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Archive pour la catégorie 'ALLEN Woody'

Café Society (Cafe Society) – de Woody Allen – 2016

Posté : 5 juillet, 2016 @ 2:55 dans 2010-2019, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Café Society

En deux plans qui se répondent, à la toute fin du film, Woody Allen crée l’une de ces immenses émotions dont il a le secret… Mais comment fait-il, ce magicien, pour continuer à surprendre film après film, en usant depuis des décennies des thèmes et des ficelles que l’on connaît par cœur. Café Society est une sorte de mix de toute le cinéma allenien. C’est aussi une bulle de bonheur aussi réjouissante et aussi légère que Magic in the Moonlight.

Woody renoue avec plusieurs choses. Le film « historique » d’abord : on est dans les années 30, en plein âge d’or d’Hollywood. Et comme dans Coups de feu sur Broadway ou Accords et désaccords, ce voyage dans le temps se fait sur fond de création artistique (le cinéma ici, même s’il n’est qu’une toile de fonds). Et puis, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises, le film est entièrement construit sur une voix off omnisciente qui raconte l’histoire en adoptant des points de vue différents : c’est celle de Woody Allen lui-même, qui, même s’il n’apparaît jamais à l’écran, donne un rythme si particulier au film.

Woody a aussi un don pour créer des couples inattendus. Ici, c’est Jesse Eisenberg et Kristen Stewart, dont toutes les scènes communes sont des petits moments de pur bonheur. Il offre aussi à Steve Carell le très beau rôle du tonton producteur frappé par le démon de midi. Quand on imagine que c’est Bruce Willis qui a commencé le tournage avant de se faire virer, on frémit un peu…

Les clichés ne sont pas toujours très loin. Les choix esthétiques d’abord : une image presque jaune pour Hollywood, plus bleue pour Manhattan. Et puis comme souvent chez Allen, le personnage du frère gangster est proche de la parodie et n’est jamais pris totalement au sérieux. Mais le film est un modèle de construction, un petit bijou léger, drôle et mélancolique à la fois. Du pur plaisir…

Le Rêve de Cassandre (Cassandra’s Dream) – de Woody Allen – 2007

Posté : 14 janvier, 2016 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Le Rêve de Cassandre

Après Match Point et Scoop, Woody Allen clôt une sorte de trilogie criminelle anglaise. « Sorte », parce que autant les deux précédents présentaient une vraie parenté, autant celui-ci s’en démarque par un ton inhabituellement sombre pour le cinéaste, qui signe un authentique film noir, sans la légèreté apparente et l’aspect lumineux de la plupart de ses « films criminels ».

Le film permet à Woody d’explorer des rivages jusqu’alors inconnus. Notamment en installant une atmosphère extrêmement dure, avec une lumière et un ciel londoniens qui semblent constamment peser sur les personnages. Mais aussi en quittant la bonne société pour un quartier populaire de Londres, où vivent deux frères avec leurs parents vieillissants, évoquant à longueur de journée la réussite d’un oncle parti faire fortune au bout du monde.

Ces deux frères sont des nouveaux venus dans le cinéma d’Allen : Ewan McGregor et Colin Farrell, que Woody Allen filme le plus souvent côte à côte, partageant l’écran avec une complicité fraternelle absolument formidable. Deux frères qui, un peu par sens de la famille, beaucoup pour s’assurer un meilleur avenir, acceptent de tuer un inconnu…

Des personnages sans histoire qui décident de commettre un crime. Le thème a déjà été et sera encore exploré par le cinéaste. Mais cette fois, aucune ironie, aucun semblant de comédie… Juste le poids du destin, et celui des rêves brisés, pour un film particulièrement intense, où Woody Allen joue avec sadisme avec nos émotions. Quatre moments, en apparence simple, atteignent ainsi des sommets…

Le premier est un simple plan, en apparence banal : un panoramique suivant le premier départ du bateau acheté par les deux frères, et qui submerge le spectateur d’une vague de bien-être, comme si l’avenir était tout tracé.

Le deuxième est tout simple, lui aussi : les parents des frères observant leurs enfants par la fenêtre. Lui d’habitude taiseux annonçant qu’il avait encore rêvé des garçons. Elle soudain attentive à son inquiétude… L’image banale d’un couple dans la pénombre d’une cuisine, tendre et cruellement conscient de l’avenir.

