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Archive pour la catégorie '2010-2019'

Solo : a Star Wars story (id.) – de Ron Howard (et Phil Lord et Chris Miller) – 2018

Posté : 14 février, 2021 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, HOWARD Ron, LORD Phil, MILLER Chris | Pas de commentaires »

Solo A Star Wars Story

On peut être très excité à l’idée de découvrir la jeunesse du personnage le plus enthousiasmant de la saga Star Wars. Ou trouver que reprendre un rôle popularisé par Harrison Ford est mission impossible (Disney, laisse donc Indiana Jones tranquille). On peut être bluffé par les effets spéciaux généreux et spectaculaires. Ou trouver que la lumière crasseuse et brumeuse du film tourne vite à l’exercice de style un peu vain. On peut estimer que les morceaux de bravoure sont menés à un rythme d’enfer. Ou pointer du doigt la pauvreté des enjeux dramatiques par rapport à ceux auxquels la saga nous avait habitués.

A vrai dire, on peut penser tout ça à la fois. Et sortir de ces deux heures trente ni emballé, ni agacé. Pas même déçu, en fait, mais en se disant que, au fond, on s’en fout. Solo n’est même pas une mauvaise idée : le personnage a toujours été hyper charismatique, et son passé entouré de tas de zones sombres. Sauf que Solo n’est même pas vraiment une idée. Quitte à multiplier les films dérivés comme Disney voulait le faire (un film chaque année, alternant saga officielle et spin-off) en s’intéressant à des épisodes rapidement évoqués comme Rogue One, ou à certains personnages, le choix d’Han Solo s’imposer comme une évidence.

Mais peut-être eut-il fallu une ambition un peu plus grande que simplement mettre en image la rencontre de Solo avec Chewbacca, Lando ou le Faucon Millenium. Ne s’ajoutent à ça qu’une histoire d’amour complexe pleine de promesses pas vraiment tenues, une énième évocation du totalitarisme déjà au cœur de tous les autres films, et les ébauches de personnages intéressants d’esclaves en rébellion dans la toute dernière partie.

Solo, malgré sa conception chaotique (Phil Lord et Chris Miller virés en plein tournage, et remplacés par le vieux briscard Ron Howard), est un film cohérent dans son style et son rythme. Mais Alden Ehrenreich ne fait pas de miracle en reprenant le rôle de Han Solo, les sourires qu’il lance en rencontrant Chewbacca ou en s’installant aux commandes du Faucon Millenium semblant être ceux d’un fan qui réaliserait la stature du rôle qu’il tient. Et le film ne surprend jamais.

Efficace, haletant même parfois, mais vain : le film ne fait des pauses dans une action frénétique que pour lancer des clins d’œil aux épisodes précédents de la saga. D’ailleurs, même les scènes d’action ont le côté « redite » du réalisateur trop contraint par ses modèles. On retiendra surtout une séquence vertigineuse sur le toit d’un train lancé à toute vitesse dans des paysages de montagnes enneigés, et une autre plus modeste et tout aussi dramatique à la douane, digne d’un film sur la guerre froide.

La saga Star Wars

Le Crime de l’Orient Express (Murder on the Orient Express) – de Kenneth Branagh – 2017

Posté : 23 décembre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, BRANAGH Kenneth, POLARS/NOIRS | Pas de commentaires »

Le Crime de l'Orient Express 2017

Après avoir bradé ses ambitions de cinéaste au cours de la décennie précédente, avec des blockbusters que n’importe qui aurait pu mettre en boîte, Kenneth Branagh se rappelait à notre bon souvenir avec cette adaptation d’un classique d’Agatha Christie, qui lui permet de renouer avec un style plus personnel, un mélange de gravité et de folie qui lui avait bien réussi avec Beaucoup de bruit pour rien, l’une de ses nombreuses adaptations de Shakespeare, et l’un de ses meilleurs films.

