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Archive pour la catégorie 'TÉLÉVISION'

The Watcher (id.) – créée par Ian Brennan et Ryan Murphy – 2022

Posté : 21 mai, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, BARCLAY Paris, BRENNAN Ian, LYNCH Jennifer, MURPHY Ryan, TÉLÉVISION, WINKLER Max | Pas de commentaires »

The Watcher

Une famille américaine réalise le rêve d’une vie en achetant une splendide (et immense) maison dans une petite ville aisée. Mais le rêve tourne vite au cauchemar avec des voisins intrusifs et inquiétants, des phénomènes de plus en plus bizarres dans la maison, des menaces, des incidents…

On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher le petit plaisir que l’on prend devant cette courte série Netflix (sept épisodes) assez addictive. Plaisir modeste, certes, mais réel. La preuve : on sort d’à peu près chaque épisode (à partir du troisième) en ayant le sentiment d’avoir fait le tour, d’être en boucle, mais pourtant incapable de lâcher.

Il faut dire que la série multiplie les rebondissements, jouant avec le mystère et faisant monter l’angoisse à grands renforts de fausses pistes, et en jouant sur les codes les plus éculés du film de genre, à commencer par ceux du cinéma fantastique, genre « maisons hantées ». C’est pourtant « inspiré d’une histoire vraie », ce qui est assez pratique pour renforcer l’aspect cauchemar du truc.

Bon. Pas sûr que l’histoire vraie qui inspire la série soit retranscrite très fidèlement. Et franchement, qu’importe. C’est dans le pur plaisir du cauchemar filmé que le show trouve sa raison d’être, tout en étant une peinture assez terrible de cette classe aisée pour laquelle le fric et les apparences dominent tout, jusqu’à faire disparaître l’humanité de chacun.

Dans ce registre, le « héros » joué par Bobby Canavale (très bien) est particulièrement gratiné. Pire, peut-être, que les voisins névrosés et inquiétants. Perdant pied, tournant à l’obsession, devenant une caricature aussi flippante que les mystérieux « méchants », et menant une vie impossible à Naomi Watts, épouse faussement docileForcément formidable, parce que c’est Naomi Watts, quoi, grande actrice quoi qu’elle joue.

Jean-Claude Van Johnson (id.) – saison unique – créée par Dave Callaham et réalisée par Peter Atencio – 2016/2017

Posté : 1 janvier, 2023 @ 8:00 dans 2010-2019, ACTION US (1980-…), ATENCIO Peter, CALLAHAN Dave, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Jean-Claude Van Johnson

JCVD s’offre décidément une nouvelle carrière étonnante avec cette manie de mettre en abîme son image de star. Cette série éphémère s’inscrit dans cette mouvance, avec un drôle de parti-pris. L’acteur Jean-Claude Van Damme serait en fait la couverture d’un agent secret d’élite. Si si.

Un espion à la retraite pour le coup, qui s’emmerde comme c’est pas permis en faisant du gras et en vivant dans une belle villa où les traces de son passé glorieux sont omniprésents : des affiches de ses films accrochés aux murs, une salle de sport qui n’a pas servi depuis longtemps…

Van Damme a cette capacité de se moquer de son image, acceptant de jouer une ancienne star de premier plan cantonnée à la VOD, qu’un quidam dans un bar confond avec Nicolas Cage. Et qui affiche un sourire d’enfant quand un méchant affirme que TimeCop est un meilleur film que Looper.

Manquerait plus qu’un bon réalisateur pour emballer tout ça… Mais c’est bien là que le bât blesse. La plupart des belles ambitions font flop dans cette série qui pourrait être réjouissante si elle n’était si molle. Alors après deux épisodes, on se désintéresse totalement de la chose, on ne sait même plus de quoi ça parle, et on souhaite à Van Damme d’inspirer un vrai grand cinéaste, un jour…

Peaky Blinders (id.) – saison 6 – créée par Steven Knight – 2022

Posté : 17 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars européens, BYRNE Anthony, KNIGHT Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 6

La mort est plus présente que jamais dans cette ultime saison. Cette mort qui se refuse implacablement à Tommy. Cette mort qui le hante depuis les tunnels de France qui continuent à le traumatiser tant d’années après la guerre. Cette mort qu’il distribue ou qu’il ne distribue pas selon sa propre volonté. Cette mort qui frappe la plus proche de ses alliées aussi, et dont on sent qu’elle peut n’épargner personne… Et encore cette petite liste ne concerne-t-elle que le premier quart d’heure du premier épisode de cette sixième saison.

