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Archive pour la catégorie '2020-2029'

Beckett (id.) – de Ferdinando Cito Filomarino – 2021

Posté : 23 novembre, 2021 @ 8:00 dans * Polars européens, * Polars sud-américains, * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, CITO FILOMARINO Ferdinando | Pas de commentaires »

Beckett

Un couple d’Américains en voyage en Grèce. Un accident. Et tout déraille. L’homme, qui surmonte difficilement de gros problèmes de communication, se retrouve pris pour cible pour une raison qu’il ignore, dans un pays qu’il ne connaît pas, coupé du monde.

John David Washington est de toutes les scènes, presque de chaque plan. La grande force du film, c’est d’adopter son strict point de vue. Oh, rien de bien neuf là-dedans. Roman Polanski avait à peu près le même parti-pris pour Frantic, autre thriller dont le héros est un homme ordinaire pris dans une machination qui le dépasse, seul dans un pays dont il ne parle pas la langue. Pas grand-chose de neuf, donc, mais une efficacité indéniable, une grande intensité, et un vrai point de vue.

Sur la Grèce en l’occurrence, pays finalement rarement filmé dans le cinéma de genre, et ici totalement dépouillé de ses images toutes faites. Ce n’est pas la Grèce touristique que l’on découvre ici, encore que la première moitié se déroule dans une région de montagnes d’une grande beauté. C’est, plutôt, la Grèce de la crise financière, au bord de la rupture, où tout semble à l’abandon, poussiéreux. C’est surtout frappant dans la seconde moitié du film, à Athènes, ville pleine de vie, et d’une pauvreté omniprésente.

C’est le second film de Fernando Cito Filomarino, réalisateur italien qui renoue ici avec le thriller paranoïaque style Les Trois Jours du Condor. Avec une vraie efficacité, une réussite visuelle exempte de toute afféterie. On peut juste regretter la surenchère de rebondissements et de scènes d’action, comme si le cinéaste ne faisait pas suffisamment confiance à la seule force de son mystère. Alors c’est parfois un peu trop, mais les coups et blessures que se prend le pauvre John David Washington finissent par créer une étrange fascination, comme un violent trip qui chercherait à garder l’émotion à distance. Pour mieux la laisser éclater.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire – de Nicolas Bedos – 2021

Posté : 31 octobre, 2021 @ 8:00 dans * Espionnage, 2020-2029, BEDOS Nicolas | Pas de commentaires »

OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire

On le sent plein d’enthousiasme, Nicolas Bedos, à l’idée de redonner vie au personnage inventé par Michel Hazanavicus et Jean-François Halin. Et oui, je sais : OSS 117 a été imaginé par Jean Bruce il y a plus de soixante-dix ans. Mais sous les traits de Jean Dujardin, c’est quand même une vraie invention, et parmi les meilleures que la comédie française a engendré ces dernières années. Plein d’enthousiasme, et d’envie de poursuivre la saga sans tomber dans la redite.

Il y a du rythme, du décalage, cette volonté inchangée de retrouver les codes esthétiques de l’époque mise en image : la fin du septennat Giscard en l’occurrence, après la France de René Coty et celle du Général. C’est que le temps a passé depuis les missions au Caire et à Rio. Pour les fans de la série, en attente depuis douze ans. Et pour le personnage aussi, désormais dépassé par ce monde qu’il pensait immuable, et par une nouvelle génération plus en phase, plus séduisante, plus moderne, plus efficace aussi, y compris dans la méthode de drague et dans la pratique sexuelle. Eh oui, même ce bon vieux De la Bath peut avoir des pannes…

Bonne idée de confronter un OSS 117 si vieille France à la relève ? Sur le papier pourquoi pas. Mais cette idée, si elle offre une poignée de bons moments (la première rencontre entre Dujardin et Pierre Niney notamment), est aussi la plus grande limite du film. Parce que la réussite des deux premiers films reposait avant tout sur la superbe arrogance et l’immuable sentiment de supériorité d’OSS 117, figure de la France éternellement coloniale. Et la superbe en prend un sacré coup…

Les femmes ne se retournent plus sur lui, il se fait distancer au premier sprint et crache ses poumons… Et il prend cette nouvelle réalité en plein dans la tronche. Jean Dujardin n’affiche plus qu’à de rares occasions ce sourire carnassier irrésistible qui faisait tout le poids des premiers films, contrepoint magique aux horreurs qu’il débitait avec une franchise désarmante. Cette fois, il se rend compte de tout : de ses dérapages, du fait qu’il est largué, vieillissant.

