Play it again, Sam

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Archive pour la catégorie '* Espionnage'

Opération Tonnerre (Thunderball) – de Terence Young – 1965

Posté : 14 octobre, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, James Bond | Pas de commentaires »

Opération Tonnerre

De ce quatrième Bond, tourné après Goldfinger, l’un des sommets de la franchise, j’avais surtout gardé le souvenir des longues séquences sous-marines, qui m’avaient profondément ennuyé. Surprise, alors que j’entreprend de familiariser mes enfants à l’histoire de 007 : les séquences sous-marines sont effectivement très longues, et très nombreuses. Mais elles sont aussi assez formidables, plus ambitieuses que dans aucun autre film de la saga, joliment éclairées, inventives, et parfaitement rythmées.

Après une séquence pré-générique un peu banale et, pour le coup, sans grande envergure, qui semble n’être tournée que pour montrer Sean Connery s’envolant grâce à un gadget improbable (qui a bel et bien été inventé depuis), une grande partie du film repose d’ailleurs sur les mystères et les dangers qui se cachent sous la surface de l’eau : la présence inquiétante des requins dans la piscine, ou encore cette avion caché sous l’eau, que Bond passe de longues séquences à chercher.

Bond, à propos, confirme son absence totale de génie ! Après avoir été constamment dépassé par les événements dans Goldfinger, il retrouve cette fois son rôle de sauveur du monde… grâce uniquement à un pur hasard. C’est en effet parce qu’il est en cure dans un centre de remise en forme qu’il peut remonter la piste jusqu’au grand méchant interprété par Adolfo Celi : comme le hasard fait bien les choses, cette clinique où 007 se repose est aussi celle que choisit le SPECTRE pour transformer physiquement l’un de ses agents en copie conforme d’un pilote qui doit transporter une bombe atomique.

Oui, c’est énorme. Evidemment, c’est énorme : on est dans James Bond. Mais comme dans tous les bons Bond, celui-ci trouve le parfait équilibre entre une intrigue qui sait aller trop loin avec panache, des scènes d’action spectaculaires (l’ultime séquence sous-marine surtout, une incroyable grande bataille particulièrement violente), et quelques passages plus sombres, où Bond apparaît plus humain. Cela donne d’ailleurs la meilleure scène du film (l’une des meilleures de toute l’ère pré-Daniel Craig) : acculé, puis blessé, l’espion est traqué dans la nuit au cœur d’un carnaval. Le film prend alors brièvement des allures de cinéma vérité, et la violence se fait plus crue, plus rude.

Presque vingt ans plus tard, lorsque Sean Connery retrouvera le rôle de Bond dans un film concurrent d’Octopussy, ce sera dans Jamais plus jamais, remake d’Opération Tonnerre, dont le producteur Kevin McClory avait acquis les droits.

Goldfinger (id.) – de Guy Hamilton – 1964

Posté : 8 septembre, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, HAMILTON Guy, James Bond | Pas de commentaires »

Goldfinger

La chanson de Shirley Bassey, le smoking sous la combinaison de plongée, la partie de golf, l’apparition d’Honor Blackman alias Pussy Galore, l’Aston Martin et son siège éjectable… C’est peut-être le Bond qui a fait entrer définitivement Bond dans la légende. L’un des meilleurs de la série en tout cas, voire LE meilleur de l’avant-Daniel Craig.

Ironique et spectaculaire, ce troisième Bond s’amuse déjà de sa propre image, avec d’improbables gadgets, des conquêtes en série pour notre espion préféré (et pas n’importe lesquelles), un tour du monde des cartes postales qui passe par le Big Ben de Londres, les montagnes de Suisse et les palaces de Miami Beach, et les apparitions rigolardes des habituels faire-valoir de Bond : M et Moneypenny dans leur numéro déjà habituel, Q très pince-sans-rire, et l’agent de la CIA Felix Leiter dans un rôle plus étoffé qu’à l’accoutumé.

