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Archive pour la catégorie 'LANCASTER Burt'

L’Homme du Kentucky (The Kentuckian) – de Burt Lancaster – 1955

Posté : 3 avril, 2017 @ 8:00 dans 1950-1959, CARRADINE John, LANCASTER Burt, LANCASTER Burt, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Homme du Kentucky

Pour son premier film derrière la caméra, Burt Lancaster signe un western étonnant : une ode à la nature, étrangement économe en action, mais à la tension parfaitement maîtrisée. Un western sans chevaux aussi, avec ce personnage de père célibataire (qu’il interprète lui-même), qui traverse le pays sauvage à pied avec son fils et son chien, minuscule communauté en mouvement qui semble avoir trouvé un idéal dans cette vie de pionnier au contact avec la nature.

Comme souvent dans le western, le film parle de la fin d’un monde, ou plutôt de la fin d’un mode de vie. Mais le thème est particulièrement bien traité ici. L’arrivée du père et de son fils dans la « civilisation » remet en cause l’harmonie de leur relation. Elle implique l’irruption d’une femme, ou plutôt de deux femmes : la belle institutrice, symbole d’une vie sociale et de concessions visiblement tentante pour le père ; et la petite sauvageonne, plus conforme aux aspirations du fils.

A travers le choix entre ces deux femmes, toutes deux belles, aimantes et sincères, c’est de la nécessité de se plier aux règles de la société qu’il est question. Et dans sa manière d’aborder le sujet, Lancaster fait preuve d’une honnêteté absolue, ne tombant jamais dans le manichéisme, la nostalgie facile, ou la dénonciation aveugle de l’excès de règles. Son film est d’ailleurs, finalement, totalement bienveillant.

Il y a des salauds, bien sûr, à commencer par Walter Matthau, dont c’est le tout premier film, et qui se révèle d’emblée excellent en salopard intégral. Mais il y a surtout des sentiments purs, une simplicité et une sincérité qui se ressentent jusque dans la manière dont Lancaster filme les beaux décors naturels, dans la première partie. Une réussite qui fait regretter que l’acteur n’ait pas persévéré derrière la caméra : il ne récidivera que quasiment vingt ans plus tard avec Le Flic se rebiffe.

Airport (id.) – de George Seaton – 1970

Posté : 25 février, 2017 @ 8:00 dans 1970-1979, LANCASTER Burt, SEATON George | Pas de commentaires »

Airport

Pour les quadragénaires d’aujourd’hui, il est un peu difficile de revoir Airport sans penser à la parodie pas légère mais culte que les ZAZ en ont tiré (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?). C’est un peu injuste : sans crier au génie, ce fleuron du film catastrophe des années 70 reste un modèle du genre, et ne manque pas de beaux moments et d’idées intéressantes.

La première de ces idées repose sur le décor lui-même : on ne sort que rarement de ce gigantesque aéroport (ou d’un avion en vol), dont on explore les moindres recoins, de l’effervescence des salles d’embarquement aux bureaux confortables et calmes de la direction. Dans toute la première partie, surtout, George Seaton prend le temps de filmer le quotidien de cette ruche humaine, présentant longuement chacun des nombreux personnages, comme cela se fera dans tous les films catastrophes à suivre.

Beaucoup de ces personnages n’ont d’ailleurs pas grand-chose à faire dans le suspense qui va suivre. Burt Lancaster lui-même, dans le rôle du grand directeur, mettra plus de temps et d’énergie à démêler sa vie privée compliquée qu’à sauver des vies lorsqu’un avion menacera de s’écraser. Seaton est visiblement au moins autant intéressé par ces à-côtés que par l’intrigue principale: les plus belles scènes du film sont toutes des moments intimes.

Celui des adieux entre le futur pirate de l’air (beau personnage joué par Van Heflin, très bien) et sa femme, dans une scène touchante à défaut d’être visuellement très convaincante : la belle photo de certains plans est contrebalancée par une image étrangement terne des contre-champs, d’où une impression étrange qui gâche un peu l’émotion du moment. Autre belle scène : celle de la grande dispute entre Lancaster et sa femme, qui se termine par un moment apaisé où leur sort se joue sur une jolie note mélancolique.

