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Archive pour la catégorie '1970-1979'

Chesty (Chesty, a tribute to a legend) – de John Ford – 1970-1976

Posté : 9 février, 2021 @ 8:00 dans 1970-1979, DOCUMENTAIRE, FORD John, WAYNE John | Pas de commentaires »

Chesty

Quelle tristesse, quand même, d’imaginer que Ford a vécu les dernières années de sa vie sans pouvoir réaliser de nouveau film. A l’exception de ce documentaire, tourné en 1970, mais sorti six ans plus tard, bien après la mort de Ford.

Chesty : surnom de Lewis B. Puller, officier multi-décoré de l’armée américaine, héros de Guadalcanal et de Corée. Un dur. Le genre a dire, lorsqu’il réalise que son unité est encerclée : « Tant mieux, maintenant on peut tirer sur ces enfoirés dans toutes les directions ». Est-ce que l’anecdote est authentique ? Relève-t-elle de la légende ? Qu’importe : le film s’appelle « a tribute to a legend ». Et quand la légende est plus belle que la réalité, qu’est-ce qu’on imprime, déjà ?

Ici, elle est racontée par John Wayne lui-même, qui lui aussi joue avec sa légende, mine de rien. Parce qu’il porte ses habits de cow-boy, dans un décor de western. Et parce qu’il raconte, devant la caméra de son ami John Ford, sa rencontre avec Chesty durant la seconde guerre mondiale, laissant croire avec beaucoup d’affectation que lui aussi était au plus près du feu.

Un hommage, plus qu’un documentaire. D’ailleurs, Ford utilise tous les effets du cinéma traditionnel, avec une surabondance de bruits de coups de feu sur des images muettes, notamment celles tournées dans les années 20 au Nicaragua (images impressionnantes, nonobstant). Des effets parfois faciles, mais qui donnent du rythme et un aspect vraiment spectaculaire.

Beaucoup d’images d’archives, certaines montrant Chesty sur ses différents fronts, beaucoup de simples illustrations. Le travail de montage et le sens de la narration de Ford font le reste. C’est une curiosité, qui vaut surtout d’être vu parce qu’il s’agit du baroud d’honneur du cinéaste. Mais le film prend une dimension particulière dans ses dernières minutes, qui prennent une dimension presque crépusculaire.

Le temps de très courtes scènes, Ford met vraiment en scène son ami Chesty, filmant le vieil homme accoudé à la roue d’un canon dans la cour de l’école militaire où il a fait ses premiers pas de soldats, ou traînant ses pas lourds dans l’allée de son pavillon de retraité. Là, les réminiscences de ses années glorieuses ressurgissent en flash-backs, comme sortis de l’esprit de Chesty… Ultimes images du dernier film d’un géant.

Le Tueur de Denys de La Patellière – 1972

Posté : 4 janvier, 2021 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, DE LA PATELLIERE Denys, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Tueur

Un tueur s’échappe de l’hôpital où il se faisait passer pour fou. Le flic qui l’avait arrêté après huit mois de traque repart à sa poursuite. Rien de plus, ou si peu, et le principal problème apparaît très vite : c’est Gabin lui-même, hélas, fatigué et pas très impliqué, sans doute conscient d’être une énorme erreur de casting.

Certes, il joue un commissaire à cinq mois de la retraite. Mais même : vieilli, empâté, las, il porte bien tapé ses 68 ans, et est aussi crédible en superflic que John Wayne en maître de conférence à la Sorbonne. Ajoutez à ça des dialogues accablants de Pascal Jardin…

Bien sûr, d’un film signé Denys de la Patellière, on n’attendait pas grand-chose, si ce n’est de faire un pas de plus vers l’intégrale Jean Gabin, une intégrale étant parfois constituée d’étapes moins excitantes que les autres. Mais le réalisateur s’en tire plutôt avec les honneurs. Et son film pourrait même être assez réussi s’il n’y avait cette erreur de casting.

Visiblement inspirée par le cinéma de genre italien, alors en plein succès, sa mise en scène est nerveuse, avec une violence sèche. Avec une constante, aussi, qui ressemble à un vrai parti-pris de metteur en scène : cette manière de restreindre l’espace vital des personnages en les encerclant par des éléments de décors qui obstruent le cadre.

