Play it again, Sam

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Archive pour la catégorie '1980-1989'

Le Contrat (Raw Deal) – de John Irvin – 1986

Posté : 9 novembre, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ACTION US (1980-…), IRVIN John | Pas de commentaires »

Le Contrat

Schwarzenegger, dans la dernière partie du film, débarque surarmé dans l’antre des méchants et dézingue tous ceux qu’il croise. Ce qui amène à une question : pourquoi donc ne commence-t-il pas par là ? Parce que s’il ne s’était pas mis en tête d’infiltrer le gang des méchants pour « faire tomber » ceux qui ont causé la mort du fils de son ami, on aurait gagné une bonne heure, totalement inutile.

Et puis, même si cette dernière partie est discutable, et même douteuse (on est quand même dans une ode décomplexée à une justice expéditive), c’est encore ce qu’il y a de moins ennuyeux dans ce ratage à peu près complet. Au moins s’amuse-t-on de la bêtise de ces hommes de main qui attendent bien sagement leur tour pour offrir leurs corps vulnérables aux balles de Schwarzie.

On est clairement dans le bas, voire les tréfonds, de la carrière de Schwarzie. Qui se cherche encore. D’ailleurs, entre le look tout en cuir de Terminator, et le massacre final aussi sanglant que celui de Commando, on sent bien l’influence des deux précédents succès de la star. Sauf que John Irving n’est pas James Cameron, que Le Contrat n’a pas le second degré rigolard de Commando, et que Schwarzenegger a encore à prouver qu’il peut être un vrai acteur, lorsqu’il n’est pas un robot tueur.

Dans cette production typique des années 80, où les personnages sont dénués de toute épaisseur, où la musique déborde, et où l’action est mollassonne, même lui paraît bien fade. Son charisme n’apparaît vraiment que dans une courte scène nocturne sur le tarmac d’un aéroport. C’est bien peu, mais le meilleur est à venir : son prochain film sera un certain Predator. Nettement plus classe, et Schwarzenegger y sera nettement plus intense.

Honkytonk Man (id.) – de Clint Eastwood – 1982

Posté : 10 juillet, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Honkytonk Man

Clint Eastwood, chanteur de country dont le rêve se brise en même temps que sa voix sur la scène du mythique Grand Ole Opry… Voilà une image qui vous déchire le cœur, l’une des plus touchantes de tout son cinéma. Il faut dire qu’Eastwood cinéaste atteint ici l’un de ses premiers sommets, lui qui venait pourtant de signer Firefox, qui serait pour le coup plutôt à caler dans le bas de la pile… Ce n’est d’ailleurs pas un fait unique dans sa filmographie : dix ans plus tard, il enchaînera La Relève (nanar) et Impitoyable (chef d’œuvre).

Le grand écart est à peu près aussi important, entre les effets spéciaux cheap et dévorants du précédent, et la sensibilité et la simplicité de ce Honkytonk Man, film très personnel autant qu’hommage à l’âge d’or hollywoodien. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si c’est là l’une des rares occasions qu’Eastwood a eu de diriger un acteur de cet âge d’or : John McIntire, figure du cinéma de Raoul Walsh, Anthony Mann ou Henry Hathaway, vu dans une quantité de classiques de Appelez Nord 777 à Psychose.

Eastwood plonge dans cette Amérique de la Grande Dépression, qui est aussi celle de son enfance, lui qui a grandi dans la Californie des années 30. Avec ce film, Eastwood s’impose comme l’un des meilleurs héritiers d’un certain classicisme, celui de Walsh ou Ford, celui des grands espaces et des Raisins de la colère, celui du voyage et de la communauté qui se crée sur la route, thème que l’on retrouvait déjà dans Josey Wales ou Bronco Billy.

Entre le drame social et la comédie de mœurs, Eastwood trouve un ton original qui fait la particularité de son film. Surtout, sa belle voix douce et éraillée à la fois donne au film une atmosphère envoûtante. La musique a souvent été importante dans son cinéma, mais sa propre voix n’a sans doute pas été assez utilisée (il a chanté dans le western musical La Kermesse de l’Ouest et dans les bandes sons de Ça va cogner et Minuit dans le jardin du bien et du mal). Jamais en tout cas comme ici.

