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Archive pour la catégorie '1980-1989'

Angel Heart : aux portes de l’enfer (Angel Heart) – d’Alan Parker – 1987

Posté : 10 janvier, 2022 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, DE NIRO Robert, FANTASTIQUE/SF, PARKER Alan | Pas de commentaires »

Angel Heart

Harry Angel, un détective privé sans envergure est engagé par un mystérieux Louis Cypher pour retrouver la trace d’un musicien disparu depuis douze ans. Angel… Louis Cypher… En deux patronymes un peu lourdingues, l’atmosphère est posée. Sous les allures d’un film noir aux images plutôt chiadées se tapis, littéralement, une descente aux enfers : l’éternelle histoire de l’âme vendue au diable.

Angel Heart est un film aux belles ambitions, qui flirte constamment avec les codes de deux genres bien différents, qui n’ont que très rarement eu l’occasion de se côtoyer. Il y a bien eu le très bon Alias Nick Beal de John Farrow en 1949, mais Alan Parker s’en démarque, en instaurant d’emblée une esthétique bien de son époque. Même si l’intrigue se déroule une dizaine d’années après la seconde guerre mondiale, Angel Heart est clairement ancré dans les années 1980, avec des images hyper léchées.

Pour le coup, l’esthétique volontiers clipesque de cette décennies est assez bien utilisée dans une série de belles images, souvent fascinantes : en particulier cette cage d’ascenseur qui revient comme un mantra, ne cessant de s’enfoncer toujours plus profondément. La symbolique, bien sûr, est évidente. C’est la descente aux enfer du personnage principal, entraîner dans une enquête qui le dépasse, croit-on d’abord, qui le mène des quartiers chauds de New York à une Louisiane à l’ambiance moite.

Parker filme avec un vrai talent cette ambiance, la magie noir omniprésente, et le malaise qui s’installe et ne cesse de grandir. Il réussit quelques moments de pur cauchemar : cette scène où le sexe et le sang s’entremêlent de la manière la plus dérangeante qui soit. Et il filme un Mickey Rourke remarquablement pathétique, qui subit plus qu’il ne provoque les événements. Une loque, qui suinte et qui saigne lamentablement.

Le malaise est bien là, donc, mais il manque au film ce petit quelque chose, ce liant, cette patte (de poulet) que Parker n’a pas, et qui aurait pu faire pencher Angel Heart du côté d’un grand film. Les images sont belles, l’ambition l’est tout autant, mais jamais le sentiment de peur et de paranoïa ne prend la dimension prévue. Robert DeNiro n’y peut rien. Se contentant de quelques apparitions suaves et sages en Lucifer urbain, jamais vraiment inquiétant.

On peut saluer l’ambition d’Alan Parker avec ce film. On peut aussi rêver de ce qu’en aurait fait le John Carpenter de ces années-là, celui de Prince des Ténèbres en particulier, produit à la même période, et autrement plus cauchemardesque et traumatisant que ce Angel Heart qui marque bien plus les esprits par ses belles ambitions que par ses effets.

Le Sicilien (The Sicilian) – de Michael Cimino – 1987

Posté : 4 janvier, 2022 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1980-1989, CIMINO Michael, POLARS/NOIRS | Pas de commentaires »

Le Sicilien

L’apogée de la carrière de Michael Cimino restera à jamais le triomphe à la fois public et critique de Voyage au bout de l’enfer, symbolisé par un moment-clé : l’Oscar qu’il a reçu des mains de Francis Ford Coppola, comme un passage de témoin entre l’un des pères du Nouvel Hollywood et son enfant alors chéri. C’était avant que son (sublime) film suivant, La Porte du Paradis, devienne le bouc-émissaire qu’attendaient les producteurs pour reprendre le pouvoir, et envoyer Cimino dans un purgatoire dont il ne sortira plus.

Après L’Année du Dragon et son accueil pour le moins partagé, Le Sicilien ressemble fort à une tentative un peu facile de renouer avec son âge d’or. Pensez donc : l’adaptation d’un roman de Mario Puzo, qui plus est un spin off du Parrain. Le projet lui-même témoigne d’une étonnante nostalgie de la part d’un cinéaste qui, jusque là, s’était montré si singulier, voire intransigeant. Comme s’il clamait au monde entier : « mais si, rappelez vous, je suis le fils spirituel de Coppola ! » A vrai dire, cette démarche a quelque chose de touchant, et même d’assez excitant.

