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Archive pour la catégorie 'DOCUMENTAIRE'

20 000 jours sur Terre (20,000 days on Earth) – de Ian Forsyth et Jane Pollard – 2014

Posté : 26 avril, 2015 @ 6:28 dans 2010-2019, DOCUMENTAIRE, FORSYTH Ian, POLLARD Jane | Pas de commentaires »

20000 jours sur Terre

Il aura mis du temps, Nick Cave, avant de se retrouver au cœur d’un film. Pourtant, il y a toujours eu quelque chose de profondément cinématographique dans la musique du génial rockeur-bluesman. Pas uniquement dans sa manière de raconter des histoires dans ses chansons, mais aussi et surtout dans l’atmosphère qu’elles dégagent, et dans les émotions dramatiques qu’elles créent.

D’ailleurs, l’Australien a souvent flirté avec l’écran. Il y a vingt ans déjà, sa chanson « Red Right Hand » était utilisée dans une scène-clé de la saison 2 de X-Files. Tout récemment, c’est curieusement la même chanson qui sert de générique et plante l’ambiance de la série Peaky Blinders. Deux exemples, deux séries majeures de leur temps…

On l’a connu scénariste, aussi, prolongeant enfin au cinéma son univers sombre (The Proposition). Cette fois, il est à la fois l’auteur, l’acteur, le compositeur, et le sujet d’un film aussi envoûtant que ses plus grandes chansons. On ose à peine parler de documentaire, avec 20 000 jours sur Terre, même s’il s’agit bien du portrait d’un artiste qui se libre et se laisse découvrir comme jamais…

Mais de quelle manière ! Loin de tout ce qu’on peut imaginer et de tout ce qu’on a pu voir dans le domaine du documentaire musical, le film est une sorte d’errance dans le cerveau et dans le cœur de Nick Cave. Fiction ou réalité ? Les réalisateurs et leur sujet ne cachent pas qu’il y a beaucoup d’invention dans ce qui est dit et montré. Pourtant, entre les moments volés et les images parfaitement « mises en scène », la sensation de découvrir la vérité la plus sincère et la plus nue de Cave est grande, souvent troublante.

L’histoire du film commence de manière assez classique : le chanteur demande aux réalisateurs de filmer ses sessions d’enregistrement de son dernier album (le sublime « Push the sky away »). Les images qui en sont tirées sont magnifiques, et auraient pu donner un remarquable making-of. Avec la bénédiction de Cave, Iain Forsyth et Jane Pollard décident d’en faire tout autre chose : un portrait intime qui évite consciencieusement tous les passages obligés du portrait intime, tous les codes d’une manière générale…

Un long dialogue avec un psy (authentique), une étonnante séquence dans les archives personnelles du chanteur (avec de vrais archivistes), des rencontres avec ses fidèles musiciens… Les réalisateurs créent des moments d’intimités rares et souvent bouleversants. Ils invoquent aussi d’inattendues rencontres, quasi-fantômatiques, lors fascinantes virées en voiture sous la pluie de Brighton.

Il y a l’acteur Ray Winstone (vedette de The Proposition, qu’il a écrit), avec qui il confronte son approche d’artiste. Il y a aussi le guitariste Blixa Bargeld, ancien fidèle parmi les fidèles qui l’a quitté il y a quelques années, et qu’il retrouve dans une gêne apparente qui dissimule mal une vraie tendresse réciproque. Il y a surtout la chanteuse Kylie Minogue, avec qui il a fait un petit tube en 1997 (le très beau « Wild the roses grow », sur l’hallucinant album « Murder Ballads »), et dont l’apparition est curieusement émouvante.

Dans ses rapports aux autres, à son passé et à ceux qui l’entourent ; dans sa manière de se livrer dans de longues tirades ou dans de soudains silences ; dans le rôle central donné à sa musique… 20 000 jours sur Terre est un film absolument magnifique. Un documentaire sur Nick Cave ? En tout cas une oeuvre qui porte bel et bien la marque du plus grand chanteur du monde. En tout cas depuis Johnny Cash, l’une de ses inspirations dont l’ombre plane également sur le film.

* DVD chez Carlotta, avec de beaux suppléments, notamment une série de scènes coupées montrant Cave au travail, et un duo live du chanteur avec Kylie Minogue.

Nanouk l’Esquimau (Nanook of the North) – de Robert Flaherty – 1922

Posté : 1 avril, 2015 @ 4:18 dans 1920-1929, DOCUMENTAIRE, FILMS MUETS, FLAHERTY Robert | Pas de commentaires »

Nanouk l'Esquimau

Le film de Flaherty est considéré comme le tout premier « vrai » documentaire. Que ce terme soit adapté ou non, qu’importe : Nanouk est de toute façon une petite merveille, autant qu’un document incomparable concernant le quotidien de ces Esquimaux du grand Nord canadien auprès desquels le néo-cinéaste a passé une dizaine d’années avant de décider de fixer leur mode de vie sur la pellicule.

