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Archive pour la catégorie 'COSTNER Kevin'

Sens unique (No Way Out) – de Roger Donaldson – 1987

Posté : 4 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTNER Kevin, DONALDSON Roger | Pas de commentaires »

Sens unique

En 1948, John Farrow réalisait La Grande Horloge, un modèle de thriller. Le héros, interprété par le génial Ray Milland, était un reporter chargé par son patron d’identifier l’homme que sa maîtresse fréquentait, et qui est censé l’avoir assassiné. Sans savoir que cet homme n’est autre que Milland lui-même. Un film tendu et claustrophobique, l’intrigue se déroulant entièrement dans les murs d’une rédaction de journal.

Quarante ans plus tard, Roger Donaldson reprend la même intrigue et le même parti-pris (un homme chargé de démasquer un suspect qui n’est autre que lui-même, dans un environnement clos), mais change complètement le décor. Oublié le journalisme d’investigation des années 40. Désormais, c’est au cœur du Pentagone, avec l’ombre de la guerre froide qui plane, que nous plonge Donaldson.

L’idée en vaut une autre. Et ce décor, fait de grands couloirs et de vastes salles, et où l’informatique (à la sauce 80s) est omniprésent, offre de belles perspectives en matière de suspense. Mais Donaldson n’est, décidément, pas Farrow. Et ce remake dont j’avais gardé un bon souvenir met un temps fou à se mettre en route. Comme s’il fallait absolument profiter de la présence de Sean Young, dans le rôle de la victime, sa mort semble être repoussée autant que possible… jusqu’à la mi-film en fait.

Le problème, c’est qu’avant sa mort, il n’y a pas de film. L’intrigue n’existe pas, le suspense n’a pas de raison d’être, et ne reste alors qu’une romance banale et franchement ennuyeuse, avec un Kevin Costner qui se contente d’être beau et charismatique, et une Sean Young qui minaude comme c’est pas permis. Ajoutez un Gene Hackman en grand méchant et en roue libre, et un Will Patton qui cabotine à outrance… Bref, Donaldson n’est pas, non plus, un grand directeur d’acteur.

La deuxième moitié, heureusement, est plus palpitante. Le suspense fonctionne plutôt bien. Et dès que Costner se met à courir, il donne un vrai rythme à ce thriller souvent mou. Ça suffit pour passer un bon moment. Pas, mais vraiment pas, pour oublier le chef d’œuvre de John Farrow.

Un monde parfait (A Perfect World) – de Clint Eastwood – 1993

Posté : 21 août, 2016 @ 5:15 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, COSTNER Kevin, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

UN MONDE PARFAIT

Avec Impitoyable, ce chef d’œuvre qu’il portait en lui depuis dix ans, Clint Eastwood a mis un terme définitif à une logique dans laquelle il s’était enfermé lui-même : l’alternance quasi-systématique de films personnels qui rencontraient un succès limité, et de films de commandes qui commençaient sérieusement à ennuyer ses admirateurs les plus fervents. Même réalisé par ses soins, La Relève était ainsi l’œuvre d’un action hero totalement dépassé par l’évolution du genre.

Après une virée dans les tréfonds où plus d’une ancienne gloire se sont perdues à jamais (qui se souvient de Pink Cadillac, nanar même pas sorti en salles en France ?), Eastwood s’est totalement débarrassé de tout autre critère que l’envie pure. Et c’est sa plus belle période qui s’est ouverte, symbolisée par le triomphe critique et public d’Impitoyable, mais marqué par une impressionnante série de chefs d’œuvre, jusque dans les années 2000.

Un monde parfait, malgré son casting (Clint en second rôle face à un Kevin Costner encore au sommet), ne sera pas son plus gros succès. Mais il s’agit bien de l’un de ses plus beaux films, un faux thriller qui est en fait une balade émouvante et déchirante sur les regrets et les remords, et sur l’innocence perdue.

