Play it again, Sam

tout le cinéma que j’aime

Archive pour la catégorie '1980-1989'

Outsiders (The Outsiders) – de Francis Ford Coppola – 1983

Posté : 12 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, COPPOLA Francis Ford, CRUISE Tom | Pas de commentaires »

Outsiders

Après le flop de Coup de cœur, Coppola devait trouver le bon sujet pour sauver sa société Zoetrope de la faillite… C’est un groupe d’étudiants qui le lui apporte sur un plateau, en lui demandant d’adapter cette histoire, quelque part entre West Side Story et Grease.

Loin de son univers, a priori : deux gangs de jeunes citadins qui s’affrontent. D’un côté, les Greasers, pauvres gamins sans argent et sans parents. De l’autre, les Socs, fils de riches vivants du bon côté de la ville, mais tout aussi paumés. Parce que quel que soit l’endroit d’où on le regarde, le coucher de soleil est le même, comme le dit l’un des personnages.

Les couchers de soleil… omniprésents et sublimes, comme le symbole d’une innocence perdue, de la perte, ou du début d’autre chose. Un symbole qui était déjà au cœur d’Autant en emporte le vent, auquel on pense fortement : pour les couleurs du crépuscule et ces superbes clairs obscurs, mais aussi parce que le libre lui-même revient régulièrement dans l’histoire.

De ce sujet improbable pour lui, Coppola tire un film d’une beauté renversante. Visuellement, donc, mais aussi et surtout pour cette déchirante nostalgie, ce sentiment de perte que Coppola instille par de longs plans d’une élégance folle, avec une utilisation magistrale et très subtiles de musiques et chansons célèbres (celles d’Elvis, notamment).

Totalement sous le charme de ce film tragique et superbe, et pas seulement pour son extraordinaire casting, qui voit les quasi-débuts de C. Thomas Howell, Matt Dillon, Rob Lowe, Ralph Macchio, Emilio Estevez, Patrick Swayze et Tom Cruise. De ce sujet presque anodin, Coppola tire tout simplement l’un de ses plus beaux films. Une merveille.

Elephant Man (The Elephan Man) – de David Lynch 1980

Posté : 27 juillet, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, LYNCH David | Pas de commentaires »

Elephant Man

OK… Celui qui sort d’Elephant Man les yeux secs est un monstre. En larmes, bouleversé par le destin de cet homme difforme, mais tellement plus humain que tous ceux qu’il croise. Jamais, sans doute, dans toute l’histoire du cinéma, la vision d’un homme préparant son lit pour la nuit n’a été si déchirante…

Avec Elephant Man, David Lynch signe un film très à part dans son œuvre, sans doute très personnel pour ce cinéaste si à la marge. L’histoire vraie de John Merrick, ce jeune Anglais aux malformations si monstrueuses qu’elles font de lui une bête de foire, est pour lui la matière à un film magistral sur la place des êtres différents dans la société.

Bien sûr, les monstres ne sont pas ceux qu’on croit. Ce n’est en tout cas pas John Merrick, « freak » traité comment un animal dont ont fait référence en utilisant « it » plutôt que « he », et qu’un brillant chirurgien vient tirer de sa terrible condition. Mais pourquoi le fait-il ? C’est aussi pour Lynch l’occasion de creuser ce thème de la monstruosité. En introduisant Merrick dans la bonne société, le Dr Travers ne continue-t-il pas à en faire une bête de foire ? Même si Merrick découvre le bonheur, la démarche est-elle juste ? Le seul fait de poser la question fait du film (comme du personnage) une œuvre profondément humaine.

John Hurt est bouleversant malgré les tonnes de latex. Anthony Hopkins est intense en scientifique plein de doutes… Autour d’eux, beaucoup de seconds rôles qui révèlent ce qu’il y a de meilleur et de pire dans l’être humain. Le meilleur, c’est peut-être la femme de Travers, bienveillance incarnée, dont les larmes de compassion sonnent comme un feu vert pour notre propre système lacrymal.

