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Archive pour la catégorie '2010-2019'

The Lost City of Z (id.) – de James Gray – 2016

Posté : 2 octobre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, GRAY James | Pas de commentaires »

The Lost City of Z

En quittant la jungle urbaine qui était le décor de ses cinq premiers films, James Gray allait-il rester ce cinéaste passionnant que l’on aime tant ? Non, il fait mieux que ça : il se réinvente, et signe tout simplement son chef d’œuvre, ce film dont on se dit qu’il est le signe de tous les possibles. Gray peut s’emparer d’un univers qui a priori lui est étranger, et en faire une œuvre profondément personnelle, et d’une intensité folle. Bref, il peut tout faire : ses deux films à suivre (le SF Ad Astra et le très intime Armageddon Time) le confirmeront.

N’anticipons pas… The Lost City of Z est d’abord une histoire vraie : celle de Percy Fawcett, officier britannique du début du XXe siècle, qui est envoyé au cœur de l’Amazonie avec la mission d’établir une carte détaillée de ces contrées encore sauvages, alors que lui ne rêve que d’exploits héroïques pour effacer la tâche familiale que représente le comportement d’un père alcoolique et joueur.

La figure du père… Omniprésente depuis Little Odessa dans l’œuvre de Gray, elle est ici doublement centrale : d’abord dans ce poids que représente le souvenir du père disparu, puis dans les relations que fuit Fawcett avec son propre fils, dont la naissance correspond à son premier voyage, et qui finira par partir avec lui pour son ultime aventure amazonienne vingt ans plus tard.

Et ce n’est pas spoiler que d’évoquer « l’ultime » voyage : le poids du destin pèse constamment sur le film, la conscience que cette plongée dans une aventure qui tourne à l’obsession finira mal, et mystérieusement. L’obsession : le fil conducteur du film, qui donne le sentiment de creuser de plus en plus profondément le même sillon, au fil des voyages successifs.

Charlie Hunnam est exceptionnel dans ce rôle d’une intensité dingue, personnage douloureux et tourmenté, habité par une soif absolue de s’accomplir, et qui ne trouvera un semblant d’apaisement qu’en flirtant avec les limites de l’humanité. Et on notera aussi au passage la prestation d’un Robert Pattinson méconnaissable en compagnon de voyage, magnifique contrepoint au personnage de Fawcett.

On pense bien plus à Aguirre d’Herzog qu’aux Aventuriers de l’Arche perdue de Spielberg. Mais The Lost City of Z est sur un autre registre, plus intime, étrangement plus apaisé aussi. Un film qui, au fond, échappe à toute comparaison possible pour s’imposer comme un grand James Gray. Un film visuellement splendide, dont la beauté formelle nous plonge dans les méandres mentaux de son héros. Un chef d’œuvre.

Le Retour du héros – de Laurent Tirard – 2018

Posté : 29 septembre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, TIRARD Laurent | Pas de commentaires »

Le Retour du héros

Pendant les guerres napoléoniennes, le capitaine Neuville est appelé sur le front à la veille de son mariage avec Pauline, jeune femme de la petite noblesse provinciale, qui reste désespérée en attendant désespérément des nouvelles de son fiancé, et se laissant bientôt dépérir. Pour la stimuler, sa sœur Elisabeth écrit elle-même des lettres qu’elle dit être de Neuville, lui inventant des exploits militaires, et finalement une mort héroïque. Mais le « capitaine » réapparaît trois ans plus tard, et Elisabeth le découvre crève-la-faim, lâche, déserteur… Il décide alors de se faire passer pour le héros que toute la ville pense qu’il est.

L’histoire est plutôt séduisante, et aurait pu donner un film d’aventure à l’ancienne assez sombre, ou une comédie réjouissante. Laurent Tirard fait le choix de la comédie. Pourquoi pas, donc. Mais tout sonne faux, constamment, dans ce film visuellement très propre (réalisation soignée, rien qui dépasse, pas même de poussière sur les meubles), et écrit comme… en fait non, pas écrit du tout.