Plus encore que dans son précédent film, Eastwood s’est totalement libéré de cette nécessité de « faire spectaculaire ». Il est définitivement devenu le cinéaste introspectif et presque contemplatif que Honkytonk Man avait déjà dévoilé. Un cinéaste des émotions pures et des petits plaisirs de la vie. Un monde parfait est une drôle de chasse à l’homme, où d’étranges liens se tissent : entre l’évadé Costner et le flic Eastwood qui le traque et qui dévoile peu à peu une culpabilité inattendue ; et surtout entre Costner et son très jeune otage, petit Témoin de Jeovah dont les manques font échos à sa propre enfance gâchée.

Quant à Kevin Costner, magnifique, c’est un peu son chant de cygne, la fin d’un cycle magnifique pour lui depuis Les Incorruptibles. Le semi-échec du film, et les fiasco de Waterworld, Wyatt Earp et The War qu’il tournerait l’année suivante (sa cruelle « année W ») l’éloigneront du sommet, comme un certain Eastwood avant lui. Mais lui, aujourd’hui, n’y est toujours pas retourné.

Les Incorruptibles (The Untouchables) – de Brian DePalma – 1987

Posté : 3 novembre, 2015 @ 3:15 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTNER Kevin, DE NIRO Robert, DE PALMA Brian | Pas de commentaires »

Les Incorruptibles

Ce n’est à l’évidence pas le plus personnel film de De Palma. Lui qui, une dizaine d’années plus tard, saura s’approprier son autre adaption de série TV culte (Mission Impossible, donc), se met ici totalement au service de la production, en mettant de côté les thèmes habituels de sa filmographie, mais en lui réservant tout de même le meilleur de son savoir-faire.

Ajoutez à cela une très belle reconstitution de ce Chicago de la Prohibition, très appliquée, et vous obtiendrez un grand film de genre. Un peu propret toutefois, et sans les aspérités que l’on aimerait voir, mais réjouissant de bout en bout. Le scénario de David Mamet, remarquablement construit, n’y est pas pour rien. De même que la musique très inspirée (et très présente) de Morricone.

Les acteurs aussi sont formidables. De Niro cabotine à mort, le vétéran Connery et le jeunôt Garcia dévorent l’écran, et Costner a une classe folle dans le rôle qui inaugure sa période glorieuse, avec ce jeu effacé que certains prennent pour de la transparence.

Mais c’est bien quand le cinéaste laisse aller son inspiration visuelle et sa logique cinéphile que le film atteint des sommets. C’est évidemment le cas lors de la fameuse séquence de la gare, hommage appuyé et impressionnant au Cuirassé Potemkine et scène d’anthologie qui justifie à elle seule l’existence du film. Ralenti et tension incroyable, maîtrise parfaite de l’espace : cette séquence rentre dans le panthéon des grandes scènes de gare du cinéma de De Palma (oui, il y a un panthéon pour ça), avec celle de Blow Out, et surtout celle de L’Impasse.

Il y a bien d’autres grands moments : la rencontre avec Sean Connery, l’exécution du cadavre à la frontière canadienne, la mort de Charles Martin Smith, ou le saut de l’ange de Billy Drago. Les Incorruptibles, malgré son aspect par moments trop lisse par rapport à la violence de son sujet, est clairement l’une des grandes réussites du cinéma de genre des années 80.

Three days to kill (id.) – de McG – 2014

Posté : 20 août, 2014 @ 3:10 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), COSTNER Kevin, McG | Pas de commentaires »

Three days to kill

Le bon côté d’abord : ça fait plaisir de retrouver Kevin Costner en tête d’affiche. Requinqué par le succès de la formidable mini-série Hatfield & McCoys et par ses seconds rôles remarqués dans Man of Steel et The Ryan Initiative, celui qui fut la plus grande star du début des années 90, celui à cause de qui des avocats et des huissiers s’appellent Kevin, aujourd’hui en France, Costner a droit à un action movie taillé pour lui par un Luc Besson qui tente de renouer avec lui les succès qu’il a connu avec Liam Neeson (Taken 1, 2, 3…).

Evidemment, ça, ce n’est pas une bonne nouvelle. Autant on peut saluer l’ambition de Besson réalisateur, autant Besson scénariste s’apparente à une photocopieuse doublée d’une machine à faire du cash. Avec Three days to kill, ce sont donc strictement les mêmes recettes que dans tous les films qu’il scénarise à la chaîne depuis vingt ans, que l’on retrouve : des fusillades, des poursuites en voiture, un humour lourdingue, des émotions faciles, et une morale pour le moins flottante.

