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Archive pour la catégorie 'EFIRA Virginie'

Continuer – de Joachim Lafosse – 2018

Posté : 20 juillet, 2019 @ 8:00 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, LAFOSSE Joachim | Pas de commentaires »

Continuer

Une mère absente et son fils à la dérive tentent de se retrouver à l’occasion d’un voyage à cheval dans les immenses étendues désertes du Kirghizistan… Joachim Lafosse adapte le roman de Laurent Mauvignier, et signe un film aussi simple qu’intense, d’une beauté renversante.

Il y a l’intensité des rapports entre cette femme qui décide tardivement de jouer son rôle de mère, et ce fils coincé dans une sorte d’entre-deux entre l’adolescence et l’âge adulte : une mère pleine de regrets face à un fils plein de colères. Il y a la beauté saisissante et rude des paysages, que Lafosse filme avec un sens de l’espace qui doit plus à une certaine âpreté de la vie qu’à un quelconque lyrisme.

Il y a cette manière de Lafosse de filmer les creux : ces moments où rien ne se passe, où rien n’est dit. C’est dans ces moments, paradoxalement, que l’émotion est la plus fortes, la plus bouleversante parfois. C’est aussi dans ces moments que le récit avance le plus, comme si les liens qui unissent cette mère et ce fils qui se découvrent n’avaient besoin d’aucun mot pour s’exprimer.

Il y a aussi, et peut-être surtout, l’interprétation de Kacey Mottet-Klein, 20 ans et déjà une solide expérience. Et celle de Virgina Efira, tout simplement extraordinaire. Quoi qu’elle tourne, elle est toujours juste certes. Mais là, débarrassée de ce sourire qu’elle arbore souvent (y compris dans le drame le plus sombre comme Elle de Verhoeven), elle se livre avec une intensité, et une intimité, absolument bouleversantes.

Le film est beau en soi : la caméra à la fois libre et totalement maîtrisée de Lafosse ne doit pas être sous-estimée. Mais la prestation de Virginie Efira est un petit chef d’œuvre à elle seule. Sans jamais voler la vedette à son jeune partenaire, ni même au décor qui l’entoure, elle s’impose pour de bon comme l’une des très grandes actrices du cinéma actuel. Magnifique, tout simplement.

Elle – de Paul Verhoeven – 2016

Posté : 22 juin, 2019 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 2010-2019, EFIRA Virginie, VERHOEVEN Paul | Pas de commentaires »

Elle

Verhoeven a retrouvé une fraîcheur et une liberté renouvelées depuis qu’il a quitté Hollywood. Qu’importe si cet exil d’exilé n’est pas voulu, qu’importe s’il tourne ici parce qu’il n’arrive plus à financer ses films là-bas : que ce soit aux Pays-Bas avec l’épique Black Book, ou en France avec ce Elle, Paul Verhoeven renoue avec ses thèmes de prédilection, et signe des films qui portent clairement sa marque, tout en renouvelant son cinéma.

Peut-être est-ce la langue française, ou les décors si familiers, ou les acteurs tellement français… Elle semble marquer une sorte de nouveau départ pour le cinéaste : un cinéma peut-être plus ouvertement ancré dans la réalité, débarrassé des fards hollywoodiens, ou d’une technique trop léchée. Un cinéma épidermique qui va bien aux obsessions de Verhoeven.

Parce que de ce côté-là, rien n’a changé. Verhoeven reste fasciné par le mariage du sexe et de la violence, et par un rapport trouble au désir et à la mort. C’est le cœur même du film, avec cette femme bourgeoise victime d’un viol, qui a de bonnes raisons de ne pas en parler à la police, et qui finira par entretenir une étrange relation avec son violeur.

Sur le papier, on n’est pas si loin de Basic Instinct au fond. Mais Isabelle Huppert est à peu près l’inverse de Sharon Stone. Tout aussi troublante, tout aussi mystérieuse. Mais l’apparente froideur (qui cache de véritables braises) d’Huppert change tout. Verhoeven a dit qu’aucune actrice américaine n’aurait accepté de jouer ce rôle. Mais à vrai dire, aucune actrice américaine, et aucune autre actrice tout court, n’aurait apporté ce qu’Huppert apporte.

