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Archive pour la catégorie 'DWAN Allan'

L’Aigle des frontières (Frontier Marshall) – de Allan Dwan – 1939

Posté : 27 mai, 2015 @ 5:55 dans 1930-1939, BOND Ward, CARRADINE John, DWAN Allan, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

L'Aigle des frontières

En l’espace d’à peine douze ans, le livre de Stuart N. Lake évoquant la rencontre de Wyatt Earp et Doc Holiday, et le fameux duel à O.K. Corral a été adapté trois fois : en 1934 par Lewis Seiler, en 1939 par Allan Dwan, et bien sûr en 1946 par John Ford avec le mythique My Darling Clementine. Si le film de Ford est incontestablement au-dessus du lot, celui de Dwan est plutôt pas mal non plus.

A l’exception notable de quelques scènes de dialogues particulièrement raides et manquant singulièrement de conviction, ce Frontier Marshall deuxième du nom est même une petite merveille de concision au rythme parfait. L’éternelle question de la véracité des faits qui nous sont présentés a peu d’importance : les innombrables films évoquant le parcours de Wyatt Earp adoptent à peu près tous des vérités différentes. Mais le mythe Earp est bien là, tout comme son amitié dangereuse avec Holiday, interprété ici avec sobriété par César Romero.

Difficile quand même de ne pas penser au film de Ford : ce dernier s’est visiblement inspiré de pans entiers du film de Dwan, en particulier dans la première moitié. Cela donne d’ailleurs quelques scènes passionnantes au regard du film de 1946, les deux s’enrichissant mutuellement : voir par exemple le rôle plus important donné ici à Indian Charlie, l’ivrogne que Earp met hors d’état de nuire au début du film et qui l’amène à devenir shérif, qui n’apparaîtra que brièvement chez Ford, mais qui a ici un rôle nettement plus conséquent. Il s’agit d’ailleurs du même acteur dans les deux films, Charles Stevens.

Un autre acteur apparaît dans les deux films (ainsi que dans celui de Lewis Seiler), mais dans des rôles différents : le fordien Ward Bond, qui se contente ici d’une apparition. Autre figure fordienne : John Carradine, évidemment en bad guy.

Quant à Randolph Scott, dans le rôle de Earp, il est aux antipodes des fêlures de Henry Fonda. Raide et sûr de lui, souriant et visiblement sans démon, pas vraiment du genre à se coucher face aux coups de feu. Il reste droit sans chercher à esquiver les balles dans des scènes de fusillade, souvent nocturnes, sèches et brutales. Étonnantes et remarquables.

* DVD dans la collection Westerns de Légende chez Sidonis-Calysta, avec les présentations habituelles par Patrick Brion et Yves Boisset.

Surrender (id.) – de Allan Dwan – 1950

Posté : 25 mai, 2015 @ 4:02 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

Surrender

Le film s’ouvre sur une séquence visuellement magnifique : une poursuite nocturne dans une sorte d’entrepôt, aux jeux d’ombre impressionnants. En quelques secondes seulement, Dwan plante son décor : un dangereux jeu de dupe où le danger et la suspicion sont de rigueur.

La suite est plus conventionnelle. Esthétiquement, en tout cas, parce que Dwan, cinéaste inégal mais génialement gourmand et généreux, s’autorise tout. Jusqu’à transformer son acteur vedette John Carroll en chanteur de charme déclamant des vers romantiques avec une voix de baryton totalement inattendue, alors que le ton du film est ouvertement sombre.

C’est tout ce qui fait le charme de cette production aux moyens limités : afficher une belle liberté, ouvrir le champs à toutes les dérives possibles. Dwan est réputé pour son amour des tournages, qu’il a enchaîné inlassablement durant cinquante ans. Son plaisir est communicatif, cette fois encore, même s’il a dû diriger des comédiens dont il ne voulait pas : Vera Ralston (imposée par le producteur qui voulait en faire une grande star), et John Carroll (à qui le producteur devait de l’argent, et qui se remboursait en s’imposant en tête d’affiche).