Entre deux épisodes quasi-comiques (le faux braquage raté, le bain contrarié par un taureau, le dépucelage du neveu joué par le propre fils de Clint, Kyle), le film est surtout marqué par la vision qu’Eastwood offre de cette Amérique qui oublie la Grande dépression dans les clubs ruraux (les Honkytonk), superbes séquences nostalgiques au rythme envoûtant. Et cette chanson qui donne son titre au film, qui plane sur les dernières images comme un rêve amer, et qui vous hante longtemps…

Jusqu’au bout du rêve (Field of dreams) – de Phil Alden Robinson – 1989

Posté : 8 juillet, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, LANCASTER Burt, ROBINSON Phil Alden | Pas de commentaires »

Jusqu'au bout du rêve

Le base-ball comme symbole de l’innocence perdue, la nostalgie d’une certaine Amérique profonde… Il y a dans ce film des tas de choses qui pourraient agacer, ennuyer, ou faire fuir. Et pourtant, avec Field of dreams, Phil Alden Robinson réussit une sorte de miracle : tout fonctionne, tout est d’une justesse totale, l’émotion est constante, et forte. Avec ce film, le réalisateur signe un superbe conte à la Capra, dans une sorte d’alchimie que la suite de sa filmographie ne confirmera jamais.

Kevin Costner, fermier paisible qui s’ennuie un peu dans ses terres reculées, qui entend des voix dans son champ de maïs… La scène qui ouvre le film aurait pu plomber l’ensemble du récit. Mais pour une raison que je n’arrive toujours pas à m’expliquer après quelques visions, cette image est belle, très belle. Et elle dégage d’emblée un parfum doucement nostalgique qui renvoie à l’enfance et vous prend aux tripes.

Et il est formidable, Costner, juste. Alors en pleine ascension (il n’allait pas tarder à tourner Danse Avec les Loups, son grand-œuvre), il est une incarnation parfaite d’une certaine Amérique : celle des rêves perdus, d’une certaine innocence. Le film valorise cet esprit d’auto-entreprise qui a accompagné la naissance de la nation. Et ce qui aurait pu être de la naïveté se transforme en une fable universelle autour de la figure du père, qui vous prend aux tripes pour ne plus vous lâcher.

Impossible de ne pas verser une larme devant ce face-à-face tant attendu entre Kevin et son père, figé pour l’éternité dans une jeunesse qu’il n’a jamais connue, sur ce terrain de base-ball créé au milieu des champs de maïs pour apaiser les fantômes de joueurs morts depuis longtemps (un beau rôle pour Ray Liotta). Impossible aussi de ne pas vibrer devant la dernière scène d’un Burt Lancaster en fin de carrière, qui disparaît avec une douceur ouatée dans un ailleurs qu’on ne peut qu’imaginer. Un beau film, en état de grâce…

Appel d’urgence (Miracle Mile) – de Steve De Jarnatt – 1988

Posté : 19 juin, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, DE JARNATT Steve, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Appel d'urgence

Un coup de foudre dans un zoo, un rendez-vous manqué, un téléphone qui sonne dans une cabine téléphonique, et une voix au bout du fil qui annonce que des missiles nucléaires vont tomber sur Los Angeles dans la nuit… Et voilà comment une soirée qui commençait bien tourne au cauchemar.

Jusqu’aux dernières minutes, on se demande vraiment à quoi on assiste : avec cette errance désespérée d’un homme dans la nuit, Steve De Jarnatt (éphémère cinéaste prometteur) signe-t-il un vrai film apocalyptique, ou le portrait d’un type un peu naïf qui déclenche une vague de paranoïa ravageuse ? Dans les deux cas, le film bouscule, interroge avec son esthétisme très datée eighties, et finalement séduit.

La paranoïa est teintée d’une sacrée dose d’ironie, avec ces personnages parfois à la limite de la caricature. Le « héros » en tête : Anthony Edwards, future vedette de la série Urgences, dépositaire malgré lui d’un secret trop lourd, et déclencheur toujours malgré lui d’une série de cataclysmes.

