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Archive pour la catégorie 'TÉLÉVISION'

La Méthode Kominsky (The Kiminsky Method), saison 3 – créée par Chuck Lorre – 2021

Posté : 9 octobre, 2021 @ 8:00 dans 2020-2029, LORRE Chuck, McCARTY-MILLER Beth, TÉLÉVISION, TENNANT Andy | Pas de commentaires »

La méthode Kominsky saison 3

Alan Arkin ayant décidé de ne pas rempiler pour la troisième et dernière saison, le show prend une nouvelle dimension, et gagne un nouveau souffle, avec le même beau mélange d’humour, d’émotion et d’ironie cruelle. Sandy, le vieux prof de comédie joué par Michael Douglas, pleure désormais son vieil ami vachard Norman. Et renoue des liens avec sa première ex-femme, la mère de sa fille, disparue de sa vie depuis longtemps.

Et c’est la meilleure idée de cette troisième saison, parce que l’ex femme est jouée par Kathleen Turner, vieille complice de Michael Douglas dans trois films des années 80/90, et que la complicité qui unit ces deux là, marqués par les ans, est intacte. L’apparition fugitive et à distance de l’actrice dans la saison 2 avait déjà marqué les esprits. Elle occupe cette fois une place centrale, comparable à celle qu’occupait Norman/Alan Arkin jusque là. Et c’est franchement enthousiasmant.

Physiquement, Kathleen Turner est très marquée, loin du sex symbol qu’elle représentait à l’époque de sa gloire. Mais elle a toujours ce regard brillant, cette ironie mordante, cette liberté si manifeste. Et Michael Douglas reste son antagoniste le plus complice, victime réjouie de ses saillies sans filtre. Entre Sandy et Norman, derrière la cruauté des mots, on ressentait la plus sincère et la plus vibrante des amitiés. C’est aussi fort et aussi beau entre les deux anciens époux, qui se sont détestés si longtemps avant de se retrouver si tardivement.

Le show reste aussi une belle réflexion sur le temps qui passe, sur le poids des occasions non pas ratées, mais tardives. Toute cette ultime saison tourne autour de ce thème, y compris l’apparition de Barry Levinson, le réalisateur, dans son propre rôle (comme Morgan Freeman, pour un clin d’œil rigolard), qui nous conduit à un final à l’optimisme teinté d’amertume, d’une beauté renversante. Superbe final pour cette série drôle et attachante, belle manière pour Michael Douglas, décidément parfait, de faire ses adieux au personnage.

West Point : épisode White Fury (id.) – épisode réalisé par James Sheldon – 1957

Posté : 24 août, 2021 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), SHELDON James, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

West Point White Fury

On replonge dans les débuts de carrière de Clint Eastwood avec cet épisode d’une série anthologique tombée dans l’oubli (surtout en France, où elle n’a jamais été diffusée), dont les héros sont des élèves de la prestigieuse académie militaire de West Point. A chaque épisode des personnages nouveaux : seul le cadre reste le même, et encore.

Dans l’épisode qui nous intéresse ici, West Point n’apparaît qu’au tout début et à la toute fin. Deux cadets profitent d’une journée d’hiver de repos pour aller skier dans les montagnes voisines. Le père de l’un d’eux, un officier, s’écrase avec son petit avion devant leur nez, loin de tout secours. Les deux jeunes hommes réussiront à prévenir des secours en tripatouillant la radio endommagée, pour envoyer un signal en morse.

L’intrigue est simple, la réalisation est efficace… Pas de gras, pas d’ennui dans les quelque vingt-cinq minutes de cet épisode qu’on n’attendait pas si prenant. James Sheldon, réalisateur ayant fait toute sa carrière à la télévision, se montre même particulièrement inspiré à deux ou trois reprises : avec un panoramique étonnant partant des grandes étendues enneigées pour se terminer dans la chaleur d’une salle de restaurant, ou encore en faisant du climax une succession de très gros plans sur les yeux des deux cadets.

