L’Ultimatum des trois mercenaires (Twilight’s Last Gleaming) – de Robert Aldrich – 1977
Trois anciens militaires prennent le contrôle d’une base de lancement de missiles nucléaires, où ils se replient, réclamant à être entendus par le Président des Etats-Unis… Il y a de belles choses dans cet avant-avant-dernier film du vétéran Aldrich : un certain mordant, une approche politiquement pas très correcte, et une audace scénaristique qui trouve son apogée dans les dernières minutes, s’inscrivant alors dans la lignée d’un Black Sunday, autre film politico-terroriste sorti cette même année, et réalisé par un John Frankenheimer en pleine forme.
Mais en 1977, Aldrich semble bien plus à côté de la plaque que Frankenheimer. Son Ultimatum… se révèle vite bien assommant. Lent et long, le film a énormément vieilli. Et la charge politique n’a guère de poids, si on excepte la toute fin, d’un cynisme réjouissant.
Le casting, pourtant, est exceptionnel, mais Robert Aldrich semble plus concerné par la volonté de multiplier les split screens, jusqu’à l’absurde, que par celle de faire exister ses personnages. La plupart des acteurs sont d’ailleurs réduits à un simple rôle illustratif, dépouillés de toute vie propre. Cela concerne des seconds rôles (Joseph Cotten, vieillard de 72 ans qui n’a strictement rien à jouer), mais aussi les personnages principaux : Burt Lancaster se contente la plupart du temps d’appuyer sur des boutons et de regarder sur des écrans. Mais rien ne lui permet de rendre réellement crédible son personnage.
Il y a quand même quelques figures intéressantes : celle du président (Charles Durning), présenté comme un monsieur tout le monde tiraillé entre son sens du devoir et ses peurs d’homme ordinaire. Celle aussi de l’un de ses conseillers, qui n’a pas grand-chose d’intéressant à faire, mais qui a la gueule de cette vieille baderne de Charles McGraw, le héros de L’Enigme du Chicago Express, qui fait une nouvelle fois des merveilles.
Le film a quand même ses fans. Michael Bay, pour commencer, qui s’en est largement inspiré pour son Rock…
• Le DVD vient d’être édité chez Carlotta.