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Archive pour la catégorie '1970-1979'

Intérieurs (Interiors) – de Woody Allen – 1978

Posté : 27 novembre, 2013 @ 8:31 dans 1970-1979, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Intérieurs

Dans Annie Hall, son film précédent, Woody Allen assumait enfin sa vraie personnalité de cinéaste, et posait les bases de toute son œuvre à venir. Comme si cette révélation lui donnait une confiance nouvelle, Allen délaisse pour la première fois la comédie, pour un homme appuyé à l’un de ses maîtres, le grand Ingmar Bergman. Le résultat est surprenant : pas le moindre humour dans ce film parfois pesant, où les lieux (appartements de ville ou villa en bord de mer) semblent peser sur les personnages par tout ce qu’ils représentent de souvenirs.

Pour la première fois aussi, Woody Allen l’acteur s’éclipse, au profit de comédiens moins marqués par la comédie. Mais la marque du cinéaste est bien là : son goût pour l’introspection, et pour ces histoires de couples forcément éphémères.

Mais cette fois, c’est sur le mode sérieux, avec un rythme volontairement languide, qu’Allen aborde ces thèmes. L’histoire est bergmanienne en diable : trois jeunes femmes, trois sœurs qui tentent de trouver leur place (dans la culture, pour toutes : la comédie pour l’une, la poésie pour la deuxième, la photographie pour la troisième) et d’assumer leur propre vie, alors que leur mère est en pleine dépression depuis que leur père l’a quittée.

Le thème est bergmanien, mais il y a dans le personnage de la mère, interprétée par une vaporeuse Geraldine Page, quelque chose de la future Cate Blanchett de Blue Jasmine : même incapacité, pathétique et déchirante, d’affronter la solitude et la séparation.

C’est aussi un film sur le deuil de l’enfance. Le mariage du père (E.G. Marshall) avec sa nouvelle compagne, ressemble à l’enterrement des derniers vestiges de l’enfance et de son innocence. Avec une image presque caricaturale : celle où la belle-mère insuffle littéralement la vie à l’une des filles, tandis que la mère disparaît. Pas hyper délicat, mais très émouvant.

Qu’importe l’imagerie, à la limite de la parodie bergmanienne (curieusement, les vraies parodies du cinéma de Bergman reprendront souvent les cadres imaginés par Woody Allen) : avec ce film étonnamment austère, mais d’où émane une émotion déchirante

Annie Hall (id.) – de Woody Allen – 1977

Posté : 26 novembre, 2013 @ 5:31 dans 1970-1979, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Annie Hall

Annie Hall est un film fascinant. Parce que c’est un chef d’œuvre, l’un des films majeurs de son auteur. Et aussi parce qu’on y assiste à la métamorphose d’un artiste, qui se met en scène dans cette position d’un artiste en pleine mutation, qui rompt avec son passé de gagman pour s’assumer dans toute sa complexité. Woody Allen a évidemment mis beaucoup de lui dans ce personnage d’Alvy Singer, qui lui ressemble comme un frère, et qui fixe à jamais le personnage allenien.

Après ses précédents films de jeunesse, prolongement de son expérience de comique pur, Allen semble découvrir toutes les possibilités du cinéma en tant que langage. Non seulement le propos est plus complexe. Mais pour la première fois, il s’y impose comme un authentique cinéaste

Plus inventif, mieux construit, plus écrit, plus intellectuel, plus exigeant, Annie Hall est aussi beaucoup plus drôle que ses précédents films (« Ces types de la Résistance étaient vraiment courageux. Avoir à supporter les chansons de Maurice Chevalier…»). Beaucoup plus tendre, aussi : le rire et l’émotion ne sont jamais loin, comme dans cette magnifique séquence des homards, symbole éternel de la complicité qui unie Woody et son égérie d’alors, Diane Keaton.