Les moments spectaculaires sont tout aussi réussis, même si le concept « catastrophe » est pour le moins douteux : une bombe qui explose dans un avion et ledit avion qui continue à voler presque comme si de rien n’était… Improbable, mais bien mené, en tout cas sans temps mort.

Tous les personnages ne sont pas passionnants (Dean Martin est en roue libre, Jean Seberg et Jacqueline Bisset n’ont pas grand-chose à jouer), mais George Kennedy révèle une nouvelle fois une présence atypique qui marque les esprits. Il sera d’ailleurs le seul acteur de cette riche distribution à rempiler pour les trois « suites » qui suivront jusqu’au calamiteux Airport 80 : Concorde (les deux autres étant 747 en péril et Les Naufragés du 747).

Le film rencontrera un tel succès qu’il lancera le nouvel âge d’or du film catastrophe, dont la série Die Hard s’inspirera beaucoup pour les deux premiers films : 58 minutes pour vivre sera d’ailleurs un hommage affiché à Airport, comme Piège de Cristal s’inspirera de La Tour infernale. Le troisième Die Hard aurait ainsi dû se passer sur un bateau comme L’Aventure du Poséidon, mais Steven Seagal étant passé par là avec son Piège en haute mer, les producteurs ont changé de direction.

Tant qu’il y aura des hommes (From here to Eternity) – de Fred Zinnemann – 1953

Posté : 1 juin, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, LANCASTER Burt, ZINNEMANN Fred | Pas de commentaires »

Tant qu'il y aura des hommes

Ah cette étreinte amoureuse balayée par les vagues ! Cette image de Deborah Kerr et Burt Lancaster s’enlaçant sur la plage est devenue l’une des icônes du 7ème art, au point d’avoir été parodiée plus d’une fois. Pourtant, dans cette scène, c’est tout ce qui précède qui continue aujourd’hui à troubler, ce désir apparent entre ces deux êtres qui tentent (mollement, quand même) d’y résister…

Visuellement, ce classique un peu surévalué a un intérêt limité. C’est filmé efficacement et avec un classicisme assez élégant, mais Zinnemann n’est ni John Ford, ni William Wellman, deux cinéastes qui ont su filmer les groupes masculins d’une manière autrement plus stimulante. Il manque à Zinnemann la flamme grâce à laquelle le cinéma de ses aînés n’a rien perdu de sa force.

Mais le scénario est formidable, partant d’une belle idée : faire se croiser les destins particuliers de personnages dans une base militaire de Pearl Harbor, quelques jours avant ce fameux 7 décembre. Ces personnages sont remarquablement dessinés, et surtout par des acteurs absolument formidables. Et parfois inattendus.

A l’image de Frank Sinatra, has-been à l’époque, qui s’est battu pour décrocher le rôle que personne ne voulait lui donner, et qui lui vaudra un Oscar du second rôle et une renaissance artistique qui relancera sa carrière. Il est bouleversant en chien fou qui se met à donner celui qu’il ne fallait pas : le gardien impitoyable d’une prison militaire dans laquelle il finira par être envoyé (Ernest Borgnine, sadique comme il sait l’être).

Montgomery Clift est parfait aussi, en soldat obstiné jusqu’à l’extrême. Lui que la méthode Actor’s Studio pousse parfois à surinterpréter les émotions trouve un rôle absolument parfait pour lui : un ancien boxeur bien décidé à ne par réagir aux brimades de ses camarades et de ses supérieurs qui veulent l’obliger à remonter sur lui.

Les seconds rôles sont tous parfaits (mention à Claude Akin, toujours impeccable même dans une apparition aussi modeste). Et les rôles de femmes sont particulièrement marquants, comme souvent chez Zinnemann (on se souvient bien sûr de Grace Kelly dans Le Train sifflera trois fois). Donna Reed est particulièrement émouvante, et Deborah Kerr d’une justesse exemplaire, femme digne et resplendissante dont le vernis craque rapidement. Et ce regard qu’elle porte à Burt Lancaster se déshabillant sur la plage vaut largement cette fameuse étreinte si souvent parodiée.