La seule présence de Gabin, si en retrait soit-elle la plupart du temps, recentre en partie l’optique sur la traque du flic, alors que le vrai sujet, c’est ce tueur en cavale, à qui Fabio Testi apporte un mélange de séduction et de danger. Un vrai tueur de sang froid, et c’est pourtant vers lui que se porte une étrange sympathie. Bien plus en tout cas que sur le grand commissaire manipulateur, dont le regard fermé face à Bernard Blier (en chef de la police, très bien) est étonnant de cynisme glacé. Surprenant, au moins le temps d’une scène.

Alien, le 8e passager (Alien) – de Ridley Scott – 1979

Posté : 24 décembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SCOTT Ridley | Pas de commentaires »

Alien

Il fait toujours son petit effet, ce premier Alien. Côté trouille comme côté mise en scène, on peut affirmer que les nombreuses suites ou dérivés (innombrables) n’ont jamais fait mieux que ce film fondateur, qui continue à être aujourd’hui encore une sorte de mètre-étalon à la fois du film de science-fiction et du film de monstre.

Ridley Scott lui-même est revenu tardivement à cet univers, mais il y a dans ce premier film (son deuxième en fait, après le très remarqué Duellistes) une simplicité et une radicalité inégalables. A vrai dire, Alien reste sans doute le chef d’œuvre d’un cinéaste qui sera par la suite souvent débordé par ses envies de grandeur.

Ce n’est pas le cas ici, au contraire. Les premières images du vaisseau qui semble défiler au-dessus de la caméra ressemble au plan d’ouverture de Star Wars, sorti deux ans plus tôt. Un clin d’œil sans doute pas anodin : Scott prendra le contre-pied systématique de la saga spatiale de George Lucas.

Aux décors épurés et lisses, et aux costumes immaculés de son prédécesseur, Scott préfère un vaisseau crasseux et plein de recoins sombres et enfumés, et des personnages suants et sales, fumant et jurant. Loin des Stormtroopers et d’un Dark Vador cachés derrière masques et armures déshumanisantes, Scott fait naître la terreur d’une menace organique sans fard…

Pas ou peu d’effets faciles dans Alien (allez… les apparitions toutes dents dehors du chat quand même, sans doute pas indispensables, en tout cas pas à répétition). Scott nous fout la trouille avec l’invisible, le temps long, l’attente, et de longs gros plans sur des visages luisants de sueur.

On a tout dit sur l’accouchement traumatisant de Kane (John Hurt). Même après dix visions, ce passage garde toute sa force. Il n’est pas le seul. La découverte des œufs, Dallas (Tom Skerrit) traquant l’alien dans les boyaux du Nostromo, le regard paniqué de Lambert (Veronica Cartwright), Brett (Harry Dean Stanton) découvrant la peau du bébé alien… Autant de moments que l’on connaît par cœur, mais qui continuent à faire flipper.

Et puis il y a Ripley bien sûr, grand personnage et grande interprétation de Sigourney Weaver, impressionnante à la fois de dureté et de fragilité, d’une intensité folle.

Peur sur la ville – de Henri Verneuil – 1974

Posté : 9 décembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Peur sur la ville

Henri Verneuil aime le cinéma américain, et ça se sent dans ce polar dont on voit bien qu’il doit beaucoup à Dirty Harry et French Connection, deux films alors récents qui ont dynamité le genre. Le film tient plutôt bien la route, et reste l’un des thrillers français les plus efficaces de l’époque.

Belmondo y est un flic obsessionnel qui enquête sur un détraqué qui sème la terreur à Paris, tuant de jeunes femmes à la sexualité trop libre à son goût. Sauf que l’obsession du flic, ce n’est pas cette enquête, mais la traque d’un caïd qui lui a échappé après un bain de sang, et qui réapparaît après une longue disparition.

Belle idée, cette obsession qui pousse le super-flic à bâcler son enquête, et à prendre les agissements du maniaque à la légère dans un premier temps. Cette idée, hélas, n’occupe Verneuil que pendant le premier tiers du film, après quoi il s’en désintéresse totalement, se recentrant sur les exploits physiques de son acteur principal.

