur le succès de La Féline. Mais Tourneur a su en tirer une œuvre hypnotique et brillante, visuellement exceptionnelle. Le film se conclut d’ailleurs par une séquence étonnante et fascinante, étrange course poursuite autour d’un cortège funeste qui avance lentement dans le désert, dans une nuit où les nuages sont percés par la lumière du soleil levant. Ces images splendides restent gravées dans les esprits, et installent durablement un délicieux malaise. C’est du grand art…

By Indian Post (id.) – de John Ford (Jack Ford) – 1919

Posté : 7 octobre, 2010 @ 1:25 dans 1895-1919, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, FORD John, WESTERNS | Pas de commentaires »

By Indian Post (id.) - de John Ford (Jack Ford) - 1919 dans 1895-1919 by-indian-post

Ce moyen métrage est l’un des rares de Ford à ne pas avoir disparu corps et bien. De l’époque muette du cinéaste, il ne reste qu’une partie infime de sa riche filmographie. By Indian Post est l’un des plus anciens, avec les longs métrages Straight Shooting et Bucking Broadway, qui avaient longtemps été considérés comme perdus.

Ce deux bobines est une œuvre de jeunesse, certes, mais il contient déjà beaucoup des qualités que l’on retrouvera dans les grands classiques du maître. A commencer par ce mélange d’action et d’humour, que Ford maîtrise déjà parfaitement bien. Les premières images, pourtant, laissent craindre le pire : statique, la mise en scène manque alors cruellement de dynamisme, lorsque Ford nous présente son « couple maudit ». On a du mal, alors, à être convaincu par l’acteur principal (le falot Pete Morrison), qui déclare son amour en faisant faire un salut à son cheval… Ça devait être romantique, à l’époque…

Heureusement, les choses s’arrangent nettement par la suite, en particulier avec une excellente course poursuite, après qu’un Indien a volé les vêtements des cow-boys, et surtout la lettre que notre Pete avait écrit à sa belle. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de suspense : on voit vite que l’Indien (un peu caricatural, il faut bien reconnaître) a porté la lettre à la dame en question… d’où le titre du film. Mais la manière dont Ford filme cette cavalcade est assez remarquable : avec un sens du rythme qu’on avait déjà remarqué dès Straight Shooting, deux ans plus tôt, mais qui semble s’être encore affirmé.

Ce sens du rythme et du cadrage, on le retrouve dans les dernières scènes, lorsque Pete tente de s’échapper de la chambre où l’a enfermé son futur beau-père (qui refuse l’union, évidemment), pour aller épouser sa belle. Il reçoit alors l’aide d’un jeune cow-boy défroqué (l’Indien lui a volé son pantalon), interprété par l’excellent et tout jeune Hoot Gibson, grande vedette de l’époque et fidèle complice de Ford.

Cette séquence rocambolesque est une leçon de maître que nous donne le jeune Ford, jouant avec l’espace, les portes, les fenêtres, dans un grand moment de suspense et d’humour.

Une fille et des fusils – de Claude Lelouch – 1964

Posté : 6 octobre, 2010 @ 6:36 dans 1960-1969, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Une fille et des fusils - de Claude Lelouch - 1964 dans 1960-1969 une-fille-et-des-fusils

Oui, j’aime Claude Lelouch, et non, Lelouch n’a pas toujours été un grand cinéaste. Deux ans avant de trouver le public, la critique, son style, et en un mot la reconnaissance, avec Un Homme et une femme (chabadabada), le jeune cinéaste cherchait sa voie… et ne la trouvait pas. Avec Une fille et un fusil, il signe sans doute le plus « Nouvelle Vague » de ses films. Sauf que Lelouch est à peu près autant taillé pour la Nouvelle Vague que Steven Seagal pour le cinéma de David Lynch.

En filmant ces jeunes glandeurs attirés par le crime après avoir ingurgité des tas de mauvais films américains, on peut quand même se demander si Lelouch ne se moque pas gentiment de ses collègues d’alors, Jean-Luc Godard en tête. En fait, soit son film est une parodie gentillette des premiers Godard, en particulier A bout de souffle et Pierrot le fou, soit c’est un petit nanar pas vraiment sympathique, un brin ennuyeux, et franchement maladroit. Je penche pour la réponse B. La comparaison avec Godard (celui de cette époque, évidemment) est en tout cas incontournable : Lelouch va même jusqu’à citer le passage le plus célèbre du Mépris, le tournage d’une scène de film avec Brigitte Bardot, qu’il détourne ici pour en faire le ressort dramatique du film : l’enlèvement de « la star », sosie anonyme de BB.