Et puis, après une série de séquences où le crime est constamment repoussé, où le grotesque flirte avec le suspense, deux coups de feu qui claquent dans la nuit, hors champs. Littéralement glaçant. Là, Woody Allen se met au niveau des plus grands spécialistes du noir : durant de longues minutes, il a fait plané le doute, jouant avec la tension et les espoirs de ses personnages et des spectateurs, étirant au maximum cette angoissante attente. Jusqu’à ce dénouement explosif qui semble raisonner de longues minutes.

Enfin, après cette douloureuse descente aux enfers, et alors que le fantôme de Match Point (et du futur L’Homme irrationnel) plane sur le personnage « fort » d’Ewan McGregor, alors que l’engrenage de la violence le pousse aux portes de l’horreur absolue, cette canette soudain brisée. Et les deux frères qui acceptent leur destin dans la rage…

Le Rêve de Cassandre, déjà oublié, est pourtant l’un des grands films de Woody Allen de ces dernières années. Un film destabilisant, certes, dénué du charme léger et de l’ironie de ses précédentes réussites. Mais aussi l’un de ses plus intenses.

Scoop (id.) – de Woody Allen – 2006

Posté : 31 décembre, 2015 @ 3:17 dans 2000-2009, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Scoop

Londres, l’attrait de la haute société pour un personnage issu des classes populaires, Scarlett Johansson qui tombe amoureuse de la mauvaise personne, des meurtres… Un an après le succès de Match Point, Woody Allen livre une sorte de variation sur le même thème, mais sur le ton de la comédie… et en mode mineur.

Car Woody, qui s’offre ici l’un de ces personnages de magicien un peu minable qu’il affectionne, semble pour une fois à peine croire à ce qu’il fait. Les thèmes ont déjà été abordés cent fois dans son cinéma, ce qui n’a d’ailleurs jamais été un problème, tant il a toujours su creuser ses sillons avec une vision constamment renouvelée. Mais cette fois, Woody ne nous étonne pas.

Même les répliques débitées avec le talent habituel du comédien tombent à plat, et échouent à nous faire rire. Dommage, parce que son film lorgnait clairement du côté de Meurtre mystérieux à Manhattan, et que le « couple » que Woody forme avec Scarlett fonctionne particulièrement bien, de touchants liens filiaux se nouant entre ces deux natures plongées dans un milieu qui n’est pas le leur.

Qu’on ne n’y trompe pas : Scoop est un film réjouissant, qui procure un vrai plaisir. Mais sans cette flamme habituelle chez Woody Allen, et avec cette impression que le cinéaste « tire à la ligne » pour boucler son film annuel. Mais Scarlett Johansson est bien jolie, le plaisir de voir Woody Allen jouer la comédie dans ses propres films est de plus en plus rare, voir Hugh Jackman jouer les bellâtres raffinés nous rappelle qu’il sait faire autre chose que montrer les crocs (et les lames) de Wolverine, et il y a dans Scoop une vision de la mort assez irrésistible.

Pas un Woody majeur, donc, mais un Woody tout de même…

L’Homme irrationnel (Irrational Man) – de Woody Allen – 2015

Posté : 5 novembre, 2015 @ 7:30 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

L'Homme irrationnel

En pleine forme, le Woody Allen. A quelques jours de son 80ème anniversaire, le cinéaste ne lâche rien en terme de rythme de tournage (son “Fall project” arrive chaque année à l’heure), et surtout en terme d’inspiration. Après l’aérien Magic in the Moonlight de la fournée 2014, le revoilà de retour dans la veine hitchcockienne qu’il retrouve régulièrement et qui lui a valu quelques-uns de ses sommets.