C’est un parti-pris finalement assez audacieux qu’ose Bedos. Et même s’il fait bien attention de remplir le cahier des charges (avec le co-scénariste Halin, toujours au poste), et d’accumuler les clins d’œil aux deux films d’Hazanavicus (« comment vous parlez de votre mari » après « comment tu parles à ton père »!), la légèreté, si cynique était-elle, laisse la place à un sentiment de malaise : celui de Dujardin/117, parfaitement ressenti par le spectateur.

Bien sûr, il est bon d’être surpris, de recevoir autre chose que ce qu’on attend (et je ne me suis toujours pas remis de la saison 3 de Twin Peaks!). Encore faut-il que cet autre chose en vaille le coup. Pas convaincu, pour le coup. Ces retrouvailles avec le personnage comique le plus enthousiasmant depuis… pfff… longtemps, laissent un goût amer, d’un rendez-vous manqué.

Kaamelott : premier volet – d’Alexandre Astier – 2021

Posté : 29 octobre, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, ASTIER Alexandre | Pas de commentaires »

Kaamelott premier volet

Alexandre Astier a un univers qui lui est propre. Un style, même, qui repose essentiellement sur les dialogues et la manière de les dire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il y a des acteurs qui font naturellement partie de sa famille, au-delà de sa vraie famille de sang, très présente devant sa caméra. Alain Chabat et le professeur Rollin en sont bien sûr, à qui on doit quelques-uns des meilleurs moments du film. Pour d’autres, comme Sting, Antoine de Caunes ou Guillaume Gallienne, c’est nettement moins évident. Et là apparaît la principale limite.

Aussi méritants soient-ils, l’intention ne suffit pas pour s’approprier les mots d’Astier, grand démiurge dont on imagine qu’il écrit tous les dialogues comme s’ils étaient fait pour lui-même. Quand il trouve de vrais alter-egos, c’est souvent franchement réjouissant, vif et drôle. Dans le cas contraire, l’écriture semble avoir quelque chose d’une mécanique trop bien huilée, qui ne surprend plus vraiment. C’est la limite du film, qui en amène une autre plus large : Alexandre Astier s’est offert un gros casting et de gros moyens pour le premier long métrage dérivé de sa série. Mais c’est quand il renoue avec les fondamentaux que son film est le plus réussi.

La fatigue d’Arthur (Astier lui-même), la tendresse vacharde de ses relations avec Guenièvre, et surtout l’hilarante idiotie de Karadoc et Perceval… Astier retrouve et prolonge les meilleurs aspects de Kaamelott la série, et c’est ce qui donne les moments les plus forts et les plus drôles de Kaamelott le film. Astier affirmait depuis des années que son film serait très différent de la série, et qu’il ne se plierait pas aux attentes des fans. Certes il y a une ambition plus grande, une narration plus maîtrisée, une autre dimension. Mais si on prend, finalement, tant de plaisir à voir Kaamelott, c’est parce qu’il réussit à tenir sur près de deux heures l’esprit décalé que la série offrait en quelques minutes.

La Méthode Kominsky (The Kiminsky Method), saison 3 – créée par Chuck Lorre – 2021

Posté : 9 octobre, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, LORRE Chuck, McCARTY-MILLER Beth, TÉLÉVISION, TENNANT Andy | Pas de commentaires »

La méthode Kominsky saison 3

Alan Arkin ayant décidé de ne pas rempiler pour la troisième et dernière saison, le show prend une nouvelle dimension, et gagne un nouveau souffle, avec le même beau mélange d’humour, d’émotion et d’ironie cruelle. Sandy, le vieux prof de comédie joué par Michael Douglas, pleure désormais son vieil ami vachard Norman. Et renoue des liens avec sa première ex-femme, la mère de sa fille, disparue de sa vie depuis longtemps.