Un peu agaçante avec son regard de biche endormie, Vera Ralston est finalement plutôt convaincante dans le rôle de cette femme qui sait se faire aimer pour arriver où elle veut : au plus haut, quitte à laisser des cadavres autour d’elle. Quant à John Carroll, avec ses faux airs d’Orson Welles au rabais, il est irréprochable, même s’il manque un peu de charisme.

Mais le film tient remarquablement sa route sinueuse, oscillant constamment entre le film noir et le western, entre légèreté et noirceur. Jusqu’à un final qui évoque à la fois celui de Duel au soleil et celui de Pour toi j’ai tué. Un western et un film noir, donc.

La Femme qui faillit être lynchée (Woman thez almost lynched) – d’Allan Dwan – 1953

Posté : 21 mai, 2015 @ 4:04 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Femme qui faillit être lynchée

En plein dans sa période « westerns de femmes », Allan Dwan signe une nouvelle perle noire, totalement en marge dans la production westernienne de l’époque, alors foisonnante. Un an avant le célèbre Johnny Guitare de Nicholas Ray, ce sont les femmes qui tiennent la baraque (et les flingues) devant la caméra de Dwan.

Il n’est pas tout à fait le premier : l’année précédente déjà, Fritz Lang avait fait de Marlene Dietrich un personnage dominateur dans son Ange des maudits. Mais rarement les femmes auront tenu des rôles aussi moteurs que dans La Femme qui faillit être lynchée, où elles ne sont plus soumises au diktat des hommes. Jusqu’à assurer elles-mêmes le traditionnel duel aux revolvers dans une rue médusée.

Il y a une explication « historique » à cela : les hommes sont occupés à faire la guerre. L’histoire se déroule dans une ville située sur la frontière entre le Nord et le Sud, et dirigée d’une main de fer par une matrone bien décidée à faire respecter la neutralité des lieux. Les hommes que l’on croise sont ainsi des joueurs professionnels sans envergure, des espions… ou des hors-la-loi parmi lesquels un tout jeunôt Jesse James, et le fameux Quantrill, que Brian Donlevy interprète une nouvelle fois après Kansas en feu.

Mais le coeur du film, c’est bien l’affrontement entre deux jeunes femmes : la brune Joan Leslie et la blonde Audrey Totter. La première arrive de l’Est le coeur pur et plein d’espoir, mais ne tarde pas à se heurter à la cruauté de la vie à l’Ouest. La seconde a été la fiancée du frère de la première, avant d’être enlevée par Quantrill, qu’elle a finit par épouser, en même temps que cruauté.

L’histoire est hautement improbable, mais il y a dans ce petit western sans grand moyen une formidable générosité, qui pousse Dwan à nous gratifier de beaux morceaux de bravoure (une attaque de diligence, la mort du frère…), mais aussi à offrir d’inattendus intermèdes musicaux. Absolument réjouissant.

La Belle du Montana (Belle LeGrand) – d’Allan Dwan – 1951

Posté : 17 avril, 2015 @ 7:14 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Belle du Montana

Une jeune femme est condamnée à une peine de prison pour un meurtre commis par son mari, qui s’est enfui. Des années plus tard, devenue la riche propriétaire d’un salon de jeux, son passé la rattrape lorsqu’elle retrouve sa petite sœur, devenue chanteuse lyrique, et qui ignore tout d’elle…

Au début des années 50, Allan Dwan semble se faire une spécialité du western féminin, si ce n’est féministe. Celui-ci, totalement méconnu aujourd’hui, est une rareté assez réjouissante. Un « véhicule » à la gloire de Vera Ralston, dont le producteur voulait faire une grande star hollywoodienne.

On ne peut pas dire que la postérité lui aura réservé une place de choix. Mais l’actrice révèle une présence et une épaisseur hors du commun dans ce rôle en or. On peut quand même douter du caractère « féministe » du film. Car aussi fortes et dirigistes soient-elles, le bonheur pour elles ne se trouvent qu’au bras d’un bel homme, en l’occurrence John Carroll, très à l’aise dans son rôle de jeune premier plein de fougue et d’assurance.