Surtout, c’est le film pour lequel le réalisateur Guy Hamilton semble en état de grâce. Même s’il signera trois autres Bond (Les Diamants sont éternels et les deux meilleurs Moore, Vivre et laisser mourir et L’Homme au pistolet d’or), Hamilton n’est pas exactement le cinéaste le plus emballant du monde. Mais son Goldfinger est d’une fluidité exemplaire, avec un rythme impeccable, que ce soit dans les nombreux moments de bravoure ou dans les moments plus calmes comme ce formidable jeu de dupe au golf (c’est d’ailleurs en tournant cette longue séquence que Sean Connery est tombé amoureux du sport).

Et puis il y a Sean, impérial, la classe absolue, la virilité incarnée, le héros tellement supérieur à tous… Sauf qu’à bien y regarder, il est bien souvent dépassé par les événements, 007 : incapable de sauver de la mort deux charmantes sœurs, impuissant devant une bombe prête à exploser, et les mains liés lorsqu’il s’agit d’empêcher le meurtre de 60 000 personnes… La superbe qu’il affiche est même franchement mise à mal lors de l’affrontement mythique avec Gert Froebe / Goldfinger.

« Do you expect me to talk ?
- No Mr. Bond, I expect you to die ! »

Réjouissant et ironique à souhait, un très grand Bond.

Les Hommes du Président (All the President’s Men) – d’Alan J. Pakula – 1976

Posté : 4 juillet, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, PAKULA Alan J. | Pas de commentaires »

Les Hommes du Président

Voilà sans doute « le » modèle du film-enquête des années 70, qui reflète la paranoïa de l’époque. Parano qui a largement irrigué tout un pan de la production des décennies à venir, jusqu’à X-Files qui s’en inspirera très clairement (le personnage de Deep Throat), ou JFK (Deep Throat toujours).

Le film a les atouts et les défauts des meilleures réussites du genre : l’aspect « dossier » l’emporte souvent sur l’ambition esthétique, et certaines scènes sont filmées un peu sagement, voire carrément platement.

Mais Pakula sait rendre passionnante cette enquête au long cours particulièrement complexe. Même s’il est difficile de suivre avec limpidité toutes les révélations, c’est le mouvement qui compte : celui d’un vaste cercle qui se referme peu à peu, au fur et à mesure qu’il remonte vers le sommet de la pyramide.

Inégal dans sa mise en scène, Pakula réussit toutefois de nombreuses scènes. Celles de Deep Throat notamment, sombres et angoissantes, mais aussi les nombreuses séquences montrant Woodward et Bernstein dans leur travail de fourmis. Les plus beaux plans sont peut-être les plus anodins : ceux où Robert Redford et Dustin Hoffman (formidables tous les deux) enchaînent les coups de téléphone, ou tapent à la machine…

Là, Pakula crée des plans fascinants avec une improbable profondeur de champ, où premier plan et arrière-plan apparaissent aussi nets l’un que l’autre. Belle manière de souligner en même temps la fièvre qui habite chaque personnage, et le travail d’équipe que cette enquête fascinante représente.

Oh ! J’oubliais, si quelqu’un l’ignore encore : c’est de l’affaire du Watergate qu’il s’agit. Tourné à peine deux ans après la démission de Nixon, All the President’s men révèle les contradictions et les troubles de cette Amérique aussi inquiétante que cinégénique.

Conversation secrète (The Conversation) – de Francis Ford Coppola – 1974

Posté : 20 juin, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, COPPOLA Francis Ford, FORD Harrison | Pas de commentaires »

 Conversation secrète

Entre deux Parrains ici et ici (et deux Oscars du meilleur film), Coppola change radicalement de style (et décroche une Palme d’or). Au lyrisme sublime de ses films sur la mafia (ou, plus tard, de son grand œuvre sur la guerre du VietNam, Apocalypse Now), le cinéaste oppose cette fois un minimalisme qui a souvent fait dire que Conversation secrète était un film plus personnel dans sa carrière.

C’est sans doute faux, mais le fait est que la réussite de ce film apporte une autre dimension à la filmographie de Coppola, qui n’est donc pas que le cinéaste de l’emphase et de la surenchère. Cela dit, c’est bien le triomphe (critique et populaire) du Parrain qui a permis à Coppola de mettre en images ce scénario qu’il avait écrit plusieurs années auparavant.

