Play it again, Sam

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Archive pour la catégorie '2000-2009'

Meurs un autre jour (Die another day) – de Lee Tamahori – 2002

Posté : 4 février, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, ACTION US (1980-…), James Bond, TAMAHORI Lee | Pas de commentaires »

Meurs un autre jour

Du bon et du beaucoup moins bon, pour ce Bond officiellement estampillé n°20. Et ce contraste apparaît dès l’incontournable séquence d’ouverture, à la fois poussive et éphémèrement grotesque (l’arrivée en surf ? vraiment ?), et aussi assez maline : comment répondre à la question brûlante que personne ne se pose vraiment… mais où donc était James Bond le 11 septembre 2001 ?

Il était donc dans une prison de Corée du Nord, où il est resté plus d’un an, subissant interrogatoires et tortures avant d’être échangé contre un autre prisonnier politique. Une entrée en matière particulièrement sombre et audacieuse, qui semble répondre aux aspirations de Pierce Brosnan d’incarner un Bond plus intense, plus noir, plus brut.

Las… La suite lorgne d’avantage du côté de Roger Moore que de Sean Connery, même si ce vingtième opus multiplie les clins d’œil aux premiers films de la saga : Halle Berry qui sort de l’eau comme Ursulla Andress quarante ans avant elle bien sûr, mais aussi le laser et le siège éjectable de Goldfinger. Mais ce qui domine, c’est un humour bon enfant, des dialogues à double-sens d’une lourdeur affligeante, et une surenchère qui, loin de constituer un sommet, représentera une fin de règne bien involontaire pour le pauvre Pierce.

Ultime image de cette surenchère malheureuse : la voiture invisible, sommet de « what the fuck » qui symbolisera rétrospectivement l’impasse de la logique dans laquelle s’enfermait 007, qui aboutira à l’éviction de Brosnan (qui méritait mieux), et au premier vrai reboot de la série, avec Casino Royale. Cette voiture invisible est bien sûr totalement ridicule, mais colle parfaitement à l’esprit de la séquence finale, climax se déroulant dans un palais de glace où Bond affronte des méchants artificiels, qui forcément manque totalement d’humanité et de profondeur.

Et ce n’est pas la prestation incroyablement transparente de Halle Berry, qui se contente d’être belle (pour ça, elle n’a pas grand-chose à faire) sans rien apporter à son personnage, pseudo-alter ego féminin de 007. « Une belle vue », comme le répète Bond dès qu’elle apparaît. Pas plus que celle de Rosamund Pike, très jolie et très froide dans le rôle d’une James Bond Girl très jolie, et très, très froide. Bond est décidément le plus misogyne de tous nos héros, éternellement entouré de belles plantes qui n’incarnent rien. Dommage.

Finalement, le rôle féminin le plus marquant serait presque celui de Madonna, plus convaincante dans son minuscule rôle (une apparition clin d’œil en maîtresse d’escrime, rien de plus) que dans son interprétation de la chanson de générique, très électro et déjà très datée.

De ce grand spectacle outrancier et glacé, on sort avec le sentiment d’un gâchis, pour le spectateur et pour Pierce Brosnan, dont on ne dira jamais assez à quel point sa classe naturelle correspondaient parfaitement à l’idée qu’on se faisait du plus célèbre des agents de sa majesté. Une idée que, après ces excès pas franchement assumés, il fallait absolument redessiner. Et c’est l’ère de Daniel Craig qui s’ouvre…

Get Carter (id.) – de Stephen T. Kay – 2000

Posté : 26 janvier, 2019 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2000-2009, KAY Stephen T., STALLONE Sylvester | Pas de commentaires »

Get Carter

Je ne dis pas que ce film est bon, ni même qu’il y a quelque chose à y sauver. A vrai dire, je serais tenté de dire l’inverse : si, sur le principe, on peut trouver une certaine excitation à voir Stallone dans un remake de ce petit classique hard boiled des seventies, tous les parti-pris sont simplement catastrophiques.

