Los Cuatro Golpes – de François Truffaut – 1962
C’est bien parce qu’il est signé Truffaut que ce petit film amateur tourné visiblement en une soirée entre personnalités désœuvrées ait droit à une restauration en bonne et due forme. C’est ce qui est arrivé à Los 4 Golpes, dont le titre est un clin d’œil évident aux 400 coups, et que Truffaut a tourné en marge du festival de Mar del Plata en Argentine, où il venait présenter Jules et Jim.
Aucun rapport avec la première apparition d’Antoine Doinel d’ailleurs : ce très court métrage sans son (de ce qu’on peut en juger, le générique annonçant une musique de « Juan Sebastian Bach » est mensonger) n’évoque ni de près ni de loin l’enfance, mais « raconte » (les guillemets sont importants) le meurtre d’une femme d’un certain âge par un homme assez guilleret.
Ce dernier est joué par Truffaut lui-même, et la scène du meurtre est plutôt rigolote, en ce qu’elle brouille la frontière entre la fiction et la réalité, entre le personnage et le cinéaste : Truffaut rejoue le crime en cadrant le plan avec ses mains, puis en donnant des indications au caméraman avant que la victime ne s’effondre en tirant la langue…
Difficile de dire à quel point Truffaut a pris cette petite chose au sérieux, mais ces trois petites minutes de film s’ouvrent tout de même sur un générique dans les règles, finalement assez étonnant. Accessoirement, c’est aussi le seul film que Marie Laforêt (dans le rôle d’une complice, qui se contente à peu près de jeter une fleur sur la victime) a tourné sous la direction de Truffaut.