Dès la scène d’ouverture, ont sent que le réalisateur, également producteur, est dépouillé de toute contrainte. Cela commence donc par une séquence aussi énigmatique que virtuose, qui reviendra tout au long du film, un peu sur le modèle de Blow Up (ou plus tard de Blow Out) : divers objectifs et micros sont braqués sur une place bondée et tentent d’accrocher la conversation qui se noue entre un homme et une femme, tandis qu’un troisième larron les observe sans en avoir l’air.

On est alors en pleine crise du Watergate (même si le film a été écrit avant), et l’Amérique renoue avec la paranoïa post-Dallas. Conversation secrète donne corps à cette politique de l’intrusion et des écoutes illégales, avec une intrigue complexe entièrement basée sur la paranoïa, où la violence n’est jamais plein écran, mais où le danger semble pouvoir sortir de n’importe quel visage avenant. Le (petit) rôle du tout jeune Harrison Ford est en cela très marquant : sa seule présence, même s’il ne fait pas grand-chose pour cela, fait naître un profond malaise.

Le film démystifie aussi cette paranoïa, cette image d’une puissance cachée omniprésente et toute puissante. Car la « main armée » des écoutes, incarnée par un Gene Hackman formidable, est lui-même la première victime de ces intrusions dans la sphère privée. Un homme dont la vie tourne entièrement autour de celles des autres, de personnes qu’il ne connaît qu’à travers des écrans, et qui s’enferme de plus en plus dans une solitude pathétique.

Alliés (Allied) – de Robert Zemeckis – 2016

Posté : 11 mai, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 2010-2019, ZEMECKIS Robert | Pas de commentaires »

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Zemeckis nous fait le coup du grand cinéma classique romanesque, avec un modèle évident et proclamé : Casablanca, dont il reprend le décor (le Casablanca de 1942, pour la première partie du film), et même le « Play it » insistant devant un piano… Mais le réalisateur de Retour vers le Futur a-t-il la carrure de Michael Curtiz ? Pas sûr, quand même.

Dès le tout premier plan, absolument virtuose mais (très visiblement) entièrement numérique, le problème principal du film apparaît, avant même les acteurs, problème qui se confirmera scène après scène : Zemeckis soigne le moindre de ses plans avec une application et une volonté de se mettre en danger qui forcent le respect, mais avec une virtuosité trop évidente, trop systématique, et trop dominante.

Cette virtuosité, qui vaut quelques moments de plaisirs, semble le plus souvent trop appliqué. Zemeckis, qui a visiblement envie d’imprimer ce genre très hollywoodien de son emprunte, oublie la passion en route. Et si on suit l’intrigue sans le moindre ennuie, et avec un intérêt qui ne retombe (presque) jamais, l’émotion ne passe pas vraiment, et on reste constamment à distance de ce mélodrame pourtant costaud.

On le sent sincère et passionné par les classiques d’autrefois, mais Zemeckis reste du côté du pastiche. Son film sonne comme un hommage sincère et appliqué à Casablanca donc, mais aussi à l’univers de Graham Greene (dont Brad Pitt lit d’ailleurs le Brighton Rocks), notamment au très beau La Fin d’une liaison, dont Neil Jordan avait tiré un film autrement plus poignant.

Brad Pitt lui-même semble étrangement statique et étranger à l’action, comme engoncé dans un personnage qu’il ne fait jamais vraiment vivre (pas aidé, c’est vrai, par un accent amerloque lorsqu’il est censé parler couramment français). Mais il y a Marion Cotillard, lumineuse et intense, comme toujours parfaitement juste. Elle est pour beaucoup dans le plaisir sincère qui réussit à poindre au milieu de la déception.

Un espion a disparu (Above suspicion) – de Richard Thorpe – 1943

Posté : 27 février, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1940-1949, THORPE Richard | Pas de commentaires »

Un espion a disparu

Ce pourrait être un énième effort de guerre de la part des studios hollywoodiens, mais ce film d’espionnage tourné en 1943 possède un ton assez surprenant, inattendu pour l’époque : malgré la menace omniprésente et les nombreux faux-semblants, ces aventures d’un couple d’Américain transformés en espion dans l’Allemagne de 1939, à la veille de la déclaration de guerre, s’apparentent plus à une comédie d’espionnage qu’à un vrai film noir.