Lynch signe l’un de ses films les plus directs, les plus simples d’un point de vue narratif. Il le fait par une succession de séquences visuellement superbes (le noir et blanc est somptueux, magnifique travail du chef opérateur Freddie Francis) qui s’achèvent le plus souvent par un fondu au noir qui, loin d’être artificiel, semble fixer une émotion brute. Et nous vrille le cœur.

Police Frontière (The Border) – de Tony Richardson – 1982

Posté : 19 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, RICHARDSON Tony | Pas de commentaires »

Police Frontière

Ça commence d’une manière assez ridicule, avec l’un des tremblements de terre les plus cheap de l’histoire des tremblements de terre au cinéma, filmé avec une série de gros plans et une caméra secouée de manière totalement artificielle. Tout pourri, donc, et totalement inutile qui plus est. Impardonnable, donc.

Tony Richardson avait-il vraiment besoin de cette entrée en matière dramatique et faussement spectaculaire, alors que toute la suite de son film privilégie les détails, les regards empathiques mais sans éclats ? Ben non, bien sûr. Ce début ne gâche pas le film, mais il diffère le plaisir qu’on y prendra, portant une sorte de doute sur les scènes qui suivent.

Cela dit, Richardson finit par rattraper le coup, et par instaurer un rythme bien différent, nettement plus convaincant, quand il adopte le strict point de vue de Jack Nicholson, flic qui ne rêve que de retourner à la surveillance des forêts et des canards, mais que l’avidité et l’égoïsme de sa gourde de femme conduit à la police aux frontières, entre les Etats-Unis et le Mexique.

Et là, ce type plein d’empathie et de bienveillance est confronté à la violence des situations, et à la corruption qui gangrène son unité (incarnée par Harvey Keitel). Forcé de participer, même passivement, à des actes déshumanisants. Entre le fiasco de son couple et le naufrage de ses idéaux, ce flic se raccroche à ce qu’il trouve : une jeune Mexicaine totalement paumée (Elpidia Carrillo, que l’on reverra dans Predator), dont il deviendra une sorte d’ange gardien.

Il y a des courses-poursuites, des bagarres, des fusillades même. Mais toutes, si percutantes soient-elles, sont expédiées en quelques plans, avec un sens de la précision particulièrement efficace. Pour Richardson, le polar, musclé et tendu, est l’occasion de filmer les « dos mouillés », de montrer ces Mexicains en quête d’un lendemain plus souriant, mais sans illusion, avec honnêteté et sans misérabilisme.

Son film, de ce point de vue, est une grande réussite. Il semble, presque quarante ans plus tard, plus actuel que jamais.

Osterman Week-end (The Osterman Week-end) – de Sam Peckinpah – 1983

Posté : 18 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Espionnage, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, LANCASTER Burt, PECKINPAH Sam | Pas de commentaires »

Osterman week-end

Dernier baroud pour Peckinpah, grand cinéaste en bout de course, rongé par l’alcool, la drogue, l’échec de ses derniers films, et un système hollywoodien qui ne lui convient pas. Convoi, son précédent film, est sorti cinq ans plus tôt ; lui mourra l’année suivante. Pourtant, Osterman week-end, film mal-aimé, est l’œuvre d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens.

Évacuons d’emblée le détail le plus problématique : les ralentis, si typiques des scènes de violence chez Peckinpah. D’une manière générale, l’effet a vieilli. C’est particulièrement vrai ici, où une poignée de moments de bravoure flirtent dangereusement avec le kitsch. Le constat est d’ailleurs vrai de beaucoup de films de cette époque (me suis toujours pas remis du Fury de De Palma…).

Mais ceci mis à part, la mise en scène de Peckinpah est d’une précision et d’une originalité remarquables, sur ce qui est une pure commande, l’adaptation d’un roman de Robert Ludlum à l’intrigue faussement complexe, qui joue avec les codes du film d’espionnage pour déboucher sur quelque chose de différent : une critique du pouvoir des images, de la manipulation des médias.

