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LIVRE : Mémoires / Mes 400 coups (My wicked, wicked ways) – d’Errol Flynn – 1959

Posté : 18 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES | Pas de commentaires »

LIVRE Mémoires d'Errol Flynn

Beaucoup d’acteurs se sont évertués à s’inventer une mythologie. Ce n’est visiblement pas le cas d’Errol Flynn, dont la vie a réellement été une suite d’aventures, parfois incroyables. Petit délinquant, planteur, trafiquantFlynn n’a cessé de courir le monde, éternellement en quête de liberté, si ce n’est de frisson. Y compris après être devenu une star, alors qu’il se précipite au cœur de la guerre d’Espagne.

Est-ce le goût de l’aventure, est-ce le dégoût d’Hollywood, cette Babylone trop policée pour un homme plus attiré par la vérité des bas-fonds que par les strass de la vie de star ? Les deux, sans doute. Une chose est sûre : Flynn ne fait rien pour se rendre sympathique dans cette autobiographie écrite dans ce qu’il ne savait pas être les derniers mois de sa vie.

Flynn y fait montre d’au moins deux qualités. D’abord, un vrai talent d’écrivain, qui fait de cette lecture un plaisir (souvent dérangeant, j’y reviens) de chaque instant. Et puis et surtout, une honnêteté assez incroyable : Flynn ne se donne pas le beau rôle, assume ses échecs et ses erreurs, ne gomme pas les aspects les plus sombres de sa personnalité.

C’est là aussi que la lecture dérange à de multiples reprises : dans le rapport pour le moins problématique de Flynn avec les femmes. Sans doute ces rapports sont effectivement complexes. Et à le lire, il semble effectivement qu’il en ait fait les frais plus d’une fois. Mais que penser quand même d’un homme qui attire dans son lit une jeune autochtone à peine pubère, en bon colonialiste qu’il était. Ou du même pour qui un viol n’existe que si l’homme a fracassé la femme avec une chaise avant d’en faire ce qu’il voulait

Il semble que la réponse ait été moins claire en 1959 qu’elle ne l’est aujourd’hui, bien sûr. En creux, ce récit passionnant dit aussi beaucoup de l’évolution de la société, et de la condition des femmes, ces dernières décennies.

Difficile donc de dire que le portrait que dresse Flynn de lui-même est attachant. Mais les innombrables rebondissements de sa vie en font une lecture passionnante, jusque dans sa manière de raconter ses années de disgrâce et son vieillissement prématuré, et les secrets qu’il révèle de sa vie à Hollywood, souvent édifiante.

Un exemple : après la mort de John Barrymore, avec qui Flynn entretenait une amitié de longue date, leurs amis communs (dont Raoul Walsh) ont eu l’idée d’une blague de fort bon goût. « Empruntant » le corps de Barrymore, ces derniers l’ont amené discrètement dans la villa de Flynn où tant de fêtes ont eu lieu, et l’ont disposé sur un fauteuil face à la porte, jusqu’à ce que l’acteur entre chez lui. Il paraît que sa réaction a été extrême…

Numéro Zéro – de Jean Eustache – 1971

Posté : 13 juin, 2024 @ 8:00 dans 1970-1979, DOCUMENTAIRE, EUSTACHE Jean | Pas de commentaires »

Numéro Zéro

Un dispositif on ne peut plus simple : autour d’une table de cuisine, Jean Eustache recueille les souvenirs de sa grand-mère maternelle, Odette Robert. Pendant près de deux heures, elle raconte sa jeunesse, sa vie de femme, au gré de ses souvenirs.

La « séance » dure le temps du film, et c’est en continu qu’Odette raconte le fil de sa vie, s’interrompant lorsqu’il faut changer les bobines de l’une des deux caméras, lorsque son petit-fils lui ressert un whisky ou lui allume une cigarette, ou lorsqu’ils sont interrompus par un appel téléphonique de la télévision hollandaise qui veut acheter Le Père Noël a les yeux bleus.