Bon… D’emblée, l’affaire se présente mal. Pour un problème de droit, toute référence au Parrain doit être viré du scénario, ce qui nous prive d’une apparition possible de Michael Corleone (rien ne dit qu’Al Pacino aurait accepté le rôle, mais le personnage est bien présent dans le roman), et transforme Le Sicilien en ersatz du chef d’œuvre de Coppola. Autant dire que Cimino avait intérêt à se surpasser pour faire oublier le modèle, et imposer son propre univers.

Il le fait ponctuellement, au moins par son sens de la composition, le talent qu’il a pour filmer l’individu dans son environnement, et pour sublimer les paysages tout en soulignant leur caractère menaçant voire hostile. Le sujet s’y prête particulièrement : le destin (romancé) de Salvatore Giuliano, sorte de Robin des Bois de Sicile qui, en 1943, est devenu le héros d’un peuple paysan soumis à la rude loi italienne, et qui s’est réfugié dans les montagnes.

Visuellement, le film est donc souvent une splendeur. Pourtant, il ne fonctionne que très ponctuellement, plombé par plusieurs handicaps. D’abord, la comparaison avec le film de Coppola, que Cimino ne fait rien pour éviter, allant jusqu’à commencer son propre film par une séquence très inspirée du Parrain 2 (le cercueil qui traverse la campagne sicilienne). Ensuite parce que Christophe Lambert a tout de l’erreur de casting…

Il faut attendre la dernière partie, la plus sombre, pour que son jeu minimaliste prenne une certaine ampleur. Avant ça, il se contente de traverser l’histoire avec un visage impassible dont ne ressort à peu près rien. Bien sûr, il a le vent en poupe alors, sortant de Greystoke, Subway et Highlander, mais pourquoi lui avoir confié le rôle d’un symbole de l’identité sicilienne ? Cela dit, le reste du casting est plutôt à l’avenant, avec un Terence Stamp assez caricatural et une Barbara Sukowa franchement terne.

Reste John Turturro et Josh Ackland, très bien dans des rôles plus complexes, plus en demi-teinte. Pas suffisant pour faire du Sicilien le grand film qu’il aurait pu être, s’il ne donnait pas constamment cette sensation de vouloir se raccrocher à une mode, ou à un état de grâce disparu. En l’état, il a tout du film malade, beau par moments, décevant la plupart du temps, franchement raté parfois.

Mélodie pour un meurtre (Sea of Love) – de Harold Becker – 1989

Posté : 13 décembre, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, BECKER Harold, PACINO Al | Pas de commentaires »

Mélodie pour un meurtre

Le sexe comme arme du crime… Paul Verhoeven a une approche tellement frontale dans Basic Instinct qu’on a un peu le sentiment qu’il a inventé le thriller érotique. Ce qui, évidemment, est faux. En 1992, son film s’inscrivait même dans une tradition très ancrée, du Body Double de De Palma au Hot Spot de Dennis Hopper (deux grandes réussites), en passant par Liaison fatale et bien d’autres.

Sea of love n’est pas le plus sulfureux, loin s’en faut. Pas non plus celui où la température monte le plus haut. Harold Becker se montre un peu trop sage, à la fois dans la mise en scène du désir (les scènes de sexe sont passionnées, mais relativement prudes) et dans le trouble qu’il accorde au personnage principal. Al Pacino, qui étrenne ici le genre de flics qu’il retrouvera régulièrement dans les vingt années suivantes, lorsqu’il sera en manque d’inspiration.

Il est d’ailleurs très bien, Pacino. Mais à ce stade de sa carrière, l’inspecteur Frank Keller est sans doute le personnage le plus lisse qu’il a eu à interpréter. Ce qui est un comble : tout l’intérêt de ce thriller repose sur le fait que le flic, obsédé par son enquête et par sa principale suspecte, est constamment sur le fil du rasoir. Sans déflorer la conclusion du film, soulignons simplement qu’elle flanque par terre toutes les bonnes intentions initiales.

Passons. Sea of love reste, malgré tout, un polar diablement efficace, qui se voit et se revoit avec un plaisir intact. L’histoire est suffisamment retorse pour assurer le suspense. Pacino enquête sur des meurtres d’hommes, tués pendant l’acte sexuel après avoir répondu à des petites annonces de rencontre. Pour démasquer la tueuse, il décide avec son partenaire (le grand John Goodman) de passer lui-même des petites annonces… et tombe sur Ellen Barkin, étonnante, convaincante et sexy, qu’il soupçonne rapidement mais qu’il ne peut s’empêcher de désirer.