Bref, je ne dis pas que Get Carter est réussi, je dis juste qu’il est un maillon incontournable si on veut appréhender correctement la carrière hors normes de Stallone. Je ne dis d’ailleurs pas qu’il faut l’appréhender correctement. Juste que j’en ai envie.

Après les échecs (injustes, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire) de Daylight et Copland, Stallone sait qu’il doit se renouveler. Il le croit, en tout cas : quelques années plus tard, c’est en revenant à ses personnages fétiches qu’il finira par sortir de l’ornière. Son inspiration, en l’occurrence, est assez évidente : c’est du côté du Payback avec Mel Gibson que Stallone lorgne. Pourquoi pas.

Sauf que le film est aussi indispensable pour comprendre une bonne fois pour toutes l’importance d’un réalisateur aux commandes d’un film. Zooms utilisés à l’excès, plans désaxés, montage syncopé… Tout l’attirail lourdingue du réalisateur de bouses est réuni pour faire de ce film… eh bien une bouse. Ajoutez des dialogues lourdingues (« still pretty ? – yeah, like cat pee on the snow »).

Qu’est-ce qu’il reste ? Ben pas grand-chose. Pour l’anecdote : juste les retrouvailles de Stallone et Michael Caine, le Carter original qui avait autrement plus de classe, vingt ans après s’être donnés la réplique dans A nous la victoire, devant la caméra de John Huston. Ce n’était peut-être pas un chef d’œuvre, mais c’est un peu plus glorieux sur un CV.

Johnny English (id.) – de Peter Howitt – 2003

Posté : 28 novembre, 2018 @ 8:00 dans 2000-2009, HOWITT Peter | Pas de commentaires »

Johnny English

Qu’il découvre le goût particulier d’un oursin dans un restaurant japonais, ou qu’il sorte d’un conduit d’évacuation couvert de merde en lançant un « Voyons, ce n’est que du caca! », il ne perd jamais une dignité inattendue, ce Johnny English, copie un rien dégradée de 007. Une copie forcément très maladroite : lorsqu’il tente de faire comme son modèle qui ne ratait jamais le porte-manteau en lançant son chapeau, lui passe à un bon mètre de sa cible et balance son pardessus à travers la fenêtre ouverte.

Johnny English, c’est l’autre personnage de Rowan Atkinson, éternel Mr. Bean, qui prouve que son talent comique passe aussi par le langage. Même s’il n’est jamais si drôle que lorsqu’il se contente de lâcher une flûte de champagne et de casser le pied de la suivante, en l’arborant avec toujours cette dignité qui ne le quitte pas. Ou lorsque sa cravate se prend dans un passe-plats automatique. Ou qu’on le voit piétiner le cercueil d’un vrai défunt pensant mettre la main sur des truands.

Non, Johnny English ne révolutionne pas le cinéma comique, pas plus qu’il n’invente quoi que ce soit. Tout est très attendu : dès que l’on voit un faux archevêque dévoiler un tatouage sur ses fesses, on comprend que notre espion maladroit finira par déculotter le vrai archevêque en public et à se couvrir de honte. Toujours à côté de la plaque, comme lorsqu’il saute en parachute sur le mauvais building. Mais avec dignité, toujours.

Il n’y a à vrai dire qu’une seule raison d’être à ce film : Rowan Atkinson, qui est de toutes les scènes, et l’unique ressors comique de l’entreprise. Amplement suffisant d’ailleurs : même si son personnage d’agent triple zéro est un rien plus convenu que son alter ego Mister Bean, il reste franchement irrésistible. Et le reste ? Natalie Imbruglia est bien jolie, et John Malkovich est comme toujours : insupportablement prétentieux en surjouant un accent français à couper au couteau. Même dans une comédie aussi potache, il lui faut en rajouter des tonnes dans le registre « je suis un grand acteur de composition ». Hélas.