Entre deux tons, le film n’est jamais vraiment confortable. Ce qui, finalement, est plutôt une bonne chose. Mais il oscille aussi entre une approche réaliste et une urgence pas toujours très crédible. La naissance de la paranoïa, et la perte de toute convention sociale : des sujets passionnants et ambitieux, que De Jarnatt condense en 90 minutes à peine, rendant le propos caricatural.

Finalement, Miracle Mile trouve un équilibre fragile et bancal entre le film culte et le nanar, penchant in fine vers la première option. Tout juste.

Black Rain (id.) – de Ridley Scott – 1989

Posté : 8 juin, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Black Rain

C’était quand même très bien, le cinéma de Ridley Scott, avant que le gars ne prenne le melon. Aujourd’hui, je suis tout surpris quand, par hasard, je tombe sur l’un de ses films qui me procure un vrai plaisir (Seul sur Mars). Il y a quelques décennies de ça, il enchaînait les films mémorables avec une envie de cinéma qui emportait systématiquement l’adhésion. C’est le cas avec ce polar presque banal sur le papier, mais totalement réjouissant.

Pour le coup, Scott se la joue presque humble, même, revendiquant ouvertement la parenté de son film avec Yakuza, que Sydney Pollack a réalisé quinze ans plus tôt, et dont il reprend l’un des acteurs principaux, Ken Takakura, dans un rôle comparable. Il y joue un policier japonais chargé de chaperonner deux flics américains qui ont laissé échapper le dangereux prisonnier qu’ils escortaient, joués par Michael Douglas (tout juste oscarisé pour Wall Street) et Andy Garcia (qui n’allait pas tarder à connaître l’apogée de sa carrière avec Le Parrain 3).

Pourtant, c’est à un film d’un tout autre genre que Black Rain fait furieusement penser : à Blade Runner, le chef d’œuvre de Ridley Scott, dont ce polar nerveux reprend en partie l’esthétique, et la vision de la mégalopole absolue que représente ici Tokyo. Sept ans après, c’est comme si Scott imaginait une sorte de prolongement de son classique de la SF dans l’univers du polar contemporain.

C’est esthétisant à souhait, avec ses néons omniprésents et ses volutes de fumée. Mais loin de se cantonner à un exercice de style qui aurait pu être vain, ce mélange des genres s’avère fascinant, et d’une efficacité redoutable. Ces images envoûtantes et parfois presque irréelles soulignent parfaitement le sentiment que ces deux flics sont des intrus dans cette société japonaise dont ils n’ont ni les manières, ni les codes.

Cette confrontation des cultures n’a rien de nouveau. De French Connection 2 à L’Année du Dragon, le polar est même un genre idéal pour développer ce thème. Mais il y a derrière l’esthétisation extrême du cinéaste une efficacité absolument imparable, qui éclate lors d’une séquence particulièrement tendue – et traumatisante – de mise à mort dans les couloirs déserts d’un centre commercial.

Black Rain est un pur polar, rien de plus au fond. Et cette modestie sied parfaitement à un Ridley Scott, jamais aussi bon que lorsqu’il s’attaque au film de genre, sans chercher à réaliser son grand-œuvre définitif. Le film est d’ailleurs souvent oublié lorsqu’on évoque sa filmographie. Injustement : Black Rain fait partie de ses plus grandes réussites.

Les Nuits de la pleine lune – d’Eric Rohmer – 1984

Posté : 6 juin, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, ROHMER Eric | Pas de commentaires »

Les Nuits de la pleine lune

Eric Rohmer représente une sorte de terre inconnue pour moi. D’abord parce que sa filmographie m’est très largement inconnue encore (mais il est grand temps que je rattrape mon retard conséquent), et puis parce qu’il filme, au moins ici, des personnages à peu près aux antipodes de ma propre vie.

