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Archive pour la catégorie 'd’après Simenon'

Le Baron de l’écluse – de Jean Delannoy – 1960

Posté : 17 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, d'après Simenon, DELANNOY Jean, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Baron de l'écluse

Gabin… d’après Simenon… Deux noms dont l’association a souvent donné de belles choses, ne serait-ce que deux excellents Maigret (ici et ici) que venaient justement de réaliser Jean Delannoy. Sans avoir lu la nouvelle originale, on imagine bien ce qu’a fait Simenon de ce personnage de « baron » fauché qui vit au-dessus de ses moyens, flambant à Monte Carlo ou à Deauville, et découvrant une humanité plus simple et plus vraie près d’une petite écluse paumée de la Marne…

C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans ce film : comme dans les livres de Simenon, des atmosphères liées à des lieux, dans lesquels on prend le temps de s’installer. L’écluse, surtout, où l’action arrive un peu tardivement, mais où le film gagne en épaisseur. La comédie légère de la première partie cède un peu la place à plus d’empathie… à une certaine tendresse, même.

Gabin y est donc un baron, pilier de la jet set, qui vit dans le luxe mais sans un sou en poche. Un « aventurier » superbe, et vieillissant. Il y a une pointe de nostalgie dans l’interprétation de Gabin : ce sourire affiché a la conscience du temps qui passe, et la volonté de garder de la légèreté, coûte que coûte.

C’est ainsi qu’il embarque une ancienne maîtresse (excellente Micheline Presle, délicieusement volage et intéressée) dans une croisière sur un bateau gagné au jeu. « Je n’ai jamais eu de bateau », lance-t-il comme un gamin devant un sapin de Noël. Mais le jeu se heurte à la réalité : un bateau, si beau soit-il, ça ne nourrit pas son homme, ni sa femme. Et tous les deux sont habitués à mener grand train en profitant de l’argent des autres…

Par bribes, le film séduit par la tendresse qui effleure entre Gabin et « Perle » (Micheline Presle), souvenir d’un passé flamboyant, ou la patronne du bar de l’écluse (Blanchette Brunoy), promesse d’un avenir apaisé. Mais la plupart du temps, les bonnes intentions sont gâchées par une mise en scène totalement aseptisée, sans relief, de Delannoy. Et étouffées par des dialogues envahissants d’Audiard, dans sa veine la plus tapageuse.

Reste le sourire de Gabin, son regard d’enfant, ce regard qu’on devine si bleu encore, même en noir et blanc.

Le Sang à la tête – de Gilles Grangier – 1956

Posté : 8 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Sang à la tête

En état de grâce, Grangier, pour cette adaptation d’un roman de Simenon. On sait le réalisateur très inégal, mais ce film là est clairement l’un des sommets du gars, un film où ses défauts de certains films deviennent de grandes qualités. En gros : cette manière de ne rien filmer, qui s’apparente trop souvent à de la nonchalance.

Ici, ces riens sont pour le coup très simenoniens (ou simenonesques ?). Une manière de planter le décor, de nous rendre familier les personnages et leur environnement, tout en faisant grandir une tension, jusqu’à l’extrême.

Gabin est absolument formidable dans le rôle d’un ancien ouvrier du port de La Rochelle devenu bourgeois et patron à force de travail, dont la femme disparaît sans crier gare. Crime ? Tromperie… Grangier devient un digne double de Simenon, et met en scène les rumeurs, les mesquineries, la bourgeoisie un peu raide, comme les bouges grouillants de vie.

Le film est vrai, et fort. Gabin l’est aussi, d’une justesse parfaite, bien servi par les dialogues d’un Audiard qui, pour une fois, se met au service de l’atmosphère et des personnages au lieu de faire le malin. Pas de grandes répliques à glisser dans un almanach, donc, mais des mots qui frappent fort et qui sonnent juste. A l’image du film, donc, beau Grangier, belle adaptation de Simenon, belle peinture du port de La Rochelle, beau Gabin.

La Marie du Port – de Marcel Carné – 1950

Posté : 1 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, CARNÉ Marcel, d'après Simenon, GABIN Jean | Pas de commentaires »

La Marie du Port

Douze ans après Quai des Brumes… Gabin, Carné, un port… OK : on voit venir le drame de loin. Le cinéaste et la star, tous deux en manque de succès, creusent un sillon qui leur a si bien réussi à leur heure de gloire. Mouais.