Jurassic Park 3 (id.) – de Joe Johnston – 2001

Posté : 24 octobre, 2018 @ 8:00 dans 2000-2009, FANTASTIQUE/SF, JOHNSTON Joe | Pas de commentaires »

Jurassic Park 3

Avec le premier Jurassic Park, mais aussi avec sa suite mal aimée, Steven Spielberg avait continué sa révolution en profondeur du cinéma populaire, entamée dès la fin des années 70. Sur un thème proche des Dents de la mer, mais aussi de Rencontres du 3e type, il signait de grands films de monstres, mêlant inspirations à l’ancienne (l’ombre de King Kong planait, omniprésente) et effets spéciaux novateurs et spectaculaires.

Avec ce troisième volet, Joe Johnston n’invente rien, ne crée rien, se contente la plupart du temps de citer Spielberg jusqu’à reprendre des plans, voire des séquences entières des deux premiers films. Mais au final, c’est ce manque total d’ambition qui finit par conférer au film un certain charme.

Le charme des petites productions d’autrefois, qui ne se prenaient pas pour autre chose que ce qu’elles étaient. Et c’est exactement ce que l’on peut dire de ce Jurassic Park 3, qui déroule gentiment ses scènes effrayantes sans vrai suspense. On connaît le héros (Sam Neill, rescapé du premier film), on sait d’avance qui va mourir et qui va s’en sortir. Et on n’est ni surpris, ni déçu.

Joe Johnston, au moins, ne se prend pas la tête. Il sait que l’effet de surprise du premier film ne peut pas se renouveler : il ne surjoue donc pas le choc de l’apparition des dinosaures. Il sait que le spectateur a vu suffisamment de films plus ou moins inspirés de celui de Spielberg : il se débarrasse des morts évidentes dès les premières minutes sur l’île des dinos.

Dégraissé au maximum, le film se contente d’enchaîner les séquences gentiment effrayantes, avec finalement peu d’idées (à l’exception d’une utilisation maligne et séduisante de la brume dans deux séquences clés, les meilleures du film), mais une vraie efficacité. Et le générique de fin arrive à peine une heure vingt après le début du film, suffisamment tôt pour éviter tout ennui, ou toute tentation de se prendre au sérieux. Bon choix.

Le Terminal (The Terminal) – de Steven Spielberg – 2004

Posté : 5 octobre, 2018 @ 8:00 dans 2000-2009, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Le Terminal

Deux ans après le très aérien Arrête-moi si tu peux, et avant d’enchaîner avec deux films très amples et très sombres (La Guerre des Mondes et Munich), Spielberg s’offre une petite récréation pas si anodine que cela.

Ne nous racontons pas d’histoire : dans le fond et dans la forme, Le Terminal fait figure de bluette mineure dans la filmographie de Spielberg, qui n’a pas l’éclat des trois films (majeurs, ceux-là) qui l’entourent. Pourtant, cette histoire d’un voyageur de l’Est qui se retrouve coincé durant des mois dans un aéroport de New York est l’un des films les plus ouvertement politiques du cinéaste.

Comme Capra, auquel on pense forcément, Spielberg écorne l’image de l’American Dream tout en en célébrant les plus beaux côtés. Le personnage principal, joué par un Tom Hanks très à son aise dans son rôle de quasi-apatride à l’accent à couper au couteau, est victime d’une administration totalement inhumaine, symbolisée par un Stanley Tucci réjouissant en responsable de l’aéroport froid et totalement dénué d’affect. Mais s’il est là, c’est aussi pour rendre hommage à l’une des formes les plus purement américaines de la culture (le jazz, enfermé dans une boîte mystérieuse).

Comédie douce-amère, franchement drôle, mais aussi sincèrement touchante, Le Terminal est un film simple et sincère. Gentiment naïf parfois, dans la manière dont Viktor (Hanks) fait naître la bonté tout autour de lui, faisant ressortir le meilleur côté de tous ceux qui le croisent ou l’entourent, de l’hôtesse de l’air interprétée par Catherine Zeta-Jones au bagagiste joué par Diego Luna. A la manière d’un certain Monsieur Smith.

