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Archive pour la catégorie 'GABIN Jean'

Miroir – de Raymond Lamy – 1947

Posté : 31 octobre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, GABIN Jean, LAMY Raymond | Pas de commentaires »

Miroir

Après Martin Roumagnac, le deuxième film du nouveau départ pour Gabin. Prématurément vieilli après la guerre, l’ancien symbole du Front Populaire confirme son nouvel emploi de grand bourgeois. Miroir, film largement oublié, fait le lien entre ces deux Gabin, d’avant et d’après guerre. L’image installée de son personnage, homme d’affaires respecté, ne cache qu’aux yeux de ceux qui ne le connaissent pas la mauvaise graine qu’il fut dans sa jeunesse.

Monteur pour Guitry, Raymond Lamy n’a réalisé que ce film en son nom propre. Il ne démérite pas, pourtant. Le film n’évite pas quelques flottements, et manque sans doute d’une colonne vertébrale, un liant, ce petit quelque chose qui rendrait le drame plus intime encore. Mais il y a dans Miroir une belle ambition, que Lamy transforme épisodiquement en grands moments de cinéma.

L’histoire elle-même évoque celle de Leur dernière nuit, que tournera Gabin six ans plus tard. Miroir surprend surtout pour son ton inhabituellement sombre et violent, particulièrement marquant dans le flash-back, spectaculaire fusillade nocturne, ou dans le règlement de compte final… en plein enterrement dans un cimetière. Un film où Gabin abat sans ciller un homme à qui il doit la vie, rien que ça…

Lamy s’inscrit en fait dans la lignée de quelques grands films policiers français du début des années 1930, dans lesquels la violence, même hors champs, était frappante : Justin de Marseille notamment, et ce n’est pas un hasard s’il donne à Antonin Berval un rôle similaire, celui d’un mafieux marseillais.

Mais la plus belle scène du film, c’est cette chanson qu’interprète sur scène Colette Mars, dans le rôle de l’ex-maîtresse de Gabin. « Je sais qu’il est en même temps, tendre et méchant », chante-t-elle dans cette longue parenthèse au cœur du récit, comme un répit entre deux drames, ou comme le point de rupture d’une vie trop établie.

La chanson est belle, l’interprétation exceptionnelle, et la scène qui suit, nostalgique et bouleversante, est peut-être la plus forte du film. Elle préfigure d’ailleurs beaucoup de scènes comparables dans les films à venir de Gabin, jusqu’à la fin de sa carrière : très souvent, un personnage féminin évoquera au Gabin installé celui qu’il fut avant la guerre.

Le regard de Gabin lorsque la chanson de Colette Mars évoque en lui des souvenirs et le spectre d’un bonheur évanoui, est en tout cas une image absolument magnifique.

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Chacun sa chance – de René Pujol et Hans Steinhoff – 1930

Posté : 30 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, COMEDIES MUSICALES, GABIN Jean, PUJOL René, STEINHOFF Hans | Pas de commentaires »

Chacun sa chance

Les toutes premières heures du cinéma français parlant, l’adaptation d’une opérette comme tant d’autres, des quiproquos, des couples qui se forment… Cette comédie chantante n’augure rien de bien formidable, et le résultat ne l’est certes pas.

Une histoire inepte, des comédiens qui en font des tonnes… La scène d’introduction, avec ce hâbleur qui présente les personnages sur une scène de théâtre, résume bien l’ambition du film : offrir aux spectateurs un spectacle vivant et musical. Du music-hall filmé, plutôt qu’un vrai film de cinéma.

Pourquoi pas d’ailleurs : il y a de la vie là-dedans, et une poignée de travellings bien foutus où la caméra se mêle à la foule, du plus bel effet. Dommage quand même que les chansons soient si tartes. Même Jean Sablon ne parvient pas à donner de l’épaisseur à des textes écrits avec un dictionnaire de rimes.

A vrai dire, le principal intérêt du film (le seul ?) réside dans sa dimension historique, quasi archéologique. Chacun sa chance est le tout premier long métrage interprété par un tout jeune Jean Gabin, en faux baron qui tombe sous le charme d’une fausse comtesse (Gaby Basset qui fut sa première femme à la ville, et dont il était alors déjà séparé) à la suite d’improbables quiproquos.