Depuis ses débuts, Peaky Blinders est marquée par la violence et la mort. Mais jamais la noirceur n’avait encore atteint une telle complexité que dans ce final, en forme de descente aux enfers. Désormais, ce n’est plus la famille contre le reste du monde. La famille a perdu son socle, que la disparition prématurée d’Helen McCrory avant le tournage de cette saison a rendu inévitable. Le show, d’ailleurs, rend un hommage réellement vibrant à l’actrice, en mettant en scène la mort de son personnage avec une gravité qui pèse sur toute la saison.

Les guerres, donc, sont aussi intestines. De quoi vérifier que, non, le personnage de Tommy (Cillian Murphy, toujours incroyablement intense) n’a aucune limite. Il reste la colonne vertébrale de la série, dont l’esthétique de plus en plus sombre semble adopter son propre état d’esprit… Tourmenté, ravagé, confronté à la pire des douleurs… La longue ouverture sur une île de Saint-Pierre et Miquelon battue par les vents et les embruns annonce d’ailleurs la couleur : temps couvert, sans horizon.

En plongeant de plus en plus profondément dans des abymes de noirceur, Peaky Blinders aura en tout cas réussi à maintenir de bout en bout une ambition folle et une esthétique très léchée, qui n’a cessé d’évoluer tout en restant cohérente. Six saisons, pas une de plus… La saga sombre et violente de la famille Shelby devrait se poursuivre sur grand écran. Vivement.

22.11.63 (11.22.63) – mini-série créée par Bridget Carpenter – 2016

Posté : 16 décembre, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, CARPENTER Bridget, COLES John David, FANTASTIQUE/SF, FRANCO James, KENT James, MACDONALD Kevin, STRONG James, TÉLÉVISION, TOYE Frederick E.O. | Pas de commentaires »

22 11 63

Sorti il y a une bonne dizaine d’années, le roman de Stephen King m’avait emballé. Au sommet de son art, l’écrivain s’emparait d’un traumatisme fondateur de l’histoire américaine (l’assassinat de Kennedy) pour signer une grande fresque historique, nostalgique et intime passionnante et très émouvante. L’histoire d’un professeur qui découvre, grâce à un ami restaurateur, une sorte de porte, ou plutôt d’escalier mystérieux, le conduisant en 1958.

Peu importe combien de temps il reste à cette époque, son retour au présent intervient toujours quelques minutes après son départ… Qu’importe les modifications qu’il apporte au passé, s’il retourne en 1958, il efface automatiquement tous ces changements. L’une des forces du roman résidait dans la manière dont King introduisait ce voyage dans le temps, avec une sorte d’évidence, sans que cet élément fantastique ne devienne envahissant. Le héros s’installait alors dans ce passé, bien décidé à empêcher l’assassinat de JFK avec l’espoir que cela rende le présent plus beau…

La mini-série reste très fidèle à l’intrigue et à l’atmosphère du roman, avec quelques choix scénaristiques à la marge (il arrive en 1960, et non plus en 1958). James Franco, qui rêvait d’adapter le roman, incarne un Jake Epping parfaitement conforme à l’idée qu’on s’en faisait : un homme un peu désabusé, fatigué par des échecs personnels à répétition, qui trouve sa place dans une époque à laquelle il n’appartient pas, et où des signes réguliers lui rappellent que sa présence est une aberration. Une manière d’introduire des éléments fantastiques avec naturel qui porte clairement la marque de King.

Le côté nostalgique fonctionne à plein régime, avec une reconstitution assez bluffante de cette Amérique où tout était encore possible… époque sans doute un brin fantasmée d’avant Dallas, et d’avant le VietNam. Et comme dans le roman, le plus bel aspect concerne l’histoire d’amour entre Jake et Sadie, si belle et si bouleversante, parce qu’on la sait sans avenir… ou sans passé, on ne sait plus trop. Et là, c’est la fibre romantique qui vibre à plein, jusqu’à cette ultime scène, qui noue l’estomac.