On ne croit ni aux rebondissements, ni aux personnages, et encore moins aux dialogues dignes d’un atelier d’écriture pour élèves de primaire. Les acteurs sont en roue libre, mal dirigés et impuissants face à des personnages si mal définis. Alors Jean Dujardin ressort sa panoplie (et ses mimiques) d’Hubert Bonisseur de la Bath. Et Mélanie Laurent passe son temps à observer la scène avec un petit sourire amusé ou agacé, c’est selon.

Rien à sauver, hélas.

1917 (id.) – de Sam Mendes – 2019

Posté : 17 septembre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, MENDES Sam | Pas de commentaires »

1917

Après une longue parenthèse consacrée à James Bond (Skyfall et Spectre, deux films qui font référence, et qui l’ont occupé pendant pas mal d’années), Sam Mendes revenait en 2019 avec une nouvelle grosse production, qui était aussi un film très personnel pour lui, le premier qu’il écrit lui-même, inspiré des récits de guerre de son propre grand-père, à qui le film est d’ailleurs dédié.

Film personnel, auquel il tenait visiblement beaucoup, 1917 est pourtant assez anecdotique sur le fond : on pourrait assez facilement le résumer à un simple survival sur le front Ouest de la Grande Guerre, en France, en 1917 donc. Deux soldats sont chargés de traverser les lignes pour délivrer un message important qui pourrait sauver 1600 vies.

La simplicité du scénario est un parti-pris finalement fort. Le fait de tourner le film comme un unique plan-séquence de près de deux heures, donc sans montage apparent, en un autre. Pas novateur, ni même totalement convaincant dans la première partie, l’artificialité du procédé suscitant plutôt la curiosité, mais finalement très immersif.

1917 serait même le pendant « Grande Guerre » d’Il faut sauver le soldat Ryan, dans cette volonté du réalisateur de transcender une histoire simple et humaine en une immersion radicale et inédite dans les horreurs et la sinistre banalité de la guerre. Et sans doute le fait qu’une histoire de famille déchirée vienne se greffer au récit n’est pas un hasard.

Mendes ne tombe pas dans le piège de la surenchère. Même la course-poursuite dantesque dans les ruines fumantes d’un village, ou l’assaut final, ne sont filmés que du point de vue du personnage principal, soldat britannique dont on ignore tout de la vie, et qu’on n’apprend à connaître qu’à travers son visage blême et son regard dévasté, le rôle d’une vie pour George MacKay.

Brillant et passionnant, 1917 est un film impressionnant, mais surtout humain. Mendes pourrait faire le choix de l’hyperréalisme avec ce procédé de long plan-séquence. Mais le réalisme n’est que d’apparence, ne serait-ce que parce qu’il ne fait que donner le sentiment du temps réel. Il condense en fait en deux heures toute l’humanité sacrifiée, la peur, le courage, le désespoir, dans un vaste mouvement qui n’est peut-être pas totalement réaliste, mais qui est à coup sûr celui de la vie.

La Bataille de Solférino – de Justine Triet – 2013

Posté : 5 septembre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, TRIET Justine | Pas de commentaires »

La Bataille de Solférino

« C’est la troisième fois que je me fais humilier aujourd’hui, j’en ai ras le cul », lance un Vincent Maicagne faussement débonnaire et réellement au bout du rouleau au flic qui l’interroge rudement. Jusqu’alors on aurait vite fait de le cataloguer comme le cool rigolo ou comme le psychopathe de service, tant son jeu lunaire peut semer de fausses pistes. Mais cette réplique livre une vérité brutale et sèche qui cingle comme une gifle.

Et ça me semble une bonne manière de résumer le cinéma de Justine Triet, dès ce premier long métrage libre et envoûtant. Tout s’y mélange : l’absurde et le profond, le très léger et le très grave, les dialogues très écrits et les images volées dans une actualité bien réelle. Et de ce chaos apparent, Justine Triet tire une vérité qui secoue d’autant plus qu’on ne la voit jamais vraiment venir.

La cinéaste mêle intimement destins personnels et événements d’actualité avec une évidence totale. Parce que l’histoire contemporaine n’existe en fait que par le regard qu’on lui portes, elle fait de son héroïne non seulement une mère dépassée, mais aussi une journaliste de la chaîne d’info continue i-Télé en mai 2012, le soir de l’élection de François Hollande. Comme un espoir de jours meilleurs pour une jeune femme qui semble passer à côté de tout.