Si on admet que Branagh est avant tout un cinéaste à l’égo surdimensionné, alors ce Crime de l’Orient Express est un film important. La distribution est exceptionnelle (Michelle Pfeiffer, Willem Dafoe, Johnny Depp, Judi Dench, Derek Jacobi, Penelope Cruz…), mais tout tourne autour de lui et de sa prestation, bien sûr. Omniprésent à l’écran, la caméra virevoltant autour de lui (merci le numérique qui rend possible tous les excès emphatiques qu’il a dans la tête), Branagh se filme avec virtuosité. Comme il le faisait dans l’épouvantable Frankenstein, mais avec une différence de taille : la nature et le physique du rôle.

Branagh est donc Hercule Poirot, détective génial, mais personnage fat à l’égo aussi surdimensionné que celui du cinéaste (melon que l’on retrouve lorsqu’il se met en scène face aux douze suspects dans un copié-collé de la Cène). Ce qui lui permet de se moquer de lui, de son image, se vautrant avec gourmandise dans une posture gentiment ridicule, et finalement franchement réjouissante. Les moustaches impossibles, le regard brillant, Branagh retrouve grâce à Poirot la flamme de ses débuts spectaculaires, de cette passion qu’il semblait réserver à Shakespeare.

Le film est d’une beauté assez spectaculaire, même si l’excès de virtuosité, la surabondance d’effets numériques qui permettent les mouvements de caméra improbables dans des décors trop beaux pour être vrais, ont au final un aspect trop fabriqué, trop lisse, trop déconnecté de la réalité. A voir ces images d’une perfection si… parfaite, mais tellement froides, on se prend à repenser aux maquettes si visibles du jeune Hitchcock, qui sonnaient tellement plus vrais. D’ailleurs, la scène la plus belle est aussi la plus simple esthétiquement : le meurtre, flash-back en intérieur et en noir et blanc, avec une musique superbe qui remplit d’émotions.

Même sans l’effet surprise d’une intrigue retorse dont on connaît d’avance tous les secrets (si on n’a pas lu le roman, on a au moins vu le film de Sidney Lumet), Branagh réussit là, finalement, son film le plus enthousiasmant depuis bien longtemps. L’univers de Poirot lui va tellement bien qu’il a déjà tourné la suite, un autre classique déjà porté à l’écran : Mort sur le Nil.

Barry Seal : American Traffic (American Made) – de Doug Liman – 2017

Posté : 9 novembre, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, CRUISE Tom, LIMAN Doug | Pas de commentaires »

Barry Seal

Entre la fin des années 70 et le milieu des années 80, Barry Seal s’est fait une immense fortune en livrant des armes en Amérique du Sud pour la CIA… et en livrant de la drogue pour le cartel de Medellin. Ce type avait quelques atouts pour ça : il était un pilote d’avion chevronné, et il avait une forte tendance à foncer avant de réfléchir.

C’est une histoire vraie (inspirée de… en tout cas), et c’est aussi pour Tom Cruise la dernière velléité en date (et avant un bon moment, vraisemblablement) de rappeler qu’il est un acteur complet et très doué, avide de nouveaux rôles et de défis autres que purement physiques.

Il prend ici un plaisir évident à jouer les types dénués de tout sens moral, s’amusant même de son image de fonceur pour camper le yes man un peu bas du front. Même son fameux sourire « dents blanches éclatantes » a quelque chose de too much, qui flirte avec l’idiotie. Pas dupe, Tom Cruise, finalement jamais aussi bon désormais que quand il se moque de lui-même.

Image qui semble tirée d’une VHS, musique d’époque, arrêts sur image, voix off insistante, retours en arrière rigolards… Doug Liman tente le pastiche, mais singe surtout le Scorsese de Goodfellas ou de Casino. L’ambition est là, il faut la saluer, et le pari est par moments réussi. Mais Liman n’est décidément pas Scorsese, et son film n’atteint jamais la puissance de ses modèles.

Finalement, le vrai sujet du film, ce n’est ni cette Amérique magouillarde du tournant des années 80, ni Barry Seal lui-même, mais Tom Cruise, la star et l’acteur. Barry Seal n’est réussi que pour sa prestation toute en ironie. Et pour rappeler l’acteur curieux et complet qu’il fut avant de devenir le plus grand des action heroes.