Le Labyrinthe de Pan (El laberinto del fauno) – de Guillermo Del Toro – 2006

Posté : 21 août, 2018 @ 8:00 dans 2000-2009, DEL TORO Guillermo, FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Le Labyrinthe de Pan

Film après film, Guillermo Del Toro construit ce qu’il faut bien appeler une œuvre, avec des thèmes qui reviennent régulièrement : un hommage aux « monstres » du Hollywood des années 50, l’innocence confronté aux grands remous de l’histoire récente… Après L’Echine du Diable et avant La Forme de l’eau, ses deux chefs d’oeuvre, Le Labyrinthe… vient compléter une sorte de trilogie informelle, visiblement très personnelle.

C’est la confrontation, fascinante, du Mal dans ce qu’il a de plus diabolique, mais dans un contexte historique réaliste, et de la pureté du conte de fée traditionnel. Confrontation hautement improbable, et pour le moins casse-gueule, mais dont Del Toro tire un film qui sonne comme une extraordinaire évidence, tant tout est juste. Qu’il filme les exactions sanguinaires de l’armée franquiste, ou l’apparition de fées ou de créatures surnaturelles, c’est le même naturel qui se dégage.

Del Toro, il est vrai, prend un parti-pris fort : adopter le point de vue d’une enfant, qui se réfugie dans un monde féérique pour fuir la violence du « vrai » monde. Sauf que, bien sûr, la frontière entre les deux est toute théorique. Ce regard enfantin justifie en tout cas la violence graphique parfois insoutenable, autant que toutes les folies du monde parallèle.

La force du film repose en grande partie sur la manière, superbe et déchirante, dont Del Toro filme les horreurs de l’Histoire, et le gâchis humains… La réussite du film doit aussi beaucoup à la toute jeune actrice qui joue Ofelia (Ivana Baquero), mais aussi à la belle Maribel Verdu (la marâtre de Blancanieves) dans le rôle de Mercedes. A elles deux, ces deux-là annoncent déjà la sublime héroïne de La Forme de l’eau. Quand on vous dit que Del Toro a un univers très cohérent…

Sacré pétrin (A matter of loaf and death) – de Nick Park – 2008

Posté : 11 mars, 2018 @ 8:00 dans 2000-2009, COURTS MÉTRAGES, DESSINS ANIMÉS, PARK Nick | Pas de commentaires »

Wallace et Gromit Sacré pétrin

Treize ans après A close shave, le dernier court métrage en date de Wallace et Gromit, et surtout trois ans après un long métrage qui a fait date (Le mystère du lapin-garou), Nick Park offrait à son duo vedette un quatrième court (le dernier à ce jour, en tout cas pour le cinéma). Le plaisir de les retrouver est certes intact, mais ce Sacré pétrin n’amène pas grand-chose à la gloire du studio Aardman.

Il y a quelques très beaux moments dans ce film, dont le titre original est un clin d’œil au cinéma de Michael Powell (A matter of life and death) : la scène du vélo lancé à toute allure, celle du lustre, et surtout l’affrontement final dans le grenier d’une maison transformée en moulin qui évoque furieusement celui de Frankenstein. Le cinéma d’épouvante classique reste une influence majeure de la saga.

Mais cette fois, il y a un arrière-goût de déjà-vu. Et si le film ne manque pas de rythme, il manque en revanche de surprise. Et de francs éclats de rire : on regarde ça avec un certain plaisir, mais avec le sentiment aussi qu’on aurait préféré revoir les précédentes aventures du duo.

* Le film est ressorti en salles fin 2017 dans une séance double-programme avec Rasé de près, sous le titre Wallace et Gromit : cœurs à modeler.