Il invente une sorte d’autofiction d’une intelligence et d’une audace folle. Il se permet toutes les audaces pour raconter cette histoire d’un couple dont on sait d’emblée qu’il est séparé, plongeant dans son enfance, revivant les moments les plus forts de cette histoire d’amour : le narrateur devient le témoin de scènes du passé, qu’il commente avec une douce ironie, dialoguant même avec son double d’hier.

Il entremêle dialogues et pensées, s’adresse au public face caméra, utilise le dessin animé (comme un certain Tarantino trente ans après lui), et fait intervenir Marshall MacLuhan en personne pour remettre à sa place l’un de ces m’as-tu-vu qui parlent bien fort pour être sûrs d’être entendus…

La métamorphose est spectaculaire. En un film, Woody Allen s’impose comme un réalisateur audacieux, drôle et intelligent, comme LE cinéaste de New York, et comme un génie qui joue d’une manière irrésistible avec ses névroses et ses modèles. Son premier chef d’œuvre est un film merveilleux.

Guerre et amour (Love and Death) – de Woody Allen – 1975

Posté : 19 novembre, 2013 @ 2:33 dans 1970-1979, ALLEN Woody | Pas de commentaires »

Guerre et amour

Une révolution dans une république bananière (Bananas), un film de science-fiction (Woody et les robots), et maintenant un film de guerre napoléonienne. L’esprit de Woody Allen est déjà là, plus ou moins perceptibles, dans ses films de jeunesse, mais toujours sous couvert du film de genre, et de l’effet comique immédiat et pas toujours très fin.

Mais dans ces films de jeunesse, ce Love and Death constitue un pas en avant gigantesque pour Allen. Parce qu’il aborde concrètement les principales obsessions d’Allen (la psychanalyse, le sexe, Dieu). Et surtout parce que c’est, alors, son film le plus drôle, et de loin (on le sent dès les premières minutes avec cette réplique d’anthologie : « Je vais être exécuté demain à 6h. Je devais partir à 5h, mais j’ai un bon avocat. » Mais aussi et surtout parce que c’est le mieux construit et le plus dynamique de tous ses films d’avant Annie Hall.

Même s’il se cache encore un peu derrière les apparats du film en costumes, avec de belles reconstitutions, des scènes de bataille pleine de figurants et d’explosions, et une (formidable) musique tonitruante, Woody Allen semble enfin se faire vraiment confiance, consacrant de longues scènes à son personnage et à sa relation avec Diane Keaton, avec un sens du rythme et des dialogues réellement formidables. « Si, par miracle, j’en réchappe demain, accepterais-tu de m’épouser ? – Quelles sont tes chances ? »

Love and Death est, de loin, le plus drôle de ses films de jeunesse. Visuellement, Allen s’inscrit une nouvelle fois comme un digne descendant de Chaplin (les séquences d’entraînement militaire sont irrésistible). Et puis il y a ces dialogues, souvent à mourir de rire (il y a bien longtemps que je n’avais pas ri aussi franchement et aussi souvent), qui rythment le film. « Si je pouvais voir un miracle, un seul miracle. Un buisson ardent, les mers s’ouvrirent en deux, ou… Ou mon oncle Sasha payer l’addition. » Et cette manière unique d’enchaîner, sur le même ton, les citations les plus érudites et les dialogues les plus triviaux : « Vous avez bafoué l’honneur de la comtesse – Pourquoi ? Je l’ai laissée jouir en premier. »

Très, très drôle, le film est le trait d’union parfait entre les films de jeunesse et la grande période d’Allen, qui s’ouvre dès son film suivant, Annie Hall.

Woody et les robots (Sleeper) – de Woody Allen – 1973

Posté : 17 novembre, 2013 @ 4:48 dans 1970-1979, ALLEN Woody, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Woody et les robots (Sleeper) – de Woody Allen – 1973 dans 1970-1979 woody-et-les-robots

Après la douteuse récréation de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir…, Woody Allen signe une sorte de remake futuriste de Bananas, où son personnage, cette fois cryogénisé et réveillé 200 ans plus tard, est impliqué malgré lui dans une révolution qui n’a de sens pour lui que pour séduire LA femme.

