Play it again, Sam

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Archive pour la catégorie '1970-1979'

Quintet (id.) – de Robert Altman – 1979

Posté : 26 février, 2015 @ 5:44 dans 1970-1979, ALTMAN Robert, FANTASTIQUE/SF, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

Quintet

L’unique incursion d’Altman et de Newman dans la science-fiction est une œuvre d’un pessimisme et d’une noirceur extrêmes, un film post-apocalyptique à peu près totalement dénué d’espoir… à l’exception de l’apparition fugitive d’une simple oie sauvage survolant les étendues glacées de ce monde mort.

Dans cette micro-société installée dans les ruines d’une ville prise dans la glace, les derniers vestiges d’humanité et de société explosent littéralement devant la caméra d’Altman, et l’avenir avec. Le monde que le cinéaste décrit est terrifiant : recouvert de neige et de glace, où la notion de famille et d’amitié a disparu, ou plus personne ne naît, ou les cadavres sont laissés aux chiens qui rodent comme les vautours dans un ancien temps dont personne ne semble se souvenir… une sorte de dernier carré désabusé qui attend la fin de l’humanité comme une délivrance.

Un film glacial dans tous les sens du terme, pas loin de l’abstraction, entièrement basé sur un jeu totalement obscur, dont la vérité cachée ne sera dévoilée qu’à la fin du film, sans qu’elle apporte grand-chose d’ailleurs.
Scénar un peu léger quand même, et musique pas toujours très inspirée. Mais Altman, en choisissant le dépouillement et la quasi-absence de couleur (seul le rouge du sang vient percer le blanc omniprésent), réussit à instaurer une ambiance assez fascinante.

Le cinéaste retrouve étrangement des motifs qu’il avait déjà utilisés dans John McCabe, western lui aussi pessimiste mais nettement moins austère : la neige, le jeu comme refuge, l’homme traqué… Dans le rôle principal, Paul Newman en fait tellement peu qu’il est formidable, tout comme Bibi Andersson, qui apporte une vraie complexité à un personnage sans grande vie apparente.

• Le film est édité en DVD dans la collection Universal Classics.

Le Duel des héros (Draw !) – de Steven Hilliard Stern – 1976/1984

Posté : 6 février, 2015 @ 6:16 dans 1970-1979, 1980-1989, DOUGLAS Kirk, STERN Steven Hilliard, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Duel des héros

Il y a une petite incertitude, quant à l’origine de ce film. Il semble que ce western ait été tourné en 1976 pour la télévision, mais qu’il ait eu droit à une petite carrière sur grand écran huit ans plus tard. Information à prendre toutefois avec beaucoup de précaution…

Ce qui semble plus sûr, par contre, c’est que le sujet ait été apporté par Kirk Douglas, et que l’acteur, clairement pas dans la période la plus glorieuse de son immense carrière, ait longtemps cherché à l’interpréter au côté de son vieux complice Burt Lancaster. Finalement, c’est à James Coburn qu’il donne la réplique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le pauvre sent à plein nez le « choix bis », dans un rôle écrit pour un acteur de l’âge de Douglas (Coburn a 12 ans de moins, et la différence d’âge est flagrante).

Mais le principal problème du film, c’est l’incapacité du réalisateur à opter pour un ton précis : son western est-il noir et réaliste, ou flirte-t-il avec la parodie ? A force de ne pas choisir, Stern n’est jamais réellement convaincant.

L’histoire, pourtant, était assez originale et pleine de promesses : un vieux pistolero rangé des affaires se réfugie dans l’hôtel d’une petite ville après avoir tué un shérif en légitime défense. Alors que la population veut le lyncher, un ancien homme de loi débarque : un homme qui l’a longtemps poursuivi, avant de déposer les armes et de devenir alcoolique…

Le Duel des héros n’est pas un ratage absolu : on est toujours heureux de revoir ce vieux Kirk, toujours très en forme malgré ses 60 ans bien tapés. Mais Coburn, aussi sympathique soit-il, n’est clairement pas du même niveau. Et le film manque cruellement d’une quelconque unité. Comme si Stern était aussi tenté par Une corde pour te pendre (le premier western de Douglas) et Cactus Jack (une parodie du genre, tournée à la même époque).

• Sidonis fait les fonds de tiroir, cette fois, pour son incontournable collection « Westerns de Légende ». En bonus : une simple présentation par Patrick Brion.