Sin City (id.) – de Robert Rodriguez et Frank Miller (et Quentin Tarantino) – 2005

Posté : 10 février, 2018 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 2000-2009, MILLER Frank, RODRIGUEZ Robert, TARANTINO Quentin | Pas de commentaires »

Sin City

Rodriguez est un cinéaste souvent plus audacieux que totalement convaincant. Mais avec cette adaptation des romans graphiques de Frank Miller, il signe à la fois son film le plus radical, et sans doute sa plus grande réussite. Radical, visuellement très novateur, déroutant par moments, excessif, très premier degré… Sin City dégage derrière sa rage et sa violence extrême une étonnante quiétude, grâce à ces voix off omniprésentes qui apportent un recul bienvenue.

Ces voix off, ce sont aussi des clins d’œil aux films noirs des années 40 et aux grands polars hard-boiled, qui nourrissent l’œuvre de Frank Miller. Ces ombres planent aussi sur le film de Rodriguez, qui réussit une sorte de pari improbable : non pas adapter l’oeuvre de Miller, mais la porter à l’écran, telle qu’elle existe sur le papier.

Dès la première image, on sent que le pari est gagné. La noirceur du ton, l’air désabusé de personnages qui n’attendent plus rien de positif, et cet esthétisme encore une fois radicale qui transforme les acteurs en anti-héros tout droit sortis des comics, tout en lignes et en masses noires parfois tâchées de rouge… Tout cela donne en quelques secondes un ton fascinant qui emporte la mise.

La construction en épisodes qui se succèdent et finissent par former un tout, à la manière de Pulp Fiction (Tarantino, d’ailleurs, a participé à la conception du film), aurait pu nuire au rythme. Mais non, en suivant tour à tour trois gros bras marqués par la violence (Bruce Willis, Mickey Rourke, Clive Owen), le film joue sur le sentiment d’inéluctabilité de la violence et de la mort, comme un éternel recommencement.

C’est une virée étonnante et fascinante que propose Rodriguez, sans la moindre baisse de régime, et avec un casting impressionnant (Jessica Alba, Powers Boothe, Elijah Wood, Brittany Murphy, Rutger Hauer, Benicio del Toro, Rosario Dawson…). Un trip de cinéma qui ne ressemble à aucun autre.

OSS 117 : Rio ne répond plus – de Michel Hazanavicus – 2009

Posté : 23 janvier, 2018 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, HAZANAVICUS Michel | Pas de commentaires »

OSS 117 Rio ne répond plus

Plus fort, plus con, plus drôle… Ce second OSS 117 reprend strictement les mêmes recettes que le premier : stéréotype du Français bien beauf des années 50 triomphales et coloniales, Hubert Bonisseur de la Bath est un super-espion dont la suffisance est la principale arme. Dans le rôle, Jean Dujardin est absolument génial, grand acteur de comédie qui joue mieux que quiconque les abrutis.

« Seriez-vous d’accord pour travailler avec le Mossad ?
- Le… ? »

Cette méconnaissance absolue des mouvements du monde combinée au sérieux apparent du personnage trouvent en Dujardin l’interprète idéal. Difficile d’ailleurs d’imaginer un autre que lui donner corps à la comédie entre pastiche et parodie qu’imagine Hazanavicus, dont le rythme et les dialogues reposent entièrement sur son acteur-vedette, lancé cette fois sur la piste de criminels nazis réfugiés en Amérique du Sud.

« Est-ce qu’il y aurait une liste des nazis installés au Brésil ?… Une amicale, peut-être ? »

Les acteurs sont tous excellents, parfaitement dirigés par Hazanavicus, excellent directeur d’acteurs (ce n’est pas un hasard si ses interprètes de The Artist ont été multi-récompensés). Mais Dujardin est bien la pierre centrale de son film : tous les autres personnages ne fonctionnent qu’en réaction avec son espion, comme dans cette hilarante séquence où Hubert s’apprête à tirer à l’arc sur une voiture qui s’échappe, devant le regard plein d’espoir de Dolorès (Louise Monot), dont les regards agacés tout au long du film ne font que mettre en valeur Dujardin.