Dark Waters (id.) – de Todd Haynes – 2019

Posté : 29 octobre, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, HAYNES Todd | Pas de commentaires »

Dark Waters

Quelque part entre Spotlight et Zodiac… Toute une tradition du cinéma américain, héritée des années 70 et de la paranoïa post-Watergate : un film-enquête au long cours, basé sur une histoire vraie, le combat d’un petit avocat qui se dresse contre un tout puissant adversaire.

En l’occurrence, une grande compagnie chimique bien sous tout rapport : c’est à elle qu’on doit le téflon, ce produit miracle qui a « libéré la ménagère ». Sauf que cette belle entreprise pourvoyeuse d’emplois par milliers pollue l’eau et empoissonne ses employés depuis longtemps, sans rien faire pour y remédier.

Et c’est la difficulté juridique, administrative et même morale de bousculer cet ordre établi que film Todd Haynes, grand réalisateur qui réussit à prendre prenantes et bouleversantes de longues années sans le moindre rebondissement, ou des heures passées dans un local face à des rangées d’archives.

Visuellement, c’est somptueux, avec un montage d’une force rare, et une superbe utilisation de la musique qui distille l’émotion avec une grande intensité. Le film l’est extrêmement (intense), il est aussi profondément humain, avec une empathie de chaque instant pour les petits, les paysans filmés sans angélisme mais avec honnêteté.

Cette honnêteté à laquelle se raccroche le personnage de Mark Ruffalo, formidable en avocat dont la quête tourne à l’obsession. Homme de loi habité et père de famille incapable de partager le poids de sa « mission » avec sa femme (Anne Hathaway, parfaite elle aussi).

Todd Haynes réussit son film parce qu’il entremêle parfaitement le scandale qu’il révèle dans toute son énorme dimension, et la dimension humaine, constamment centrale.

Batman v. Superman : l’aube de la justice (Batman v Superman : Dawn of Justice) – de Zack Snyder – 2016

Posté : 13 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, SNYDER Zack | Pas de commentaires »

Batman v Superman

Dès l’ouverture du film, Zack Snyder marque des points par rapport à son précédent blockbuster. Le côté désincarné de Man of Steel ? Il en fait le sujet de cette suite qui décale le point de vue. Superman est un héros inhumain, trop romantique et spontané pour appréhender toute l’ampleur de ses actes. Batman est tout le contraire.

Voilà pour le contexte, dont la scène d’ouverture trouve les racines dans la dernière séquence du film précédent. En faisant glisser le point de vue, Snyder lui donne une dimension nettement plus humaine, plus dramatique, plus sombre.

La suite a les défauts de Zack Snyder : un esthétisme jusqu’au-boutiste qui repose trop sur les effets numériques pour ne pas être un peu froid ; une incapacité à créer un mouvement réellement fluide entre deux séquences fortes… Mais Batman v. Superman prend nettement plus le temps de suivre ses personnages. Comme si, au fond, Bruce Wayne intéressait plus Snyder que Clark Kent. On le comprend.

A vrai dire, le personnage de Wayne/Batman cristallise tout le mal que l’on pensait du premier film, comme si, au choix : Zack Snyder se rachetait avec ce personnage du nanar qu’il avait commis ; ou Man of Steel n’était en fait qu’une ébauche, ou plutôt une base nauséabonde destinée à donner du sens à l’affrontement à venir entre les deux super-héros.

L’affrontement lui-même tient plutôt ses promesses. Du point de vue de Batman en tout cas, toujours de son point de vue. L’animosité qui l’habite à l’égard de l’homme de Krypton est assez bien vue. La réciproque, en revanche, est difficile à comprendre.

Comme est difficile à comprendre la présence de Wonder Woman, dont on se demande bien ce qu’elle fout là. En fait non, on le comprend trop bien : du teasing pour un Justice League à venir. Une fois l’affrontement promis par le titre tué dans l’œuf, reste trois bons quarts d’heure pour préparer la réponse de DC à Marvel : trois quarts d’heure de grand guignol explosif et kitsch, avec un monstre grotesque et les travers retrouvés du précédent film.

