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Archive pour la catégorie '1970-1979'

Le Parrain (The Godfather) – de Francis Ford Coppola – 1972

Posté : 6 décembre, 2010 @ 2:58 dans 1970-1979, COPPOLA Francis Ford, PACINO Al | Pas de commentaires »

Le Parrain

Tout a été dit sur ce chef d’œuvre absolu signé par un jeune réalisateur de 33 ans, et ce n’est pas un petit bloggeur du dimanche qui va dire quoi que ce soit de nouveau. C’est tout simplement une merveille, une immense fresque familiale passionnante et déchirante, le film ultime sur la mafia, qui est aussi la plus belle des tragédies modernes.

Brando est splendide et obtient l’Oscar (qu’il ne viendra pas chercher, d’ailleurs), mais c’est bien Pacino qui est le personnage central du film : c’est son histoire, son destin, que ces trois heures de pur cinéma nous racontent. Le sujet du Parrain, c’est la manière dont son destin rattrape Michael Corleone, le fils prodige, celui en qui Don Vito le patriarche place tous ses espoirs, celui qui doit sortir la famille Corleone du crime et de l’illégalité…

« C’est ma famille, Kay, ce n’est pas moi », dit-il à sa jeune fiancée (Diane Keaton, témoin passif et bouleversante de ce destin en mouvement), après lui avoir raconté comment son père a fait, un jour, « une offre qu’il ne pouvait pas refuser ». Calme et posé, Michael est le parfait contraire de Sonny (James Caan, explosif), son bouillant aîné. Mais au fond, les deux frères partagent le même sens de la famille et de l’honneur, pour lequel ils sont prêts à tout sacrifier. Michael avec moins d’exubérance, mais avec peut-être encore plus de détermination.

Lorsque leur père se fait descendre, c’est lui qui prend les choses en main. C’est là, à l’hôpital, alors qu’il assure la sécurité de son père allité, qu’il prend conscience de sa véritable nature. Sans grand discours, ni grands effets : Coppola se contente d’un regard de Pacino sur sa main, qui tient un briquet sans le moindre tremblement, alors qu’il vient de risquer sa vie. C’est sur ce simple regard, sur cette main ferme, que l’on comprend que Michael ne se voilera plus la face, qu’il assumera son destin. Il le fait d’ailleurs très vite : c’est lui, et personne d’autre, qui décide de verser le sang. Et c’est lui qui se chargera de le faire, lors d’une séquence inoubliable.

On ne dira jamais à quel point le regard de Pacino est important dans ce film. Ce n’est que son troisième film, mais il est déjà l’un des plus grands acteurs du monde, avec une conscience parfaite du pouvoir de la caméra, et d’un simple regard. Dans cette séquence du restaurant, son regard perdu avant de faire feu en dit plus long que tous les discours du monde, sur la vraie personnalité de Michael, sur son passé dont on ne connaît pas grand-chose, et même sur son avenir.

Michael Corleone est un personnage exceptionnel, mais il n’est pas le seul. Grand cinéaste, Coppola est aussi un très très grand directeur d’acteur : pas la moindre fausse note dans son immense distribution, pas le moindre rôle en-deça. Que ce soit de jeunes acteurs (notamment les deux autres membres de la fratrie : John Cazale, splendide raté, alia Shire, jeune épouse malheureuse très loin de la Adrienne de Rocky, et Robert Duvall, demi-frère en retrait mais étrangement émouvant) ou de vieilles gloires (Richard Conte, et surtout Sterling Hayden, génial en vieux flic aussi pourri que fatigué), tous les acteurs sont formidables. Ce sera d’ailleurs une constante dans cette trilogie sublimes (oui, même Sofia Coppola, est très bien, mais on en reparlera dans une autre chronique).

Et puis il y a la musique, bien sûr, l’une des plus belles de l’histoire du cinéma : le thème principal, et celui de Sicile, sont absolument inoubliables. Ta na na na, na na na na, na na… Oui, ça rend moins bien sans le son.

On ne va pas non plus revenir sur le plan d’ouverture, à tomber par terre ; sur les kleenex dont Brando se garnissait la bouche ; sur le retour à Corleone ; sur la recette des boulettes de viande ; sur le mensonge final de Michael ; sur la série de meurtres pendant le baptême ; sur la mort de Sonny ; sur le pathétique filleul de Vito ; sur ‘‘ma femme pleure là-haut, j’entends des voitures arriver… Consigliere, dis à ton Don ce que tout le monde sait’’ ; sur la tête de cheval ; sur la mort d’Appolonia…

Le Parrain est l’un des plus beaux films du monde. Et dire que Coppola fera aussi bien avec ses deux suites (ici et ici)…