C’est la faiblesse du film : la présence de Belmondo atténue la noirceur du personnage, Verneuil préférant multiplier les morceaux de bravoure qui mettent l’acteur-cascadeur en valeur. C’est aussi, paradoxalement, la force du film : l’histoire est simpliste et la résolution de l’intrigue franchement bâclée, mais ces morceaux de bravoure restent pour la plupart mémorables.

Qu’il gambade sur les toits de Paris ou sur un métro en marche, Belmondo a une présence physique incontestable. Verneuil sait le filmer dans l’action, comme il sait mettre en boîte une poignée de scènes à suspenses très efficaces et très sombres. Manque finalement un scénario vraiment solide et original, et un cinéaste à la vision bien structurée qui aurait donné au film la cohérence qui lui manque.

La Grande attaque du train d’or (The First Great Train Robbery) – de Michael Crichton – 1978

Posté : 7 décembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, CRICHTON Michael | Pas de commentaires »

La Grande Attaque du Train d'or

XIXe siècle, en Angleterre, un escroc magnifique prépare ce qui sera le premier vol dans un train en marche. A la clé : une fortune en or… Presque un prototype de film de casse, avec la longue et minutieuse préparation, l’exécution sans faille et pleine de suspense, et ce détail qui fait tout déraper

Pourtant, le plaisir que procure le film repose moins sur l’efficacité narrative que sur la reconstitution historique, tellement parfaite qu’elle semble un peu irréelle, en particulier lors de ces plongées dans les bas-fonds embrumés, où on s’attendrait presque à voir surgir Jack L’Eventreur.

La musique de Jerry Goldsmith, ample et romanesque, n’est pas étrangère à ce plaisir. Elle souligne avec une délicatesse les moments en creux, et donne une dimension épique enthousiasmante aux scènes de train notamment, tournées dans la campagne irlandaise.

Sean Connery trouve là un rôle sur mesure, à la fois suave, physique et étonnamment sombre. La scène où il passe d’un wagon à l’autre par l’extérieur est particulièrement impressionnante, sans doute la plus réussie du film.

On ne sera pas aussi enthousiaste sur les allusions sexuelles constantes. Michael Crichton, qui adapte son propre roman, est nettement plus convaincant dans la légèreté et le suspense que dans la grivoiserie. La légèreté surtout, bien servie c’est vrai par d’excellents seconds rôles, Donald Sutherland en tête.

Un homme voit rouge (Ransom) – de Casper Wrede – 1974

Posté : 1 décembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, WREDE Casper | Pas de commentaires »

Un homme voit rouge

Pas le plus célèbre des films de Sean Connery, pas le meilleur non plus, hélas. Lui est très bien en chef de la sécurité scandinave, qui tente de régler une doubler prise d’otages (l’ambassadeur anglais d’un côté, les passagers d’un avion de ligne de l’autre) en douceur. Mais le reste

Scénario faiblard, photo surexposée, dialogues pas terribles, seconds rôles sans charisme, et réalisateur peu inspiré… L’obscur Casper Wrede ne fait rien pour sauver les meubles, étirant l’histoire en de longues, trop longues séquences sans aspérité.

De rares moments de suspens (l’échange des otages, ou la tentative d’irruption d’un soldat dans l’avion) éveillent vaguement l’intérêt. Quelques idées prometteuses sont gâchées par une mise en scène mollassonne (la recherche du « guetteur » dans l’immense aéroport, suivie sur un plan par Connery). Mise en scène scène qui ne parvient pas même à mettre à profit les paysages de Norvège.

Petite ligne pas indispensable dans la filmo du grand Sean Connery, qui était pourtant déjà belle dans ces années d’après James Bond, marquées par quelques chefs d’œuvre. Le film s’inscrit d’ailleurs entre The Offence et L’Homme qui voulut être roi, films autrement plus recommandables, peut-être ses deux plus grands rôles.

Délivrance (Deliverance) – de John Boorman – 1972

Posté : 25 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, BOORMAN John | Pas de commentaires »

Délivrance

Très américain, ça, cette volonté de toucher du doigt une terre sauvage avant qu’elle ne disparaisse. Très westernien, même. Les temps ont changé ? Pas tant que ça… Avec Délivrance, Boorman met à mal les mythes fondateurs de l’Amérique. Si l’homme est attiré par la nature sauvage, il est incapable d’y trouver le moindre accomplissement.