Lancaster, justement, dont je ne cesse de redécouvrir l’immense talent, en plus de son charisme impressionnant. Il est ici d’une grande justesse, et c’est lui qui donne constamment le ton du film : cette force tranquille qui s’en dégage, et ces fêlures qui affleurent. Pas sûr que Tant qu’il y aura des hommes aurait gardé cette place dans l’histoire sans sa présence…

* Le film fait partie de la collection blue ray « Very Classics » sortie chez Sony. Une belle édition avec un livret passionnant et joliment illustré.

Les Professionnels (The Professionals) – de Richard Brooks – 1966

Posté : 29 avril, 2016 @ 11:38 dans 1960-1969, BROOKS Richard, LANCASTER Burt, RYAN Robert, WESTERNS | Pas de commentaires »

Les Professionnels

Dans la riche filmographie de Richard Brooks, cinéaste génial et engagé, Les Professionnels peut sembler bien anecdotique : un « simple » western construit sur le modèle déjà éculé des Sept mercenaires, soit quatre fines gâchettes engagées par un riche propriétaire pour retrouver sa femme, enlevée par un révolutionnaire mexicain…

Tourné après l’échec de Lord Jim, le film répond en effet à une volonté de Brooks de reprendre la main. En partie en tout cas, parce que le cinéaste n’abandonne pas ses ambitions pour autant. De ce film d’action fun et explosif, il tire en effet une réflexion un rien désenchantée sur la frontière entre le bien et le mal, filmant des personnages qui n’ont rien d’univoques, ou le manichéisme n’a pas sa place.

Le film fut un triomphe à sa sortie en salles. Un demi-siècle plus tard, il paraît étrangement moderne. Bien plus en tout cas que la plupart des westerns tournés durant cette période de déclin du genre et qui tentaient à tout prix d’être dans l’air du temps. Brooks, lui, réussit ce prodige de raconter son histoire le plus simplement du monde, avec une suprême élégance et une immense efficacité, tout en proposant une étude complexe et passionnante du genre humain, tiraillé entre convictions et intérêts personnels. Un vrai film politique…

Et puis il y a ce casting, fabuleux. L’un des plus excitants de toute la décennie sans aucun doute. Lee Marvin en tête d’affiche, sobre encore (dans son jeu en tout cas, paraît que sur le tournage, ce n’était pas souvent le cas…) et d’une intensité incroyable. Burt Lancaster surtout, acteur décidément formidable qui révèle ici une humilité rare, acceptant de passer au second plan pour le bien du film. Woody Strode encore, acteur fordien comme souvent peu bavard, mais dont la silhouette taillée à la serpe impressionne toujours. Robert Ryan enfin, acteur que je soupçonne incapable d’être mauvais, voire juste passable, excellent malgré un rôle très en retrait.

Et l’apparition tardive mais miraculeuse de Claudia Cardinale (des retrouvailles pour elle et Lancaster, après Le Guépard), d’une beauté à couper le souffle. Le couple qu’elle forme avec Jack Palance, méchant très relatif, constitue l’une des raisons de voir et revoir ce western majeur, l’un des meilleurs de la décennie.

* Blue ray dans la belle collection Very Classics de Sony, avec un livret passionnant et joliment illustré, et quelques bonus intéressants.

Vera Cruz (id.) – de Robert Aldrich – 1954

Posté : 28 mai, 2015 @ 1:03 dans 1950-1959, ALDRICH Robert, COOPER Gary, LANCASTER Burt, WESTERNS | Pas de commentaires »

Vera Cruz

Un face-à-face entre Gary Cooper et Burt Lancaster, ça ne se rate pas. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne déçoit pas dans ce classique qui fait partie des quelques westerns qui marquent la profonde mutation du genre durant cette décennie, et qui annoncent les westerns spaghettis de la décennie suivante.