Sauf que non. La Marie du Port n’est pas un énième drame à la manière de. Une chronique entre deux âges, plutôt, une réflexion douce-amère sur le temps qui passe, sur les sentiments qui vont et qui viennent, sur les êtres qui changent, ou pas.

Enchaîner les Gabin de toutes les époques réserve bien des surprises, souvent heureuses. Cela permet surtout de réaliser à quel point, tout en peaufinant un personnage qui évolue au fil du temps, chaque film est l’occasion pour l’acteur de créer un vrai personnage, jamais vraiment le même contrairement aux reproches qu’on a pu lui faire.

Ici, Gabin est un sale con. Un séducteur vieillissant plus occupé à cultiver ce qui lui reste de charme qu’à développer son empathie. On le découvre accompagnant sa sœur jusqu’à un port où elle enterre son père, reconnaissant qu’il ne l’accompagne que parce qu’il a des affaires à régler sur place. Et flirtant avec la très jeune sœur de sa compagne sitôt l’enterrement fait.

Carné ne signe pas l’un de ses grands chefs d’œuvre (il en a fait de tels), mais cette adaptation de Simenon est passionnante, et bénéficie de décors formidables, d’un coin de port où se retrouvent les jeunes amoureux, à une grande brasserie pleine de vie à Cherbourg.

A défaut de retrouver la magie et la puissance de ses grands films d’avant-guerre, Carné surprend et séduit. Gabin est grand, la jeune Nicole Courcel est troublante. Les dialogues, superbes, jouent constamment sur les sous-entendus hyper-sexués. Vrai plaisir…

Le Président – d’Henri Verneuil – 1961

Posté : 15 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, d'après Simenon, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Le Président

Un ancien président du Conseil vit sa retraite dans sa demeure reculée de l’Eure. Alors qu’il écrit ses mémoires, il se souvient de son dernier combat de président, de ses rêves prématurés d’Europe, de ses ambitions, et des trahisons…

Le Président est adapté d’un Simenon atypique. Pas de petites gens pour une fois, mais un homme qui fut tout puissant et que le cynisme a fini par vaincre… ou presque. Verneuil en tire un film un peu sage souvent, mais dont la langueur finit par créer un sentiment bien agréable, sur le fil.

Michel Audiard lui-même met plutôt la pédale douce. Quelques répliques sont mémorables (« Il y a des patrons de gauche, je vous l’apprends – Oui, comme il y a des poissons volants, mais ils ne dominent pas l’espèce ! »), mais les bons mots ne dominent jamais le sens.

Cette langueur de la retraite du président est émaillée de flash-backs plus tendus, plus passionnés : ce baroud d’honneur d’un Gabin fabuleux en chef d’état amoureux de son pays, qui affronte tout un parterre de politiciens intéressés lors de ce qui reste l’un des plus beaux discours politiques du cinéma.

Le film manque sans doute d’intensité, et la mise en scène de fièvre. Mais cette séquence de Gabin pointant du doigt les intérêts personnels et les connivences des députés, tout en vantant les mérites d’une Europe à construire, reste un superbe fantasme démocratique. De ces moments qui donnent envie de se lever et d’applaudir.

A l’inverse, Blier est formidable (lui aussi) en symbole de cette politique tournée vers l’ambition personnelle. Sa déroute, in fine, renforce la tendresse que l’on ressent pour ce vieux président, ravi d’en avoir encore sous le pied, malgré tout.

Le Chat – de Pierre Granier-Deferre – 1971

Posté : 6 avril, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, d'après Simenon, GABIN Jean, GRANIER-DEFERRE Pierre | Pas de commentaires »

Le Chat

Comment deux êtres qui se sont aimés en arrivent à se détruire l’un l’autre parce qu’ils ne se supportent plus et sont incapables de se séparer. Grand face-à-face entre deux stars immenses et prématurément vieillis. Signoret et Gabin, couple rude et tragique, dont la beauté évaporée plane constamment sur le film, et sur leurs destins.

