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Archive pour la catégorie 'TÉLÉVISION'

Twin Peaks, saison 1 (Twin Peaks, season 1) – créée par David Lynch et Mark Frost – 1990

Posté : 24 août, 2017 @ 8:00 dans 1990-1999, DESCHANEL Caleb, DUNHAM Duwayne, FANTASTIQUE/SF, FROST Mark, GLATTER Lesli Linka, HUNTER Tim, LYNCH David, POLARS/NOIRS, RATHBONE Tina, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Twin Peaks saison 1

Un pilote et sept épisodes, pas un de plus : c’est ce qu’il a fallu à David Lynch et son comparse Mark Frost pour bouleverser l’univers bien ronronnant de la série télé, en ce tout début des années 90. S’y replonger plus de vingt-cinq ans après ne renvoie pas seulement à une madeleine de notre adolescence (c’est l’époque de mes premiers émois cinéphiliques, mais j’avoue être passé à côté du phénomène lors de sa première diffusion). Cela nous ramène à une étape incontournable du nouvel âge d’or de la série télévisée.

Après Twin Peaks, plus rien ne sera comme avant. La décennie qui suivra verra quelques-unes des plus grandes réussites du petit écran. Quant à David Lynch, il ouvre en quelque sorte une voie. Cinéaste majeur, au sommet de sa gloire, tout juste auréolé d’une Palme d’or (pour Sailor et Lula), il choisit de se tourner vers la télévision sans rien perdre de ses ambitions. Bien au contraire : pour lui aussi, la série marque le début d’une sorte d’âge d’or. Bien sûr, il y a déjà eu Blue Velvet. Mais avec Twin Peaks, il s’offre un terrain d’expérimentation qu’il peaufinera dans ces années 90 avec trois chefs d’œuvre : Twin Peaks Fire walk with me, Lost Highway et Mulholland Drive.

Dans cette première – courte – saison, Lynch annonce déjà un penchant prononcé pour l’étrange, surfant par moments avec le surnaturel. Il n’en reste pas moins ancré dans une forme de réel, et dans une narration presque traditionnelle. La série répond en effet aux lois du polar : une petite ville, une jeune femme assassinée, des dizaines de suspects potentiels, et un agent du FBI qui débarque et révèle les secrets des uns et des autres.

Le mystère autour de la mort de Laura Palmer n’est pas qu’un prétexte : le mystère est profond et passionnant, et reste constamment au coeur de l’intrigue. Mais il l’est aussi d’une certaine manière (un prétexte) : parce qu’au-delà de l’enquête pure, l’arrivée de l’agent Dale Cooper (formidable Kyle MacLachlan, réjouissant en grand flic de la ville bienveillant et d’un enthousiasme contagieux devant une tasse de café) est le fil conducteur qui nous fait passer d’un personnage à l’autre, d’une intrigue secondaire à une autre.

Et la constante dans ce va-et-vient perpétuel, c’est la folie que l’on sent poindre dans tous les coins. Lynch et Frost nous livrent une incroyable galerie de personnages psychotiques ou juste frappadingues. Troubles en tout cas. De cette femme à la buche au mystérieux manchot en passant par Nadine, la borgne obnubilée par ses tringles à rideaux… Difficile de trouver un habitant anodin dans cette ville aussi séduisante qu’inquiétante. Ce pourrait être too much, ça ne l’est jamais : chacun de ces personnages existe bel et bien, et contribue à la réussite de cet édifice étonnant.

Twin Peaks, c’est aussi une série d’images déjà mythiques : Kyle McLachlan parlant avec une complicité affichée à Diane, son dictaphone ; les pauses de jeune fille modèle de la garce Sherilyn Fenn ; ou, bien sûr, ce sublime générique porté par la musique envoûtante d’Angelo Badalamenti. Qui n’est pas pour rien dans le culte qui entoure cette série fondatrice.