Passeur d’homme (Passage) – de Jack Lee Thompson – 1979

Posté : 31 décembre, 2014 @ 12:01 dans 1970-1979, THOMPSON Jack Lee | Pas de commentaires »

Passeur d'hommes

Avec Les Canons de Navarone, Jack Lee Thompson s’est imposé comme l’un des spécialistes du film de guerre à grand spectacle qui a cartonné dans les années 60 et 70, avec des films souvent plus explosifs que vraiment convaincants. Mais Thompson a aussi à son actif quelques grandes réussites, comme Les Nerfs à vif, première version. Des nanars aussi, beaucoup. Et dans la première demi-heure, on se demande vers quel versant Passeur d’homme va pencher…

Dans la première partie, c’est surtout le curieux montage qui surprend, avec un étrange parti-pris, qui nous prive systématiquement de la fin des scènes pour passer autre chose. Ça combiné à une caméra portée à l’épaule « pour faire plus dynamique » donne une désagréable sensation d’œuvre brouillon… qui disparaît aussi mystérieusement qu’elle est venue.

Car au bout d’une demi-heure, le ton singulier du film s’affirme, son style visuel s’épure pour atteindre une sorte de classicisme assez élégant, et une épure qui convient bien aux paysages enneigés des Pyrénnées. C’est une histoire d’hommes que filme Thompson, pas une histoire d’héroïsme. Et ce parti-pris, il le tient presque jusqu’au bout : à peine peut-on regretter le SS un peu caricatural joué avec délectation par Malcolm McDowell (qui va jusqu’à porter un slip marqué de la croix gammée).

Pour le reste, Thompson se concentre sur l’essentiel : la cohabitation d’un berger rustre au passé mystérieux avec un savant américain et sa famille, recherchés par les nazis, et qui tentent de passer en Espagne en traversant les montagnes. Dans le rôle du savant, James Mason est très bien, sans forcer son talent. Mais c’est surtout sa fille, jouée par Kay Lenz (l’inoubliable Breezy de Clint Eastwood) qui frappe la rétine. Et Anthony Quinn dans le rôle du passeur, d’une sobriété admirable, apporte une authenticité et une intensité rares à son personnage.

Il y a bien quelques excès malheureux, sans doute destinés à rassurer les producteurs et à alimenter en images spectaculaires la bande annonce (l’attaque ridicule du train, avec ces wagons qui explosent sans raison dans d’immenses gerbes de feu). Mais le film surprend surtout par sa puissance et sa sobriété. Et par sa volonté de dévoiler les humanités qui se dissimulent derrière des masques en ces temps de guerre : celle d’Anthany Quinn, mais aussi celle d’un simple soldat allemand, forcé de participer à un massacre commis par les siens.

Loin des stéréotypes habituels du genre, et malgré quelques défauts évidents, Passeur d’hommes est une bien heureuse surprise.

• Le film vient de sortir en DVD chez Sidonis/Arcadès, dans la collection « classique de guerre », avec une présentation par Patrick Brion (visiblement pas fan du film, qui se contente essentiellement d’évoquer la carrière de Jack Lee Thompson) et un long documentaire sur Anthony Quinn, qui date visiblement de pas mal d’années.

Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes) – de Werner Herzog – 1972

Posté : 10 décembre, 2014 @ 2:48 dans 1970-1979, HERZOG Werner | Pas de commentaires »

Aguirre la colère de dieu

Documentariste génial, auteur de quelques fictions restées confidentielles, Werner Herzog trouve son alter ego monstrueux qui lui inspire son premier grand classique, une oeuvre hallucinante et fascinante dont Klaus Kinski est l’incarnation délirante. Difficile de dissocier le cinéaste et l’acteur quand on évoque Aguirre, tant la folie de l’un semble avoir imprégné l’autre. La seule question semblant être : qui imprègne qui ?

Les deux hommes en tout cas, dont on connaît les relations tourmentées, atteignent une dimension presque mystique avec ce film. L’acteur devient une icône après des années de seconds rôles et de séries B, C… voire Z. Quant à Herzog, c’est un cinéma presque total qu’il livre ici. Sans grand moyen apparent, uniquement en décors naturels, délaissant volontairement tous les artifices habituels du cinéma d’aventure, il signe une lente avancée vers nulle part, où l’art cinématographique ne dépend plus de rien d’autre.

