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Archive pour la catégorie 'James Bond'

L’Espion qui m’aimait (The Spy who loved me) – de Lewis Gilbert – 1977

Posté : 4 novembre, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, GILBERT Lewis, James Bond | Pas de commentaires »

L'Espion qui m'aimait

Après un opus étonnamment modeste en termes d’enjeux (le séduisant L’Homme au pistolet d’or), Roger Moore endosse pour la troisième fois le smoking de 007, et la saga prend une tournure nettement plus extrême… ce qui n’est pas une bonne nouvelle.

L’Espion qui m’aimait est même le premier Bond où le sentiment de trop plein s’exprime vraiment. C’est aussi le plus misogyne, le plus lourdingue, le plus riche en gadgets (et en apparitions de Q). Bref, c’est l’inauguration d’une ère du grand n’importe quoi.

C’est un peu comme si les producteurs avaient décidé de faire oublier leur manque d’idées neuves par une suraccumulation de tout : de décors, d’explosions, de morts, de femmes dénudées et offertes (c’est à peu près tout ce qu’on leur demande), comme cette pauvre Barbara Bach, présentée comme une alter ego russe de 007, et condamnée à suivre l’agent british et très mâle avec ses yeux énamourés et ses décolletés plongeant, les rares moments où elle lui tient tête apparaissant comme de maladroites justifications de sa présence.

Même surenchère côté enjeux : il s’agit ici rien moins que de sauver le monde, promis à la destruction par une sorte de néo capitaine Némo joué par Curd Jürgens qui rêve de créer un nouveau monde sous-marin. Bien sûr, on pourrait se dire : pourquoi pas, après tout ? Mais on a plutôt envie de rétorquer : ben oui, mais pourquoi ?

Ce Bond là est aussi le premier à avoir à ce point vieilli. A cause des effets spéciaux très datés, de l’humour lourdingue de Bond/Moore, de la vision qu’il offre des femmes. Quelques moments forts, quand même : le son et lumière à Gizeh, la grande fusillade inhabituellement violente… Mais surtout pas mal de moments franchement gênants : la course poursuite à ski, la voiture sous-marin…

Ce Bond épisode 10 est, de loin, le plus faible des quinze premières années.

L’Homme au pistolet d’or (The Man with the Golden Gun) – de Guy Hamilton – 1974

Posté : 30 octobre, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, HAMILTON Guy, James Bond | Pas de commentaires »

L'Homme au pistolet d'or

L’histoire de ce Bond, le deuxième de Roger Moore, est un peu con. Il ne faut que quelques instants pour s’en rendre compte. Ce qui, d’ailleurs, n’est pas même une critique pour la série, en tout cas dans cette période. Ou plutôt, disons que l’histoire n’est évidemment pas à prendre au sérieux. Même s’il est vaguement question de la crise de l’énergie (déjà), le grand méchant n’est à peu près qu’un tueur à gages qui a envie de prendre du bon temps.

Ce qui n’est pas si loin de Bond lui-même, c’est en tout cas ce que pense ledit tueur, Scaramanga, que joue un Christopher Lee tout en sourires, très loin des méchants habituels qu’affronte 007. Lui est persuadé d’avoir trouvé en Bond un double idéal, ce qui donne quelques face à face plutôt réjouissants.

C’est con, mais c’est étonnamment très agréable. Parce qu’il y a derrière la caméra un réalisateur qui connaît son métier, à défaut d’être un visionnaire. Parce que tout est tourné vers le pur plaisir du spectateur, avec une succession de morceaux de bravoure, de paysages dingues, et même de clins d’œil à Vivre et laisser mourir (l’apparition du shérif gros cul de Louisiane).

Ce James Bond a aussi les défauts inhérents à cette période de la série, à commencer par une certaine propension à tourner en rond en se répétant. Il n’y a donc guère de réelles surprises. Même si le grand méchant a des objectifs plus basiques que d’autres, il vit dans un repère secret totalement fou (qui pour le coup est vraiment séduisant), les femmes sont filmées comme des objets de désir, Britt Ekland passant on ne sait pourquoi la moitié du film en bikini…

Mais il faut aussi reconnaître une vraie originalité dans la manière d’utiliser les décors : la base secrète très psychédélique, une galerie de glaces très wellesienne, et surtout l’étonnant bateau échoué, dont les coursives penchées ont été aménagées avec des plateformes bien horizontales, créant un entrelacs de lignes géométriques improbable et fascinant.