On pense bien sûr à Match Point, sorti il y a tout juste dix ans après une période un peu creuse, avec lequel cet Homme irrationnel a quelques traits communs… dus essentiellement à l’influence de l’œuvre de Sir Alfred. Il y a cette fois encore quelque chose du Crime était presque parfait, mais aussi de L’Inconnu du Nord Express, dans cette histoire d’un homme qui décide de commettre un crime parfait en tuant un individu qu’il ne connaît pas…

Mais on est bien chez Woody, et le film ne repose pas sur la mécanique du crime ou sur le suspense (même si la dernière partie nous incite clairement à retenir notre souffle). Car ce néo-meurtrier est une sorte de condensé de tout le cinéma allenien. Prof de philo dépressif, séducteur (malgré lui), vivant dans une société grand-bourgeoise intellectuelle qui prend un plaisir fou à théoriser sur un crime (un autre point commun avec Hitchcock)…

Dans le rôle, Joaquin Phoenix, qui en fait généralement des tonnes, a rarement été aussi sobre. Un comble pour un personnage qui descend une quantité impressionnante de vieux single malt écossais (une manière totalement dégueulasse de traiter le whisky, à propos). Une sorte de version amorphe et au bout du rouleau des personnages chers au cinéaste, dont la première apparition, à moitié ivre et muet dans le bureau de la directrice d’un collège, est irrésistible.

On sourit souvent, et la musique très allenienne donne clairement un air de comédie, que vient confirmer la présence toujours pleine de vie d’Emma Stone, que le cinéaste retrouve pour un deuxième film consécutif (une première pour lui depuis Scarlett Johansson). Mais il y a un décalage étrange et réjouissant entre le ton du film et ce qu’il raconte, plus pathétique encore peut-être que Match Point.

En terrain connu, sur des thèmes et avec des personnages que l’on croit connaître par cœur, Woody Allen réussit une nouvelle fois à nous surprendre. Vivement l’automne prochain…

Match Point (id.) – de Woody Allen – 2005

Posté : 2 juillet, 2015 @ 5:13 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Match Point

On le croyait associé à jamais à New York. Mais c’est en Europe que Woody Allen a connu une nouvelle jeunesse il y a dix ans, lui qui semblait tourner quelque peu en rond depuis quelques films. A la fin d’un cycle, et au début d’un autre, toujours en cours, où Woody l’acteur s’éclipse pour laisser la place à un univers moins ouvertement comique (encore que l’humour n’est jamais loin, même dans la noirceur la plus profonde), mais franchement corrosif.

Cynique, même. En s’installant à Londres sur les traces d’un certain Hitchcock, en reprenant l’argument du Crime était presque parfait, Woody fait mine de mettre en scène une société presque parfaite, mais dont le vernis cache une violence profonde : celle des conventions qui oblige une jeune femme à devenir mère à tout prix, celle des barrières sociales qui rongent l’âme de ceux qui les ont franchies.

Comme dans le classique d’Hitchcock, le « héros » est un ancien champion de tennis, devenu membre de la haute société après avoir épousé une riche héritière. Et là aussi, la peur de perdre ce nouveau statut peut mener au crime le plus odieux. Avec une différence de taille tout de même : alors que chez Hitchcock le meurtre est introduit (au moins dans la tête de Ray Milland) dès le début, il n’apparaît chez Allen que comme le moyen le plus simple de sortir de l’impasse. Ou de ne pas avoir à choisir.

Dans le rôle de ce monstre ordinaire, Jonathan Rhys-Meyers est excellent. Visage fermé, émotions refoulées, il n’incarne pas le Machiavel des temps modernes, mais un jeune homme pressé de fuir son passé de pauvreté, et bien décidé à provoquer la chance et à la saisir au vol. Et la belle et désirable Scarlett Johansson, qui réveille chez lui des désirs très humains ceux-là, est un incident bien inattendu dans son parcours.

La première partie, qui met en place l’ascension du jeune « héros » et cette passion dangereuse, est bien un peu longuette par moments, comme si Woody Allen voulait différer au maximum le point de rupture que l’on ressent très vite. Ou fixer la possibilité de bonheur simple des deux amants, et la possibilité qu’ils ont de retrouver leur rang social et de fuir des conventions qui les aliénent.

Il y a déjà dans Match Point ce qui fera la richesse et la réussite de Blue Jasmine : la confrontation de deux univers, la fascination pour l’argent, et l’incapacité de tourner le dos au luxe et à cette haute société pourtant si cruelle. Il faut voir la « belle-mère » balayer avec mépris (et un charmant sourire) les rêves d’actrice de Scarlett Johansson.

Quant à la deuxième heure, elle est tout simplement brillante, leçon de mise en scène, élégante et efficace. Un sommet de noirceur dans la filmographie de Woody Allen, où les quelques saillies humoristiques tirent de petits rires crispés, et rendent plus profonds encore les abîmes dans lesquels s’enfonce le héros. Woody a changé, et il est toujours grand.

