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Archive pour la catégorie '1960-1969'

Alfred Hitchcock Hour : J’ai tout vu (The Alfred Hitchcock Hour : I saw the whole thing) – d’Alfred Hitchcock – 1962

Posté : 20 janvier, 2012 @ 12:11 dans 1960-1969, HITCHCOCK Alfred, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Alfred Hitchcock Hour j'ai tout vu

Dernière réalisation d’Hitchcock pour la télévision (la seule pour Alfred Hitchcock Hour, série de téléfilms d’une heure), I saw the whole thing a été tourné alors que le cinéaste préparait activement Les Oiseaux. On sent bien que son futur long métrage occupe l’esprit d’Hitchcock, qui filme ce moyen métrage avec une application sage, mais sans ses habituels éclairs de génie.

Le résultat n’en est pas moins une vraie réussite, basée sur un scénario malin, et sur une révélation finale inattendu. Le film commence au coin d’une rue, par un accident de la route dont on ne voit rien, mais dont on découvre l’un après l’autre les témoins. Ces mêmes témoins qui viendront, lors du procès, témoigner à la barre contre le chauffeur qui a causé l’accident, et qui assure lui-même sa défense.

Ce chauffeur, qui ne dit pas tout ce qu’il sait vraiment, est interprété par John Forsythe, futur patriarche de la série Dynastie, qui est surtout un acteur hitchcockien, qui avait trouvé le rôle le plus marquant de sa carrière dans Mais qui a tué Harry ? (1955), et qui sera également à l’affiche de L’Etau (1969).

Psychose (Psycho) – d’Alfred Hitchcock – 1960

Posté : 19 janvier, 2012 @ 7:29 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, HITCHCOCK Alfred, MILES Vera | Pas de commentaires »

Psychose (Psycho) – d’Alfred Hitchcock – 1960 dans * Polars US (1960-1979)

Tout a été dit, souvent et bien, sur ce chef d’œuvre indépassable, l’un des films les plus commentés, les plus admirés, les plus copiés de l’histoire du cinéma : combien de classiques ont eu droit, comme Psycho, à quatre suites pas si mal (voir Psychose 2), un remake plan par plan, et des dizaines d’hommages ou parodies plus ou moins inspirées ? Alors forcément, tout cinéphile connaît par cœur le moindre plan du film, et peut s’imaginer sans difficulté l’enchaînement parfait de séquences toutes mythiques.

Dès les premières images : la caméra survolant Phoenix et pénétrant par la fenêtre dans une chambre d’hôtel où Janet Leigh, sculpturale, et John Gavin, sans grande envergure mais convaincant, viennent visiblement de consommer un amour clandestin. En les filmant presque nus, Hitchcock fait un pied de nez grandiose à la censure, avec laquelle il s’est battu tout au long de sa carrière, emportant bien souvent des victoires inattendues. Avec Psycho¸ il va plus loin que jamais, transgressant ostensiblement la plupart des tabous.

Hitchcock ne se moque d’ailleurs pas que de la censure : il transgresse également tous les codes narratifs, tous les codes et genres du cinéma. Film d’horreur, thriller ? Bien sûr, mais il faut attendre la fameuse scène de la douche, la musique stridente de Bernard Herrmann et ct inoubliable plan arrêté sur l’œil de Janet Leigh, pour que le vrai sujet du film se dévoile. Nous sommes alors à la moitié du film… Jusque là, on assiste à l’histoire, racontée à la première personne, d’une jeune femme qui se laisse tenter à dérober l’argent qui lui a été confié par son patron, et qui prend la fuite à travers le pays. Un road movie simple et passionnant, centré sur un personnage très attachant interprété par la star du film.

