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Archive pour la catégorie '1980-1989'

Terminator (The Terminator) – de James Cameron – 1984

Posté : 2 mai, 2014 @ 2:26 dans 1980-1989, CAMERON James, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Terminator

Alors que Schwarzenegger s’apprête à retrouver son rôle fétiche de T-800, un petit retour aux sources s’impose avec ce Terminator premier du nom, petite révolution du cinéma d’action et de la SF sortie il y a tout juste trente ans, et qui a propulsé Schwarzie dans une autre dimension, lui qui n’était alors connu que pour son passé de Mister Univers, et pour son rôle musculeux de Conan.

Avec Terminator, l’acteur novice a eu une grande inspiration : refuser le rôle héroïque de Kyle Reese, qui lui était destiné, pour réclamer celui du Terminator, machine de mort pour laquelle sa stature monumentale, sa présence incroyable, mais aussi ses limites d’acteur, sont d’immenses atouts. Son inexpressivité, et l’absence totale de sentiments qu’il véhicule ici font beaucoup pour la réussite du film.

Car le film reste une référence, même s’il accuse rudement, par certains aspects, le poids des trois décennies écoulées. On est en plein dans les années 80, sans doute la période qui a le plus mal vieilli en terme de cinéma populaire. Les effets spéciaux, bien sûr, font pâle figure à côté de ceux de T2, sorti sept ans plus tard seulement. Le look de Linda Hamilton et les fringues de Schwarzie sont bien rigolos, aussi. Mais le pire, c’est la musique qui, à l’exception de l’inoubliable thème principal et de quelques passages, est assez horrible, en particulier dans les séquences d’action, baignées par une bande son électro-bontanpi insupportable.

Mais il y a l’efficacité, imparable, de la mise en scène d’un James Cameron qui, après le coup d’essai de Piranhas 2, entre d’un coup dans la cour des grands. Le jeune cinéaste, surtout, pose les bases d’une mythologie fascinante et pleine de promesses (promesses qui ne seront vraiment tenues que par lui-même pour la première suite, les deux films suivant étant loin d’être à la hauteur).

Cameron signe un pur film de divertissement, bourré d’action et très impressionnant. Mais il le fait en soulevant des questions vertigineuses sur la destinée et sur l’inéluctabilité, et en s’évertuant à gommer la frontière entre passé, présent et avenir… Osant la noirceur la plus totale, Cameron filme une société condamnée à l’extermination, invoquant d’ailleurs des références à la Shoah avec les confidences de Reese (l’envoyé du futur interprété par Michael Biehn), qui en disent plus sur l’avenir que les quelques flash-forwards avec lesquels le cinéaste laisse déjà transparaître son goût pour la démesure.

RoboCop (id.) – de Paul Verhoeven – 1987

Posté : 26 mars, 2014 @ 2:50 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, VERHOEVEN Paul | Pas de commentaires »

Robocop

Plus de vingt-cinq ans après, et après deux suites indignes, une série télé grotesque, et un tout récent remake pas vu, ce RoboCop premier du nom a formidablement bien passé l’épreuve du temps. OK, l’aspect technologique a vieilli, forcément : ordinateurs et écrans appartiennent à un futur qui appartient au passé. Mais à part ces détails inhérents au genre, le premier grand succès américain du Hollandais Paul Verhoeven a gardé toute sa force et tout son impact.

Le cinéaste inaugure avec RoboCop une recette qu’il reprendra, en allant plus loin encore, dans Total Recall et surtout Starship Troopers, ses deux autres films de SF : un mélange de satire, de violence et de critique sociale ; et une manière unique d’utiliser les codes de la science fiction, d’y insuffler un étrange second degré, et d’en faire une charge contre le totalitarisme, le capitalisme et toutes les dérives des sociétés modernes.

Les films dérivés de ce petit classique n’en reprendront généralement que la trame : ce flic laissé pour mort qu’une société privée utilise pour le transformer en superflic, mi-homme, mi-machine, censé être dépourvu de toute émotion humaine et de tout souvenir de sa vie d’avant. Et surtout les possibilités spectaculaires d’un tel personnage.