Melinda et Melinda (Melinda and Melinda) – de Woody Allen – 2005

Posté : 17 avril, 2015 @ 7:19 dans 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Melinda et Melinda

- So are they tears of sorrow or tears of joy ?
– Well, aren’t those the same tears ?

Il y a souvent du tragique dans les comédies de Woody Allen (à moins que ce ne soit l’inverse), et le cinéaste a décidé de faire de ce décalage l’argument de son film. Premières images… On est en terrain connu : un dîner entre amis dans un restaurant plutôt chic, une discussion animée autour de la création artistique, du rapport à la mort et du sens de la vie…

Autour de la table, deux hommes d’âge mur (celui de Woody, qui se contente de rester derrière la caméra, comme s’il était incapable de choisir l’un ou l’autre des personnages) : l’un est un auteur de comédies pour qui l’essence même de la vie est sinistre, et qui y trouve un sens en dénichant le comique de chaque situation ; l’autre est un auteur de tragédies pour qui son art est le contrepoint parfait de la beauté de la vie.

Au cours de la discussion, un embrion de fiction apparaît, dont chacun tire une histoire au ton radicalement différent, que l’on découvre alternativement… L’idée est pour le moins excitante, et le film est en partie plutôt réussi. Seul personnage commun aux deux histoires : Melinda, jeune femme au passé lourd qui trouve refuge chez un couple de New Yorkais. Dans le rôle, Rhada Mitchell est parfaite, aussi à l’aise dans le sombre que dans le léger, pure héroïne allenienne.

Autour d’elle(s), que des acteurs au meilleur de leur forme : Amanda Peet et Will Ferrell versant comédie, Chloé Sevigny et Chiwetel Ejiofor versant drame… Allen est décidément un grand directeur d’acteurs, même si par moment il tire un peu sur la corde des stéréotypes ici, ne parvenant jamais à nous surprendre vraiment.

Woody Allen est-il plus à l’aise dans la comédie ou dans le drame ? La grande limite de ce film est justement de pousser à se poser cette question, en dissociant ouvertement les deux faces de son oeuvre. Une vraie fausse bonne idée, donc. D’autant plus qu’il ne va pas jusqu’au bout de sa logique : le contraste aurait sans doute été plus intéressant si les deux histoires de Melinda avaient suivi le même cheminement. Passé le point de départ, quelques passages se font bien échos, mais rien de plus.

Un peu vain, donc, ce film-concept, qui laisse un petit goût d’inachevé. Pas désagréable pour autant : Woody Allen sait créer une atmosphère familière et faussement confortable dont on ne se lasse pas, même dans ses semi-réussites (ou semi-échecs ?).

Anything else (la vie et tout le reste) (Anything else) – de Woody Allen – 2003

Posté : 3 février, 2015 @ 11:26 dans 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Anything Else

Curieux film que ce Anything else, qui sonne comme un au-revoir à ce New York dont Woody Allen a toujours été indissociable, mais dont il s’éloignera de plus en plus souvent dans ses films à venir.

C’est bien de rupture qu’il s’agit, et plus précisément de la difficulté d’aller au bout de ses rêves pour un homme qui n’a jamais su partir, ni quitter qui (ou quoi) que ce soit. Un rôle taillé sur mesure pour Allen, mais qu’il laisse à Jason Biggs (révélé dans American Pie, et absolument parfait), comme si c’était déjà trop tard pour lui.

Lui-même se réserve le rôle du « mentor », enseignant et auteur vieillissant qui n’a jamais eu le courage d’écrire ce livre auquel il a sans doute longtemps pensé, thème récurrent dans le cinéma allenien. Un drôle de bonhomme, vraiment, à la fois très familier pour les amoureux du réalisateur, névrosé amateur de blagues et de grandes phrases. Mais à la limite de la parodie.

Avec ce film et avec son personnage, Woody Allen semble régler ses comptes avec ses vieilles obsessions. Son statut de juif notamment, statut plus culturel que religieux, dont il tire un personnage de paranoïaque persuadé que l’Holocauste est sur le point de reprendre.