La Nuit des assassins / L’Assassin est-il coupable ? (Warning Shot) – de Buzz Kulik – 1967

Posté : 18 juillet, 2017 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1960-1969, KULIK Buzz, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

La Nuit des Assassins

Un homme de télévision qui aime le cinéma policier : voilà comment on pourrait définir Buzz Kulik, cinéaste qui a fait ses armes dans de nombreuses séries TV (notamment La 4e Dimension), et qui réussit ici un très bon thriller comme un trait d’union entre ses différentes références, du film noir (pour l’atmosphère sombre et son personnage hard boiled) aux thrillers contemporains des sixties (pour le rythme et la musique de Jerry Goldsmith).

Entre toutes ses infiltrations, Kulik ne choisit pas. Pas plus que pour sa distribution d’ailleurs, qui donne la vedette à David Janssen (le héros de la série Le Fugitif) et à deux jeunes actrices destinées à un grand avenir sur petit écran (Joan Collins et Stephanie Powers), tout en leur faisant donner la réplique à de vieilles badernes du grand écran qui, pour la plupart, se contentent de brèves apparitions : George Sanders, Ed Begley, Walter Pidgeon, et même une survivante du muet, Lilian Gish.

Le scénario est malin : un flic tue un homme qu’il soupçonne d’être un assassin, parce qu’il l’a vu braquer une arme vers lui. Sauf que le mort est un médecin apprécié de tous, et qu’aucune arme n’est retrouvée… Le bon flic n’a que quelques jours pour prouver que l’innocent qu’il a descendu ne l’est pas tant que ça (innocent). C’est un bon point de départ, qui tient ses promesses. Plutôt que d’en faire un surhomme seul contre tous, le film fait de son héros un homme effectivement seul, mais qui accumule les erreurs, parfois avec de graves conséquences.

Visuellement, c’est parfois un peu maladroit, et ça rappelle par moments que le film a été tourné pour la télévision, avant d’avoir droit à une sortie en salles.. Dans la première séquence, le brouillard de studio ressemble furieusement… à du brouillard de studio. Et la tentative de flirter avec la mode psychédélique du moment lors de la scène de baston est pour le moins balourde. Mais le film est la plupart du temps d’une grande efficacité, brut et brutal. A l’image de Janssen : un peu falot peut-être, mais dur et direct.

House of cards, saison 3 (House of Cards, season 3) – série créée par Beau Willimon – 2014

Posté : 18 mai, 2017 @ 8:00 dans 2010-2019, COLES John David, DAHL John, FOLEY James, GATES Tucker, HOLLAND Agnieszka, TÉLÉVISION, WILLIMON Beau, WRIGHT Robin | Pas de commentaires »

House of Cards saison 3

Dans les deux premières saisons (ici et ici), le diabolique couple Macbeth… pardon, Underwood, gravissait l’un après l’autre les dernières marches qui le séparaient du sommet. Cette saison 3 commence au moment où ils y sont enfin, dans ce bureau ovale que Frank connaissait déjà comme invité. Cette fois, il y est chez lui, au moins temporairement. Car l’exercice du pouvoir doit aussi s’accompagner d’une conquête de l’opinion. Avec les manipulations dont le couple a le secret, et la réparation des erreurs d’hier.

Le show n’a rien perdu de son côté addictif. On pouvait craindre que l’arrivée au sommet des personnages mette un terme à l’imagination des scénaristes, ce n’est pas le cas. Et si cette nouvelle saison ébauche de très nombreuses pistes, aucune ne passe à la trappe, et toutes les intrigues s’entremêlent habilement, sans facilité et avec la même richesse. Que ce soit les rapports très conflictuels entre les Underwood et un président russe quasi-sosie de Poutine, la convalescence d’un Doug diminué et écarté (son retour sera aussi spectaculaire que glaçant), les premières décisions du président de Frank Underwood, ses manigances pour tenter d’obtenir l’investiture pour 2016…

Impossible de lister toutes les intrigues secondaires, mais l’une des grandes forces de la série, depuis ses premiers pas, repose sur les seconds rôles, nombreux et formidablement bien écrits. Pas un ne passe à la trappe, pas un n’est sous-exploité, et c’est ce qui explique en partie l’extraordinaire intensité de chacun des treize épisodes.

