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Archive pour la catégorie 'EASTWOOD Clint (réal.)'

Impitoyable (Unforgiven) – de Clint Eastwood – 1992

Posté : 14 août, 2010 @ 2:03 dans 1990-1999, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.), WESTERNS | Pas de commentaires »

Impitoyable (Unforgiven) - de Clint Eastwood - 1992 dans 1990-1999 impitoyable

En cette bonne année 1992, cela faisait chaud au cœur de voir enfin les Oscars récompenser un grand film. Ce n’est pas si courant, l’Académie ayant recours au mauvais goût plus souvent qu’à son tour (pas besoin de chercher loin : cette même année, la statuette du meilleur acteur a échappé à Clint au profit d’Al Pacino pour Le Temps d’un week-end, qui n’est ni son meilleur film, ni sa meilleure prestation… mais il joue un aveugle, ce qui est le genre de trucs qui plaît bien aux votants). Bref, un grand film, signé par un cinéaste majeur enfin reconnu comme tel par son propre pays (Josey Wales, Honkytonk Man, Bronco Billy, Breezy, Chasseur blanc, cœur noir, Bird, les signes ne manquaient pas, pourtant, pour indiquer qu’Eastwood était un grand réalisateur dès les années 70)…

Mais oublions les Oscars, et replongeons-nous dans ce western crépusculaire dont on nous a dit et redit qu’il mettait un point final à la longue tradition du western. A vrai dire, le succès du film a surtout donné des idées à de nombreux cinéastes, et le genre, certes moribond depuis plusieurs décennies, a connu un nouveau souffle parfois enthousiasmant tout au long des années 90. Ce qui est vrai, c’est que Impitoyable est totalement dépouillé des ornements et du romantisme qui marquent le western depuis le temps du muet. Plus encore que John Ford avec L’Homme qui tua Liberty Valance, Eastwood démonte les mythes de l’Ouest sauvage un à un, avec une sorte de force tranquille impressionnante, et sans jamais forcer le trait.

Les images sont superbes, sans doute les plus belles qu’on ait pu voir dans le cinéma d’Eastwood. Mais elles sont aussi crues et froides, les gros plans mettant cruellement en valeur les rides des acteurs (à commencer par celles de Clint lui-même, dont le visage à lui seul porte toute la violence et la dureté de son passé). La manière dont le personnage de William Munny apparaît, père de famille vieillissant humilié par ses cochons, et incapable de monter à cheval ou d’utiliser son revolver, donne le ton : Eastwood ne se donne pas le beau rôle, pas plus qu’il ne va magnifier les autres personnages ou les situations. Quand Munny est au milieu des cochons, la boue n’a rien de glamour ; quand il tombe de cheval, c’est durement qu’il touche le sol. Plus tard, malade après avoir passé une nuit sous la pluie, c’est sans gloire et sans fierté qu’il rampera jusqu’à la sortie du saloon où Little Bill Daggett (Gene Hackman) se sera consciencieusement évertué à l’humilier.

Daggett est sans doute celui qui s’en sort mieux, dans le lot, même si sa fin n’a rien de glorieuse, et qu’il prend un plaisir visible à se défouler sur des hommes désarmés. Il est toutefois bien mieux traité que English Bob (Richard Harris), légendaire tueur d’Indien flanqué de son biographe officiel, et qui, après être apparu comme un pur héros de l’Ouest, est vite ramené (physiquement) au niveau du sol : battu et humilié, c’est piteusement qu’il quittera la ville. Le personnage de l’écrivain est particulièrement intéressant, car il symbolise mieux que quiconque le mythe de l’Ouest qui s’effondre, alors qu’il découvre que tout ce qu’il a écrit sur Bob est bien loin de la vérité, qui s’avère… moins héroïque. Dans l’Ouest sauvage, les duels à la John Wayne étaient visiblement plus rares que les exécutions dans le dos. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Eastwood tient ce langage dans ses westerns, mais jamais il ne l’avait fait avec une telle force, et avec autant de dépouillement.

Dans Impitoyable, la violence n’a rien d’esthétique, et la mort ne vient pas facilement. Cette fois, c’est le Kid de Schofield (Jaimz Woolvett) qui en fera les frais. Lui qui s’inventait un passé de tueur sans pitié se rendra compte que tuer n’est ni facile à faire, ni encore moins facile à encaisser. Qu’il faut du temps pour se vider de son sang, et que ceux qu’on est amené à tuer ne sont pas des monstres sans visage humain. L’un au moins des deux cow-boys que Munny et ses comparses doivent exécuter n’est qu’un gamin qui s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Sa mort derrière les rochers est une longue séquence particulièrement traumatisante.