Verhoeven, lui, privilégie la satire donc, en livrant une vision particulièrement sombre d’un Detroit qui n’a pourtant rien d’une cité du futur : une ville familière, glauque et rongée par la violence, mais sans les atours habituels de la SF. L’anticipation repose plus sur le modèle de société : la police a été confiée à une société privée qui brasse des sommes gigantesques qui lui donnent un pouvoir infini.

La satire est parfois proche de la caricature : les dirigeants de la société sont eux-mêmes des stéréotypes illustrant la dérive capitalise, et les extraits de journaux télévisés que l’on voit régulièrement (comme dans les deux autres films de SF de Verhoeven) ne font pas vraiment dans la dentelle.

Mais Verhoeven signe aussi un film intime : à la surenchère (le film est plutôt économe en rebondissements, et en action superflue), le cinéaste privilégie le portrait intime de ce flic normal à qui on a effacé toute identité, et qui se rebelle peu à peu contre cette hyper autorité aliénante. Il y a comme ça de beaux passages très émouvants : celle, surtout, où RoboCop tombe le masque et redevient Alex Murphy.

Mais la grande force du film, c’est cette manière d’associer l’intime, le spectaculaire et la grande violence. La mise en scène souligne constamment l’environnement menaçant dans lequel les personnages évoluent. Et la fameuse scène de l’exécution de Murphy est un passage traumatisant qui n’a rien perdu de sa force.

• A l’occasion de la sortie du remake, le RoboCop de Verhoeven vient d’être édité chez Fox dans un beau blue ray en coffret métal, riche en suppléments.

Frantic (id.) – de Roman Polanski – 1987

Posté : 27 février, 2014 @ 2:42 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, FORD Harrison, POLANSKI Roman | Pas de commentaires »

Frantic

Après l’échec cinglant de Pirates, Polanski revient avec un thriller, genre qu’il a peu fréquenté jusqu’alors, mais qu’il s’approprie d’une manière très personnelle. Lui qui a dû quitter l’Amérique où il avait fait sa vie pour s’installer en France filme la détresse d’un Américain perdu à Paris, sans connaître grand-chose de la ville, et sans en parler la langue… D’abord et avant tout un pur film de genre, efficace et passionnant, mais dans lequel le cinéaste semble dire beaucoup de sa propre expérience d’exilé plongé dans une culture qui n’est pas la sienne.

Dans le rôle principal, Harrison Ford est formidable. C’est peut-être la plus belle période de sa carrière : entre deux Indiana Jones (Le Temple maudit et La Dernière Croisade), l’acteur venait de trouver deux rôles en or chez Peter Weir (Mosquito Coast et Witness). Avec Frantic, il casse une nouvelle fois son image d’aventurier, imposée par Lucas et Spielberg : il interprète un grand médecin qui n’a rien d’héroïque, mais forcé de se confronter à la violence lorsque sa femme disparaît mystérieusement, et que personne ne prend cette absence au sérieux, ni la police, ni le consulat américain.

Toute l’histoire est racontée de son point de vue, et c’est l’idée la plus importante du film, qui nous met dans la peau de ce monsieur tout le monde confronté à une situation exceptionnelle, et emmuré par les frontières de la langue et des cultures. Le principe n’est pas nouveau : John Frankenheimer avait déjà fait de ce choc des cultures l’un des moteurs de French Connection 2. Mais Polanski va plus loin, en en faisant le sujet central de son film.

Incapable de se faire comprendre, Walker/Ford plonge dans un monde qui n’est pas le sien : pas la même langue, pas les mêmes codes, pas la même musique même (un leitmotiv qui revient tout au long du film), et obligé de « faire équipe » avec une jeune femme qui est son opposée en tout. Beaucoup plus jeune, beaucoup moins sérieuse, beaucoup moins honnête… c’est le rôle qui a révélé la nature extraordinaire d’Emmanuelle Seigner qui, hélas, ne sera convenablement exploitée par la suite que par Polanski lui-même, son pygmalion et compagnon.