Mais ce sont les états d’âme de Claire qui marquent surtout dans cette nouvelle saison. Le personnage de Robin Wright est plus central que jamais. L’âme noire de Kevin Spacey baisse la garde à de brèves occasions, révélant une humanité malade et douloureuse inattendue. L’actrice passe d’ailleurs derrière la caméra, pour deux épisodes qui suggèrent joliment les failles de la nouvelle première dame. Jusqu’au drame final, qui donne furieusement envie de voir la saison 4.

Columbo : Le Livre témoin (Columbo : Murder by the book) – de Steven Spielberg – 1971

Posté : 19 janvier, 2017 @ 8:00 dans * Polars US (1960-1979), 1970-1979, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Columbo Le Livre témoin

On pourrait essayer de voir des signes, tenter de détecter le génie du futur réalisateur de Duel ou Jaws, se dire que, quand même, le jeune Spielberg a fait sien l’univers de Columbo. On pourrait. On aurait d’ailleurs toutes les raisons de le faire : ce premier “vrai” épisode de la série (après un téléfilm réalisé en 1967 et un pilote officiel réalisé par un autre), est mené sans la moindre baisse de régime, et réserve un suspense remarquable.

Mais il s’agit bien d’un film de commande pour Spielberg, réalisateur plein de promesses qui a encore tout à démontrer. Et son talent est entièrement au service d’une machine hyper-efficace et déjà bien rodée. Le montage, la musique, l’interprétation suave de Jack Cassidy, et bien sûr le scénario qui réserve la première demi-heure à la mécanique d’un meurtre que le célèbre inspecteur devra décortiquer par la suite… Reconnaissons que rien n’annonce l’univers de Spielberg dans ce bon épisode d’une série très datée 70s mais toujours fort sympathique.

Finalement, le fait que Spielberg, dans ses débuts, ait apporté sa pierre à cet édifice, est surtout l’occasion de renouer avec cette série culte qui a bercé l’enfance de plus d’une génération.

House of Cards, saison 2 (House of Cards, season 2) – série créée par Beau Willimon – 2014

Posté : 24 septembre, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, COLES John David, FOLEY James, FOSTER Jodie, FRANKLIN Carl, TÉLÉVISION, WILLIMON Beau, WRIGHT Robin | Pas de commentaires »

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Après une première saison hautement addictive, on attendait cette suite avec un rien d’incertitude. Frank Underwood étant arrivé à ses fins, la série pouvait-elle tenir le rythme ? La réponse est oui. Et côté rythme, on est servi. Trop sans doute, dans le premier tiers de cette saison 2, qui frôle le trop-plein à plusieurs reprises.

On savait le héros prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut, on le savait prêt à tuer même. Mais de là à arriver à cette séquence sur le quai du métro (pas de spoiler, non)… Certes, cette scène coupe le souffle et laisse le spectateur ahuri, mais quand même, n’est-ce pas un peu too much ?

Plus encore que dans la première saison, la série multiplie les petites intrigues, et laisse pas mal de cadavres sur le bord de la route, au sens propre comme au sens figuré. Et comme dans la première saison, la série tourne entièrement autour de ce machiavélique jeu de massacre orchestré par le couple Underwood, plus glaçant que jamais, lancé dans une « partie » à moitié improvisée aux rebondissements incessants.

Et comme dans la première saison, toujours, la série fascine et dérange parce que, malgré tout, ils sont AUSSI attachants, les Underwood. Horribles, dangereux, mesquins, foncièrement mauvais, mais attachants. Un petit miracle que permet la fiction, et le talent de scénaristes et de réalisateurs qui continuent un quasi sans-faute, et qui nous balance constamment d’une émotion à l’autre, entre jouissance et écœurement.

Et, toujours, ce superbe générique qui plante à lui seul l’atmosphère d’une série d’une richesse incomparable. Et cette fois, on ne se demande même plus si la saison 3 saura être aussi addictive…

Duel (id.) – de Steven Spielberg – 1971

Posté : 3 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Duel

Quand Spielberg a découvert le scénario des Dents de la Mer (Jaws), il y a vu un signe du destin : un titre en quatre lettres et une menace déshumanisée dans un environnement quotidien. Exactement comme le film qui l’a révélé. Un téléfilm en fait, tourné pour la télévision mais tellement enthousiasmant que la Universal a décidé de le sortir en salles, lançant la carrière du cinéaste le plus emblématique de sa génération.

