And now… Ladies and gentlemen – de Claude Lelouch – 2002
Lelouch, qui aime les castings inattendus, forme ici un couple que seul lui pouvait imaginer : Patricia Kaas (dans son seul rôle au cinéma à ce jour, elle qui avait participé à la bande originale des Misérables) et Jeremy Irons, deux destins qui se croisent en dépit de toute évidence, comme le cinéaste les aime. Ajoutez à ces deux têtes d’affiche Thierry Lhermitte, Claudia Cardinale, Jean-Marie Bigard, Alessandra Martines ou Yvan Attal, et vous obtiendrez ce qui est sans doute l’affiche la plus improbable de cette année-là.
On est en terrain connu, puisque Irons interprète l’un de ces voleurs-gentlemen qui peuplent la filmographie de Lelouch, et Patricia Kaas une chanteuse de cabaret, comme beaucoup d’autres héroïnes lelouchiennes, histoire de placer une nouvelle fois la musique et la chanson au cœur de ce film conçu comme une comédie musicale : même mouvement envoûtant, qui nous emporte comme une symphonie.
Mais la musique dégage ici un curieux sentiment de malaise. La romance paraît classique : c’est le destin croisé de deux êtres que tout oppose, mais que la même tumeur au cerveau rapproche à l’autre bout du monde. Mais la passion semble constamment contrariée par le mal-être qui touche ces deux personnages revenus de tout.
Le film reste ainsi toujours à la surface de la passion, au risque parfois de frustrer. Mais Lelouch maîtrise parfaitement l’art de la narration cinématographique. Et il sait transformer des épisodes parfois totalement insignifiants en pure moment de magie, qui en disent beaucoup sur les personnages. C’est le cas de ces nombreuses scènes de cabaret où, le temps d’une chanson (elle aussi très lelouchienne) Kaas se dévoile plus que dans n’importe quel dialogue.
Les chansons, merveilleusement utilisées comme toujours dans le cinéma de Lelouch, sont particulièrement réussies. Elles collent parfaitement à la personnalité de Patricia Kaas, très juste dans ce rôle écrit pour elle. Elle semble même être la raison d’être de ce film imparfait mais touchant, illuminé par le soleil et le sable marocains, et par la blondeur de la chanteuse.