D’un scénario très hitchcockien (avec un vrai macguffin que n’aurait pas renié le maître), Polanski tire une virée sinistre et presque irréelle dans un décor qui, lui, est criant de vérité : les bas-fonds d’une ville de carte postale dont on découvre le glauque revers. Un cauchemar éveillé marqué par cette étrange rencontre de deux êtres que tout oppose et qui n’aurait jamais dû se croiser, mais qui se rapprochent peu à peu, sans jamais franchir la ligne, mais en baissant la garde lors d’une troublante et magnifique scène dans une boîte de nuit. Là, lors d’une courte scène de danse, tout se lit sur le visage de Ford : la fatigue, la peur, l’urgence, l’attirance, la culpabilité…

Formellement, tout n’est pas aussi réussi que ce moment fascinant. Mais Polanski tient son suspense de bout en bout, et filme un Paris comme on l’a rarement vu…

Crimes et délits (Crimes and Misdemeanors) – de Woody Allen – 1989

Posté : 10 février, 2014 @ 11:20 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Crimes et délits

« Où j’ai grandi, à Brooklyn, personne ne se suicidait. On était trop malheureux. »

Woody Allen confirme son goût pour Hitchcock dans ce film qui rend un hommage évident au maître du suspense, à travers l’histoire d’un homme à qui tout réussit qui décide de faire éliminer son encombrante maîtresse. L’histoire, le milieu dans lequel elle se déroule, et le ton du film, évoquent notamment Le crime était presque parfait.
Le cinéaste, d’ailleurs, cite ses influences, comme toujours : en donnant le rôle principal à Martin Landau, acteur marqué à jamais par sa participation à La Mort aux trousses. Et puis lorsqu’on découvre pour la première fois le personnage joué par Woody lui-même, c’est dans une salle de cinéma qui projette Mr. and Mrs. Smith, comédie d’Hitchcock consacrée au couple.

Une manière cinéphile et brillante de résumer en quelques séquences seulement la richesse de ce film : film à suspense sur les errances qui poussent au crime et sur la culpabilité, mais aussi réflexion sur le couple, les rêves et le temps qui passe. Du pur Woody Allen dans le texte, qui nous offre quelques dialogues formidables (« C’est toi qui as arrêté de vouloir faire l’amour. Ça fera un an le 20 avril. Je m’en souviens, car c’est l’anniversaire d’Hitler. »), mais qui se livre cette fois sur un mode doux-amer.

Crimes et délits est une nouvelle merveille, marquée par cette conscience du temps qui passe. Woody Allen a passé la cinquantaine, et sa maturité prend des allures inattendues : sa vision de la vie, sa passion, sa façon d’aborder chaque chose sans calcul se heurtent à la réalité de la vie, aux mesquineries et aux faux-semblants qui l’entourent. De la même manière que la vie parfaitement protégée du riche professeur interprété par Martin Landau se heurte de manière brutale à la réalité incarnée par son frère, raté aux fréquentations douteuses.

Et finalement, c’est à Chaplin que Woody ressemble : au vagabond du Cirque qui offre son cœur sans espérer rien en retour, et qui se retrouve seul lorsque la belle écuyère part avec le beau dompteur. Comme lui reste seul lorsque sa belle Mia Farrow part avec ce bellâtre fat et un peu ridicule, joué par Alan Alda. Et comme Charlot, Woody refuse de se laisser engloutir par la tristesse, qu’il combat avec sa meilleure arme : son humour. C’est dans ce film qu’il sort l’une de ses répliques les plus célèbres : « La dernière femme que j’ai pénétrée, c’était la statue de la liberté. »

Allen a trouvé un équilibre assez miraculeux entre ses deux histoires parallèles aux sujets pourtant radicalement différents (un crime et ses conséquences, et une étude de mœurs drôle et touchante), qui aboutissent à une rencontre tardive entre les deux personnages centraux, sorte de parenthèse en dehors du temps et de l’effervescence de ce qui les entoure. Un moment rare de cinéma.