Même son rôle de mère, Justine Triet le filme d’emblée comme une épreuve à peine humaine, ouvrant son film avec une longue scène faite de petits riens, d’une mère qui peine à faire face à ses deux filles en bas âge qui pleurent beaucoup et très fort. A ce chaos initial, Justine Triet en ajoute bien d’autres : un ex-mari angoissé et encombrant (Macaigne, formidable), un baby-sitter dépassé, et d’autres rencontres plus ou moins déstabilisantes.

Entre les moments intimes et intenses, et les impressionnantes séquences filmées durant cette fameuse soirée d’élection et de liesse populaire, la réalisatrice trouve un élan commun, un mouvement faussement continue qui semble mener vers un paroxysme inévitable, mais qui privilégie les moments de calmes entre les tempêtes. Ce pourrait être bordélique, mais ce sentiment de toucher à la vérité la plus intime nous rattrape constamment.

Donner le sentiment d’un cinéma tellement libre qu’il en paraît improvisé, tout en maîtrisant totalement et absolument sa narration… Justine Triet dévoile dès ce premier long métrage une vision personnelle et un langage qui lui est propre, qui passe autant par l’image que par le son (l’utilisation des chansons, déjà…). Grand premier film d’une grande cinéaste.

Victoria – de Justine Triet – 2016

Posté : 4 septembre, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, TRIET Justine | Pas de commentaires »

Victoria

En attendant de découvrir la Palme d’Or 2023, il est bon de se replonger dans les premiers films de Justine Triet, cinéaste qui, dès ce deuxième long métrage, dévoile à la fois un univers très personnel, et une maîtrise assez impressionnante.

L’histoire de cette jeune avocate dont toute la vie semble être une fuite en avant absolument pas maîtrisée ressemble sur le papier à beaucoup d’autres films français récents. Mais le résultat est un film qui ne ressemble à aucun autre, par sa manière de toucher la vérité en flirtant avec la comédie, par la distance que la cinéaste place avec les emmerdes de son héroïne, par son utilisation formidable de chansons rares et fascinantes, ou encore par ce qu’elle révèle de son actrice principale.

Virginie Efira, dont les habitués de ce blog savent à quel point je la considère comme très grande, et qui prend ici une toute nouvelle dimension. Plutôt habituée aux comédies romantiques, la voilà qui s’empare d’un grand rôle complexe où son sens de la nuance éclate littéralement. Touchante et drôle dans la même scène, dans le même instant, elle est formidable en femme libre mais totalement enfermée dans une course dont elle a perdu toute maîtrise.

Dès les premières minutes, Justine Triet crée une ambiance atypique, faisant se côtoyer le grotesque, l’ironie et le tragique. Dans ce mariage qui ouvre le film, et qui semble si parfait au premier coup d’œil, avec ces invités bien habillés et ces belles tablées dans l’orangerie, Justine Triet multiplie les détails qui tranchent avec la perfection affichée : ce voisin de table assommant, la présence d’un singe, la témoin à la robe gênante… Et cet incident qu’elle met en scène (sans le filmer) sans le moindre effet dramatique.

Mine de rien, Justine Triet joue avec les clichés, renverse les situations attendues, confronte des réalités inconciliables. Victoria répète ad nauseum à tous ceux à qui elle se livre que le sexe ne l’intéresse plus, mais multiplie les plans culs (foireux et irrésistibles). Ses amis ont tous quelque chose de dérangeant (dont Melvil Poupaud, certes marqué a posteriori par sa prestation en mari violent dans le récent L’Amour et les forêts)… Finalement, c’est d’un ex-dealer, joué par le parfait Vincent Lacoste, que viennent les vrais moments de calme et de liberté.

