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Archive pour la catégorie 'GRANGIER Gilles'

Le Sang à la tête – de Gilles Grangier – 1956

Posté : 8 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Sang à la tête

En état de grâce, Grangier, pour cette adaptation d’un roman de Simenon. On sait le réalisateur très inégal, mais ce film là est clairement l’un des sommets du gars, un film où ses défauts de certains films deviennent de grandes qualités. En gros : cette manière de ne rien filmer, qui s’apparente trop souvent à de la nonchalance.

Ici, ces riens sont pour le coup très simenoniens (ou simenonesques ?). Une manière de planter le décor, de nous rendre familier les personnages et leur environnement, tout en faisant grandir une tension, jusqu’à l’extrême.

Gabin est absolument formidable dans le rôle d’un ancien ouvrier du port de La Rochelle devenu bourgeois et patron à force de travail, dont la femme disparaît sans crier gare. Crime ? Tromperie… Grangier devient un digne double de Simenon, et met en scène les rumeurs, les mesquineries, la bourgeoisie un peu raide, comme les bouges grouillants de vie.

Le film est vrai, et fort. Gabin l’est aussi, d’une justesse parfaite, bien servi par les dialogues d’un Audiard qui, pour une fois, se met au service de l’atmosphère et des personnages au lieu de faire le malin. Pas de grandes répliques à glisser dans un almanach, donc, mais des mots qui frappent fort et qui sonnent juste. A l’image du film, donc, beau Grangier, belle adaptation de Simenon, belle peinture du port de La Rochelle, beau Gabin.

Sous le signe du taureau – de Gilles Grangier – 1969

Posté : 4 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Sous le signe du Taureau

Se lancer dans une intégrale Jean Gabin et enchaîner ses films permet de dénoncer quelques idées reçues : non, Gabin ne s’est pas enfermé dans un même rôle à la fin de sa carrière. Il a même gardé jusqu’au bout une envie manifeste de se renouveler, d’incarner de nouveaux personnages, et de varier les registres.

Il y a cela dit des nuances encombrantes, à commencer par cette fidélité jusqu’au-boutiste avec des réalisateurs au talent discutable. Grangier n’est pas le pire, mais il n’est ni Duvivier, ni Decoin, ni Renoir (à qui on pense brièvement lorsque Gabin retrouve Fernand Ledoux dans une scène sympathique, trente ans après La Bête Humaine). Sa mise en scène n’est pas pas la plus mollassonne de sa carrière, mais elle souffre d’un handicap de plus en plus lourd en cette fin des années 1960 : les dialogues d’Audiard.

Le dialoguiste peut être brillant. Mais il peut aussi être insupportable lorsqu’il sacrifie tout sens narratif et toute vérité dramatique au seul profit de bons mots trop écrits. Gabin en scientifique, c’est déjà une gageure. Mais avec ce verbe-là, populaire, lettré et ironique, c’est un naufrage assuré.

Voilà le principal problème de ce film qui promettait mieux sur le papier. Jamais on ne croit à cette histoire d’un scientifique qui court après des financements, parce que jamais on ne croit vraiment au personnage.

A de rares occasions, Gabin laisse entrapercevoir ce qu’aurait pu être le personnage (et le film) : un type inadapté aux contraintes économiques du monde dans lequel il vit. Une scène dans les embouteillages, où Gabin baisse la garde et affiche une réjouissante immaturité, parenthèse que rien n’annonçait, et qui n’aura pas vraiment de suite.

Sous le signe du Taureau a quand même tout du rendez-vous manqué. Il sonne aussi comme une fin d’époque pour Gabin qui connaît l’un de ses plus gros échecs populaires, et ne tournera plus avec Grangier, ni avec Audiard si ce n’est pour sa réalisation Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Gas-Oil – de Gilles Grangier – 1955

Posté : 3 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Gas-Oil

On a connu Jeanne Moreau meilleure incarnation du féminisme que dans ce Gas-Oil. Elle y est une femme libre bien de son époque, pourtant, institutrice qui préfère prendre un amant plutôt qu’un mari. Audacieux ? Pas pour longtemps. L’objectif d’une vie de femme, c’est quand même avant tout de faire des bons petits plats pour son homme, et de se lever avant lui pour lui préparer son café…

Bon… C’est Audiard et Grangier au scénar, ceci explique en partie cela (le film est adapté d’un roman de Georges Bayle). Comme ça explique le rythme très tempéré du film : Grangier est un réalisateur qui n’aime pas trop bousculer ni ses acteurs, ni ses spectateurs.