Quelques regards face-caméra, des scènes dont on devine qu’elles ont été rejouées pour un montage plus dynamique, un enchaînement d’épreuves auxquelles sont confrontés Nanouk et sa famille pour une montée en puissance dramatique… Ce n’est pas à un travail d’anthropologue que se livre Flaherty, qui utilise tous les outils cinématographiques à sa disposition pour signer un vrai film. Pas une fiction bien sûr, mais pas totalement un documentaire non plus.

Dans la préface qui ouvre le film, Flaherty explique avoir voulu évoquer l’ensemble du peuple esquimau à travers le seul parcours de Nanouk, ce chasseur au visage incroyable, à la fois sombre et facétieux. C’est ce personnage qui, scène après scène, doit chasser le phoque à travers la glace, traverser de vastes étendues blanches avec ses chiens, sauter d’un bloc de glace à l’autre sur une eau gelée, transporter sa famille dans une pirogue dont on se demande comment elle fait pour tous les contenir, ou se livrer à un face à face impressionnant avec un gigantesque morse…

Les scènes s’enchaînent sans réel lien logique, mais dans un même mouvement fascinant. Avec pour point d’orgue la construction d’un igloo dans les règles de l’art, tâche guère spectaculaire dont on n’aurait pas imaginé qu’elle aurait pu être si fascinante… notamment lorsque Nanouk appose la dernière touche à son oeuvre : une « fenêtre » découpée dans la glace !

Le film est plein de légéreté, et met en scène un peuple visiblement joyeux et particulièrement apte à l’insouciance. C’est aussi une oeuvre parfois rude, qui ne cache rien de la rigueur de cette vie faite de dangers et de menace, où la chasse est un moyen de vivre et de survivre. Un film qui soulève le coeur même, par moments, et qui ne nous épargne rien de la chasse, de la découpe des animaux à peine morts, dont nos héros dévorent la chair crue encore chaude de vie.

Ils semblent tellement différents de nous, Nanouk et ses proches. Pourtant, Flaherty réussit à créer une étrange proximité entre ses « personnages » et les spectateurs, qui les suivraient au bout de la banquise. Plus de 90 ans plus tard, cette proximité n’a rien perdu de son attrait.

Premier amour (Pierwsza milosc) – de Krzysztof Kieslowski – 1974

Posté : 8 février, 2011 @ 4:43 dans 1970-1979, DOCUMENTAIRE, KIESLOWSKI Krzysztof, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Premier amour

Documentaire ou fiction ? Premier amour n’est ni vraiment l’un, ni vraiment l’autre. C’est en tout cas un parfait film de transition pour le jeune Kieslowski, entre son passé de documentariste et ses films de fiction à venir. La narration est clairement celle d’une fiction, mais il n’y a dans ce moyen métrage d’à peine une heure aucun ressort dramatique marqué. Les deux personnages principaux vivent, simplement, les débuts de leur vie d’adulte devant une caméra qui les filme au plus près. A travers eux, c’est toute la société polonaise de l’avant-Solidarnosc qui apparaît avec toutes ses difficultés, tout son mal de vivre.

Le mariage des deux tourtereaux n’a ainsi rien d’une grande fête où la musique et l’alcool coulent à flots. C’est plutôt une triste cérémonie rituelle qui marque le passage à l’âge adulte, le début d’un parcours personnel dont peu de personnes sortent comblés : durant ce mariage, les parents du jeune couple lui souhaitent « une meilleure vie que celle que j’ai eue ». Visiblement sans trop y croire. L’avenir n’est pas rose dans la Pologne des années 70.

Le film donne vraiment l’impression de s’immerger dans cette société qui n’a rien de séduisante. Pourtant, on ne voit quasiment rien de la Pologne de cette époque. Ni les rues, ni les maisons, ni les passants, ou presque… Les très gros plans dévorent l’écran, à l’exclusion de tout véritable décors, ou presque. Une façade par ci, un parc pour enfants par là, guère plus… Kieslowski sait que c’est à travers les personnages et leur vérité qu’il décrira le mieux les réalités de la Pologne. Le cinéaste se tourne déjà vers la fiction pure.

Avec des non-acteurs qui jouent leurs propres rôles devant la caméra, Kieslowski signe un film visuellement très laid (y’a pas, je préfère quand même nettement La double vie de Véronique), mais étrangement fascinant, qui crée une atmosphère à la fois triste et désespérée (où est le salut ? où sont les rêves dans ce pays rongé par une administration à la Kafka, et d’énormes problèmes de logement ?), et ouvertement tourné vers l’avenir. Les enfants, les bébés même, sont omniprésents dans le film. L’avenir du pays, ce sont eux. Kieslowski ne se fait pas d’illusion sur la société dans laquelle il vit. Mais il croit visiblement en la possibilité d’un nouveau départ…

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