La Belle du Montana est en tout cas un drôle de western, dont l’essentiel de l’action se déroule dans de luxueux salons, voire dans les arcanes de la bourse ; et où les règlements de compte se font à coups de ventes d’actions boursières… On a bien quelques plans furtifs sur la ville de mineurs, deux ou trois coups de poings, et quelques coups de feu plus ou moins anecdotiques. Mais à part une impressionnante séquence dans la mine en flamme, l’action du film est le plus souvent cantonné dans les dialogues et les non-dits entre les personnages.

Et c’est franchement passionnant, grâce à un scénario malin, et une mise en scène constamment inventive. Belle qui change sa bague de main pour se porter chance, les beaux gros plans sur le visage de Vera Ralston… On pourrait énumérer longtemps la richesse du film. Il y a, surtout, deux travellings absolument magnifiques…

Le premier suit la lente et lourde marche de la jeune héroïne à travers un quartier noir, alors qu’elle vient d’être libérée après cinq années passées en prison. De cet emprisonnement, on ne verra pas la moindre image. Mais ce plan sublimement construit, baignant dans une lumière curieusement voilée, en dit plus sur le poids de ces années que toutes les images de souffrance possible…

Le second est plus simple, mais tout aussi fort. Alors que des mineurs sont coincés au fond du trou, la caméra balaye les visages angoissés de leurs femmes qui attendent de savoir qui remontera, et qui fera une veuve… Ce plan silencieux est d’une beauté sidérante, et redonne à la femme, souvent en retrait dans le western, une vraie profondeur.

La Ville de la Vengeance (The Restless Breed) – de Allan Dwan – 1958

Posté : 3 novembre, 2014 @ 6:29 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Ville de la Vengeance

Etonnant western que ce film tardif de Dwann, l’un des derniers de l’auteur de Quatre étranges cavaliers. D’une trame on ne peut plus classique du genre (le fils d’un shérif assassiné de sang froid débarque dans la petite ville où a eu lieu le drame pour venger la mort de son père), Dwan tire une sorte d’OVNI cinématographique, qui oscille constamment entre les figures incontournables du genre et l’inattendu.

Dans le rôle du héros vengeur, Scott Brady est parfait, bloc de fureur intérieure et totalement déterminé, figure qui aurait beaucoup du personnage eastwoodien à venir, s’il n’y avait cette curieuse séquence d’introduction dans le bureau des services secrets américains, étonnante et un peu trop lourdement explicative, mais qui crée d’emblée une atmosphère différente.

Car ce qui intéresse Dwan dans ce film, c’est visiblement moins l’action et l’intrigue elle-même que les tourments intérieurs de ses personnages. A commencer par Brady bien sûr, dont la soif de vengeance est constamment confrontée aux paroles apaisantes de ceux qui ont bien connu son père et qui l’appellent à ne pas céder aux pièges de la haine. Il y a quelque chose de profondément apaisé dans ce film, même si Dwan cède au final aux attentes du spectateur en lui accordant l’exutoire qu’il espère…

Le plus important finalement dans ce film, c’est ce qui ne compte pas vraiment dans l’intrigue. Le personnage d’Anne Bancroft, jeune métisse élevée dans l’amour de son prochain et qui n’aspire qu’à vivre. Celui du révérend qui ne peut accepter que la violence qu’il abhorre tant apporte des solutions à ses problèmes. Et, surtout, deux images récurrentes tout au long du film.

La première : le portrait d’une danseuse très sexy immortalisée dans un mouvement plein de vie, accroché dans la mission tenue par le révérend. Qui est-elle ? S’agit-il d’Anne Bancroft elle-même, ce qui ferait du révérend un père d’adoption aux pensées particulièrement trouble ? Ou révèle-t-il un passé caché de cet homme d’église dont on nous a bien précisé qu’il n’avait pas été ordonné ? Les multiples plans fixes sur ce tableau, planant comme le souvenir d’une autre vie, donnent une dimension particulière à cet homme de bien plus trouble qu’il n’en a l’air.