Très souriant, la jeunesse éclatant, il n’est toutefois pas encore le Gabin qu’il sera bientôt (dès Cœur de Lilas, en 1932). Ce Jean Gabin de la première heure semble singer Maurice Chevalier dans sa manière de rouler les épaules comme dans ses intonations de chanteur, loin du prolo décontracté de La Belle Equipe. Un grand acteur qui se cherche… ça a quelques chose de beau.

La Belle Equipe – de Julien Duvivier – 1936

Posté : 28 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, DUVIVIER Julien, GABIN Jean, VANEL Charles | Pas de commentaires »

La Belle Equipe

« Quand on s’promène au bord de l’eau, comme tout est beau, quel renouveau… » Pourquoi cette chanson est-elle l’une des plus marquantes de l’histoire du cinéma ? Tout bêtement parce qu’elle vous trotte dans la tête pendant des jours : je suis incapable de revoir le film sans la fredonner en boucle jusqu’à se prendre une baffe par vos voisins agacés… Aussi parce qu’elle est chantée par un Gabin au sommet, et parce qu’elle symbolise ce que lui-même symbolise : une certaine douceur de vivre, des rêves modestes, une idée de l’amitié et du bonheur…

La Belle Equipe a été érigé en film étendard du Front Populaire. C’est en partie vrai. Sorti en pleine révolution sociale, le film de Duvivier s’impose comme le totem de cette France des travailleurs qui aspire à son petit coin de paradis. La fin pessimiste voulue par Duvivier et son coscénariste Charles Spaak vient quand même tempérer la chose.

Cette fin pessimiste a d’ailleurs longtemps été invisible. Après sa sortie originale, le film a été remonté à la demande du producteur, mais avec l’accord de ses auteurs, pour une fin optimiste qui a été la seule visible pendant des décennies. Aujourd’hui, le débat est loin d’être tranché. Et il n’est pas anodin.

Je dois avouer une petite préférence pour la fin optimiste, ne serait-ce que parce que la pessimiste ne m’a jamais totalement convaincu. Elle est belle, terriblement triste (« C’était une belle idée »), mais sonne un peu faux par rapport à ce qu’est au fond La Belle Equipe, avant d’être le film du Front Populaire : une ode à l’amitié, à l’entraide. Un film presque naïf sur la camaraderie, plus forte que tout : cette nuit passée sur un toit, sous des trombes d’eau, en est l’aboutissement après bien des moments forts.

Et ça commence dès cette main posée par Gabin sur son ami Vanel, cafardeur. Ou avec Aimos, grande gueule joviale qui sait se faire grave pour aider un copain… Duvivier signe un film plein d’empathie. Il aime ses personnages, et ça se sent. Des hommes avec leurs fragilités, leurs défauts, leurs faiblesses… Une ode à la collectivité, une merveille qui donne envie de s’promener au bord de l’eau, tient…

Le Tunnel – de Curtis Bernhardt – 1933

Posté : 27 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, BERNHARDT Curtis, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Tunnel

Il aura tout fait Gabin, sur grand écran. Même creusé un tunnel sous l’Atlantique, pour relier l’Amérique à l’Europe. C’est en tout cas ce que son personnage, Mac Allan, se met en tête, convaincant pour cela de riches et puissants investisseurs.

Curtis Bernhardt, que l’on retrouvera plus tard à Hollywood dirigeant Bogart (Sirocco), signe un film dense et ambitieux, qui maintient constamment la pression malgré quelques maladresses. Des flottements, disons, particulièrement autour du grand méchant manipulateur, dont les scènes sont pour la plupart un peu plates.

Pour le reste, Bernhardt plonge Gabin dans un univers qui lui va bien : celui des ouvriers, de l’effort, de la sueur et de la suie. Un meneur plus qu’un chef, constamment du côté des travailleurs, qui révèle une intensité folle face à une foule déchaînée. La grande figure du Front Populaire est déjà là, avec un discours certes nettement plus nuancé…

Les nombreuses scènes sous le tunnel en travaux sont les plus réussies, d’un réalisme étonnant. Bernhardt sait rendre palpable l’effort et l’étouffement. Sa caméra embrasse le travail collectif tout en s’attardant sur le visage de chacun, que ce soit Gabin lui-même ou les nombreux anonymes qui l’entourent.

