O.H.M.S. / Au service de sa majesté (O.H.M.S. / You’re in the army now / On her majesty service) – de Raoul Walsh – 1937
Bon, je serais un peu fou de dire que O.H.M.S. fait partie des (quelques dizaines de) chef d’œuvre de Walsh, mais je serais tout aussi fou de gâcher mon plaisir. Ce tout petit film pas bien ambitieux, visiblement vite torché, parfois même un peu maladroit, est le parfait exemple pour l’affirmer haut et fort : un Walsh très mineur vaut mieux que les films majeurs de la plupart des cinéastes. Film de gangster, film de guerre, film d’aventures, romance, comédie… O.H.M.S. joue sur tous les registres à la fois, dans un joyeux bazar à peine organisé. C’est l’époque qui veut ça : au milieu des années 30, John Ford signait des films aussi bordéliques et charmants (Born reckless, Quatre hommes et une prière…).
« Charmant » : c’est sans doute ce qui caractérise le mieux ce film bancal et inégal, plombé parfois par des images de manœuvres militaires qui sont probablement tirées des archives de l’armée, mais parsemé de jolis moments de comédie, en particulier grâce au triangle amoureux, aussi convenu qu’attachant.
Pourtant, le personnage le plus passionnant est celui qui passe le plus rapidement à la trappe : c’est la chanteuse de cabaret qu’abandonne un peu lâchement le personnage de Jimmy au début du film, lorsque, accusé à tort d’un meurtre, il doit fuir New York. Plus tard, alors qu’il sera devenu un soldat presque modèle, Jimmy retrouvera par hasard son ancienne fiancée, lors d’un spectacle destiné aux soldats. Leurs retrouvailles seront aussi drôles que touchantes, et boosteront le film qui commençait à tourner un peu en rond.
Tout le début du film (la partie new-yorkaise) est en tout cas brillant. Dès la toute première image (Jimmy, petite frappe, arnaqueur et bon à rien, arrivant devant le cabaret où il a ses habitudes, et sur la façade duquel figure l’affiche de sa petite amie), Walsh se montre très inspiré, et la manière dont il présente son personnage, peu recommandable, et met l’action en place, est formidable. Tout le problème dans un film comme ça est d’amener de manière crédible un personnage totalement libre et en dehors des lois, à s’engager dans l’armée. Ici, il suffit d’une bagarre qui tourne mal dans une arrière salle du quartier chinois, d’un coupable désigné, d’un échange d’identité, et d’un quiproquos bien à propos. Tout ça est fait en quelques scènes courtes et précises, très joliment photographiées.
Le rythme baisse quelque peu par la suite, mais qu’importe : ne serait-ce que pour ces premières scènes, O.H.M.S. est une curiosité à découvrir.