Il faut donc un peu de temps pour rentrer dans cet univers. Mais pas trop. Parce que Rohmer, avec ces incarnations de cette jeunesse parisienne branchée des années 80, touche à une certaine forme d’universalité. A travers le personnage de Pascale Ogier surtout, jeune femme qui revendique sa vision personnelle de la liberté, pour mieux cacher une sorte de malaise face à cet entre-deux que représente le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Elle le dit elle-même : elle ne se sent pas adulte. Et quand l’idée d’avoir un enfant est évoquée, elle la balaye rapidement. Un enfant ? OK avant 16 ans, si l’envie est très forte, ou après 30 ans, quand on est installé. Sous-entendu : la vraie vie, c’est entre ces âges qu’il faut la dévorer. Une vision qui n’a que l’apparence de l’insouciance. Parce que plus les mois passent, plus la jeune femme vit comme elle le souhaite, plus le trouble grandit.

Son truc à elle, pour renforcer le couple qu’elle forme avec Tcheky Karyo (très différent d’elle : brut, casanier, très physique), c’est de s’aménager des moments de solitude. L’appartement conjugal est en banlieue, dans la ville nouvelle de Marne la Vallée ; mais elle possède un appartement à Paris, « le cœur du pays », où elle peut se retrouver seule. Et sortir, avec son ami Fabrice Lucchini, très dans le dialogue mais aussi très avide de coucher avec elle.

Et si Rohmer touche à l’universalité avec ce film, c’est parce que l’univers très branché, et très parisien dans lequel évoluent ses personnages ne change rien à la vérité profonde des sentiments humains. Louise (Pascale Ogier) vit dans une forme d’illusion : dans cette vision fantasmée qui lui permettrait de compartimenter ses relations, et les différents aspects de sa vie. Une forme de naïveté qui lui vaudra une sacré baffe, comme un passage un peu brutal à l’âge adulte.

Il y a dans ce Rohmer son éternelle gourmandise pour les dialogues fins et précis. Mais aussi, plus inattendue, un esprit très années 80, symbolisé notamment par les chansons d’Elli & Jacno qui rythment le film. Et puis une interprétation absolument parfaite, à commencer par celle de Pascale Ogier. La jeune actrice, qui allait disparaître tragiquement quelques mois plus tard, est de toutes les scènes, ou presque. Et elle est formidable.

Les Nuits de la pleine lune est le quatrième des six films du cycle « Comédies et proverbes » de Rohmer, qui s’inspire d’un soi-disant proverbe champenois : « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison ». Totalement inventé par le maître, bien sûr…

Halloween 5 : la revanche de Michael Myers (Halloween 5 : The Revenge of Michael Myers) – Dominique Othenin-Girard – 1989

Posté : 28 mai, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, OTHENIN-GIRARD Dominique | Pas de commentaires »

Halloween 5

Ben v’là-t-y pas que Michael Myers n’est pas mort ! Dessoudé et enterré sous des tonnes de gravats à la fin du précédent épisode, le croquemitaine laissé pour mort s’en est tiré. Et Dominique Othenin-Girard (qui ?) se croit obligé de nous montrer comment il a fait, dans une courte scène inaugurale qui donne le ton.

Dominique Othenin-Girard : un nom que l’on n’associe (quand on l’associe) à peu près qu’à ce Halloween 5, qui ne lui a pas fait une carte de visite franchement efficace… Pas qu’il manque d’ambition, ni même d’une certaine vision. Mais quoi qu’il fasse, le réalisateur tape à côté. Rien ne marche vraiment dans cet opus qui échoue surtout au seul endroit où on l’attendait vraiment : dans sa capacité de faire peur.

Étrange parti pris du réalisateur, qui semble prendre le contre-pied systématique de Carpenter. Sans doute le singer aurait-il été une erreur aussi grande, mais en refusant d’appliquer le code du bon réalisateur de film de frousse lambda, Othenin-Girard échoue constamment à flanquer cette frousse qu’on attend pourtant. En dévoilant d’emblée l’emplacement de Michael Myers dans les scènes de suspense, en refusant même la surenchère gore… Des parti-pris louables, a priori, mais qui rendent la chose d’une platitude extrême.

Le réalisateur semble plus intéressé à tenter d’amener la saga vers autre chose. Vers la comédie même, avec un duo de flics décalés mais mal utilisés. Voire vers le surnaturel plus affirmé, avec cette apparition d’un homme mystérieux qui vaudra un final inattendu… et inabouti.