La femme en l’occurrence, c’est Diane Keaton, pour son premier rôle dans un film d’Allen. L’actrice, qui sortait du premier Parrain, se révèle d’emblée comme le parfait pendant féminin du personnage de Woody Allen. La complicité entre ces deux-là est parfaite, et c’est de cette complicité que viennent les meilleurs moments du film.

Le passé de gagman de l’acteur-réalisateur est encore très palpable : Sleeper tire encore énormément vers le pur burlesque, et son personnage a encore quelque chose de très chaplinesque. Mais il y a dans ce film plein d’excès une sorte de parenthèse qui annonce les grandes heures à venir du cinéma allenien : un simple dialogue sur les marches d’un escalier.

Comme si la clarinette qu’il avait à la main dans cette scène lui permettait soudain de révéler sa vraie nature, face à une Diane Keaton très complice. C’est dans ce moment de magie, sensible et délicat, qu’arrive le meilleur dialogue du film, celui qui évoque le plus le génie d’Allen : « C’est dur d’imaginer que tu n’as pas fait l’amour depuis 200 ans – 204 si tu comptes mon mariage. »

Contrairement au film précédent, Allen apporte une attention inédite à son scénario, parfaitement construit et émaillé de dialogues brillants : « Mon cerveau ! Mais c’est mon deuxième organe préféré ! ». Et lorsqu’il comprend que la banale opération pour laquelle il avait été hospitalisé en 1973 a mal tourné : « Je savais que c’était trop beau : je m’étais garé à côté de l’hôpital. »

Woody Allen, cependant, est encore plus un homme de mots qu’un homme d’images. Gagman efficace, scénariste brillant, interprète formidable, il semble n’accorder de réel intérêt à la mise en scène que lors de brefs passages, en particulier une courte scène en ombres chinoises entre Diane Keaton et lui. Mais il faudra attendre les films suivants pour s’en mettre un peu plus sous la dent…

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe [sans jamais oser le demander] (Everything you always wanted to know about sex [but were afraid to ask]) – de Woody Allen – 1972

Posté : 17 novembre, 2013 @ 11:22 dans 1970-1979, ALLEN Woody, CARRADINE John | Pas de commentaires »

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe [sans jamais oser le demander] (Everything you always wanted to know about sex [but were afraid to ask]) – de Woody Allen – 1972 dans 1970-1979 tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-sexe

Plus encore que Bananas, son précédent film (dans lequel le génie allenien affleurait déjà à travers quelques aphorismes), Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe porte l’empreinte du Woody Allen première époque : le gagman et l’homme de stand-up.

Le film est une succession de six sketchs inspiré à Allen par le livre à succès du docteur David Reuben, dont il se moque gentiment. Le seul fil conducteur : le sexe, sous tous ses aspects. Et pas forcément avec l’approche la plus fine. Woody lui-même semble plus désireux de peaufiner un personnage vaguement inspiré de Chaplin et de Groucho Marx, que d’écrire des dialogues qui font mouche. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, de ce côté-là.

Pas non plus la peine de chercher une quelconque émotion : Allen joue clairement la carte du grand n’importe quoi. Le résultat est pour le moins inégal, se révélant parfois pénible, comme dans cette parodie de film d’horreur où John Carradine est une sorte de Frankenstein du sexe, et où Woody doit affronter un sein gigantesque qui menace la ville comme l’araignée géante de Tarantula

Gênante aussi, cette parodie de jeu télévisé où de vieux messieurs dévoilent leurs perversions sexuelles face à la caméra. Où cet autre sketch racontant l’histoire d’amour entre un médecin bien marié et un mouton. Au moins Gene Wilder est-il formidable dans ce rôle impossible.