Une autre femme (Another woman) – de Woody Allen – 1988

Posté : 5 février, 2014 @ 2:26 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Une autre femme

Encore une merveille signée Woody Allen, et une étape importante dans sa filmographie. Pour la première fois, il s’éloigne de l’influence de Bergman pour une non-comédie. Dans ce beau portrait d’une quinquagénaire en pleine crise existentielle, Allen met beaucoup de ses propres démons, que l’on retrouve de films en films : la difficulté de trouver sa place dans la société, l’angoisse de passer à côté de sa vie, la complexe et fragile alchimie du couple…

Le résultat est absolument brillant. Le film est pourtant basé sur une idée toute simple : l’héroïne, Gena Rowlands, est un écrivain qui s’est installé dans un appartement pour écrire son livre. Par un curieux jeu d’acoustique, les canalisations de l’immeuble lui permettent d’entendre distinctement toutes les conversations d’un psychologue avec ses patients. Les témoignages de l’une d’elles (Mia Farrow) la plongent dans une introspection inattendue, qui l’amène à remettre en cause tout ce qui lui semblait acquis dans la vie.

Réalité, souvenirs, rêves, fantasmes se mélangent dans ce portrait intime d’une délicatesse infinie. Gena Rowlands est sublime dans le rôle de cette femme qui réalise peu à peu que son incapacité à se laisser aller à ses sentiments l’ont poussée à se mentir à elle-même, travestissant ses propres souvenirs.

C’est souvent le même sujet que l’on retrouve, de Annie Hall à Blue Jasmine. Pourtant, chaque œuvre est une pépite unique. Il y a dans Another Woman un ton qui ne ressemble pas aux précédents films d’Allen. Une petite musique nostalgique et mélancolique, mais pleine d’allant. Des couleurs automnales et chaudes qui collent parfaitement à ce personnage, qui se découvre au fur et à mesure qu’elle prend des claques…

September (id.) – de Woody Allen – 1987

Posté : 3 février, 2014 @ 6:31 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

September

Woody Allen renoue avec l’influence bergmanienne qui lui avait déjà inspiré Interiors, quelques années plus tôt. Le thème est sensiblement le même, le ton aussi, ainsi que le décor : une vieille maison de famille dans laquelle se retrouvent des personnages en crise. Mais comme toujours chez Allen, loin de se répéter, son cinéma se nourrit de lui-même : ce film s’inscrit dans la lignée de tous ceux qu’il a déjà réalisé, maillon différent, mais totalement cohérent.

Il y a du Intérieurs, mais aussi du Hannah et ses sœurs, pour la relation entre une fille et sa mère, ancienne vedette à la vie dissolue. Il y a aussi du Comédie érotique d’une nuit d’été : ce huis-clos dans une (magnifique) maison à la campagne se déroule à la fin d’un été qui aura été une parenthèse dans la vie des personnages qui s’apprêtent tous à retrouver l’effervescence de New York, ou la monotonie de leur vie.

Un été que personne n’oubliera, marqué par des passions contrariées, des ressentiments qui resurgissent… On est bien chez Allen : chaque personnage a son proche cousin dans les précédents films qu’il a tournés. Mais comme toujours, il y a un petit quelque chose de radicalement nouveau, y compris dans sa manière d’appréhender la mise en scène. Cette gageure de ne jamais quitter la maison par exemple, procédé théâtral qui ne fait que renforcer l’éphémère intimité des personnages, dont on sait qu’ils finiront par quitter cette maison, et donc retrouver leur place dans le monde.

Il y a aussi un parti-pris étonnant : la relation entre la fille (Mia Farrow) et sa mère (Elaine Stritch) s’inspire de « l’affaire Lana Turner ». Adolescente, la première aurait tué le gangster avec lequel sa mère vivait, comme la fille de Lana Turner a tué le fameux Johnny Stompanato lorsqu’elle avait 14 ans. Un fait divers qui inspire Woody Allen, qui imagine les effets dévastateurs d’un tel acte sur l’avenir de l’ado-assassin.