Peckinpah fait de ce thème le pilier de son travail de réalisateur, multipliant les écrans à l’image : écrans pour observer, pour dialoguer, pour manipuler, pour tromper, pour détruire… C’est assez brillamment fait, et Osterman week-end annonce d’une certaine façon le Invasion Los Angeles de John Carpenter. Que ce dernier choisisse pour le premier rôle féminin Meg Foster, qui joue ici l’épouse de Rutger Hauer, n’est peut-être pas un hasard…

Le casting, globalement, est excellent : Hauer, Dennis Hopper, Craig T. Nelson, tous parfaits (et sobres), John Hurt surtout, formidable en espion détruit. Burt Lancaster aussi, dont la filmographie reste classe jusqu’au bout…

Le choix des acteurs était important, parce que le cœur du film, c’est un huis clos dans une villa où la tension grandit peu à peu entre les protagonistes, l’un étant chargé de manipuler ses trois amis, dont il a appris qu’ils étaient des traîtres au service des Russes. Et la tension, d’abord latente, finit bel et bien par exploser, dans une séquence de chasse nocturne assez bluffante.

Avec son dernier film, Peckinpah réussit son rappel. Il signe un thriller paranoïaque, humain, et tendu comme un arc.

Le Maître de guerre (Heartbreak Ridge) – de Clint Eastwood – 1986

Posté : 1 juillet, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

Le Maître de guerre

La voix éraillée, le visage couvert de cicatrices, le langage fleuri… Clint Eastwood s’est taillé un personnage particulièrement fort pour ce Heartbreak Ridge, l’une de ses rares incursions dans le film de guerre, à mi-chemin entre ses deux films avec Brian G. Hutton (Quand les aigles attaquent et De l’or pour les braves) et son diptyque sur Iwo Jima (Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima).

Son interprétation est inoubliable, ne serait-ce que pour sa manière rigolarde de débiter des dialogues orduriers. Par animosité ou comme un signe de virile fraternité d’ailleurs, tout est alors dans l’expression du visage, et ce petit sourire à peine esquissé.

Heartbreak Ridge flirte alors avec la comédie, mais c’est aussi un vrai film de guerre, dont la construction évoque d’ailleurs celle de Full Metal Jacket, sorti la même année (d’où, sans doute, l’insuccès du film d’Eastwood) : une longue partie consacrée à la formation des jeunes recrues par un officier autoritaire, avant l’épreuve du feu.

Tout ça est fort bien construit, et assez passionnant malgré un aspect parfois un peu caricatural. Mais le mélange des genres fonctionne parfaitement, et les seconds rôles impeccables, particulièrement Mario Van Peebles en caution humoristique, dont le duo avec Eastwood est assez convaincant.

Mais le film est surtout réussi pour ses moments en creux, comme souvent dans le cinéma d’Eastwood. Pour la manière dont il se filme en homme de guerre s’approchant de la retraite, appréhendant cette nouvelle étape de sa vie sans le cadre de l’armée, et tentant maladroitement de renouer avec son ex-femme. C’est dans ces moments, comme dans les scènes de bar si eastwoodiennes, que le film gagne son supplément d’âme…

Garçon ! – de Claude Sautet – 1983

Posté : 6 juin, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, SAUTET Claude | Pas de commentaires »

Garçon

Sautet est dans une sorte d’entre-deux quand il tourne Garçon !, film charnière entre ses deux grandes périodes : celle de Montand et Dabadie disons, et celle d’Auteuil et Jacques Fieschi.

Pour Garçon !, Montand est toujours là, et Dabadie aussi. Mais le ton n’est plus celui de Vincent, François, Paul et les autres ou des Choses de la Vie. C’est une comédie, enlevée et pleine de moments drôles et légers. Mais une comédie pleine d’amertume, de cette amertume qui marque la fin de quelque chose.