Il faut dire qu’il y a déjà là, et plus qu’en germes, le génie narratif et la puissance visuelle de Spielberg, qui transcende le script malin mais simplissime de Richard Matheson pour en faire une oeuvre terrifiante et édifiante. Ou quand un contexte quotidien (un parcours en voiture) se transforme en cauchemar éveillé.

L’histoire, donc, tient en quelques mots : un automobiliste se retrouve aux prises avec un mystérieux camion qui le traquent et menacent de le tuer. Il y a dans ce principe (que l’on doit donc à Matheson, pas à Spielberg) une approche très hitchcockienne, héritière des Oiseaux. Ce n’est sans doute pas un hasard si quelques notes de musique rappellent subrepticement le thème de la douche de Psychose

Le film est proche de l’abstraction, tant le personnage et l’action sont ramenés à ce qu’ils ont de plus simples. Sans doute, d’ailleurs, Spielberg aurait-il gagné à éviter les rares digressions comme le coup de téléphone passé à la femme du « héros », scène inutile qui ne semble là que pour rallonger le métrage, et qui coupe un peu l’atmosphère oppressante du film.

Car le vrai héros du film, ce n’est pas le personnage (interprété par un très bon Dennis Weaver, seul à l’écran la plupart du temps), mais ce camion mystérieux et menaçant. De face, il a presque allure humaine, ce camion dont jamais on ne verra le conducteur (là aussi, une idée de Matheson).

Mais, et c’est là que le génie de Spielberg est déjà éclatant, la manière dont il est filmé souligne constamment sa puissance et son potentiel meurtrier. Jusqu’à l’hallucinante fin, qui ne libère en rien, mais renforce le caractère angoissant de cette machine qui semble douée d’une vie propre.

Avec Duel, Spielberg gagnait son droit d’entrée pour le grand écran. C’est rien de dire qu’il a tenu ses promesses…

Broadchurch (id.) – saison 2 – créée par Chris Chibnall – 2014

Posté : 31 mai, 2016 @ 8:00 dans * Polars européens, 2010-2019, BARKER Mike, CHIBNALL Chris, HOBBS Jessica, STRONG James, TÉLÉVISION, TEPLITZKY Jonathan | Pas de commentaires »

Broadchurch saison 2

La première saison était formidablement addictive. Cette deuxième mouture n’est sans doute pas tout à fait à la hauteur, mais quand même, difficile de lâcher avant la fin, tant les personnages déjà bien posés dans la première saison passionnent et émeuvent, et tant la série est basée sur un sens incroyable du rythme et du rebondissement.

La première saison se suffisait à elle seule : le meurtre d’enfant était résolu, et les parts d’ombre des personnages, qui rythmaient chaque épisode, étaient à peu près toutes mises en lumière. Cette deuxième saison part d’un double postulat. D’une part, disséquer les effets du meurtre (et de l’identité du meurtrier) sur la population, à l’occasion du procès qui s’ouvre. D’autre part, confronter le flic obsessionnel et malade Alec Hardy (David Tennant) aux fantômes de l’enquête ratée qui le mine depuis si longtemps.

Avec son ancienne co-équipière Ellie Miller (Olivia Colman), elle-même confrontée à des démons aussi violents qu’inattendus, il rouvre l’enquête… tout en affrontant les remous eux aussi inattendus du procès. Autant dire qu’avec cette double intrigue, les scénaristes ont de quoi jouer avec les nerfs des téléspectateurs, avec ce goût déjà très prononcé pour les fausses pistes et les rebondissements.

Contre toute attente, cette deuxième saison joue moins sur ces ficelles, privilégiant d’avantage encore la psychologie des personnages. D’ailleurs, l’enquête rouverte est l’aspect le moins convaincant de ces huit épisodes. On sent bien, d’emblée, que les fausses pistes ne mènent nulle part et que la première impression est, peut-être bien, la bonne… L’empreinte de la saison 1 est telle que ce sont les personnages que l’on connaît déjà qui fascinent le plus, même si les secrets ont déjà été dévoilés.