De ce parti-pris de simplicité extrême se dégage une grande vérité, et même une étonnante familiarité, donnant le sentiment d’être directement le destinataire des confessions de cette femme racontant sans misérabilisme une existence qui lui a réservé bien des malheurs : sa mère morte quand elle n’est qu’une enfant, une belle-mère haineuse qui lui mène la vie dure, un mari qui ne cesse de la tromper, plusieurs enfants qui meurent en bas âge…

Sans même parler de ces yeux sensibles et douloureux qui lui interdisent tout véritable repos. Elle est belle cette Odette, dans sa manière d’évoquer ses drames sans s’apitoyer, racontant sans embellir et sans se plaindre (« il y a toujours plus malheureux »), évoquant la méchanceté de cette marâtre qui lui a gâché son enfance en ponctuant d’un « pauvre femme »

Face à elle, Eustache ne dit rien, ou si peu. Le dos tourné à la caméra, il se contente de recueillir la parole de sa grand-mère (et de resservir les whiskys), sa seule présence suffisant à relancer Odette, dont la mémoire semble ne pas avoir de limite, pas plus que son envie de raconter, des choses graves comme de petites anecdotes.

A travers elle, à travers son existence ponctuée de drames, de souffrances et d’humiliations, c’est la condition de nombreuses femmes du début du siècle dernier qui se dessine. La simplicité du procédé, avec un montage qui se contente d’alterner entre les deux caméras qui filment en continu, l’une en gros plans, l’autre en plans plus larges, donne une belle vérité à ce film qu’Eustache ne tourne que pour le montrer à quelques amis.

Numéro Zéro n’est en effet pas sorti en salles en 1971, ni dans les années qui suivent. Il faudra attendre 1980 pour qu’Eustache accepte d’en monter une version courte et de la diffuser à la télévision. On en reparlera…

La Petite Marchande d’allumettes, postface – de Jean Eustache – 1969

Posté : 11 juin, 2024 @ 8:00 dans COURTS MÉTRAGES, DOCUMENTAIRE, EUSTACHE Jean, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

La Petit Marchande d'allumettes postface

Après la « postface » du Dernier des Hommes de Murnau, c’est à La Petite Marchande d’allumettes de Jean Renoir, autre grand film muet, que Jean Eustache offre un « bonus ». Avec un procédé différent cette fois : plutôt qu’un dialogue entre spécialistes cinéphiles, c’est Renoir lui-même qu’Eustache filme en gros plans, dans ce théâtre du Vieux Colombier où il a tourné son film (à mon humble avis le meilleur de sa période muette quarante ans plus tôt) quarante ans plus tôt.

Renoir semble fatigué et en bout de course : c’est l’époque où il tourne son ultime film, son triste Petit Théâtre…Mais il a toujours cette faconde et ce verbe qui n’appartiennent qu’à lui, qui en font un parleur hors pair, qui passe d’une anecdote à l’autre avec un grand sens du détail et de la précision et beaucoup d’à propos, et avec la simplicité d’un type qui ne la ramène pas, sans pour autant surjouer la fausse modestie.

Renoir a eu des idées géniales pour ce bijou muet ? Oui, mais c’est avec un naturel confondant qu’il explique comment il a filmé la course à cheval dans les nuages, ou comment il a utilisé décors et jouets dans ce théâtre utilisé pour une seule raison : parce qu’il n’avait ni les moyens ni la possibilité de tourner dans un vrai studio…

Ce document n’apporte rien à la gloire de Jean Eustache, dont l’apport semble très limité, la caméra ne quittant guère le visage de Renoir tourné vers son intervieweur (qui n’est pas Eustache). Mais il réjouit par sa dimension de bonus de luxe, grâce à un Renoir passionnant, gourmand, et touchant.

Le Dernier des Hommes, postface – de Jean Eustache – 1968

Posté : 10 juin, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, DOCUMENTAIRE, EUSTACHE Jean, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Le dernier des hommes Postface

Suivre le fil de la filmographie de Jean Eustache promet d’être un chemin très sinueux, qui nous fait emprunter des voies inattendues. Après le moyen métrage dans la mouvance de la Nouvelle Vague, après le documentaire à la gloire d’une particularité de sa ville d’origine, voilà qu’Eustache filme ce qui serait aujourd’hui un bonus de DVD…

En l’occurrence : une conversation à trois cinéphiles (André S. Labarthe, le réalisateur Marc’O et Jean Domarchi qui accapare constamment la parole, coupant inlassablement ses deux comparses) autour du Dernier des Hommes. Et si cette petite demi-heure donne une furieuse envie de revoir le chef d’œuvre de Murnau, non seulement pour ce qui en est dit, mais aussi pour l’utilisation des extraits du film insérés dans la discussion, c’est ailleurs que se situe l’intérêt de ce document filmé.