Ce jeu constant entre le désir et la peur, entre le sexe et la mort, sera traité de manière nettement plus frontale et troublante par Verhoeven. Mais même dans cette version sage et grand public, il donne un thriller très recommandable.

Itinéraire d’un enfant gâté – de Claude Lelouch – 1988

Posté : 7 novembre, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, LELOUCH Claude | Pas de commentaires »

Itinéraire d'un enfant gâté

Itinéraire d’un enfant gâté n’a pas seulement permis à Lelouch de connaître l’un de ses plus gros succès commerciaux, après une série de films en demi-teinte. Ses retrouvailles avec Belmondo, presque vingt ans après Un homme qui me plaît, ont également offert à l’acteur le déclic dont il avait sans doute besoin, après des années de polars interchangeables pour la plupart des dispensables… et d’ailleurs très oubliés.

Avec Itinéraire d’un enfant gâté, c’est un peu comme si Belmondo se rappelait qu’avant d’être un produit à la recette parfaitement maîtrisée, il était l’un des meilleurs acteurs de sa génération. Un phénomène qui, à ses débuts, était aussi à l’aise chez Godard que chez De Broca, chez Melville que chez De Sica. C’est cet acteur-là qu’on retrouve, enfin, devant la caméra de Lelouch, dans un rôle taillé pour lui, et dans un film à la démesure du cinéaste, ample, généreux, et profondément émouvant.

L’itinéraire de cet enfant gâté est de ces histoires qu’affectionne Lelouch, le parcours à la fois simple et romanesque d’un enfant abandonné, recueilli par des artistes de cirque, devenu saltimbanque, puis chef d’entreprise, puis père fatigué de la place qu’il prend lui-même sur la vie des autres… Un homme qui, au mitan de sa vie, choisit de disparaître, de prendre le large et de ne plus revenir.

Une histoire simple finalement, mais dont Lelouch fait une épopée intime et romanesque, avec un style qui fait hurler ses détracteurs, mais qui déclenche des torrents d’émotion aux bienheureux qui se laissent emporter par la générosité et la soif de cinéma du monsieur. Lelouch aime le cinéma non pas comme un moyen de raconter simplement une histoire, mais comme un art total où tout est au service de l’émotion.

Qui d’autre que lui ose faire des scènes où les chansons (avec des paroles de Didier Barbelivien) sont si importantes ? Qui encore s’autorise de si grands mouvements de caméra, en même temps que d’incessants va-et-vient entre les époques ? Grandiloquent ou virtuose, qu’importe, Lelouch est aux manettes de nos émotions, et on passe des larmes au rire dans le même beau mouvement.

Belmondo est formidable dans une sorte de double du cinéaste. Un marionnettiste lui aussi, qui transforme le transparent Richard Anconina (le personnage, pas l’acteur) en un double de moins en moins désincarné, lui apprenant à dire bonjour comme lui, et surtout à ne jamais avoir l’air de surpris, dans une séquence assez mémorable. Du cinéma généreux, simplement.

Les Fantômes du chapelier – de Claude Chabrol – 1982

Posté : 16 octobre, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, CHABROL Claude, d'après Simenon | Pas de commentaires »

Les Fantômes du Chapelier

Simenon et Chabrol : l’association de ces deux noms est tellement évidente qu’on aurait tendance à imaginer, tout naturellement, que la filmographie du second est remplie d’adaptations des romans du premier… Mais non : il y a eu Betty, en 1992, et ces Fantômes du chapelier dix ans plus tôt. L’ombre du créateur de Maigret plane sur la filmographie du cinéaste, mais comme une inspiration diffuse, une sorte de figure tutélaire qui trouvera son apogée avec l’ultime film de Chabrol, Bellamy, hommage de l’un au personnage le plus célèbre de l’autre.

Les Fantômes du chapelier est en tout cas là pour confirmer que Chabrol était fait pour filmer du Simenon. Le film est à la fois une excellente adaptation, et un pur Chabrol. L’atmosphère, si chère à l’écrivain, ce microcosme si précis bousculé par un événement extérieur, les petits secrets et les grandes mesquineries… La réussite du film tient peut-être avant tout du fait que tous ces éléments doivent autant de l’un que de l’autre. Totalement Simenon, et totalement Chabrol.