Quant à Danielle Harris, la jeune actrice qui était le meilleur atout de Halloween 4, elle est confinée dans un mutisme qui ne porte pas vraiment le personnage vers des sommets.

Finalement, c’est une nouvelle fois le Dr Loomis, alias Donald Pleasance, qui tire le mieux son épingle du jeu. Plus psychotique que jamais, plus barré, plus malsain, plus odieux, plus dérangé… C’est lui, paradoxalement, qui fait le plus peur dans ce film.

Ironweed, la force du destin (Ironweed) – d’Hector Babenco – 1987

Posté : 7 mai, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, BABENCO Hector | Pas de commentaires »

Ironweed

Entre son rôle diabolique dans Les Sorcières d’Eastwick et celui déjanté du Joker dans Batman, Jack Nicholson reste dans la performance avec ce clochard dont on suit le quotidien, alors qu’il remet les pieds dans ce quartier où, autrefois, il avait une vraie vie.

Surprise : c’est presque sobre qu’on retrouve le grand Jack. Malgré une tendance un peu trop flagrante à mettre très en valeur ses dents bien pourries, il est plutôt très en retenu, ce qui est loin d’être une généralité pour lui, en particulier à cette époque. Sobre, et convaincant, en homme hanté (littéralement) par son passé et les morts qu’il a laissés derrière lui.

Adapté d’un roman de William Kennedy (Pulitzer de la fiction, quand même), le film d’Hector Babenco ne manque pas d’ambition. Trop, peut-être : le succès de son premier film américain (Le Baiser de la femme araignée) semble avoir donné des ailes au réalisateur de Pixote, qui n’a sans doute pas la carrure pour réussir la grande œuvre définitive sur les clochards dont il rêve.

Le film échappe à pas mal d’écueils, cela dit : il évite le misérabilisme, n’en rajoute jamais dans le lacrymal, et ne romantise jamais ces laissés pour compte qui, tous, vivent comme prisonniers d’un passé plus heureux, ou d’un avenir qu’ils n’ont pas vécu. Mais Babenco ne trouve pas le ton juste entre la fresque et le portrait, entre une certaine grandiloquence et une vision plus intime.

Son film se retrouve entre deux chaises, et ce n’est que par moments que l’émotion surgit : lorsque la fille en colère baisse la garde devant ce père absent, lorsqu’une clocharde alcoolique dévoile ses rêves envolés avant de mourir, ou lorsque le personnage de Nicholson se laisse aller à un geste de tendresse envers celle qui lui sert de bouée de sauvetage depuis si longtemps…

Dans ce rôle, Meryl Streep est, finalement, très convaincante. Finalement, parce que son apparition laisse craindre le pire, tant ses partis-pris sont radicaux : enlaidie, pleine de tics, crasseuse… Elle choisit la démesure, mais sait rester juste constamment. Au final, c’est d’ailleurs grâce à ses acteurs que le film est plutôt réussi : outre Jack Nicholson et Meryl Streep, Tom Waits est magnifique en cancéreux effrayé à l’idée de mourir seul, et Carroll Baker (la Baby Doll de Kazan) bouleversante en épouse délaissée depuis trop longtemps.

Né un 4 juillet (Born on the fourth of july) – d’Oliver Stone – 1989

Posté : 5 mai, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, CRUISE Tom, STONE Oliver | Pas de commentaires »

Né un 4 juillet

Après Platoon et avant Entre ciel et terre, Stone poursuit sa trilogie du VietNam avec cette adaptation (avec l’auteur) du livre autobiographique de Ron Kovic, vétéran de guerre revenu à la vie civile cloué sur un fauteuil, qui deviendra l’un des grands activistes anti-guerre. Un film radicalement différent du précédent, et du suivant, avec lesquels il forme pourtant un ensemble d’une remarquable cohérence.

Stone aurait pu surfer sur le succès de Platoon en creusant le même sillon. Du VietNam, on ne voit pourtant que quelques épisodes, aussi brefs que traumatisants : le massacre « accidentel » de civils, femmes et enfants dans un village, la mort « accidentelle » d’un soldat américain tué par l’un des siens, et puis les blessures de Ron. Rien d’autre, juste ces images qui reviennent en flashs tout au long du film.