Avec toujours un semblant d’idée originale. Ici : une maladie incurable dont souffre un tueur de la CIA (Costner, donc), qui le pousse à se rapprocher de sa femme et de sa fille dont il s’est éloigné depuis des années. C’est avec elles qu’on a droit aux scènes les plus sympathiques et émouvantes, même si les clichés sont à tous les étages, dans ce Paris de carte postale qui n’oublie absolument aucun passage obligé (la Tour Eiffel scintille, évidemment), pour être bien sûr de toucher un public international. Il faut dire que l’épouse est interprétée par Connie Nielsen qui, même quand elle n’a rien à jouer, est excellente, et que la gamine est jouée par Hailee Steinfel, la révélation de True Grit.

Besson donne aussi un rôle un peu grotesque à Amber Heard, curieux ange-gardien de Kevin, qui incite ce dernier à sortir de sa retraite en échange d’un sérum qui pourrait lui sauver la vie… mais lui file des hallucinations qu’il ne peut soigner qu’à la vodka. La belle ne sert pas à grand-chose dans le film, si ce n’est dans une séquence de tuerie qui tourne à l’engueulade autour de ce qu’est une moustache. De loin le passage le plus amusant.

Le scénario est particulièrement indigeste, entremêlant lourdement les tueries de Kevin et ses galères pour devenir un bon père. Mais il réserve pas mal de morceaux de bravoure qui auraient pu sauver le film. Las, c’est McG aux commandes, le réal de Charlie’s Angels et de Terminator Renaissance, dont le style syncopé fatigue et provoque l’ennuie dès la première scène d’action. A voir pour Costner, seulement pour lui…

• DVD chez Europa, avec quelques bonus promotionnels dans lesquels Costner et McG clament leur enthousiasme.

The Ryan Initiative (Jack Ryan : Shadow Recruit) – de Kenneth Branagh – 2013

Posté : 1 juillet, 2014 @ 8:26 dans 2010-2019, BRANAGH Kenneth, COSTNER Kevin | Pas de commentaires »

The Ryan Initiative

Après deux suites très dispensables (ici et ici) et un reboot en demi-teinte, le personnage d’analyste plongé dans l’action imaginé par Tom Clancy a droit à un nouveau départ, un film qui pose clairement les bases d’une nouvelle série, et s’impose, et de loin, comme le meilleur film depuis A la poursuite d’Octobre rouge, l’insurpassable chef d’œuvre de John McTiernan. Avec un beau casting, autour du sympathique Chris Pine dans le rôle titre : Keira Knightley dans le rôle de la fiancée de Ryan (tout sauf un rôle de faire-valoir), Kenneth Branagh le réalisateur qui s’offre un beau rôle de méchant loin des poncifs, et Kevin Costner dans le rôle du mentor, belle revanche pour l’acteur qui fut le premier approché pour le rôle en 1990, mais avait dû décliner l’offre, trop occupé à préparer un certain western

Le film commence plutôt mollement : la première partie, un peu laborieuse, présente à la fois le personnage de Ryan (plutôt bien cela dit, nous dévoilant pour la première fois l’accident qui lui a causé ces douleurs au dos) et les enjeux du film. Trop longue, maladroite, et convenue (la première scène d’action, dans la chambre d’hôtel, s’inscrit dans la lignée de quelques séquences mémorables de la trilogie Jason Bourne, l’efficacité en moins), la première demi-heure manque de caractère

Mais Kenneth Branagh finit par trouver le ton juste, lorsque son trio se reconstitue enfin : le couple et le mentor, avec le retour dans l’histoire de Keira Knightley et son intégration totale à l’action. C’est là seulement que le film prend toute sa dimension. Dès lors, Branagh trouve son parfait équilibre entre suspense, action, portrait de couple, espionnage.

Surtout, le film de Branagh est un habile mélange de classicisme et de modernité, tait d’union entre le cinéma d’action d’aujourd’hui, dont il évite soigneusement la tendance à la surenchère, et celui du début des années 90. L’efficacité et l’élégance d’Octobre Rouge, avec les enjeux de La Somme de toutes les peurs, tout en évacuant d’une manière très maligne et radicale toutes les dérives pyrotechniques, donnant à voir un cataclysme qui ne sera jamais à l’écran.