Tout n’est pas raté dans Une fille et des fusils : les acteurs sont bons, et c’est avec un certain plaisir que l’on retrouve Jean-Pierre Kalfon, Pierre Barouh ou Amidou. Et puis les comédiennes sont jolies : Janine Magnan et Yane Bary (la patronne du bistrot) sont particulièrement mises en valeur par la caméra de Lelouch qui, il y a plus de quarante-cinq ans, aimait déjà visiblement beaucoup les femmes…

Nick, gentleman détective (After the Thin Man) – de W.S. Van Dyke – 1936

Posté : 6 octobre, 2010 @ 6:24 dans * Films noirs (1935-1959), 1930-1939, BOND Ward, STEWART James, VAN DYKE W.S. | Pas de commentaires »

Nick, gentleman détective (After the Thin Man) - de W.S. Van Dyke - 1936 dans * Films noirs (1935-1959) nick-gentleman-detective

Après le plaisir immense pris avec L’Introuvable, le premier épisode de la série The Thin Man, je me suis précipité sur la première des cinq suites, avec un bonheur tout aussi grand, même si l’effet de surprise n’est plus là. Toujours réalisé par W.S. Van Dyke, ce Nick, Gentleman détective fonctionne parfaitement, malgré un scénario un peu plus paresseux que pour le premier film. Ici, on a un peu de mal à croire vraiment en l’intrigue, et le vrai coupable saute aux yeux, tellement le scénario et la mise en scène font tout pour qu’il soit insoupçonnable. C’était d’ailleurs déjà le cas du film précédent. Et ici aussi, c’est au cours d’une réception à laquelle participent tous les protagonistes de l’intrigue que Nick démasquera le coupable, dans un final que n’aurait pas renié Agatha Christie.

Qu’importe si les recettes sont éculées : l’intérêt de cette série repose ailleurs, essentiellement sur l’alchimie étonnante entre Myrna Loy et William Powell. Et même sans l’effet de surprise, ces deux-là sont toujours aussi réjouissants. Toujours aussi imbibés, aussi : malgré le code Hayes mis en place dans l’intervalle, ce couple de riches oisifs qui s’amusent en enquêtant (ici, sur la disparition inquiétante du mari de la cousine de Myrna Loy), picole à la moindre occasion. C’est ici un peu moins appuyé, et un peu moins drôle, que dans L’Introuvable, mais une telle résistance à l’alcool force le respect (un exemple à ne pas suivre, cela va sans dire…).

Il y a dans Nick, gentleman détective un mélange des genres savoureux, poussé à son extrême : Van Dyke enchaîne des scènes très sérieuses et inquiétantes (la découverte du corps dans le sous-sol, après une longue séquence hyper angoissantes), et de purs moments de comédie, comme cette incroyable séquence où Nick et Nora tentent de récupérer un papier important dont leur incontournable chien Asta s’est emparé. On est en plein suspense, et le film se permet cette longue digression comique qui n’en finit pas. Et ça marche !

Il y a un intérêt tout autre, aussi, à ce film : c’est la présence dans un second rôle très important du jeune James Stewart, qui n’était pas encore une star, mais qui était déjà un acteur génial. Dans un rôle taillé sur mesure pour lui, il illumine chaque scène dans lesquelles il apparaît. Il ne leur vole pas la vedette, mais il tient parfaitement sa place face à Myrna Loy et William Powell, que l’on retrouvera très vite pour le troisième film. La fin de Nick, gentleman détective apparaît d’ailleurs comme un teaser très alléchant, puisque le couple attend un heureux événement. Avec des parents alcooliques, ça promet…

Ramona (id.) – de D.W. Griffith – 1910

Posté : 5 octobre, 2010 @ 6:17 dans 1895-1919, COURTS MÉTRAGES, FILMS MUETS, GRIFFITH D.W., PICKFORD Mary | Pas de commentaires »

Ramona (id.) - de D.W. Griffith - 1910 dans 1895-1919 ramona

Ramona, c’est l’un des premiers Griffith « important ». Le réalisateur, patron de la Biograph, avait déjà signé des dizaines de courts métrages au tournant des années 1910. Mais c’est l’une des premières fois qu’il laisse entrevoir ses ambitions énormes, et l’ampleur de ses grands films à venir, de La Naissance d’une Nation à America en passant par A travers l’orage. Pour ce film de deux bobines, il s’empare d’un roman écrit par Helen Hunt Jackson à la fin du XIXème siècle, l’histoire d’une jeune femme qui refuse d’épouser le riche propriétaire qu’on lui destine, pour vivre son amour avec un pauvre paysan mexicain. Mais leur vie sera émaillée de drames de plus en plus terribles…

Griffith a visiblement le plus grand respect pour ce roman, qu’il tente d’adapter le plus fidèlement possible. C’est d’ailleurs le problème : comment raconter en à peine plus de vingt minutes les multiples tragédies que vit la pauvre Ramona ? Le film se contente donc d’être une illustration sage et un peu froide du roman, qui aurait mérité une adaptation plus ample, et plus longue. C’est ce que fera Henry King en 1936, et surtout Edwin Carewe en 1928, dans un Ramona qui connaîtra un tel succès que le réalisateur retrouvera son actrice du film, Dolores Del Rio, pour un Evangeline qui en prolonge l’esprit.