L’histoire est résumée à un contexte : au 16ème siècle, un petit groupe de conquistadors s’enfonce dans la forêt vierge, à la recherche du mythique Eldorado. En confrontant ces hommes avides à la nature immense et menaçante qui les entoure (les Indiens restent constamment invisibles, comme si c’était la forêt qui s’attaquait à eux), le cinéaste cerne mieux qu’avec de grands moments debravoures ou de longs dialogues l’isolement de plus en plus insupportable, et la folie qui guette, jusqu’à tout envahir.

On n’est pas prêt d’oublier cette ultime image d’Aguirre seul sur son canot envahi de singes, continuant à faire des plans pour trouver cet Eldorado mythique et atteindre à la gloire, à l’immortalité.

Les Rescapés du Futur (Future World) – de Richard T. Heffron – 1976

Posté : 10 décembre, 2014 @ 2:45 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, HEFFRON Richard T. | Pas de commentaires »

Les Rescapés du futur

Mondwest avait été l’un des grands succès de 1973, son habile mélange de science-fiction et de western, inédit jusque là, lui valant même l’objet d’un petit culte qui reste vivace quarante ans plus tard. Un statut un peu usurpé, l’idée de départ étant nettement plus excitante que le film lui-même. Malgré ce concept plein de possibilités, une suite était-elle nécessaire ? Après avoir ce Future World, la réponse est claire : non, en tout cas pas cette suite-là.

Le film a le même problème que l’original : il se base sur une idée forte, dont les scénaristes, au fond, ne savent pas vraiment quoi faire. Résultat : une heure quinze de pas grand-chose et de pseudo-mystère (perso, j’ai compris en dix minutes à peine que les invités prestigieux du parc d’attraction allaient être remplacés par des « copies »), et quinze minutes d’affrontements mous du genoux avec quand même une deuxième idée forte, l’opposition des deux héros et de leurs clones respectifs.

Le film de Crichton avait quand même des personnages intéressants, et faisait monter l’angoisse crescendo avec ce robot frustré incarné par Yul Bryner. Ici, rien de tel. Les personnages sont mal dessinés, et Peter Fonda et Blythe Danner n’y peuvent rien. Crichton, lui, s’est totalement retiré du projet, mais recyclera son idée de parc futuriste tournant au carnage dans un roman qui connaîtra un petit succès : Jurassic Park.

Et puis il y a un aspect totalement impardonnable dans Future World : avoir ressorti des cartons le déjà iconique « gunslighter » pour une unique raison, placer le nom et la trombine de Yul Bryner en bonne place (voire la première) sur les affiches et la bande annonce. Forcément, on attend le truc de scénariste qui va réanimer le robot tueur. Mais non : le pauvre Yul n’apparaît que quelques minutes pénibles dans une séquence de rêve aussi inutile que grotesque. Et dire que c’est la dernière apparition de Bryner au cinéma… Cruel !

• Le film a été édité récemment chez Sidonis, avec le nom et le visage de Yul Bryner occupant la première place sur la jaquette…

Valdez (Valdez is coming) – de Edwin Sherin – 1971

Posté : 30 novembre, 2014 @ 4:51 dans 1970-1979, LANCASTER Burt, SHERIN Edwin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Valdez

Il ne faut pas longtemps pour réaliser qu’on est dans un western définitivement à part dans l’histoire du genre. Dès les premières images, foule désordonnée dans un décor poussiéreux et sec, le ton paraît inédit. L’entrée en scène de Burt Lancaster en vieux métis américano-mexicain ne fait que renforcer cette sensation. Ancien tueur d’Indien devenu assistant occasionnel du shérif (mais seulement trois jours par semaine, et seulement dans le quartier mexicain), cet homme fatigué et marqué trimballe sa lassitude et son dégoût face au traitement réservé aux noirs, aux Indiens, et à lui-même…

Alors quand il est amené à tuer le noir qu’il tentait de sauver du lynchage, et quand le grand propriétaire cynique (méchant incontournable du genre) préfère l’humilier plutôt que de donner les 100 dollars qu’il lui demandait pour la veuve de sa victime, c’est le déclencheur d’années de rancoeurs, d’humiliations et d’injustices…

Burt Lancaster n’est pas à l’origine du film. Mais il a porté à bout de bras cette histoire signée Elmore Leonard, dans laquelle on retrouve ses thèmes de prédilection : l’injustice raciale, la vengeance… Un rôle taillé sur mesure pour l’interprète de Bronco Apache, dont les choix de films, souvent passionnants, se font aussi de plus en plus politiques au fil des ans.