Si le film fonctionne si bien, c’est parce qu’il s’articule autour d’un trio parfaitement réussi (les meilleures scènes sont celles qui unissent Keira Knightley, Chris Pine et Kevin Costner). C’est aussi parce qu’il réussit une belle prouesse : s’inscrire ouvertement dans le monde poste-11 septembre, tout en réactivant le climat de la guerre et des grandes œuvres populaires qui lui sont attachés. En restant continuellement, malgré les enjeux planétaires, au plus près de ses personnages. Un tour de force.

• Le DVD est édité chez Paramount , avec en bonus le commentaire audio de Kenneth Branagh et Lorenzo di Bonaventura (le producteur), plusieurs scènes coupées ou allongées, et un documentaire assez convenu.

Wyatt Earp (id.) – de Lawrence Kasdan – 1994

Posté : 1 avril, 2014 @ 3:06 dans 1990-1999, COSTNER Kevin, KASDAN Lawrence, WESTERNS, Wyatt Earp / Doc Holiday | Pas de commentaires »

Wyatt Earp

D’accord, il y a bien deux ou trois longueurs, au cours de ces trois heures et quelque de projection. Mais rien, vraiment rien, qui puisse justifier la piètre réputation de ce western déjà tombé dans l’oubli. On ne peut pourtant que saluer l’ambition de Kasdan, rare dans ce genre, qui a osé oublier le mythe immortalisé par Ford (La Poursuite infernale), Sturges (Règlement de compte à O.K. Corral), pour proposer un portrait sans doute plus proche de la réalité, et surtout nettement plus nuancé.

Wyatt Earp est un homme courageux et par moments héroïques. C’est aussi un être dur et intransigeant, qui, tout au long d’une vie bien remplie, plonge dans l’alcool, devient un clochard voleur de chevaux, décime des troupeaux de bisons pour leurs peaux (le John Dunbar de Danse Avec Les Loups en pleurerait), laisse éclater sa vengeance, abat des hommes désarmés…

Quant au fameux règlement de compte de O.K. Corrall, c’est sans doute la version la plus anti-glamour que l’on ait pu en voir : huit hommes face à face, à deux mètres de distance, qui mitraillent sans vraiment viser… ne laissant debout que l’un d’eux : Earp lui-même. On est loin, très loin, des tireurs d’élite qui font la légende de l’Ouest.

Un parti-pris intéressant que Kasdan tient de bout en bout : jamais il ne cède à la tentation de faire de Earp un vrai héros. Au contraire, plus le personnage cède à ses démons, plus ses proches souffrent, ou meurent, et plus le malheur s’installe autour de lui. La rédemption, ici, passera par la vengeance la plus abjecte. Et la violence, dans Wyatt Earp, n’est pas non plus édulcorée : les morts sont douloureuses, souvent grotesques, et les survivants n’ont rien de glorieux.

La distribution est impressionnante : Gene Hackman, Tom Sizemore, Michael Madsen, Isabella Rossellini… Et dans le rôle de Doc Holliday, le trouble compagnon de Earp, tubard qui n’en finit pas de mourir, Dennis Quaid, méconnaissable. Le visage décharné, la toux rauque, il réussit une belle performance d’acteur, malgré un personnage mal dessiné, un peu brouillon. On sent bien que Kasdan lui préfère Earp lui-même : sa force, ses doutes, toute la complexité d’un mythe absolu qui est aussi un homme faillible.

Dans le rôle, Kevin Costner est remarquable. Aussi crédible en jeune homme un peu naïf et plein de beaux rêves, qu’en marshall revenu de tout à la présence magnétique et impressionnante. Lui qu’on a souvent comparé (dans ces années-là en tout cas) à un Gary Cooper, prouve qu’il peut également marcher dans les traces de John Wayne.

Quant à Kasdan, dont on a beaucoup reproché l’académisme lors de la sortie du film, le temps lui a donné raison : c’est avec un classicisme et un sens de l’image très fordien qu’il raconte cette épopée intime et impressionnante. Décidément, Wyatt Earp mérite d’être redécouvert.