Le film parle du traumatisme de la guerre, plus que de la guerre elle-même. Et Ron Kovic est le symbole parfait de ce traumatisme, pour ce qu’il représente de la jeunesse sacrifiée de tout un pays, et pour son destin personnel. Stone mêle ces deux aspects avec beaucoup de force et beaucoup de pudeur aussi. Plus encore que dans Platoon peut-être, la mise en scène est entièrement raccord avec l’état d’esprit de son personnage principal, tantôt va-t-en guerre nationaliste, tantôt vétéran en colère, tantôt jeune homme paumé à la recherche désespérée d’un sens à donner à sa vie.

Il fallait un acteur intense pour donner vie à cette vision de Ron Kovic selon Oliver Stone. Tom Cruise est l’homme de la situation (et pas seulement parce qu’il est né un 3 juillet). Déjà remarqué dans La Couleur de l’argent ou dans Rain Man, son talent protéiforme explose littéralement dans ce film, qui lui donne l’occasion de jouer sur tous les tableaux, du gamin puceau et maladroit au poivrot rageur en fauteuil. Il est assez exceptionnel, sans jamais en faire trop.

Jamais dans la performance pure, jamais dans le clinquant, il incarne un type pas facile à aimer. Un petit con qui se transforme en handicapé plein d’aigreur, avant de trouver une sorte de rédemption tardive. Comme dans tous ses meilleurs films (de Platoon justement, à JFK), Oliver Stone laisse planer un doute sur le fond : son personnage est-il totalement convaincu, ou ne cherche-t-il pas avant tout à trouver un sens à cette vie gâchée ?

Une trajectoire dont Stone s’empare en tout cas pour faire l’un de ses films les plus habités, l’un de ses plus convaincants.

Halloween 4 : Le Retour de Michael Myers (Halloween 4: The Return of Michael Myers) – de Dwight H. Little – 1988

Posté : 5 avril, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, LITTLE Dwight H. | Pas de commentaires »

Halloween 4

John Carpenter avait de belles ambitions pour sa saga, qu’il voulait transformer en anthologie d’épouvante, chaque film racontant une histoire différente. Mais après l’échec commercial de Halloween 3, lui-même a compris qu’il fallait revenir aux sources, et rappeler Michael Myers. Et le docteur Loomis, tant qu’à faire, ce dernier étant censé être aussi mort que le croquemitaine.

Exit, en revanche, Carpenter, qui a revendu le droit au producteur Moustapha Akkad. Ce dernier confir le film à un jeune réalisateur qui n’a pas encore fait grand-chose, Dwight H. Little, mais qui s’en tire franchement avec les honneurs. Visuellement très chiadé, ce quatrième opus est, visuellement, une réussite. S’il n’a pas l’élégance inquiétante du film de Big John, au moins soigne-t-il ses plans et sa lumière.

Rien de bien neuf, cela dit : le film se veut clairement un retour aux sources, renouant à la fois avec Haddonfield, le soir d’Halloween, les quartiers résidentiels… et Loomis, donc, sorte de rente pour Donald Pleasance, psychiatre qui semble plus fou que ses patients, et que l’on voit s’amuser de sa parenté manifeste avec un prédicateur parano dans une scène aussi inutile que marrante.

Jamie Lee Curtis, en revanche, est absente : on apprend que son personnage est mort depuis le deuxième film, et qu’elle a eu un enfant, une fillette nommée… Jamie (Danielle Harris, très bien du haut de ses 10 ans), nouvelle cible de son tonton Michael Myers. On retrouve aussi des personnages très inspirés de ceux du premier film, et ce refus de tomber dans la surenchère gore.

Pas mal de bonnes idées là-dedans, pas toujours très bien traitées (un innocent tué par erreur par des vigilantes, sans que cela fasse réagir plus que ça), et surtout ce personnage central de la fillette, qui donne du lien à la succession de meurtres, parfois plus originaux que vraiment terrifiants. Un personnage, surtout, qui réserve un final particulièrement fort, aussi inattendu que glaçant.

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