Sauf qu’avec cette fameuse séquence de douche, bien sûr, Hitchcock prend tout le monde à contre-pied et change radicalement le point de vue et le ton de son film. Il en change la star, aussi : aujourd’hui, pour tout le monde, Psychose c’est avant tout Anthony Perkins, jeune acteur qui trouve évidemment le rôle de sa vie. Un rôle miraculeux qui a paradoxalement détruit la carrière brillante qui s’ouvrait à lui. Hanté à jamais par le personnage de Norman Bates, il y reviendra même trente ans plus tard pour une série de suites évidemment très loin du film d’Hitchcock, mais pas sans qualités.

Personnage profondément attachant et d’autant plus déstabilisant, il est sans doute l’un des psychopathes les plus célèbres de l’histoire du cinéma. Ses rapports avec sa mère (je reste vague au cas où un internaute débarquerait de Mars et tomberait sur ce texte avant de voir le film) sont aussi l’une des clés de l’œuvre du cinéaste, peuplée de ces mères dévorantes.

Impossible de dire quoi que ce soit du film sans avoir l’impression de répéter ce qui a déjà été dit. J’ajouterai juste que la scène de l’escalier avec Arbogast est aussi traumatisante et virtuose que la scène de la douche ; que l’apparition du motard de la police vers le début du film est peut-être la plus brillante illustration de la « peur du gendarme » qu’on a pu voir ; ou encore que Hitchcock démontre définitivement avec une scène apparemment secondaire qu’il est bien le maître du suspense. Grâce à la seule magie de sa mise en scène (pas de musique dans cette scène), le spectateur retient son souffle lorsque le tueur tente de faire disparaître la voiture de sa victime dans un marais, et que la voiture refuse de s’enfoncer dans l’eau. Faire partager les émotions du « méchant » pour le seul plaisir de donner le frisson… c’est tout Hitchcock qui est résumé là.

Au sommet de sa gloire, de son art et de sa carrière, Hitchcock réussit aussi avec ce film le trait d’union parfait entre ses films et sa série TV. Après La Mort aux trousses, chef d’œuvre en cinémascope, road movie spectaculaire à travers l’Amérique, le cinéaste prend le contre-pied total, signant un petit budget en noir et blanc, sans grande star, et avec son équipe de Alfred Hitchcock présente. Résultat : un film exceptionnel, presque sans défaut.

Presque, parce qu’il y a quand même la toute dernière scène qui, pour être tout à fait honnête, gâche un peu le cauchemar ! Après avoir vu le film une demi-douzaine de fois (en l’aimant de plus en plus), je continue à me poser la question : pourquoi Hitchcock a-t-il gardé cette interminable tirade du psy qui explique lourdement ce qui se passe dans la tête de Norman Bates ? Le film aurait nettement gagné à s’arrêter cinq minutes plus tôt.

Les Comancheros (The Comancheros) – de Michael Curtiz – 1961

Posté : 12 septembre, 2011 @ 8:14 dans 1960-1969, CURTIZ Michael, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Comancheros

Michael Curtiz, réalisateur de quelques chef d’œuvre intersidéraux (ben oui, Casablanca, quand même…) et d’une dernière partie de carrière bien moins convaincante (après son départ de la Warner, son talent a sans doute été moins bien utilisé, donnant même quelques films insupportables comme le François d’Assises tourné en cette même année 1961), clôt donc sa filmographie par un western original, et très réussi, lui qui n’est pourtant pas un habitué du genre.

La première séquence montre bien qu’on n’est pas dans un western comme les autres. Le film commence par un duel ; mais pas un duel dans les rues poussiéreuses d’une petite ville du far west, non : un duel entre deux gentlemen dans une prairie de la côte Est. Paul Regret abat son adversaire à l’issue d’un combat régulier ; mais son adversaire était le fils d’un juge important, et Regret est contraint de fuir vers l’Ouest. Il arrive au Texas, où il rencontre une mystérieuse jeune femme, avant qu’un ranger le retrouve…