C’est dans ces détails originaux que ce Bond là trouve sa raison d’être, qui en fait un bon cru moorien.

On ne vit que deux fois (You only live twice) – de Lewis Gilbert – 1967

Posté : 12 novembre, 2023 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, GILBERT Lewis, James Bond | Pas de commentaires »

On ne vit que deux fois

James Bond, épisode 5. Et pour la première fois, on sent que Sean Connery a le sentiment d’avoir fait le tour du personnage. Après quatre premiers films qui sont parmi les meilleurs de la saga, celui-ci marque un net recul, peut-être par son incapacité à vraiment se renouveler. D’ailleurs, Connery cédera son double-zéro à George Lazenby après ça… avant de s’y recoller pour une sixième et (presque) dernière mission.

Il y a quand même une particularité à ce film : la place qu’il réserve au Japon, avec un James Bond qui doit même tenter de se faire passer physiquement pour un Asiatique. Bon… Sans vouloir contrarier les efforts de Connery et des maquilleurs, le résultat n’est pas totalement convainquant. Pour rester courtois.

Mais c’est à la culture nippone que l’on doit les meilleurs moments d’On ne vit que deux fois, avec des images traditionnelles qu’on voit peu dans le cinéma d’action, comme ce combat de sumo ou ce défilé d’épouses dont la misogynie sied parfaitement au personnage, qui enchaîne évidemment les conquêtes avec une facilité déconcertante… surtout que, c’est bien connu, les Japonaises sont fascinées par les poils !

Oui, le cliché n’est jamais bien loin, dans cette vision très occidentale du Japon, avec de longues scènes fascinées consacrées au ninja, dont la popularité est alors en plein essor.

Très en deçà des précédents, On ne vit que deux fois reste pourtant un Bond plaisant, voire réjouissant par moments, mais uniquement pour ses fondamentaux : les apparitions de M, Q et Moneypenny, l’apparition de Blofeld (Donald Pleasance en roue libre), la base des méchants dans un volcan, et l’attaque finale totalement démesurée.

Dangereusement vôtre (A view to a kill) – de John Glen – 1985

Posté : 2 octobre, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1980-1989, ACTION US (1980-…), GLEN John, James Bond | Pas de commentaires »

Dangereusement vôtre

Roger Moore, 56 ans, l’air d’en avoir quinze de plus, semble s’observer lui-même avec le rictus de celui qui n’est pas dupe. Oui, il est temps de raccrocher. Ce Bond-là, son septième, sera son dernier. Sans regret, sans remord, la fin d’une époque, un humour qui paraît déjà anachronique. La suite réservera une place grandissante à la noirceur. Il était temps.

Il n’est pas désagréable, ce quatorzième 007 officiel. Plutôt plaisant même, lorsqu’il ne verse pas dans l’autocaricature comme lors de cette course poursuite où la voiture de Bond, coupée en deux, continue à rouler presque comme si de rien n’était. La plupart des scènes d’action sont même assez réussies, glissant un humour pas toujours finaud dans des cascades réellement spectaculaires.

C’est le cas de la traditionnelle séquence d’ouverture, énième version enneigée de l’exercice (on passera sur l’invraisemblance des montagnes suisses pour représenter la Sibérie). Ou de la course poursuite sur la Tour Eiffel. Du morceau de bravoure au fond de la mine. Ou même de l’affrontement final au sommet du Golden Gate Bridge.

Dit comme ça, on a le sentiment que le film nous emmène aux quatre coins du monde. Il a pourtant un côté franchement pépère, avec une intrigue qui prend le temps de nous installer dans des séquences aux enjeux très limités, réservant une large part aux écuries de Chantilly par exemple, où le suspense reste anecdotique. L’enjeu ne prendra de l’ampleur que dans la dernière partie, autour de San Francisco.

Côté Bond Girls, on oscille entre une pin-up qui se contente grosso modo d’être très belle (Tanya Roberts), et une femme de main émancipée et sculpturale qui rompt assez radicalement avec les stéréotypes habituels (Grace Jones). La saga donne même à quelques moments l’impression d’amorcer un virage moins machiste : Bond est mis à mal par un trio de femmes tueuses (parmi lesquelles Alison Doody, future Ilsa d’Indiana Jones et la dernière croisade).