Les scènes en surface seraient plus convenues s’il n’y avait Madeleine Renaud, magnifique en épouse sacrificielle de Gabin. Beau personnage, qui dit tout des sacrifices consentis par ceux qui ont des rêves si grands.

Méconnu, cette petite perle dans la filmo du jeune Gabin est la version française d’un film allemand, tourné avec d’autres acteurs, dernière réalisation de Curtis Bernhardt dans son pays natal avant son exil.

Le Port du Désir – d’Edmond T. Gréville – 1955

Posté : 26 octobre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1950-1959, GABIN Jean, GREVILLE Edmond T. | Pas de commentaires »

Le Port du Désir

Gabin sort de sa période creuse d’après-guerre (pas honteuse non plus) quand il tourne ce film noir sur le port de Marseille. Gréville n’est pas exactement au sommet, lui non plus. Ensemble, ils tournent un film qui leur ressemble. En mode mineur.

Très mineur, même, par moments, lorsque le montage semble aléatoire, l’intrigue cousue de fil blanc, et le rythme un peu mollasson. Et puis à d’autres, on retrouve la patte de Gréville, lorsque sa caméra se même à la foule du vieux port grouillant de vie. Plus en tout cas que quand il s’essaie maladroitement au suspense sur un terrain vague platement filmé.

Gabin, lui, est formidable, d’une justesse absolue en commandant de bateau entre deux âges qui semble revenu de tout. Il est souvent en second plan, mais sa présence dégage un naturel et une évidence qui sont l’apanage des très grands. Sans surjouer, sans faire le malin, il domine de la tête et des épaules une distribution pas super excitante.

Andrée Debar surtout, en jeune femme recherchant sa sœur disparue dans les bouges de Marseille, n’est pas une actrice éblouissante, encore moins inoubliable.

Quand même… Le film surprend par son atmosphère rude et désenchantée, par la manière dont Gréville filme les prostituées et suggère la sexualité. Les hommes sont des salauds, lance Gabin. Les femmes ne sont guère plus reluisantes, pour le coup, entre la danseuse prête à tout pour l’argent et la tenancière manipulatrice. Sombre, sombre.

La Belle Marinière – d’Harry Lachman – 1932

Posté : 25 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1930-1939, GABIN Jean, LACHMAN Harry | Pas de commentaires »

La Belle Marinière

L’histoire de la cinéphilie est émaillée de beaux moments. La découverte de La Belle Marinière, film considéré comme disparu pendant huit décennies, en fait partie. Même dans une version tronquée (quatre des neuf bobines sont manquantes), ce film de jeunesse de Gabin est une merveille, aussi marquante par sa beauté plastique que pour sa justesse et sa délicatesse…

Gabin y est le patron d’une péniche (deux ans avant L’Atalante) qui mène une existence paisible et heureuse le long des fleuves, avec sa sœur (Rosine Deréan) et son meilleur ami (Pierre Blanchar). Jusqu’à ce qu’il épouse une jolie jeune femme qu’il a sauvée de la noyade (Madeleine Renaud). Entre l’épouse et le meilleur ami, la première rencontre annonce le drame à venir : un regard trop appuyé, une main trop longtemps tenue… Gabin, lui, est trop heureux pour voir quoi que ce soit. Pas la sœur, amoureuse contrariée.

De ce mariage à quatre, base classique d’un film noir, Marcel Achard (auteur de l’histoire) tire autre chose, un drame plus quotidien, mais déchirant. Pas de femme fatale, mais le destin dans ce qu’il a de plus incontournable.

La mise en scène d’Harry Lachman souligne le trouble des personnages par petites touches délicates. A l’image de ce « M… » en suspense sur une lettre, dont on ne sait s’il va se poursuivre en « Marinette » (la femme) ou « Mique » (la sœur).