Pierre Granier-Deferre réussit son adaptation de Simenon, et signe un film sombre, désespéré, et d’une sécheresse radicale. Rien de romantique, bien sûr, dans ce film aux images froides et laides. Un parti pris qui est le sujet même du film, comme ces maisons que l’on détruit, comme autant de bribes de jeunesse qui s’enfuient.

Signoret et Gabin vivent dans un pavillon de banlieue qui fut « la maison du bonheur », avant de devenir celle de la rancœur. Ils se sont aimés, ils se sont installés dans cette banlieue verdoyante. Ils ne se supportent plus, la banlieue est devenue un vaste chantier de reconstruction, qui fait table rase du passé. L’expropriation guette, la tragédie aussi.

Signoret est seule, triste, et vit dans un passé plein d’illusions. Gabin, lui, est juste fatigué, et n’en a vraiment plus rien à foutre. De rien, si ce n’est de son chat, qui occupe désormais toute la place dans sa vie. Tous deux sont formidables, douloureux, glaçants…

Qui d’autre qu’eux pouvaient jouer ce couple ? Il fallait leur passé, leur beauté et leur jeunesse si marquantes, et aussi ces années qui les ont marqués trop tôt et qu’ils n’ont jamais cherché à cacher, les arborant non comme une gloire ni comme un fardeau, mais comme un fait simple et incontournable.

Granier-Deferre filme ses personnages sans affect, sans en rajouter. Le face-à-face est terrible parce qu’il est le plus souvent taiseux. Les dialogues (de Pascal Jardin) sont brillants, mais ce sont les silences qui sont les plus forts. Ce silence las de Gabin, et ce silence de Signoret qui ressemble à un hurlement.

Pas le meilleur film à se regarder en couple un 14 février, non. Mais un face-à-face inoubliable.

Monsieur la Souris – de Georges Lacombe – 1942

Posté : 27 février, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, d'après Simenon, LACOMBE Georges | Pas de commentaires »

Monsieur la souris

Après le succès des Inconnus dans la maison, Raimu retrouve l’univers de Simenon, dans un film moins noir et moins intense (le premier était né de la collaboration de Decoin à la mise en scène et Clouzot au scénario, quand même), mais franchement réjouissant.

Le film de Lacombe atténue beaucoup la noirceur de Simenon, pour se concentrer sur l’intrigue policière, très prenante, et sur la prestation gourmande de Raimu. Dans le rôle d’un clochard à l’élégance très chaplinesque, témoin malgré lui d’un crime mystérieux, il en fait des tonnes, Raimu, mais avec cette humanité si entière, si forte, si émouvante qu’il sait incarner mieux que quiconque dans l’excès.

Alors oui, il cabotine, comme en roue libre. Du Raimu dans le texte, tel qu’on se l’imagine. Pourtant, ce personnage-là ne ressemble pas aux autres. Par sa manière de fermer son parapluie, par sa persévérance à garder le vouvoiement avec son compagnon d’infortune (Aimos, génial dans le rôle de Cupidon, l’autre clochard), par son élégance miteuse, Raimu incarne merveilleusement l’homme déchu mais toujours digne. Il y a dans sa prestation une nostalgie déchirante.

L’intrigue elle-même est efficace, mais pas renversante, basée sur des hasards et des raccourcis énormes. Qu’importe. Le plaisir repose sur les dialogues (signés Marcel Achard) et les personnages, moins caricaturaux qu’on pourrait le croire à première vue.

Un exemple : l’inspecteur de police Lognon, franchouillard et antipathique incarné par René Bergeron, dont la mesquinerie laisse peu à peu place à un sourire amusé et tendre. A l’image de ce chouette film méconnu.

La Tête d’un homme – de Julien Duvivier – 1933

Posté : 20 mai, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1930-1939, d'après Simenon, DUVIVIER Julien, Maigret | Pas de commentaires »

La Tête d'un homme

« Et la nuit m’envahit… Tout est brumeux, tout est gris… » C’est Julien Duvivier lui-même qui a écrit les paroles de cette complainte envoûtante, que chante Damia, et qui scande cette adaptation d’un Maigret, créant d’emblée une atmosphère digne de celle de Simenon.