Chaque personnage a ses fantômes, ses angoisses : la mère qui reconnaît son dégoût de vieillir lors d’une scène bouleversante face à son miroir ; son ami (Jack Warden) angoissé par l’absurdité de l’existence dans un univers qui ne repose que sur le hasard ; la meilleure amie (Diane Wiest) tiraillée entre sa loyauté et son besoin de plaire encore…

Superbe, cette non-comédie de Woody Allen est d’une justesse et d’une douleur déchirantes.

Predator (id.) – de John McTiernan – 1987

Posté : 23 janvier, 2014 @ 5:08 dans 1980-1989, FANTASTIQUE/SF, McTIERNAN John | Pas de commentaires »

Predator

Plus de 25 ans après sa sortie, ce premier grand film signé McTiernan garde la même force viscérale. Predator, film bourrin devenu film culte grâce à la vidéo, reste comme l’un des meilleurs films hollywoodiens de la décennie.

Film de mecs, assez typique de la production des années 80, le film sort très nettement du lot grâce à son cinéaste, qui utilise les ficelles du film d’action de l’époque (grosso modo celles qui avaient fait le succès populaire d’un Rambo 2 ou d’un Commando), et réussit le tour de force de signer un pur plaisir de cinéphage, aussi bien qu’un vrai film d’auteur, parsemé de plans extraordinaires.

Quelques exemples : une caméra incroyablement fluide qui commence sur un plan américain des mercenaires pour s’ouvrir sur le camp à attaquer ; un gros plan sur le regard de Schwarzenegger qui réalise soudain que l’ennemi est derrière lui…

Remake très officieux du classique de Raoul Walsh, Aventures en Birmanie, le film en reprend la trame, et l’évolution dramatique, en y faisant entrer le fantastique avec une vraie subtilité et une efficacité imparable. Du film de guerre des années 40, McTiernan garde surtout le décor et la manière dont la jungle est associée au danger, au mystère et à la menace.

La végétation a-t-elle déjà été filmée de cette manière ? Non, sans doute. D’un décor qu’on imagine au fond pas si impressionnant, McTiernan tire le meilleur, intégrant systématiquement ses acteurs dans la forêt. Derrière un rideau de verdure, ou devant un arrière-plan qui dévore l’image. Pour le réalisateur, le décor est le personnage principal de son film, comme la tour Nakatomi le sera pour son film suivant, Piège de cristal, autre chef d’œuvre suivant le même schéma.

Mais pour faire exister son histoire, encore fallait-il des personnages qui tiennent la route. Là encore, le film est une réussite totale. De comédiens de secondes zones, McTiernan fait de véritables icônes. Sonny Landham, Bill Duke, Jesse Ventura… ont une présence incroyable.

Quant à Arnold Schwarzenegger, ce n’est rien de dire qu’il touche ici au mythe. A l’époque, il avait déjà deux Conan (le Barbare et Le Destructeur) et un Terminator à son actif. Mais c’est bien grâce à ce film-ci qu’il entre pour toujours dans la légende. On a beaucoup dit que McTiernan avait filmé la jungle comme personne avant lui. On a par contre beaucoup moins souligné qu’il avait filmé Arnold comme aucun autre cinéaste ni avant, ni après lui. Jamais le physique extraordinaire de l’ancien culturiste n’a été utilisé aussi intelligemment que dans ce film. Jamais son incroyable charisme de héros de BD n’a été aussi primordial que dans ce chef d’œuvre.

Radio Days (id.) – de Woody Allen – 1987

Posté : 23 janvier, 2014 @ 5:02 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Radio Days

« Je m’excuse d’avoir tendance à idéaliser le passé. Ce n’était pas toujours aussi orageux et pluvieux que ça. Mais c’est ainsi que je m’en souviens car c’était alors magnifique. »

Le génie de Woody Allen, avec ce film peut-être plus qu’avec aucun autre, c’est de réussir à nous faire croire que ce qu’il filme, ce sont ses propres souvenirs, bruts et comme sortis directement de sa mémoire. Difficile à dire où est la frontière entre la réalité et la fiction, entre le souvenir et le fantasme. Mais on retrouve beaucoup d’éléments associés systématiquement à l’enfance dans la filmographie d’Allen : des parents aimants et excessifs, un quartier populaire à proximité de Coney Island, une approche contestataire de la religion…