Chabrol qui s’amuse aussi à citer son autre référence majeure, Hitchcock, reprenant des plans de Psychose avec une précision étonnante : un grand angle plongeant sur la chambre de Serrault et sa « femme », et bien sûr ces ombres chinoises laissant deviner le couple en pleine discussion derrière les rideaux de la chambre… C’est presque avec ces images que le film s’ouvre. Mais Chabrol ne cherche pas pour autant à refaire le coup de Norma Bates : tout dans ces citations visuelles appelle le spectateur à comprendre la situation avant même qu’il la mette réellement en image.

On a donc une petite ville terrorisée par des meurtres de femmes, un petit cercle de bourgeois qui se retrouvent chaque jour sans vraiment se passionner pour le fait divers, et le criminel qui se trouve être l’un d’eux. Rien de vraiment spectaculaire, mais un malaise qui s’installe pour ne plus s’évanouir, avec cet étrange lien qui unit le chapelier Michel Serrault et son voisin tailleur, Charles Aznavour.

Le premier, aisé et respecté, est accueilli au café comme un habitué qu’on appelle par son prénom. Le second, immigrant effacé et malingre, est un petit homme qui semble n’exister aux yeux de personne. Le tailleur, pourtant, se met à suivre le chapelier où qu’il aille, ce dernier se délectant de cette ombre dont il ne cherche jamais à se détacher. Si le film est si réussi, c’est aussi parce que les rapports entre ces deux là ne sont jamais simples, toujours troublants…

Kachoudas, le tailleur joué par Aznavour, sait que Labbé, le chapelier joué par Serrault, est le tueur qui fait trembler la ville. Il le sait, mais il ne dit rien, laissant même une victime mourir devant ses yeux. Pourquoi se tait-il ? Simplement parce qu’il veut simplement vivre tranquille ? Et pourquoi Labbé le laisse-t-il le suivre ? Les doutes constants qui naissent de ces interrogations nourrissent le malaise qui ne cesse de croître au fur et à mesure que la folie du chapelier semble prendre le dessus.

Michel Serrault est formidable dans ce rôle, à la limite du grotesque, notable grandiloquent et pathétique que personne ne penserait même à soupçonner. Face à lui, Aznavour est touchant en Arménien dont la vie semble n’avoir été qu’une fuite en avant silencieuse. Dérangeant et inconfortable, Les Fantômes du chapelier fait partie des très bonnes adaptations de Simenon, et des très bons Chabrol.

Absence de malice (Absence of Malice) – de Sydney Pollack – 1981

Posté : 18 septembre, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, NEWMAN Paul, POLLACK Sydney | Pas de commentaires »

Absence de malice

Sydney Pollack, cinéaste engagé, aime associé le film de genre et la critique du système américain. C’est une constante, qui a souvent donné d’excellents films, des Trois Jours du Condor à Havana (oui, j’aime Havana). Absence de malice n’est pas son film le plus connu, pas le plus célébré, pas le plus intense non plus, il faut le reconnaître. Mais il trouve sa place dans une filmographie très cohérente (même si pleine de surprises).

Paul Newman est excellent dans le rôle d’un petit chef d’entreprise que le FBI et les journalistes désignent comme l’héritier naturel de son truand de père. Un homme normal et sans histoire, emporté dans la spirale infernale du « système », thème pollackien par excellence. Le film manque d’intensité, disais-je. Mais Pollack excelle à décrire un univers inhumain, d’où personne ne surnage vraiment.

Newman lui-même, victime de moins en moins conciliante, qui comprend vite que pour garder la tête hors de l’eau dans cette Amérique-là, il faut adopter le point de vue et les méthodes de ceux qui vous détruisent. Et que dire de Sally Field, très bien en journaliste dont l’idéalisme fait si peu de cas des dégâts collatéraux de ses scoops ? Cynique, cruel, sans concession, Absence de malice s’inscrit dans la lignée des grands films de Pollack, à la fois film noir passionnant et miroir tendu à un certain système, déshumanisé et dénué d’empathie.

Les politiques, les forces de l’ordre, les journalistes, personne ne sort grandi de ce jeu de massacre fort bien écrit, et réalisé avec une certaine efficacité… mais oui, sans cette flamme qui aurait fait la différence, sans cette passion qui aurait fait de la « croisade » de Paul Newman une sorte de porte-étendard, un film majeur sur un certain journalisme, plus tourné vers les « coups » que vers la vérité. Un rendez-vous manqué, tout de même…

Quand Harry rencontre Sally (When Harry met Sally) – de Rob Reiner – 1989

Posté : 10 septembre, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, REINER Rob | Pas de commentaires »

Quand Harry rencontre Sally

Un film dont les personnages principaux sont des amoureux de Casablanca ne peut pas foncièrement être mauvais. C’est un fait qui se vérifie avec ce modèle de comédie romantique, qui continue à infuser son influence pas loin de trente-cinq ans plus tard. Quand Harry rencontre Sally reste un modèle du genre, une love story au long cours, l’histoire d’un homme et d’une femme qui se rencontrent, ne s’aiment pas, se perdent de vue, se recroisent, se reperdent de vue, se retrouvent, deviennent amis, et mettent un temps fou à admettre qu’ils s’aiment.