Pour le reste : Patrick McNee dans un rôle attachant mais assez peu consistant, Christopher Walken en méchant en roue libre, une menace sur l’équilibre du monde, quelques gadgets plutôt plus discrets qu’à l’habitude… Le quotidien un peu routinier de 007 en quelque sorte, avec un Roger Moore qui semble nettement plus impliqué lorsqu’il s’agit d’adopter un regard séducteur que lorsqu’il s’agit de se jeter dans l’action. Décidément, c’est l’heure de la retraite.

Au service secret de sa Majesté (On her Majesty’s Secret Service) – de Peter Hunt – 1969

Posté : 22 juin, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, HUNT Peter, James Bond | Pas de commentaires »

Au service secret de sa majesté

Un Bond à part, et pas seulement parce que c’était le seul que je n’avais encore jamais vu. Parce qu’il marque l’unique incursion de George Lazenby dans le rôle – et on ne s’en plaindra pas, tant il manque tout à la fois de charisme, de présence, et de qualités d’acteur. Et aussi parce qu’il s’éloigne beaucoup de ce qui était déjà devenu le prototype d’un film de 007.

Pas de gadget, beaucoup de sentiments, une vraie romance, même… Ce n’est pas encore l’ère Daniel Craig, mais on sent bien que ce Bond là a largement infusé sur les films les plus récents de la saga : la station de haute montagne de Spectre évoque furieusement la base de Blofled dans Au service secret… et le personnage de Léa Seydoux dans les deux derniers Craig a plus d’un point commun avec celui de Diana Rigg ici.

Elle est irrésistible, bien sûr, et on ne spoilera pas en dévoilant le final audacieux et glaçant. Déjà auréolée de sa gloire post Chapeau melon et bottes de cuirs, l’actrice est une Bond Girl comme il y en aura peu, voire pas, avant Casino Royale : un personnage fort qui ne fait pas que passer par le lit de Bond. D’autres s’en chargent cela dit, on ne se refait pas.

Dès la traditionnelle scène pré-générique, le côté intime et sentimental est mis en avant, délaissant le spectaculaire à tout prix. Il y aura bien des scènes d’action : pas mal de bagarres, des fusillades, une poursuite à ski assez percutante (malgré quelques transparences malheureuses), une attaque en hélicoptère… Mais c’est surtout un Bond plus humain qu’à l’accoutumée que l’on découvre : traqué et effrayé par un homme en costume d’ours, faillible, vulnérable.

C’est d’ailleurs dans ces moments que Lazenby est le plus convaincant : lorsqu’il délaisse ses allures de super-agent pour redevenir un homme avec ses failles. Dans l’action comme dans les postures ironiques habituelles de 007, il semble constamment porter une étiquette « mauvais choix » scotché sur le front… Il a la réputation d’être le plus mauvais interprète de Bond ? Il l’est, à peu près sans doute possible.

Et pourtant, son Bond fait partie des grandes réussites de la saga. Pour son humanité, pour son audace, pour sa simplicité, pour l’efficacité de sa mise en scène, et pour la photo qui témoigne le plus souvent d’une belle ambition (en plus d’une grande maîtrise). Bon… ce dernier commentaire ne tient pas compte du passage fleur bleue-violons-flou artistique sur des fleurs en gros plan qui marque le début de la romance entre James et sa belle. Tellement caricatural qu’il ouvre allégrement la porte à toutes les parodies. A part ça, un Bond séduisant, et surprenant.

Bons baisers de Russie (From Russia with love) – de Terence Young – 1963

Posté : 19 juin, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, James Bond, YOUNG Terence | Pas de commentaires »

Bons baisers de Russie

Ce deuxième 007 a un statut un peu à part. Le premier, Dr No, posait les bases d’un mythe. Le troisième, Goldfinger, entérinait la série comme une véritable saga répondant à des codes très précis. Entre ces deux épisodes fondateurs, celui-ci se présente comme une suite finalement assez classique, qui invoque James Bond non comme une figure quasi-mythique, mais comme le héros d’un premier film dont on découvre de nouvelles aventures.

