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Archive pour la catégorie '* Films de gangsters'

L’Inconnu de Las Vegas (Ocean’s 11) – de Lewis Milestone – 1960

Posté : 24 février, 2018 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1960-1969, MILESTONE Lewis | Pas de commentaires »

L'Inconnu de Las Vegas

Onze vétérans de la guerre se retrouvent pour le cambriolage simultané de cinq des grands casinos de Las Vegas… Milestone lui-même semble ne pas croire à l’histoire qu’il raconte : le suspense est à peu près inexistant et ne repose que sur quelques épisodes anodins (dont un numéro très alcoolisé de Shirley MacLaine, qui fait une courte apparition très remarquée), et le plan « génial » semble d’une simplicité déconcertante.

On le sent rapidement, la raison d’être du film est ailleurs : dans son casting trois étoiles, qui réunit le fameux « rat pack », ce groupe formé par Frank Sinatra, Dean Martin, Peter Lawford, Sammy Davis Jr et Joey Bishop, qui s’attribuent les cinq rôles principaux (« You really are a rat ! » lance même un personnage, comme un clin d’œil). Ce sont eux qui donnent le ton du film, cette nonchalance parfois affectée qui séduit… ou tombe à plat, c’est selon.

Car le sentiment est assez mitigé, tant le film passe d’une enthousiasmante légèreté à une étonnante lourdeur. Ce résultat en demi-teinte est à l’image de la caméra de Milestone, tantôt statique, tantôt en mouvement. Et quand elle se met à bouger, c’est tout le film qui s’emballe. Le mouvement sied parfaitement à ces drôles de voleurs, qui incarnent à eux-seuls ce que représente Las Vegas aux yeux du grand public.

Peter Lawford surtout, incarne joliment cette image d’enfant gâté et gentiment insolent. Il est, et de loin, le plus convaincant de la bande, celui qui apporte au film cette cool attitude qui lui manque par moments, et que Steven Soderbergh saura bien mieux donner à son remake, quarante ans plus tard. Sinatra aussi est très bien, mais souvent curieusement en retrait. Dean Martin, lui, semble franchement absent.

Quant aux autres larrons, ils sont franchement sous-exploité. Davis a bien l’occasion de chanter deux ou trois fois, mais il n’a pas grand-chose d’autre à jouer. Moins en tout cas que Richard Conte, qui est le seul à apporter un peu de profondeur, et même de noirceur. Ajoutons encore Angie Dickinson en jolie faire-valoir, Akim Tamiroff en caution humoristique un peu lourdingue, et surtout César Romero, réjouissant en arnaqueur vieillissant et rigolard.

C’est la complicité évidente entre tous ces acteurs qui fait la réussite du film. Parce qu’on a quand même connu Milestone plus inspiré, même si ses talents de cinéaste de l’action resurgit dans quelques scènes plus dynamiques. La longue séquence nocturne du quintuple cambriolage est ainsi, visuellement en tout cas, la plus réussie, avec de vraies recherches esthétiques et un beau travail sur l’obscurité.

Quant au dernier plan, repris par Tarantino dès Reservoir Dogs, il vient conclure le film de la plus belle manière, laissant in fine l’impression que le film est un monument de cool attitude et d’ironie. Ce qui est tout de même un peu exagéré.

Sin City (id.) – de Robert Rodriguez et Frank Miller (et Quentin Tarantino) – 2005

Posté : 10 février, 2018 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 2000-2009, MILLER Frank, RODRIGUEZ Robert, TARANTINO Quentin | Pas de commentaires »

Sin City

Rodriguez est un cinéaste souvent plus audacieux que totalement convaincant. Mais avec cette adaptation des romans graphiques de Frank Miller, il signe à la fois son film le plus radical, et sans doute sa plus grande réussite. Radical, visuellement très novateur, déroutant par moments, excessif, très premier degré… Sin City dégage derrière sa rage et sa violence extrême une étonnante quiétude, grâce à ces voix off omniprésentes qui apportent un recul bienvenue.

Ces voix off, ce sont aussi des clins d’œil aux films noirs des années 40 et aux grands polars hard-boiled, qui nourrissent l’œuvre de Frank Miller. Ces ombres planent aussi sur le film de Rodriguez, qui réussit une sorte de pari improbable : non pas adapter l’oeuvre de Miller, mais la porter à l’écran, telle qu’elle existe sur le papier.

Dès la première image, on sent que le pari est gagné. La noirceur du ton, l’air désabusé de personnages qui n’attendent plus rien de positif, et cet esthétisme encore une fois radicale qui transforme les acteurs en anti-héros tout droit sortis des comics, tout en lignes et en masses noires parfois tâchées de rouge… Tout cela donne en quelques secondes un ton fascinant qui emporte la mise.

La construction en épisodes qui se succèdent et finissent par former un tout, à la manière de Pulp Fiction (Tarantino, d’ailleurs, a participé à la conception du film), aurait pu nuire au rythme. Mais non, en suivant tour à tour trois gros bras marqués par la violence (Bruce Willis, Mickey Rourke, Clive Owen), le film joue sur le sentiment d’inéluctabilité de la violence et de la mort, comme un éternel recommencement.

C’est une virée étonnante et fascinante que propose Rodriguez, sans la moindre baisse de régime, et avec un casting impressionnant (Jessica Alba, Powers Boothe, Elijah Wood, Brittany Murphy, Rutger Hauer, Benicio del Toro, Rosario Dawson…). Un trip de cinéma qui ne ressemble à aucun autre.

Hold-up au quart de seconde (Blueprint for robbery) – de Jerry Hopper – 1961

Posté : 2 février, 2018 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars US (1960-1979), 1960-1969, HOPPER Jerry | Pas de commentaires »

Hold-up au quart de seconde

D’un côté, le film de braquage, genre bien établi avec ses trois parties habituelles : la préparation, le casse et les conséquences. De l’autre, un autre genre en vogue à l’époque : le film d’archives de la police, avec son style quasi-documentaire. On prend les deux, on les mélange, et on obtient ce film sans grande surprise sur le fond, mais très efficace.

Réalisateur souvent excellent, Jerry Hopper réussit notamment quelques superbes scènes de suspense. La séquence, durant les préparatifs du casse, où le vieux « Pop » s’infiltre sur les lieux du futur braquage, est franchement haletante. Et des moments comme ça, il y en a plusieurs, qui contribuent à rendre le film si réussi.

L’autre atout, c’est justement ce personnage de Pop, particulièrement touchant et fort bien joué par J. Pat O’Malley. Tous les comédiens (uniquement des seconds couteaux) ne sont pas aussi convaincants, et la direction d’acteurs pêche un peu dans les moments en creux.

Autant dire que le film n’atteint jamais le niveau de Quand la ville dort, le modèle insurpassable du genre. Cette série B (C? D?) n’en est pas moins une sympathique surprise, efficace et réjouissante.

Reservoir Dogs (id.) – de Quentin Tarantino – 1992

Posté : 8 janvier, 2018 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1990-1999, TARANTINO Quentin | Pas de commentaires »

Reservoir Dogs

Pour ceux qui trouvent que Tarantino rabâche quelque peu depuis trois ou quatre films, quoi de mieux qu’un petit retour aux sources… Et au-delà de la claque que Reservoir Dogs continue à être, 25 ans après sa sortie, revoir ce film permet de bien comprendre pourquoi cette impression de redite plombe quelques-uns de ses derniers longs: dans ce premier film, tout ce qui fait la richesse et l’originalité du cinéma de Tarantino est déjà là. Mieux : tout est à son sommet, pas sûr que pour aucun des éléments qui constituent son univers il ait fait mieux ou aussi bien depuis.

Le montage d’abord, tellement vanté pour Pulp Fiction. Certes, le découpage avec ses allures aléatoires prend le spectateur à rebrousse poil. Mais celui de Reservoir Dogs, plus conventionnel sur le papier (on garde la continuité dans le « présent », et on y insère toute une série de flash-backs qui éclairent la situation), est au moins aussi virtuose, avec une fluidité absolue, et avec un sens déjà exceptionnel du récit. Chacun de ces flash-backs fait plus que relancer l’intrigue : il modifie la perception que l’on a des personnages.

Ces personnages, justement, qui représentent déjà tout ce qui fera le cinéma de Tarantino pour le quart de siècle à venir. Des braqueurs, violents et verbeux, qui peuvent s’entre-tuer sans ciller après avoir disserté durant de longues minutes sur la signification des paroles de « Like a virgin », la chanson de Madonna. C’est avec cette discussion que les premiers spectateurs sont entrés dans l’univers de Tarantino, avec la quasi-totalité de son casting réuni autour d’une table échangeant des dialogues qui, à eux seuls, dynamitent le traditionnel film de gangster.

Il y a la violence aussi, crue, brutale, sadique et omniprésente. Tarantino filme ses personnages comme s’il les aimait, rendant certains d’entre eux plutôt sympathiques avec leurs valeurs à l’ancienne, leurs failles et leurs forces. Mais ces personnages sont des monstres, qui se réjouissent de n’avoir que des flics, et « pas des vrais gens ». Une réplique glaçante lancée comme un simple commentaire sur la météo. Et les actes suivent les paroles, comme le prouve la séquence la plus traumatisante d’un film pour le moins inconfortable : la torture du policier par le sadique Michael Madsen.

L’histoire, elle, se résume à quelques lignes : un braquage qui foire (dont on ne verra aucune image), les survivants qui se retrouvent dans un entrepôt désaffecté, et les soupçons autour d’un probable mouchard. Rien de plus, si ce n’est la caméra virtuose et décomplexée de Tarantino, et des acteurs au top : Harvey Keitel, Tim Roth, Steve Buscemi, Lawrence Tierney, Chris Penn, Michael Madsen… Des gueules, des voix, des carrures. Une claque j’vous dis.

Miller’s Crossing (id.) – de Joel et Ethan Coen – 1990

Posté : 26 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Thrillers US (1980-…), 1990-1999, COEN Ethan, COEN Joel | Pas de commentaires »

Miller's crossing

Le grand film de gangsters des frères Coen… Après le film noir (Blood Simple) et la comédie noire (Arizona Junior), les frangins continuent à explorer les grands genres américains, avec un regard amoureux, une vraie gourmandise de cinéphile, et un style extraordinaire.

Ce regard amoureux est évident dès la toute première scène, clin d’œil évident et assumé à celle du Parrain. A l’autre extrêmité du film, le tout dernier plan révèle une autre raison d’être du film : Miller’s Crossing n’est pas seulement un hommage aux grands films de gangsters, il répond aussi à l’envie des deux frères de s’approprier les grandes figures archétypales du genre.

Ce dernier plan de Gabriel Byrne remettant son chapeau et relevant doucement la tête révèle une pure gourmandise de cinéaste : juste l’envie de filmer ce beau plan iconique, avec ce chapeau comme symbole d’un genre jamais vraiment disparu, qui joue d’ailleurs un rôle central dans le film, sorte de fil rouge visuel et thématique.

Miller’s Crossing est plein de ces petits moments anodins que le style des Coen transforme en grands moments de cinéma, totalement jouissifs, toujours en s’amusant avec les codes du genre. On retrouve là tous les poncifs du film de gangsters : les trahisons, les règlements de compte, les flics pourris, les politiques aux ordres, les hommes de main brutaux… Et les références ne manquent pas, de Scarface à Il était une fois en Amérique, en passant par La Clé de verre, c’est à peu près toute l’histoire de ce genre très américain qui est passée en revue.

Le style est exceptionnel et donne une suite de scènes mémorables, le rythme est impeccable, les acteurs sont formidables (Albert Finney, John Turturro, Steve Buscemi… tous au sommet autour de Gabriel Byrne, incarnation idéale du gangster à la Alan Ladd)… Et il y a l’ironie des Coen, un sens du décalage réjouissant qui flirte par moments avec la parodie. En particulier lors des fusillades, tellement énormes qu’elles en deviennent absurdes. Entre noirceur et dérision, les Coen trouvent le ton juste. Miller’s Crossing est une grande réussite.

Don Angelo est mort (The Don is dead) – de Richard Fleischer – 1973

Posté : 3 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1970-1979, FLEISCHER Richard | Pas de commentaires »

Don Angelo est mort

Évacuons le sujet tout de suite : oui, le triomphe du Parrain premier du nom, l’année précédente, est la principale raison d’être de ce film… et de l’oubli à peu près total dans lequel il est tombé depuis. Il y a sans doute pas mal d’opportunisme à l’origine de cette production, mais cet opportunisme a fini par se retourner contre cette adaptation (par lui-même) d’un roman de Marvin H. Albert. Parce que la comparaison avec le chef d’œuvre de Coppola est incontournable, à plus d’un titre.

Il s’agit de familles de mafieux, d’une guerre qui éclate entre elles, il est question d’honneur et de trahison, et de défiance vis à vis de la drogue. Mais surtout, c’est l’histoire d’un jeune homme qui tente d’échapper à ce monde de violence pour lequel il est destiné, et dont il finira par devenir l’un des piliers. Frederick Forrest (que l’on reverra l’année suivante dans Conversation secrète… de Coppola) est très bien dans le rôle, mais souffre également de la comparaison avec Pacino. Dans celui du bad guy dont la violence appelle la violence, Robert Forster (le futur héros de Jackie Brown) est lui aussi impeccable, mais n’a pas la brutalité à fleur de peau de James Caan.

Pourtant, passée l’étape de la frustration, le film est une vraie réussite. L’interprétation d’Anthony Quinn y est pour quelque chose. Le « Don Angelo » du titre, c’est lui, chef respecté et aimé d’une famille toute puissante, mais aussi homme seul, passant le plus clair de son temps sans compagnie dans sa grande maison. Il y a dans son regard, et dans la manière un peu nostalgique qu’il a d’ouvrir ses bras à cette femme par qui le malheur va arriver, quelque chose de très émouvant que l’on n’attendait pas.

Ce qui surprend aussi, c’est la simplicité des rapports humains, l’absence de fioriture et de décorum. Les affaires, les règlements de compte, les machinations… Tout cela se fait le plus naturellement du monde, au coin d’une table ou au téléphone, et les chefs de famille se salissent le plus souvent les mains eux-mêmes, comme le personnage joué par Abe Vigoda, silhouette attachante échappée du Parrain.

Richard Fleischer vient d’enchaîner quelques-uns de ses plus grands films (Terreur aveugle, L’Etrangleur de Rillington Place, Les Flics ne dorment pas la nuit), lorsqu’il réalise celui-ci, visiblement pas celui pour lequel il s’est le plus impliqué. Mais il réussit quelques grandes scènes sombres et violentes, comme ce deal de drogue qui ouvre le film, ou cette impressionnante nuit de règlement de comptes. Avec un classicisme très efficace, il apporte également une belle touche d’humanité à cette histoire profondément sombre.

Peaky Blinders (id.) – saison 2 – créée par Steven Knight – 2014

Posté : 18 septembre, 2017 @ 8:00 dans * Films de gangsters, * Polars européens, 2010-2019, KNIGHT Steven, McCarthy Colm, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Peaky Blinders saison 2

La première saison avait été l’un des grands chocs télévisuels de ces dernières années. Cette deuxième fournée réussit le pari impossible d’être encore plus enthousiasmante. Toute l’ampleur du show imaginé par Steven Knight est toujours bien là, avec sa superbe reconstitution de l’Angleterre des années 1920, et sa beauté formelle souvent sidérante.

Et c’est là que la série s’est peut-être encore bonifiée. En confiant la réalisation de l’intégralité des six épisodes à un seul homme, Colm McCarthy, le showrunner s’assure une continuité visuelle absolument parfaite, et évite les quelques petits excès formels des premiers épisodes, lorsqu’il s’agissait de marquer les esprits.

Les esprits sont bien marqués, et durablement. Restaient à prolonger l’histoire en la réinventant. Et là encore, c’est une réussite totale. Cette saison 2 est la suite directe de la première, quelques années plus tard, avec les mêmes personnages, et le poids des précédents événements qui pèse constamment sur eux : le beau personnage de Grace notamment (Annabelle Wallis), qui hante littéralement le charismatique et inquiétant chef des Peaky Blinders Tommy Shelby (Cillian Murphy, qui laisse percer ce qu’il faut de fragilité de son impressionnante carapace), tout comme le sinistre flic Chester Campbell (Sam Neill).

Mais cette saison 2 marque aussi de nouveaux enjeux : un nouveau rôle, très émouvant, de mère pour la matriarche Polly (excellente Helen McCrory), et la volonté des Shelby de mettre la main sur Londres, en faisant face à deux gangs ennemis, les Juifs d’un côté, les Italiens de l’autre. La violence qui en découle est d’autant plus marquante qu’elle est largement incarnée par les chefs de ces gangs, Tom Hardy d’un côté, Noah Taylor de l’autre. Les deux acteurs en font des tonnes, mais toujours sur un ton juste, comme dans un réjouissant concours de psychopathes ! Avec une petite longueur d’avance, la victoire revient à Tom Hardy, glaçant et impressionnant.

D’une intensité rare, cette saison 2 dense et passionnante est construite comme une longue montée en puissance, jusqu’aux deux derniers épisodes à couper le souffle. Et puis il y a la bande son, toujours impeccable, faite de reprises rock du meilleur goût. Il y avait déjà le fascinant « Red Right Hand » de Nick Cave pour le générique, et comme un sublime fil rouge. Et voilà que PJ Harvey ou Johnny Cash s’invitent à leurs tours au fil des épisodes. A croire que les créateurs ont pioché dans ma cdthèque… Vivement la saison 3.

* Voir aussi la saison 1 et la saison 3.

Le Beau Joueur (Smart Money) – d’Alfred E. Green – 1931

Posté : 22 février, 2017 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1930-1939, CAGNEY James, GREEN Alfred E. | Pas de commentaires »

Le Beau Joueur

Edward G. Robinson et James Cagney qui se donnent la réplique dans un film qui raconte l’ascension irrépressible et la chute d’un joueur… Voilà qui promettait une confrontation explosive entre les deux plus grandes figures du film de gangster des années 30. Surtout que cette année-là est celle de leur explosion à tous les deux, celle où Robinson devient Little Caesar, et Cagney L’Ennemi public.

Sans doute Smart Money est-il sorti sur les écrans après le triomphe de ces deux films. Car sinon, comment expliquer que James Cagney, qui se contentait jusqu’alors de seconds rôles (on l’a vu peu avant dans l’excellent Other Men’s Women de Wellman), figure au générique comme la co-star de Robinson, avec son nom en dessous certes, mais écrit aussi gros ? Car cette promesse n’est pas tenue, loin s’en faut : Cagney se contente de jouer les faire-valoir, constamment dans l’ombre (voir totalement absent pendant un tiers du film) d’un Robinson omniprésent.

L’autre déception est liée à l’ascension du héros, dans le monde souterrain du jeu que l’on ne fait finalement qu’entrapercevoir. Car plutôt que de s’intéresser aux différentes étapes de cette ascension, Alfred E. Green privilégie l’ellipse. Le personnage de Robinson se rend dans la grande ville pour affronter un célèbre joueur de poker ? On ne le verra même pas à l’écran… Forcément frustrant.

D’autant plus que les quelques parties de poker auxquelles on a quand même droit sont les moments les plus intenses de ce film imparfait. Autour de ces tables enfumées par les cigares, Green réussit à créer une atmosphère inattendue de menace et de danger. C’est le cas de la toute première, où Robinson affronte un mystérieux souteneur incarné par un acteur encore inconnu dont le nom ne figure d’ailleurs pas au générique : Boris Karloff.

Cette atmosphère trouve son apogée lors de la grande scène finale de la trahison, particulièrement forte et admirablement tendue. Dommage que tout ne soit pas de ce niveau…

Le Carrefour de la mort (Kiss of Death) – de Henri Hathaway – 1947

Posté : 16 janvier, 2017 @ 2:00 dans * Films de gangsters, * Films noirs (1935-1959), 1940-1949, HATHAWAY Henry | Pas de commentaires »

Le Carrefour de la mort

On ne retient souvent du film que la prestation hallucinée de Richard Widmark, dont c’est le premier film, et cette scène où, avec un sourire sadique, il balance une infirme attachée sur son fauteuil roulant du haut d’un escalier.

C’est vrai qu’elle est traumatisante cette scène, sommet inégalable de sadisme qui continue à garder toute sa puissance horrifique. Widmark y est glaçant, sa présence habitant constamment le film. On en oublierait presque que son rôle, certes central pour l’histoire, n’en est pas moins secondaire. Que sa prestation est tout de même un peu outrancière (il en fait des tonnes, et fera preuve de beaucoup plus de nuances dans ses grands rôles à venir.

On en oublierait presque, aussi, que Victor Mature tient le rôle principal, et qu’il est, lui, d’une sobriété et d’une intensité remarquables. L’acteur est alors dans sa grande période : celle de La Poursuite infernale et La Proie, deux chefs d’œuvre , deux grands rôles particulièrement riches. Comme celui-ci, magnifique repenti qui cherche désespérément le droit à une deuxième chance.

Hathaway signe là un formidable thriller psychologique, tenu de bout en bout, et avec quelques grands moments de pur suspense qui reposent essentiellement sur la manière exceptionnelle qu’a le cinéaste de jouer avec le temps, de le dilater, et de faire durer les moments d’attente : cette nuit interminable et oppressante dans la petite maison qui a soudain perdu le caractère rassurant qu’elle avait peu avant ; et l’extraordinaire séquence finale, modèle de mise en scène.

Casier judiciaire (You and me) – de Fritz Lang – 1938

Posté : 29 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Films de gangsters, 1930-1939, LANG Fritz, SIDNEY Sylvia | 2 commentaires »

Casier judiciaire

Troisième film américain de Lang, et troisième (et dernière) collaboration avec Sylvia Sidney, sa belle actrice de Furie et J’ai le droit de vivre. La parenté entre ces trois films est assez évidente. Il y est à chaque fois question du regard des honnêtes gens sur ce qu’ils considèrent comme le Mal, et sur la difficulté pour ceux qui ont fauté d’avoir une seconde chance et de trouver leur place dans la société.

Pourtant, Casier judiciaire se distingue très clairement de ses précédents films. A vrai dire, il est assez unique dans la filmographie de Lang, qui s’aventure dans des eaux qu’il n’a quasiment jamais navigué. Car le ton est bien différent ici. Sans être une pure comédie qui fait rire, le film est quand nettement plus léger que à peu près tout ce que Lang a tourné avant ou après.

Il y a de la légèreté dans cette manière qu’il a de filmer le « gang » (au sein duquel on retrouve un tout jeune Robert Cummings, un Jack Pennick pour une fois pas chez Ford et pas muet, et quelques gueules qu’on aime bien : Roscoe Karns, Warren Hymer, ou le patibulaire Barton McLane. Un gang de pieds niquelés qui évoque moins les tueurs de Scarface que les attachants hors la loi de Up the River

Lang n’est sans doute pas un spécialiste de la comédie. Mais il semble vouloir explorer de nouvelles voies, parsemant notamment son film d’interludes musicaux écrits par Kurt Weill, le complice de Brecht. Pas étonnant que l’atmosphère se dirige parfois vers L’Opéra de Quatre Sous : l’utilisation de la musique et des chansons, la manière de filmer les bas-fonds où évolue la pègre, et le ton par moments beaucoup plus sombres tranchent avec la légèreté du ton général.

Le film n’est pas totalement abouti : Lang navigue ainsi entre plusieurs genres sans savoir vraiment sur quoi se concentrer. Sur cette histoire d’amour contrariée entre deux anciens détenus (Sidney et George Raft). Ou sur ce patron de grand magasin qui n’emploie que des repentis sortis de prisons (Harry Carey, forcément sympathique). Ou sur la tentation pour le héros de reprendre le chemin des cambriolages…

Mais la mise en scène de Lang est là, inventive et audacieuse, comme la séquence d’ouverture : une chanson dont l’air et les paroles conduisent la caméra vers la main prise en flagrant délit d’une cleptomane dans le magasin, belle manière d’introduire le personnage de Sylvia Sidney et ses grands yeux tristes. Ou le très joli plan des mains de Sylvia et George qui se frôlent tendrement dans un escalator. Ou encore la déclaration d’amour drôle et touchante par la fenêtre d’un bus.

Mais la plus belle scène du film est aussi la plus étonnante, la plus inattendue : l’un des interludes « musicaux », sans autre musique que de courtes phrases scandées par les membres du gang, qui se retrouvent le soir de Thanksgiving et se remémorent leurs années de prison. Transparences, flash-backs stylisés, ambiance envoûtante… Le temps d’une scène, Lang casse les codes traditionnels de narration, et laisse imaginer comment il aurait pu transcender la comédie musicale, un genre qu’il n’abordera jamais.

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