Bodyguard (The Bodyguard) – de Mick Jackson – 1992

Posté : 14 février, 2014 @ 12:40 dans * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, COSTNER Kevin, JACKSON Mick | Pas de commentaires »

Bodyguard Costner

“And IIIIIIIIiiiiIIIIIIIII will alwaaaayyyyyyys love you » chantait Whitney Houston devant un Kevin Costner stoïque mais troublé. C’était déjà les années 90, mais on jurerait qu’on était encore dans les années 80 : son cinéma sirupeux, ses chansons calibrées pour la FM, ses couples improbables. Triomphe lors de sa sortie en 1992, Bodyguard est un sommet du thriller romantico-sirupeux, baigné par une BO elle aussi triomphale. Whitney Houston est à son apogée, et Kevin Costner est la plus grande star du monde.

Ce sont les années d’or de Costner, qui enchaîne Danse Avec Les Loups, JFK ou encore Un monde parfait. Dans cette belle série, Bodyguard fait pâle figure. Plutôt plaisante, cette histoire d’amour entre une star capricieuse et son garde du corps semble constamment hésiter entre plusieurs tons. D’un côté, un film à la mode tourné comme un clip branché avec des effets romantiques du plus bel effet (ah ! ce foulard qui se coupe en retombant sur la lame d’un sabre japonais…). De l’autre, un thriller assez classique filmé plus traditionnellement, avec efficacité et même une certaine élégance.

En fait, le film est nettement plus sympathique lorsqu’il s’intéresse à l’univers de Frank Farmer, le personnage de Costner. Un bar à bière éclairé aux néons, une sublime cabane au bord d’un lac… Mick Jackson n’évite pas les clichés, mais crée une atmosphère américaine à l’ancienne qui fait mouche. L’univers tape-à-l’œil et clinquant de Rachel Marron, lui, est assez insupportable.

The Company Men (id.) – de John Wells – 2010

Posté : 16 janvier, 2014 @ 4:58 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, WELLS John | Pas de commentaires »

The Company Men

Des films évoquant la Crise (avec un grand C) et ses ravages, il y en a eu beaucoup ces dernières années. Beaucoup de films engagés illustrant le cynisme de la finance et de ce monde des affaires où le profit et les statistiques priment sur l’humain.

Dans ce domaine, The Company Men n’apporte pas grand-chose. Bien sûr, le film présente le monde de l’industrie comme une immense machine qui a perdu son humanité au fil du temps. Le grand patron fut un entrepreneur courageux qui a bâti un empire, mais qui a fini par vendre son âme, licenciant sans ciller des milliers de personnes pour faire grimper les actions de sa boîte de quelques points.

Quant à ses « victimes », ce sont des pères de famille qui perdent du jour au lendemain tout ce qu’ils avaient, mais qui finissent, pour certains, par réaliser qu’ils ont là une opportunité de se recentrer vers les valeurs essentielles de la vie. Une sorte de seconde chance. Au goût amer, et parfois douloureux, certes, mais quand même…

Bref, tout pour faire un film bien populiste, à la morale irréprochable mais un rien trop facile. Pourtant, John Wells signe un beau film, d’un classicisme à l’ancienne. Cette légère naïveté du scénario est au service des personnages et de leur destin. Leur parcours personnel pourrait être noyé sous une pluie de guimauve, mais la mise en scène est constamment élégante et délicate, bouclant même la trajectoire tragique de l’un des personnages par une ellipse magnifique, qui frappe davantage les esprits que des effets lacrymaux trop appuyés…

Dans le rôle principal, surprise, Ben Affleck est assez formidable. Bien plus à l’aise que dans les superproductions boursouflées où il a trop donné, il rappelle tardivement qu’il n’est pas juste l’un des réalisateurs les plus excitants du moment, mais qu’il peut aussi être un comédien profond. Cadre trop payé viré du jour au lendemain, tiraillé entre la colère, la frustration, la honte, incapable d’apprécier l’amour de sa famille… il voit la vie qu’il s’était construite s’étioler doucement, pour ne plus se limiter qu’à l’essentiel, cet essentiel qu’il avait perdu de vue.