Comme dans La Rosière de Pessac, Eustache, avec une mise en scène minimaliste (une caméra le plus souvent fixe, qui suit en gros plans les trois débatteurs assis autour d’une table) capte quelque chose de son époque : un certain verbe, une manière de cloper, une cinéphilie d’avant la VHS, une vision du monde aussi, où on n’hésite pas à décrire les Allemands comme un peuple glouton parce qu’inquietUne autre époque…

FUBAR (id.) – Saison 1 – créée par Nick Santora – 2023

Posté : 7 juin, 2024 @ 8:00 dans 2020-2029, ABRAHAM Phil, ACTION US (1980-…), ADELSON Steven A., DALE Holly, SANTORA Nick, SURJIK Stephen, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

FUBAR

Le cinéma ne réservant que des déceptions depuis son retrait politique, le Governator se tourne vers l’univers de la série comme Stallone et Van Damme. Vers Netflix en l’occurrence, qui lui offre l’occasion de retrouver un univers proche de True Lies, l’un de ses triomphes sur grand écran.

Enfin, ça c’est l’argument de FUBAR, présenté comme une variation sur le même thème que le film de Cameron, où une vie de couple tranquille était une couverture pour un super agent secret. Même principe ici : Schwarzenegger incarne un père de famille menant une double-vie d’espion, qui découvre que sa fille est elle-même une espionne.

N’en faisons pas mystère plus longtemps : Cameron n’est pas aux commandes, et ça fait une sacré différence. A vrai dire, on se demande même par moments s’il y a quelqu’un aux commandes… En guise d’action, on n’a le droit qu’à quelques scènes franchement molles plombées par une mise en scène plan-plan et des trucages approximatifs.

FUBAR (l’acronyme de Fucked Up Beyond All Recognition), finalement, est moins une comédie d’action qu’un soap vaguement amusant émaillé de quelques effusions de sang qu’on ne prend jamais au sérieux. Bref, il est d’avantage question de sauver sa famille que le monde, dans cette petite chose inconséquente, pas déplaisante, vite vue et vite oubliée. Peux pas mieux dire…

La Rosière de Pessac – de Jean Eustache – 1968

Posté : 6 juin, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, DOCUMENTAIRE, EUSTACHE Jean | Pas de commentaires »

La Rosière de Pessac

Printemps 1968. La jeunesse… Mais à Pessac, la ville d’où Jean Eustache est originaire, là où il décide de poser sa caméra pour un premier documentaire assez étonnant, après deux moyens métrages qui présentaient une jeunesse urbaine bien de son époque, celle de la France d’avant mai 68, donc.

Loin des « événement », dont on n’entend parler que par le prêche (très politique) d’un prêtre devant ses ouailles, Eustache filme une tradition ancestrale de Pessac : l’élection et le sacre de la « Rosière », une jeune femme choisie non pour ses attraits physiques, mais pour ses « qualités morales ».

Bref : une vierge, travailleuse et catholique. Une image traditionaliste qui tranche assez radicalement avec la jeunesse qui s’impose cette année-là, mais aussi avec l’image qu’en donnent alors les piliers de la Nouvelle Vague.

Pas d’ironie, pourtant, dans le regard d’Eustache. Il filme une France qu’on aurait un peu vite fait de balayer d’un revers de la main : celle d’un patriarcat assumé. « La mère s’occupe du ménage, évidemment », lance un conseiller municipal avec une évidence débonnaire et dénuée de tout cynisme. La femme, et la société, ont fait du chemin depuis…

En filmant longuement la réunion de désignation de la Rosière 68, puis la cérémonie elle-même, Eustache livre un témoignage assez fascinant d’un cérémonial hyper codé, d’une tradition d’un autre âge, mais qui a toujours ses équivalents en 2024. Comme le cérémonial électoral ressemble fort à celui qui prévaut encore dans beaucoup de petites communes.