Le premier sketch, finalement, est le plus réussi : Allen, en bouffon du roi, tente de forcer la ceinture de chasteté de la reine. Du pur burlesque, plutôt efficace. C’est là aussi que l’on trouve ce qui ressemble le plus à l’aspiration d’un autre cinéma : une citation inattendue de shakespeare par un Woodu Allen ouvertement clownesque.

Ailleurs, on le retrouve en amant italien cherchant désespérément à faire jouir sa femme (plutôt pas mal), et surtout en spermatozoïde se préparant pour l’éjaculation. A défaut d’être particulièrement drôle ici, Woody Allen s’amuse…

Bananas (id.) – de Woody Allen – 1971

Posté : 17 novembre, 2013 @ 11:09 dans 1970-1979, ALLEN Woody, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Bananas (id.) – de Woody Allen - 1971 dans 1970-1979 bananas

Avec cette deuxième réalisation (la troisième, si on tient compte du bidouillage de Lily la Tigresse), Woody Allen n’est pas encore un grand cinéaste, loin s’en faut. A vrai dire, il n’est tout simplement pas un authentique cinéaste : son film est une extension sur grand écran de ce qu’il faisait en tant que gagman et showman pour la télévision. Il y a encore beaucoup de gags faciles qui émaillent ce Bananas filmé un peu n’importe comment, et ce n’est assurément pas ce qu’il y a de plus réussi ici.

Mais entre les effets comiques un peu lourdingues, se dessinent le Woody Allen en devenir. Celui qui se confie à sa psy : « Je me rappelle qu’enfant j’avais volé un livre porno écrit en braille. Je caressais les passages cochons. » Celui qui utilise les mots comme des  séducteurs plus virils leurs bras : voulant séduire une hippie avide de grandes causes, il lance un très allenien « j’adore la lèpre ».

Il faut accepter de se laisser embarquer dans cette improbable histoire d’un Juif new-yorkais qui devient par hasard un maillon important d’une révolution dans un petit pays d’Amérique du Sud qui ressemble étrangement à Cuba. Pas pour les images d’un Allen encore très approximatifs en tant que formaliste. Pas vraiment non plus pour le cinéaste, qui flirte du côté du Lelouch version L’Aventure c’est l’aventure. Mais pour le personnage de Woody Allen, déjà là dans ses grandes lignes, et à travers quelques répliques lapidaires.

Le cinéaste se cherche, c’est indéniable. Dès sa première apparition, testant une étrange machine destinée à muscler les travailleurs sur leurs postes de travail, Allen reconnaît en Chaplin (celui des Temps modernes) l’un de ses modèles. Son personnage est d’ailleurs encore marqué par l’influence du burlesque, comme dans cette petite séquence du métro, muette, où le fluet Woody est confronté à deux mauvais garçons (dont l’un est interprété par le jeune et inconnu Sylvester Stallone). Mais c’est quand il crée son propre personnage, plus inspiré par Groucho Marx ou W.C. Fields, quand il fait du Woody Allen en somme, qu’il est le plus drôle, et le plus moderne.

Le Dernier Nabab (The Last Tycoon) – d’Elia Kazan – 1976

Posté : 6 septembre, 2013 @ 1:39 dans 1970-1979, CARRADINE John, CURTIS Tony, DE NIRO Robert, KAZAN Elia, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

Le Dernier Nabab (The Last Tycoon) – d’Elia Kazan – 1976 dans 1970-1979 le-dernier-nabab

Elia Kazan savait-il que The Last Tycoon serait son dernier film ? Il y a en tout cas des allures de testament cinématographique dans cette magnifique adaptation d’un roman de Fitzgerald. Dans le cadre du Hollywood des années 30, celui de la jeunesse de Kazan, c’est un film profondément mélancolique, l’histoire d’un amour disparu, que De Niro tente de retrouver à travers le personnage quasi-fantasmé de Katherine Moore, sosie de sa défunte femme.