Trois quarts d’heure interminables qui feraient presque oublier les bons points du début : le temps que Snyder se permettait de prendre, et la présence assez intense et convaincante de Ben Affleck, qui rend Batman humain. Et on notera que je n’ai pas dit un mot sur la prestation de Jesse Eisenberg en Lex Luthor. Pas si mal, donc, mais la Justice League, ce sera sans moi…

Man of Steel (id.) – de Zack Snyder – 2013

Posté : 11 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, FANTASTIQUE/SF, SNYDER Zack | Pas de commentaires »

Man of Steel

Ça commence fort : vingt minutes de purs effets spéciaux pour raconter la naissance de Kal-el, futur Superman, et la disparition de sa planète Krypton. La charge émotionnelle pourrait être intense, avec ce sacrifice des parents (dont Russell Crowe, héroïque). Zack Snyder en fait une soupe indigeste, visuellement d’une laideur assez abyssale.

Dès cette séquence d’ouverture apparaît, criante, la tare n°1 du film : Snyder a tellement peur d’ennuyer qu’il gave l’écran et son scénario, jusqu’à l’écœurement. Son film est trop tout : trop rapide, trop frénétique, trop touffu, trop bruyant.

On peut s’en foutre (je n’en suis pas loin). On peut aussi regretter que Snyder n’ait pas d’avantage fait confiance à son scénario et à ses personnages. Les vingt premières minutes passées, quelques pistes paraissent rétrospectivement assez intéressantes. Les premières scènes sur Terre, notamment, qui boudent la chronologie classique pour des allers-retours relativement audacieux… et tellement trop pleins de spectaculaire que toute émotion est tuée dans l’œuf, avec application et beaucoup de moyens.

C’est trop gros, trop rapide, trop noyé sous des effets spéciaux massifs qui font perdre le principal atout du film : ces rares moments où le fantastique s’inscrit dans une Amérique « normale », tangible, simple et physique. Quelques moments (même pas des scènes entières) tendent vers cet aspect. Les rôles de Diane Lane et Kevin Costner aussi en parents de l’Amérique profonde de Clark Kent.

Mais ces moments sont furtifs. Ce qui domine, c’est le gigantisme, ces interminables scènes de combat qu’on devine tirées à 98 % d’un ordinateur, où les coups et les morts ne font aucun effet. Il y a quelques belles ambitions, un vrai sens de la mise en scène (l’action, si touffue soit-elle, est toujours lisible, et ce n’est pas si courant). Mais il manque une âme, un cœur, un peu d’humanité.

Dans un jardin qu’on dirait éternels (Nichinichi kore kojitsu) – de Tatsushi Omori – 2018

Posté : 9 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, OMORI Tatsushi | Pas de commentaires »

Dans un jardin qu'on dirait éternel

Le titre, le thème (une jeune Japonaise qui découvre l’art du thé)… Tout ça sent le bon cliché, et pourtant. Dans un jardin… est un film étonnamment moderne, certes contemplatif et très japonais, mais en même temps très ancré dans son époque.

L’héroïne est une jeune femme bien de son temps : pressée par la vie, indécise, anxieuse de voir ses années de jeunesse défiler. C’est elle qui nous sert de guide, par une voix off simple et directe comme un journal intime.

Elle est une jeune femme moderne, fille d’un couple moderne, vivant dans un immeuble moderne. Une jeune femme qui réapprend peu à peu à vivre autrement en prenant des cours avec une maîtresse de thé. Une vraie plongée dans la tradition japonaise pour le coup, où tout est codifié jusqu’au moindre geste.

Le film est entièrement basé sur cet apprentissage, sur ces gestes mille fois répétés dont on sait qu’ils ne sont qu’une parenthèse hebdomadaire dans la vie de Noriko. Mais de cette vie, justement, on ne verra à peu près rien d’autre. La silhouette floue d’un amoureux, quelques plans fugitifs dans le métro, rien de plus.