Regret, c’est Stuart Whitman, acteur tombé dans l’oubli qui fut une grande vedette au début des années 60, avant de sombrer dans des séries Z souvent obscures et indignes. C’est le prototype même de l’homme bien éduqué plongé dans l’Ouest encore sauvage, personnage typique au centre de nombreux westerns. Mais dans Les Comancheros, ce thème annoncé est quasiment tué dans l’œuf : dès qu’apparaît l’autre personnage central, le ranger, le film bascule vers tout autre chose. Il faut dire que l’homme de loi est interprété par John Wayne, et qu’on a du mal à imaginer le Duke, avec tout ce que sa simple présence véhicule, jouer les simples faire-valoir…

Le film se transforme donc en quelque chose d’un peu plus classique : un affrontement qui se transforme bientôt en amitié entre les deux hommes que tout oppose, ou presque. Et bientôt, Regret devient lui-même ranger, les deux amis menant l’enquête sur le rôle de « comancheros », des blancs faisant commerce clandestinement avec les Comanches, poussant les Indiens à déclarer la guerre aux colons pour faire fortune en leur vendant des armes.

Il y a bien quelques faiblesses dans le film : des rebondissements improbables, certains personnages mal dessinés… Mais sa grande force est de prendre le temps de sortir des ornières : même si tout le film converge vers la longue dernière partie, au cœur du village des Comancheros, Curtiz prend des chemins de traverse pour y parvenir. Pour preuve, la fameuse séquence d’ouverture, ou quelques scènes qui semblent un peu hors sujet, mais qui font tout le sel de ce western hors normes : il y a notamment la très belle scène de l’évasion de Regret, qui laisse un Wayne inanimé se réveillant au milieu de tombes, sous une pluie battante. Sans doute le plus beau plan du film.

On peut aussi noter quelques seconds rôles hauts en couleur, et tout particulièrement Lee Marvin, ordure totale arborant une cicatrice immense sur le crâne, après avoir été en partie scalpé par les Comanches avec lesquels il fricote. Sa présence à l’écran est réduite, mais son personnage est suffisamment déjanté pour marquer le film de son empreinte, avec simplement quelques scènes partagées avec Wayne. Marvin et Wayne se retrouveront d’ailleurs quelques semaines après pour le tournage d’un autre western : L’Homme qui tua Liberty Valance. L’alchimie des deux acteurs est tellement évidente que Ford en fera le cœur de La Taverne de l’Irlandais, l’année suivante.

Le Voyageur de l’Espace / Le Voyageur du Temps (Beyond the Time Barrier) – de Edgar G. Ulmer – 1960

Posté : 5 septembre, 2011 @ 1:37 dans 1960-1969, FANTASTIQUE/SF, ULMER Edgar G. | Pas de commentaires »

Le Voyageur de l'espace

La carrière d’Edgar Ulmer est décidément passionnante. Tour à tour prince de la série B (Détour), réalisateur solide à qui on confie de gros budgets (Le Démon de la chair), ou homme à tout faire cantonné dans de minuscules productions, il a aussi bien tourné à Hollywood qu’en Europe, et s’est un temps cantonné dans le « cinéma communautaire », dont il reste le représentant le plus passionnant, tournant notamment en yiddish (Green Fields) ou en ukrainien (Cossacks in exile), ou dirigeant une distribution totalement noire (Moon over Harlem). Lui qui a su faire des merveilles en tirant le meilleur de terribles contraintes budgétaires avec Barbe-Bleue, a aussi tourné quelques nanars intergalactiques dans lesquels rien, ou presque, n’est à sauver.

C’est incontestablement le cas de ce Beyond the Time Barrier, qui dès le titre et l’affiche fleure bon le kitsch. Il faut bien admettre qu’on n’est pas déçu. L’histoire n’est pas si con, et évoque d’ailleurs un classique à venir : alors qu’il est en vol d’essai, un pilote américain est projeté quelques décennies dans le futur, et découvre que la société telle qu’on la connaît a disparu. On n’est pas si loin de La Planète des Singes. Ici, les derniers survivants se terrent dans une ville souterraine, la plupart étant privés de la parole. Et comme si ça ne suffisait pas, l’espèce humaine est condamnée à disparaître, les femmes étant devenues stériles.