Rien d’héroïque, donc, dans ce film constamment juste. Sans la froide exécution de son ami Ned (Morgan Freeman), Munny ne serait sans doute jamais revenu tuer Daggett. Ce n’est que par soif de vengeance (à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’une froide colère), et pas porté par un sens de l’honneur qui lui serait personnel, que Munny réapparaît alors, comme revenant des enfers, et qu’il redevient le tueur sans pitié qu’il était dans sa jeunesse. Et sa vengeance est une explosion de violence et de rage qui fait froid dans le dos.

Son ami et biographe Richard Schiekel raconte qu’Eastwood gardait le scénario d’Impitoyable depuis une dizaine d’années, pas seulement parce qu’il attendait d’avoir le bon âge pour le rôle (il a acheté les droits du script écrit par David Webb Peoples, scénariste de Blade Runner, au début des années 80, alors que l’option de Francis Ford Coppola avait posée venait d’expirer), mais aussi parce qu’il savait que le film lui assurerait succès et reconnaissance, si sa carrière venait à tourner en rond. Et au début des années 90, c’est exactement ce qui arrive. Bird et Chasseur blanc, cœur noir, ont été des échecs populaires « logiques », mais les films d’action qu’il a tourné à la même époque n’ont pas non plus rencontré leur public. Pink Cadillac, et c’est un cas unique dans sa filmographie, n’est même pas sorti dans les salles françaises. Quant à La Relève, qu’il tourne juste avant Impitoyable, c’est sans doute son plus mauvais film derrière la caméra.

Considéré comme fini par beaucoup, Eastwood connaît une véritable résurrection grâce à Impitoyable, qui marque le début de la partie la plus passionnante de sa carrière. Désormais, il sera totalement libre de faire ce qu’il veut, et les deux décennies qui suivent seront magnifiques.

• La Warner a édité un DVD collector très recommandable, dans lequel on retrouve un portrait de Clint filmé par Richard Schiekel, un très beau making of, et surtout un épisode de la série télévisée Maverick, datant de 1959, et dans lequel Clint Eastwood (qui s’apprêtait à commencer le tournage d’une autre série de western, Rawhide, dont il tiendra la vedette pendant sept ans) joue le méchant de service. Cet épisode marque sa première collaboration avec James Garner, la star du show, qu’il retrouvera quarante-et-un ans plus tard pour Space Cow-Boys.

Invictus (id.) – de Clint Eastwood – 2009

Posté : 13 août, 2010 @ 10:05 dans 2000-2009, EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Invictus (id.) - de Clint Eastwood - 2009 dans 2000-2009 invictus

Comment Clint Eastwood a-t-il pu réussir ce film ? Il y a dans le scénario d’Invictus une telle envie de démontrer, une telle volonté d’édifier Mandela en figure presque christique, que le film aurait dû sombrer dans le panégyrique. Mais non. Eastwood n’a à ce point plus rien à prouver, à ce stade de sa carrière, qu’il se moque éperdument des figures imposées. Aux grandes scènes « historiques », aux grands discours, Eastwood préfère les moments en apparence plus anodins, sans grande importance dans le déroulement de l’histoire. C’est ce qui fait le sel de la plupart de ses films (c’est particulièrement frappant dans Jugé Coupable), et c’est bien le cas ici. Les plus belles séquences sont celles que d’autres auraient évacué en quelques secondes, à commencer par l’entraînement dans les bidonvilles, une longue séquence muette et baignée par le soleil, simplement magnifique. On sent que c’est ce genre de scènes, cette confrontation entre les noirs très pauvres et les blancs très privilégiés qui a inspiré Eastwood.

Pour autant, Clint ne filme pas les séquences de rugby par-dessus la jambe (comme il avait littéralement expédié celles de boxe dans Million Dollar Baby). Filmées à hauteur d’homme, ces scènes sont même particulièrement belles et réalistes. Pour peu, on sentirait la sueur. D’ailleurs, Invictus peut être considéré comme le premier vrai « film de sport » d’Eastwood, qui n’avait jamais témoigné d’un amour extrême pour ce sous-genre cinématographique. A une différence prêt : généralement, le sport permet à un personnage de se dépasser et de renaître meilleur. Ici, c’est tout un pays qui surmonte la honte et la haine grâce au rugby. La démonstration pourrait être édifiante, elle est constamment juste, grâce à l’infinie délicatesse du cinéaste Eastwood, qui se sort avec brio des scènes les plus imbuvables sur le papier : la complicité naissante entre un policier blanc visiblement peu tolérant et un petit garçon noir en marge de la finale ; le respect qui finit par s’installer entre les garde du corps de Mandela et ceux de De Klerk…

Beau et délicat, Invictus est à peine gâché par quelques écarts assez incompréhensibles d’Eastwood, tenté à deux reprises de créer un faux suspens qui n’a pas grand intérêt. Il n’y avait nul besoin de montrer cette camionnette menaçante, et encore moins ce pilote d’avion suspect, pour faire sentir que le pays est encore loin de la réconciliation, et que les tensions existent.

Pas de quoi bouder son plaisir, l’émotion est bien là, et jamais où on l’attend vraiment.

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