Ce n’est pas la moindre qualité de cette adaptation merveilleuse, qui surclasse encore les deux premiers Maigret au cinéma, sortis l’année précédente (La Nuit du carrefour et Le Chien jaune). Chez Duvivier, comme chez Simenon, l’intrigue elle-même est un prétexte pour saisir la réalité de personnages hantés par leurs démons. Pas de faux suspense d’ailleurs ici : Duvivier l’évacue rapidement en exposant tous les éléments de l’intrigue, ou presque, dès la première séquence.

Film d’atmosphère, film de personnages, La Tête d’un homme bénéficie de la présence d’Harry Baur, qui livre une superbe incarnation de Maigret, personnage décidément bien servi au cinéma. C’est aussi l’œuvre d’un grand cinéaste qui signe un pur film de mise en scène. De la scène du « cambriolage » à la séquence finale où la folie du personnage d’Inkijinoff éclate, le film regorge d’images d’une grande force visuelle.

Une scène, qui semble plus anodine, souligne bien l’ambition esthétique de Duvivier : celle du policier filmé en plan fixe sur un changeant, ses interlocuteurs et les décor en fond se succédant. Procédé rarement utilisé, qui donne une grande fluidité à ce passage qui aurait si facilement pu être conventionnel.

La Tête d’un homme, c’est aussi un grand film sur la violence de la société, violence physique et morale, avec des visions crues de la prostitution, du sexe et de la folie des hommes. De la solitude aussi, omniprésente. Celle de Radek bien sûr (Inkijinoff), mais aussi celle de ce couple sans amour, et celle du faux coupable, méchant tout désigné avec ses mains immenses, rejeté par tous, même par ses parents. Un grand film cruel.

La Vérité sur Bébé Donge – d’Henri Decoin – 1952

Posté : 18 mai, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, d'après Simenon, DARRIEUX Danielle, DECOIN Henri, GABIN Jean | Pas de commentaires »

La Vérité sur Bébé Donge

Le ton, la construction, les personnages, les dialogues, l’interprétation… Le film est d’une modernité hallucinante, et suffit à démontrer à quel point le jugement des jeunes loups de la Nouvelle Vague était excessif, voire absurde, sur leurs aînés. Certes, Henri Decoin n’a pas fait que des chefs d’œuvre, mais celui-ci en est un. Et Gabin, qui a parfois eu une tendance à la facilité, est ici magnifique, tout en retenue, en pudeur et en douleur. Raide dingue de Danielle Darrieux, et on le comprend, qui souffle le chaud (brûlant) et le froid (glacial).

C’est un film d’une étonnante modernité, dont le personnage principal est un homme d’un autre temps, figure du mâle dominant à l’ancienne, qui ne voit pas le mal de coucher à gauche et à droite ou de gifler sa femme. Faut bien que ça rentre dans sa caboche… Un type d’un autre temps, donc, marié à une femme également d’un autre temps, sans doute trop en avance dans cette société patriarcale implacable. Une jeune femme romantique et libre, détruite par cet homme (et cette société) psychologiquement si brutal.

D’une puissance folle sur le fond, La Vérité sur Bébé Donge est aussi un film magnifique dans sa forme, avec ses flash-backs audacieux, ce refus de la grandiloquence, cette caméra qui sait être virtuose (passant d’un personnage à l’autre, d’une conversation à l’autre, avec une extraordinaire fluidité lors d’une belle scène de réception), ces dialogues dits par des acteurs qui annoncent très paradoxalement ceux de la Nouvelle Vague dans leur manière de scander les mots.

Gabin est formidable parce qu’il ose jouer un homme qui ressemble à tous ses personnages de l’époque, mais qui au fond est odieux. Et Danielle Darrieux est sublime parce qu’elle sait être pleine de vie, puis livide, comme morte. Avec cette adaptation de Simenon, Decoin prouve une bonne fois pour toute que les jeunes loups des Cahiers ont un peu vite sacrifié tout un pan du cinéma français, qui recèle quelques perles brutes.