Tommy Lee Jones aussi est formidable, comme toujours, homme de confiance ravalant sa fierté et ses convictions tant qu’il le peut. Chris Cooper, grand acteur méconnu, est bouleversant en homme qui se retrouve au point de départ de sa vie, l’avenir en moins. Quant à Maria Bello, dans un rôle plus en retrait, elle est d’une justesse exemplaire, en DRH forcée de dresser la liste de ceux qui seront privés d’emploi…

Plus surprenant, John Wells s’offre un second rôle de luxe : Kevin Costner, alors au plus bas, qui joue le beau-frère artisan d’Affleck. Il révèle une facette encore peu utilisée de son talent, avec cet homme un peu rustre et peu aimable, qui révèle une personnalité plus complexe et attachante au fur et à mesure que le regard d’Affleck change sur son entourage.

Sur tous ces personnages, Wells, scénariste et réalisateur, porte un regard d’une bienveillance rare. Et ça fait un bien fou…

Hatfields and McCoys (id.) – mini-série créée par Ted Mann et réalisée par Kevin Reynolds – 2012

Posté : 4 décembre, 2013 @ 8:45 dans 2010-2019, COSTNER Kevin, MANN Ted, REYNOLDS Kevin, TÉLÉVISION, WESTERNS | 1 commentaire »

Hatfields and McCoys

Le western sied décidément bien à Kevin Costner, qui revient régulièrement à son genre fétiche depuis Silverado, qui l’a révélé en 1985. Il y a connu son plus grand triomphe (Danse Avec Les Loups, un classique), mais aussi sa première déconvenue de star (Wyatt Earp, un grand film malade à redécouvrir). C’est aussi avec le western qu’il a fait un retour remarqué il y a dix ans après une série d’échecs qui avaient égratigné son image (Open Range, un grand western classique).

Depuis : de bons films passés inaperçus, d’autres moins réussis, et même plusieurs direct-to-dvd… avant le retour en grâce du début des années 2010. Un second rôle remarqué dans Company Men, un autre plus inattendu dans Man of Steel… et un triomphe personnel à la télévision avec ce Hatfields and McCoys (pour son premier rôle sur le petit écran depuis La Mascotte, épisode d’Histoires fantastiques réalisé par Spielberg en 1985).

Cette mini-série de trois épisodes (environ 90 minutes chacun) s’inspire d’une histoire authentique très connue aux Etats-Unis, beaucoup moins chez nous. Au lendemain de la Guerre de Sécession, où ils combattirent côte à côte, deux hommes se brouillent et entraînent peu à peu leurs familles et leurs proches dans un affrontement sanglant qui se prolongera durant de longues années, entraînant de nombreux morts et conduisant deux Etats au bord d’une nouvelle guerre civile.

Hatfields and McCoys marque aussi les retrouvailles de Kevin Costner avec Kevin Reynolds, son réalisateur de Fandango, Robin des Bois et Waterworld. Et c’est un petit miracle qui se produit. Cinéaste au mieux maniéreux, au pire poussif, Reynolds dévoile une dimension de son talent qu’on ne lui connaissait pas, filmant d’une manière crue et brutale, tout en utilisant parfaitement les décors naturels, qui renforcent l’absurdité de cette guerre et de ces destins gâchés.

Formidable, cette mini-série est une réussite totale, qui rend palpable la violence extrême de l’époque, le poids de la culpabilité chez ses deux chefs de famille dont l’inflexibilité aura des répercussions terrifiantes, et l’absurdité de cet affrontement, dans une Amérique encore en train de se construire. Ce qui débouche sur des situations incroyables, chaque clan étant finalement déclaré hors-la-loi dans l’Etat de l’autre…

Humainement aussi, le film est déchirant, s’attachant longuement aux nombreux enfants des deux clans, qui grandissent dans la haine de l’autre sans même savoir pourquoi. Avec même la naissance d’une romance entre un fils Hatfield et une fille McCoy, promise à une fin tragique dont on ne nous privera pas…

Les acteurs sont exceptionnels, tous. Dans le rôle de Randall McCoy, Bill Paxton livre une prestation hallucinante, a priori plus sympathique que son ennemi, mais tellement protégé par ses préceptes religieux et sa foi en le Jugement divin qu’il en devient inhumain, conduisant sa famille à la perte…

Anse « Devil » Hatfield est un personnage tout aussi complexe, son double inversé : un père et un mari très humains, mais aussi un tueur et un meneur intraitable, prêt à commettre l’irréparable avec son propre fils… Dans le rôle, Kevin Costner est sidérant, révélant une puissance inédite.