Comment se reconstruire après un tel drame ? Comment vivre dans cette communauté qui a été à ce point balayée par les doutes et la suspicion généralisée ? Ce sont ces questions d’habitude jamais abordées à l’écran (puisqu’elles apparaissent lorsque l’intrigue principale est bouclée) qui dont de cette saison 2 une nouvelle grande réussite. Plus que le procès lui-même et ses rebondissements, même si l’affrontement entre les avocates jouées par Charlotte Rampling et Marianne Jean-Baptiste est assez formidable.

Et jusqu’à un dénouement totalement inattendu, à la fois audacieux et d’une immense sensibilité. La marque de fabrique de cette série dont une troisième saison (la dernière) est annoncée.

Secret State (id) – mini-série créée par Robert Jones et réalisée par Ed Fraiman – 2012

Posté : 22 mai, 2016 @ 8:00 dans * Polars européens, 2010-2019, FRAIMAN Ed, JONES Robert, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Secret State

De Borgen à House of Cards, la série télé politique a le vent en poupe. Secret State, mini-série british en quatre épisodes, entre clairement dans cette catégorie, en associant une forme ouvertement moderne (caméra à l’épaule, couleurs saturées…) et des ficelles qui ont fait leur preuve depuis longtemps.
En vrac : des industriels véreux, une finance toute puissante, des politiciens englués dans leurs ambitions personnelles, une machination mystérieuse, des meurtres déguisés en suicide, des services secrets qui surveillent tout le monde… et un chevalier blanc, devenu premier ministre contre toute attente, après la mort suspecte de son prédécesseur.

Ce chevalier blanc, c’est Gabriel Byrne, l’une des raisons qui font de Secret State une grande réussite. Il a un charisme fou, et cette manière si particulière de sembler ne rien faire avec profondeur. Impassible, la plupart du temps, mais en donnant pourtant à son personnage une belle complexité. Pas facile, pourtant, de faire exister un personnage aussi ouvertement et unilatéralement bon.

Autour de lui, pourriture et corruption. Là non plus, rien de bien surprenant donc. Sauf que, passé un premier épisode qui ne laisse guère de doute à la surprise, c’est surtout l’intelligence de l’écriture et l’efficacité de la mise en scène qui emportent l’adhésion. Plus l’intrigue avance, plus les ramifications se font complexes. Au final, l’immense machination attendue laisse plutôt la place à un portrait acide et plein de cynisme des puissants de ce monde, sans concession.

Grande fiction politique, Secret State est aussi, et c’est tant mieux, un film (pardon, une mini-série) de personnages, dont la réussite repose en grande partie sur la qualité des secons rôles. Moins ces deux aspirants-déçus-premiers ministres, assez caricaturaux et à la limite du grotesque, que les personnages qui gardent une part de mystère. Mention à Tony Fossett (Douglas Hodge), le meilleur ami qui noie les échecs de sa vie dans l’alcool. Au garde du corps aussi (Ralph Ineson), quasi-muet mais à la présence électrisante. Et bien sûr à Charles Dance, constamment en retrait mais fascinant en conseiller personnel du premier ministre.

Même si elle repose sur des ficelles éculées, cette mini-série brillante se révèle joliment addictive.

Broadchurch (id.) – saison 1 – créée par Chris Chibnall – 2013

Posté : 12 avril, 2016 @ 8:00 dans * Polars européens, 2010-2019, CHIBNALL Chris, LYN Euros, STRONG James, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Broadchurch, saison 1

Broadchurch, sa plage, ses falaises, son joli port de pêche, son imposante église qui domine les habitations. Une petite ville anglaise au charme si typique, entre ses vieilles pierres pleines de charmes et ses quartiers résidentiels sans surprises. L’une de ces petites villes où il fait bon vivre, où tout le monde se connaît, s’appelle par son prénom et demande des nouvelles de la famille…

