Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie 'CARPENTER John'

Fog (The Fog) – de John Carpenter – 1979

Posté : 10 février, 2014 @ 11:13 dans 1970-1979, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Fog

J’ai toujours eu un faible pour ce Carpenter-ci, moins célébré mais tout aussi remarquable que Halloween, tourné l’année précédente. On est dans la veine bricolo du cinéaste, la meilleure sans doute : celle de Prince des ténèbres, des petits budgets et des trucages à l’ancienne réalisés directement sur le plateau, sans utilisation d’effets numériques.

Cet aspect est primordial pour un film qui joue sur les peurs primales, celles d’un cauchemar enfantin. Avec sa séquence d’ouverture, sans doute la plus belle de toute sa filmographie, Carpenter invoque ses peurs enfantines avec lesquelles il aime continuer à jouer. Autour d’un feu de camp, un vieil homme étrange raconte une histoire à faire peur à un groupe d’enfants qui l’écoutent les yeux grands ouverts.

Cette scène toute simple mais absolument magnifique sonne comme un aveu amusé du cinéaste, qui n’a qu’une ambition ici : être ce raconteur d’histoire qui s’amuse à faire peur, quel que soit les moyens utilisés. Et Carpenter joue effectivement sur tous les niveaux, avec la même réussite.

Il fait sursauter avec des effets de surprise classiques mais superbement amenés : le prêtre joué par Hal Holbrook qui sort de l’ombre lorsqu’on ne s’y attend pas, un cadavre qui tombe du plafond alors qu’on l’attendait dans l’armoire… Il utilise d’autres moyens aussi : la lente marche des morts vivants, les nappes de brouillard phosphorescents (jolis effets) qui submergent la ville, et même quelques effets gores.

Surtout, Carpenter installe dès les premières images un sentiment d’angoisse qui ne nous lâche pas une seconde, grâce à une musique discrète mais lancinante, et surtout à ses magnifiques travellings (horizontaux ou verticaux) qui sont sa marque : de lents mouvements de caméra qui surprennent encore par leur élégance et par l’effet qu’ils a sur notre perception du film…

En faisant entrer le surnaturel dans la vie qu’une petite ville côtière sans histoire, par l’intermédiaire du plus anodin des moyens, le brouillard, Carpenter rend un hommage évident à l’un de ses maîtres, Hitchcock : Antonio Bay a tout du Bodega Bay des Oiseaux. Et l’arrivée de cette étrangère à la ville, jouée par Jamie Lee Curtis, évoque celle de Tipi Hedren, par qui le malheur arrive dans le film d’Hitchcock. Pas un hasard non plus si Carpenter offre un rôle à Janet Leigh, maman de Jamie Lee et autre héroïne hitchcockienne, à jamais marquée par sa douche dans Psychose.

Trente-cinq ans après, Fog reste d’une efficacité redoutable, l’un des Carpenter les plus représentatifs de son génie, et un vrai modèle de mise en scène.

The Thing (id.) – de John Carpenter – 1982

Posté : 8 août, 2013 @ 5:08 dans 1980-1989, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

The Thing (id.) – de John Carpenter – 1982 dans 1980-1989 the-thing

Grand admirateur de Howard Hawks (son premier vrai film, Assaut, était un remake de Rio Bravo), John Carpenter est aussi un fan de La Chose d’un autre monde, le fameux film de SF de Hawks, que les personnages de Halloween regardaient à la télévision. Autant dire que ce remake était attendu.

Mais les deux films diffèrent énormément. Le titre original est identique (avec la même police), le cadre est le même (une base américaine au Pôle Nord), le début est le même (l’expédition découvre un extraterrestre dans la glace, qui finira par menacer les membres de la base)… Mais tout le reste est radicalement différent, malgré de beaux clins d’œil discrets et amoureux (la vidéo norvégienne).

Les premières images (une soucoupe volante très kitsch) renvoient aux films de SF des années 50. Mais les temps ont bien changé, et The Thing version Carpenter est un film qui porte la marque du cinéaste, avec sa manière unique de faire monter l’angoisse (à la manière de l’étouffant Prince des Ténèbres) et la paranoïa (comme L’Antre de la folie) avec de petits riens, une mise en scène toujours élégante, et une musique répétitive signée par un Ennio Morricone qui reprend le style des compos de Carpenter.

Dans le film de Hawks, la « chose » était un géant humanoïde quasi-indestructible. Dans celui de Carpenter, elle prend la forme de tout ce qu’elle approche, animaux et êtres humains. Autant dire que la légèreté et le bel esprit d’équipe du film originel volent ici en éclats. Tout n’est que suspicion, méfiance et paranoïa. On est finalement plus proche de L’Invasion des profanateurs de sépultures que du film de Hawks.

Formellement aussi, le film est radicalement différent. Le classique de 1951 était énormément bavard. Celui-ci est particulièrement économe en dialogue, avec une psychologie beaucoup plus réaliste et des rapports beaucoup plus tendus.