« Une dictature, c’est quand les gens sont communistes, déjà. Ils ont froid, avec des chapeaux gris et des chaussures à fermeture éclair. C’est ça une dictature, Dolorès.
- D’accord, et comment vous appelez un pays qui a comme président un militaire avec les pleins pouvoirs, une police secrète, une seule chaîne de télévision, et dont toute l’information est contrôlée par l’Etat ?
- J’appelle ça la France, mademoiselle ! »

Inculte, mufle, ce beauf interprété par Jean Dujardin est aussi, et surtout, un spectaculaire macho incapable de comprendre que le monde change sans lui, et qu’il fait figure de dinosaure. L’acteur est génial dans ce rôle de macho sublime. Son visage extraordinairement expressif, héritier de la vieille tradition de la comédie américaine, est un instrument idéal pour mettre en valeur les dialogues souvent à mourir de rire.

« Je ne suis pas votre secrétaire.
- Vous êtes la secrétaire de qui ?
- De personne. Je dois travailler avec vous d’égale à égal.
- On en reparlera quand il faudra porter quelque chose de lourd. »

Très inspiré du burlesque et du slapstick, ce OSS 117 permet aussi à Hazanavicus, grand amoureux du cinéma de genre américain, de rendre hommage à Hitchcock, en citant Sueurs froides et en signant une superbe parodie de 5e colonne, où le Corcovado remplace la statue de la Liberté.

« Je ne suis par Heinrich, je suis Friedrich.
– Ça alors Heinrich… Un postiche ! »

Black Book (Zwartboek) – de Paul Verhoeven – 2006

Posté : 19 juin, 2017 @ 8:00 dans 2000-2009, VERHOEVEN Paul | Pas de commentaires »

Black Book

L’échec de Hollow Man a confirmé le désamour entre Paul Verhoeven et Hollywood. Plus de vingt ans après Le Quatrième Homme, le cinéaste revient donc au Pays Bas, avec un sujet où on ne l’attendait pas forcément : un film de guerre presque à l’ancienne, ample et ambitieux, évoquant le destin d’une jeune femme juive sous l’occupation allemande.

Verhoeven signe une grande fresque historique et intime à la fois, où les soubresauts de l’Histoire et son extrême violence sont racontés du strict point de vue de l’héroïne, Rachel : une femme forte comme les aime le réalisateur certes, mais que le destin a rendu forte. Il faut dire que rien n’est épargnée à la pauvre Rachel (Carice Van Houten, formidable) : seul survivante d’un massacre dans lequel périt toute sa famille, contrainte d’approcher l’ennemi en offrant son corps, amoureuse d’un officier nazi…

Impossible de raconter tous les rebondissements de cette histoire haletante sans en gâcher le plaisir. Mais Verhoeven y fait preuve d’une extrême générosité de raconteur d’histoire. C’est passionnant et mené à 100 à l’heure, et les moyens considérables dont bénéficie le cinéaste pour son retour au pays sont clairement à l’écran. Mais si le film est si fort, si beau, c’est aussi parce que Verhoeven refuse de tomber dans le manichéisme souvent inhérent au genre. Il y a des héros (encore que, le terme reste peut-être à définir), et il y a des salauds. Mais il y a surtout des victimes de l’histoire, des personnages troubles, des sacrifices cruels, des destins brisés…

En quittant Hollywood, Verhoeven semble avoir abandonné l’ironie cynique qui marquait ses blockbusters américains. On ne s’en plaindra pas. Splendide à tous points de vue, émouvant, violent et d’une puissance rare, Black Book est tout simplement le meilleur film de guerre depuis des siècles (à peu près). A l’exception d’un moyen métrage (Tricked), il faudra pourtant attendre dix ans avant que Verhoeven retrouve les chemins des plateaux : ce sera en France, avec Elle.

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