En fait de terre sauvage, c’est une rivière que quatre amis citadins décident de descendre, avant que sa vallée soit ensevelie sous les eaux après la construction d’un barrage. Quatre homme qui, en fait, ne sont pas si proches que ça, grands rôles pour Jon Voight, Burt Reynolds, Ned Beatty et Ronny Cox.

Aucun ne sortira vraiment indemne de ce trip nautique, virée d’un week-end dont on sent d’emblée qu’elle va mal tourner. L’arrogance des quatre hommes face aux « autochtones » de cette montagne perdue, et la soudaine harmonie entre le voyageur à la guitare et le gamin au banjo, qui improvisent le fameux thème musical du film… Cette harmonie, d’emblée, paraît problématique.

Est-ce le visage fermé du gamin ? Son regard vide ? Est-ce le visage habité de Burt Reynolds, obnubilé par son envie de vivre la grande aventure ? Dès ces premières scènes, le malaise est déjà là. Il ne fera que croître, imperceptiblement jusqu’à la scène de l’affrontement, glauque et violent, avec un Bill McKinney répugnant. Le gars a enchaîné les rôles de pervers et de malades. Mais des comme ça

Il y a une tension incroyable dans ce film traumatisant, qui offre un revers cinglant à ce rêve américain de retour à la nature. Un rêve que Boorman ne donne pas franchement envie de vivre. Pas tout de suite en tout cas, le temps de digérer le traumatisme que le film procure.

1941 (id.) – de Steven Spielberg – 1979

Posté : 19 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

1941

Après Les Dents de la mer et Rencontre du 3e type, deux triomphes, Spielberg peut évidemment faire tout ce qu’il veut, de la manière qu’il veut, avec les moyens qu’il réclame. Le gars a des ailes, de l’ambition, et aucune limite. Ce qui donne… un OVNI démesuré et hallucinant, une folie au budget visiblement énorme, et à la ligne directrice très fine.

1941 est une curiosité dans l’œuvre de Spielberg. Certains seraient même tentés de dire une aberration : une accumulation de séquences de bravoure dont chacune pourrait être le point culminant d’un film lambda, une sorte de parodie démentielle de la notion même de blockbuster, ce principe que Spielberg a inventé avec Jaws.

Sans doute pas un hasard si 1941 commence par un copié-collé de son premier triomphe : une femme nue qui court sur la plage et se précipite dans l’océan où se cache… non, pas un requin : un sous-marin japonais, perdu le long de la côte californienne.

1941 joue sur la peur qui a soufflé sur la côte ouest américaine après l’attaque de Pearl Harbor : l’action du film se déroule six jours plus tard, près d’Hollywood. L’atmosphère paranoïaque y est, disons, très loin du Perfidia de James Ellroy, pour ceux qui connaissent…

Spielberg se sent pousser des ailes, donc. Chacun de ses plans semble démesuré. C’est vif, fou, généreux, mais ce n’est enthousiasmant que par bribes. Quand John Belushi apparaît notamment, hilarant en pilote d’avion déjanté et répugnant, et irrésistible. Ou Robert Stack, en officier qui pleure devant Dumbo

Beaucoup de gags ou de répliques énormes (« What’s that ? – It appears to be a large negro, sir. »… Ça m’a fait ma soirée, ça), une ampleur rare dans la folie… On aimerait l’adorer ce film, avec ce rythme incroyable et ce casting qui ne ressemble à rien (Christopher Lee, Toshiro Mifune, Treat William, Dan Aykroyd, Ned Beatty…). Mais le plaisir qu’on y prend est aussi immense que distendu, et le film manque d’un liant.

Trop de moyens, trop de personnages, trop de folie finalement. 1941 a un côté attraction foraine, revendiqué, un trip dont on finit quand même par se demander s’il n’a pas quelque chose du caprice d’enfant trop gâté. Une telle débauche de moyens à l’écran, ce n’est pas si courant.