Et quel face-à-face! Dès leur première rencontre, le génie des deux stars, leurs jeux radicalement différents, et même les deux familles de cinéma qu’ils représentent (le vieil Hollywood pour l’un, une approche plus moderne et décomplexée pour l’autre), s’opposent et se complètent miraculeusement. Entre le Gary Cooper bon et droit (enfin, la droiture en prend quand même un sacré coup avec ce personnage de mercenaire) et le Burt Lancaster au sourire arrogant et dangereux, ce sont deux visions du western, et du cinéma en général, qui cohabitent et s’affrontent.

C’est en tout une sorte d’adieu à un certain western hollywoodien que Cooper représente, et auquel il tourne le dos ouvertement. Comme si l’un de ses anciens personnages héroïques et irréprochables était obligé de tourner le dos à son passé et à ses convictions… Bon, la notion de bien et de mal est toujours bien là dans cet affrontement. Mais le mal trouve sinon des excuses, au moins une justification dans l’enfance. Et le bien, comme le « bon » pour Sergio Leone, est tout relatif.

Vera Cruz tient toutes les promesses de son affiche. Mais Robert Aldrich va bien au-delà de son duel de star. Il signe une merveille de film d’action, enchaînant les moments de bravoure tout en restant au plus près de ses personnages. C’est aussi ce qui est remarquable dans ce film : la manière dont Aldrich met en scène ses décors (spectaculaires) et ses figurants (nombreux), tout en évitant l’étalage vain. A la fois grandiose et intime.

La Flèche et le flambeau (The Flame and the Arrow) – de Jacques Tourneur – 1950

Posté : 26 mai, 2015 @ 4:43 dans 1950-1959, LANCASTER Burt, TOURNEUR Jacques | Pas de commentaires »

La Flèche et le flambeau

Les qualités athlétiques de Burt Lancaster et son passé de trapéziste n’ont jamais été si bien utilisés que dans ce superbe film d’aventures en Technicolor. Décidément à l’aise dans tous les genres, Jacques Tourneur signe un film dans la droite lignée des Aventures de Robin des Bois (dont le film utilise d’ailleurs une partie des décors), mais dont l’arrière-plan historique (la Lombardie du Moyen-Âge) semble n’être qu’un prétexte pour multiplier les scènes de bravoure dans lesquelles il s’ingénue à placer les arts du cirque au centre de l’action…

Un parti pris radical et joyeusement décalé que l’on sent guidé par le passé d’athlète circassien de Burt Lancaster, dans son premier grand rôle physique. Souriant et bondissant, il est tout à la fois l’âme, le cœur et le corps de ce grand spectacle romanesque et ouvertement excessif, dans lequel il saute, court, voltige, et utilise toutes les ficelles des arts du cirque les plus spectaculaires.

Au passage, Tourneur réussit quelques très belles scènes dramatiques, à commencer par un duel à l’épée entre Burt Lancaster et le traître. Banal, dans le cinéma d’aventure ? A cela près que Tourneur, après avoir fait monter la pression, plonge l’action dans l’obscurité la plus complète, rendant la violence de l’échange totalement invisible, et d’autant plus foudroyante.

Tourné en Technicolor, avec de magnifiques clairs-obscurs, La Flèche et le flambeau est un film d’aventure archétypal sur le papier. Mais ses partis-pris, et les nombreuses idées de mise en scène, en font une oeuvre visuelle totalement à part. Un pur spectacle cinématographique, pour un pur plaisir de spectateur.

* Le film existe en DVD chez Warner dans sa collection « Légendes du cinéma », avec en bonus deux courts métrages Warner Bros de 1950 : So you’re going to have an operation (avec George O’Hanlon dans le rôle de Joe McDoakes, héros d’une série de courts métrages), et le dessin animé Strife with Father.