Mariage – de Claude Lelouch – 1974

Posté : 2 novembre, 2010 @ 3:17 dans 1970-1979, LELOUCH Claude | 2 commentaires »

Mariage - de Claude Lelouch - 1974 dans 1970-1979 mariage

Mariage est sans doute le plus cynique des films de Lelouch. La première séquence, pourtant, laisse penser qu’on va assister à une comédie légère et gentillette : un jeune couple sur le point de se marier visite une maison mise en vente face aux plages de Normandie. Nous sommes en juin 1944, et c’est sous le balcon-même du jeune couple que les Alliés s’apprêtent à débarquer… Cette première séquence est d’une fluidité étonnante, la caméra de Lelouch adoptant un mouvement incessant qui donne un bel élan et une vraie sensation de jeunesse à ce couple qui ne prononce que quelques mots timides…

Ce couple, improbable, mais mignon tout plein, c’est Bulle Ogier, jolie et craquante comme jamais, et Rufus, dont il nous faut quelques minutes seulement pour comprendre qu’il joue un pauvre type lâche et égoïste. Lorsque sa jeune femme lui rappelle qu’il lui a promis que, dès la fin de la guerre, ils iront s’installer à Paris, on sent bien qu’ils passeront leur vie dans cette petite ville de bord de mer, et que le Rufus se réfugie derrière les « on verra après la guerre » pour ne surtout pas faire quoi que ce soit…

On s’attend à trouver un homme lâche et égoïste… Eh bien on est surpris : les séquences suivantes sont bien pires ! L’ambition de Lelouch, pour Mariage, est de résumer une vie de couple à quatre dates : le jour de leur mariage (juin 1944), leur dixième anniversaire de mariage (juin 1954), puis leur vingtième (juin 1964) et leur trentième (juin 1974)… Mais il ne faut pas trente ans pour que le couple s’étiole : dès 1954, c’est une guerre ouverte qui se déclare entre les deux amants d’hier : elle se rattachant à des petits riens ; lui traitant sa femme (et son fils) avec une cruauté qui n’a pas de nom. Les coups ne pleuvent pas, mais les mots, eux, sont d’une férocité rare.

Bulle Ogier reproche à Rufus d’être devenu un Français moyen sans relief. Elle a tort : c’est un salaud intégral, borné et méchant, qui plus est sans la moindre once de courage. En 64, on découvre que leur fils est homosexuel, et qu’il reçoit son amant en secret, la nuit. On voit alors Rufus se lever, et aller chercher un couteau de cuisine. On se dit que ce beauf odieux va planter soit son fils, soit l’amant de celui-ci… Mais non : il se contente de crever les pneus de leur moto, et s’en retourne se coucher comme si de rien n’était… Un lâche absolu.

Mariage est un film assez fascinant (tourné dans un beau sépia, exception faite de la dernière séquence), mais aussi très dérangeant : la violence verbale de Rufus distille un malaise qui ne s’éteint pas, malgré le semblant d’optimisme de la dernière réplique, purement lelouchienne (« Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues »). Est-ce une comédie un peu burlesque, ou Lelouch est-il profondément allergique au mariage ? Le doute persiste, même si le réalisateur donne une image ahurissante de la vie en couple, qui donne froid dans le dos.

Cynique aussi, la manière dont Lelouch filme les cérémonies commémoratives du débarquement, comme une séquence qui se répète inlassablement au fil du temps, sans émotion, sans originalité, et sans une once de franchise. Elle est laide, cette France-là…

Robin des Bois (Robin Hood) – de Wolfgang Reitherman – 1973

Posté : 12 octobre, 2010 @ 6:39 dans 1970-1979, DESSINS ANIMÉS, REITHERMAN Wolfgang | 1 commentaire »

Robin des Bois (Robin Hood) - de Wolfgang Reitherman - 1973 dans 1970-1979 robin-des-bois-73

Après avoir découvert le Robin des Bois version Ridley Scott, petite plongée nostalgique, pour faire plaisir à mes deux fils (2 ans et 5 ans si ça intéresse quelqu’un), avec cette version Disney, initiée par le grand Walt lui-même avant sa mort (en 1966). Eh bien il faut reconnaître qu’il a plutôt bien vieilli, ce dessin animé très rythmé, et bourré d’humour. On est bien sûr aux antipodes du film de Scott, même si Wolfgang Reitherman n’hésite pas à forcer le trait de la misère et de la souffrance, dans quelques scènes assez dures, qui ont le mérite de montrer au jeune public que l’injustice touche les plus faibles. Robin des Bois serait-il un film politique ? On n’ira pas jusque là…

Il y a en tout cas de belles idées dans ce long métrage, à commencer par le ménestrel qui donne un rythme particulier au film (ça change du sempiternel livre de contes dont on tourne les pages au fur et à mesure que l’intrigue avance…), et par le très beau générique de début. Le duo de méchants est aussi une grande réussite : le prince Jean qui souffre d’avoir été mal aimé par sa maman, et son âme damnée le triste Sire, serpent persifleur à qui on le film fait subir toutes les misères du monde.