Le Ramona de Griffith reste cependant dans les mémoires pour avoir offert à la très jeune Mary Pickford l’un de ses premiers grands rôles. Celle qui n’allait pas tarder à devenir la « petite fiancée de l’Amérique » n’avait alors que 17 ans, et enchaînait les courts métrages pour son « patron », Griffith.

Beyond the rocks / Le Droit d’aimer (Beyond the Rocks) – de Sam Wood – 1922

Posté : 5 octobre, 2010 @ 6:04 dans 1920-1929, FILMS MUETS, WOOD Sam | Pas de commentaires »

Beyond the rocks / Le Droit d'aimer (Beyond the Rocks) - de Sam Wood - 1922 dans 1920-1929 beyond-the-rocks

Je ne suis un fan ni de Gloria Swanson (beaucoup trop « diva » à mon goût) ni de Rudolph Valentino (dont le charme et le mystère me semblent avoir beaucoup vieilli), mais l’un comme l’autre sont absolument remarquables dans ce film, qui plus est un chef d’œuvre. Longtemps, Beyond the rocks a été considéré comme étant irrémédiablement perdu. Il faisait même partie des grands fantasmes des cinéphiles, jusqu’à ce qu’une copie soit miraculeusement retrouvée en 2003. Restauré (magnifiquement), le film a eu droit à une projection officielle au festival de Cannes, accompagné d’une nouvelle musique sublime. Le film est historique, bien sûr, parce qu’il marque l’unique rencontre de deux des plus grandes stars du muet (les stars partageaient rarement l’affiche, à cette époque-là). Mais il s’agit surtout d’une immense réussite artistique.

Gloria et Rudolph, donc, sont étonnants de sobriété dans ce film romanesque à souhait. Elle, qui d’habitude en fait des tonnes, est constamment dans la note juste, apportant une jolie dimension tragique à ce personnage de jeune femme prête à se sacrifier corps et âme pour ce qu’elle croit juste : d’abord pour son père, pour qui elle décide d’épouser un homme qu’elle n’aime pas ; puis pour respecter son serment, pour lequel elle repousse ce jeune comte qu’elle aime pourtant passionnément. Ce qui donne lieu à quelques séquences belles à couper le souffle, et à faire battre le cœur le plus endurci…

Le film est aussi réussi dans sa partie « intime » que dans ses séquences spectaculaires. Et il y en a beaucoup, dans ce film romanesque, qui nous emmène des côtes anglaises à Paris en passant par les Alpes. C’est du grand spectacle que nous offre Sam Wood, avec des décors impressionnants, du suspense… La séquence du « sauvetage » de Gloria par Rudolph dans les montagnes est ainsi très réussie.

Mais c’est avant tout une magnifique histoire d’amour, vibrante, tragique, romantique… Comme on les aime, quoi.

L’intelligence du film, aussi, est de n’avoir pas affublé Gloria Swanson d’un mari antipathique. Cet homme qu’elle épouse en croyant faire plaisir à son père (lui aussi un brave type) n’a certes rien d’attirant : fat, fainéant, triste comme la mort… il est pourtant un vrai mari aimant, prêt à tout pour rendre sa femme heureuse. Prêt à tous les sacrifices, même, ce qu’il fera dans un désert du Sahara très « carton-pâte », une séquence qui n’est sans doute pas la plus enthousiasmante, mais qui ne gâche pas l’immense plaisir que l’on a à découvrir ce mélo.

Le plaisir, surtout, que l’on a à voir Gloria Swanson et Rudolph Valentino absolument sublimes. Et si ce Beyond the rocks était le film de leur vie, à l’une comme à l’autre…

Ça commence à Vera Cruz (The Big Steal) – de Don Siegel – 1949

Posté : 27 septembre, 2010 @ 7:54 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, MITCHUM Robert, SIEGEL Don | Pas de commentaires »

Ça commence à Vera Cruz (The Big Steal) - de Don Siegel - 1949 dans * Films noirs (1935-1959) ca-commence-a-vera-cruz