Les Papillons noirs – mini-série de Olivier Abbou et Bruno Merle – 2022

Posté : 3 décembre, 2022 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2020-2029, ABBOU Olivier, MERLE Bruno, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Les Papillons noirs

Voilà une mini-série française qui tient toutes ses promesses, et dont l’ambition et la complexité, révélées d’emblée par un générique mystérieux et fascinant, sont parfaitement tenus. Il y a deux niveaux de narration, dans Les Papillons noirs. D’abord, la relation entre un jeune écrivain en panne d’inspiration et le vieil homme qui l’embauche pour qu’il écrive ses souvenirs. Ensuite, ces souvenirs eux-mêmes : l’histoire d’un couple qui a semé la mort à travers la France, pendant des années…

La série joue admirablement sur le rapport entre le passé et le présent, entre la fiction et la réalité. Avec toujours cette frontière si ténue : ce jeu un peu sadique autour de la perception. Le fait que le fil conducteur est l’écriture d’un livre que tout le monde pense être une fiction n’est pas anodin. Le vieil homme (Niels Arestrup, troublant) est le voisin que tout le monde rêverait d’avoir. Le jeune écrivain (Nicolas Duvauchelle, d’une intensité folle) est pour tous ce génie de la littérature dont l’inspiration est un trésor…

Nicolas Duvauchelle est un choix parfait, parce qu’il incarne à la fois la force brute et une vraie fragilité, toujours borderline. Il est le vrai cœur de l’histoire, y compris dans les longs flash-backs dont les horreurs baignées de soleil pèsent sur son propre destin. Les Papillons noirs, c’est avant tout sa descente à lui dans une réalité d’une noirceur insondable, et d’une intimité inattendue.

On n’en dira pas plus, pour ne pas déflorer les nombreuses surprises que réserve la série. Si la tension connaît quelques passages plus creux, le scénario machiavélique relance constamment la machine, pour réussir à surprendre épisode après épisode, emportant tout dans une spirale fascinante et lugubre. Bien plus qu’un simple thriller hyper efficace (ce qu’il est), Les Papillons noirs est un trip addictif et dérangeant dans des abîmes de noirceur.

Night Gallery : make me laugh (id.) – série créée par Rod Serling – épisode réalisé par Steven Spielberg – 1971

Posté : 27 septembre, 2022 @ 8:00 dans 1970-1979, COURTS MÉTRAGES, FANTASTIQUE/SF, SERLING Rod, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Night Gallery Make me laugh

Spielberg avait déjà réalisé l’un des segments de l’épisode pilote de cette nouvelle série anthologique de Rod Serling, le créateur de La Quatrième Dimension. C’était même le premier engagement professionnel du jeune réalisateur, et l’occasion pour lui de diriger Joan Crawford. Pas de nouvelle grande star de l’âge d’or d’Hollywood dans Make me laugh, sa seconde participation au show.

En revanche, on retrouve Tom Bosley, acteur sympathique qui incarne ici l’agent d’un humoriste raté, joué par Godfrey Cambridge, dont la vie change radicalement lorsqu’il croise la route d’un authentique magicien, capable de réaliser n’importe lequel de ses vœux. C’est vite trouvé : il veut faire rire tout le monde, tout le temps…

On imagine bien que ce vœu à l’emporte-pièce va déclencher des catastrophes, et ce n’est pas côté scénario que cet épisode marque des points. En revanche, la maîtrise du jeune cinéaste semble déjà s’être affirmée depuis l’épisode précédent. Le regard de Spielberg rompt radicalement avec le tout venant de la télévision globalement assez peu révolutionnaire à cette époque.

Sa manière de filmer en très gros plans le visage ruisselant d’un Godfrey Cambridge superbement dramatique, ou un face-à-face étonnant avec le magicien au turban indien qu’incarne le très américain Jacky Vernon (choix discutable), suffit à donner du corps à cette histoire par ailleurs très anecdotique. Une curiosité, simplement, comme une étape dans la formation d’un cinéaste de génie.