Sergio Leone n’a donc pas été le premier à remplir un écran avec le regard perçant de Clint Eastwood. Sept ans avant Pour une poignée de dollars, c’est James Sheldon qui l’a précédé, filmant le tout jeune Clint (27 ans) dans l’un des rôles principaux de ce White Fury : celui du pote du personnage principal (Jerome Courtland, ça parle à quelqu’un ?), fils du pilote joué par le charismatique Bruce Bennett.

Mais on ne voit que lui, Clint Eastwood. Parce que c’est Clint Eastwood bien sûr, et qu’on sait le destin qui attend cet acteur qui allait alors d’une panouille à l’autre. Mais pas seulement : comme souvent à cette époque formatrice, en tout cas lorsque la taille de ses rôles lui en donne l’occasion, on le sent très impliqué, s’investissant totalement dans ce rôle légèrement en retrait, aussi bien dans les scènes physiques à ski que dans les moments plus intimes de tension.

Après son joli rôle dans un épisode de la série Death Valley Days, quelques mois plus tôt, la télévision réussit décidément bien au jeune Clint Eastwood, qui trouve là des rôles sans doute plus formateurs et en tout cas plus consistants que ses quelques apparitions au cinéma…

Godless (id.) – mini-série de Scott Franck – 2017

Posté : 6 juillet, 2021 @ 8:00 dans 2010-2019, FRANK Scott, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Godless

Godless ne révolutionne pas le western, et ce n’est pas une critique. Scott Franck, créateur de la mini-série et réalisateur des sept épisodes, aime visiblement le genre, pour sa simplicité et son intensité. L’une des constantes du western, c’est la coexistence des grands espaces vierges et somptueux, et d’une violence constamment tapie, toujours prête à exploser. C’est exactement ce qui est au cœur de Godless.

Le contexte, quand même, est très original : l’essentiel de l’action se déroule à La Belle, petite ville minière au nom prémonitoire, dont tous les hommes valides ont été tués dans une explosion deux ans plus tôt. Ne restent plus qu’une poignée de vieillards, les enfants, et surtout les femmes qui découvrent qu’elles sont capables de vivre par elles-mêmes. Tout un symbole féministe, bien sûr, dont Scott Franck fait le décor plus que le sujet de Godless.

L’histoire, elle, est à la fois simple et dépouillée. Un chef de bande écume le pays avec sa horde franchement sauvage pour retrouver celui qu’il considérait comme son fils et qui l’a trahit : Roy Goode, jeune homme ballotté par le destin, écœuré par les crimes de son « père » de substitution, étonnant Jeff Daniels.

Godless laisse le sentiment d’une violence extrême, notamment parce que l’ultime épisode réserve un carnage plus terrible encore que La Horde sauvage, justement. Pourtant, elle est relativement rare, la violence. Rare et expéditive, toujours percutante, et souvent inattendue. Les coups de feu sont percutants, les impacts font mal, les têtes explosent, les membres sont arrachés… Du genre qui marque et qui fait mal.

Cette violence frappe les esprits, durablement. Mais Godless est aussi une série qui sait prendre son temps, et adopter le tempo de cet Ouest encore sauvage, qui vit au gré de la nature et des saisons. Cette nature omniprésente, parfois dangereuse, souvent belle. On y vit, on s’y délasse, on y communie, et on y crève aussi, durement et salement.

On y parle peu, et lentement, et chaque parole compte. Ni vraiment contemplatif, ni enragé, Godless est une série profondément humaine, qui ne parle en fait que de désir et de frustration. Il y a là des tas de couples qui tentent difficilement de se former, constamment troublées par l’ordre établi, même dans ces terres encore sauvages : deux femmes qui peinent à se dire qu’elles s’aiment, un jeune blanc amoureux d’une noire, une immigrée séduite par le détective qui la recherchait…

Ce pourrait faire l’effet d’un étalage, d’une espèce de liste des couples impossibles. Mais non, et c’est peut-être là que Godless est finalement le plus réussi, dans la vérité qui se dégage de ces personnages, nombreux et tous également passionnants. C’est beau, parce que Scott Franck sait capter les regards, les gestes retenus, les phrases tues. Entre Roy, l’homme traqué, et Alice, la rescapée, rien ou presque ne se passe. Mais ce rien, par l’élégant classicisme et le souffle discret de la mise en scène (et la musique, magnifique), a des allures de passion folle.