Avec The Thing, Carpenter réussit à rendre un bel hommage à un film dont il se démarque sur tous les points, et à signer l’un des grands chefs d’œuvre du cinéma de terreur de la décennie.

Invasion Los Angeles (They live) – de John Carpenter – 1988

Posté : 16 octobre, 2012 @ 5:30 dans 1980-1989, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | 1 commentaire »

Invasion Los Angeles (They live) - de John Carpenter - 1988 dans 1980-1989 invasion-los-angeles

C’est probablement le film le plus ouvertement « série B » de Carpenter, celui en tout cas où il a les comédiens les plus cheap, confiant même le rôle principal à un catcheur célèbre de l’époque, Roddy Pipper. Mais qu’importe : They live est l’un des meilleurs films du cinéaste, l’un de ceux qu’il préfère, tourné à une époque (très courte) de grande liberté. Après l’échec de Jack Burton, Carpenter avait décidé de retrouver un cinéma beaucoup plus fauché, mais qui collait totalement avec ce qu’il savait faire de mieux. Résultat : Prince des ténèbres et ce Invasion Los Angeles, deux de ses plus grands chef-d’œuvre.

Avec ce petit budget malin, Carpenter revisite un genre qui n’a cessé d’inspirer sa filmo : la SF parano des années 50, qui évoquait sans le dire la peur « rouge » de la guerre froide. Ici, c’est au contraire le capitalisme galopant des années Reagan, et le mal-être grandissant des sans-grades, que Carpenter pointe du doigt, dans ce qui reste son film le plus ouvertement politique.

John Nada, c’est le nom du héros : un « nada » effectivement, un anonyme parmi tant d’autres, qui traverse une Amérique exsangue à la recherche d’un boulot. Ce qu’il trouve, c’est une communauté de sans-abris qui passent leurs journées à travailler dur sur les chantiers, et leurs nuits à espérer que la police ne vienne pas les déloger, dans une société qui n’a pas envie de voir ces pouilleux s’installer sous ses fenêtres.

Par hasard, Nada découvre une curieuse paire de lunettes de soleil, qui lui ouvre les yeux, et lui révèle le monde tel qu’il est vraiment : dominé par des extra-terrestres à visage humain, qui diffusent des messages invisibles pour transformer les hommes en esclave : de l’argent, du pouvoir, du confort…

Difficile de faire critique sociale plus évidente, et série B plus jouissive. Sans moyen, quasiment sans effets spéciaux, avec un thème musical redondant et profondément addictif (signé par Carpenter himself), le réalisateur signe un film d’une force sidérante, malin, brut et brutal (avec une interminable baston entre les deux héros), qui s’achève par un « what’s the fuck » qui n’est pas sans évoquer une autre fin carpenterienne inoubliable : celle de Los Angeles 2013.

Décidément, selon Carpenter, L.A. a bien besoin d’un peu plus d’anarchie…

Ghosts of Mars (id.) – de John Carpenter – 2001

Posté : 16 août, 2012 @ 6:40 dans 2000-2009, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Ghosts of Mars (id.) - de John Carpenter - 2001 dans 2000-2009 ghosts-of-mars

Dans Rio Bravo, il y a une scène (juste avant la fameuse goutte de sang dans la bière) qui montre Wayne retrouvant Dean Martin face à un saloon, alors qu’ils pistent un meurtrier. « Il est toujours à l’intérieur, dit ce dernier au Duke. D’ici je vois les deux sorties. » Remplacez John Wayne par Natasha Henstridge (ouais je sais, c’est pas facile), Dean Martin par Jason Statham (ouais je sais, c’est à peine plus facile), et le saloon par un bâtiment futuriste, et vous obtiendrez l’une des séquences-clés de Ghosts of Mars : une fois encore, John Carpenter a voulu rendre hommage à son film culte, celui dont il a signé un remake à peine déguisé dans Assaut (dont il a assuré le montage sous le pseudonyme de John T. Chance, le personnage de Wayne dans Rio Bravo).

Après Vampires, tourné juste avant ce Ghosts of Mars, Carpenter avance à visage de plus en plus découvert dans le genre qui lui tend les bras depuis près de trente ans : lui qui rêve de réaliser un western depuis toujours signe ici ce qui y ressemble le plus dans son œuvre. Les assauts de ses morts vivants d’une autre planète ressemblent bien à des attaques d’Indiens ; les forces de l’ordre qui doivent amener un criminel sain et sauf à la gare est un thème tout ce qu’il y a de plus westernien (3h10 pour Yuma, pour ne citer que celui-là…). Tout dans Ghosts of Mars renvoie vers la mythologie du western.

Mais l’heure de gloire du grand Carpenter semble bien loin, lorsqu’il signe ce film de SF hyper-fauché. L’époque où il s’imposait comme le pape incontesté du film d’horreur, et où les studios lui confiaient de gros budgets est bien révolue. Ses films, depuis Los Angeles 2013, n’ont pas rencontré le succès escompté, et le grand cinéaste ne cache pas une lassitude grandissante, annonçant à qui veut l’entendre son envie de se retirer. C’est d’ailleurs ce qu’il fera (pendant dix ans en tout cas, avant un retour timide et peut-être bien éphémère), après l’échec public et critique de ce qui apparaît déjà comme un film-testament, certes inégal et cheap, mais loin d’être aussi inconsistant qu’on l’a dit.