Et c’est beau de voir les visages de ces personnages qui ne cherchent qu’à afficher l’image de l’épanouissement, et d’où les fêlures et défauts ne surgissent que par petits éclats. Ces éclats de vérité qui font la beauté de ce film, et du cinéma de Justine Triet. Vivement la Palme d’Or…

Get out (id.) – de Jordan Peele – 2017

Posté : 6 juillet, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, FANTASTIQUE/SF, PEELE Jordan | Pas de commentaires »

Get out

Il fait fort, Jordan Peele, avec ce premier long métrage venu d’on ne sait où. Ou plutôt si, certaines influences sont assez évidentes, mais on ne saurait trop en dire sans déflorer les surprises, nombreuses, du film. Soulignons quand même que la toute première scène inscrit ouvertement Get out dans une sorte d’héritage du cinéma de John Carpenter. C’est en partie le cas, avec quelques effets de styles clairement inspirés du maître.

Comme Carpenter, Peele s’empare des codes du film de genre dans ce qu’il a de plus décomplexé, pour livrer une vision glaçante et sans concession de la société actuelle. Mais à l’opposée du réalisateur de They live !, lui fait naître l’angoisse de détails anodins, réalistes et terriblement quotidiens : la manière dont une communauté blanche bien sous tout rapport accueille un jeune homme noir, sans la moindre hostilité apparente, mais avec de petits gestes, des regards, des mots qui n’ont l’air de rien, mais qui créent une brèche dans les sourires si bienveillants.

Il n’aurait pas dû accepter de se rendre chez sa belle-famille blanche, ce jeune photographe afro-américain. Son pote lui avait dit. Et on lui dirait bien aussi de se sauver en courant. Mais non, il l’aime tellement, sa jeune fiancée, qu’il est prêt à affronter le long week-end d’épreuves sociales qui l’attend. Et quelles épreuves ! D’abord ce père trop copain, puis cette mère trop posée, ce fils étrangement agressifs, et encore ces invités aux silences troublants. Et ces deux serviteurs noirs surtout, aux trop larges sourires et comme étrangers à eux-mêmes…

Il y a un tournant radical dans le film, dont on ne dira pas grand-chose, si ce n’est qu’avant ce tournant, Peele signe avec Get out une chronique glaçante et radicale du racisme banal et du masque de la bien-pensance. Pour faire monter l’angoisse, qui atteint des sommets, Peele ne se refuse rien, jouant à la fois sur les effets à la Carpenter (une silhouette qui apparaît, une note de musique qui cingle), sur la mise en scène de comportements pour le moins décalés, ou sur le souvenir traumatisant de la première scène.

Et puis le film fait un virage brusque vers autre chose, vers un cinéma de genre assez radical comme on n’en fait finalement plus guère depuis les années 1940. En tout cas pas avec un tel regard, et une telle efficacité. Flippant et engagé, dérangeant et fascinant… Et si le premier digne héritier de Carpenter était enfin né ?

A couteaux tirés (Knives Out) – de Rian Johnson – 2019

Posté : 2 janvier, 2023 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, JOHNSON Rian | Pas de commentaires »

A couteaux tirés

C’est donc pour donner des suites à ce film que Netflix a fait un chèque monumental. Sans doute y a-t-il un vrai potentiel derrière le personnage de détective qu’incarne Daniel Craig (juste avant d’endosser pour la dernière fois les fripes de 007), mais il faut bien le reconnaître : il n’y a quand même pas grand-chose de neuf sous le soleil. Ce « Benoît Blanc » aux origines indéterminées (mais à prononcer avec un c final sonore) est l’héritier à peine déguisé de Miss Marple et d’Hercule Poirot.

D’ailleurs, comme dans les grandes adaptations de l’œuvre d’Agatha Christie des années 70 et 80, et plus récemment dans celles de Kenneth Branagh, c’est un casting all-star que nous sort Rian Johnson, qui s’offre là une nouvelle virginité et un nouveau filon juteux, après avoir fâché une partie des membres de l’univers Star Wars. Toni Collette, Jamie Lee Curtis, Ana de Armas (avant Mourir peut attendre, donc), Michael Shannon, Don Johnson… et autant de coupables potentiels.

La formule est sans surprise : le film est construit en forme de Cluedo géant. Qui donc a tuer Christopher Plummer, richissime écrivain qui venait de déshériter à peu près tout le monde quand une mort violente et mystérieuse l’a fauché. Rien de bien neuf donc, même si côté scénario, il faut souligner l’originalité de la chose, qui nous dévoile très tôt le nom du coupable… Sauf que, bien sûr, non, c’est un peu plus compliqué.