Alfred Hitchcock présente : Human Interest Story (Alfred Hitchcock presents : Human Interest Story) – de Norman Lloyd – 1959

Posté : 3 août, 2022 @ 8:00 dans 1950-1959, COURTS MÉTRAGES, EASTWOOD Clint (acteur), FANTASTIQUE/SF, LLOYD Norman, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

 Alfred Hitchcock présente Human Interest Story 1.jpg - Photos

Après avoir éclusé tous les épisodes de la série anthologique Alfred Hitchcock présente réalisés par le maître lui-même, pourquoi découvrir celui-ci plutôt qu’un autre ? Le choix ne manque pas… Pas tant pour le plaisir de découvrir un Steve McQueen en pleine gloire Au nom de la loi, mais pour peaufiner une intégrale que ce blog consacre à un jeune acteur en passe de devenir la vedette d’une autre série western.

Clint Eastwood apparaît en effet très brièvement au début de cet épisode, ultime apparition anonyme (vraiment anonyme, pour le coup) avant d’être choisi pour tenir le deuxième rôle de Rawhide, ce qu’il fera pendant huit saisons et 217 épisodes, et ce qui lui ouvrira les portes de la gloire. On n’en est pas là : après quelques seconds rôles plus ou moins remarqués dans des films et épisodes de séries plus ou moins remarquables, Clint se contente de jouer les figurants ici.

Alfred Hitchcock présente Human Interest Story 2

Temps de présence à l’écran : 3 secondes ? Le temps de donner une feuille de papier à un autre figurant tout aussi anonyme, dans la salle de rédaction où travaille le jeune Steve McQueen. McQueen en journaliste chargé d’aller dans un bar pour rencontrer un homme qui prétend être un Martien, et qui lui raconte dans le détail comment il est passé de Mars à la planète Terre, où il occupe sans savoir pourquoi le corps d’un homme.

Pas de grands effets ni même de flash back : Norman Lloyd filme à peu près uniquement un long dialogue. Ce pourrait être ennuyeux, mais le réalisateur donne un vrai rythme à ce face-à-face dans un bar, variant les angles et jouant sur la joyeuse propension de Steve McQueen à cabotiner. On n’y croit pas vraiment, mais on se laisse emporter, et même surprendre par le rebondissement final.

Scènes de la vie conjugale (Scener ur ett äktenskap) – d’Ingmar Bergman – 1973

Posté : 30 avril, 2022 @ 8:00 dans 1970-1979, BERGMAN Ingmar, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Scènes de la vie conjugale

Avant d’être un grand film, Scènes de la vie conjugale était une grande série. Pas par la durée : six épisodes d’une cinquantaine de minutes seulement, pour filmer un couple qui s’aime, se tiraille, se déchire, et ne cesse de se retrouver. Mais par la justesse des sentiments, et ce mélange de tendresse et de cruauté qui flirte avec le cynisme, si caractéristique du romantisme d’Ingmar Bergman.

Typique aussi : cette impression que la frontière est ténue entre la fiction et l’autobiographie. Homme à femmes, éternel amoureux, mais dominateur et conscient de sa grandeur, Bergman n’est sans doute pas si éloigné du personnage qu’interprète Erland Josephson, le plus fidèle sans doute de ses alter ego. Si on ajoute que Bergman a lui-même vécu quelques années avec Liv Ullman…

Une scène est particulièrement troublante : un passage où Marianne lit son journal intime, évoquant ses propres troubles tandis que défilent des photos de Liv Ullman jeune. Soudain, la frontière entre l’actrice et son personnage semble abolie, et la confession se fait totalement intime. Une scène clé sans doute, pour saisir tout ce que Bergman a glissé de personnel dans cette histoire de couple.

Ce n’est clairement pas le plus grand acte d’amour au mariage : entre les deux personnages principaux, la plénitude ne viendra que d’un sentiment de liberté, ou d’évasion c’est selon, mais qui de toute façon semble totalement incompatible avec le mariage. La confession tardive de la mère de Marianne est ainsi bouleversante, évoquant une vie sans regret, mais sans partage avec l’homme qu’elle a épousé bien des années plus tôt.