Valdez (Valdez is coming) – de Edwin Sherin – 1971

Posté : 30 novembre, 2014 @ 4:51 dans 1970-1979, LANCASTER Burt, SHERIN Edwin, WESTERNS | Pas de commentaires »

Valdez

Il ne faut pas longtemps pour réaliser qu’on est dans un western définitivement à part dans l’histoire du genre. Dès les premières images, foule désordonnée dans un décor poussiéreux et sec, le ton paraît inédit. L’entrée en scène de Burt Lancaster en vieux métis américano-mexicain ne fait que renforcer cette sensation. Ancien tueur d’Indien devenu assistant occasionnel du shérif (mais seulement trois jours par semaine, et seulement dans le quartier mexicain), cet homme fatigué et marqué trimballe sa lassitude et son dégoût face au traitement réservé aux noirs, aux Indiens, et à lui-même…

Alors quand il est amené à tuer le noir qu’il tentait de sauver du lynchage, et quand le grand propriétaire cynique (méchant incontournable du genre) préfère l’humilier plutôt que de donner les 100 dollars qu’il lui demandait pour la veuve de sa victime, c’est le déclencheur d’années de rancoeurs, d’humiliations et d’injustices…

Burt Lancaster n’est pas à l’origine du film. Mais il a porté à bout de bras cette histoire signée Elmore Leonard, dans laquelle on retrouve ses thèmes de prédilection : l’injustice raciale, la vengeance… Un rôle taillé sur mesure pour l’interprète de Bronco Apache, dont les choix de films, souvent passionnants, se font aussi de plus en plus politiques au fil des ans.

Le rôle de Lancaster est primordial. Parce que son personnage, hors du commun, est quasiment omniprésent, et qu’il lui donne une intensité assez incroyable (malgré quelques petits passages où la lassitude, et l’accent mexicain, paraissent un peu too much). Et parce qu’il s’est entouré de collaborateurs qu’il connaît bien, à commencer par le scénariste Roland Kibbee (dont on ne sait pas vraiment ce qu’il a gardé de la première mouture signée David Rayfield), déjà auteur de Vera Cruz.

Et comme le classique d’Aldrich, Valdez bénéficie d’un scénario exceptionnel qui, sous les allures d’un survival assez classique, aborde des thèmes rarement évoqués dans le western, et avec une volonté de réalisme et d’intransigeance encore plus rare. Mexicain opprimé, Valdez a lui-même été du côté des oppresseurs. L’homme de main du grand propriétaire est un être brutal et cruel, mais que le courage et le passé de sa proie finiront par ébranler. Et que dire du personnage féminin (Susan Clark), fiancée trop consciente des crimes de son fiancé ?

Dommage que Lancaster ne se soit pas attaché les services de Pollack, autre collaborateur habituel à cette époque, un temps évoqué pour la mise en scène. Car si Valdez n’atteint pas le statut d’un vrai chef d’oeuvre, c’est qu’il manque la patte d’un grand cinéaste, qui aurait apporté une cohésion au film. Il y a bien quelques authentiques moments de grace (le superbe travelling lors de l’arrivée du chariot au début du film, les scènes de poursuite lorsque la brume semble tout envelopper…). Mais il y a aussi beaucoup de plans plus maladroits, moins fluides, qui cassent un peu le rythme.

D’ailleurs, après une première demie-heure formidable, il y a un gros ventre creux lorsque le film se transforme en chasse à l’homme (selon une logique dont Stallone s’est sans doute inspirée en écrivant le premier Rambo). Jusqu’à un dénouement absolument génial, que n’aurait pas renié un certain Tarantino, qui a lui aussi été plus que probablement influencé par Valdez, dont le Django unchained serait une sorte de descendant enragé…

• Le film fait partie de la collection Western de Légendes chez Sidonis. Avec un portrait de Lancaster et des présentations par Bertrand Tavernier (très personnelle et très érudite, comme toujours), Patrick Brion et Yves Boisset.