La psychanalyse, aussi, n’a jamais été présentée sous un jour aussi grotesque, avec cet « analyste » incapable de dire le moindre mot, ressor comique récurrent.

En confiant les rôles principaux à de jeunes comédiens – sexy Cristina Ricci dans un rôle pas si éloigné de ceux joué par Charlize Theron dans deux de ses films précédents, et Jason Biggs en version rajeunie de lui-même – Woody Allen retrouve une vivacité qu’il avait un peu perdue avec ses deux précédents films.

En préparant sa rupture avec NY, il filme paradoxalement l’un de ses films les plus « new-yorkais ». Le moindre plan semble respirer de l’atmosphère de Big Apple. Et plus que jamais, on a le sentiment que ce film n’aurait pu être tourné nulle part ailleurs. C’est un nouveau départ qui l’attend ?

Hollywood Ending (id.) – de Woody Allen – 2002

Posté : 31 décembre, 2014 @ 11:55 dans 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Hollywood Ending

Woody Allen est clairement dans sa période la moins inspirée. Période qui ne durera pas, mais qui est dominée par cette impression un peu désagréable qu’il voulait à tout prix livrer son « Woody Allen Fall Project » (le titre provisoire de tournage qu’il adoptait à l’époque) à temps pour tenir son rythme d’un film par an. Pas de vrai ratage jusqu’à présent : chacun de ses films recèle de belles idées et de bien jolies scènes. Mais une impression globale en demi-teinte. Au mieux.

Dans Hollywood Ending, le problème est plus que jamais présent. Le début est plutôt réussi, et la conclusion plutôt maligne. Mais entre-deux, tout semble ne reposer que sur une unique idée dont Woody ne sait pas toujours quoi faire : réalisateur prestigieux sur le retour, il se voit offrir une dernière chance de revenir sur le devant de la scène, mais se retrouve provisoirement aveugle à la veille du tournage, un handicap qu’il tente de dissimuler…

On a bien quelques gags amusants, et on rit même franchement à deux ou trois reprises. Mais entre deux, que de longueurs. Si l’acteur Woody est assez inspiré avec la cécité de son personnage, Woody le scénariste-réalisateur laisse apparaître un manque d’inspiration flagrant… même si, au final, on se laisse quand même emporter par la petite musique si familière du cinéma allenien, et par la tendresse qui se dégage du « couple » Woody-Tea Leoni.

Et puis Woody nous livre une peinture acide du cinéma, qui n’épargne personne, pas même lui-même. Le cynisme d’Hollywood symbolisé par le requin Treat Williams (impitoyable, mais attachant, un producteur amoureux du cinéma et désireux de contrôler le film parce qu’il veut bien faire, comme les producteurs du grand Hollywood), et par le cynique et hypocrite George Hamilton (réjouissant et horrible). Et la France, terre d’accueil du cinéma d’auteur. « Dieu bénisse la France » lance un Woody Allen, reconnaissant aux critiques frenchy d’avoir porté aux nues un film que les Américains critiquaient comme étant l’œuvre d’un aveugle… ce qu’il était bien.

Le Sortilège du Scorpion de Jade (The Curse of the Jade Scorpion) – de Woody Allen – 2001

Posté : 30 décembre, 2014 @ 5:42 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Le Sortilège du Scorpion de Jade

Lors de sa sortie en salles, c’est ce film qui m’avait très durablement fâché avec le cinéma de Woody Allen (jusqu’à Blue Jasmine, pour tout dire). Je trouvais alors qu’il s’agissait là d’un pur râbachage de la part d’un cinéaste à bout de souffle, qui recyclait jusqu’à plus soif ses vieux thèmes, avec un humour de plus en plus graveleux. Le regard toujours énamouré de la critique d’alors ne faisait que renforcer mon agacement.

Quelques années plus tard, revoir ce film que Woody Allen a depuis largement descendu en flamme lui-même est une heureuse surprise. Une comédie policière tantôt poussive, tantôt jubilatoire où Woody incarne un personnage qui ne lui ressemble pas tout à fait : le super détective d’une société d’assurance, qui devient cambrioleur sans le savoir en étant victime d’un hypnotiseur. De quoi réserver quelques gags bien sentis (Woody sous contrôle qui jette hors de son lit la « bombe » Charlize Theron, qui n’en revient pas), et s’amuser des dialogies sans grande surprise mais toujours percutants de Woody.