Plus d’une heure trente pour arriver à un constat évident dès les premières images ? Oui, mais il y a dans cette comédie romantique une justesse des sentiments qui vous transporte quand vous avez 16 ans, qui vous retransporte quand vous en avez 25, puis 35, puis 45… Bref. Cette histoire là garde toute sa fraîcheur, toute sa vérité aujourd’hui, dans le regard d’un ancien ado devenu père de famille.

Au scénario : Nora Ephron, une spécialiste du genre, pas toujours dans la nuance. Derrière la caméra : Rob Reiner, un cinéaste touche à tout qui à cette époque transforme tout ce qu’il touche en réussite hollywoodienne (de Princess Bride à Misery, que du bon alors). Devant : Meg Ryan et Billy Cristal, pas exactement les acteurs les plus glamours du monde, mais dont l’alchimie est si parfaite. Elle, le nez qui coule et pleine de manie. Lui, cynique et un rien hautain. Deux êtres mal formatés, qui ensemble dégagent une sorte de plénitude.

Reiner capte cette osmose en misant sur le temps long, dans une histoire qui s’étale sur plus de dix ans ans. C’est ce refus de l’urgence qui fait du film une rom’com’ si intemporelle, et si marquante. Plus encore que les quelques moments forts, comme le fameux orgasme simulé par Meg Ryan dans le bar, ou la soirée à quatre avec les meilleurs amis Carrie Fisher et Bruno Kirby. Il n’y a pas de tant de films qui ont su donner corps à une telle relation, à une telle intimité entre un homme et une femme.

Le film est beau, aussi, pour la manière dont Reiner filme Harry et Sally ensemble, au cœur de New York, dans une intimité que rien ne peut mettre à mal malgré la ville grouillante. Quand ils sont ensemble, rien d’autre n’existe. Quand ils se parlent au téléphone, c’est comme s’ils étaient côte à côte : le split screen a rarement été aussi joliment utilisé. Comme ces interludes, avec de vieux couples qui témoignent face caméra, évoquant chacun la même évidence qui unit Harry et Sally : « It had to be you »

Vivement dimanche ! – de François Truffaut – 1983

Posté : 31 août, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1980-1989, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

Vivement dimanche

Truffaut tire sa révérence (très prématurément) sur une série noire, l’un de ces films de genre inspirés de la littérature anglo-saxonne qui ont émaillé sa carrière depuis Tirez sur le pianiste. Il renoue d’ailleurs avec un noir et blanc au grain très semblable.

C’est peut-être le plus classique de ses polars, le plus simple dans sa narration. Cette histoire d’une secrétaire qui risque tout pour innocenter son patron bien peu reconnaissant, accusé de meurtres, est aussi le plus hitchcockien des films de Truffaut, grand admirateur du maître.

Le mélange de suspense et de légèreté, le thème du faux coupable, le rythme, le personnage même de la secrétaire, qui serait allé comme un gant à la blonde Grace Kelly. Mais pour Truffaut, c’est la brune Fanny Ardant qui s’y colle, tout juste sortie du superbe La Femme d’à côté.

Tout le film tourne autour d’elle, reléguant le patron Jean-Louis Trintignant à un rôle d’observateur constamment bousculé et débordé par la tornade Ardant. Elle est de toutes les scènes, ou presque, et c’est elle le vrai sujet du film, ou plutôt l’amour que lui porte Truffaut, qui la filme comme personne.

Chaque plan semble caresser le visage de Fanny Ardant, souligner la douceur et la sensualité de sa silhouette, l’insolence irrésistible de son regard et de son sourire. Ce film, c’est une déclaration d’amour par caméra interposé.

Tequila Sunrise (id.) – de Robert Towne – 1988

Posté : 27 août, 2021 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, TOWNE Robert | Pas de commentaires »

Tequila Sunrise

Il y a de bien belles images dans ce polar très daté années 80. Des plans américains, souvent, qui jouent avec la lumière éclatante de Californie, ces ciels oranges, bleues ou presque marrons selon l’heure du jour. Des silhouettes en ombres chinoises, ou des couleurs à peine perceptibles dans une lumière entre chien et loup. Robert Towne, nettement plus réputé pour son travail de scénariste (Chinatown) que de réalisateur, s’applique, pour le moins.