Night Gallery, l’envers du tableau (Night Gallery) – créée par Rod Serling – pilote réalisé par Boris Sagal, Steven Spielberg et Barry Shear (1969)

Posté : 29 mars, 2021 @ 8:00 dans 1960-1969, FANTASTIQUE/SF, SAGAL Boris, SERLING Rod, SHEAR Barry, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Night Gallery Eyes

Bien avant de co-réaliser l’adaptation cinéma de La Quatrième Dimension, Steven Spielberg avait déjà un lien avec son créateur Rod Serling : c’est pour lui qu’il a fait ses vrais débuts de réalisateur professionnel, en signant l’un des segments du pilote de Night Gallery, la nouvelle série anthologique de Serling. Ce dernier y confirme son goût pour l’angoisse et le surnaturel, dans de courts récits (en couleurs, cette fois) dont lui-même écrira près d’un tiers des scénarios.

Cette nouvelle série se distingue de La Quatrième Dimension en proposant des programmes plus long : chaque épisode est constitué de trois petits films, que Rod Serling introduit en se mettant en scène dans une galerie plongée dans l’obscurité, où il dévoile l’un après l’autre trois tableaux en rapport avec l’histoire à venir. Des tableaux qui, dans ce pilote au moins, joueront un rôle majeur dans les intrigues.

The cemetery – réalisé par Boris Sagal

Le premier segment est le plus faible des trois, parce qu’il donne un sentiment de déjà vu, et que les personnages sont particulièrement outrés. Roddy McDowall surtout, qui en fait des tonnes en neveu oisif et machiavélique bien décidé à faire crever son vieil oncle impotent et richissime pour rafler l’héritage. Sa méchanceté si affichée et si dénuée de nuance rappelle une quantité de méchants caricaturaux qu’on retrouvait dans les séries télé des années 70…

Face à lui, un George Macready en fin de course qui joue les vieillards cloué sur un fauteuil et privé de la parole, et Ossie Davis en serviteur pas si passif que ça. Ambiance anxiogène avec un tableau qui semble s’animer et annoncer le drame final. Pas neuf, pas désagréable, plutôt efficace malgré tout.

Eyes – réalisé par Steven Spielberg

La raison d’être de ce « pilote » sur ce blog : un petit film historique, puisqu’il marque le premier engagement professionnel d’un tout jeune Steven Spielberg, 21 ans seulement, et chargé de mettre en scène une légende d’Hollywood : Joan Crawford. Rencontre forcément importante, entre une icône de l’âge d’or et celui qui incarnera le mieux l’ère moderne d’Hollywood. Spielberg n’en est pas là, il fait ses gammes, son film est imparfait, parfois maladroit. Mais il a déjà de l’ambition.

C’est particulièrement visiblement dans toutes les scènes impliquant Joan Crawford, femme riche, aveugle et odieuse. La mise en scène de Spielberg est toute en symbole, jouant avec la lumière, le reflet, l’image, pour mieux faire ressentir la cécité du personnage, mais aussi l’ironique tragédie à venir. Travellings, plans naissant dans le reflet d’un diamant… Spielberg est débutant, mais déjà inspiré.

On sent bien le jeune homme encore rempli d’influences européennes et des théories apprises à l’école de cinéma. On sent qu’il a encore du chemin pour s’approprier pleinement ces théories et influences. Mais l’ambition est là, et Spielberg se tire avec les honneurs d’un scénario particulièrement lourd : la riche aveugle s’offre douze heures de vue en achetant les nerfs optiques d’un pauvre bougre acculé (Tom Bosley), pour une opération qu’un brave chirurgien quand même pas trop regardant accepte de réaliser (Barry Sullivan le pote trahi de Kirk Douglas dans Les Ensorcelés).

