Mayday (Plane) – de Jean-François Richet – 2023
Il y a des gens comme ça qui ont la poisse. Comme les quatorze passagers de ce vol commercial qui devrait être sans problème, en cette soirée de Nouvel An, si un orage particulièrement violent n’obligeait le pilote à faire un atterrissage d’urgence sur une île. Ce serait déjà passablement contrariant, mais il se trouve que cette île est une zone de non-droit tenue par des milices terroristes… Oui, pas de bol.
Voilà une série B aussi chiche en moyens que généreuse en tension et en action. Et, surprise, c’est un cinéaste français que l’on a connu plus ambitieux chez nous qui est derrière la caméra : Jean-François Richet, qui continue donc un parcours assez atypique, entre grosses productions françaises (Mesrine, L’Empereur de Paris) et films de genre américains (Assaut sur le Central 13, Blood Father).
On est surpris, d’abord, de voir de sa part un film si dénué de gros effets, si modeste en quelque sorte. Parce que la première partie est un quasi-huis clos, qui ne sort à peu près jamais de l’avion, voire même du cockpit. Richet choisit le point de vue presque exclusif du pilote joué par Gerard Butler, et c’est la meilleure idée de ce début de film. Des catastrophes aériennes, on en a vu des tonnes au cinéma, mais le plus souvent du point de vue passif des passagers. Ce changement de paradigme est assez fascinant.
Il crée en tout cas une tension qui ne retombe jamais. Il faut dire que Richet construit son film au cordeau, évacuant tout le gras tout en faisant exister (a minima, mais tout de même) ses personnages. Surtout, ses scènes d’action qui s’enchaînent bientôt sont sèches, brutales, et d’une redoutable efficacité. Et puis Mayday ne pête jamais plus haut que son cul : Richet assume avec gourmandise le statut de série B de son film, et assure haut la main le plaisir.