Beaucoup de non dits, mais aussi des plans superbes, qui utilisent à merveille ce décor des péniches, des canaux et des mariniers. Comme cette image de Mique au gouvernail, tentant de garder le cap d’une vie qui part en vrille.

Gabin, dans l’un de ses premiers rôles en tête d’affiche, est formidable en gentil lourdaud trop heureux pour voir que les deux personnes qu’il aime le plus s’éloignent de lui. Un rôle qui annonce bien d’autres personnages tragiques de l’avant-guerre pour l’acteur… Grande découverte, grand film.

Le Président – d’Henri Verneuil – 1961

Posté : 15 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, d'après Simenon, GABIN Jean, VERNEUIL Henri | Pas de commentaires »

Le Président

Un ancien président du Conseil vit sa retraite dans sa demeure reculée de l’Eure. Alors qu’il écrit ses mémoires, il se souvient de son dernier combat de président, de ses rêves prématurés d’Europe, de ses ambitions, et des trahisons…

Le Président est adapté d’un Simenon atypique. Pas de petites gens pour une fois, mais un homme qui fut tout puissant et que le cynisme a fini par vaincre… ou presque. Verneuil en tire un film un peu sage souvent, mais dont la langueur finit par créer un sentiment bien agréable, sur le fil.

Michel Audiard lui-même met plutôt la pédale douce. Quelques répliques sont mémorables (« Il y a des patrons de gauche, je vous l’apprends – Oui, comme il y a des poissons volants, mais ils ne dominent pas l’espèce ! »), mais les bons mots ne dominent jamais le sens.

Cette langueur de la retraite du président est émaillée de flash-backs plus tendus, plus passionnés : ce baroud d’honneur d’un Gabin fabuleux en chef d’état amoureux de son pays, qui affronte tout un parterre de politiciens intéressés lors de ce qui reste l’un des plus beaux discours politiques du cinéma.

Le film manque sans doute d’intensité, et la mise en scène de fièvre. Mais cette séquence de Gabin pointant du doigt les intérêts personnels et les connivences des députés, tout en vantant les mérites d’une Europe à construire, reste un superbe fantasme démocratique. De ces moments qui donnent envie de se lever et d’applaudir.

A l’inverse, Blier est formidable (lui aussi) en symbole de cette politique tournée vers l’ambition personnelle. Sa déroute, in fine, renforce la tendresse que l’on ressent pour ce vieux président, ravi d’en avoir encore sous le pied, malgré tout.

Le Tatoué – de Denys de La Patellière – 1968

Posté : 10 octobre, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, DE LA PATELLIERE Denys, GABIN Jean | Pas de commentaires »

Le Tatoué

Surprise : on rit franchement dans ce Patellière-ci. Le réalisateur n’est pas franchement réputé pour sa finesse ni pour son audace. Mais cette fois, il laisse libre court à une folie authentique et à une liberté de ton qui font mouche. A condition quand même d’être dans le bon état d’esprit…

Entendons-nous bien : Le Tatoué s’inscrit dans le bon vieux cinéma de papa tant décrié par les jeunes loups des Cahiers. Surtout, Gabin y est en roue libre. Jamais dirigé, jamais cadré, il passe le film à éructer ses répliques, le visage rougeaud et le ventre en avant.

La surprise, en fait, vient plutôt de De Funès, qui fait du De Funès avec une relative retenue. C’est lui qui tient le film. C’est lui qui lui donne son ton, son rythme, sa folie, et une certaine insolence assez réjouissante. Il est même franchement très drôle quand il laisse apparaître la médiocrité et la méchanceté de son personnage. « Ça ne vous dérange pas qu’il soit noir ? » demande-t-il à un invité devant son valet noir…

L’histoire n’a aucun sens et aucun intérêt : ce vendeur d’art qui veut acheter un dessin de Modigliani tatoué sur le dos d’un comte farfelu. Aucune importance : l’intrigue finit par passer aux oubliettes. Seule compte la fantaisie. Ça et le numéro des deux stars, dont la rencontre est la seule raison d’être du film. C’est déjà quelque chose.