D’une histoire digne d’un film noir (après une mauvaise rencontre de nuit, un routier sans histoire devient la cible de tueurs), Grangier tire une chronique nonchalante du quotidien de ces routiers qui se lèvent tôt, roulent des heures, et se retrouvent dans des petits restos de bord de route.

C’est parfois assez réussi, grâce à des petits détails qui soulignent l’aspect rude de ces vies : les réveils difficiles, le froid, la lassitude… Les comédiens, pour le coup, y sont pour quelque chose. Gabin en tête, bien sûr, qui a l’air de ne rien faire mais qui, mine de rien, renouvelle son personnage film après film. Il est touchant ici, lorsque le solide gaillard se met à minauder comme un ado devant son amoureuse, Moreau.

Mais quand même. Grangier prend son temps, privilégie les digressions à l’intrigue (au point qu’on finit par se demander s’il n’a pas oublié son histoire en cours de route), mais n’a pas grand-chose à montrer à côté. Surtout, il n’a pas le talent humaniste d’un Duvivier. Le résultat est donc plaisant, percutant à de rares moments (le guet-apens final sur la route), anodin à d’autres. Sympathique et inégal.

Le Cave se rebiffe – de Gilles Grangier – 1961

Posté : 26 septembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Cave se rebiffe

Gabin, Grangier, Audiard, Simonin… La routine, quoi, pour ce polar 60s taillé sur mesure pour la star. Surprise ? Néant. Plaisir ? Raisonnable, malgré tout. Gabin est dans sa zone de confort, et n’en sort jamais. Audiard lui taille des dialogues improbables qui font se pâmer une partie des spectateurs (« Si la connerie se mesurait, il serait le mètre-étalon »). Et Grangier emballe tout ça en faisant bien attention de ne jamais bousculer.

C’est assez typique d’une partie de la filmographie de Gabin, ces années-là : cette zone de confort que rien ne vient perturber. Il y a dans Le Cave se rebiffe cette ambiance confortable que la Nouvelle Vague pointera du doigt avec tant de virulence, souvent avec excès, parfois avec beaucoup de mauvaise foi. Difficile quand même de ne pas reconnaître que ce cinéma-là est bien paresseux, au point d’en être franchement agaçant.

Et on sent bien que Gabin n’est pas étranger à cette ambiance. Il fait le boulot, mais en service minimum, comme si à ce stade de sa carrière il ne voulait surtout pas qu’on le bouscule. OK, mais on accepterait bien volontiers de se faire bousculer un peu plus que ça… Gabin n’arrive d’ailleurs que tardivement dans l’histoire, tiré de sa retraite par un Blier nettement plus impliqué, qui lui vole la vedette dans pas mal de scènes.

Même en dilettante, il reste meilleur que bien des acteurs, Gabin, et le film se regarde avec un plaisir paresseux. Mais il n’y a guère que face à Françoise Rosay que la star laisse apparaître autre chose que cette routine confortable : comme un éclair nostalgique entre ces vieilles badernes lancées dans un dernier baroud d’honneur…

Le Gentleman d’Epsom – de Gilles Grangier – 1962

Posté : 30 juin, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Gentleman d'Epsom

Grangier, Gabin… L’association des deux a donné quelques belles réussites. Mais pas que. Eh ! Tout n’est pas à jeter dans Le Gentleman d’Epsom, qui se regarde avec un plaisir distendu, mais parfois bien réel. Mais quand même : entre un Gabin qui gabinise en roue libre, et un Michel Audiard qui s’écoute écrire des dialogues qui la ramènent, c’est un film estampillé « cinéma à papa », très anodin.