Lorsque la série commence, Marianne et Johan ont pourtant tout du couple parfait : celui que tout le monde montre en exemple. Jamais une engueulade, le sentiment de vivre un bonheur sans nuage… Mais y regarder de plus près – et Bergman sait regarder de plus près, avec ses gros plans superbes – le trouble est déjà là. Et il suffit d’une confession pour que les sentiments enfouis s’éveillent.

C’est avant tout l’histoire d’une émancipation, l’éveil d’une femme qui se libère des corsets imposés par sa famille, son mari, la société. Une femme soumise à un homme brillant qu’elle aime sincèrement, mais qui l’étouffe en quelques sortes. Et quand les tensions s’installent, les sentiments sont exacerbés. Dans un même mouvement d’une évidence foudroyante, le couple passe de la tendresse à la violence la plus brutale.

Liv Ullman est bouleversante, oscillant de la fragilité presque maladive d’une jeune femme trop effacée à l’affirmation d’une femme de plus en plus libre. Erland Josephson, lui, peut être l’incarnation de l’égoïsme, du mâle égocentré, autant que celle d’un gamin perdu sous les allures d’un homme trop sûr de lui.

Tantôt violent et pathétique, tantôt tendre et déchirant, Scènes de la vie conjugale est une merveille, que Bergman tourne sur son île Faaro. Ironiquement, c’est d’ailleurs avec un plan fixe de son décor préféré qu’il termine chaque épisode, manière rigolarde d’assumer le caractère austère et fascinant de son cinéma.

Voyages à travers le cinéma français – de Bertrand Tavernier – TV – 2018

Posté : 4 avril, 2022 @ 8:00 dans 2010-2019, DOCUMENTAIRE, TAVERNIER Bertrand, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Voyages à travers le cinéma français - série

Ces « voyages à travers le cinéma français » resteront donc l’ultime réalisation de Bertrand Tavernier. Et après le long métrage du même nom (mais sans S), ce prolongement télévisuel en huit épisodes d’une heure est une belle illustration de la curiosité, de la passion et de la générosité du cinéaste et cinéphile. Les deux facettes de sa personnalité sont intimement liés dans ce voyage amoureux, dont la construction révèle la vision intime de l’homme.

Voyage… le film s’articulait autour de Lyon, la ville où Tavernier a grandi, où il a découvert le cinéma, où il a tourné son premier film. De la maison familiale à l’Institut Lumière, c’est son parcours personnel de cinéphile qu’il nous faisait partager avec ferveur pendant deux heures. Bien trop court pour ne pas laisser un peu de frustration et d’envie. D’où la série, qui reprend le même parti-pris intime. La forme est un peu plus convenue, mais la passion et la subjectivité restent la règle, naturelle, discutable et enthousiasmante.

Chaque épisode s’articule autour d’un thème plus ou moins précis. L’occasion de vérifier que, outre l’étendue hallucinante de sa culture, Tavernier a des goûts très sûrs. Ses cinéastes de chevet ? Henri Decoin, Jean Grémillon, Jacques Beker ou Sacha Guitry, qu’on a le sentiment de totalement méconnaître en découvrant les extraits de films choisis par Tavernier.

Ces choix ne cessent de surprendre, comme la manière dont Tavernier les introduit. Il sait mettre en valeur la beauté d’un mouvement de caméra, ou celle d’un dialogue. Il laisse le temps aux extraits de vraiment parler, révélant le sublime des dialogues de Jeanson pour Les Amoureux sont seuls au monde. Il surprend, en mettant en parallèle Tati et Bresson.

Au fil des épisodes, il salue le génie et le formidable éclectisme de Duvivier, met en valeur ce qu’il considère comme une spécificité française (l’importance des chansons dans les films), ou réhabilite quelques cinéastes mésestimés comme Maurice Tourneur, Henri Calef, Gilles Grangier, Anatole Litvak (dont le Cœur de Lilas est décidément une merveille) ou Jean Boyer, dont on a désormais très envie de découvrir le film avec Danielle Darrieux, Un Mauvais Garçon.