Les codes inamovibles de la saga sont là, déjà : un pré-générique, la silhouette de Bond dans le viseur, la chanson-générique (assez laid, le générique), le bureau de M, Moneypenny, les gadgets de Q… Mais tout ça n’est qu’une mise en bouche, qui semble n’appeler que les films qui suivront. Celui-ci, dépassé les dix premières minutes assez formatées, surprend surtout pour son extrême simplicité.

Ici, Bond ne sauve pas le monde. Il ne passe pas son temps à passer d’un pays à l’autre. Il n’enchaîne pas les conquêtes d’un soir, encore que l’envie ne lui manque pas. Il est confronté au SPECTRE, mais ne le comprend que très tardivement. Pas de base secrète high tech non plus, ni de scènes d’action bigger than life. A vrai dire, Bons baisers de Russie est le film le plus franchement « d’espionnage » de la saga. Et de loin.

On est finalement souvent plus proche de L’Espion qui venait du froid que de la saga imaginée par Ian Fleming. Ce deuxième opus est moins un film d’action que de suspense. Qui ne manque pas, et que Terence Young filme avec un vrai talent, un vrai sens visuel, qui capte l’esprit de son décor. Comme son titre ne l’indique pas, le film se passe en grande partie à Istambul, dont on ressent l’atmosphère chaude et fascinante : la poésie du Bosphore et l’effervescence du Grand Bazar.

Young signe un film simple et direct, où les effets pyrotechniques restent la plupart du temps en retrait. Il prend le temps, surtout, d’installer durablement l’action dans des lieux, développant l’amitié entre Bond et un diplomate d’Istambul, consacrant une longue séquence à un voyage à haut risque dans un train… soudain presque hitchcockien, et très efficace.

Un point, quand même, où la saga ne dément en rien sa réputation : la représentation des femmes. Entre la jolie Russe prête à se damner pour James Bond parce qu’elle l’a trouvé séduisant sur une photo, et la vieille mégère psychopathe, entre une Moneypenney qui se pâme dès qu’elle entend la voix de Bond, et deux tziganes qui s’entretuent à moitié nues, forcément pour obtenir les faveurs d’un homme… comment dire…

La surprise vient en revanche du grand méchant. Pas le chef du SPECTRE, apparition déjà très stéréotypée. Mais le tueur qu’incarne Robert Shaw avec une froideur… eh bien glaçante. Face à lui, Sean Connery incarne un James Bond sûr de lui, mais très souvent dépassé par les événements, voire totalement manipulé. Comme dans Goldfinger en fait : le plus grand des espions n’est finalement jamais aussi passionnant que quand il comprend qu’il est battu.

Vivre et laisser mourir (Live and let die) – de Guy Hamilton – 1973

Posté : 15 avril, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, HAMILTON Guy, James Bond | Pas de commentaires »

Vivre et laisser mourir

Premier tournant majeur pour James Bond au cinéma. L’éphémère George Lazenby n’avait pas réussi à faire oublier Sean Connery, 007 pour l’éternité qui a du coup rempilé pour une mission de plus. Mais l’heure de tourner la page était vraiment venue, l’Ecossais ayant d’autres ambitions. Si on se remet dans le contexte de l’époque, le choix de Roger Moore semble à la fois étonnant, et évident. Etonnant parce qu’il est bien loin de la virilité et du danger qu’incarne Connery. Evident parce que Moore est un acteur populaire, alors surtout liée au Saint, personnage pas si éloigné de Bond.

De tous les interprètes de James Bond, Roger Moore est sans doute celui dont l’image a le plus vieilli aujourd’hui. Sans anticiper sur les dérives dont pourront se rendre coupable les films suivants, ce premier Bond de l’ère Moore donnerait plutôt envie de le réhabiliter. Moore n’est certes pas aussi fascinant que l’animal Connery, loin s’en faut. Et son jeu d’acteur semble ici bien limité, ses postures flegmatiques surjouées finissent même par agacer. Mais quand même, il tient plutôt bien son rôle, particulièrement dans les moments les plus tendus.

Le film lui-même, s’il ne se classe pas parmi les plus grandes réussites de la saga, ne manque pas d’intérêt. L’intrigue, qui tourne en grande partie autour du culte vaudou, joue plutôt habilement sur l’imagerie de la mort, et met en scène des cérémonies païennes assez fascinantes, d’où émerge l’image du Baron Samedi, flirtant allégrement avec les codes du fantastique.