Le rôle de Lancaster est primordial. Parce que son personnage, hors du commun, est quasiment omniprésent, et qu’il lui donne une intensité assez incroyable (malgré quelques petits passages où la lassitude, et l’accent mexicain, paraissent un peu too much). Et parce qu’il s’est entouré de collaborateurs qu’il connaît bien, à commencer par le scénariste Roland Kibbee (dont on ne sait pas vraiment ce qu’il a gardé de la première mouture signée David Rayfield), déjà auteur de Vera Cruz.

Et comme le classique d’Aldrich, Valdez bénéficie d’un scénario exceptionnel qui, sous les allures d’un survival assez classique, aborde des thèmes rarement évoqués dans le western, et avec une volonté de réalisme et d’intransigeance encore plus rare. Mexicain opprimé, Valdez a lui-même été du côté des oppresseurs. L’homme de main du grand propriétaire est un être brutal et cruel, mais que le courage et le passé de sa proie finiront par ébranler. Et que dire du personnage féminin (Susan Clark), fiancée trop consciente des crimes de son fiancé ?

Dommage que Lancaster ne se soit pas attaché les services de Pollack, autre collaborateur habituel à cette époque, un temps évoqué pour la mise en scène. Car si Valdez n’atteint pas le statut d’un vrai chef d’oeuvre, c’est qu’il manque la patte d’un grand cinéaste, qui aurait apporté une cohésion au film. Il y a bien quelques authentiques moments de grace (le superbe travelling lors de l’arrivée du chariot au début du film, les scènes de poursuite lorsque la brume semble tout envelopper…). Mais il y a aussi beaucoup de plans plus maladroits, moins fluides, qui cassent un peu le rythme.

D’ailleurs, après une première demie-heure formidable, il y a un gros ventre creux lorsque le film se transforme en chasse à l’homme (selon une logique dont Stallone s’est sans doute inspirée en écrivant le premier Rambo). Jusqu’à un dénouement absolument génial, que n’aurait pas renié un certain Tarantino, qui a lui aussi été plus que probablement influencé par Valdez, dont le Django unchained serait une sorte de descendant enragé…

• Le film fait partie de la collection Western de Légendes chez Sidonis. Avec un portrait de Lancaster et des présentations par Bertrand Tavernier (très personnelle et très érudite, comme toujours), Patrick Brion et Yves Boisset.

Le Canardeur (Thunderbolt and Lightfoot) – de Michael Cimino – 1974

Posté : 21 novembre, 2014 @ 4:03 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, CIMINO Michael, EASTWOOD Clint (acteur) | Pas de commentaires »

Le Canardeur

Clint Eastwood, acteur, s’est souvent laissé dirigé par des cinéastes assez médiocres. A l’exception de ses deux grands maîtres, Leone et Siegel, sa filmographie compte remarquablement peu de réalisateurs importants. Un manque, sans doute, lié à une autre caractéristique de la star : sa propension à donner sa chance à de jeunes réalisateurs inconnus, ou à ses fidèles collaborateurs (de Buddy Van Horn à Robert Lorenz, la liste est longue).

Le Canardeur est un film important, parce qu’en donnant sa chance à un jeune scénariste (à qui il confie également l’écriture de Magnum Force), Eastwood permet l’émergence d’un grand cinéaste promi à une carrière aussi cahotique que spectaculaire. On mentirait en disant que ce premier film de Cimino est déjà une oeuvre très personnelle, mais on y trouve déjà plusieurs éléments qui seront au centre de Voyage au bout de l’enfer et de La Porte du Paradis, ses deux monuments : les grands espaces américains, le poids du temps qui passe et pour la tradition qui se heurte à la modernité.