C’est d’ailleurs assez remarquable de constater que le film se termine comme il a commencé, avec des personnages qui n’ont pas changé d’un iota en cours de route, qui n’ont ni avancé, ni reculé. Le mot « fin » apparaîtrait cinq, dix, ou quinze minutes plus tôt que, franchement, ça ne ferait pas une grande différence.

Grangier, qu’on a connu nettement plus inspiré (Le Rouge est mis), se contente d’une mise en scène purement fonctionnelle, totalement au service de sa star, qu’il ne dirige pas. Mais c’est Gabin. Alors il a beau cabotiner à mort, eh bien c’est Gabin, et il assure le spectacle, dodeline en déclamant, avec une diction et une démarche nonchalantes qui donnent son rythme au film.

Et puis, peut-être parce qu’on guette, on se surprend à le trouver émouvant dans la séquence centrale avec Madeleine Robinson (très bien), grande dame et ancien amour, pour qui il joue les rupins alors qu’il vit d’escroqueries et de frimes. Soudain, face à cette incarnation d’une jeunesse disparue, un peu de fragilité apparaît, et c’est assez beau.

Beau, et furtif. Le film se concentre nettement plus sur les champs de course où sévit le « gentleman », et où le béotien peut ne pas vibrer. On se rattrape sur les seconds rôles, sympas (Paul Frankeur, Jean Lefebvre…), sur quelques moments plutôt marrants, et on oublie au passage les grimaces insupportables d’un De Funès que le film résume à une caricature de lui-même, bruitages compris dans sa première scène. Le film, de toute façon, ne vaut que par et pour Gabin.

Le Rouge est mis – de Gilles Grangier – 1957

Posté : 6 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Rouge est mis

Gabin en braqueur à l’apparence bourgeoise, Lino Ventura en petite frappe dangereuse, Annie Girardot en jeune femme fatale, Paul Frankeur en comparse un peu lâche, Marcel Bozzufi en petit frère encombrant… On est en terrain connu avec ce polar adapté par lui-même d’un roman d’Auguste Le Breton, dont on sait d’emblée qu’il se terminera mal.

Rien de surprenant ? Au contraire. Il y a dans ce film des tas de détails que la caméra de Grangier sait admirablement capter, et qui donnent un ton différent, original, à cet excellent polar. Un bref passage dans un marché populaire plein de vie, une discussion inattendue autour d’actions qui montent ou qui baissent, ou encore une scène totalement inutile avec des cyclistes du dimanche que Gabin regarde partir avec une bienveillance un rien nostalgique…

Il y a de la vie dans Le Rouge est mis. Un savoir faire évident, une efficacité imparable, mais surtout de la vie, que l’on ressent dans chaque scène, et qui a pour effet de renforcer les émotions. Lors du braquage qui ouvre le film, le sentiment de danger est ainsi palpable, sentiment plus fort encore lors de la course poursuite avec les motards de la police. Les face-à-face entre Girardot et Bozzuffi sont elles aussi très fortes, dans un tout autre registre. Jusqu’à la séquence finale, haletante, désespérée et forcément tragique.

Quant à Gabin, il est formidable. A la fois totalement lui-même tel qu’on se l’imagine, et toujours un peu différent : une manière d’être à la fois dur, voire dénué d’empathie, mais aussi humain voire fragile. Il faut voir son regard surpris après s’être pris une giffle par sa mère, ou son regard implorant lorsqu’il rattrape enfin Ventura dans la dernière séquence. Toujours grand, Gabin. Et devant la caméra de Grangier, c’est du bonheur.

Le Désordre et la nuit – de Gilles Grangier – 1958

Posté : 7 décembre, 2016 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, DARRIEUX Danielle, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Désordre et la nuit

Grangier réussit avec Le Désordre et la Nuit ce qu’il échouera à faire dans Maigret voit rouge : réaliser un polar jazzy, sorte de synthèse entre le polar à la française et le film noir, entre les ambiances envoûtantes du film de genre et un cinéma vérité en avance sur la Nouvelle Vague.