Montand est parfait dans ce rôle d’un ancien danseur de claquettes, reconverti en chef de rang dans une brasserie pour payer ses énormes dettes d’homme aux grandes idées. Un homme dont la vie a toujours été tournée vers ses projets, ses envies, ses désirs. Un homme qui réalise tardivement qu’il ne s’est, au fond, intéressé qu’à lui-même.

Et quand il s’en rend compte, bien sûr, il est bien tard. Garçon ! est le portrait d’un homme arrivé à un tournant de sa vie, vieillissant, et seul, avec ses rêves réalisés, ou derrière lui. Sautet sait filmer l’effervescence de cette vite tout entière dans le mouvement, comme il filme l’effervescence de la brasserie, comme un grand mouvement dans lequel la vie telle qu’elle passe apparaît, comme ce couple que l’on voit se déliter peu à peu, jusqu’à disparaître.

Drôle de comédie quand même, centrée sur un Montand dont la sympathie s’étiole au fur et à mesure que ceux qui l’entourent et dont il profite plus ou moins s’éloignent de lui. Et quel entourage ! Villeret, Nicole Garcia, Rosy Varte, Marie Dubois…

Sautet est entre deux grandes périodes et cherche à se réinventer. Avec Garçon !, il signe un film à part dans sa filmographie, à la fois enthousiasmant et empreint d’une douce tristesse.

Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) – de Wim Wenders – 1987

Posté : 8 mai, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, WENDERS Wim | Pas de commentaires »

Les Ailes du désir

Un ange qui renonce à sa condition par amour, et qui décide de devenir un mortel parmi les autres… Le sujet pourrait donner un mélo bien baveux. Ça sera d’ailleurs le cas avec le « remake » américain qu’en tirera Brad Silberling (La Cité des anges, avec Nicolas Cage). Il pourrait aussi donner une réflexion pompeuse sur l’humanité, la vie, l’amour, la mort…

Mais non. Wim Wenders, alors au sommet de son art (il sort de sa Palme d’Or américaine pour Paris Texas), fait de ce thème la matière à un portrait assez fascinant de Berlin, celle ville-monde encore coupée en deux, filmée sans afféterie mais sans misérabilisme, dont Wenders semble capter comme personne l’âme profonde, l’humanité à tous les coins de rue.

Elle est assez laide, cette ville, encore toute marquée par la guerre et la reconstruction (physique et morale). Mais Wenders la filme avec une tendresse inattendue, d’une sincérité troublante pour un cinéaste dont on savait déjà le rapport difficile qu’il avait son Allemagne, dont il n’a cessé de s’éloigner à travers ses films. Pas là, pas avec ses Ailes du désir.

Difficile de parler de déclaration d’amour avec ce film. Wenders filme des ruines, des blocs de béton, un mur hideux qui coupe la ville comme une cicatrice. Il filme des êtres abîmés, des paumés, des terrains vagues, des caves… Rien de glamour, rien de glorieux, mais une ville vivante et pleine d’une simplicité et d’une vérité souvent bouleversantes.

Le regard des anges Damiel (Bruno Ganz, merveilleux) et Cassiel (Otto Sander, qui aura le rôle central de la suite, Si loin si proche) permet d’adopter un point de vue omniscient, vertical, passant d’un personnage important à une simple silhouette, donnant de beaux plans surplombant la ville… Une vision fantasmée de documentariste, en quelque sorte, magnifiée par le noir et blanc.

Beau film que traverse Bruno Ganz avec un mélange d’évanescence et de passion, et un regard d’une douceur absolue. On y croise Peter Falk, dans son propre rôle et lui aussi très touchant, mais aussi un tout jeune Nick Cave, alors dans sa période berlinoise, lorsqu’il écumait les clubs de la ville. Ce film a contribué à faire connaître le chanteur d’un public plus large.