Et c’est la meilleure idée de cette troisième saison, parce que l’ex femme est jouée par Kathleen Turner, vieille complice de Michael Douglas dans trois films des années 80/90, et que la complicité qui unit ces deux là, marqués par les ans, est intacte. L’apparition fugitive et à distance de l’actrice dans la saison 2 avait déjà marqué les esprits. Elle occupe cette fois une place centrale, comparable à celle qu’occupait Norman/Alan Arkin jusque là. Et c’est franchement enthousiasmant.

Physiquement, Kathleen Turner est très marquée, loin du sex symbol qu’elle représentait à l’époque de sa gloire. Mais elle a toujours ce regard brillant, cette ironie mordante, cette liberté si manifeste. Et Michael Douglas reste son antagoniste le plus complice, victime réjouie de ses saillies sans filtre. Entre Sandy et Norman, derrière la cruauté des mots, on ressentait la plus sincère et la plus vibrante des amitiés. C’est aussi fort et aussi beau entre les deux anciens époux, qui se sont détestés si longtemps avant de se retrouver si tardivement.

Le show reste aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, sur le poids des occasions non pas ratées, mais tardives. Toute cette ultime saison tourne autour de ce thème, y compris l’apparition de Barry Levinson, le réalisateur, dans son propre rôle (comme Morgan Freeman, pour un clin d’œil rigolard), qui nous conduit à un final à l’optimisme teinté d’amertume, d’une beauté renversante. Superbe final pour cette série drôle et attachante, belle manière pour Michael Douglas, décidément parfait, de faire ses adieux au personnage.

Tom et Jerry (Tom and Jerry) – de Tim Story – 2021

Posté : 1 octobre, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, DESSINS ANIMÉS, FANTASTIQUE/SF, STORY Tim | Pas de commentaires »

Tom et Jerry

C’est Tom et Jerry, mais ça pourrait être Titi et Gros Minet ou n’importe quel autre duo antagoniste. De toute façon, les bons sentiments ont tellement envahi les grosses productions familiales hollywoodiennes qu’on a systématiquement le sentiment de voir des films interchangeables, dont toute aspérité serait gommée.

La méchanceté dont peuvent faire preuve les personnages originaux ? Un leurre, qui disparaît bien vite dans un scénario qui fait de l’entente des anciens ennemis un postulat bien pratique. La folie des situations ? Un vague souvenir remontant aux premiers dessins animés du duo, dont on a bien du mal à retrouver la trace ici.

Le film se laisse regarder sans ennui, avec une utilisation plutôt rigolote de ce grand hôtel de luxe dans lequel notre binôme se retrouve embauché (si, si). Il y a un rythme, confortable mais indéniable. Quelques idées marrantes, une tentation visiblement étouffée de la démesure, et beaucoup de bons sentiments.

Quant au mélange de prises de vue réelles (les personnages humains et tous les décors) et de dessins animés (tous les animaux), il n’apporte aucun sentiment de surprise, et paraît bien lisse, bien sage, par rapport à la folie, bien réelle et tangible, d’un Roger Rabbit qui, malgré l’évolution des techniques, semble plus que jamais indépassable, plus de trente ans après.

Le Blues de Ma Rainey (Ma Rainey’s Black Bottom) – de George C. Wolfe – 2020

Posté : 2 septembre, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, WOLFE George C. | Pas de commentaires »

Le Blues de Ma Rainey

Ma Rainey fut une authentique pionnière du blues au début du XXe siècle. Le dramaturge August Wilson en a fait la figure centrale d’une pièce, portée à l’écran pour Netflix avec Viola Davis dans le rôle de la chanteuse, et Chadwick Boseman (le héros de Black Panther mort peu après) dans celui d’un jeune trompettiste avide de se sortir de sa condition de « jeune musicien noir accompagnant une chanteuse noire pour de la musique noire pour les noirs ».