Mais c’est une scène assez courte du pré-générique que l’on retiendra surtout : un faux défilé funèbre dans les rues de la Nouvelle Orléans, qui se transforme en exécution. Le moment le plus inventif, et le plus tenu du film, dont on verra une sorte d’écho dans la seconde moitié du métrage. Et qui évoque à la fois la première scène du premier 007, annonçant par ailleurs celle très spectaculaire de Spectre, bien des années après.

Quelques situations sont franchement originales. Les personnages, en revanche, sont pour la plupart assez ratés. Le grand méchant joué par Yaphet Kotto est l’un des plus soporifiques de la saga, et semble lui-même plongé dans un ennui sidéral. M et Moneypenny font de la figuration dans le penthouse de Bond. Felix Leiter se contente de calmer le jeu derrière un micro… Quant à la Bond Girl de service, jouée par une toute jeune Jane Seymour, possible personnage fort sur le papier, elle tient son rang dans le haut du panier des potiches les plus soumises de la série.

Ce qui ne saurait gâcher totalement le petit plaisir que l’on prend devant ce film, lancé par la fameuse chanson de McCartney, dont quelques notes résonnent régulièrement dans l’action au cours des deux heures du métrage. Petit plaisir un peu inconséquent à l’image de cette interminable course poursuite de bateaux, un peu régressif à l’image de ce shérif truculent joué par Clifton James (qui retrouvera son rôle dans L’Homme au pistolet d’or), mais bien réel.

Goldeneye (id.) – de Martin Campbell – 1995

Posté : 9 avril, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, ACTION US (1980-…), CAMPBELL Martin, James Bond | Pas de commentaires »

Goldeneye

Après Permis de tuer, il a fallu attendre six ans pour revoir James Bond à l’écran. Du jamais vu à l’époque, et une seconde chance comme il en existe peu pour Pierce Brosnan, postulant malheureux pour cause de contrat avec la télévision (pour la série Remington Steele) en 1987, Timothy Dalton étant alors un choix par défaut.

Brosnan en 007 : c’était une évidence, tant la classe et l’ironie de l’acteur semblent taillées pour le personnage. Sans surprise, la volonté n’est donc pas de révolutionner le mythe avec ce Goldeneye (contrairement au nouveau départ suivant, le Casino Royale qui sera lui aussi réalisé par Martin Campbell), mais de s’inscrire dans la continuité de la saga.

Brosnan en James Bond, c’est donc un mixte de Sean Connery pour l’élégance et le regard froid, de de Roger Moore pour la décontraction dans l’action et la punchline qui tue. L’ambition est de rassurer et de retrouver un public qui commençait sérieusement à se faire la malle. Le résultat est sympathique, mais affiche ses limites dès la séquence d’ouverture.

A force de la surjouer cool et détaché, Pierce Brosnan en devient totalement désincarné, sentiment renforcé par la direction d’acteurs pour le moins flottante, comme si Campbell filmait chaque scène en n’ayant aucune idée de ce qui précède ou de ce qui suit. Pas bizarre, donc, de voir une jeune femme sans histoire rire franchement alors qu’elle se dirige ouvertement vers un danger potentiellement mortel.

Le film pêche à la fois par son humour lourdingue (« j’ai oublié de frapper », lance Bond avant d’assommer un méchant sur le trône), et par les excès mal maîtrisés de ses scènes d’action. Même Ethan Hunt n’aurait pas osé cette scène où Bond lance sa moto dans le vide, vole littéralement vers un avion en chute libre, et réussit in extremis à redresser l’engin. Le film est alors commencé depuis cinq minutes, et heureusement que la fameuse chanson de Tina Turner arrive dans la foulée pour faire passer la pilule.

Ce ne sera pas le dernier excès : les dérapages frein à main d’un char d’assaut, le siège éjectable actionné avec la tête (pour un passage pompé éhontément à 58 minutes pour vivre) ou la chute de cinquante mètres pas même mortelle enfonceront le clou. Oh ! Il y a bien des volontés de faire évoluer la saga, de confronter Bond à son propre machisme. Mais les tentatives maladroites de faire de Moneypenny un personnage féministe (et de confier le rôle de M à une femme, Judi Dench) sont contrecarrées par la méchante, pauvre Fanke Janssen à qui l’on fait jouer une tueuse sadique et nymphomane, plongée en plein orgasme dès qu’elle assassine.