Les Frères Rico (The Brothers Rico) – de Phil Karlson – 1957

Posté : 21 décembre, 2018 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, d'après Simenon, KARLSON Phil | Pas de commentaires »

Les Frères Rico

Encore une petite merveille à mettre au crédit de Phil Karlson, décidément l’un des plus grands auteurs de « noirs » des années 50. Celui-ci est l’adaptation d’un roman « américain » de Simenon. Totalement passé inaperçu à sa sortie, quasiment oublié depuis, ou en tout cas très largement méprisé, Les Frères Rico fait pourtant partie des très grandes réussites du film noir, du film de gangster, du film d’angoisse, et du genre « adapté de Georges Simenon ».

OK, il y a les deux dernières minutes, tellement en rupture avec tout ce qui précède qu’il paraît évident qu’elles ont été imposées par la production. Mais qu’importe ce final très discutable : ce qui précède, tout ce qui précède, est un sommet d’angoisse, et la brillante démonstration que Karlson fait partie des grands auteurs oubliés du cinéma de genre.

Au cœur du film, il y a l’un des frères Rico, joué par Richard Conte dans l’un de ses meilleurs rôles. Un homme marié sur le point d’adopter un enfant, et dont on comprend vite qu’il a un passé avec la mafia. Un passé qui finit par le rattraper lorsque le parrain de la mafia, qu’il considère comme un père de substitution, lui demande de retrouver son jeune frère, dont la disparition fait peser sur lui d’inquiétants soupçons chez d’autres chefs mafieux.

Entre Rico et son « parrain », il y a une relation de confiance, et une affection familiale. Croit-il. Parce qu’après une première partie pleine de bienveillance et même de légèreté, mais sur laquelle planait déjà un curieux sentiment de menace, impalpable, Karlson et ses scénaristes (parmi lesquels Dalton Trumbo, non crédité) ont leur premier coup de génie : donner au spectateur une longueur d’avance qui fait toute la différence, en montrant le vrai visage du parrain.

Et la quête de Richard Conte qui part à la recherche de son frère à travers les Etats-Unis se transforme en un sommet d’angoisse, avec la tragédie annoncée et cette vision paranoïaque d’un pays où le danger semble soudain omniprésent, prenant l’apparence troublante de rencontres impromptues, et répétées. A chacune de ses étapes, Conte/Rico est confronté au même trouble : ces visages souriants et affables qui, mine de rien, resserrent les uns après les autres la menace sur lui.

Il y a bien sûr quelque chose de la Chasse aux Sorcières (dont Trumbo fut l’une des victimes à Hollywood) dans cette vision cauchemardesque de l’Amérique, qui nous fait passer de la légèreté des premières scènes à un climat d’authentique film noir, avec ruelles obscures et ombres profondes, jusqu’à la tragédie elle-même, séquence bouleversante d’une puissance narrative et émotionnelle rare. Et qu’importe la fin, encore une fois, je ne suis pas prêt d’oublier ces frères Rico…

Picpus – de Richard Pottier – 1943

Posté : 3 février, 2018 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, d'après Simenon, Maigret, POTTIER Richard | Pas de commentaires »

Picpus

Une fois acté qu’Albert Préjean n’incarne pas le Maigret tel qu’on se l’imagine en lisant les romans de Simenon, il faut reconnaître que l’acteur, imposé à Richard Pottier par les dirigeants de la Continental, apporte une vision différente et séduisante du commissaire : plus dynamique, plus jeune, plus jeune. Moins massif, mais plus affûté physiquement que tous les autres interprètes du flic le plus célèbre de France.

L’acteur est impérial dans ce rôle, qu’il reprendra à deux reprises (pour les excellents Cécile est morte et Les Caves du Majestic). Son interprétation donne le ton du film, enlevé et plus brutal que la plupart des autres adaptations, à l’image de cette impressionnante bagarre finale.

Comme beaucoup de films de cette période, Picpus doit aussi beaucoup à ses seconds rôles, tous excellents, ces gueules qui dont la richesse de ce cinéma, de Noël Roquevert à Jean Tissier en passant par Pierre Palau et Antoine Balpêtré. Avec un petit coup de cœur pour André Gabriello, ce bon gros au débit impossible, qui s’amuse de sa propre opacité.

Ce personnage (l’inspecteur Lucas) incompréhensible illustre bien l’ironie avec laquelle Pottier filme l’intrigue un peu confuse. L’enquête n’est clairement qu’un prétexte pour enchaîner les scènes réjouissantes, entre noirceur et humour, et dans une belle atmosphère.

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