On a d’ailleurs un peu de mal à prendre tout ça au sérieux dans un premier temps : cette nonchalance de Fred McMurray face au danger, et l’excitation de sa toute jeune femme Joan Crawford à l’idée de devenir une espionne, ont de quoi désarçonner. Surtout que Richard Thorpe semble réellement filmer une comédie, dont la toute première image est d’ailleurs celle d’un mariage tout en légèreté.

Mais dès que le jeune couple quitte l’Amérique, le rythme s’installe, vif et sans temps mort. Un jeu de piste à travers une Europe pleine de dangers qui conduit nos héros d’une étape à l’autre, d’une scène à la suivante, d’un danger à un mystère. Ils y croisent des agents doubles, des espions nazis, des passages secrets, et même un meurtre à l’opéra qui rappelle étrangement celui de L’Homme qui en savait trop, avec un procédé que Hitchcock perfectionnera dans la version de 1956 de son film anglais.

Visuellement, Above suspicion souffre d’une photo tristement terne. Mais les décors sont beaux, et apportent un exotisme charmant à ce pur divertissement qui ne manque ni de souffle, ni d’esprit.

Firefox, l’arme absolue (The Firefox) – de Clint Eastwood – 1982

Posté : 28 janvier, 2017 @ 8:00 dans * Espionnage, 1980-1989, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.), FANTASTIQUE/SF | Pas de commentaires »

Firefox l'arme absolue

Les rares fois où Eastwood a cherché à coller aux goûts du moment, le résultat s’est avéré catastrophique. Avec La Relève, tentative maladroite de surfer sur le succès des films d’actions explosifs du début des années 90. Et dix ans plus tôt avec ce Firefox, où le grand Clint essaye de trouver sa place dans un cinéma hollywoodien très hich tech et SFX, marqué par la folie Star Wars (dont il reprend d’ailleurs l’un des responsables des effets spéciaux).

Le résultat est au mieux très maladroit, au pire assez navrant. La première partie, quand même, ne manque pas d’intérêt. Mais là, Eastwood s’inscrit dans un cinéma déjà révolu : celui du film d’espionnage de la guerre froide. Là seulement, on peut trouver des signes purement eastwoodiens, une manière très personnelle de créer une atmosphère en plongeant un personnage dans un milieu qui n’est pas le sien, un thème qui a toujours été au cœur de son cinéma.

Pourtant, même dans cette première partie séduisante par moments, le réalisateur Eastwood multiplie les effets douteux (les flashs très ramboesques sont franchement ridicules, pour illustrer le traumatisme post-VietNam de Clint), et les maladresses auxquelles il ne nous a jamais habituées.

Quant à l’acteur Eastwood, il n’a jamais été aussi mauvais, son jeu se limitant à des tics tellement énormes qu’on se demande comment les agents du KGB sont recrutés ! A tel point qu’on serait presque soulagé de le voir endosser la tenue de pilote qui le recouvre entièrement, rappelant étrangement l’une de ses premières brèves apparitions, celle de Tarantula.

Presque entièrement effacé derrière un déluge d’effets spéciaux totalement à l’encontre du style Eastwood, de son univers, de ce qu’il est, l’acteur-réalisateur se contente alors de filmer des images auxquelles il semble ne pas croire, se raccrochant à un genre high-tech dont, déjà en 1982, il devait paraître complètement à la traîne.

On se rassure en se disant que quand il est au fond du trou, Eastwood sait rebondir mieux que jamais. Après La Relève, il réalisera Impitoyable. Après ce calamiteux Firefox, il signera Honkytonk Man. Soit deux de ses plus beaux films.