Le Cave se rebiffe – de Gilles Grangier – 1961

Posté : 26 septembre, 2020 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Cave se rebiffe

Gabin, Grangier, Audiard, Simonin… La routine, quoi, pour ce polar 60s taillé sur mesure pour la star. Surprise ? Néant. Plaisir ? Raisonnable, malgré tout. Gabin est dans sa zone de confort, et n’en sort jamais. Audiard lui taille des dialogues improbables qui font se pâmer une partie des spectateurs (« Si la connerie se mesurait, il serait le mètre-étalon »). Et Grangier emballe tout ça en faisant bien attention de ne jamais bousculer.

C’est assez typique d’une partie de la filmographie de Gabin, ces années-là : cette zone de confort que rien ne vient perturber. Il y a dans Le Cave se rebiffe cette ambiance confortable que la Nouvelle Vague pointera du doigt avec tant de virulence, souvent avec excès, parfois avec beaucoup de mauvaise foi. Difficile quand même de ne pas reconnaître que ce cinéma-là est bien paresseux, au point d’en être franchement agaçant.

Et on sent bien que Gabin n’est pas étranger à cette ambiance. Il fait le boulot, mais en service minimum, comme si à ce stade de sa carrière il ne voulait surtout pas qu’on le bouscule. OK, mais on accepterait bien volontiers de se faire bousculer un peu plus que ça… Gabin n’arrive d’ailleurs que tardivement dans l’histoire, tiré de sa retraite par un Blier nettement plus impliqué, qui lui vole la vedette dans pas mal de scènes.

Même en dilettante, il reste meilleur que bien des acteurs, Gabin, et le film se regarde avec un plaisir paresseux. Mais il n’y a guère que face à Françoise Rosay que la star laisse apparaître autre chose que cette routine confortable : comme un éclair nostalgique entre ces vieilles badernes lancées dans un dernier baroud d’honneur…

Le Gentleman d’Epsom – de Gilles Grangier – 1962

Posté : 30 juin, 2020 @ 8:00 dans 1960-1969, GABIN Jean, GRANGIER Gilles | Pas de commentaires »

Le Gentleman d'Epsom

Grangier, Gabin… L’association des deux a donné quelques belles réussites. Mais pas que. Eh ! Tout n’est pas à jeter dans Le Gentleman d’Epsom, qui se regarde avec un plaisir distendu, mais parfois bien réel. Mais quand même : entre un Gabin qui gabinise en roue libre, et un Michel Audiard qui s’écoute écrire des dialogues qui la ramènent, c’est un film estampillé « cinéma à papa », très anodin.

C’est d’ailleurs assez remarquable de constater que le film se termine comme il a commencé, avec des personnages qui n’ont pas changé d’un iota en cours de route, qui n’ont ni avancé, ni reculé. Le mot « fin » apparaîtrait cinq, dix, ou quinze minutes plus tôt que, franchement, ça ne ferait pas une grande différence.

Grangier, qu’on a connu nettement plus inspiré (Le Rouge est mis), se contente d’une mise en scène purement fonctionnelle, totalement au service de sa star, qu’il ne dirige pas. Mais c’est Gabin. Alors il a beau cabotiner à mort, eh bien c’est Gabin, et il assure le spectacle, dodeline en déclamant, avec une diction et une démarche nonchalantes qui donnent son rythme au film.

Et puis, peut-être parce qu’on guette, on se surprend à le trouver émouvant dans la séquence centrale avec Madeleine Robinson (très bien), grande dame et ancien amour, pour qui il joue les rupins alors qu’il vit d’escroqueries et de frimes. Soudain, face à cette incarnation d’une jeunesse disparue, un peu de fragilité apparaît, et c’est assez beau.

Beau, et furtif. Le film se concentre nettement plus sur les champs de course où sévit le « gentleman », et où le béotien peut ne pas vibrer. On se rattrape sur les seconds rôles, sympas (Paul Frankeur, Jean Lefebvre…), sur quelques moments plutôt marrants, et on oublie au passage les grimaces insupportables d’un De Funès que le film résume à une caricature de lui-même, bruitages compris dans sa première scène. Le film, de toute façon, ne vaut que par et pour Gabin.

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