La musique, omniprésente, est pleine de vie. Les répétitions, comme les sessions d’enregistrement, sont pleines de vie. Mais les visages, souvent filmés en très gros plan, disent autre chose : l’envie viscérale de s’extirper de cette condition de noir, mais aussi la résignation, ou la rage, c’est selon. Un symbole, un peu facile mais fort : cette lourde porte fermée à clé que Levee, le personnage joué par Chadwick Boseman, ne cesse de vouloir franchir, longtemps en vain, et qui s’ouvre finalement sur une minuscule cour intérieur entourée de hauts murs.

Oui, c’est un peu facile, mais la mise en scène joue habilement avec la sensation d’enfermement et la moiteur ambiante. Le film est adapté d’une pièce de théâtre, et le scénario adopte largement le principe de l’unité de lieu : la caméra reste la plupart du temps, et longuement, entre quatre murs. Mais il y a dans la mise en scène de George C. Wolfe (lui-même dramaturge et homme de théâtre avant d’être cinéaste) une intensité, une urgence même, dans la manière de confronter les personnages, qui semblent souvent au bord de la rupture. Le réalisateur peine quand même à capter la fièvre de cette musique envoûtante : les images paraissent un peu sages et lisses sur la voix graves et profondes de Viola Davis/ Ma Rainey.

L’intrigue est réduite au minimum : une session d’enregistrement, une Ma Rainey capricieuse et comme engoncée dans un physique trop généreux, des musiciens d’accompagnement conscients d’être des faire-valoirs, et un jeune qui, lui, n’a pas cédé, s’imagine un destin au-delà de sa condition de noir venu du Sud : on est en 1927, à New York, une terre qu’il imagine pleine de promesses, où un jeune noir plein de talent peut se faire un nom avec ses propres chansons. La chute sera rude.

La Mission (News of the World) – de Paul Greengrass – 2020

Posté : 22 mars, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, GREENGRASS Paul, WESTERNS | Pas de commentaires »

La Mission

Encore une victime du Covid… Saloperie, qui nous prive de tant de films en salles. Celui-ci, western qui sait prendre son temps et nous immerger dans un univers plein de beautés et de dangers, aurait certainement eu de la gueule sur grand écran. Quelques scènes, surtout, auraient sans doute eu une autre dimension : la belle séquence de la tempête de sable, et cette apparition quasi-fantômatique des Indiens Kiowas…

Même à la maison, News of the World est, quand même, un western qui a une dimension rare. Il faut dire que Paul Greengrass, cinéaste d’habitude très surestimé pour son abus tape-à-l’œil des caméras portées et mouvantes, met pour une fois la pédale douce à ses tics censés nous plonger dans l’action la plus réaliste qui soit. Et en calmant les mouvements saccadés de sa caméra, il approche ici une vérité inédite chez lui.

La caméra est toujours à l’épaule, les plans ne sont jamais totalement fixes, mais quand même… On sent Greengrass tenté par un classicisme fordien sans doute inspiré par ses paysages, et par le rythme lent de ce Sud américain de 1870, où l’action est rare et fulgurante. Pas tout à fait le monde des pionniers, pas non plus le monde moderne… une sorte d’entre-deux où la nature garde toute sa place, où les personnages vivent au gré des couchers de soleil, des intempéries et des accidents de voyage.

Tom Hanks retrouve son réalisateur de Capitaine Phillips. Il est ici un vétéran de la guerre de Sécession, du camp des vaincus, veuf, seul, qui vit désormais d’une ville à l’autre, où il lit aux habitants les nouvelles du monde, jusqu’à ce qu’il trouve une fillette d’une dizaine d’années, blanche arrachée aux Indiens qui l’avait enlevée lorsqu’elle était toute petite. Elle aussi dans une sorte d’entre-deux, ni blanche, ni Indienne…

Il est extraordinaire, Tom Hanks. Simple et intense, naturel et habité. Ce rôle ne lui vaudra sans doute pas un Oscar : trop retenu, trop pudique, pas assez spectaculaire. Mais cette simplicité même, et la justesse de la moindre de ses intentions, sont formidables. Immense acteur, quand même, qui semble se bonifier film après film.