Et puis il y a ce jeune homme par qui le malheur est arrivé : l’apprenti-pistollero qui passe la quasi-totalité du film à espionner les autres personnages, par la grille d’une fenêtre dans la mission, ou par la vitrine du saloon. Un pistolet à la main évoquant son probable destin de tueur, ou jouant avec une corde qui semble sceller son propre sort… Son regard trahit une envie d’en découdre, constamment contrariée par des éclairs de peur. Le personnage évoque un Robert Ford, l’assassin de Jesse James, et Dwan s’amuse à nous laisser croire que c’est vers un destin semblable qu’il se dirige.

Pourtant, le jeune homme reste jusqu’au bout étranger à l’action, curieux personnage dont l’aspect trouble s’impose comme un contrepoint au message de paix et de justice qui émane du film.

Jusque dans les détails, le film surprend : dans la manière dont Brady entre dans l’action, revolver déjà au poing, ou dans celle avec laquelle Dwan tire le meilleur de son budget réduit, utilisant ses décors eux aussi réduits à leur minimum (les rares paysages sont en fait des toiles peintes sur lesquelles se reflètent les ombres des acteurs) pour resserrer le drame humain et créer une sorte de promiscuité entre tous les personnages. Surprenant jusqu’aux toutes dernières images, avec un générique du fin qui me semble unique dans son genre, chaque personnage venant faire face au public dans l’encadrement d’une fenêtre, comme des comédiens de théâtre qui viendraient saluer le public…

Inédit en salles en France, et jusqu’à présent introuvable, La Ville de la Vengeance est bien plus qu’une simple curiosité. C’est un western déroutant, passionnant et assez fascinant.

• Le film fait partie de la dernière fournée des Westerns de Légende de l’éditeur Sidonis, avec la traditionnelle et toujours passionnée présentation de Patrick Brion, ainsi que celle d’un Yves Boisset qui n’apporte pas grand-chose d’intéressant.

Deux rouquines dans la bagarre (Slightly Scarlet) – d’Allan Dwan – 1956

Posté : 19 novembre, 2011 @ 4:41 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, DWAN Allan | Pas de commentaires »

Deux rouquines dans la bagarre (Slightly Scarlet) – d’Allan Dwan – 1956 dans * Films noirs (1935-1959) deux-rouquines-dans-la-bagarre

C’est la fin du second âge d’or de Dwan (après celle de la fin des années 20), celle de son association avec le producteur Benedict Bogeaus. Ensemble, les deux hommes ont signé quelques séries B hautement recommandables comme Tennessee’s Partner (peut-être le meilleur rôle de Ronald Reagan) et surtout Quatre étranges cavaliers, son chef d’œuvre. Pour Slightly Scarlet, Dwan choisit d’ailleurs la même vedette que dans les deux précédents : John Payne, « star de second plan » qui manque un peu de charme et de mystère, mais pas d’une vraie présence.

Dwan, qui ne tournera plus que cinq films inégaux à l’issue d’une carrière riche de plus de 400 titres, s’attaque ici à un monument du polar noir : James M. Cain, l’auteur des fameux Facteur sonne toujours deux fois, Assurance sur la mort et Mildred Pierce, autant de classiques qui ont donné lieu à des chef d’œuvre du cinéma. Le film est à mille lieues de ces trois chef d’œuvre, bien sûr, et a des défauts aussi énormes que ses qualités. Il ne manque en tout cas pas d’originalité…

La séquence qui sert de générique surprend et séduit d’emblée. La couleur, déjà, vive et inattendue dans un film noir (les exemples de film noir en couleurs sont rares : Péché mortel en 1945, Sueurs froides en 1958…). Et puis surtout l’entrée en scène des trois acteurs principaux, avec des gros plans et des arrêts sur image qui semblent isoler chacun d’entre eux, et introduit une esthétique un peu kitsch de roman photo.

Les deux rouquines du grotesque titre français sont deux sœurs pulpeuses et diablement séduisantes : Arlene Dahl, qui sort de prison (faute de moyens, la prison est représentée par une grille et un panneau posé sur une simple façade de maison) après avoir été condamnée pour vol ; Rhonda Fleming, la secrétaire hyper-sexy du favori des prochaines élections municipales. Et il y a le troisième larron, John Payne donc, dont les motivations resteront troubles jusqu’au dernier moment. Détective ? truand ? ange-gardien ? Rien de tout ça, ou tout à la fois, au choix… on sent bien qu’il est tiraillé entre le fric du truand pour lequel il bosse, et la poitrine avantageuse de Rhonda.