Escape Route – réalisé par Barry Shear

Tout aussi intéressant, et imparfait, le troisième et dernier segment met en scène un ancien responsable nazi réfugié en Amérique du Sud, hanté par ses victimes, moins par culpabilité que parce qu’il se sent constamment traqué. Les premières minutes sont particulièrement réussies : on le découvre dans sa chambre miteuse plongée dans une quasi-obscurité, incapable de trouver le sommeil.

Beau travail de Barry Shear, dans cette première scène. La suite sera plus aléatoire, avec quelques séquences un peu branlantes, mais globalement une belle manière de filmer la nuit, comme le lieu de tous les dangers, et de tous les fantômes. Une belle idée : confronter le criminel à deux tableaux, l’un rappelant ses crimes, l’autre évoquant un refuge qu’il cherchera à rejoindre (pour de bon). Un plaisir aussi de retrouver Sam Jaffe (Quand la ville dort) en rescapé des camps.

TV Reader’s Digest : Cochise, greatest of the Apaches id.) – épisode réalisé par Harry Horner – 1956

Posté : 10 juin, 2020 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), HORNER Harry, TÉLÉVISION, WESTERNS | Pas de commentaires »

Cochise greatest of the Apaches

TV Reader’s Digest, comme son titre le laisse penser, est une adaptation télévisée du Reader’s Digest, anthologie de courts films adaptés d’articles parus dans le célèbre magazine. Des histoires vraies donc, qui abordent chacun un fait historique important ou anecdotique, mais réel.

Dans cet épisode consacré à Cochise, les grandes lignes sont authentiques. Trahi par un officier, le chef Indien a mené une guerre contre les blancs pendant une dizaine d’années avant de trouver un accord de paix, grâce à un officier humaniste et à un aventurier chargé de transporter le courrier, et devenu son ami…

On peut quand même avoir des doutes sur la véracité des détails exposés ici. La phrase « There is no peace in war » a beau être grammaticalement correcte, et inattaquable sur le fond… comment dire… Bref, la série prend des raccourcis énormes avec une bienveillance immense et une naïveté, disons, rafraîchissante.

Mais tout ça n’a pas grande importance. Cette série anthologique ne doit sa présence sur ce blog qu’à un détail : l’apparition dans un petit rôle d’un tout jeune Clint Eastwood, alors dans ses années de panouilles. Et même s’il n’apparaît que dans le dernier tiers du métrage, il a droit à son nom au générique et à quelques répliques.

Surtout, ce Cochise, greatest of the Apaches marque la toute première incursion de Clint dans le western. Cette année-là, il aura d’autres occasions de s’illustrer dans le genre : brève apparition dans La Corde est prête, beau gosse tout en sourire dans La VRP de choc ou second rôle émouvant dans un épisode d’une autre série anthologique, Death Valley Days. Mais c’est bien ici qu’il fait ses débuts westerniens.

C’est certes anecdotique, ça ne donne pas un rythme particulier à cet épisode bavard et statique (malgré sa construction en flashs backs), mais ça suffit pour en faire un élément indispensable sur le chemin d’une intégrale Clint Eastwood.

La Méthode Kominsky (The Kominsky Method), saison 2 – créée par Chuck Lorre – 2019

Posté : 11 avril, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, LORRE Chuck, McCARTY-MILLER Beth, TÉLÉVISION, TENNANT Andy | Pas de commentaires »

La Méthode Kominsky saison 2

Faire rire avec la déchéance physique d’un homme. Pari audacieux, surtout quand cet homme est joué par un acteur qui fut une sorte de symbole de virilité. Michael Douglas, star hyper-sexuée au sommet de sa gloire, qui incarne un type confronté à des problèmes de prostate. Un homme de son âge : 75 ans, qu’il porte beau, mais en traînant la patte.