Ne serait-ce que pour ça, et pour cette superbe séquence de concert où Damiel devenu humain rencontre enfin sa belle trapéziste (Solveig Dommartin, dans le rôle de sa vie), tandis que Nick Cave et ses Bad Seeds se produisent sur scène, Les Ailes du désir est un film important…

Quelques jours avec moi – de Claude Sautet – 1988

Posté : 28 mars, 2020 @ 8:00 dans 1980-1989, DARRIEUX Danielle, SAUTET Claude | Pas de commentaires »

Quelques jours avec moi

Après l’échec de Garçon, Claude Sautet s’offre une sorte de nouveau départ avec son film suivant. Exit Jean-Lou Dabadie, le scénariste de ses plus grands succès. Sautet écrit Quelques jours avec moi avec Jacques Fieschi (et Jérôme Tonnerre), qui sera le scénariste de ses trois derniers films, sorte de triptyque informel et superbe, qui est aussi, de l’avis très éclairé de moi-même l’apothéose de sa carrière.

Avec Daniel Auteuil, qu’il retrouvera pour Un Cœur en hiverSautet trouve un nouveau double idéal, handicapé du sentiment très loin de ce qu’était Yves Montand. Auteuil chez Sautet, c’est un peu L’Etranger de Camus : un homme qui traverse sa vie comme un spectateur, étranger à lui-même et à ceux qui l’entourent. Profondément dépressif ? En manque total d’empathie ? Confronté à un ennui sidéral ? Tout ça, et rien de ça à la fois. Le personnage d’Auteuil est une énigme fascinante dont la passivité bouscule l’ordre bien étable, et qui révèle paradoxalement ce qu’il y a de meilleur chez les autres.

Héritier d’une grande chaîne de supermarchés, taciturne, sans plaisir ni déplaisir, là sans être vraiment là. A Sandrine Bonnaire, la femme de ménage vaguement délinquante, à qui il tend une sorte de guet-apens parce qu’il n’imagine pas simplement l’inviter, il fait ce début de confession : « Vous êtes la première personne à qui j’ai envie de parler depuis des années. »

Il est étranger, mais pourtant d’une disponibilité extrême, aussi naturel avec le très beauf Jean-Pierre Castaldi qu’avec le notable beau parleur Jean-Pierre Marielle. Attirant les extrêmes et la sympathie de tous comme par magie. Y compris celle de Vincent Lindon, qui s’étonne lui-même de ne pas être jaloux de celui qui passe pourtant ses journées et une partie de ses nuits avec celle qu’il aime.

Etrange électron libre, qui attire tout ce petit monde autour de lui, catalyseur des amitiés les plus improbables. Quelques jours avec moi est une œuvre à part dans la filmo de Sautet, qui laisse libre cours à un sens inattendu de la fantaisie. Au cœur du film, il y a notamment cette fête hallucinante, où se retrouvent petits délinquants et chef de police, patron et ouvriers, dans un immense appartement rempli de meubles de jardins. Hors du temps, hors des conventions.

C’est drôle, c’est envoûtant, c’est poignant aussi. Les acteurs sont géniaux. Marielle est immense, Auteuil gagne une dimension encore inédite. Bonnaire est d’une liberté insolente. Et en plus, il y a Danielle Darrieux, grande, même avec un rôle très secondaire. Quelques jours avec moi : un très grand Sautet, de ceux que l’on revoit avec un plaisir qui ne fait que croître.

La Nuit des juges (The Star Chamber) – de Peter Hyams – 1983

Posté : 25 mars, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, HYAMS Peter | Pas de commentaires »

La Nuit des juges

Michael Douglas n’est encore qu’une ancienne vedette de série télé (et un producteur oscarisé) lorsqu’il tient la vedette de ce petit thriller à la fois discutable sur le fond, et franchement séduisant sur la forme. Il y incarne un jeune juge malade de devoir libéré des accusés qu’il sait coupables, pour de simples raisons de procédures, et qui accepte de rejoindre un tribunal secret composé de juges qui ont décidé d’appliquer leur propre loi.

Le film flirte avec le vigilante movie, mais c’est pour mieux pointer du doigt les « imperfections » d’une justice personnelle et expéditive. Un peu comme si Un justicier dans la ville prenait subitement la route de Magnum Force. Sauf que, pas plus que dans ces deux films, le scénario ne fait pas franchement le choix de la nuance.