Heureusement (et là, le scénario se gâte franchement), notre pilote rencontre d’autres Américains qui viennent comme lui du passé. Mais d’un passé plus récent, ce qui lui permet d’en apprendre plus sur les raisons qui ont conduit au cataclysme. C’est bien pratique, mais on s’en contrefout, comme on se fiche de savoir s’il va réussir à revenir dans les années 60 pour empêcher la tragédie de survenir.

Le seul intérêt que l’on puisse trouver au film nécessite qu’on le prenne au 456ème degré. Là, seulement, on peut s’amuser des décors triangulaires très laids, des costumes-pyjamas moulants, des acteurs approximatifs (heureusement que la majorité d’entre eux ne parle pas), des dialogues édifiants et du final dont on ne dira rien, histoire de ne pas gâcher le plaisir des rares curieux qui découvriront ce « trésor » d’un autre temps, dont l’atout principal est de durer à peine plus d’une heure.

Un trésor unique dans son genre ? Pas tout à fait : Ulmer a tourné simultanément Le Voyageur de l’espace et L’Incroyable homme invisible, en l’espace de quelques jours seulement. Entre les deux « chef d’œuvre », mon cœur balance…

Les Feux de l’Enfer (Hellfighters) – de Andrew V. McLaglen – 1968

Posté : 1 septembre, 2011 @ 4:22 dans 1960-1969, McLAGLEN Andrew V., MILES Vera, WAYNE John | Pas de commentaires »

Les Feux de l'Enfer (Hellfighters) - de Andrew V. McLaglen - 1968 dans 1960-1969 les-feux-de-lenfer

Il y a toujours un risque à revoir les films qu’on a aimés dans son enfance, et c’est avec une petite excitation mêlée d’une vraie appréhension que j’ai revu cette grosse machine qui m’avait emballé dans ma prime adolescence, lors d’une soirée télé en famille, et que je n’avais jamais eu l’occasion de revoir. Il faut bien admettre que je n’en attendais pas grand-chose : McLaglen a beau être un disciple fidèle de John Ford (et le fils de l’un de ses acteurs fétiches), son cinéma est loin d’être aussi enthousiasmant que celui de son modèle, et sa filmographie contient quelques bas, beaucoup de moyens, et très peu de hauts…

Mais, heureuse surprise, Les Feux de l’enfer tient remarquablement bien la route. Même en roue libre, John Wayne est très bien (heureusement d’ailleurs, parce que le jeunôt Jim Hutton, dont le fils Timothy sera le portrait craché, n’est pas terriblement charismatique). Et ce blockbuster version années 60 est aujourd’hui encore d’une impressionnante efficacité. Quant à la réalisation de McLaglen, elle se révèle très élégante. Classique, mais élégante. Et elle souligne parfaitement bien l’aspect spectaculaire de ce métier qui, visiblement, fascine le réalisateur : celui de pompier spécialisé dans les incendies de puits de pétrole.

La première séquence du film, très longue, permet d’ailleurs de comprendre le travail de ces pompiers (d’abord évacuer toutes les ferrailles ; ensuite « souffler » l’incendie en faisant exploser de la nitroglycérine ; enfin refermer le geyser en installant une borne). Cette séquence est à couper le souffle : on sent clairement la chaleur étouffante et le danger omniprésent sur les acteurs. Mais elle permet aussi d’éclaircir a priori toutes les scènes spectaculaires à venir. Malin, et impressionnant.