Touchante et odieuse, froide et incandescante, fragile et forte à la fois, elle malmène et séduit son entourage en semant le trouble. Et pourtant, elle exerce une véritable fascination : sur son ex-mari (Charles Berling), sur son voisin (Laurent Laffitte), sur sa meilleure amie (Anne Consigny)… et sur le spectateur surtout, constamment pris à contre-pied, bousculé, dérangé, et finalement emporté par cette femme au passé si lourd.

Verhoeven, jeune cinéaste français de 77 ans ? L’expérience lui a sans doute plu, puisqu’il a enchaîné avec Benedetta, pour lequel il offre le rôle principal à Virgine Efira, actrice emballante qui se contente d’un petit (et beau) rôle dans Elle. Vivement.

Mon pire cauchemar – d’Anne Fontaine – 2011

Posté : 19 janvier, 2012 @ 6:55 dans 2010-2019, EFIRA Virginie, FONTAINE Anne | Pas de commentaires »

Mon pire cauchemar

Isabelle Huppert en bourgeoise glaciale, sèche et cassante, vivant dans un superbe appartement donnant sur le jardin du Luxembourg. Benoît Poelvoorde en beauf sans le sou, à l’humour gras et vulgaire. On ne peut pas dire qu’Anne Fontaine offre à ses deux acteurs des rôles à contre-emploi, dans cette comédie douce-amère. Bien au contraire : le film a visiblement été écrit en pensant à eux, leur image étant le cœur même de l’entreprise. Anne Fontaine ne se contente pas de jouer avec l’image radicalement différente de ses deux acteurs, elle en fait le sujet de son film, poussant chacun d’eux jusqu’à la limite du stéréotype pour mieux dévoiler leurs fêlures et leurs improbables points communs.

D’un côté, nous avons donc la patronne d’une galerie d’art très prout-prout, remplie de gens qui trouvent ce que vous faites incroyablement novateurs devant vous avant de vous débiner dès que vous avez le dos tourné. Mariée avec un éditeur très sympa (André Dussolier, forcément formidable), avec lequel elle n’a plus eu de rapport sexuel depuis au moins quinze ans.

De l’autre, un quasi-SDF vivant seul avec son fils entre une camionnette vaguement aménagée, et un minuscule logement coincé sous un escalier. Vulgaire, porté sur le cul (« je ne paye pas d’impôt, mais je fourre du boudin !»), bricoleur, aux antipodes de cette pimbèche dont il n’aurait jamais croisé la route si leurs fils respectifs n’étaient pas les meilleurs amis du monde : parce que dans l’univers gentiment idéaliste de la cinéaste, la mixité sociale existe réellement, et les enfants de très riches fréquentent les enfants de très pauvres à l’école…

Alors ces deux-là se rencontrent finalement, et malgré eux. La bourgeoise ne tolère le prolo que parce qu’il a sympathisé avec son mari, lui ouvrant de nouveaux horizons loin de son quotidien de bourgeois un peu hypocrite (y compris des horizons sexuels, Dussolier se prenant de passion pour une connaissance de Poelvoorde, joué par Virginie Efira, irréprochable mais loin du génie de ses trois partenaires). Le prolo ne supporte les réflexions de la pétasse que parce qu’ils hébergent son fils…

Pourtant, bien sûr, la pétasse et le prolo vont finir par se trouver, se révélant leurs vraies natures cachées. Du mépris et de la haine surgira une sublime histoire d’amitié (et d’amour, dont on se serait bien passé), totalement improbable et bouleversante. Le procédé est vieux comme le cinéma : Anne Fontaine n’est ni la première, ni la dernière à associer deux caractères radicalement différents. Mais ils ne sont pas nombreux à être allé aussi loin, en utilisant les deux acteurs qui symbolisent le mieux ces différences.

Et la réalisatrice tire le meilleur de ses acteurs : Isabelle Huppert n’a pas été aussi émouvante, juste (et belle, et sexy) depuis des années ; et Benoît Poelvoorde confirme définitivement que, bien dirigé, avec un bon rôle à jouer, il est un comédien immense. Dussolier est excellent, mais c’est bien le « couple » vedette qui fait tout le sel du film, aussi bien dans la comédie, souvent très drôle, que dans l’émotion, qui prend aux tripes. Le film aurait sans doute gagné à se terminer vingt minutes plus tôt, la fin n’apportant rien à cette rencontre aussi improbable que séduisante. Mais qu’importe : Mon pire cauchemar est l’une des comédies françaises les plus intelligentes et séduisante que l’on ait vu depuis des années.

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