Dans le rôle, Ingrid Boulting n’a pas eu bonne presse à l’époque de la sortie. Son interprétation vaporeuse en a surpris plus d’elle. A tort : elle tient davantage du fantasme que de l’héroïne classique. Sa première apparition affiche la couleur : après un tremblement de terre qui surprend le producteur interprété par DeNiro dans son sommeil, elle entre en scène chevauchant une tête géante dérivant dans un décor de cinéma inondé par un torrent…

Producteur à l’ancienne, à l’époque où les producteurs étaient les maîtres absolus et disposaient à leur convenance des réalisateurs comme des scénaristes, Monroe Stahr est inspiré par Irving Thalberg, le jeune maître à penser de la MGM dans les années 20 et 30. Il est aussi le symbole d’un Hollywood déjà condamné à disparaître, alors que le studio est secoué par la grogne des scénaristes, sur le point de créer leur syndicat. La toute puissance du producteur qui ne vit que pour les films est remise en cause. L’ère des financiers et des avocats se profile.

Stahr/DeNiro représente aussi toute la complexité de ce système de l’âge d’or d’Hollywood : un vrai amoureux de cinéma qui connaît mieux que quiconque les clés d’un bon film (la période a donné un paquet de grandes réussites, quand même…), mais qui se révèle sans pitié, obligeant un grand écrivain perdu dans un Hollywood qu’il ne comprend pas (Donald Pleasance, sans doute inspiré de Fitzgerald lui-même) à travailler avec de jeunes scénaristes aux ordres, ou virant sans ménagement d’un plateau un réalisateur (Dana Andrews) incapable de canaliser la star capricieuse jouée par Jeanne Moreau.

Monroe Stahr est à l’image de ce Hollywood recréé à l’écran dans toute sa complexité, à la fois terriblement séduisant et terrible tout court. Kazan n’est pas dupe, lui qui a connu les sommets d’Hollywood comme ses revers, après son fameux témoignage devant la commission des activités anti-américaines. Est-ce pour cela que l’un des personnages les plus sympathiques, le moins altéré par le cynisme hollywoodien, est un communiste, interprété par Jack Nicholson ?

Le film est beau parce que le personnage de DeNiro, en pleine perdition, est très émouvant. Mais aussi parce que derrière le cynisme et la critique d’un système, on sent une certaine nostalgie de cette époque disparue : The Last Tycoon est aussi une déclaration d’amour pour le cinéma et ses acteurs, avec une affiche magnifique qui semble réunir toutes les générations d’acteurs.

John Carradine sert de guide à travers les décors du studio. Tony Curtis, formidable, joue avec sa propre image. Robert Mitchum n’avait plus été aussi bon depuis des années. Ray Milland et Dana Andrews échappent pour un temps aux nanars qu’ils enchaînent alors pour des rôles en retrait mais marquants.

Ces monstres sacrés, stars d’un Hollywood déjà disparu, semblent passer le flambeau à DeNiro, fascinant dans sa raideur. L’acteur est sans doute celui qui incarne le mieux le nouvel Hollywood. Pourtant, c’est le Hollywood de l’Âge d’Or dont il est le symbole dans ce film. Qu’importe le système finalement. A la fin du film, avant de quitter ce studio pour lequel il a tout donné, il lance face caméra : « Je viens de faire du cinéma ». Et la phrase résonne comme un adieu du réalisateur. C’est bouleversant.