Le truand en question, un stéréotype sur pattes, est l’âme damnée du maire en place, et cherche à décrédibiliser son adversaire, pourquoi pas en révélant le casier judiciaire de la sœur de sa secrétaire… Ouais, c’est un peu tiré par les cheveux, mais c’est Cain qui l’a écrit, semble-t-il (j’avoue ne pas avoir lu le livre). Pourquoi pas, d’ailleurs, mais on a droit à tous les poncifs du genre : des types qui font la tête (ce sont les méchants), des gens très avenants (ce sont les gentils). Et au milieu, deux personnages tout de même très intéressants : celui de la petite sœur cleptomane (mais Arlene Dahl n’est pas vraiment à la hauteur du rôle), et celui de John Payne.

Slightly Scarlet est-il un bon film parfois maladroit, ou un pur navet ? Je suis incapable de le dire, mais, à la deuxième vision, le plaisir (un peu coupable) reste intact. Pourtant, il y a souvent de quoi rire dans cette espèce de parodie de film hard-boiled, où Payne sert la mâchoire et se prend quatre balles dans le corps quasiment sans moufter. D’ailleurs, les balles ne tuent pas dans ce film. Elles picotent bien un peu, mais elles ne sont jamais fatales. Contrairement à la simple baffe qui envoie un directeur de journal ad patres. Déroutant, je vous dis…

La Femme aux revolvers (Montana Belle) – d’Allan Dwan – 1948/1952

Posté : 8 août, 2011 @ 1:40 dans 1940-1949, 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Femme au revolver

Les Dalton et Belle Star réunis dans un même film… Il ne manque plus que Lucky Luke ! Sauf qu’il ne s’agit pas des Dalton réinventés par Morris, mais des vrais Dalton, qui étaient effectivement quatre frères hors-la-loi. Le film n’a toutefois pas grand-chose d’historique, et les liens qu’il dresse entre les célèbres frangins et Belle Star sortent tout droit de l’imagination des scénaristes.

Sorti en 1952 sous la bannière de la RKO, le film avait en fait été tourné quatre ans plus tôt pour une autre société de production. Mais le nouveau patron de la RKO d’alors, Howard Hughes, en avait aussitôt racheté les droits, bien décidé à maîtriser de A à Z la carrière de son égérie Jane Russel, qui n’avait quasiment rien tourné depuis ses débuts fracassants dans Le Banni, le western réalisé par Hugues lui-même en 1943.

Montana Belle est, il est vrai, une nouvelle pierre dans l’édification de la gloire de l’actrice. Dans le rôle très glamorisé de Belle Star, elle est au cœur (et le cœur) de ce film plutôt original, western romantique entrecoupé de morceaux musicaux (très réussis). L’actrice y est d’une sensualité redoutable, aussi séduisante en pantalons poussiéreux et chemise à carreaux (le maquillage évidemment impeccable) qu’en grande robe à froufrous, faisant tourner la tête de la moitié de la distribution masculine.

Recueillie par les Dalton, qui la sauvent de la pendaison, Bella Star finit par créer son propre gang, convaincue d’avoir été trahie par les frangins. Elle décide alors de braquer un saloon, dont le coffre est convoité par les Dalton. Plus tard, elle revient sur les lieux, se fait passer pour une grande dame, et tombe amoureuse du propriétaire des lieux, Tom Bradfield, que les banquiers ont justement chargé (va savoir pourquoi) d’arrêter le gang des Dalton…

Sur le papier, Tom Bradfield est le véritable héros de l’histoire. Mais à l’écran, il a les traits bouffis et antipathiques de Georges Brent, acteur dénué de charisme à qui les producteurs hollywoodiens se sont obstinés à confier des rôles de jeunes premiers (celui-ci est l’un de ses derniers). L’un des grands mystères de Hollywood…

Heureusement, Allan Dwan se concentre sur la belle Jane Russell. Le film n’a pas la force ni la perfection de Quatre étranges cavaliers, le chef d’œuvre du western que Dwan réalisera en 1954. Mais on retrouve dans les scènes de ville les mêmes qualités, le même génie dans l’utilisation des décors, et même l’un de ces travellings exceptionnels qui feront la réputation du cinéaste.