Pour toi j’ai tué (Criss Cross) – de Robert Siodmak – 1949

Posté : 6 novembre, 2014 @ 2:15 dans * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, DE CARLO Yvonne, LANCASTER Burt, SIODMAK Robert | Pas de commentaires »

Pour toi j'ai tué

Trois ans après Les Tueurs, son tout premier film, Burt Lancaster retrouve Siodmak pour ce « film jumeau » qui permet au duo d’explorer des thèmes similaires, sur une histoire aux multiples points communs. Dans les deux cas, un homme sans histoire est amené à participer à un braquage avec des gangsters « professionnels », parce qu’il est tombé amoureux de la mauvaise femme…

Dans les deux cas aussi, Siodmak réserve une large part aux flash-backs. Avec une différence de taille quand même : dans Criss Cross, contrairement au précédent film où les allers-retours entre passé et présent étaient nombreux, il n’y a qu’un long flash-back (avec un flash-back dans le flash-back). Cela peut sembler anodin, mais le ton du film s’en trouve chamboulé : ce choix fait du film une spirale infernale vers les abîmes, pour le personnage joué par Lancaster.

Cette spirale, c’est celle de la fascination et de la dépendance qu’il ressent pour la « femme fatale », nettement plus complexe et fascinante que la Ava Gardner des Tueurs. Actrice sublime trop souvent oubliée, Yvonne de Carlo trouve l’un de ses plus beaux rôles, jeune femme marquée par le destin et par le désir trop grand de garder la tête hors de l’eau…

Dès les premières images, on sait que l’amour que ces deux-là se portent, si sincère et complexe soit-il, est voué à l’échec et à la tragédie. Car il y a un troisième personnage dans cette histoire d’amour, de passion et de désir sexuel : le gangster, joué par le toujours formidable Dan Duryea, bouffé par la jalousie et la dépendance pour cette femme trop belle…

Moins célébré que Les Tueurs, Criss Cross est un chef d’œuvre pourtant aussi réussi, et peut-être plus riche encore. Et la dernière image, sublime et déchirante vision d’une « pieta », presque fugitive mais inoubliable.

Local Hero (id.) – de Bill Forsyth – 1983

Posté : 12 août, 2014 @ 4:24 dans 1980-1989, FORSYTH Bill, LANCASTER Burt | Pas de commentaires »

Local Hero

Il y a des endroits, comme ça, dont on aimerait faire partie. Des lieux que l’on découvre et vers lesquels on retourne régulièrement tout au long de sa vie, qu’on quitte à chaque fois en ayant l’impression d’y laisser une part de soi, mais où on sait bien qu’on sera toujours un étranger. Pour moi, ce sont les Highlands, dans le nord de l’Ecosse. Et c’est très exactement ce sentiment qu’y découvre le personnage principal de Local Hero.

Le film de Bill Forsyth est forcément séduisant. Parce qu’il y a les paysages si majestueux et dramatiques des Highlands, et surtout parce qu’on y retrouve l’esprit écossais : ce mélange de rugosité et de chaleur, cette manière de porter avec fierté la difficulté de la vie dans cette région vaste et quasi-déserte, à la beauté revêche.

Le film suit le rythme de MacIntyre, ce faux Ecossais, Américain sans racine chargé par une grande compagnie pétrolière texane de négocier avec les villageois écossais le rachat de leurs terrains, afin d’y implanter un gigantesque centre pétrolier. Et c’est lorsque ce rythme se coule enfin dans celui de cette petite communauté écossaise que le film devient vraiment beau et envoûtant. On se sent alors l’âme de ce marin russe qui débarque comme il le fait visiblement régulièrement pour profiter d’une tranche de vie dans ce village en dehors du monde…

Mais la première partie, essentiellement texane, déstabilise un peu. Des images grises au grain peu séduisant, une musique très datée eighties, et un scénar qui ne fait rien pour éviter les grosses ficelles : la grande ville contre le petit village, la toute puissante compagnie contre des villageois sans ressource, des hommes riches mais seuls contre une communauté pauvre mais soudée… Et puis Forsyth glisse un étrange humour décalé qui ne fait jamais vraiment mouche, donnant trop d’importance au grand patron de la compagnie (joué il est vrai par Burt Lancaster), homme vieillissant suivant une curieuse thérapie basée sur l’humiliation.

Un film en demi-teinte, donc, mais qui donne furieusement envie de se perdre dans le brouillard et sur les petites routes d’Ecosse… et de s’installer au comptoir de ce pub, pour goûter ce whisky de 42 ans d’âge en écoutant les conversations des villageois…

• Le DVD du film fait partie de la collection Les Films de ma vie.