Le film est un véhicule parfait pour un Clint au sommet de sa gloire. Mais c’est aussi l’un des films les plus atypiques de sa filmographie. Pas sûr que beaucoup d’autres stars de sa trempe auraient accepté de laisser le beau rôle à un jeune acteur en plein essor (Jeff Bridges, aussi expensif et plein de vie que Clint est taciturne et taiseux). Pas sûr non plus que beaucoup auraient accepté ce scénario qui tient plus de la virée tragico-loufoque que du film de casse traditionnel…

Car entre Magnum Force et ce Canardeur, il y a un monde. Les deux films, tournés la même année et avec le même scénariste, représentent les deux versants les plus éloignés de la carrière de Clint acteur. D’un côté, une production bien calibrée destinée à satisfaire les studios. De l’autre, un film audacieux, loin des codes, malgré le matériel promo qui a accompagné le film (le titre français ridicule, l’affiche et la bande annonce qui mettent en valeur les rares scènes d’action et ce canon aussi spectaculaire qu’anecdotique).

Le rythme est imparfait, et on couperait bien de trop longs plans de certains séquences, comme celle du casse. Mais le film séduit parce qu’il surprend constamment, avec une intrigue constamment entrecoupée de moments inattendus : la rencontre avec un cinglé tirant les lapins à bout portant, une école que l’on déplace, ou encore cette incroyable séquence durant laquelle les deux méchants sont transformés en marchant de glaces. Un dio « comique » inattendu pour George Kennedy et Geoffrey Lewis, sorte de version létale de Laurel et Hardy.

Avec ce coup d’essai, Michael Cimino est loin de révéler tout ce qui fera la grandeur de ses deux films suivants. Mais il impose un ton d’une grande liberté, loin, très loin du traditionnel film de casse des seventies. Un cinéaste plein d’avenir, donc…

• Carlotta a édité un beau DVD avec quelques bonus intéressants, particulièrement une interview audio de Cimino qui évoque le tournage du film.

Les Choses de la Vie – de Claude Sautet – 1970

Posté : 21 novembre, 2014 @ 3:58 dans 1970-1979, SAUTET Claude | Pas de commentaires »

Les Choses de la Vie

Après une série de polars très influencés par le cinéma américain et très remarqués dans les années 60, Claude Sautet change de style et trouve son propre univers, qui sera celui de tous ses plus grands sucès : une peinture de la petite bourgeoisie avec ses petits drames, ses passions, ses blessures.

Les Choses de la Vie, c’est surtout une construction admirable, autour d’un banal et tragique accident de la route. Sur la route qui le conduit à Rennes, à mi-chemin de ses deux vies, le quadra Michel Piccoli pense aux grands moments de sa vie : son présent avec Romy Schneider, son passé avec Léa Massari et leur fils devenu grand. Incapable de tirer définitivement un trait sur les belles heures d’hier, incapable de se lancer pleinement dans la passion que lui promet Romy… Piccoli est alors dans un entre-deux dont il n’a pas même la volonté de sortir.

Il n’en sortira pas d’ailleurs, on le sait très vite. Car les images de l’accident sont martelées tout au long du film. Un gros plan sur son visage en sang, une roue qui rebondit absurdement sur la chaussée, un volant maculé de terre… Des images comme des réminiscences, ou comme le signal de la tragédie annoncée.

Sautet ne ménage pas Piccoli, le montrant comme un homme continuellement indécis, incapable de s’engager. Un homme capable de la plus grande froideur, plantant la pauvre Romy totalement éplorée sans même un regard. Ce n’est pas tant qu’il hésite entre ses deux femmes, si belles l’une et l’autre. C’est surtout qu’il voudrait tout : l’aventure et la passion avec Romy, le confort et les habitudes avec Léa. L’accident, finalement, sonne pour lui comme la chance de ne pas avoir à choisir.

Mais pour son entourage, pour ses femmes, son fils, son ami (Jean Bouise), il sonne comme un coup de massue, alors que tous espéraient tant de lui. Trop. C’est à eux que va toute la sympathie de Sautet dans ce faux mélodrame dérangeant, et au final bouleversant.

L’Arnaque (The Sting) – de George Roy Hill – 1973

Posté : 15 octobre, 2014 @ 1:36 dans 1970-1979, HILL George Roy, NEWMAN Paul | Pas de commentaires »

L'Arnaque

Après le western, le film de gangster. Cinéaste attitré de Paul Newman et Robert Redford, qu’il a été le seul à réunir, et qu’il a également dirigé seuls (La Kermesse des aigles pour Redford, La Castagne pour Newman), George Roy Hill reforme le tandem mythique de Butch Cassidy et le Kid, et l’alchimie entre ces deux-là est toujours aussi magique… lorsqu’ils sont effectivement réunis à l’écran.