L’omniprésence de la musique dans ce Paris de la nuit donne un ton radicalement différent au genre, avec ces longs numéros de cabaret et ces gros plans fiévreux sur les musiciens, les danseurs ou les chanteuses (noirs). Loin de l’image de « cinéma de papa » que la Nouvelle Vague, justement, a injustement accolée à Grangier comme à quelques autres (qui gravitaient le plus souvent autour de Gabin), ce film permet en tout cas de tempérer ce jugement, un peu trop définitif et en tout état de cause franchement injuste.

Gabin, lui, est impeccable. Avec un bémol, quand même : le « personnage » Gabin est tellement fort, que la posture qu’il trimballe alors de film en film dépasse les talents immenses de l’acteur. Aussi parfait soit-il, on a quand même du mal à l’imaginer en flic alcoolo, craspouille et bordeline comme il nous est présenté. Le voir est un pur bonheur. Mais le film aurait sans doute été très différent avec un autre acteur, à l’image plus malléable que le « monstre Gabin ».

Avec En cas de malheur et Voici le temps des assassins, le film pourrait en tout cas conclure ce qui ressemble à un formidable triptyque, autour d’un même thème : Gabin l’homme mûr tombant amoureux d’une jeune femme trop jeune et trop femme. Trois films forts, aux tons et aux conclusions très différents, et où Gabin trouve finalement des rôles assez différents.

Il y a aussi le plaisir de retrouver Danielle Darrieux, l’une des rares actrice dont on peut se demander si le personnage est le symbole même de l’élégance, ou la plus grande des salopes…

Le film est aussi aussi par les excellents dialogues de Michel Audiard, du petit lait dans la bouche de Gabin : « Et après, qu’est-ce que ça fait un flic ? – ça téléphone, et ça rentre. »

Maigret voit rouge – de Gilles Grangier – 1963

Posté : 13 novembre, 2015 @ 1:44 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANGIER Gilles, Maigret | Pas de commentaires »

Maigret voit rouge

Quatre ans seulement ont passé depuis L’Affaire Saint-Fiacre. Pourtant, tout semble avoir changé dans ce nouveau Maigret, le troisième et dernier interprété par Jean Gabin (curieusement, le dernier interprété par un acteur français au cinéma, d’ailleurs). Delannoy et Audiard sont partis, remplacés par Gilles Grangier à la caméra et au scénario.

Pas un manchot, cela dit : le réalisateur nous offre quelques belles séquences nocturnes, joliement photographiées, tendues et pleines de suspense. Quant à l’adaptateur, ses dialogues « à la Audiard » le sont trop pour ne pas sonner un peu faux. Gabin, d’ailleurs, n’y croit pas trop, à ces dialogues : ses mimiques habituelles semblent un peu forcées ici. Un détail, cependant. Parce que le polar est réellement très efficace, le rythme ne baisse jamais, et la violence et le danger sont constamment palpables dans les rues de Paris.

Mais plus que l’absence de Delannoy et Audiard, c’est celle de l’atmosphère chère à Simenon que l’on regrette, et l’esprit même de Maigret. La silhouette massive et voûtée est bien là, mais pas cette lassitude et ce doute permanents qui font la richesse du personnage, et qui faisaient le charme des deux précédents films.

On le comprend bien d’ailleurs : cette fois, Maigret est confronté à des adversaires différents, des étrangers, des Américains, qui prennent les rues parisiennes pour « le Chicago de la Prohibition », dixit Maigret. Ce qui est au cœur de la plupart des « Maigret », cette lente immersion dans un microcosme dont il découvre peu à peu les secrets, n’a plus de raison d’être. On est ici dans l’environnement du commissaire, où la violence fait une incursion brutale.

Le sujet aurait pu être intéressant, comme aurait pu l’être la confrontation du traditionnel Maigret avec la culture américaine, le culte des gangsters, le jazz et le bowling. Mais tout ça n’est qu’un décor, et le polar est d’avantage un « Gabin » qu’un « Maigret ». Un bon Gabin d’ailleurs, mais sans grande surprise, et forcément très frustrant pour les amoureux de Maigret et Simenon.

* Voir aussi Maigret tend un piège et Maigret et l’affaire Saint Fiacre.

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