Robin des Bois est une vraie réussite, qui allie à la fois la richesse visuelle des grands classiques comme Blanche Neige ou de La Belle et la Bête, et le charme un peu désuet des productions plus modestes comme Dumbo.

French Connection (The French Connection) – de William Friedkin – 1971

Posté : 22 septembre, 2010 @ 2:47 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, FRIEDKIN William | Pas de commentaires »

French Connection (The French Connection) - de William Friedkin - 1971 dans * Polars US (1960-1979) french-connection

De French Connection, on retient généralement la course-poursuite hallucinante, qui mérite largement tout le bien qu’on a pu en dire depuis quarante ans : cette séquence surpasse nettement celle, pourtant culte, de Bullit. Ici, on a Gene Hackman, plus déterminé tu meurs, qui poursuit en voiture un métro aérien, dans les rues de New York. Cette séquence, tournée dans des conditions de sécurité très minimales (William Friedkin voulait profiter des aléas de la circulation pour renforcer l’aspect réaliste de son film), aurait pu finir en drame. Mais aujourd’hui, on oublie l’irresponsabilité de Friedkin pour saluer l’incroyable tension qu’il a su donner à cette scène probablement insurpassable. On vit cette séquence comme si on était sur le siège passager de Gene : avec l’envie d’appuyer sur la pédale de frein, et le réflexe de s’accrocher à la portière ; lorsque cette mère de famille déboule avec son landau sur la chaussée, on est à ça de hurler… Bref, rarement une scène de voiture a réussi à communiquer aussi bien la sensation de vitesse et de danger…

Cette séquence est aussi marquée par le sadisme et la cruauté d’un Marcel Bozzufi acculé, et par sa conclusion : fatigué par cette longue course-poursuite, « Popeye » — Gene Hackman ne fait même pas mine de le poursuivre à pied… D’une balle dans le dos, il signe l’image la plus mémorable du film (que j’ai d’ailleurs choisie pour illustrer ce papier… ce blog est décidément bien fait !).

Cette course-poursuite est mémorable, tout comme la traque finale, dans le hangar désaffecté, et ce coup de feu hors-champs qui résonne longtemps après le générique de fin, symbole du fossé franchi entre la détermination du héros et une sorte de folie… Ces moments de bravoures sont cependant des parenthèses dans un film fascinant, mais bien peu spectaculaire : l’essentiel de French Connection consiste en des séquences de planque, de filature, de fouille… Bref, le quotidien tristoune des flics américains, un peu glauque et franchement chiant, à des années lumière des héros bondissants du cinéma hollywoodien. Les journées de ces flics sont longues, très longues… Leurs nuits n’ont bien souvent pas d’autre cadre que les sièges crasseux de leurs vieilles bagnoles pas confortables… Même leurs histoires de cul sont un peu tristes. Pas drôle, d’être un policier dans le New York des années 70.

Friedkin n’enjolive pas, ne triche pas. Il s’inspire d’une histoire vraie, et n’essaye pas d’en tirer un film fun surchargé en scènes d’action : la filière de la drogue a été démantelée grâce à un gros coup de chance, et des tonnes de patience, et c’est exactement ainsi qu’il le montre dans son film. Avec French Connection plus que dans aucun autre de ses films, Friedkin a voulu « faire vrai », être au plus près de la véritable histoire : il a même embauché comme consultants les « vrais héros », Eddie Egan et Sonny Grosso, qui jouent même de vrais rôles dans le film. Friedkin s’autorise quelques libertés, mais toujours dans le but de faire ressentir le poids du quotidien, chez ces flics qui ne vivent que pour leur boulot. C’est aussi en s’inspirant d’eux que le réalisateur a mis dans la bouche de Hackman cette phrase devenue culte : « You ever been to Poughkeepsie? Huh? » Une question incompréhensible dont le but était de déstabiliser les voyous. C’est du réel, donc, mais ça fait aussi curieusement penser à un film pourtant aux antipodes : Le Port de l’Angoisse, dans lequel Walter Brennan demandait à quiconque il croisait : « Vous avez déjà été piqué par une abeille morte ? »

Gene Hackman, qui explose littéralement dans ce rôle, est extraordinaire, impressionnant bloc d’obstination. A ses côtés, Roy Scheider est beaucoup plus en retrait, mais tout aussi bon. Quatre ans plus tard, John Frankenheimer signera une suite (sans Roy Scheider) pas tout à fait aussi réussie, mais franchement pas mal…

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