Piranhas (Piranha) – de Joe Dante – 1978

Posté : 14 août, 2013 @ 2:22 dans 1970-1979, DANTE Joe, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Piranhas (Piranha) - de Joe Dante - 1978 dans 1970-1979 piranhas

Des petites bestioles (très) carnivores dévorent les touristes d’un fleuve et d’une base nautique que des promoteurs sans scrupules veulent préserver à tout prix de tout scandale… L’inspiration de Joe Dante est évidente : avec Piranhas, il signe le plus réjouissant des nombreux films inspirés des Dents de la Mer. Un film qui, pourtant, porte la marque de Dante : celle d’un cinéaste cinéphile qui n’a jamais eu la prétention de se comparer à ses maîtres, signant des films passionnés (et souvent passionnants) habités par sa cinéphilie dévorante.

Dès le générique, et après une baignade nocturne franchement flippante qui rappelle une autre ouverture célèb, le ton est donné. « Réalisé par Joe Dante » apparaît sur un jeu vidéo dérivé de Jaws. Le message est clair : le cinéaste entend bien s’amuser avec les images déjà mythiques du film de Spielberg.

Comme pour son autre grand succès, Gremlins, Dante trouve le bel équilibre entre citations, parodie et horreur. Piranhas remplit son contrat dans le domaine de l’horreur, avec quelques séquences de carnage sanglantes aux effets gores assumés. Mais Dante ne se prend jamais au sérieux, se permettant même quelques effets totalement inutiles, comme l’apparition de ces bestioles mutantes dans le laboratoire (hommage totalement gratuit aux créations de Ray Harrihausen), qui évoquent curieusement les dinosaures que Spielberg filmera quinze ans plus tard dans Jurassic Park. Difficile aussi de ne pas voir un réjouissant second degré dans le choix des comédiens, dont l’interprétation est souvent franchement limites, et qui semblent souvent sortir de la plus cheap des séries Z.

Les thèmes sont les mêmes que ceux de Spielberg : la peur de l’eau, le cynisme des autorités, la paranoïa et la manipulation. Mais Dante les traite avec une ironie clairement assumée, une sorte de regard rigolard qui lui permet de multiplier les citations cinéphiliques (L’Etrange créature du Lac noir, bien sûr, mais aussi la pancarte « Défense d’entrer » de Citizen Kane qui ouvre le film, les morsures des poissons filmées comme les attaques des Oiseaux d’Hitchcock…) avec humour, passion et recul.

Tourné en même temps que Les Dents de la Mer 2, Piranhas (dont la suite sera la première réalisation de James Cameron) est, aujourd’hui encore, le rejeton le plus honorable du chef-d’œuvre de Spielberg.

• Sorti au tout début de cet été, le DVD édité par Carlotta propose de beaux suppléments : une dizaine de minutes de rushes muettes (plutôt sympathique de découvrir l’ambiance du tournage), une bande annonce d’époque, et surtout un entretien de 40 minutes avec Joe Dante, qui revient longuement sur la genèse du film. Ironique, passionné, cinéphile, le réalisateur ne manie pas la langue de bois et s’amuse du culte qui entoure son premier succès populaire. L’écouter se révèle aussi passionnant que regarder son film…

Le dernier train pour Frisco (One more train to rob) – de Andrew V. McLaglen – 1971

Posté : 9 août, 2013 @ 11:12 dans 1970-1979, McLAGLEN Andrew V., WESTERNS | Pas de commentaires »

Le dernier train pour Frisco (One more train to rob) – de Andrew V. McLaglen – 1971 dans 1970-1979 le-dernier-train-pour-frisco

Pas grand-chose à sauver dans ce western semi-parodique qui ressemble bien plus à un téléfilm un peu bancal qu’aux grandes réussites du genre, qui ont pourtant toujours influencé le fils McLaglen. Elevé par un acteur fétiche de John Ford (Victor McLaglen, donc), lui-même ancien assistant du grand Ford, le réalisateur n’a jamais cessé de diriger les anciens acteurs de son maître à penser (John Wayne, notamment, est très présent dans sa filmo). Ici, on retrouve ainsi George Peppard, (petite) figure fordienne depuis La Conquête de l’Ouest, et surtout Harry Carey Jr dans un petit rôle de braqueur.