Beau regard en tout cas, plein d’humanité et de bienveillance, qui tire le meilleur d’un dispositif technique réduit au minimum : une caméra frontale, pas de musique ajoutée, des scènes filmées dans la longueur… Simple, et pertinent.

LIVRE : Robert Mitchum – de François Guérif – 2003

Posté : 4 juin, 2024 @ 8:00 dans LIVRES, MITCHUM Robert | Pas de commentaires »

LIVRE Robert Mitchum

Grand amoureux du polar sous toutes ses formes, et du film noir américain en particulier, François Guérif ne pouvait pas ne pas être un fan de Robert Mitchum, peut-être la meilleure incarnation du genre. Qu’il lui consacre une biographie n’a donc rien d’étonnant.

Le gars a une plume alerte, la personnalité de Mitchum est assez fascinante. Du coup ce Robert Mitchum au titre sans fioriture se dévore avec gourmandise, embrassant en 350 pages joliment illustrées une carrière pleine de chefs d’œuvre que l’on meure d’envie de revoir, mais aussi de nanars que l’on meure un peu moins d’envie de découvrir.

Cela étant dit, la simplicité du titre n’est pas anodine. Elle illustre le parti-pris de Guérif : celui de faire de ce livre une sorte de concentré des autres biographies consacrées à l’acteur, vers lesquelles l’auteur nous renvoie régulièrement, un digest qui survole la vie et la carrière de Mitchum en n’oubliant aucun film, aucune période.

On n’y apprend donc pas grand-chose, à moins de ne rien savoir de la vie du grand Bob, de son goût pour la boisson et pour les femmes, et surtout de la posture dont il ne sortira jamais selon laquelle il ne prendrait pas son métier d’acteur au sérieux, posture que ceux qui le connaissaient et avec qui il a travaillait ont constamment mis en doute.

Ce Robert Mitchum se lit avec gourmandise et avec plaisir. On en sort à la fois avec l’envie de se remettre quelques bons DVD, mais aussi avec une petite frustration, l’envie de se plonger dans une biographie plus consistante.

The Watcher (id.) – créée par Ian Brennan et Ryan Murphy – 2022

Posté : 21 mai, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, BARCLAY Paris, BRENNAN Ian, LYNCH Jennifer, MURPHY Ryan, TÉLÉVISION, WINKLER Max | Pas de commentaires »

The Watcher

Une famille américaine réalise le rêve d’une vie en achetant une splendide (et immense) maison dans une petite ville aisée. Mais le rêve tourne vite au cauchemar avec des voisins intrusifs et inquiétants, des phénomènes de plus en plus bizarres dans la maison, des menaces, des incidents…

On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher le petit plaisir que l’on prend devant cette courte série Netflix (sept épisodes) assez addictive. Plaisir modeste, certes, mais réel. La preuve : on sort d’à peu près chaque épisode (à partir du troisième) en ayant le sentiment d’avoir fait le tour, d’être en boucle, mais pourtant incapable de lâcher.

Il faut dire que la série multiplie les rebondissements, jouant avec le mystère et faisant monter l’angoisse à grands renforts de fausses pistes, et en jouant sur les codes les plus éculés du film de genre, à commencer par ceux du cinéma fantastique, genre « maisons hantées ». C’est pourtant « inspiré d’une histoire vraie », ce qui est assez pratique pour renforcer l’aspect cauchemar du truc.

Bon. Pas sûr que l’histoire vraie qui inspire la série soit retranscrite très fidèlement. Et franchement, qu’importe. C’est dans le pur plaisir du cauchemar filmé que le show trouve sa raison d’être, tout en étant une peinture assez terrible de cette classe aisée pour laquelle le fric et les apparences dominent tout, jusqu’à faire disparaître l’humanité de chacun.

Dans ce registre, le « héros » joué par Bobby Canavale (très bien) est particulièrement gratiné. Pire, peut-être, que les voisins névrosés et inquiétants. Perdant pied, tournant à l’obsession, devenant une caricature aussi flippante que les mystérieux « méchants », et menant une vie impossible à Naomi Watts, épouse faussement docileForcément formidable, parce que c’est Naomi Watts, quoi, grande actrice quoi qu’elle joue.