Ce Brosnan premier du nom agace et permet de mesurer a posteriori le chemin parcouru sous l’ère Daniel Craig. Pourtant, Goldeneye séduit par moments, avant tout grâce au charisme de Pierce Brosnan, à cette manière qu’il a de surjouer la cool-attitude. A défaut de renouveler la saga (le passage obligé de Q, interprété depuis trente ans par Desmon Llewelyn, prouve qu’il n’en est pas question), Campbell s’amuse avec les passages obligés et les codes bien en place. Pas dupe, guère ambitieux, mais enthousiaste.

James Bond 007 contre Dr. No (Dr. No) – de Terence Young – 1962

Posté : 7 avril, 2022 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, James Bond, YOUNG Terence | Pas de commentaires »

James Bond 007 contre Dr No

Et c’est ainsi que tout commença, ou presque. Bien sûr, à la base du mythe, il y a les romans de Ian Fleming. Mais à la base seulement. Le véritable mythe, lui, est bien né avec ce Dr. No, premier d’une longue série de films (vingt-cinq au compteur officiel, tout juste soixante ans plus tard). On peut même être franchement précis sur l’instant où le mythe prend forme, un peu comme on peut dire à quel moment exact John Wayne est devenu une star (un travelling dans Stagecoach) : lorsque le visage de Sean Connery apparaît en gros plan après que la caméra lui a longuement tourné autour.

C’est la toute première apparition de l’agent 007 au cinéma. Et d’emblée, avec cette séquence qui reste fascinante, on sent que le personnage a été porté à l’écran avec la volonté d’en faire un mythe. Cette scène doit beaucoup à l’introduction du personnage de Bogart dans Casablanca. Elle annonce aussi dans l’esprit celle d’Indiana Jones dans Les Aventuriers de l’arche perdue. Dans tous ces cas, le personnage n’est d’abord dévoilé que par des détails : le geste d’une main, un plan de dos… Mais l’apparition du visage face caméra, elle, est bien tardive.

L’effet reste saisissant, parce que Sean Connery a ce charisme animal totalement fascinant, cette manière de jouer avec son regard, sa bouche et ses mains, qui est pour beaucoup dans la puissance que prend le personnage dès ce premier film. Etonnant aussi : le fait que tous les éléments du mythe soient déjà là. La silhouette de Bond dans une cible au début du film, le générique très stylisé, le « Bond… James Bond », les Bond Girls… Pour la chanson de générique, les gadgets et Q, on attendra un peu, mais l’essentiel est bien là.

Côté scénario, ce premier film est plus inégal. La première partie, qui flirte du côté du film de détective, est plutôt convaincante, et très rythmée. Le ton change en revanche dès l’arrivée sur l’île du grand méchant, premier repère secret d’une longue série, dont le gigantisme sied mal à la mise en scène de Young, efficace mais sans grand panache.

Qu’importe d’ailleurs. Dans cette seconde moitié du film, on n’a plus d’yeux que pour Ursula Andress, prototype inamovible de la parfaite Bond Girl, dont l’irrésistible apparition en bikini reste une image incontournable de la saga, qui sera citée ouvertement à deux reprises dans les années 2000 : par Halle Berry dans Meurs un autre jour, et par… Daniel Craig dans Casino Royale.

Forcément, la rencontre d’Ursula Andress et de Sean Connery, deux monuments du sex appeal, ne pouvait que faire des étincelles. La fausse innocence de la première et le cynisme dangereux du second ne jouant clairement pas la carte du réalisme, on se laisse volontiers entraîner dans cette aventure où tout est toujours un peu plus : plus spectaculaire, plus dangereux, plus séduisant, plus mystérieux. La naissance d’un mythe, ça ne se refuse pas.