 

Quatre étranges cavaliers (Silver Lode) – d’Allan Dwan – 1954

Posté : 26 avril, 2011 @ 6:17 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

Quatre étranges cavaliers

S’il ne fallait voir qu’un seul film d’Allan Dwan (ce serait quand même dommage), alors que ce soit ce petit western de 75 minutes seulement, tourné avec peu de moyens dans le décor unique d’une petite ville, avec des comédiens de seconds plans. Parce que, mine de rien, Dwan signe un western immense, un film ouvertement politique, une étude sociologique incomparable, et tout simplement l’un des très grands films de la décennie.

Le film commence par un générique typique de western : une suite de plans montrant les étendues immenses et désertes de l’Ouest américain, comme pour dresser une frontière naturelle et infranchissable autour de cette petite ville dont on ne sortira plus jamais jusqu’au mot « fin ». Le premier plan à l’intérieur de la ville est magistral : une bande d’enfants joue aux billes, mais leur occupation innocente est troublée par l’arrivée de chevaux, dont on ne voit d’abord, comme les enfants eux-mêmes, que les sabots piétinant le calme de cette ville, Silver Lode, sur le point de célébrer la fête nationale, et le mariage de l’un des siens.

C’est d’ailleurs pour ce dernier, Dan Ballard (John Payne) que les cavaliers sont arrivés : la bande menée par McCarthy (Dan Duryea) se présente comme un groupe de marshalls venus pour arrêter celui qu’ils présentent comme un tueur recherché par la loi. Mais il ne faut pas longtemps pour se persuader que les hommes de McCarthy sont les vrais méchants du film, même si la population, elle, n’en est pas autant convaincue.

Mieux peut-être que Fritz Lang dans Furie, Dwan filme le processus implacable d’une foule en marche. Cette population qui, dans un premier temps, soutient sans faille ce Dan Ballard qu’elle a adopté mais que, au fond, elle ne connaît pas si bien que ça, en vient bientôt à s’interroger : après tout, il ne vit à Silver Lode que depuis quelques années, et nulle ne sait ce qu’il faisait avant. Et puis, pourquoi refuse-t-il de s’expliquer ? Les mauvaises langues se contaminent. Le doute gagne peu à peu tous les braves habitants, y compris ceux qui étaient prêts à mourir ou à bafouer la loi pour le défendre. Seules, la future femme de Ballard et une entraîneuse avec qui il a eu une aventure font front, malgré leurs différences, pour soutenir celui à qui la ville entière s’apprêtait à faire la fête, mais qu’elle cherche aujourd’hui à lyncher.

Jamais, peut-être, un western n’a aussi bien « visité » les moindres recoins de l’une de ces petites villes typiques de l’Ouest. Lancé dans une fuite en avant, dans une course contre le temps, Ballard parcourt cette ville dans tous les sens, dans des séquences d’une grande intensité. Dwan réussit notamment l’un des plus grands travellings de l’histoire du cinéma, la caméra suivant un John Payne courant à travers les rues tout en se dissimulant derrière les maisons, des tonneaux, un chariot… Une caméra toujours au service de l’histoire et de la tension dramatique, mais d’une virtuosité éblouissante.

On ne peut pas non plus passer à côté de la charge politique à la fois lourde et pleine de nuance : nous sommes en pleine Chasse aux Sorcières, et le fait que le personnage de Dan Duryea s’appelle McCarthy n’est évidemment pas un hasard. Comme le Sénateur du même nom a poussé les Américains à vivre dans la menace constante de son voisin, le faux marshall McCarthy détruit l’harmonie de Silver Lode en révélant la mesquinerie et l’inhumanité de ces habitants, prêts à lyncher l’un des leurs, puisqu’ils vivent dans un monde où un bout de papier a plus de valeur que la parole donnée…

Au premier comme au second degré, Quatre étranges cavaliers est un chef d’œuvre.

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