OSS 117 : Le Caire, nid d’espion – de Michel Hazanavicus – 2006

Posté : 9 décembre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, HAZANAVICUS Michel | Pas de commentaires »

OSS 117 Le Caire nid d'espion

Le point de départ de cet OSS 117 pourrait ressembler à celui de The Artist, et pas seulement parce que Michel Hazanavicus y dirige déjà Jean Dujardin et Bérénice Béjo : comme il se mettra dans la peau d’un réalisateur du muet, le cinéaste se glisse ici dans celle d’un réalisateur de films d’aventures des années 50/60. 60 plutôt même, l’époque où le cinéma français surfe (à sa manière) sur le succès de James Bond.

La grande différence est que ici, Hazanavicus ne se contente pas de faire un film comme il l’aurait fait plusieurs décennies plus tôt : il se positionne quelque part entre le pastiche et la parodie, citant de nombreux films de l’époque (des OSS 117 d’Hunnebelle à Quand les aigles attaquent avec Eastwood), avec un humour décalé bien d’aujourd’hui, qui évite constamment le gros rire et se situe toujours juste à côté de là où on l’attend…

Mais au confort du pur gag, Hazanavicus préfère un décalage plus audacieux, et plus déstabilisant. Alors on rit de bon cœur devant les airs ahuris de Jean Dujardin, et quelques répliques déjà cultes (« j’aime me beurrer la biscotte »). La formule séduit, même si la mécanique, pour le coup, tourne un peu en rond au bout d’une heure.

Mais Hazanavicus se permet toutes les folies, avec une liberté totale : une scène clé de l’intrigue qui se transforme en un morceau de comédie musicale (« Bambino »), un duel de pensées pseudo-philosophiques venus de nulle part (devant l’air totalement crétin de François Damiens, à mourir de rire), un duel à coups de poulets vivants, ou les running gags autour d’une série d’intermèdes autour d’un espion insupportable qui épie et commente le moindre fait et geste du Français, ou de celui qui n’arrive pas à retenir le mot de passe…

Mais si le film est aussi enthousiasmant, c’est aussi parce qu’Hazanavicus a trouvé avec Dujardin son interprète idéal. Un véritable personnage de dessin animé, capable de passer des postures héroïque à la James Bond, à une tête d’abruti fini. Il faut voir ses regards concupiscents devant une femme en tenue légère, ou son sourire de gamin lorsqu’il joue avec la lumière qui réveille les poulets.

Le plus drôle, c’est la suffisance de Hubert Bonnisseur de la Bath, agent secret propulsé spécialiste du monde arabe (« Allez voir l’Imam. – Lee qui ? »), sa formidable inculture (ah, cette scène où il gueule après le muezzin qui le réveille !), et l’arrogance du représentant de la grande France coloniale (« C’est René Coty, il sera ton ami »). La scène où, bien aidé par la Chicha qu’il a fumée, il s’autorise quelques confidences bien personnelles sur cette culture et cette religion « pas très sérieuse » et « sans avenir » est un sommet de dérision. Qu’il conclue avec un magnifique « Il s’agirait de grandir… »

* Voir aussi la suite, encore plus réjouissante, OSS 117 Rio ne répond plus.

Courrier diplomatique (Diplomatic Courier) – de Henry Hathaway – 1952

Posté : 12 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, * Films noirs (1935-1959), 1950-1959, HATHAWAY Henry | Pas de commentaires »

Courrier diplomatique

Passionnant, ce thriller qui nous plonge dans l’Europe de l’après-guerre, celle des débuts de la guerre froide. Et belle idée d’avoir fait du héros non pas un agent surentraîné, mais un « facteur » qui se retrouve quelque peu démuni face au danger et à la violence de cette réalité dans laquelle il est plongé bien malgré lui.

Ce « facteur », employé de la future CIA chargé de transporter des documents diplomatiques, c’est Tyrone Power, excellent en séducteur fatigué qui réussit la prouesse de constamment mal juger ses interlocuteurs… et surtout ses interlocutrices. C’est dire la confiance en soi qu’il a, lui qui ne ressent pas le moindre début de suspicion devant Patrica Neal qui se jette littéralement sur lui dès la première rencontre. Il est bien le seul.