Mais ce matin-là, un corps est retrouvé sur la plage : celui d’un gamin de 11 ans, Danny Latimer, fils d’une famille aimée et respectée. Ce matin-là aussi, la policière Ellie Miller pensait prendre la tête de son équipe d’enquêteurs, et découvre qu’on lui a préférée un flic de la ville, rêche et peu aimable, entouré d’une réputation sulfureuse suite à la déroute d’une enquête autour de la mort d’une fillette…

En huit épisodes, serrés et bouleversants, Broadchurch réussit à être tout à la fois une passionnante enquête policière, et le portrait corrosif d’une communauté dont le vernis ne va cesser de craquer. Tout le monde se connaît, sauf que l’assassin est forcément des leurs. Personne ne peut être soupçonné d’un tel crime… du coup tout le monde l’est. Et cette plongée dans le soupçon et les tourments de l’âme humaine révèle ce que les hommes et les femmes ont de pire… mais aussi de plus beau.

Episode après épisode, le créateur et brillant scénariste Chris Chibnall prend un malin plaisir à déplacer les soupçons d’un personnage à un autre. Un pervers jeu du chat et de la souris qui sert aussi, et surtout, à dévoiler des secrets profondément enfouis. Les voisins dont on croyait tout savoir sont loin d’être aussi transparents. « Comment pouviez-vous ne pas savoir ? » interroge l’inspectrice Ellie Miller à une femme à propos de son lourd passé. Tout le fond de Broachurch repose sur cette question, ou plutôt sur son inverse : comment aurions-nous pu savoir ?

L’émotion est omniprésente, et on pleure, on pleure même beaucoup, à peu près de la première minute du premier épisode, à la dernière image de l’ultime épisode. Mais jamais Chibnall ne surenchérit dans l’émotion facile : les ressors scénaristique et une mise en scène toujours élégante se suffisent à eux-mêmes. Et jamais les comédiens ne surjouent cette émotion.

Et quels comédiens : jusqu’au plus petit second rôle, tous sont formidables, d’une justesse parfaite. Dans les rôles complexes et plein d’ambiguïtés des parents du petit Danny, Jodie WHittaker et Andrew Buchan sont sublimes. Quant à l’improbable duo d’enquêteur, il renouvelle joliment l’habituel tandem de flics mal assortis : Olivia Colman en mère de famille trop normale qui perd peu à peu sa naïveté ; et David Tennant (ex-Docteur Who), assez génial en flic associal et revenu de tout dont les fêlures se font de plus en plus béantes.

X-Files, aux frontières du réel (The X-Files) – saison 10 – créée par Chris Carter – 2016

Posté : 7 avril, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, CARTER Chris, FANTASTIQUE/SF, MORGAN Darin, MORGAN Glen, TÉLÉVISION, WONG James, X-Files | Pas de commentaires »

X Files saison 10

Huit ans depuis le deuxième film, treize ans depuis la fin de la série, quinze depuis le départ de Mulder des affaires non-classées…Dire que les fans de la première heure (j’ai déjà dit que j’en étais ?) étaient excités à l’idée de retrouver le couple qui a révolutionné l’univers des séries télé est un doux euphémisme. Rien que pour ça, pour cette attente fébrile du fan depuis la toute première rumeur de retour, cette dizième saison méritait d’exister.

Maintenant qu’elle est là, maintenant qu’elle a été vue, le verdict est pour le moins mitigé. Ce retour était-il mérité ? Oui, sans hésitation : retrouver Scully et Mulder, renouer avec le sous-sol du FBI, rouvrir les X-Files… Tout ça a évidemment un arrière-goût de madeleine, mais pas seulement : cette saison est plus qu’un simple prolongement.

Il y a le temps qui est passé bien sûr. Mulder le dit lui-même (dans l’épisode 3) : il est désormais un homme d’âge mur. Physiquement, il a d’ailleurs bien changé. Son visage un peu empatté, un peu engoncé même, semble fatigué. Et cette fatigue apparente, après avoir fichu un petit coup au moral du fan de toujours, donne une profondeur supplémentaire au personnage.