Radio Days est un pur Allen. Dans l’esprit, on n’est pas si loin d’Annie Hall ou Manhattan. Mais il ne ressemble pourtant à aucun autre film. Hommage vibrant à une époque – celle de son enfance au tout début des années 40 – où la vie était rythmée par la radio, sa musique populaire, ses rendez-vous quotidiens, le film est le portrait, que Allen reconnaît être sans doute en partie fantasmé, d’une Amérique révolue. C’est surtout sa propre enfance que le cinéaste évoque avec une nostalgie parfois ironique, souvent déchirante.

Il n’y a pas à proprement parler d’histoire dans ce film, qui déroule au fil des souvenirs du narrateur (la voix off de Woody Allen lui-même renforce l’aspect personnel et nostalgique), avec une totale liberté, passant d’une anecdote l’autre, évoquant tout à la fois les souvenirs personnels de sa famille et les histoires des vedettes de la radio. Mais il y a un ton, et l’omniprésence de la radio à laquelle tous les souvenirs marquants de celui qui était un enfant dans ces années-là semblent attachés.

De fait, la vie de cette famille si classique et si extraordinaire en même temps (cette grande maisonnée trop pleine de vie semble parfois sortie du film de Capra, Vous ne l’emporterez pas avec vous) s’inscrit dans les grands moments radiophoniques de l’époque : la fameuse adaptation de La Guerre des mondes par Orson Welles, l’attaque de Pearl Harbor par les Japonnais…

Lié à ces événements qui ont marqué la mémoire collective de l’Amérique, il y a aussi un geste absolument bouleversant. Alors que la radio annonce l’accident d’une fillette coincée dans un puits (un authentique faits divers tragique qui a tenu en haleine le pays), le père qui punissait son fils à coup de ceintures pour une quelconque bêtise retient soudain ses coups, et se met à caresser la tête de son enfant avec tout l’amour d’un père. Avec une délicatesse infinie, Woody Allen signe là un petit miracle d’émotion.

Son film, personnel et universel, est d’une authenticité et d’une sincérité totales. Il est tout simplement magnifique.

Hannah et ses sœurs (Hannah and her sisters) – de Woody Allen – 1986

Posté : 20 janvier, 2014 @ 2:48 dans 1980-1989, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Hannah et ses sœurs

Woody Allen, en mode doux-amer, signe un magnifique film chorale, la quintessence de son cinéma. Comme dans Intérieurs, le film est la chronique de trois sœurs qui se retrouvent régulièrement dans la grande maison familiale. Mais loin de l’aspect austère du très bergmanien Intérieurs, Hannah et ses sœurs est un film plein de vie et de rythmes, où les personnages et les points de vue ne cessent de se croiser.

Tout Allen est là. New York bien sûr, à l’antithèse de la vision plus romantique de Manhattan. Des quartiers huppés aux rues plus populaires, la ville est filmée comme elle l’a rarement été : avec l’œil d’un cinéaste non pas en pâmoison devant Big Apple, ou en critique féroce d’une cité aliénante, mais simplement comme un homme qui fait partie intégrante d’une ville qui est son élément naturel. Un élément dans lequel la solitude a des formes parfois inattendues.

Ils ont des vies bien remplies, tous ces personnages : les trois sœurs qui tentent de mener une carrière d’artiste avec des succès variable (Mia Farrow la talentueuse, Barbara Hershey l’effacée, Dianne Wiest la « ratée »), et tous ces hommes qui gravitent autour d’elles…

Mais tous à leur manière partagent un sentiment de solitude, ou d’inachevé, qui les mine. Mia Farrow, formidable, la femme à qui tout réussit mais qui est incapable de partager ses fêlures. Son mari, Michael Caine, qui s’invente une passion pour la sœur de sa femme, Barbara Hershey. Cette dernière, compagne d’un artiste-peintre qui vit reclus (Max Von Sydow, l’acteur fétiche de Bergman) et dont elle est le seul lien avec la société. La troisième sœur, Dianne Wiest, dont toutes les tentatives de faire quelque chose de sa vie se soldent par un échec. Et Woody Allen lui-même, dans son éternel personnage d’hypocondriaque névrosé, qui s’essaye à différentes religions pour trouver un sens à une vie qui en désespérément dénuée.