Peu de digressions, finalement, et c’est ça qui est beau dans ce film, qui ose aller au bout de ses jolies ambitions : filmer ces petits riens constamment répétés qui, peu à peu, mois après mois, année après année (oui, ça prend du temps), amènent Noriko à repenser son rapport au temps, à vivre vraiment le moment présent.

Belle ambition, et belle réussite : ce temps présent qui semble absent du monde moderne est ici d’une pureté et d’une acuité magnifiques. Ce n’est pas le moindre mérite de Tatsushi Omori, qui signe un film élégant et sans esbroufe, réalisation qui suit joliment le rythme des saisons. On s’y sent bien, dans ce film languide comme la vie pourrait l’être. Un beau moment de cinéma, et une belle leçon de vie.

Les 8 salopards (The Hateful Eight) – de Quentin Tarantino – 2015

Posté : 23 septembre, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, TARANTINO Quentin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les 8 salopards

Tarantino qui renoue avec le western après son Django unchained. Tarantino qui renoue avec le huis-clos explosif de ses débuts (Reservoir Dogs). Tarantino qui réunit une grande partie des acteurs qui ont marqué son cinéma depuis près de vingt-cinq ans… Bon sang, Tarantino tournerait-il en rond ?

La réponse qui suit tiendrait du « p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non », pour être honnête… Oui, la mécanique du cinéaste commence sérieusement à être encombrante, avec ces dialogues qui n’en finissent pas, et cette complaisance un peu puérile avec une violence outrée. Son style et ses tics sont là, avec ce final qui verse allègrement dans le gore grand-guignol et l’outrance, avec des détails d’un goût douteux…

Tarantino avait-il vraiment besoin de ces ralentis outranciers qui feraient même rougir Peckinpah ? Et de ce bras qui pend, détail rigolo-gore qui relève de l’humour le plus gras. Comme s’il ne savait pas finir un film (en tout cas un western) sans verser des litres d’hémoglobines, ce qui pour le coup a une tendance à faire retomber illico la pression.

Il y a pourtant quelques éléments inédits dans ces 8 Salopards, qui surprennent dès la toute première image. Lui qui a l’habitude des ouvertures chocs commence son film par un long et lent travelling sans rien de spectaculaire. Comme le signe (trompeur) d’un certain apaisement, que souligne également la bande son, que Tarantino confie pour la première fois intégralement à un compositeur, Ennio Morricone (Oscar à la clé).

Les outrances sont d’autant plus agaçantes que Tarantino signe l’un de ses films les plus maîtrisés, chef d’œuvre de mise en scène, où son style dynamite le classicisme du genre. Comme souvent dans les derniers films de Tarantino, il y a cette sensation de vacuité qui revient régulièrement, tant il étire inutilement ses scènes. Mais il y aussi le choc esthétique, cette capacité qu’il a à faire des beaux plans, plaisir de cinéma simple, basique et précieux.

Il y a aussi le plaisir de retrouver Bruce Dern, Kurt Russel, Tim Roth ou Michael Madsen pour ses retrouvailles avec QT (pour la première fois depuis Kill Bill). Ou Jennifer Jason Leigh, à qui le cinéaste s’amuse à faire subir les pires horreurs tout au long du film. La pauvre reçoit un nombre incalculable de coups, se voit aspergée de seaux de vomis et de litres de sang… Pas léger, léger, non.

Merci patron ! – de François Ruffin – 2016

Posté : 25 juillet, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, DOCUMENTAIRE, RUFFIN François | Pas de commentaires »

Merci patron

Avant d’être député, François Ruffin était déjà le patron du journal Le Fakir. Et il se voyait bien en double picard de Michael Moore : même engagement, même attachement viscéral aux droits des individus, même sens de la dramaturgie et de la mise en scène… et même égotisme surdimensionné.

C’est la limite de ce documentaire engagé et, on le sent, profondément sincère : cette manière de constamment se mettre en scène en chevalier blanc sans peur et sans reproche, tout juste traversé par un petit doute, lorsqu’il se demande si sa mise en scène (justement) ne va pas ruiner toutes les avancées obtenues.