Scully aussi a quinze ans de plus. Toujours superbe, mais terriblement grave cette fois, ne s’autorisant que quelques parenthèses plus légères (dans l’épisode 3 toujours, la caution humoristique de cette nouvelle saison). Et pour cause : le souvenir de William, cet enfant qu’elle a eu avec Mulder (mais comment ???), est omniprésent dans la première partie de la saison. Les faux souvenirs montrant les moments que Scully et Mulder auraient pu partager avec lui semblent d’ailleurs être l’unique raison d’être de Les Enfants du Chaos (épisode 2).

Ce sont en tout cas les plus beaux moments de l’épisode : ce premier loner, prévu pour être l’épisode 4 (l’ordre de diffusion ayant été changé au dernier moment) n’est par ailleurs guère convaincant. Inutilement complexe, cet épisode ouvre également bien des portes, qui ne mènent finalement pas bien loin. Scully et Mulder ont repris du service, mais tout cela paraît étrangement désincarné, et monté à la serpe.

Cette impression apparaît dès le début de l’épisode 1 (La Vérité est ailleurs 1ère partie). Ce bon vieux générique passé, et une fois assimilé le plaisir des retrouvailles, ce montage hyper-serré saute aux yeux et surprend. Et sa conséquence surtout : un rythme qui ne prend pas, et une atmosphère qui n’a jamais le temps de s’installer.

Drôle de sensation, vraiment, qui ne laisse que des spéculations : ces épisodes ont-ils été écrits et préparés à l’arrache ? Ou cette forme de mini-saison est-elle trop étriquée pour l’imagination et l’ambition de Chris Carter ? Six épisodes ne suffisent sans doute pas pour instaurer une nouvelle mythologie comme il le fait, développer les nouveaux rapports entre Scully et Mulder (qui ne sont plus en couple, à propos), et offrir une poignée de monstres de la semaine et un épisode décalé.

On sent bien que Carter a voulu à tout prix remplir son cahier des charges, quitte à faire tenir dans le seul premier épisode toutes les infos qu’il a en tête. « Back in the days », pour reprendre une expression qui reviendra souvent dans cette courte saison, cela aurait demandé au moins un double-épisode. Inimaginable dans une saison si courte. Mais plutôt que de faire des choix, Carter tranche. A la hache. D’où un sentiment très étrange.

Les idées lancées ne sont pas mauvaises, mais l’atmosphère qui a fait la légende de la série ne prend pas vraiment. Les scènes se succèdent à toute vitesse… mais sans rythme, rendant l’intrigue difficile à suivre, et les personnages parfois incompréhensibles. Du coup on se désintéresse un peu de la nouvelle mythologie, des doutes de Mulder, pour ne plus regarder que le couple qui n’en est plus un, les ravages du temps et des remords sur leurs regards…

Et que dire de la réouverture des X-Files, espérée depuis tant d’années par les fans, et expédiée par un simple texto de Skinner (de retour lui aussi), et par une simple phrase du Smoking Man (de retour d’entre les morts) qui renvoie à une époque bénie pour la série… Un retour officialisé dans l’épisode 2 par la voix de Skinner hors champs, rajoutée au montage pour faire raccord, lorsque l’ordre de diffusion a été modifié. Tout ça sonne un peu cheap…

Finalement, il faut attendre Rencontre d’un drôle de type (épisode 3) pour retrouver le vrai, grand plaisir d’X-Files. Cet épisode « décalé » n’atteint pas les sommets de Prométhée Post Modern (saison 5) ou Le Seigneur du Magma (saison 3). Et il y a là un petit côté « passage obligé » qui manque de naturel. Mais pourquoi bouder son plaisir : Mulder retrouve sa flamme, Scully sa présence et son regard, et l’alchimie entre eux-deux est bien de retour, lors d’une séquence de motel qui rappelle les premières heures de la série…

Et Darin Morgan (scénariste et réalisateur) réussit à nous surprendre alors qu’on pense connaître toutes les ficelles de la série, avec cette variation amusante sur le thème du loup-garou, critique rigolarde de l’espèce humaine. Duchovny, qui paraissait par moments un peu momifié jusqu’alors, renoue avec son humour et une autodérision toute personnelle, s’amusant de son âge, et de son rapport avec les nouvelles technologies. La course-poursuite avec smartphone est assez hilarante.