Mourir peut attendre (No Time to Die) – de Cary Joji Fukunaga – 2021

Posté : 28 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Espionnage, 2020-2029, ACTION US (1980-…), FUKUNAGA Cary Joji, James Bond | Pas de commentaires »

Mourir peut attendre

Il s’est quand même passé quelque chose d’inédit dans la saga James Bond, sous cette ère Daniel Craig qui se referme. Pour la première fois, ce cycle autour d’un acteur a été appréhendé comme un tout, avec un début, une évolution, et une fin. Une vraie fin, qui se devait d’être aussi radicale que l’était l’introduction avec Casino Royale. Elle l’est, radicale. Cette conclusion d’un cycle pour la première fois feuilletonnant est même assez parfaite, dans le prolongement en tout cas des quatre premiers films.

Plus que jamais, même, le film réussit le grand écart entre les moments attendus et la réinvention du mythe. Mourir peut attendre a les mêmes défauts que la plupart des Bond : en particulier un méchant caricatural et sans vraie envergure (Rami Malek ici), ni meilleur ni pire que les précédents. Mais cette idée de cycle qui se referme ouvre la porte à de vraies audaces, et à quelques surprises fortes comme on n’en a jamais vraiment vu dans la saga.

Cary Joji Fukunaka, cinéaste choisi après le succès de la série True Detective dont il a réalisé la première saison, se révèle un choix parfait pour assumer ce grand écart. Passées les premières minutes, où son style syncopé caméra à l’épaule fatigue un peu dans les scènes d’action, on est happé par la vivacité du rythme, frappé par la manière dont il remplit scrupuleusement le cahier des charges avec ce qu’il faut de poursuites en voitures (spectaculaires dans les rues de ce petit village italien), combats à mains nues et fusillades, tout en posant sa marque.

Marque qui flirte étrangement avec les codes immersifs du jeu vidéo. Efficacement mais lourdement à l’occasion de deux explosions dont on sort, comme Bond, en perdant ses repères sensoriels. Et surtout dans l’ultime marche solo de Bond traçant son chemin à travers les dédales de la base du grand méchant, laissant les cadavres derrière lui à chaque recoin. Les longs plans quasi-subjectifs sont, là, proprement hallucinants.

Côté action, on est largement servi. Côté humain aussi. Cet ultime épisode avant le renouveau laisse tellement de cadavres et de drames qu’il pourrait être plombant. Curieusement, c’est peut-être le plus vivant de tous les Daniel Craig. Celui en tout cas où l’acteur est le plus humain, et le plus surprenant : fort comme toujours, fragile, tendre et même drôle comme jamais. Il est formidable, réussissant parfaitement ses adieux comme il avait réussi son arrivée il y a quinze ans.

Autour de lui, les habitués sont tous présents, avec une présence renforcée par rapport aux précédents films (en 2h45, on a le temps) : M, Q, Moneypenny, Tanner, Felix Leiter… le fan service est au rendez-vous, et plutôt bien. Côté James Bond Girl aussi, le film fait plus que répondre aux attentes (peut-être grâce à la présence au scénario de Phoebe Waller-Bridge). Une 007 au féminin d’abord (Lashana Lynch), sympa mais un peu anecdotique. Le retour de Madeleine ensuite (Léa Seydoux), moins surprenante mais plus émouvante que dans Spectre. Une jeune agent de la CIA enfin (Ana de Armas), réjouissant mélange d’innocence sexy et d’efficacité redoutable, le temps d’une grande séquence d’action d’une intensité et d’une inventivité folles.

Même dans les décors, Mourir peut attendre répond à cette double volonté : remplir le cahier des charges et surprendre. On a donc droit à de fabuleux paysages en Italie et en Norvège, à une planque (trop) classe en Jamaïque, à une base des méchants digne des périodes Sean Connery ou Roger Moore… mais aussi à une formidable scène dans une forêt touffue baignée de brume, ou des adieux déchirants sur un quai de gare tragiquement banal…

Et cette fin, dont on ne peut pas dire grand-chose sans gâcher la surprise, mais qui confirme fort bien, en détournant le mythe de Midas déjà au cœur de Goldfinger il y a bien longtemps, la dimension tragique et désespérément humaine de ce cycle Daniel Craig. Dont on a bien du mal à imaginer ce qui pourrait lui succéder. Mais la tradition est respectée. Le générique de fin le confirme, avec plus d’interrogations sans doute qu’après les vingt-quatre Bond précédents : James Bond will return.

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