Il manque tout de même un liant, ce mouvement que l’on attend d’un grand film. Tequila Sunrise est, visuellement, un beau film, mais un film qui semble par moments enchaîner les jolies photos pour illustrer des magazines, ou les vitrines des cinémas. C’est une réserve qui n’est pas anodine, mais saluons malgré tout les efforts et la beauté de certains plans : il y a tant de polars, alors comme aujourd’hui, qui n’ont pas même cette ambition.

Curieusement, c’est surtout sur le scénario que le film pêche. A la fois trop complexe dans ses rebondissements, et trop simplistes dans les rapports humains entre les personnages, Tequila Sunrise ne sonne jamais vraiment juste. Le triangle amoureux est convenu : ces deux amis, l’un flic, l’autre voyou, amoureux de la même femme. Convenu, et jamais vraiment inquiétant : on sent bien que, peu importe la beauté renversante de Michelle Pfeiffer, le flic Kurt Russell et le voyou Mel Gibson s’aiment trop profondément pour se faire du mal.

Mais il y a un autre triangle amoureux, qui serait presque plus prometteur, et dont Mel Gibson serait le cœur, tiraillé entre son amitié indéfectible pour son pote de toujours Kurt Russell, et celle plus obscure qui le lie à un grand trafiquant de drogue dont je tairai le nom pour ne pas spoiler un rebondissement qu’on voit venir très tôt. Prometteur, mais pas beaucoup plus intense, hélas.

Pas désagréable, mais Tequila Sunrise ne dépasse jamais le stade de sympathique polar estampillé eighties, avec chanson de Duran Duran pour l’atmosphère, et quelques seconds rôles qu’on aimait bien : J.T. Walsh et Raul Julia, deux gueules pour toujours associés aux films de genre de cette époque. L’époque où Mel et Kurt étaient d’une jeunesse éclatante.

La Femme d’à côté – de François Truffaut – 1981

Posté : 26 août, 2021 @ 8:00 dans 1980-1989, TRUFFAUT François | Pas de commentaires »

La Femme d'à côté

Pour Truffaut, la passion, quelle qu’elle soit, a toujours gardé le souffle de l’adolescence, cette pureté incandescente qui dévore tout. C’est vrai de sa cinéphilie, c’est aussi vrai de l’amour qu’il vit ou qu’il filme. Dans La Femme d’à côté, il fait les deux, en filmant pour la première fois son ultime amour, Fanny Ardant, comme une incarnation définitive de cette passion dévorante, suffocante.

Cet avant-dernier film de Truffaut est peut-être son plus beau, avec La Peau douce, dont il est une sorte de variation sur un même thème. Un film modeste en apparence, visuellement simple et direct, qui met en scène des personnages sans histoire, dans une petite communauté bien tranquille où rien ne se passe jamais.

Bernard (Depardieu), qui mène une vie paisible avec sa femme et son jeune fils, jusqu’au jour où un couple emménage dans la maison voisine. Terrible hasard : la femme, c’est Mathilde (Fanny Ardant), avec qui Bernard a vécu une passion traumatisante huit ans plus tard. L’un comme l’autre pensaient s’en être sorti, jusqu’à ces retrouvailles inattendues.

« Ni avec toi, ni sans toi », résume Madame Jouve, la narratrice, elle-même rescapée, ou plutôt estropiée, de la passion amoureuse. Entre ces deux là, c’est électrique, au-delà du fusionnel. Qu’ils se frôlent simplement ou qu’ils arborent un détachement feint, la tension est immédiate, totale, transcendée par la musique magnifique de Georges Delerue, qui nous transporte littéralement.

Un sommet : la panique de Mathilde, qui fuit la cérémonie dont elle est l’attraction principale, fuyant en même temps tous les fards et masques sociaux dont elle se couvre constamment, pour s’effondrer dans le recoin d’un bosquet, pour un lâcher prise aussi absolu que bouleversant.

Truffaut n’est pas un romantique naïf : c’est un romantique du XVIIIe siècle, marqué par le jeune Werther. Dans son film, l’amour a une pureté tragique indissociable d’une certaine innocence de la jeunesse. Quarante ans après, La Femme d’à côté garde toute sa force et sa beauté tragique. Un chef d’œuvre.

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