C’est l’une des deux grandes limites du film : Redford et Newman ont bien quelques scènes en commun, mais la plupart du temps assez anecdotiques. Les moments les plus forts du film ne reposent quasiment jamais sur la complicité manifeste des deux stars, mais sur l’un ou l’autre, alternativement. Le tandem semble ainsi se passer le relais à plusieurs reprises tout au long du film, plutôt que vraiment se donner la réplique.

L’autre limite, c’est l’application extrême que met Hill à recréer l’époque des années 30. La reconstitution est belle, bluffante même. Les décors et les costumes sont parfaits, les personnages semblent bel et bien sortis d’un film de gangster des années 30, et une musique bien d’époque omniprésente souligne le moindre rebondissement. Mais tout cela paraît hyper soigné, et manque tellement de vie. Le découpage en chapitres semble n’exister que pour préciser que tout cela n’est qu’un grand livre d’images. Un pastiche appliqué, l’œuvre d’un réalisateur qui l’a toujours été, appliqué, mais sans une vraie personnalité.

Cela dit, cette immense arnaque à tiroirs et pleine de faux semblants, que n’aurait pas renié David Mamet, reste un film léger et profondément réjouissant. Et on prend un plaisir fou à voir les deux stars monter leur arnaque et tromper leur monde. Et nous tromper nous-mêmes, spectateurs et victimes consentantes. Un plaisir frustrant certes, mais un plaisir gourmand quand même…

L’Inspecteur ne renonce jamais (The Enforcer) – de James Fargo – 1976

Posté : 16 septembre, 2014 @ 3:31 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), FARGO James | Pas de commentaires »

L'Inspecteur ne renonce jamais

Dans le premier Dirty Harry, de loin le meilleur, Eastwood, Siegel et les scénaristes posaient les bases d’un personnage de flic hors norme qui se heurtait au politiquement correct dans son opposition quotidienne à la lie de l’humanité. La première séquelle, Magnum Force, était une réponse parfois maladroite, mais sincère, aux critiques idiotes qui avaient entouré le premier film, taxant le personnage, et l’acteur, de réactionnisme. On pouvait alors penser que la boucle était bouclée, et que le personnage avait sorti tout ce qu’il avait à sortir…

A la vision de ce troisième « Harry », cette intuition se confirme quand même nettement. Deux ans après le précédent opus, ce numéro trois se contente largement de ressasser les mêmes thèmes. Assez incroyable, même, de voir à quel point le moindre élément du scénario, le moindre second rôle (et le pauvre John Mitchum en sait quelque chose, reprenant son rôle de co-équipier – faire-valoir), le moindre dialogue, semble n’être là que pour donner le beau rôle à Clint-Harry. En cela, le premier quart d’heure, totalement inutile pour l’intrigue principale du film, est édifiant : un prolongement gratuit et grotesque des deux premiers films.

Après cette introduction feuilletonesque mais maladroite, le film dévoile enfin ses intentions, généralement très bonnes. Il est alors question de thèmes brûlants et modernes : le terrorisme d’une part, et surtout la question des quotas dans la fonction publique. Car Callahan se retrouve flanqué d’un co-équipier qui est une co-équipière, interprétée par Tyne Daly. Et c’est la meilleure idée de casting du film. Alors que les méchants, comme les flics secondaires, sont insupportablement caricaturaux, la fliquette est un personnage surprenant et original.

Pas vraiment séduisant (d’ailleurs il n’est jamais question d’attirance physique, et encore moins de love story), ni même extrêmement féminin, c’est une sorte de Harry Calahan version féminine et débutante, qui fait d’ailleurs vaciller les idées très arrêtée de Calahan lors de leur première rencontre…

Le film est bourré de clichés maladroits, de méchants caricaturaux, et de rebondissements téléphonés. Il est réalisé par un James Fargo sans génie, qui se contente visiblement de répondre aux attentes d’un Eastwood tout puissant mais peu ambitieux sur ce coup-là. Et il a pris un coup de vieux assez phénoménal. Mais il y a là quelques belles intentions, qui donnent parfois lieu à des scènes plutôt réussies. Rien d’inoubliable, certes : ce Dirty Harry est sans doute le moins réussi des cinq, le moins aimable, le plus approximatif, et le plus démodé…

• Pour l’intégrale Harry Callahan, voir aussi L’Inspecteur Harry, Magnum Force, Sudden Impact et La Dernière Cible.

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