L’histoire, en elle même, est un pur poncif. John Wayne, vieillissant, est le meilleur dans ce qu’il fait (l’extinction à hauts risques des puits de pétrole en feu, donc). Il a pris sous son aile un jeune séducteur qu’il traite comme son fils. Sauf que ce dernier tombe amoureux de la fille de son mentor, qu’il n’a jamais revue depuis sa plus tendre enfance : la maman (Vera Miles, autre membre du « clan John Ford ») a quitté Duke il y a des années, parce qu’elle ne supportait pas de le voir partir au feu…

On devine facilement comment tout ça va finir, et les ficelles sont souvent bien grosses. Mais pas de quoi bouder son plaisir, innocent et sans arrière pensée : Hellfighters, c’est une grosse machine hollywoodienne qui devait déjà faire figure de dinosaure, en 1968, et qui a moins vieilli en 40 ans que nombre de blocbusters récents en quelques années seulement…

Solo pour une blonde (The Girl Hunters) – de Roy Rowland – 1963

Posté : 26 août, 2011 @ 8:58 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, ROWLAND Roy | Pas de commentaires »

Solo pour une blonde

Curieuse idée que de confier le rôle de Mike Hammer, l’un des grands « privés » du polar hard-boiled américain, à son créateur : le romancier Mickey Spillane. C’est ce qu’on retient d’abord de cette série noire qui ressemble à beaucoup d’autres, mais c’est aussi le principal défaut du film. Spillane a sans doute une légitimité, au moins intellectuelle, à interpréter son propre héros, mais il n’a pas le charisme nécessaire pour le rôle, malgré sa stature physique assez impressionnante, et un sourire carnassier qui convainc de loin en loin.

Egalement scénariste du film, Spillane va jusqu’au bout de l’identification entre son personnage et lui-même (ce n’est pas un hasard si le film s’ouvre avec la mention « Mickey Spillane is Mike Hammer » et se referme sur « Mike Hammer is Mickey Spillane ») : il présente son détective comme une épave sortant la tête de l’eau après des années d’alcoolisme et de dérives, alors que lui-même sort d’une longue période d’inactivité noyée dans l’alcool lorsqu’il revient avec ce film, et une poignée de romans sortis au même moment.

Mais l’intrigue est complexe à l’excès, et Spillane scénariste ne fait rien pour aider le spectateur à s’y retrouver. Pour être honnête, il ne fait rien non plus pour se mettre en valeur : Hammer entre en scène alors qu’il est inconscient dans le caniveau, et se prend deux belles raclées dans les cinq premières minutes du film. Au fond du trou depuis la disparition de celle qu’il aime, visiblement des années auparavant, il reprend du service lorsqu’un homme sur le point de mourir lui affirme qu’elle est encore vivante, et a besoin de son aide.

Le film raconte sa quête pour dénouer le vrai du faux, et c’est bien difficile de trouver son chemin dans cet univers de suspicion et de violence, où les meilleurs amis du monde sont prêts à s’entretuer, où une veuve est une proie sexuelle facile, et où le premier New Yorkais interrogée est justement le voisin de l’homme que Hammer recherche.

Spillane se contrefiche du réalisme des situations : ce qui l’intéresse visiblement, c’est l’atmosphère. Et il faut rendre justice à Roy Rowland, cinéaste honnête et souvent inspiré, qui fait partie des oubliés de l’histoire du cinéma. Sa réalisation, dans un beau noir et blanc, est constamment inventive et d’une rugosité qui colle parfaitement à la violence des situations. Il tient la note juste jusqu’au dernier plan, qui laisse planer sur tout le film un parfum de cynisme sadique qui évoque le sourire carnassier de Ralph Meeker, l’inoubliable interprète de Hammer dans En quatrième vitesse¸ adaptation plus mémorable de l’œuvre de Spillane.

Tant qu’on a la santé – de Pierre Etaix – 1966

Posté : 23 mai, 2011 @ 10:13 dans 1960-1969, ETAIX Pierre | Pas de commentaires »

Tant qu'on a la santé

Après deux longs métrages formidables (Le Soupirant et Yoyo), Etaix revient très curieusement avec ce film à sketchs sans lien les uns avec les autres, et très inégal, qui avait d’ailleurs été mutilé par les producteurs à sa sortie : ces derniers avaient fait du personnage habituel d’Etaix le fil conducteur d’un long métrage totalement remonté. On ne dira rien de cette version du film, mais le montage voulu par Etaix figure sur le beau coffret DVD que lui consacre Arte.