Passionnant et terrifiant, Hatfields and McCoys est tout simplement le meilleur western de ces dernières années.

• A découvrir en coffret double-DVD chez Sony.

Treize jours (Thirteen Days) – de Roger Donaldson – 2000

Posté : 7 août, 2013 @ 3:09 dans 2000-2009, COSTNER Kevin, DONALDSON Roger | Pas de commentaires »

Treize jours (Thirteen Days) – de Roger Donaldson – 2000 dans 2000-2009 treize-jours

Avoir fait courir Kevin Costner dans les couloirs du Pentagone (dans le très réussi Sens unique) faisait-il de Roger Donaldson le réalisateur idéal pour ce Treize jours, dans lequel Kevin Costner arpente les couloirs de la Maison Blanche ? Evidemment non. Honnête artisan du cinéma de genre (on lui doit La Mutante, Cocktail ou le remake de Guet-Apens), Donaldson n’est, ici, jamais à la hauteur de son sujet.

Les treize jours du titre sont ceux de la fin 1962, durant lesquels la découverte de missiles soviétiques à Cuba a failli déclencher une troisième guerre mondiale. Le sujet aurait pu être traité de bien des façons : en plongeant au cœur d’une population américaine traumatisée par l’hypothèse d’une attaque nucléaire ; en mettant en perspective les intérêts géopolitiques des deux camps… Le scénario adopte plutôt le point de vue de trois hommes dont dépend le sort du monde : le président JFK, son frère Bobby, et le conseiller politique de Kennedy, Kenneth O’Donnel.

Il y a beaucoup de bonnes idées autour de ce scénario, qui s’intéresser aux conflits moraux des Kennedy (présentés comme la bonne conscience de l’Amérique), et qui fait de ce conseiller de l’ombre interprété par Costner un « frère de l’ombre ». Le scénario de David Self (le scénariste des Sentiers de la Perdition) met constamment en parallèle les négociations secrètes dans les arcanes de la Maison Blanche, et le portrait de ce Ken O’Donnel qui aime les Kennedy comme des frères, mais qui a constamment conscience de ne pas être des leurs.

Le choix des acteurs, aussi, est irréprochables : Bruce Greenwood et Steven Culp font des Kennedy très convaincant, et Kevin Costner est parfait, lui qui est un habitué de l’administration Kennedy, grâce à deux de ses meilleurs films (Un monde parfait se déroulait quelques jours avant le 22 novembre 63, et JFK évoquait la contre-enquête après l’assassinat).

Mais dès le générique de début, alors que les noms des acteurs apparaissent sur des stock-shots d’explosion nucléaire, on pressent que quelque chose cloche. Trop d’ambition, trop d’enjeux dans cette histoire. Et pas assez de personnalité et d’envergure chez ce cinéaste décidément pas taillé pour un tel sujet. Plate et sans imagination, la mise en scène de Donaldson n’est jamais à la hauteur, et ne parvient jamais à rendre tangible la tragédie qui se noue, pas plus que les tourments des protagonistes.

Pour « faire vrai », et peut-être pour renforcer la parenté avec JFK, Donaldson passe par moments de la couleur au noir et blanc, mais il n’est pas Oliver Stone qui, lui, avait du style alors. Dommage, parce que le sujet était plein de promesses, et parce que quelques passages sont plutôt réussis (la scène où Costner observe les Kennedy, conscient qu’il ne sera jamais des leurs, la belle prestation du représentant américain aux Nations Unies…). Mais Treize jours est sage, beaucoup trop sage. On ne s’ennuie pas vraiment : le scénario réserve d’innombrables surprises (toutes historiques). Mais ce sentiment d’être passé à côté d’un grand film est constamment palpable.

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