On est quand même dans la veine la plus mineure du cinéaste. Un peu en panne d’inspiration au tournant du millénaire, Woody ressort de ses vieux cartons la figure du magicien asiatisant qui lui avait réussi dans Alice (et qu’il retrouvera avec bonheur dans Magic in the Moonlight), l’ambiance film noir qui lui avait valu l’un de ses grands succès avec Meurtre mystérieux à Manhattan, et l’Amérique de la fin des années 30 qui lui avait inspiré La Rose pourpre du Caire. Mais il reste constamment très en deça de tous ces films références.

Le plus réussi dans ce film, c’est la relarion vacharde qui unit Woody lui-même, stéréotype de cette Amérique d’avant-guerre, macho et séducteur, et sa nouvelle patronne (Helen Hunt), peau de vache bien décidée à trouver sa place dans ce monde d’hommes et à se débarasser des dinosaures génés par l’ascencion d’une femme. Forcément, il y a de la romance dans l’air, que Woody aborde en se moquant joyeusement du politiquement correct.

On peut voir Le Sortilège du Scorpion de Jade comme une fable sur le pouvoir de la fiction, et du cinéma en particulier. Grâce à la magie de l’hypnose (ou celle du cinéma), Woody peut se rêver une histoire d’amour avec la partenaire la plus inaccessible pour lui. La fiction plus belle que la réalité ? Oui, mais les deux finissent par se confondre, comme toujours dans le cinéma de Woody Allen.

Escrocs mais pas trop (Small Time Crooks) – de Woody Allen – 2000

Posté : 12 décembre, 2014 @ 2:52 dans 2000-2009, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Escrocs mais pas trop

Ce Small Time Crooks n’est sur le papier qu’une petite fantaisie sans grande envergure. Et c’est effectivement un Allen très mineur. Médiocre, même, dans la première demi-heure, parodie lourdingue et pas vraiment drôle du film de braquage, histoire d’une bande de pieds nickelés qui veulent creuser un tunner pour pénétrer dans le coffre d’une banque.

« - Danny n’est pas stupide parce qu’il conduit un camion.
- Non, Danny est stupide parce qu’il a un QI d’idiot »

C’est la première fois qu’on a cette impression, mais Woody lui-même semble ne pas vraiment y croire, comme s’il faisait son film uniquement parce qu’il fallait bien tenir le rythme d’un long métrage par an. Franchement, fallait pas.

Le personnage qu’il interprète n’est pas tout à fait le névrosé libre et cynique que l’on aime : un escroc un peu idiot et un peu ridicule, à qui Woody Allen scénariste fait jouer le faire-valoir de Tracey Ullman, qui a droit aux meilleures répliques alleniennes.

« - Qu’est-ce que tu dirais si je t’annonçais que tu es mariée à un vrai génie ?
- Je dirais que je dois être bigame. »

L’histoire de gangsters n’intéresse visiblement pas le cinéaste, qui l’expédie en une petite scène un peu baclée pour passer à autre chose, un peu plus consistant. Pour servir de couverture à leur opération, les apprentis creuseurs de tunnel ont ouvert une boutique de cookies, qui marche du feu de dieu, et finit par faire d’eux des millionnaires.

Et là, au bout d’une bonne demi-heure, on voit enfin ce qui a intéressé Woody Allen : la possibilité de plonger ses bras cassés dans un univers très chic qui n’est pas le leur. C’est parfois un peu lourd, parfois amusant, souvent très en deça de ce que le réalisateur a l’habitude de faire (jusque dans son précédent film, Accords et désaccords, pourtant très inspiré).

Il y a quand même quelques bons moments : Hugh Grant jouant les professeurs Higgins avec Tracey Hullman – Miss Doolittle et son balourd de mari (Woody). La visite du musée, surtout, est très drôle : « Je ne veux pas aller dans les musées, ça me fout la trouille toutes ces vierges. »

Finalement, ce qui frappe le plus, c’est la tendresse qui se dégage de la dernière partie, de la part d’un Woody Allen qui semble tout d’un coup assagi, voir fatigué. Juste désireux de retrouver celle qu’il aime, soudain débarrassé de sa libido envahissante. Tendre et un rien nostalgique.

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