Passons sur le générique, séduisant, qui se veut un hommage au spectacle vivant que le cinéaste n’a cessé de défendre (que ce soit dans Yoyo ou dans sa vie de clown de cirque). Le premier sketch est sans doute ce qu’Etaix a fait de pire sur grand écran. Il y joue un homme qui ne parvient pas à trouver le sommeil, et qui se plonge dans la lecture d’un roman d’horreur. La manière dont il exprime sa peur est assez drôle, et filmée de manière très inventive (le lecteur fait bouger la sur-couverture du livre, donnant ainsi l’impression que le vampire qui y figure prend vie). Mais Etaix s’amuse à illustrer ce qu’il lit par de longues séquences en noir et blanc, scènes d’horreur kitch et laides qui ressemblent à une mauvaise parodie des films de la Hammer, et qui gâchent toutes les bonnes idées autour du personnage d’Etaix.

Après une telle mise en bouche, on redoute un peu la suite, mais Etaix nous rattrape par le col, avec un court métrage qui rappelle la simplicité et le charme désuet (genre burlesque muet) de son premier long. On retrouve le personnage de citadin stoïque maladroit et malchanceux, interprété par Etaix, mais cette fois dans une salle de cinéma surpeuplée, où il tente de trouver une place. D’abord au pied de l’immense écran, puis derrière une colonne… En un quart-d’heure, Etaix illustre toutes les mésaventures que l’on peut rencontrer dans une salle de cinéma, dénonce le comportement des spectateurs et des ouvreuses. On retrouve le génie comique du comédien quand, se levant une poignée de secondes pour ramasser la glace qu’il vient de faire tomber, il se relève et réalise que sa place est occupée par un autre… Son air dépité suffit à faire mon bonheur. Hélas, ce court métrage se termine par un « film dans le film » parodique, pas du meilleur effet.

Le troisième court donne son titre au film, et présente une galerie de personnages stressés par les bruits omniprésents dans la ville, qui vont chacun consulter un médecin pour qui la suractivité est le mal du siècle, mais qui se révèle bien plus stressé que ses patients. On retrouve également l’esprit du Soupirant et surtout de Heureux Anniversaire, son deuxième court métrage. Ce sketch caustique et ouvertement burlesque, est sans conteste le meilleur des quatre que compte le film.

Changement de cadre et de style total pour le quatrième volet, qui quitte la ville pour la campagne, le noir et blanc des deux précédents sketchs (le premier était en couleurs) pour un curieux sépia. Un chasseur incapable de dénicher du gibier (Etaix lui-même), un vieux paysans qui tente d’installer une clôture, et un couple de citadins venus pique-niquer… et un chassé-croisé entre ces quatre personnages qui se croisent sans autre parole que la longue logorrhée de madame, épouse insupportable et étouffante. C’est drôle et bourré de gags qui évoquent les grands moments du duo Blake Edwards / Peter Sellers. Mais on se demande quand même ce que ce sketch vient faire ici…

L’Incroyable homme invisible (The Amazing Transparent Man) – de Edgar G. Ulmer – 1960

Posté : 21 mai, 2011 @ 7:52 dans 1960-1969, FANTASTIQUE/SF, ULMER Edgar G. | Pas de commentaires »

L'Incroyable homme invisible

Un homme mystérieux organise l’évasion d’un braqueur de banque qu’il ne connaît pas. Il souhaite en faire le cobaye d’une machine inventée par un scientifique ayant travaillé malgré lui pour les nazis, et qui peut rendre invisible n’importe qui. Le commanditaire espère bien profiter de cette invention pour vider toutes les banques du pays…

Des histoires d’hommes invisibles, on en a vu des tonnes depuis le classique de James Whale (L’Homme invisible, 1933). Et celle-ci commence plutôt bien par une scène d’évasion à la fois classique, mais dépouillée et dense, qui laisse augurer du meilleur pour ce film à petit budget, dans lequel Ulmer semble alors retrouver l’inspiration visuelle qui était la sienne une quinzaine d’années plus tôt, à l’époque de Barbe-Bleue, ainsi que son goût pour la nuit, ses mystères et sa poésie morbide.

ais autant le dire tout de suite : le désenchantement n’est pas loin. Dès que le jour se lève sur le film (au sens propre), c’est-à-dire au bout d’à peine plus de cinq minutes, les illusions s’envolent. Mise en scène plan-plan, décors minimalistes jamais mis en valeurs, acteurs dénués de talent et de charisme, personnages mal dessinés (entre un génie du crime aux allures de promeneur du dimanche, et une brute mal dégrossie qui en rajoute des tonnes), et on en passe… Ulmer signe un film paresseux, qui devait déjà être ringard en 1960…

A la décharge du réalisateur, on peut arguer que le film a été tourné en une dizaine de jours seulement, et en même temps que Le Voyageur du Temps ; mais on rappellera que Schoedsack a tourné King Kong et La Chasse du Comte Zaroff en même temps, et que ça ne l’a pas empêché de signer deux chef d’œuvre intemporels. Ce qui, de toute évidence, est loin d’être le cas ici. On peut aussi ajouter que Ulmer a dû faire avec un budget ridicule ; mais on rappellera cette fois que ce genre de contraintes ne l’a pas empêché de réaliser Barbe-Bleue ou Détour… Bref, pas d’excuse pour le p’tit gars vieillissant qui, en fin de carrière, semble bien avoir perdu le cap.

Rien à sauver dans ce petit film fantastique ? Si, bien sûr : des trucages rigolos, et des scènes de laboratoire (dominées par des motifs triangulaires omniprésents, très futuristes à l’époque) qui peuvent amuser à condition d’accepter l’hypothèse d’un troisième ou d’un quatrième degré. Mais là, franchement, il faut y mettre du sien… On peut quand même reconnaître une vraie qualité au film : celle de ne durer que 58 minutes…

Le Diabolique Docteur Mabuse (Die 1000 Augen des Dr. Mabuse) – de Fritz Lang – 1960

Posté : 5 mai, 2011 @ 9:35 dans * Polars européens, 1960-1969, LANG Fritz | Pas de commentaires »

Le Diabolique Docteur Mabuse

Fritz Lang boucle la boucle en renouant avec sa personnification préférée du Mal : le docteur Mabuse, qui lui a inspiré deux chef d’œuvre absolus, l’un muet (Docteur Mabuse le joueur, en 1922), l’autre parlant (Le Testament du Docteur Mabuse, son ultime film allemand avant son départ précipité, en 1933). Près de trente ans plus tard, et après une série incroyable de grands films, Lang est revenu en Europe, et signe ce qui sera son ultime film.

Renouer avec Mabuse n’est pas un hasard : derrière l’influence « serial » de ces films, Lang a fait de cette série une métaphore gonflée et ouvertement politique des troubles de son époque. En 1922, c’était la misère et la violence de la République de Weimar ; en 1933, c’était évidemment la menace nazie… En 1960, l’Allemagne se reconstruit, certes, et la menace n’est plus aussi évidente, mais le pays est coupé en deux, et les tensions s’accentuent. Pourtant, la métaphore est moins évidente ici que dans les deux précédents films : Lang semble plutôt faire un retour sur sa propre œuvre.

Le premier crime du film (un homme est tué au volant de sa voiture par le passager d’une autre voiture) est d’ailleurs un copié-collé très fidèle d’une scène fameuse. Et Le Diabolique Docteur Mabuse est en quelque sorte un remake du Testament…, même si cette fois le vrai Mabuse est évidemment mort et enterré, et que le cadre est différents. Le personnage du policier, interprété ici par Curt Jurgens, ressemble ainsi étrangement à Lohmann, le commissaire joué par Otto Wernicke dans Le Testament… (et dans M le maudit). Toute ressemblance…

On retrouve aussi les codes du grand cinéma populaire d’autrefois, avec ce grand hôtel mystérieux autour duquel toutes les victimes du nouveau Mabuse semblent évoluer, et où chacun a quelque chose à cacher. Il y a cette jeune femme suicidaire (Dawn Addams, découverte dans Un Roi à New York), que sauve in extremis un richissime homme d’affaires, et que poursuit son mari tyrannique. Il y a cet assureur, trop jovial pour être tout à fait honnête. Il y a ce voyant aveugle qui évoque lui aussi d’autres personnages des précédents films. Il y a aussi quantité d’autres personnages dans cet hôtel qui n’est rien d’autres que le château hanté des vieux films à mystère.

Le film n’est pas aussi réussi que les deux précédents, certes. Esthétiquement, Lang n’est pas tout à fait aussi inspiré. Mais le cinéaste nous livre un film testament qui résume parfaitement son cinéma : à la fois populaire et d’une grande intelligence.

Alcoa Premiere : Tacle aux crampons (Alcoa Premiere Theater : Flashing Spikes) – de John Ford – 1962

Posté : 21 mars, 2011 @ 11:27 dans 1960-1969, FORD John, STEWART James, TÉLÉVISION, WAYNE John | Pas de commentaires »

Alcoa Theatre Tacle

C’est le dernier film réalisé par Ford pour la télévision. Le cinéaste n’a jamais fait le bégueule face au petit écran, pour lequel il a signé notamment un court métrage pour la série anthologique Screen Directors Playhouse (Rookie of the Year) et un épisode de la série western Wagon Train, dont la vedette était son acteur fétiche, Ward Bond. Flashing Spikes inaugurait la seconde saison de Alcoa Premiere Theater, un show présenté par Fred Astaire : chaque semaine, l’acteur introduisait un nouveau film de 52 minutes dans un décor approprié.

Curieusement, Flashing Spikes est l’occasion pour Ford de replonger dans l’univers du base ball, le sport national américain, qu’il n’avait vraiment abordé que dans Rookie of the Year, et jamais pour le grand écran. La comparaison ne s’arrête pas là : les deux films mettent tous les deux en scène un jeune joueur à l’avenir prometteur, une ancienne gloire du sport dont la carrière a été brisée par un scandale, et un journaliste qui joue un rôle important.

Le journaliste, ici, c’est Carleton Young, grand acteur fordien des dernières années, scribouillard haineux et détestable (mais Ford s’empresse de préciser que la plupart des journalistes sont des professionnels passionnés et sérieux !), spécialiste du base-ball qui déteste ce sport et ceux qui le pratiquent. Le moteur du film est sa volonté de ruiner la réputation d’un jeune joueur (Patrick Wayne, le fiston), en l’accusant de toucher des pots de vin, et de fricoter avec un ancien champion accusé de s’être lui-même laissé acheter.

Ce vieux briscard, c’est James Stewart, qui s’amuse à se vieillir en chaussant d’immenses lunettes, alors qu’il est déjà visiblement trop vieux pour le rôle. Mais c’est James Stewart, et il est forcément excellent, même si on ne croit à aucun moment en sa culpabilité.

Le récit est cousu de fil blanc, mais sa construction en un long flash back est assez audacieuse : il faut de longues minutes pour qu’on comprenne tous les tenants et aboutissants de cette histoire. Léger et plutôt inconséquent, ce film mineur dans l’immense œuvre fordienne se regarde avec un plaisir gourmand, succession de petits moments savoureux (comme cette apparition surprenante de John Wayne en sergent arbitre odieux d’une partie de base-ball improvisée en pleine guerre de Corée). Après le très sombre L’Homme qui tua Liberty Valance, Ford s’offre une parenthèse sur un thème et un ton bien plus légers. Savourons…

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