Le Père Noël a les yeux bleus – de Jean Eustache – 1966

Posté : 16 mai, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, EUSTACHE Jean | Pas de commentaires »

Le Père Noël a les yeux bleus

Le film aurait pu s’appeler Les Mauvaises fréquentations, titre alternatif du premier moyen métrage d’Eustache. D’ailleurs, ça a été le cas un moment, en tout cas sur le papier : Le Père Noël a les yeux bleus est bel et bien une variation sur le thème du précédent, ou plutôt le deuxième volet d’un diptyque sur le même sujet, à ceci près qu’une ville de province (Narbonne) se substitue à Paris. Ce qui n’est pas totalement anodin.

Pas anodin, parce que le rythme n’est pas le même. Et que sans faire d’anti-provincialisme de base (je vis dans un petit village d’un secteur bien rural), l’ennui n’a pas la même qualité. Les jeunes gens, cependant, ne sont pas bien différents. Ici, le héros a les traits de Jean-Pierre Léaud, alors forcément, il ne ressemble pas tout à fait aux duettistes du premier film. Mais son ambition n’est guère différente : séduire, pour tromper son ennui.

Le film doit son titre à une séquence centrale, dont l’idée, d’après Eustache lui-même, est à l’origine du projet. Léaud, pour gagner l’argent dont il a besoin pour s’acheter un duffel-coat (le grand enjeu dramatique du film : va-t-il pouvoir l’acheter ?), joue les Père Noël pour un photographe, et profite de ce déguisement pour accoster des jeunes femmes qu’il connaît de vie, et qui se demandent toutes qui est cet homme derrière ce déguisement.

La vérité pure et fascinante qui faisait la beauté de Du côté de Robinson est toujours là, avec la même réussite et le même sens du réel… et du cinéma. Les deux, inséparables. Ces deux premiers moyens métrages imposent un cinéaste qui, même s’il paye son tribut aux réalisateurs « cartés » de la Nouvelle Vague (jusqu’à filmer le personnage de Léaud devant une affiche des 400 coups), a un univers bien à lui. Pas encore un long, et déjà : j’aime Eustache.

Du côté de Robinson / Les Mauvaises Fréquentations – de Jean Eustache – 1964

Posté : 15 mai, 2024 @ 8:00 dans 1960-1969, COURTS MÉTRAGES, EUSTACHE Jean | Pas de commentaires »

Du côté de Robinson

Premier film achevé de Jean Eustache, et premier coup de cœur. Ce moyen métrage n’a l’air de rien : tourné en 16 mm, il ne parle que de petites choses anodines : l’ennui dominical de deux amis qui tentent désespérément de séduire des « souris », les tentatives maladroites, les rencontres et les déceptions. Rien de plus, rien de conséquent, et pourtant…

De cette errance pleine d’ennui dans les rues de Paris, Eustache tire un film fascinant et passionnant d’une vérité troublante. Le film pourrait même être la photographie définitive d’une certaine jeunesse désœuvrée, maladroite, pleine d’envie et de maladresse. Ni des meneurs, ni des ratés : juste deux types ordinaires confrontés à la plus grande des galères de la jeunesse : la difficulté de séduire, le mystère insondable que représente l’autre sexe…

Eustache s’inscrit dans la mouvance de la Nouvelle Vague, avec ses séquences tournées en décors naturels, comme volées. Au premier abord, le jeune réalisateur semble donc rompre lui aussi avec un cinéma plus traditionnel. On sent pourtant la patte d’un cinéaste-cinéphile, qui maîtrise d’une manière assez impressionnante le langage cinématographique : cette errance diurne est filmée (et montée) avec une fluidité et un rythme absolument incroyables.

Et puis, quels accents de vérité dans les échanges entre ces deux amis qui tentent désespérément de sauver une journée qui doit ressembler à tant d’autres, marquée dès le début par un sentiment d’impuissance et d’échec annoncé. Tout sonne juste et profond dans ce film, qui est aussi un témoignage fascinant d’un Paris disparu : celui des dancings, d’une place du Tertre pas noire de touristes, d’un Montmartre aux allures de village…

Pas grand-chose, donc. Mais ce pas grand-chose, cette tranche de vie un peu minable, est aussi la naissance d’un cinéaste que l’on a déjà envie de suivre partout. Le cinéma, le vrai, pour parler de la vie, la vraie. C’est beau, et ça donne une envie folle de voir la suite.

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