A priori, il avait tout pour me plaire, ce film : un jeune Don Siegel derrière la caméra (c’est son troisième film), une histoire plutôt intrigante, Bob Mitchum dans le rôle principal, avec à ses côtés Jane Greer et face à lui ce bon gros William Bendix. Même le titre français sonnait bien à mes oreilles, et m’attirait depuis bien longtemps… Mais là, c’est une grosse déception. Pas une seconde je n’ai cru à cette histoire d’un officier accusé de vol, poursuivi par son supérieur ; le suspense ne fonctionne pas vraiment non plus ; et les rebondissements sont énormes et assez incroyables…

Bref, on ne s’ennuie pas vraiment : Mitchum est là, et sa désinvolture légendaire assure l’essentiel. Et puis Siegel, même jeunôt, connaît parfaitement son métier. Il parsème son film de poursuites et bagarres plutôt efficaces (celle du début notamment, entre Bob et Bendix, est assez réjouissante). De toute façon, pas le temps de s’ennuyer : le film est trop court pour cela. Mais on en sort avec un sentiment appuyé de frustration. On attendait autre chose de cette rencontre, unique, entre l’un des plus grands acteurs de films noirs, et un cinéaste qui allait devenir une référence du polar sec et violent des années 60 et 70.

Bon, allez, disons que je n’étais pas bien luné ce soir-là, et que le film n’est pas si mal… Sûr que je m’y recollerais dans quelque temps…

The Locked Door / Le Signe sur la porte (The Locked Door) – de George Fitzmaurice – 1929

Posté : 26 septembre, 2010 @ 6:41 dans 1920-1929, FITZMAURICE George, STANWYCK Barbara | Pas de commentaires »

The Locked Door / Le Signe sur la porte (The Locked Door) - de George Fitzmaurice - 1929 dans 1920-1929 the-locked-door

J’ai toujours eu un avis très nuancé à propos de Barbara Stanwyck, mais il faut bien que je me rende à l’évidence : c’est une immense actrice. Dès ce Locked Door, souvent considéré comme son tout premier film (elle avait en fait déjà  fait une apparition dans un film muet, quelques mois plus tôt), elle réussit une performance magnifique. Le rôle, pourtant, n’était pas facile.

Jeune femme bien mariée, elle tente d’oublier que, quelques mois avant de rencontrer celui qu’elle allait épouser, elle avait été embarquée par la police alors qu’elle passait la soirée avec un séducteur qui avait tenté d’abuser d’elle, et de la faire boire (on est alors en pleine Prohibition). Cet épisode de sa vie paraît bien loin, mais le séducteur réapparaît, au bras de la jeune sœur de son mari. Elle tente de convaincre le bellâtre de se retirer, et c’est là que le cauchemar commence : alors que Barbara est chez le séducteur, son mari arrive, lui aussi pour inciter l’homme à oublier sa sœur. Barbara se cache, une bagarre éclate entre les deux hommes, un coup de feu retentit. Le mari a abattu le salaud. Ignorant la présence de sa femme, il efface les traces, sort de l’appartement, et ferme la porte à clé, enfermant Barbara, obligée d’appeler la police…

On sent bien que l’histoire est parfaitement taillée pour le théâtre. C’est d’ailleurs le cas : le film de Fitzmaurice est adapté d’une pièce de Channing Pollock. On pouvait donc s’attendre au pire : en ces premiers mois du cinéma parlant, la majorité des films reposaient entièrement sur l’attrait du son, oubliant le plus souvent la forme et le langage cinématographique. Les adaptations paresseuses de pièces de théâtre étaient alors légion. Surprise, donc : The Locked Door n’a rien de paresseux, et se révèle même une très grande réussite (peu de films parlants de 1929 peuvent être qualifiés de la sorte). Le réalisateur parvient à instaurer une belle ambiance angoissante dès les premières séquences. Les comédiens (exception faite de l’immense Barbara Stanwyck, bien sûr) sont un peu fadasses, mais ils sont tous d’un naturel étonnant dans les scènes dialoguées, parfaitement crédibles alors que l’influence déclamatoire du théâtre était très répandue au début du parlant.

Et puis, donc, il y a Barbara Stanwyck, dont le regard d’abord enthousiaste, puis paniqué, des premières séquence, est inoubliable. Cette actrice, qui naît avec le parlant, est paradoxalement particulièrement bouleversante dans les scènes muettes. L’une de ces scènes, en particulier, est à montrer dans toutes les écoles de comédie : lorsqu’elle se rend compte qu’elle est enfermée avec un cadavre, et qu’elle ne pourra éviter ni la police, ni les soupçons de son mari, ni le scandale… Le visage de l’actrice qui se décompose peu à peu vous glace littéralement le sang. C’est du très grand art.

On peut aussi souligner la présence, dans le rôle de la réceptionniste, de Zasu Pitts, vedette comique depuis le début des années 20, dont la dégaine inimitable apporte une légèreté bienvenue dans des séquences plutôt dramatiques.

1...301302303304305...308
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr