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Archive pour la catégorie 'POLARS/NOIRS'

Une affaire de détails (The Little Things) – de John Lee Hancock – 2021

Posté : 1 juin, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, HANCOCK John Lee | Pas de commentaires »

Une affaire de détails

Scénariste d’Un monde parfait, réalisateur de Highwaymen, John Lee Hancock s’abreuve de tout ce que le cinéma américain a fait de mieux dans le thriller glauque, du Silence des Agneaux à Zodiac en passant par Seven, pour cet énième thriller de l’obsession. Ce qui est une bonne idée, mais pas suffisant.

Malgré toutes ses qualités, pas grand-chose de neuf sous le soleil de Californie, si ce n’est quelques idées de scénariste. La scène d’introduction d’abord, qui semble si attendue d’abord, mais qui se révèle : 1) angoissante, 2) plutôt inattendue dans sa résolution.

Et puis le personnage de Rami Malek, dont le jeu me laisse toujours un peu dubitatif, mais qui rompt avec les traditionnels flics hantés par son côté très propre sur lui, pour qui la faute originelle n’en sera que plus brutale.

Le personnage de Denzel Washington est nettement plus conventionnel, ex-super inspecteur relégué à un poste de shérif à Ploucville, qui renoue avec ses démons. Classique, mais c’est Denzel. Et même s’il agace autant qu’Al Pacino avec sa propension à mâcher du chewing-gum, il a une intensité dingue.

Quant à l’histoire : une série de meurtres de jeunes femmes, qui en rappelle un autre commis des années plus tôt. Deux flics qui n’ont rien en commun qui unissent leurs forces. Un suspect idéal. L’obsession, le doute… Attendu, mais prenant.

Le Dolmen tragique – de Léon Mathot – 1948

Posté : 27 mai, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, MATHOT Léon | Pas de commentaires »

Le Dolmen tragique

Un château et son domaine, une dizaine d’invités, autant de rancœurs possibles, un mystérieux crime, et un policier incognito qui tente de démasquer le coupable… Ce n’est pas Agatha Christie, mais c’est tout comme.

Pas d’ambiance so british pour autant : ce film, une curiosité exhumée par Patrick Brion pour son Cinéma de Minuit, est une production qui fleure bon le cinéma français d’après-guerre, avec ses seconds rôles réjouissants (Alerme, Paulette Dubost…), sa gouaille, et même sa chanson…

En guise de chansons, on sort quand même du film un peu frustré : les premières minutes, joliment rythmées par une rengaine qui crée d’emblée une atmosphère enthousiasmante, laissent penser que la musique jouerait un rôle autrement plus important. Mais non : après cette belle entrée en matière, rien d’autre qu’une bande musicale fonctionnelle qui ponctue l’action, parfois lourdement.

Le film est sympathique, jamais ennuyeux, et plein de promesses (pas vraiment tenues) autour de ce dolmen maudit censé représenter tous les mystères de la Bretagne. Mais cet aspect surréaliste est vite évacué, au profit d’un whodunit classique et plein de légèreté. Plaisant, pas renversant.

Hitcher (The Hitcher) – de Robert Harmon – 1986

Posté : 24 mai, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, HARMON Robert | Pas de commentaires »

Hitcher

Voilà un film qui m’avait laissé une impression assez dingue, il y a… au moins 25 ans. J’en avais gardé un souvenir assez traumatisé, une sensation de grande tension et d’horreur diffuse. Sa sortie en blu ray (chez Sidonis/Calysta) est une occasion plutôt excitante de confronter ces souvenirs (ou plutôt ces sensations résiduelles) à une re-vision.

Eh bien il tient plutôt pas mal la route, ce thriller horrifique qui lança (pas pour longtemps) la carrière de Robert Harmon, réalisateur dont la filmographie au cinéma se limitera à pas grand-chose (un Van Damme un peu mou du genou) après une série de choix discutables (après Hitcher, le gars a refusé L’Arme fatale et Liaison fatale, nous apprennent les suppléments du blu ray… double refus fatal).

Au niveau de l’inspiration, le film doit beaucoup à une poignée de références fortes : Le Voyage de la Peur pour l’histoire de ce type sans problème qui prend en stop un psychopathe bien gratiné ; Duel pour les grands espaces désertiques et oppressants de l’Ouest américain, et pour la menace irrationnelle ; mais aussi Halloween et la vague des slashers pour l’incarnation du mal absolu dont les actes et l’omniscience échappent à toute logique psychologique réaliste.

Eric Red (le scénariste, à l’origine du projet) et Robert Harmon s’approprient ces références en en démultipliant l’impact : beaucoup plus de morts, beaucoup plus de rebondissementsL’occasion aussi de vérifier une nouvelle fois que plus, ce n’est pas forcément mieux : dans tous les aspects, si réussi soit-il, Hitcher ne dépasse pas vraiment le stade du bon élève, qui flirte parfois avec le grand guignol.

Mais Robert Harmon tire le meilleur de ce scénario très (trop) généreux. En premier lieu grâce à un vrai talent pour filmer les paysages grandioses comme des éléments d’angoisse qui enferment les personnages. Et l’angoisse est réellement omniprésente, rendant la vision du film assez traumatisante… alors que l’horreur n’est, à peu près, jamais filmée. Les morts s’enchaînent, les détails horrifiques aussi, mais toujours hors champs.

Est-ce ce parti-pris ? Ou l’interprétation inquiétante mais presque douce de Rutger Hauer, flippant face à un C. Thomas Howell un peu terne ? Hitcher reste en tout cas un film particulièrement efficace, et une variation très originale dans cette grande mode des tueurs en série maléfiques. Une belle redécouverte.

The Watcher (id.) – créée par Ian Brennan et Ryan Murphy – 2022

Posté : 21 mai, 2024 @ 8:00 dans * Thrillers US (1980-…), 2020-2029, BARCLAY Paris, BRENNAN Ian, LYNCH Jennifer, MURPHY Ryan, TÉLÉVISION, WINKLER Max | Pas de commentaires »

The Watcher

Une famille américaine réalise le rêve d’une vie en achetant une splendide (et immense) maison dans une petite ville aisée. Mais le rêve tourne vite au cauchemar avec des voisins intrusifs et inquiétants, des phénomènes de plus en plus bizarres dans la maison, des menaces, des incidents…

On n’en dira pas plus pour ne pas gâcher le petit plaisir que l’on prend devant cette courte série Netflix (sept épisodes) assez addictive. Plaisir modeste, certes, mais réel. La preuve : on sort d’à peu près chaque épisode (à partir du troisième) en ayant le sentiment d’avoir fait le tour, d’être en boucle, mais pourtant incapable de lâcher.

Il faut dire que la série multiplie les rebondissements, jouant avec le mystère et faisant monter l’angoisse à grands renforts de fausses pistes, et en jouant sur les codes les plus éculés du film de genre, à commencer par ceux du cinéma fantastique, genre « maisons hantées ». C’est pourtant « inspiré d’une histoire vraie », ce qui est assez pratique pour renforcer l’aspect cauchemar du truc.

Bon. Pas sûr que l’histoire vraie qui inspire la série soit retranscrite très fidèlement. Et franchement, qu’importe. C’est dans le pur plaisir du cauchemar filmé que le show trouve sa raison d’être, tout en étant une peinture assez terrible de cette classe aisée pour laquelle le fric et les apparences dominent tout, jusqu’à faire disparaître l’humanité de chacun.

Dans ce registre, le « héros » joué par Bobby Canavale (très bien) est particulièrement gratiné. Pire, peut-être, que les voisins névrosés et inquiétants. Perdant pied, tournant à l’obsession, devenant une caricature aussi flippante que les mystérieux « méchants », et menant une vie impossible à Naomi Watts, épouse faussement docileForcément formidable, parce que c’est Naomi Watts, quoi, grande actrice quoi qu’elle joue.

Histoires extraordinaires à faire peur ou à faire rire… – de Jean Faurez – 1949

Posté : 13 mai, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1940-1949, FAUREZ Jean | Pas de commentaires »

Histoires extraordinaires à faire peur

Tout commence et tout finit en chansons dans cette adaptation de quelques récits d’Edgar Allan Poe et Thomas de Quincy : quatre histoires de meurtres par le réalisateur du très beau La Vie en rose, quatre contes macabres dans le Paris du Second Empire, racontés par des policiers trompant l’ennui et le froid dans un commissariat, en pleine nuit.

Il y a une constante dans ces quatre histoires : une vraie légèreté qui vient tempérer le caractère glauque voire horrible des crimes dont il est question. Un égorgeur de femmes, un tueur schizophrène hanté par le souvenir de son crime, un homme emmuré vivant, un cadavre qui vient confondre son criminel… Pas de quoi sourire a priori, et pourtant.