Ghosts of Mars est certes une boucherie brute de décoffrage assez basique et pleine de défauts flagrants, qui cache mal un budget ridicule derrière l’omniprésent rouge nuit de cette planète Mars dont on ne voit qu’un décor en carton-pâte, mais il y a dans l’approche de Carpenter une singularité qui vaut le voyage.

Car ce déluge de feu et cette accumulation de massacres est racontée uniquement à la première personne, par le seul témoignage de l’héroïne (Henstridge, dans le rôle de sa vie), qui livre son point de vue, avant de revenir sur ce qu’on lui a raconté. C’est la tradition orale qui continue à être au cœur de l’œuvre de Carpenter (Fog, Halloween, Jack Burton…) et qui donne à beaucoup de ses films cet aspect fascinant, comme les contes de notre enfance. Ici, la sensation est différente encore : on assiste à cette histoire comme dans un état second, comme si l’action était parasitée par les drogues qu’ingurgite Mélanie…

Film-testament, donc, dans lequel John Carpenter livre une sorte de synthèse de tout ce qu’il a filmé jusque là. Difficile de ne pas penser à Fog, avec cette brume menaçante qui gagne la civilisation. Difficile aussi de ne pas penser à Assaut avec cette prison dans laquelle flics et voyous font ami-ami pour résister à une bande d’agresseurs. Une bande déshumanisée dont le leader évoque bien sûr le Alice Cooper de Prince des Ténèbres. Quant au thème de la possession, il était déjà au cœur de The Thing, Starman ou encore Prince des Ténèbres.

On pourrait continuer longtemps encore le jeu des sept ressemblances. Pourtant, on sent que Carpenter n’y croit plus vraiment. Il multiplie les auto-citations, comme s’il baissait les armes, comme s’il reconnaissait qu’il est condamné à refaire le même genre de films, et qu’il ne tournera jamais ce vrai western dont il rêve. Il est temps pour lui de tirer les rideaux. Pour un temps, du moins…

Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Big Trouble in Little China) – de John Carpenter – 1986

Posté : 20 janvier, 2012 @ 1:12 dans 1980-1989, CARPENTER John, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Big Trouble in Little China) – de John Carpenter – 1986 dans 1980-1989 les-aventures-de-jack-burton

Curieux que le grand John Carpenter face son entrée sur ce blog avec cette fantaisie complètement folle, qui me laissait déjà un peu de marbre dans les années 80 (j’étais très, très jeune). Très sympathique, ce film parodique a certes un côté jouissif, mais il a aussi pris un sacré coup de vieux. Hommage aux films hong-kongais (ceux de Tsui Hark, que les cinéphiles occidentaux découvraient avec enthousiasme à l’époque), Jack Burton s’apparente aussi à un caprice du réalisateur et de son acteur fétiche, Kurt Russell. Toujours auréolés du succès de The Thing et de New York 1997, les deux compères se font plaisir en tournant ce film d’aventures parfois inspiré des Aventuriers de l’arche perdue, mais qui n’hésite pas à verser dans le grand-guignol et le n’importe quoi.

Alors on rit franchement, en particulier devant l’air ahuri de Kurt Russell, génial en gros bras très courageux, et parfois bas du plafond, grande gueule qui, au moment d’affronter les grands méchants, est bêtement assommé par une pierre tombée du plafond. Qu’importe l’histoire, qu’importe les méchants sortis tout droit des légendes chinoises, qu’importe aussi la pseudo-romance avec Kim Cattral (on n’en retiendra que la dernière réplique : « Vous ne m’embrassez  pas ?… » « Non »)… C’est bien Jack Burton qui est le principal intérêt du film.

La patte de Carpenter est bien là, tout particulièrement dans les scènes d’exposition, d’une élégance qui est la signature de l’auteur d’Halloween. Mais on est ici dans l’outrance absolue. Une outrance qui fleure bon les années 80¸ mais qui n’a pas franchement bien passé l’épreuve du temps : les effets spéciaux et les maquillages font sourire ; la musique elle-même, signée Carpenter, est aujourd’hui franchement pénible.

Cela dit, le culte qui entoure aujourd’hui encore le film n’est pas totalement usurpé. Le plaisir que Carpenter et Russell ont eu à le tourner se ressent clairement à l’écran. On ne peut que conseiller, une fois n’est pas coutume, de revoir le film avec le commentaire audio rigolard des deux hommes. Conseiller, aussi, de revoir les films suivants de Carpenter : après l’échec de Jack Burton, le réalisateur reviendra à un cinéma plus minimal qui lui va parfaitement bien : Prince des Ténèbres et Invasion Los Angeles.

12
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr