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Archive pour la catégorie '1960-1969'

Le Cardinal (The Cardinal) – d’Otto Preminger – 1963

Posté : 4 juillet, 2013 @ 10:58 dans 1960-1969, PREMINGER Otto | Pas de commentaires »

Le Cardinal (The Cardinal) - d'Otto Preminger - 1963 dans 1960-1969 le-cardinal

Alors qu’il est nommé cardinal, un évêque se souvient des vingt-cinq années précédentes, de son parcours au sein de l’église et de la société, de sa foi et de ses doutes. Lorsque le film commence, la deuxième guerre mondiale vient d’éclater. Mais son histoire commence alors que la Grande Guerre fait rage, et qu’il est jeune prêtre que ses supérieurs envoient tenir son premier ministère en Amérique, à Boston, sa ville natale.

Durant les vingt-cinq ans qui vont suivre, cet homme d’église va être confronté à bien des dilemmes, et à des situations extrêmes qui vont l’obliger à se questionner sur sa propre pratique de la foi, et sur sa responsabilité d’homme. Sa sœur amoureuse d’une jeune homme d’une autre confession, l’obéissance aveugle à sa hiérarchie, la question de l’avortement (dans un cas particulièrement douloureux)…

Le film de Preminger embrasse son sujet avec une sincérité, une générosité, et une honnêteté qui forcent le respect. Son ambition est de mettre en scène les contradictions de l’église et de la foi ? Il filme les situations les plus difficiles, et a l’intelligence de ne jamais asséner une vérité établie, soulignant au contraire la complexité des choix qui sont faits… et les conséquences, parfois tragiques. Même lorsqu’ils sont protégés par la carapace de la soutane, les hommes d’église ne sont que des hommes.

Ce prêtre sera confronté à l’amour (pour Romy Schneider, qui venait d’être dirigée par Welles dans Le Procès), au racisme et à la violence du Ku Klux Klan, et même à la montée du Nazisme avec la position pour le moins tiède et ambiguë du Vatican… Le film fait de cet homme d’église un concentré de toutes les ambiguïtés de l’église : un homme foncièrement bon et simple, mais confronté à une responsabilité qui dépasse la simple condition humaine, et aux exigences politiciennes de sa hiérarchie.

Ce pourrait être un film donneur de leçon, et la durée (2h50) peut faire peur. Mais Preminger en fait peut-être son film le plus romanesque : une fresque fascinante, toujours à hauteur d’homme, qui traverse un quart de siècle d’histoire et se renouvelle constamment par de nouvelles intrigues, de nouveaux décors, de nouveaux enjeux, et de nouveaux personnages (on voit ainsi défiler Burgess Meredith, bouleversant en prêtre mourant ; Murray Hamilton, le futur maire de Jaws, en membre repentant du Klan ; Cecil Kellaway, le mari trop vieux du Facteur sonne toujours deux fois, en politicien du Vatican ; ou encore John Huston qui, en cardinal brut de décoffrage, faisait ses véritables débuts d’acteur).

Dans le rôle principal, Tom Tryon surprend. Lui qu’on avait vu un peu terne dans Les Compagnons de la gloire révèle ici un charisme magnétique. Formidable, d’une justesse exemplaire, il trouve là le rôle de sa vie.

La Diligence vers l’Ouest (Stagecoach) – de Gordon Douglas – 1966

Posté : 3 juillet, 2013 @ 1:16 dans 1960-1969, DOUGLAS Gordon, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Diligence vers l'Ouest (Stagecoach) - de Gordon Douglas - 1966 dans 1960-1969 la-diligence-vers-louest

Remake du chef d’œuvre de Ford, ce Stagecoach version 1966 est un western assez impressionnant, qui adopte un parti-pris aussi étrange que payant.

D’un côté, le film respecte parfaitement le scénario de Dudley Nichols pour le classique de 1939, à quelques virgules près (vers la fin, le film prend quand même un peu plus de liberté avec son modèle). L’enchaînement des scènes, les morceaux de bravoure, les rebondissements, les relations entre les personnages… Le film de Gordon Douglas colle de très près à celui de Ford.

Mêmes similitudes du côté des personnages, mêmes noms, mêmes motivations, mêmes conclusions, même volonté de réunir les personnages types du genre dans un même lieu… et mêmes interprétations, chaque acteur semblant avoir étudié de près le travail de son modèle.

A ce petit jeu, certains s’en sortent plutôt bien : Bing Crosby, dans le rôle de Doc Boone, est presque à la hauteur de Thomas Mitchell, et Van Heflin donne même une dimension supplémentaire au personnage du marshall. Mais il y a aussi des comparaisons moins flatteuses : Alex Cord est un choix assez désastreux en Ringo Kidd, singeant les manières de John Wayne sans avoir le dixième de son talent ou de son charisme. Son flirt avec Ann-Margret, charmante et plutôt pas mal, sont assez risibles.

Sur le papier, donc, ce Stagecoach semble être un copié-collé totalement inutile. Ce qui serait sans doute vrai si Gordon Douglas, dans son travail de mise en scène, ne prenait pas systématiquement le contre-pied de Ford. Alors que ce dernier signait un film aux images dépouillées, souvent proche de l’abstraction, tirant immédiatement son western vers le mythe, Douglas signe une mise en scène ample et ouvertement spectaculaire, aux longs plans qui allient constamment l’intime et le spectaculaire, les gros plans et les plans larges.

Du noir et blanc en format 4/3, on est passé au Technicolor et au Cinemascope. Des grandes étendues désertiques et plates de Monument Valley, on est passé à des paysages à la végétation luxuriante, la diligence serpentant dans des sous-bois et sur des corniches escarpées…

Davantage d’action aussi, avec l’accent mis sur une violence particulièrement crue, dès la séquence d’ouverture : une attaque d’Indiens sauvage et sanglante, avec une propension rare aux effets gores (softs, mais marquants). De la même manière, alors que le duel final entre Ringo et ses adversaires se résumait à quelques coups de feu dans la nuit noire dans le film de Ford, il prend ici des dimensions nettement plus épiques, la ville se transformant en décor aux possibilités infinies.

Si semblable et si différent, ce Stagecoach n’a finalement qu’un très gros défaut : celui de devoir subir la comparaison avec le monument de Ford. Parce qu’à ce jeu, le film de Douglais paraît bien anodin. Mais c’est injuste : avec sa mise en scène très inspirée, ses images magnifiques, sa belle scène de poursuite et sa distribution originale (il y a aussi Bob Cummings, Mike « Mannix » Connors et Stephanie « Jennifer Hart » Powers), ce western est hautement recommandable.

Le Retour de Django (Il Figlio di Django) – d’Osvaldo Civirani – 1968

Posté : 25 juin, 2013 @ 1:00 dans 1960-1969, CIVIRANI Osvaldo, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le Retour de Django (Il Figlio di Django) – d’Osvaldo Civirani – 1968 dans 1960-1969 le-retour-de-django

Le titre est un leurre : ce « fils de Django » n’a strictement rien à voir avec le film de Sergio Corbucci. Après le triomphe de Django, de nombreux westerns italiens ont utilisé ce nom pour surfer sur ce succès, sans avoir le moindre lien. Celui-ci est l’une des premières de ces fausses suites (il n’y en aura qu’une « vraie », avec Franco Nero, près de vingt ans plus tard).

D’ailleurs, mis à part le titre (et le nom du père du héros, qui se fait dessouder dès le prologue), le film flirte moins avec l’œuvre de Corbucci qu’avec les films de Leone. Jeff (Gabriele Tinti) a les postures et les bracelets de force en cuir de Clint Eastwood, la guerre des deux clans dont il se fait l’observateur intéressé rappelle évidemment Pour une poignée de dollars. Même son premier duel, dans un bar face à trois adversaires, est un copié-collé de celui de Et pour quelques dollars de plus.

Mais le film ne se prend pas au sérieux, et enchaîne les moments de bravoure sans répit, autour de cette histoire de vengeance par ailleurs très classique.

Il y a quelques belles images, et quelques belles idées : un long passage à tabac devant une population complètement atone, un beau portrait de shérif soumis, des seconds rôles peu conventionnels (un révérend pistolero très charismatique, un joueur de poker français…), et une fin inattendue et gonflée, loin des accès de violence habituels du western italien.

• L’éditeur Sidonis s’est fait un nom grâce à sa collection « westerns de légende ». Ce Retour de Django marque le lancement d’une nouvelle collection de l’éditeur, consacrée au western spaghetti. En bonus : une présentation passionnante d’un grand connaisseur du genre, Jean-François Giré.

La Caravane de feu (The War Wagon) – de Burt Kennedy – 1967

Posté : 17 juin, 2013 @ 1:56 dans 1960-1969, DOUGLAS Kirk, KENNEDY Burt, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Caravane de feu (The War Wagon) – de Burt Kennedy – 1967 dans 1960-1969 la-caravane-de-feu

La Caravane de feu semble n’avoir été fait qu’avec deux idées fortes : associer John Wayne et Kirk Douglas, et transposer le film de cambriolage, genre très en vogue dans les années 60, dans l’Ouest sauvage. Verdict ? Honorable, dirons-nous.

Le film ressemble quand même à un grand truc un peu informe, la plupart du temps. Un véhicule confortable pour deux stars dont l’apogée est déjà derrière elles. Deux hommes de l’Ouest vieillissants qui jouent ici gentiment avec leur image. Sans l’abîmer ni la remettre en question, sans prendre le moindre risque.

L’affrontement de ces deux monstres du cinéma tourne un peu en rond, sur le mode semi-parodique. Le scénario nous les présente comme deux ennemis mortels qui font alliance pour le seul appât du gain, mais on ne sent pas la moindre menace entre ces deux-là. Leurs face-à-face virils et faussement dangereux ne sont jamais pris au sérieux. Ce qui donne au film une légèreté pas désagréable, mais qui nous prive de la tension que cela aurait pu donner.

La transposition du film de cambriolage est un poil plus intéressante, parce que ce western respecte absolument tous les codes du genre : le « cerveau » qui réunit une bande hétéroclite, les préparatifs, le braquage à proprement parler, et la répartition du butin, où le plan parfaitement huilé vole en éclats…

C’est tellement fidèle à ce qu’on a vu cent fois en costumes contemporains, et même si le film a tous les attraits d’un vrai western, que tout effet de surprise tombe à plat. Surtout que le scénario est franchement paresseux, tout entier dirigé vers la vraie star du film : ce fourgon blindé que les cinq voleurs se préparent à attaquer. Le fourgon est tellement central dans l’entreprise de Burt Kennedy que le réalisateur le met en scène dès qu’il le peut tout au long du film, le faisant traverser le champ à la première occasion.

Kennedy n’a rien d’un auteur, mais c’est un honnête réalisateur, qui signe un western tout à fait honorable, avec des acteurs impeccables (Bruce Cabot, qui fut la vedette de King Kong quelques décennies plus tôt, en grand méchant ; Bruce Dern, récent prix d’interprétation à Cannes pour Nebraska, en porte-flingue vite flingué), une belle musique très westernienne de Dimitri Tiomkin, et de belle scènes d’action bien spectaculaires. Un pur divertissement bien sympathique, quoi…

La Caravane de feu est disponible pour la première fois en blue ray, dans une édition simple et pas chère (sans le moindre bonus), chez Universal.

Le Tueur de Boston (The Strangler) – de Burt Topper – 1964

Posté : 31 mai, 2013 @ 1:44 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, TOPPER Burt | Pas de commentaires »

Le Tueur de Boston (The Strangler) – de Burt Topper – 1964 dans * Polars US (1960-1979) le-tueur-de-boston

Victor Buono, acteur adipeux au physique imposant, aux yeux clairs, et au sourire d’enfant, déshabillant une poupée d’une manière très sexuée après avoir tué une femme… Cette image dérangeante, malsaine, habite ce film noir très imparfait, mais assez marquant grâce à son acteur, monstre à la fois attachant et répugnant, qui trouve le rôle de sa vie.

Burt Topper, dont c’est le film le plus marquant, n’est pas un immense cinéaste, c’est une évidence. Sa mise en scène est la plupart du temps assez basique, et un peu raide. Mais il réussit quelques beaux de suspense, en particulier la toute dernière scène, franchement effrayante.

Mais le film prend une dimension particulière quand Victor Buono est à l’œuvre. Dès la première séquence, Topper lève le voile sur ce tueur qui sévit à Boston : c’est ce type au physique ingrat, jeune homme parfaitement intégré dans la société, mais victime d’une mère castratrice qui, à bien des égards, apparaît comme le véritable monstre du film, une mère qui étouffe son fils, le rabroue et l’humilie, pour mieux le garder pour elle seule. Une sorte de version non empaillée de Norma Bates.

Buono est terrifiant et monstrueux, oui, mais il est aussi bouleversant. Bourreau et victime à la fois, ce tueur parfois presque enfantin peut se montrer terriblement pathétique (la demande en mariage). Etrange de ressentir de la pitié pour un tel monstre…

Contrairement à ce que le titre français précise, le film ne mentionne jamais Boston. Mais ce tueur est directement inspiré par Albert Desalvo, le fameux tueur qui inspirera aussi Richard Fleischer pour son Etrangleur de Boston, et qui venait alors d’être arrêté.

Un train pour Durango (Un treno per Durango) – de Mario Caiano – 1968

Posté : 14 mai, 2013 @ 10:27 dans 1960-1969, CAIANO Mario, WESTERNS | Pas de commentaires »

Un train pour Durango (Un treno per Durango) – de Mario Caiano – 1968 dans 1960-1969 un-train-pour-durango

Retour au spaghetti après l’excellent Texas. Ce Train pour Durango fait partie de la même vague de DVD proposée par l’éditeur Artus, spécialisé dans la curiosité du cinéma de genre. Celui-ci est quand même nettement moins excitant que le film de Valerii. Beaucoup plus proche de la parodie, même s’il y a une vraie originalité dans cette histoire de deux losers absolus qui se retrouvent embarqués malgré eux dans une chasse au trésor en plein cœur d’un règlement de comptes entre gangs rivaux. Oui, une espèce de parodie « lose » de Pour une poignée de dollars, l’acte de naissance officiel du western spaghetti.

Le réalisateur Mario Caiano réussit au moins une chose : faire de son film un mouvement continu qui parvient à maintenir l’intérêt en surprenant continuellement le spectateur. Un va-et-vient incessant entre l’humour (souvent noir, parfois lourdingue), l’action (les fusillades s’enchaînent) et l’extrême gravité (l’histoire se met en place à la suite d’un carnage hallucinant dans un train).

C’est à la fois la force et la faiblesse du film : savoir changer continuellement de ton. La force, parce que ces variations empêchent l’ennui de s’installer. La faiblesse, parce qu’enchaîner un massacre particulièrement cruel et sanglant, et un gag digne de Terence Hill et Bud Spencer a de quoi laisser pantois.

Dès la première scène d’ailleurs, le réalisateur fait le choix de dérouter, en présentant l’un de ses deux héros (Anthony Steffen, gentil idiot) avec une balle dans le cul. Étonnant… Et ces détails comiques outranciers n’en finissent plus, malgré la violence omniprésente qui, elle, n’est pas filmée au rabais. Mais ces accès de violence sont systématiquement désamorcés par des dialogues assez drôles, ou par les apparitions régulières d’un étrange justicier en costume rayé qui traverse l’Ouest sauvage en automobile.

Étrange western spaghetti, vraiment, qui respecte toutes les règles du genre (une musique tonitruante, des scènes très violentes, des grands espaces, de la sueur, du sang…), mais avec une approche parodique très inattendu…

Texas (Il Prezzo del Potere) – de Tonino Valerii – 1969

Posté : 14 mai, 2013 @ 10:23 dans 1960-1969, VALERII Tonino, WESTERNS | Pas de commentaires »

Texas (Il Prezzo del Potere) – de Tonino Valerii – 1969 dans 1960-1969 texas

Il n’y a pas que Leone et Corbucci dans le monde du spaghetti. Le non-spécialiste absolu que je suis a découvert avec un immense plaisir ce western italien signé Tonino Valerii (le réalisateur de Mon nom est Personne), assez passionnant et visuellement très impressionnant.

Le film possède les défauts qui me semblent inhérents au genre : une sur-utilisation du zoom (il n’y a décidément pas pire effet cinématographique) et une musique hyper présente, très inspirée de celles de Morricone. Un rien étouffante.

Mais surtout, il y a dans ce film un soin rare apporté à chaque plan, jusqu’au plus anodin. Et notamment l’utilisation d’un effet qui deviendra, plus tard, l’une des marques de fabriques les plus fascinantes de Brian De Palma : une image qui présente à la fois un très gros plan très net, et un arrière plan tout aussi net. Cet effet, presque généralisé dans les scènes de dialogues, illustre parfaitement la volonté de Valerii de soigner l’esthétique de son film, et renforce le malaise de ces scènes.

Côté scénario aussi, le film affiche une vraie ambition. Derrière cette histoire d’un ancien soldat impliqué malgré lui dans l’assassinat du président des Etats-Unis (joué par Van Johnson, l’écrivain aveugle de A 23 pas du mystère) se dissimule à peine l’assassinat de JFK, survenu six ans plus tôt, et que le film revisite façon western.

Le titre original (« le prix du pouvoir ») est d’ailleurs plus parlant que le titre français, Texas, qui rappelle quand même que l’histoire se déroule bel et bien à Dallas. On peut quand même se demander pourquoi la VF a fait du président un Sénateur… Raison de plus pour voir le film en italien.

Très loin du Dallas de 1963, ce Dallas-là est une petite ville de l’Ouest encore sauvage, mais la scène de l’assassinat semble être un copié-collé d’images que le monde entier connaît : celles de la mort de Kennedy. Une voiture décapotable, la réaction paniquée de l’épouse du président, et même la polémique sur l’identité du tireur et sur l’hypothèse d’un tueur isolé.

De ce président imaginaire, habité par la stature de Lincoln (omniprésent par le biais de portraits, ou de statues qui apparaissent subrepticement), le film fait un mixte fantasmé de Kennedy et Lincoln, une sorte de président définitif, grand homme politique qui croit en l’égalité entre les hommes.

Bien sûr, cet arrière-plan politique, aussi sincère soit-il, n’est qu’un prétexte. Le film est avant tout un vrai film de genre, avec un casting inattendu (on retrouve aussi Fernando Rey) autour de Giuliano Gemma, l’un des grands noms du cinéma de genre italien.

Relativement méconnu en France (sauf pour les grands amoureux du genre), Texas a souffert d’avoir été largement coupé lors de sa sortie française : il avait été amputé d’une vingtaine de minutes pour pouvoir être projeté dans un double-programme. La belle édition DVD d’Artus permet pour la première fois de découvrir la version intégrale de ce très bon spaghetti.

L’Etrangleur de Boston (The Boston Strangler) – de Richard Fleischer – 1968

Posté : 5 avril, 2013 @ 2:27 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, CURTIS Tony, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

L’Etrangleur de Boston (The Boston Strangler) – de Richard Fleischer – 1968 dans * Polars US (1960-1979) letrangleur-de-boston

Maître du polar de série B des années 40 (avec Anthony Mann), Richard Fleischer revient au noir, mais avec une envie de dynamiter le genre. Pour porter à l’écran l’histoire authentique d’un tueur en séries, qui a sévit dans le Boston du début des années 60, Fleischer adopte une approche quasi-documentaire (même si de nombreuses libertés sont prises par rapport à la réalité) dans la peinture de policiers au travail, mais aussi pour retranscrire l’atmosphère de paranoïa grandissante dans cette Amérique bouleversée par la mort de son président.

Le film est clairement divisé en deux parties, d’importance et de durée égales. La première s’intéresse à l’enquête qui piétine, aux multiples fausses pistes, aux tâtonnements d’une police qui met un temps à fou à s’organiser autour du flic qui servira de pivot, interprété par Henry Fonda.

Surtout, Fleischer, la même année que Norman Jewison avec L’Affaire Thomas Crown, révolutionne l’utilisation du « split screen », qu’il utilise pour filmer les meurtres, et surtout l’effet que leurs découvertes ont sur la population. Cette technique permet d’accroître le sentiment d’insécurité qui règne, et témoigne aussi de la schizophrénie d’un tueur dont on ne connaît encore rien.

Toute cette première partie est passionnante et effrayante, et ouvre la porte aux grands polars réalistes qui marqueront la décennie suivante, notamment ceux de Siegel et Friedkin (qui avait d’ailleurs été pressenti un temps pour réaliser le film). Ce réalisme rend parfaitement le chaos total de l’enquête.

Et puis il y a la scène centrale, celle où le visage du vrai tueur nous est enfin dévoilée, pas dans ses pratiques criminelles, mais dans son environnement familial. Un travelling lent et impressionnant nous montre Tony Curtis, père de famille regardant sans un mot l’enterrement de JFK à la télévision, alors que sa charmante femme et ses jeunes enfants pleins de vie s’affairent autour de lui. Alors qu’on s’attendait à découvrir un maniaque, asocial et malsain, on découvre un Américain lambda, à l’apparence banale et visiblement bien intégré, père d’une jolie famille.

C’est alors un autre film qui commence, porté par un Tony Curtis exceptionnel, dans ce qui est peut-être la meilleure prestation de sa carrière. Un tueur névrosé, qui se livre à un combat intérieur entre ses deux personnalités, sans jamais tomber dans l’excès ou le grotesque.

Cette dualité du personnage de Curtis eplose dans un long face-à-face avec Henry Fonda, après que ce dernier (avec George Kennedy) a réalisé que le type qu’il venait de croiser par hasard était sans doute le tueur qu’il cherchait depuis si longtemps… Une scène brillante.

Désormais, le film n’a plus rien d’un polar : il est le portrait d’un type perturbé qui refuse de regarder en face le monstre qu’il est. Curtis réussit la gageure de nous rendre ce tueur en série absolument tragique, et c’est tout aussi passionnant.

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962

Posté : 19 mars, 2013 @ 6:48 dans 1960-1969, FORD John, HATHAWAY Henry, MARSHALL George, STEWART James, THORPE Richard, WAYNE John, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Conquête de l’Ouest (How the West was won) – de Henry Hathaway, John Ford et George Marshall (et Richard Thorpe) – 1962 dans 1960-1969 la-conquete-de-louest

La démesure est le mot qui définit le mieux ce western hors norme, expérience à peu près unique dans l’histoire du cinéma. Près de trois heures de métrage, un écran qui n’en finit plus de s’élargir (le film est tourné en Cinérama, un procédé qui a fait long feu, qui implique l’utilisation de trois caméras simultanément, et la projection sur trois écran, plongeant ainsi le spectateur au cœur de l’action), des tas de stars parfois réduites à des apparitions (John Wayne, James Stewart, Henry Fonda, Gregory Peck et beaucoup, beaucoup d’autres), et même trois grands réalisateurs : Ford, Hathaway et Marshall.

L’ambition, surtout, est de réunir dans un même film toutes les grandes figures du western. A travers le destin d’une famille de pionniers, c’est toute la conquête de l’Ouest qui est racontée : plus de trente ans d’épopée à travers trois générations de cette famille Prescott : Agnes Moorehead, Karl Malden et leurs descendants.

Le long voyage des colons, les guerres indiennes, la guerre civile, la construction du chemin de fer, l’arrivée de la loi dans l’Ouest encore sauvage… Le film est une suite de cinq épisodes inégaux et à peu près indépendants (la famille Prescott sert de fil conducteur) auxquels il manque sans doute un peu plus de cohérence. Mais à travers ces destins hors normes, c’est toute l’histoire américaine du XIXème siècle que le film retrace, rien moins.