Toujours en marge des aspects trop évidents de l’histoire du cinéma français, il consacre une large part de l’épisode consacré à l’Occupation à Claude Autant-Lara, dont il signe un superbe portrait, salaud tardif et type odieux que sa filmographie rachète. Tavernier n’esquive pas les défauts des cinéastes qu’il aime : il les aborde frontalement pour mieux exprimer leur singularité. Clouzot, pas plus qu’Autant-Lara, n’est pas un type chaleureux. Mais derrière son austérité, Tavernier devine un regard acide et amusé.

La série s’achève par un épisode intitulé « Mes années 60 » : cette décennie au cours de laquelle Tavernier a fait ses premiers pas au cinéma, en tant que critique ou attaché de presse. Impossible pour lui d’aller plus loin, d’aborder une période où lui-même était devenu cinéaste. Une fin logique, donc, même si on aurait aimé que la série se prolonge, longuement, tant on sent que Tavernier a fait des choix parfois cruels.

Peaky Blinders (id.) – saison 5 – créée par Steven Knight – 2019

Posté : 23 octobre, 2021 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars européens, 2010-2019, BYRNE Anthony, KNIGHT Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 5

Un uppercut, encore, qui vous laisse sur le flan, hagard, après avoir déjoué dans un jubilatoire sommet de tension tout ce qu’on attendait, tout ce vers quoi cette cinquième saison se dirigeait, et annonçait. Ça, c’est pour le final de cette nouvelle livraison de six épisodes, qui conclut (vraiment ?) magistralement cet arc narratif qui, si passionnant soit-il, donnait par moments le sentiment de tirer un peu sur la corde.

Après tout, Peaky Blinders est une série qui dure désormais depuis cinq saisons (six, bientôt) : avec son univers si marqué, ses codes narratifs, sa violence brute est ses personnages plus tourmentés que jamais. C’est la même histoire qui continue, finalement, et l’arc narratif en question a quelque chose du prétexte. Le sujet de la série, ce sont évidemment les personnages, cette famille Shelby qui, plus elle devient puissante, plus ses membres révèlent leurs failles.

Abyssales, les failles. Et sur ce point, cette saison gagne encore en intensité, grâce à Tommy et Arthur : Cillian Murphy et Paul Anderson, deux aspects d’une même douleur profonde, renfermée jusqu’à l’excès pour le premier, explosive et de plus en plus incontrôlable pour le second, hallucinant condensé de fureur et de souffrance. Comment un personnage peut être à ce point flippant et touchant tient du miracle.

Pouvoir, vengeance personnelle, guerre de clans, espionnage, trafics et politiques… L’ascension des Shelby épouse plus que jamais les affres de son époque. Aux conséquences de la Grande Guerre succède désormais les prémices d’un autre conflit qui se prépare, à travers la figure d’un méchant inattendu : un politicien, pilier d’un parti national-socialiste anglais, sur la route du pouvoir, et qui voit en Thomas Shelby un allié naturel.

La série joue constamment sur cette zone si inconfortable, si tangente, entre le mal et le bien. Un bien tout relatif, bien sûr, qui se fait à coup de meurtres et de domination. Cette frontière tend même à se troubler, jusqu’à créer un malaise constant qui ne fait que se renforcer, en même temps que les personnages semblent se perdre irrémédiablement.

Ce trouble se traduit aussi par le style, la grande marque de fabrique du show. Il y a une grande cohérence dans ce style depuis la première saison, mais aussi une vraie évolution. Les ralentis, les effets pyrotechniques, les clairs-obscurs sont toujours très marqués, mais dans un esprit moins purement spectaculaire, plus dramatique peut-être. La musique elle-même, qui fait toujours la part belle aux (superbes) reprises de chansons, se fait plus discrète, jusqu’à disparaître la plupart du temps du générique de début. Et ce n’est pas si anodin…

Peaky Blinders reste en tout cas une très grande série, addictive comme jamais. Surtout après cet ultime épisode, qui donne furieusement envie de renouer avec la fureur des Shelby. Pour une dernière saison, attendue avec une impatience folle, depuis deux ans…

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