Le film est à l’image du New York qu’Allen nous a appris à connaître : grouillant de vie (on y croise notamment J.T. Walsh et John Turturro dans de brèves apparitions), et peuplé de personnages plongés en pleine quête de sens. C’est drôle bien sûr, c’est émouvant aussi, et c’est d’un optimisme renversant. La vraie religion de Woody Allen, ce n’est ni le judaïsme, ni le catholicisme, ni le boudhisme, mais Groucho Marx : lui seul pouvait ouvrir le chemin de ces névrosés vers le bonheur, et l’accomplissement.

Avec Hannah et ses sœurs, et grâce à l’aide des Marx Brothers, Woody réussit à faire de toutes ses névroses les bases d’un grand « feel-good movie ». C’est tout simplement magnifique.

Gremlins (id.) – de Joe Dante – 1984

Posté : 17 janvier, 2014 @ 10:50 dans 1980-1989, DANTE Joe, FANTASTIQUE/SF | 1 commentaire »

Gremlins

Le cinéma de Joe Dante a toujours été marqué par sa cinéphilie sans borne. Gremlins, son plus gros succès commercial, n’échappe pas à la règle. Le réalisateur de Piranhas y cite allégrement les films de son panthéon personnel. Un plan dans la neige qui évoque Shining, des œufs qui éclosent comme dans Alien, une mère de famille le couteau à la main face à une menace mystérieuse comme dans Halloween… Les personnages regardent aussi bien le Orphée de Cocteau que Pilote d’essai avec Clark Gable, et croisent le robot de Planète Interdite

Avec la séquence d’anthologie de ses gremlins en folie, Dante rend hommage aussi bien aux films noirs des années 40 qu’aux films musicaux guimauve du début des années 80. Il y a aussi, bien sûr, l’influence des films de SF des années 50, ceux-là même auxquels Joe Dante rendra un magnifique hommage dans son très beau Panic sur Florida Beach.

Mais les deux références les plus évidentes, ce sont Steven Spielberg et Frank Capra. Au réalisateur des Dents de la mer, qui produit Gremlins, Dante multiplie les clins d’œil énamourés doucement ironiques. A commencer par cette introduction dans le quartier chinois, qui rappelle celui d’Indiana Jones et le Temple maudit, alors dernier film en date du maître Spielberg.

Quant à Capra, il est omniprésent dans cette petite ville américaine si typique, Kingston Falls, qui ressemble à s’y méprendre au Bedford Falls de La Vie est belle. Les héros au cœur trop pur y sont confrontés à une horrible mégère richissime qui règne sur la ville. Quant au père de Billy, inventeur loufoque aux plaisirs simples et sincères, il pourrait être celui de Vous ne l’emporterez pas avec vous. Même l’épée qui tombe à chaque fois que la porte claque évoque le classique de Capra.

Mais l’angélisme et la gentille naïveté des héros cachent à peine un cynisme lui aussi habituel du cinéma de Dante. Contrairement aux films de Capra, la « méchante » ne se repend pas et meurt d’une manière particulièrement grotesque. Quant au traumatisme d’enfance lié à Noël du personnage de Phoebe Cates, il est aussi horrible qu’hilarant…

Devenu rapidement culte, ce petit classique des années 80 a quand même pris un petit coup de vieux, avec un rythme un peu trop lâche. Mais le film amuse toujours autant qu’il effraie, en particulier grâce à des bébêtes particulièrement réussies : le mogwaï Gizmo est toujours aussi craquant, et les méchants gremlins sont des monstres grotesques dont la folie permet tous les délires. Dante, sans doute trop cadré par son producteur, reste souvent assez sage. Il ira beaucoup plus loin avec le jouissif Gremlins 2.

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