Cette deuxième saison renforce la bonne impression qu’avait laissé la première, et précise les rôles entre les deux amis que tout oppose. Douglas, donc, comédien vieillissant confronté à la décrépitude non seulement de son corps, mais aussi de sa vie telle qu’il l’a toujours construite. Et Alan Arkin, son agent, droit et cynique, qui doit apprendre à regarder vers l’avenir à 80 ans bien tapés.

La première saison était essentiellement basée sur l’alchimie entre ces deux-là. Leur relation reste centrale, et irrésistible. Mais cette nouvelle salve d’épisodes développe leurs parcours respectifs. Norman (Arkin) renoue ainsi avec un amour de jeunesse (Jane Seymour, d’une grâce infinie) et avec sa fille décidée à tourner le dos à ses démons.

Sandy (Douglas) tente, lui, de recoller les morceaux avec Lisa, sa maîtresse à qui il est incapable de livrer ses sentiments. Il réalise aussi que ses rapports avec sa fille ne sont pas si simples. Moment très drôle où il découvre qu’elle vit avec un homme presque aussi vieux que lui, lui qui a enchaîné les relations avec des jeunes femmes aussi jeunes qu’elle.

Le show trouve le bon équilibre entre comédie et gravité, par petites touches jamais larmoyantes. Un passage, aussi, bref et inattendu, crée une jolie émotion : l’apparition de Kathleen Kennedy, qui forma un couple de cinéma marquant avec Michael Douglas dans trois films (de A la poursuite du diamant vert à La Guerre des Rose), et que l’on retrouve trente ans après, sa beauté envolée. Cette apparition, plus que le clin d’œil de Danny De Vito dans la première saison, renforce le parallèle entre Douglas et son personnage. Une belle idée.

Mindhunter (id.) – saison 2 – créée par Joe Penhall et David Fincher – 2019

Posté : 19 mars, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, DOMINIK Andrew, FINCHER David, FRANKLIN Carl, PENHALL Joe, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Mindhunter saison 2

Après l’excellente première saison, on se demandait quand même un peu si le show de David Fincher allait réussir à garder la même intensité, avec ce parti-pris si radical. La réponse est oui, grâce à une logique dont Fincher ne se départit jamais : il n’est pas homme à se reposer sur ses lauriers, ses différentes contributions au « film de serial killer » le prouvent. Cette deuxième saison, tout en s’inscrivant dans le prolongement de la précédente, fait donc le choix d’une évolution très marquée.

Les entretiens avec les tueurs enfermés sont toujours présents, mais n’apportent plus grand-chose d’autres que des échecs, comme si Fincher (qui réalise encore les trois premiers épisodes) et les scénaristes voulaient montrer qu’ils n’étaient pas dupe : après la théorie, il est grand temps de passer à la pratique. En l’occurrence à la traque d’un authentique tueur en série toujours en activité : à Atlanta, où de nombreux enfants noirs ont été enlevés et assassinés.

Cette enquête, la première à laquelle la cellule créée par nos héros au sein du FBI est officiellement associée, occupe la plus grande partie de cette saison. Un choix là encore assez radical. D’abord parce que l’affaire, bien réelle, n’a été que partiellement élucidée. Puis parce qu’un doute subsiste toujours sur l’existence d’un tueur unique dans cette vague de meurtres.

Fausses pistes, plantages complets… L’enquête souligne l’importance de cette science du comportement encore balbutiante, mais aussi ses limites, et la difficulté d’associer les méthodes nouvelles et celles plus traditionnelles. Le formidable duo formé par les agents Ford (Jonathan Groff) et Tench (Holt McCallany) l’illustre bien : ce dernier étant partagé entre admiration et agacement à propos de son jeune collègue, aussi brillant et intuitif lorsqu’il s’agit de comprendre des tueurs qu’il ne connaît pas, que déconnecté et à côté de la plaque avec son entourage.