Le Drapeau noir flotte sur la marmite – de Michel Audiard – 1971

Posté : 18 novembre, 2020 @ 8:00 dans 1970-1979, AUDIARD Michel, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Les chemins d’une intégrale nous mènent parfois dans de drôles d’endroits. Ce que c’est, quand même, que le jusqu’au boutisme… Bon, ce Drapeau noir… n’augurait rien de bien réjouissant. Au moins n’est-on pas déçu. Audiard a déjà une fâcheuse tendance à agacer quand il s’écoute écrire, voilà qu’il se met en tête de passer derrière la caméra (ce n’est pas son premier film, mais c’est le premier que je vois). Et… comment dire…

A vrai dire, inutile de taper sur le réalisateur : Audiard n’a visiblement aucune ambition de ce côté là. Avec Le Drapeau noir flotte sur la marmite, c’est une sorte de réunion de famille qu’il propose. Il adapte (avec l’auteur) un roman de René Fallet, confie la musique à Brassens, et réunit des acteurs qui sont ses compagnons de route depuis longtemps. Carnet, Pousse, Gabin… La cantine devait être copieuse et bien arrosée, sur le tournage.

Gabin en vieux loup de mer, dont on comprend vite qu’il n’a jamais navigué, appelé à la rescousse par son neveu cheminot pour construire un bateau… L’histoire est très conne, mais finalement pas plus qu’une autre quand on y pense. Les personnages sont caricaturaux ? Oui, mais les comédiens sont assez réjouissants. Tout ça pour dire que, en dépit de tous les défauts, en dépit de la laideur des images (assez radicale), de la nullité de la mise en scène, de dialogues complaisants, il faut reconnaître au film quelque chose qui n’est pas vraiment du charme… du confort, peut-être.

Gabin n’a sans doute accepté le film que par pure amitié : il était alors passé à autre chose, abordant la dernière partie de sa carrière en s’éloignant des dialogues d’Audiard qui l’avaient tant marqué. Il en fait beaucoup, et avec une sincère gourmandise, comme une ultime récréation potache avant de se recentrer sur des rôles plus consistants. Il y a même une tendresse inattendue qui finit par se dégager de cette aventure pas si pathétique qu’on ne peut pas vraiment défendre, mais qu’on n’a pas non plus envie d’entasser.

Verdict – d’André Cayatte – 1974

Posté : 5 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1970-1979, CAYATTE André, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Verdict

Après Deux hommes dans la ville, Gabin enchaîne (pour son avant-dernier film) sur un autre drame consacré à la justice. Le film de Cayatte est moins ouvertement engagé que celui de Giovanni, il aborde tout de même le sujet de la peine de mort. Avec nuances, ou maladresse, selon la bienveillance que l’on veut bien avoir.

Gabin y est un juge sur le point de prendre sa retraite, dont le dernier procès est celui d’un jeune homme accusé d’avoir violé et assassiné une fille de bonne famille. La mère de l’accusé décide d’enlever la femme du juge pour obtenir l’acquittement de son fils. Entre le juge et la mère de l’accusé, jouée par Sophia Loren, se noue une relation ambiguë.

Cette relation n’est pas franchement très convaincante, comme si Cayatte avait voulu glisser dans la tête du spectateur l’idée même d’une relation hors du tems entre le sex-symbol italien des années 60 et le séducteur français d’avant-guerre. Difficile à avaler, face à un Gabin en bout de course, septuagénaire qui fait bien quinze ans de plus.

Mais le personnage de Gabin est assez intéressant, parce qu’il semble sincèrement mettre en doute trente-cinq ans de la pratique de la magistrature, alors qu’il est forcé d’adopter, comme il le dit, une ligne neutre et bienveillante.

En filigrane, et même frontalement dans les premières scènes de procès, c’est une justice pleine de préjugés qui apparaît. Et le fait que des flash-backs qui apparaissent tout au long du film nous confirment que l’accusé est coupable n’altère pas ce sentiment de voir une justice biaisée dans ses œuvres.

Au contraire, même. Verdict n’a pas tout à fait la force de Deux hommes dans la ville, malgré une dernière partie particulièrement tendue. Mais le film de Giovanni passait un peu à côté de son engagement anti-peine de mort en mettant en scène un innocent. Verdict prend l’exact contre-pied.

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