Le film a un petit côté bâton de maréchal post-James Bond pour Daniel Craig, mais l’acteur s’amuse visiblement beaucoup à créer ce détective faussement nonchalant et très sûr de son talent. Et ce plaisir s’avère vite très communicatif, surtout quand Rian Johnson adopte un ton gentiment décalé et ne verse pas dans le suspens plus traditionnel, ce qu’il fait hélas dans la dernière partie. Mais ce premier film, sans rien révolutionner, donne plutôt envie de revoir Daniel Craig dans le rôle de ce Benoît BlanC. Et le c se prononce.

Jean-Claude Van Johnson (id.) – saison unique – créée par Dave Callaham et réalisée par Peter Atencio – 2016/2017

Posté : 1 janvier, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), ATENCIO Peter, CALLAHAN Dave, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Jean-Claude Van Johnson

JCVD s’offre décidément une nouvelle carrière étonnante avec cette manie de mettre en abîme son image de star. Cette série éphémère s’inscrit dans cette mouvance, avec un drôle de parti-pris. L’acteur Jean-Claude Van Damme serait en fait la couverture d’un agent secret d’élite. Si si.

Un espion à la retraite pour le coup, qui s’emmerde comme c’est pas permis en faisant du gras et en vivant dans une belle villa où les traces de son passé glorieux sont omniprésents : des affiches de ses films accrochés aux murs, une salle de sport qui n’a pas servi depuis longtemps…

Van Damme a cette capacité de se moquer de son image, acceptant de jouer une ancienne star de premier plan cantonnée à la VOD, qu’un quidam dans un bar confond avec Nicolas Cage. Et qui affiche un sourire d’enfant quand un méchant affirme que TimeCop est un meilleur film que Looper.

Manquerait plus qu’un bon réalisateur pour emballer tout ça… Mais c’est bien là que le bât blesse. La plupart des belles ambitions font flop dans cette série qui pourrait être réjouissante si elle n’était si molle. Alors après deux épisodes, on se désintéresse totalement de la chose, on ne sait même plus de quoi ça parle, et on souhaite à Van Damme d’inspirer un vrai grand cinéaste, un jour…

22.11.63 (11.22.63) – mini-série créée par Bridget Carpenter – 2016

Posté : 16 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CARPENTER Bridget, COLES John David, FANTASTIQUE/SF, FRANCO James, KENT James, MACDONALD Kevin, STRONG James, TÉLÉVISION, TOYE Frederick E.O. | Pas de commentaires »

22 11 63

Sorti il y a une bonne dizaine d’années, le roman de Stephen King m’avait emballé. Au sommet de son art, l’écrivain s’emparait d’un traumatisme fondateur de l’histoire américaine (l’assassinat de Kennedy) pour signer une grande fresque historique, nostalgique et intime passionnante et très émouvante. L’histoire d’un professeur qui découvre, grâce à un ami restaurateur, une sorte de porte, ou plutôt d’escalier mystérieux, le conduisant en 1958.

Peu importe combien de temps il reste à cette époque, son retour au présent intervient toujours quelques minutes après son départ… Qu’importe les modifications qu’il apporte au passé, s’il retourne en 1958, il efface automatiquement tous ces changements. L’une des forces du roman résidait dans la manière dont King introduisait ce voyage dans le temps, avec une sorte d’évidence, sans que cet élément fantastique ne devienne envahissant. Le héros s’installait alors dans ce passé, bien décidé à empêcher l’assassinat de JFK avec l’espoir que cela rende le présent plus beau…

La mini-série reste très fidèle à l’intrigue et à l’atmosphère du roman, avec quelques choix scénaristiques à la marge (il arrive en 1960, et non plus en 1958). James Franco, qui rêvait d’adapter le roman, incarne un Jake Epping parfaitement conforme à l’idée qu’on s’en faisait : un homme un peu désabusé, fatigué par des échecs personnels à répétition, qui trouve sa place dans une époque à laquelle il n’appartient pas, et où des signes réguliers lui rappellent que sa présence est une aberration. Une manière d’introduire des éléments fantastiques avec naturel qui porte clairement la marque de King.