L’entourage du duo d’enquêteurs et de l’analyste jouée par Anna Torv semble en retrait. Pourtant, son importance est centrale dans cette saison qui, au fond, évoque surtout la radicalisation de ces personnages qui, plus ils avancent dans la compréhension de ces tueurs qu’ils apprennent à connaître mieux que quiconque, plus ils s’enfoncent dans une logique d’où tous les êtres censés sont exclus. Les dernières minutes de cette belle fascinante d’épisodes sont ainsi d’une tristesse insondable. La troisième saison, incertaine, n’en est que plus urgente.

Mindhunter (id.) – saison 1 – créée par Joe Penhall et David Fincher – 2017

Posté : 1 mars, 2020 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, DOUGLAS Andrew, FINCHER David, KAPADIA Asif, LINDHOLM Tobias, PENHALL Joe, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Minhunter saison 1

La fascination de David Fincher pour les tueurs en série a donné de grands films de cinéma : Seven, Zodiac, mais aussi Millenium. Elle donne cette fois une grande série télé qui, comme tout ce qu’il a fait jusqu’à présent, offre une approche inédite du genre.

Loin de Seven, donc. Loin de Zodiac aussi, Mindhunter évoque la naissance de la science du comportement au sein du FBI. Inspirée de personnages réels, la série met en scène quelques uns des tueurs en série les plus marquants des Etats-Unis, à commencer par Ed Kemper, mais d’une manière assez radicale, en reléguant le suspense traditionnel loin, très loin en arrière-plan.

Rien de facile, ni d’évident dans l’approche de Mindhunter. L’essentiel de l’action consiste en de longues « interviews » des criminels en prison. Il y a bien quelques tueurs en liberté, que les méthodes nouvelles de nos héros pourraient aider à interpeller. Mais la série évite de tomber dans la logique du polar, et fuit comme la peste toutes les ficelles habituelles pour créer le suspense.

Peu de suspense, d’ailleurs, mais une tension, énorme. Et des glissements, imperceptibles et vertigineux. Celui de Ford et Tench, les deux agents si différents dont le quotidien est de côtoyer les pires monstres de l’histoire récente avant de rentrer faire un bécot à leurs compagnes. Ils sont formidables, Jonathan Groff et Holt McCanally, deux acteurs aux styles radicalement opposés : l’un éthéré, délicat et si perméable aux horreurs qu’il approche au plus près, l’autre solide, massif et terrien. Une grande trouvaille, que d’associer ces deux là.

David Fincher, comme il l’avait fait pour House of Cards, définit l’univers visuel de la série en réalisant lui-même les deux premiers épisodes. Il signe aussi les deux derniers de cette première saison, chef d’œuvre de tension, inconfortable au possible.

On sort haletant de cette ultime confrontation entre Ford et Kemper, conscient des limites de ce l’humain peut endurer. Mal à l’aise, mais on en redemande…

La Méthode Kominsky (The Kominsky Method), saison 1 – créée par Chuck Lorre – 2018

Posté : 14 février, 2020 @ 8:00 dans 2010-2019, LORRE Chuck, McCARTY-MILLER Beth, PETRIE Donald, TÉLÉVISION, TENNANT Andy | Pas de commentaires »

La Méthode Kominsky

42 ans : c’est le temps que Michael Douglas aura mis avant de renouer avec l’univers de la série télévisée. Depuis la fin des Rues de San Francisco, en 1976, il s’en est passé des choses. D’abord, je suis né, et ce n’est pas rien. Puis le fils de Kirk est devenu une grande star (peut-être la plus belle success story de l’histoire des fils de), enchaînant Oscar (pour Wall Street en 1988), grands rôles sulfureux (Basic Instinct en 1992), et grands rôles tout court (The Game en 1997).