News of the World est à son image, pudique et sensible. L’émotion reste ainsi discrète, d’abord comme étouffée par la grandeur des paysages, puis affleurant dans les regards de cet homme et de cette fillette dont les univers ont volé en éclat. Encore un effort, et Paul Greengrass pourrait bien devenir un vrai cinéaste classique. Son cinéma y gagnerait à coup sûr.

Mank (id.) – de David Fincher – 2020

Posté : 11 janvier, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, FINCHER David | Pas de commentaires »

Mank

Six ans après son précédent film (Gone Girl), Fincher signe une pure merveille, dont on sort avec tout à la fois le sourire, l’œil humide, et un amour démultiplié pour le cinéma et pour ceux qui le font. C’est un véritable miracle que réussit Fincher, avec ce film évoquant la genèse de Citizen Kane sous la plume du scénariste Herman Mankiewicz.

Dans le Hollywood des années 1930 que l’on découvre, à peu près tout le monde est cynique, manipulateur ou acide. La palme à Louis B. Mayer, puissant patron de la MGM et véritable ordure capable de pleurer devant ses employés pour leur faire accepter qu’ils baissent leurs salaires dans cette Amérique de la Dépression, en grand comédien cynique. Thalberg est plus honnête, mais pas plus intègre. Et Joseph L. Mankiewicz, le petit frère pas encore grand cinéaste, est un ambitieux qui sait où est intérêt. Orson Welles lui-même est un égocentrique guère séduisant…

Pourtant, Fincher filme ce Hollywood des débuts du parlant comme un paradis perdu, où le cinéma est la religion de tout le monde. Ils ont beau être odieux ou minables, tous sont habités par la création cinématographique. Hollywood était cruel ? Oui, mais on y faisait du cinéma, avec passion et dévotion.

Et le fait que Fincher tourne ce film pour Netflix, sans passer par la salle, dit tellement de l’état actuel du cinéma. On en pleurerait, si Fincher ne nous démontrait pas avec un tel éclat que le cinéma, le vrai avait encore sa place, ici ou là. Mank est plus qu’un cri d’amour au cinéma, c’est un grand film purement cinématographique, qui semble tourné pour d’immenses écrans de salles obscures.

Les grands espaces du désert du Mojave qui entourent la maison où Mank, alité après un accident, doit écrire le scénario de Citizen Kane… La vie trépidante des studios de la MGM… Les soirées exubérantes dans le domaine de William Randolph Hearst… Il y a dans Mank l’ampleur et la richesse formelle des grands films hollywoodiens.

Il y a aussi beaucoup de références à ce Hollywood-là en général (jusqu’aux marques de changement de bobines, disparues avec le numérique, et dont on réalise avec un pincement ce qu’elles représentaient : la place de l’homme dans le cinéma, de l’écriture à la projection), et à Citizen Kane en particulier bien sûr : la main qui lâche la bouteille, le motif de la luge de Kane sur le fauteuil de Mank… et l’image fugitive de cette « femme en blanc croisée sur un bateau »

Pour apprécier le film à sa juste valeur, sans doute faut-il avoir vu Citizen Kane, connaître Marion Davies, Louis B. Mayer ou Irving Thalberg. Mais Fincher signe un vrai, un grand film de fiction, prenant quelques libertés (le personnage de Shelly Metcalf, réalisateur qui vend son âme et ne s’en remet pas, n’existe pas dans la vraie vie) pour réhabiliter les vrais auteurs, ceux qui font des films sans compromission avec le cœur, les tripes, et en dépit de tout.