L’Homme de la loi (Lawman) – de Michael Winner – 1970

Posté : 1 juillet, 2014 @ 8:18 dans 1970-1979, LANCASTER Burt, RYAN Robert, WESTERNS, WINNER Michael | Pas de commentaires »

L'Homme de la loi

Ainsi, avant de devenir le réalisateur attitré de Charles Bronson et de ses douteux vigilante films, Michael Winner a été un cinéaste ambitieux et intéressant. Ce Lawman est même aux antipodes absolus du Justicier dans la ville : une critique virulente, sombre et dure de la violence dans toutes ses formes. « That sounds like vigilante talk », ose d’ailleurs le maire de la petite ville devant le comportement de certains de ses concitoyens.

L’histoire du film ressemble à celle de beaucoup d’autres westerns, du Dernier Train de Gun Hill à Rio Bravo en passant par Le Train sifflera trois fois : un shérif (Burt Lancaster, raide comme la justice) arrive dans une petite ville pour arrêter plusieurs hommes accusés d’avoir causé la mort d’un vieil homme lors d’une soirée trop arrosée, et se heurte à l’hostilité de la population.

Et le personnage de Burt Lancaster a effectivement tout du héros de western, homme de loi inflexible, prêt à tout pour aller au bout de son devoir, conscient toutefois qu’il livrera ses prisonniers à des juges qui n’ont pas sa droiture : « Un homme comme Bronson pourrait facilement l’acheter », reconnaît-il évoquant le meneur du groupe qu’il recherche, un grand propriétaire qui semble conforme à l’image que l’on a de tous les grands propriétaires dans les westerns.

Mais le film ne joue avec les stéréotypes du genre que pour mieux nous en montrer les fêlures. Le shérif intraitable accueille la violence et la mort qu’il sème avec une nausée de plus en plus forte. Incapable, pourtant, de changer et de saisir la chance de bonheur qui lui est offerte par cette femme qu’il a connue jadis et qu’il retrouve, bien faible lueur d’espoir dans ce vacarme.

Le grand propriétaire joué par Lee J. Cobb est conscient de la responsabilité qui est la sienne et se trouve tiraillée entre son désir de mettre fin à la violence, et sa volonté de garder ce qu’il a mis trente ans à construire. Un homme qui vit avec les morts qui ont accompagné son ascension, comme il en témoigne avec émotion lors d’une belle scène nocturne très fordienne sur les tombes de ses proches, évoquant les Indiens qui ont sans doute tué ses frères : « C’était un peuple fier, les Comanches. N’écoute jamais ceux qui dénigrent les Indiens. »

Quant au shérif de la ville en question, vieille gloire désormais aux ordres du tout puissant propriétaire, il ne fait plus même semblant d’avoir un semblant de fierté, acceptant toutes les humiliations. Pourquoi ? Winner ne dira rien ou presque de son passé, et de ce qui l’a amené là. Mais Robert Ryan, acteur décidément formidable, apporte au personnage une vérité bouleversante, soulignant à la fois sa lassitude et un vague espoir de sortir de cette torpeur.

Comme le William Munny de Impitoyable, avec vingt ans d’avance, les personnages de Lawman sont tous hantés par un passé violent mais glorieux dont on ne saura pas grand-chose, à l’image de ce patron de bar estropié qui, avant le règlement de compte final, se décidera à retourner au combat. Mais les exploits glorieux d’antan n’étaient peut-être que des fantasmes : la violence n’a rien d’héroïque, ni même de spectaculaire.
S’il n’y avait ces zooms constants, très en vogue à l’époque, mais insupportables aujourd’hui, Lawman n’aurait pas été loin du chef d’œuvre. Avec un soucis du détail impressionnant, Winner signe tout de même un excellent western crépusculaire. Sans doute, de loin, son meilleur film.

L’Homme de la loi fait partie de la dernière fournée de la collection Westerns de Légende de Sidonis. En bonus : la bande annonce, une présentation par Patrick Brion, et un long portrait de Burt Lancaster.

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