Et puis badaboum, comme disait Bébel. Après une superbe année 2000 (Wonder Boys et Traffic, deux films formidables), Michael Douglas enchaîne les mauvais choix et les nanars indignes de son talent. Le jeune public le découvre dans un petit rôle récurrent des Ant-Man (ça doit bien payer), ses fans de la première heure pleurent. Le voir revenir dans une série télé n’annonçait d’ailleurs rien de bon, et ressemblait furieusement à un plan de fin de carrière, histoire de glisser tranquillement jusqu’à la retraite.

Surprise : La Méthode Kominsky donne l’impression de redécouvrir totalement Michael Douglas, que l’on n’avait jamais vu avec un tel sens de l’autodérision. Première surprise : c’est une comédie que choisit Douglas, et une comédie qui non seulement ne fait pas l’impasse sur son âge (75 ans), mais en fait le sujet central du show. Il y est un ancien acteur à succès devenu coach reconnu pour acteurs débutants, mais que plus personne ne veut faire jouer.

Mieux : cet acteur à qui une poignée de rôles marquants ont collé une image très sexuelle joue un séducteur (un queutard ?) vieillissant qui réalise que son pouvoir sur les femmes est de moins en moins évident, et dont la vessie lui pose des problèmes réguliers. D’où une scène assez irrésistible avec le vieux comparse de toujours de Douglas, Danny De Vito.

Rien de révolutionnaire, certes : La Méthode Kominsky n’invente rien dans le domaine, et son irrévérence reste toujours polie. Mais la série repose sur un tandem franchement réjouissant : Douglas, donc, et son vieil agent joué par Alan Arkin, nouveau veuf acariâtre et mal aimable. Les deux hommes sont radicalement différents, avec des envies, des habitudes et des goûts souvent opposés, mais ils s’aiment d’une amitié simple et sincère.

Entre eux deux, il se passe ce genre de chose qui donne juste envie de suivre leurs parcours le plus longtemps possible. Chouette comédie.

Peaky Blinders (id.) – saison 4 – créée par Steven Knight – 2017

Posté : 29 janvier, 2020 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars européens, 2010-2019, CAFFREY David, KNIGHT Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 4

Un premier épisode un peu en creux, qui règle un peu facilement le cliffhanger énorme de la saison précédente et qui s’achève par une tuerie glaçante… Un deuxième épisode qui commence par une séquence d’anthologie qui rappelle toutes les qualités de la série : la stylisation des images, le rythme, l’émotion, musique (en l’occurrence le Mercy Seat crépusculaire de Nick Cave).

La première heure résume finalement assez bien cette saison 4, pleine de moments de bravoure à couper le souffle, mais aussi un peu en retrait par rapport aux précédentes. Parce que, malgré les nombreux rebondissements, cette saison-là est, de loin, la plus simple, se limitant en grande partie à une histoire de vengeance, et à l’affrontement sanglant de deux familles.

D’un côté, les Peaky Blinders donc, avec des guerres internes qui font long feu. Et de l’autre, la mafia italienne qui débarque des Etats-Unis derrière un Adrian Brody insupportable à force de se la péter Brando/De Niro. C’est LE gros point faible de cette saison, tant son cabotinage est grotesque.

Les scènes qui l’opposent à Cillian Murphy (d’une intensité toujours impressionnante) ou même à Tom Hardy (qui en fait beaucoup aussi, mais en créant un vrai personnage, assez génial) sont presque gênantes pour lui… Heureusement, la plupart de ses apparitions débouchent sur des gunfights. Et dans le domaine, la série tient toutes ses promesses, avec une utilisation particulièrement efficace des décors (naturels ou urbains).

Réjouissante dans l’action, la série renoue aussi avec le cynisme de son ADN, dans sa manière d’aborder le contexte de l’histoire : les mouvements sociaux des travailleurs dans le Birmingham de 1926. Le nouveau personnage le plus intéressant est d’ailleurs celui d’une jeune syndicaliste déterminée (les rôles de femmes sont décidément très réussi dans Peaky Blinders). Un peu en retrait, hélas. Mais la conclusion de cette saison, cynique à souhait, ouvre bien des perspectives…

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