Faurez choisit de raconter ces histoires par des intermèdes étonnamment rigolards, avec les policiers (dont Paul Frankeur, très fort-en-gueule) qui s’amusent à se remémorer les plus frappantes de leurs affaires, avec beaucoup de rires et de détachement. Les histoires, pourtant, sont par moments franchement glaçantes.

Une image, notamment, marque les esprits : le visage de Jules Berry, en clown alcoolisé, réalisant qu’il est en train de se faire emmurer vivant par un Fernand Ledoux au sourire sardonique. Là, Faurez nous conduit quelques minutes durant sur les traces de Poe, là où l’horreur et la folie cohabitent.

Ce ton léger tempère nettement la noirceur du propos. Mais la réalisation de Faurez est vive et efficace, et sait créer de moments de frayeurs. Avec ces quatre récits très différents, il signe un film cohérent et prenant, une belle découverte.

Sherlock Holmes / Les Aventures de Sherlock Holmes (The Adventures of Sherlock Holmes) – de Alfred L. Werker – 1939

Posté : 12 mai, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LUPINO Ida (actrice), POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes, WERKER Alfred | Pas de commentaires »

Sherlock Holmes 1939

On ne change pas une équipe qui gagne… Il faut battre le fer tant qu’il est chaud… Bref : vous voyez ce que je veux dire. Le succès du Chien des Baskerville n’a pas tardé à enclencher le tournage d’une seconde enquête de Sherlock Holmes et de son complice Watson, toujours campés par l’excellent Basil Rathbone et le fendard Nigel Bruce.

Quelques mois seulement séparent la sortie des deux films, ce qui paraît très peu, y compris vu de 2024, alors qu’on pense déjà aux quinze suites potentielles avant même que le premier ne soit tourné. Mais rappelons que personne n’a encore la télévision dans son salon en 1939, et que certaines séries B à suites ressemblent d’avantage à nos séries d’aujourd’hui qu’à de simples films.

C’est déjà le cas de Sherlock Holmes, et ça le sera encore plus à partir du troisième film, où la série prendra une nouvelle direction. Mais n’anticipons pas trop… Après le plus célèbre des romans de Conan Doyle, c’est un recueil de nouvelles qui est librement adapté ici, et qui est surtout l’occasion de rencontrer le principal antagoniste de Holmes : le professeur Moriarty, qu’interprète avec gourmandise le prince maléfique de la série B (et C, et D… et Z), George Zucco.

Et puisqu’on en est aux interprètes, il faut souligner la présence, dans un rôle important, d’Ida Lupino. L’actrice est alors au tournant de sa carrière. Si elle est loin d’être une débutante, elle n’occupera le premier plan qu’à partir de l’année suivante, en enchaînant deux films sous la direction de Walsh : Une femme dangereuse et High Sierra. Ce qui a de la gueule.

Pour l’heure, elle joue les faire-valoir dans un polar de série B dont, finalement, je n’ai pas dit grand-chose. Peut-être parce que le film a les mêmes qualités et les mêmes limites que Le Chien des Baskerville, dont on retrouve le rythme, le suspense et la drôlerie, et cette envie bien sympathique de créer des atmosphères angoissantes.

Après la lande brumeuse, l’intrigue se concentre davantage sur les ruelles de Londres, essentiellement de nuit. Parce que la nuit, c’est comme la brume : c’est très cinégénique, et ça permet de faire des économies de dingue sur les décors. Bref, c’est bien sympathique, plein de dialogues réjouissants. Un plaisir modeste qui ne se refuse pas…

Un si doux visage (Angel Face) – d’Otto Preminger – 1952

Posté : 24 avril, 2024 @ 8:00 dans * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, PREMINGER Otto | Pas de commentaires »

Un si doux visage

Il a l’air si cool, si détaché, si sûr de lui et si supérieur… Mais dieu que cet homme a le don pour s’enticher des femmes qu’il ne faut pas ! C’est le Robert Mitchum des premiers temps bien sûr, celui de La Griffe du Passé et de tant d’autres grands films noirs qui creusaient un même sillon avec un même bonheur.

L’acteur lui-même disait s’en lasser. Pas le spectateur, et certainement pas devant un film comme Un si doux visage, nouvelle variation sur un même thème, et nouveau bijou noir et cynique. Cette fois, c’est Jean Simmons qui fait tourner la tête d’un Mitchum pas même dupe de lui-même.

C’est qu’il ne faut pas longtemps à ce mâle si enclin à prendre la vie comme elle vient et son bonheur pour acquis pour comprendre que délaisser sa douce petite amie pour une soirée avec cette brune piquante et pas claire de Jean Simmons n’est pas la chose la plus intelligente qu’il ait faite de sa vie…

Mitchum en antihéros enfermé par sa propre faute dans une spirale dont il ne peut plus sortirOn a déjà vu ça une dizaine de fois avant ça. Mais Preminger, qui s’est approprié ce sujet plus ou moins imposé par la RKO de Howard Hugues, s’attache moins à l’atmosphère habituelle du film noir qu’aux petites nuances qui font la différence.

A commencer par le personnage féminin, qui malgré son machiavélisme et sa duplicité, garde une bouleversante innocence. Ou quelque chose de désespéré qui y ressemble beaucoup. Et le regard faussement bravache et vraiment paumé de Mitchum. Et ce mélange de cynisme et de simplicité, qui rompt avec les atmosphères angoissantes des précédents films de la star.

C’est d’ailleurs la fin d’un cycle pour Mitchum, qui dès lors s’efforcera de changer de style et de genre film après film, refusant désormais de se laisser enfermer dans ce type de personnages qui lui collent à la peau. Il retrouvera ainsi Preminger peu après pour un film assez radicalement différent : La Rivière sans retour. Une petite chose plutôt pas mal, aussi.

L’Enigmatique Monsieur D. (Foreign Intrigue) – de Sheldon Reynolds – 1956

Posté : 19 avril, 2024 @ 8:00 dans * Espionnage, * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, MITCHUM Robert, REYNOLDS Sheldon | Pas de commentaires »

L'Enigmatique monsieur D

Curieux film que ce Foreign Intrigue, que Mitchum tourne alors qu’il est au sommet de sa gloire, après La Nuit du Chasseur et avant Dieu seul le sait. Curieux, parce que c’est une curiosité passée jusqu’à présent totalement sous mes radars. Curieux aussi parce que le film est tourné en Europe. Parce qu’il se situe à la croisée du film noir et du film d’espionnage tendance paranoïa. Curieux enfin parce qu’il est le prolongement d’une série télé.

Foreign Intrigue : c’est aussi le titre de cette série créée par Sheldon Reynolds, et qui n’a jamais été diffusée en France. Mais aux Etats-Unis, elle a visiblement remporté un franc succès. Assez en tout cas pour permettre à Reynolds, crédité comme producteur, scénariste et réalisateur, de mener à bien ce projet, sans les acteurs de la série, mais avec une méga star à leur place.

Bon… côté casting, on a un peu l’impression que Mitchum a empoché tout le magot. Impérial, il est l’un des rares à s’imposer vraiment, face à des acteurs de plusieurs nationalités (dont Ingrid Thulin, la future interprète de Bergman dans Les Fraises sauvages) qui n’ont au fond qu’un point commun : celui de donner le sentiment de ne pas être dans leur élément. Ce casting bancal n’aide pas, il faut bien l’admettre.

Bancal, le film l’est clairement, Reynolds se montrant tantôt piètre metteur en scène (la scène d’ouverture, muette, sonne particulièrement faux jusqu’à l’arrivée de Mitchum), tantôt inspiré (une fuite dans les ruelles obscures de Vienne). Là, dans ses meilleurs moments, le film s’inscrit dans la lignée du Troisième Homme, classique vers lequel Reynolds lorgne ostensiblement.

L’intrigue lui est postérieure de dix ans, mais la manière de filmer cette Europe de l’après-guerre (et pas seulement Vienne) rappelle l’atmosphère du chef d’œuvre de Carol Reed. Certes avec une réussite plus nuancée, mais avec une vision assez passionnante. Et avec la couleur.

Cette enquête mystérieuse à travers l’Europe, sur les traces d’un faux millionnaire mort en emportant ses secrets, culmine dans une dernière séquence qui réunit toutes les qualités et les défauts du film : un rendez-vous plein de suspense dans une ruelle sombre, une scène bizarre et fascinante, improbable et enthousiasmante.

Que la bête meure – de Claude Chabrol – 1969

Posté : 18 avril, 2024 @ 8:00 dans * Polars/noirs France, 1960-1969, CHABROL Claude | Pas de commentaires »

Que la bête meure

1969, très, très grande année pour Claude Chabrol, qui tourne en quelques mois La Femme infidèle, Le Boucher et Que la bête meure. Soit trois de ses meilleurs films, avec lesquels il trouve ce qui resteront jusqu’au bout ses thèmes de prédilection : plus que la peinture acerbe d’une bourgeoisie décadente, la psyché d’hommes et de femmes rongés par la culpabilité, ou par leurs secrets les plus inavouables.

Dans Que la bête meure, Chabrol adopte une mise en scène aussi glaciale que son personnage principal, joué par Michel Duchaussoy : un homme en quête de vengeance, qui retrouve après de longues recherches l’homme qui a tué son fils en le renversant en voiture et en prenant la fuite. Le film est le récit de cette vengeance qu’il raconte (en voix off) dans un petit carnet pas si anodin. Mais la froide détermination du père se heurte bientôt à des sentiments tout à fait humain.

L’amour, d’abord, pour une jeune femme (Caroline Cellier) qu’il ne séduit dans un premier temps que pour approcher le monstre. Et la haine, débordante et viscérale, pour le coupable, joué par Jean Yanne : un monstre authentique, qui malmène son propre fils et humilie sa femme dans une scène d’une cruauté redoutable.

Faire de Yanne un personnage à ce point antipathique peut sembler une facilité : la vengeance du père n’en serait que plus légitime et mieux acceptée. Pourtant, ce choix rend la situation morale plus passionnante encore. Justement parce que la sympathie n’entre pas en ligne de compte, le dilemme ne repose que sur l’essentiel : la justification de l’acte de tuer.

La force du film repose sur le parti-pris de Chabrol d’adopter la posture du père : cette froideur qui correspond à son refus de parler de son fils au passé, cette distance mise à mal par des bribes d’humanité, par l’émotion qui jaillit de la bouleversante fragilité de Caroline Cellier, ou du comportement abject de Jean Yanne. Un chabrol radical, et très puissant.

Le Chien des Baskerville (The Hound of the Baskervilles) – de Sidney Lanfield – 1939

Posté : 15 avril, 2024 @ 8:00 dans 1930-1939, LANFIELD Sidney, POLARS/NOIRS, Sherlock Holmes | Pas de commentaires »

Le Chien des Baskerville 1939

Combien d’acteurs, depuis l’invention du cinéma, ont interprété Sherlock Holmes ? Rien que sur ce blog, on peut en retrouver une dizaine. Et ce n’est qu’une toute petite partie de la très abondante filmographie qui fait du détective imaginé par Conan Doyle l’un des personnages les plus prolifiques du 7e art (avec Dracula ?).

Tiens… Même question sur la plus célèbre de ses enquêtes : combien de fois Le Chien des Baskerville a-t-il été adapté ? Au moins huit au cinéma d’après wikipédia (c’est qu’on investigue sur ce blog), deux fois plus à la télévision. La plus célèbre est sans doute la version Hammer de 1959, avec Peter Cushing et Christopher Lee. Mais celle tournée vingt ans plus tôt est elle aussi très recommandable.

Cette version de 1939 est aussi la seule américaine, et le premier film à réunir le tandem formé par Basil Rathbone et Nigel Bruce, qui se retrouveront à quatorze reprises pour une série de films jusqu’en 1946. Rathbone qui, au risque de ne vraiment pas être original, reste le meilleur Holmes, en tout cas le plus conforme à l’image que l’on s’en fait… à moins que ce soit ses films et sa prestation qui aient infusé sur la vision du lecteur…

Ce n’est pas le cas de Nigel Bruce, que je continue à trouver profondément réjouissant dans le rôle de Watson, mais qui n’a pas grand-chose à voir avec le personnage tel qu’il a été imaginé par Conan Doyle. Bruce en fait un type attachant et courageux, mais un peu idiot et ridicule, beaucoup moins proche du Watson original que… de la plupart des rôles de Bruce.

Ce premier film du tandem est en tout cas une belle réussite, bien plus ambitieuse que la réputation de séries B fauchées et tournées à la va-vite que véhicule la longue série. Sans être une immense production, il y a en tout cas une vraie volonté de plonger le spectateur dans une atmosphère angoissante et mystérieuse, particulièrement convaincante.

Le rythme est impeccable, les décors très réussis, en particulier cette lande plongée dans la brume (toujours pratique pour limiter un budget, mais toujours très cinégénique), où se situe le cœur de l’action, et où se déroulent les séquences les plus mémorables. Le film a été un gros succès. Coup d’envoi d’une série qui devait prendre une direction inattendue. Mais ça, c’est une autre histoire…

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