Contrairement à beaucoup de films de McLaglen, qui tente souvent, maladroitement la plupart du temps, de renouer avec l’esprit de l’âge d’or d’Hollywood, celui-ci est visiblement inspiré par les programmes télé de l’époque. L’intrigue assez classique (un braqueur de trains sort de prison et veut se venger de son ancien complice et ami) est engloutie sous un humour lourdingue qui ne fait jamais mouche, et qui casse totalement le rythme de ce qui aurait pu être un petit western sombre et plaisant.

George Peppard n’est ni bon, ni mauvais. Il est là, c’est tout, se contentant de sourire à pleines dents comme son futur personnage de la série L’Agence tous risques, le seul de ses rôles dont le grand public d’aujourd’hui se souvienne vraiment. On ne croit jamais vraiment à son personnage, ni à ses relations avec la communauté chinoise, omniprésente. C’est d’ailleurs la seule vraie originalité de ce film, mais traitée avec des sabots énormes.

• Le DVD vient d’être édité par Sidonis dans sa collection Westerns de Légendes, avec une présentation par l’incontournable Patrick Brion.

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972

Posté : 19 juin, 2013 @ 10:37 dans 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), STURGES John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Joe Kidd (id.) – de John Sturges – 1972 dans 1970-1979 joe-kidd

Que l’on évoque les carrières de Sturges ou d’Eastwood, ce Joe Kidd fait généralement figure au mieux de simple curiosité, au pire de ratage, dans tous les cas d’œuvre mineure. C’était aussi mon avis jusqu’à présent, et il faut bien reconnaître quelques flottements dans le rythme de ce western, et une lumière un peu plate qui ne rend pas hommage aux beaux cadres d’un cinéaste encore très inspiré. La musique, aussi, signée Lalo Schiffrin, a des accents jazzy urbains assez étranges, qui ne collent pas très bien avec le style.

Mais malgré ces défauts, Joe Kidd est un western passionnant et très original, qui mérite largement d’être redécouvert. Le scénario, signé Elmore Leonard (le futur auteur de Jackie Brown), est foisonnant, et fourmille de belles idées, à commencer par celle au cœur du film, qui évoque les terres spoliées par les Américains, en l’occurrence aux paysans mexicains. Le sujet n’est pas totalement nouveau, mais tout en privilégiant le spectaculaire, les grands espaces et les fusillades, le film met en évidence le rôle de la justice et des tribunaux, ce qui n’est pas si courant.

La première demi-heure est étonnante, ne serait-ce que par la manière dont le personnage de Clint Eastwood nous est présenté : loin de son image habituelle d’homme de l’Ouest, popularisée par les films de Leone et réutilisée dans Sierra Torride. Il apparaît en costume de ville, portant un petit chapeau melon, et condamné par la justice à nettoyer les rues de la ville, balai à la main.

La suite lui permettra de regagner sa splendide, mais non sans mal : on le voit d’abord servant au côté d’un riche propriétaire cruel et impitoyable (Robert Duvall, tout juste sorti du premier Parrain), avant de prendre fait et cause pour les Mexicains, dont le leader n’est pas si blanc que ça. Bref, pas d’angélisme, mais une vision assez noire de l’humanité.

Dans la dernière moitié, le film se concentre essentiellement sur l’action et le suspense. Plutôt efficacement, d’ailleurs. Jusqu’au climax, qui est la scène la plus connue du film, et qui montre un train, conduit par Eastwood, traverser un saloon. C’est gratuit et pour le moins improbable, mais très franchement, ça mérite d’être vu au moins une fois…

Joe Kidd vient d’être édité par Universal pour la première fois en blue ray, sans bonus et à prix modique, dans la même vague que La Caravane de feu. Un autre Eastwood sort en même temps : Sierra Torride de Don Siegel. Ainsi que Une bible et un fusil, avec John Wayne et Katherine Hepburn.

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