Inutile de préciser que Gary Oldman est immense dans ce rôle, à sa démesure mais tout en finesse. Grande prestation pour un grand film. Fincher, avec ce film écrit par son père il y a près de trente ans et tourné en noir et blanc, semble avoir encore franchi un cap. A la fois cinéaste classique, grand inventeur de forme (une scène d’ivresse extraordinaire au cœur du film), et amoureux du cinéma. Il est grand, son film est grand, et il fait un bien fou.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary – de Rémi Chayé – 2020

Posté : 26 novembre, 2020 @ 8:00 dans 2020-2029, CHAYE Rémi, DESSINS ANIMÉS, WESTERNS | Pas de commentaires »

Calamity

Ce qui frappe en premier, c’est l’extrême simplicité des dessins. Ce qui frappe ensuite, c’est l’extrême richesse que cache cette apparente simplicité. Dans le fond et sur la forme, Calamity est une merveille, un western animé féministe… Rien que ça. Et un film où la poésie, l’humain, l’action et l’engagement vont de pair.

Allez, disons-le. Avec son approche esthétique aux antipodes des grosses productions américaines, avec son authentique approche féministe et la générosité de son récit, Calamity est tout simplement l’un des meilleurs films d’animation de ces dernières années. En tout cas parmi les quelques-uns que votre serviteur a vus. Un film euphorisant et bouleversant, qui semble aussi pertinent dans sa peinture de l’Ouest sauvage que dans ce qu’il dit de la place des femmes dans la société.

Ce n’est pas un biopic. Le « une » du titre souligne que l’ambition se dirige plutôt vers le symbole que vers la vérité historique. Le film ne s’intéresse d’ailleurs qu’à un court épisode de cette enfance : quelques semaines durant le long voyage vers l’Ouest que fait la famille de la future Calamity Jane au sein d’une caravane à travers les vastes étendues pleines de dangers.

Jeune adolescente, Martha Jane Cannary y choque tout le monde par son refus de rester cloîtrer dans le rôle qu’on réserve aux femmes. Elle aussi veut vivre pleinement, goûter à cette liberté habituellement interdite aux femmes. Monter à cheval, conduire un chariot, porter des pantalons, avoir des cheveux courts… Martha aspire non pas à « être un homme », mais à vivre sa vie telle qu’elle l’entend.

La beauté du film tient surtout à sa manière d’être intelligent en s’inscrivant dans une logique de serial, d’être contemplatif et riche en action et en rebondissement, de confronter la jeune héroïne à de nombreux antagonistes sans jamais tomber dans un manichéisme primaire. Bref, d’éviter soigneusement toutes les cas habituelles. Et en ne cherchant pas à plaire à un public spécifique, Calamity s’impose comme un film d’apprentissage universel. Beau, très beau.

La Doublure (The Stunt Double) – de Damien Chazelle – 2020

Posté : 12 octobre, 2020 @ 8:00 dans 2020-2029, CHAZELLE Damien, COMEDIES MUSICALES, COURTS MÉTRAGES | Pas de commentaires »

La Doublure

Une petite chose pas si anecdotique. Damien Chazelle signe son film sur iPhone, participant ainsi à la campagne de com d’Apple. Soit. Mais le résultat est assez enthousiasmant. Filmé sur iPhone, donc. Et surtout, destiné à l’iPhone, ou aux smartphones en général. La Doublure illustre en creux l’absurdité de regarder un film sur un écran de poche…

La taille et la dimension de l’écran ne sont pas des détails, pas plus que la posture du spectateur. Chazelle cadre et pense son film pour un petit écran vertical, et pour un spectateur pas captif. Le rythme est donc rapide, saccadé, les scènes s’enchaînent comme si on passait d’un site à l’autre, et tout est construit avec ce long cadre vertical.

C’est l’histoire d’un cascadeur, une doublure, qui réalise en sautant du toit d’un immeuble que son parachute est cassé. Durant la chute, aussi verticale que le sont les gratte-ciels, il repense au passé, à ce que furent les doublures depuis le temps du muet, jusqu’à l’ère des blockbusters…

Et c’est un joli hommage au cinéma que signe Chazelle, qui passe par tous les genres (américains), sans oublier bien sûr la comédie musicale, SON morceau de bravoure. C’est plus qu’une curiosité : un petit plaisir aussi fugace que gourmand.

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