Dans Merci Patron !, François Ruffin prend la défense des laissés pour compte de LVMH : toutes ces petites mains de la Somme et du Nord qui se sont retrouvées au chômage et dans la misère après que Bernard Arnault a racheté des entreprises pour mieux délocaliser l’activité.

Comme il a le sens de la dramaturgie, mais aussi le vrai sens pratique de l’homme d’action, il comprend vite qu’il ne représentera jamais mieux l’ensemble des laissés pour compte qu’en se focalisant sur un unique couple. Les Klur, de Poix-du-Nord, des vrais gens, pas glamour pour un sou, et bien dans la galère, sur le point de perdre leur maison.

François Ruffin se met en scène à leurs côtés. On sent parfois que ces images comme prises sur le fait sont, justement, très mises en scène. Mais qu’importe : c’est surtout l’empathie du type qui frappe, ce refus du misérabilisme. Ruffin n’est pas un laissé pour compte, mais il les comprend, il les aime, c’est flagrant.

Le ton qu’il utilise n’est jamais agressif. Ironique, plutôt. Pédagogique, aussi. Édifiant, surtout. En tentant d’approcher l’homme Bernard Arnault, Ruffin dévoile la puissance de la machine LVMH. En mettant en place un stratagème pour soutirer quelques dizaines de milliers d’euros au groupe au bénéfice des Klur, il met en évidence une organisation souterraine franchement glaçante.

Le film de Ruffin a un côté plus bricolo que ceux de Michael Moore. Il est aussi, sans doute, plus crédible dans son travail journalistique. Son film, vivant et souriant, révèle le cynisme organisé du monde du luxe et des grandes entreprises. Une image : un chef d’entreprise (délocalisé) qui annonce avec un sourire indolent que si les salaires continuent à augmenter en Bulgarie, une nouvelle délocalisation aura lieu vers la Grèce, où des tas de gens sont au chômage. Chouette ! Rien de plus facile à exploiter qu’un peuple dans la misère…

Merci Patron ! est un road trip populaire qui sent la frite et la bière. C’est aussi un documentaire engagé qui sent le chagrin et la misère, et souffle un vent de révolte qui fait du bien.

Spotlight (id.) – de Tom McCarthy – 2015

Posté : 20 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, McCARTHY Tom | Pas de commentaires »

Spotlight

Spotlight trouve sa place dans le cercle des films qui donnent furieusement envie de devenir journaliste. Comme Bas les masques, comme Les Hommes du président. De ces films qui, quand on est journaliste, donnent envie de travailler avec des rédacteurs en chef, des éditeurs, si courageux et intègres…

Spotlight est, avant tout, une déclaration d’amour au métier de journaliste, comme un hommage vibrant à une profession malmenée et menacée. Avant même d’être un film d’investigation, sur le scandale pédophile qu’une petite équipe de journalistes a révélé dans l’église de Boston au début des années 2000, Spotlight est un film sur ces femmes et ces hommes qui ont révélé ce scandale.

C’est à la fois bouleversant parce que d’une sincérité totale, et un peu trop monobloc. Pas de mesure, ou si peu, sur les méthodes de ces journalistes, filmés comme des chevaliers blancs d’une pureté immaculée. C’est d’ailleurs à peine une critique, juste une réserve : Spotlight manquerait simplement d’un poil d’aspérités.

Cela étant dit, le film est passionnant. L’histoire est édifiante : cette pédophilie qui se dévoile comme une sorte de réseau sans fin, dont les victimes semblent innombrables. Le réalisateur le raconte avec un classicisme très seventies, sans fioriture, les longs travellings au service du mouvement, vif et discret à la fois.

Le scénario a de multiples ramifications, mais Spotlight est avant tout un film de personnages, un film d’acteurs, tous formidables jusqu’aux plus petits seconds rôles : ce jeune père un peu abrupt, un peu désagréable, dont la brusquerie est un masque qui lui permet d’évoquer les sévices dont il a été victime enfant… superbe prestation.

Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Liev Schreiber, Stanley Tucci, Michael Keaton… De grands acteurs, pour un film à l’ancienne, généreux et édifiant.

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