Pour continuer sur cette belle lancée, Esprit vengeur (épisode 4) est une merveille, écrite et réalisée par Glen Morgan (le frère du précédent, également scénariste et réalisateur). C’est le meilleur « monstre de la semaine » (une créature qui apparaît mystérieusement, écartèle ceux qui profitent des sans abris, et disparaît tout aussi mystérieusement), et à vrai dire le meilleur épisode de la saison. Et de loin.

Mais c’est aussi un épisode intime et bouleversant, qui confronte Scully à un nouveau drame familial, et évoque joliment le souvenir de William, le fils de Scully et Mulder, confié à une famille d’adoption dans la saison 9, et qui hante constamment cette saison 10 d’où toute innocence semble bannie.

La relation entre Scully et Mulder se retrouve également au centre de l’épisode. Désormais, c’est le poids des souvenirs qui est le ciment de cette relation, et plus l’hypothèse de ce qui pourrait advenir.

Babylon (épisode 5), écrit et réalisé par Chris Carter, est plein de bonnes idées… mais se révèle à la limite du nauséabond, avec cette manière inexcusable de traiter le terrorisme contemporain avec un mélange de gravité (un peu) et de dérision, évacuant en deux plans le thème du racisme quotidien à peine ébauché, et résumant l’intégrisme religieux assassin à « des gosses manipulées » qu’on ne peut pas accuser de tous les maux.

Aborder un tel sujet était courageux. Carter lui-même ne l’avait d’ailleurs pas eu à la fin de la série originelle, n’évoquant jamais le 11 septembre alors que la saison 9 s’est achevée en 2002. Mais il foire totalement cette séance de rattrapage, et de la pire des façons qui soit.

Si encore l’aspect paranormal était passionnant, mais non : il se résume à Mulder avalant des champignons hallucinogènes pour communiquer avec l’un des kamikazes qui a pu être maintenu en vie… D’où lui vient cette idée ? Et pourquoi ? Et comment ? Don’t ask me… Du grand n’importe quoi.

Cela dit, il y a quelques passages bien sympathiques, à condition de les isoler du contexte : Mulder sous acide, Duchovny retrouve sa cool attitude légendaire. Mais même là, Carter profite de cette occasion pour faire revenir les Lone Gunmen, le temps de quelques plans muets et sans grand intérêt. Totalement frustrant et agaçant.

Cet avant-dernier épisode introduit un jeune couple d’agents du FBI, sorte de copie-conforme en plus jeune (et nettement moins charismatique) de Scully et Mulder, qui semble devoir prendre de l’importance dans la série : ils joueront également un rôle majeur dans le dernier épisode, tout comme Tad O’Malley, le lanceur d’alerte grâce à qui Scully et Mulder sont revenus dans l’épisode 1. Et leur présence trop… présente a un effet pervers : nous priver des face-à-face entre Scully et Mulder, qui restent le meilleur atout de la série.

Dans l’ultime épisode (La Vérité est ailleurs, 2ème partie), Carter fait brièvement revenir Monica Reyes (Annabeth Gish), pas bien servie la pauvre. On aurait aimé la voir jouer un rôle plus central… Avec Doggett, grand absent de cette saison 10. On retrouve la même ambition et les mêmes défauts que dans l’épisode 1. La mythologie avance vite, trop vite, trop fort, trop loin. Si bien que jamais cette histoire de contamination mondiale et d’ADN alien ne passionne comme passionnait la mythologie originale, si complexe soit-elle.

Cette dizième saison est, et de loin, la plus faible de toutes. Globalement une vraie déception. Et pourtant, les portes ouvertes sont assez prometteuses, au bout du compte. Scully et Mulder ont encore beaucoup à (nous faire) vivre ensemble. Et ce cliffhanger de folie ne peut pas rester sans suite : finir là-dessus serait, pour le coup, absolument impardonnable.

* Voir aussi la saison 1, la saison 2, la saison 3, la saison 4, la saison 5, le premier film, la saison 6, la saison 7, la saison 8, la saison 9, le deuxième film et la saison 11.

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