Hathaway signe la majeure partie du film : trois des cinq épisodes qui ouvrent et ferment le film, lui donnant ses bases et son rythme. Ford, lui, signe le plus court, et visuellement le plus impressionnant : celui consacré à la guerre civile, dont on ne voit pas grand-chose, si ce n’est les conséquences sur les hommes. Pas de scène de bataille, dans cette parenthèse très sombre, mais deux dialogues en parallèle, au soir de la bataille de Shiloh, l’une des plus meurtrières de toute cette guerre : le général Sherman (Wayne) qui réconforte le général Grant, et deux soldats de base, l’un Nordiste l’autre Sudiste, qui partagent la même horreur des combats. C’est là que figure le plus beau moment du film : le jeune Nordiste (George Peppard) boit de l’eau dans la rivière, lui trouve un goût étrange, et réalise qu’elle est rouge du sang des centaines de morts…

Quant à l’épisode consacré au chemin de fer (signé Marshall), il est le plus spectaculaire, utilisant merveilleusement le Cinerama dans une séquence de fusillade sur le train lancé à pleine vitesse. Impressionnant, comme cette hallucinante cavalcade de centaines de bisons qui dévastent tout sur leur passage, ne laissant derrière eux que morts et ruines.

Pourtant, malgré sa démesure et ces quelques morceaux de bravoure, cette énorme production laisse un sentiment nostalgique et cruel. Ce qui marque dans cette épopée de l’Ouest américain, ce sont les sacrifices humains, et le poids du temps qui passe. Les hommes meurent, laissant les femmes passer le témoin à leur place. Les générations passent, et c’est avec ces morts que la société avance, pour le meilleur ou pour le pire.

Pas de grand héroïsme ici. Même les plus braves (comme le personnage de James Stewart), qui accomplissent les actions les plus nobles, meurent seuls. Le film, qui se veut une ode à l’esprit d’entreprise des pionniers américains, porte clairement la marque de vieux briscards qui ne se font plus guère d’illusion sur la vie et leur place dans le monde…

Les Sept Voleurs (Seven Thieves) – de Henry Hathaway – 1960

Posté : 19 mars, 2013 @ 1:17 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, HATHAWAY Henry | Pas de commentaires »

Les Sept Voleurs (Seven Thieves) – de Henry Hathaway – 1960 dans * Polars US (1960-1979) les-sept-voleurs

Méconnu, ce film de cambriolage (un genre à part) a tout de même été régulièrement cité comme l’une des sources d’inspiration de Steven Soderbergh pour son Ocean’s Eleven. On y retrouve la même mécanique hyper-huilée du cambriolage, la même bande hétéroclite… mais franchement pas la même atmosphère. Le film d’Hathaway est passionnant et réjouissant, mais il est aussi très sérieux.

Ce n’était, semble-t-il, pas la volonté du cinéaste, qui voulait une œuvre légère et pleine d’humour, comme le sera le film de Soderbergh. Mais Rod Steiger refusait d’aller dans ce sens, donnant à son personnage, omniprésent, un sérieux et une rudesse qui change radicalement le ton du film.

On ne s’en plaindra pas : les trente dernières secondes, seul passage réellement dominé par la légèreté, sont de loin les moins intéressantes d’un film qui frôle le sans-faute. Le plus réussi : les rapports entre Eward G. Robinson et Rod Steiger, la tête pensante et le bras (pas) armé de cette bande forcément inattendue. Robinson a évidemment une présence magnétique, mais Steiger impressionne tout autant par la justesse et la puissance de son jeu.

Toute la première partie est entièrement centrée sur ces deux-là, et leur relation étonnamment tendre. Que sont-ils l’un pour l’autre ? Le film garde un certain mystère jusqu’à la dernière  partie. Mais leur rencontre et leurs premières discussions, dans des bars de Cannes, sont fascinantes, grâce aux comédiens, mais surtout grâce au savoir-faire exceptionnel de cette vieille baderne d’Hathaway qui, même dans un film relativement mineur comme celui-ci, est exceptionnel (suffit de comparer avec le Henri Verneuil de Mélodie en sous-sol, sur le même thème et à la même époque).

La réalisation du cambriolage, dans un casino très luxueux de la Croisette, est à l’image de la réalisation : au cordeau. Mais les à-côtés sont pas mal non plus. Alors que Steiger et Robinson parlent dans un club de jazz, la caméra s’éloigne soudain pour suivre deux des seconds rôles, sur scène : un duo formidablement filmé entre la danseuse Joan Collins et le saxophoniste Eli Walach. Une parenthèse fascinante dans ce thriller classieux et presque parfait.

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