Le côté nostalgique fonctionne à plein régime, avec une reconstitution assez bluffante de cette Amérique où tout était encore possible… époque sans doute un brin fantasmée d’avant Dallas, et d’avant le VietNam. Et comme dans le roman, le plus bel aspect concerne l’histoire d’amour entre Jake et Sadie, si belle et si bouleversante, parce qu’on la sait sans avenir… ou sans passé, on ne sait plus trop. Et là, c’est la fibre romantique qui vibre à plein, jusqu’à cette ultime scène, qui noue l’estomac.

Rambo : Last Blood (id.) – d’Adrian Grunberg – 2019

Posté : 7 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), GRÜNBERG Adrian, STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Rambo Last Blood

Après avoir fait (probablement) ses adieux à Rocky avec le décevant Creed 2, Stallone fait (probablement) ses adieux à Rambo. Le voir renouer une fois de plus avec ses deux personnages fétiches n’est pas un hasard : comme à l’époque de Rocky Balboa et de John Rambo qui l’avaient sorti d’un long purgatoire, Stallone vient d’enchaîner quelques catastrophes industrielles. A 70 ans passés, il semble bien difficile pour lui de trouver un nouveau souffle au-delà de Rocky et de Rambo. Peut-être la série Tulsa King changera-t-elle la donne…

En attendant, ce Last Blood (une manière de boucler la boucle après l’inaugural First Blood de 1982) n’est pas le ratage complet souvent annoncé. On pourrait même le considérer comme la plus digne des suites, celle dans laquelle le personnage est finalement le mieux respecté. En tout cas le moins trahi. C’est que, depuis un Rambo 2 qui ne gardait à peu près du personnage que son côté machine de guerre, la saga a eu toutes les peines du monde à trouver son équilibre entre le traumatisme du vétéran façon seventies et cet aspect va-t-en guerre typique des eighties.

Avec John Rambo, en 2008, Stallone ne cherchait pas vraiment à trouver une porte de sortie satisfaisante, se contentant grosso-modo de recycler des aspects des trois premiers films. En revenant sur le sol américain, Last Blood se recentre sur le personnage de Rambo, qui mène depuis une dizaine d’années une vie paisible, tentant de garder ses fantômes à distance. C’est un peu comme si le William Munny d’Impitoyable et le Walt Kowalski de Gran Torino ne faisaient plus qu’un…

L’ombre de Clint Eastwood plane sur le film… Non : elle pèse sur le film, rappelant constamment ce qu’aurait pu être Last Blood si Stallone (scénariste du film) avait fait davantage confiance au potentiel dramatique de son film. La première partie est assez belle, se concentrant sur les relations du vétéran avec une ado qu’il considère comme sa fille, avec qui il a enfin trouvé la paix. Jusqu’à ce que la jeune femme, contre l’avis de son protecteur, ne décide de partir pour le Mexique, à la recherche de son vrai père, qui l’a abandonnée.

Et c’est là que ça se gâte. Parce que la relation fille/père est évacuée en une courte scène franchement ridicule. Parce que le Mexique est présenté d’emblée comme le lieu de tous les dangers où le pire des destins attend immanquablement une jeune Américaine en visite. Et parce que le pire des destins attend effectivement la jeune Américaine en visite. Pour la délicatesse, on repassera, mais Stallone émeut par sa présence fatiguée, par ce regard qui dit toute sa douleur et toute sa fatigue.

Reste la dernière partie, comme coupée du reste du film : un massacre sanglant et gore, vingt minutes au cours desquelles Rambo flingue, décapite, explose, découpe, charcute, charcle… Bref, il tue par tous les moyens dont il dispose, qui sont nombreux. C’est super violent, super efficace, et super bas du front. Et on se rappelle que, dans le film de 1982, Rambo ne tuait qu’une personne, et encore le faisait-il involontairement. Le premier sang versé était rare, et marquant. Près de quatre décennies plus tard, c’est sur des hectolitres de sang que le vétéran devenu mythe populaire tire sa révérence…

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