Que ce soit dans la première partie clairement destinée à nous asséner à quel point les jeux de prétoire sont déshumanisés, ou dans la dernière où c’est l’innocence de deux condamnés qui révèle au juge Michael Douglas son erreur, c’est à grands sabots qu’avance le film, et avec volupté qu’il passe à côté d’une vraie réflexion.

Cela étant dit, La Nuit des juges surprend et séduit à plus d’un titre. Parce que Michael Douglas est excellent, dans un rôle curieusement effacé. Et surtout parce que Peter Hyams y révèle des talents de cinéaste pictural qu’il ne confirmera pas toujours, dans une filmographie très inégale. Dès la première scène, course-poursuite à pied particulièrement immersive, jusqu’à la grande séquence finale étirée à l’extrême et franchement flippante, le réalisateur signe un film intense au rythme impeccable.

Un vrai film d’atmosphère aussi, grâce à l’utilisation esthétiquement très réussie de jeux de lumières, tamisées par les éléments de décors, qui plongent constamment les personnages dans une sorte de trouble bien à l’image du film. Belle surprise, au final.

Wall Street (id.) – d’Oliver Stone – 1987

Posté : 25 novembre, 2019 @ 8:00 dans 1980-1989, STONE Oliver | Pas de commentaires »

Wall Street

Il peut quand même être franchement bon, Oliver Stone. Et c’est décidément quand il s’attaque aux rouages les plus complexes du système ou de l’histoire américaine qu’il est le plus passionnant : quand il manipule les milliers de pages du rapport Warren pour en faire le film le plus enthousiasmant autour de l’assassinat de Kennedy (JFK, son chef d’œuvre), ou quand, comme ici, il décrit l’univers des traders et de la bourse new-yorkaise, avec son jargon totalement abscons et ses enjeux incompréhensibles.

C’est là que le talent du metteur en scène éclate. Pas tellement en rendant limpide ces enjeux et ce jargon (le magistral Margin Call de J.C. Chandor sera bien plus concluant sur ce registre): ils ne le sont pas. Mais en faisant ressentir l’opposition nettement plus simple du bien et du mal. Pour cela, Stone transforme ce drame boursier en quelque chose de parfaitement palpable : un jeune homme qui se construit est tiraillé entre les valeurs de son vrai père et l’attirance d’un père spirituel.

Le jeune homme, c’est Charlie Sheen, qui trouve l’autre rôle de sa vie devant la caméra de Stone, deux ans après Platoon. Le vrai père, et c’est une belle idée, c’est le vrai père de Charlie, Martin Sheen, très bien en incarnation de l’Américain moyen dans ce qu’il a de plus humble et généreux. Et l’autre, c’est bien sûr Michael Douglas, réjouissant en requin de la finance. C’est naturellement vers lui que va toute la lumière. C’est d’ailleurs lui qui décrochera l’Oscar.

Mais comme souvent, c’est dans l’ombre que se trouve la vraie valeur d’un film. Michael Douglas l’a bien mérité, son Oscar. Mais Charlie Sheen est assez remarquable dans un rôle nettement moins spectaculaire. Et ce qu’il y a de plus réussit dans le film, outre les scènes d’une énergie folle dans la salle des courtiers, c’est l’évolution toute en finesse du jeune loup plein d’ambition et d’arrogance, vers une libération pathétique.

Le message d’Oliver Stone est tranché, très tranché. On peut lui reprocher ce manichéisme et ce ton péremptoire que l’on retrouve souvent dans son cinéma. Mais c’est aussi sa force, cette colère et cette envie de s’engager, tout en signant un vrai spectacle. Avec Wall Street, il y arrive

1...56789...21
 

Kiefer Sutherland Filmographie |
LE PIANO un film de Lévon ... |
Twilight, The vampire diari... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | CABINE OF THE DEAD
| film streaming
| inderalfr