Le film porte d’ailleurs en germe toutes les caractéristiques du film d’espionnage, qui deviendra un genre majeur quelques années plus tard. A commencer par la duplicité des personnages et par l’opacité de certaines situations. Cela donne l’une des meilleures scènes du film : la rencontre ratée entre Power et son contact dans un train rempli d’espions (parmi lesquels un débutant, Charles Bronson), sommet de suspense où notre « héros » se balade sans rien comprendre à ce qui se passe devant ses yeux.

Si les rapports hommes et femmes sont pour le moins complexes, Hathaway fait de l’amitié masculine la grande valeur de son film. D’avantage encore que le patriotisme de rigueur. Entre Tyrone Power et son ami assassiné, entre Tyrone et le soldat Karl Malden, ou son supérieur Stephen McNally. Ou encore entre ces deux derniers, qui passent leur temps à s’admirer et à s’engueuler… Et puisqu’on est à citer les comédiens présents, n’oublions pas un autre jeune débutant, Lee Marvin, qui apparaît le temps de deux courtes scènes.

Mais ce qui fait la particularité du film, c’est surtout son décor, mélange d’extérieurs (alors que Hathaway et Power n’ont semble-t-il pas mis les pieds en Europe) et de décors. Et alors que les premières minutes (les seules qui se déroulent aux Etats-Unis) laissent penser que Hathaway s’inscrit dans la mouvance quasi-documentaire qu’il aime tant, la direction prise est très différente dès que l’action arrive en Europe, à Paris, Salzbourg et Trieste.

Là, c’est une ambiance de film noir que l’on retrouve, et des décors romantiques de studio. Un vrai film d’atmosphère, plein d’action et de suspense. Un vrai et bon film de genre.

* Le DVD vient de paraître dans la collection Hollywood Legends. En bonus, une courte présentation du film par Jean-François Rauger, directeur de la programmation à la Cinémathèque française.

Sens unique (No Way Out) – de Roger Donaldson – 1987

Posté : 4 octobre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, COSTNER Kevin, DONALDSON Roger | Pas de commentaires »

Sens unique

En 1948, John Farrow réalisait La Grande Horloge, un modèle de thriller. Le héros, interprété par le génial Ray Milland, était un reporter chargé par son patron d’identifier l’homme que sa maîtresse fréquentait, et qui est censé l’avoir assassiné. Sans savoir que cet homme n’est autre que Milland lui-même. Un film tendu et claustrophobique, l’intrigue se déroulant entièrement dans les murs d’une rédaction de journal.

Quarante ans plus tard, Roger Donaldson reprend la même intrigue et le même parti-pris (un homme chargé de démasquer un suspect qui n’est autre que lui-même, dans un environnement clos), mais change complètement le décor. Oublié le journalisme d’investigation des années 40. Désormais, c’est au cœur du Pentagone, avec l’ombre de la guerre froide qui plane, que nous plonge Donaldson.

L’idée en vaut une autre. Et ce décor, fait de grands couloirs et de vastes salles, et où l’informatique (à la sauce 80s) est omniprésent, offre de belles perspectives en matière de suspense. Mais Donaldson n’est, décidément, pas Farrow. Et ce remake dont j’avais gardé un bon souvenir met un temps fou à se mettre en route. Comme s’il fallait absolument profiter de la présence de Sean Young, dans le rôle de la victime, sa mort semble être repoussée autant que possible… jusqu’à la mi-film en fait.

Le problème, c’est qu’avant sa mort, il n’y a pas de film. L’intrigue n’existe pas, le suspense n’a pas de raison d’être, et ne reste alors qu’une romance banale et franchement ennuyeuse, avec un Kevin Costner qui se contente d’être beau et charismatique, et une Sean Young qui minaude comme c’est pas permis. Ajoutez un Gene Hackman en grand méchant et en roue libre, et un Will Patton qui cabotine à outrance… Bref, Donaldson n’est pas, non plus, un grand directeur d’acteur.

La deuxième moitié, heureusement, est plus palpitante. Le suspense fonctionne plutôt bien. Et dès que Costner se met à courir, il donne un vrai rythme à ce thriller souvent mou. Ça suffit pour passer un bon moment. Pas, mais vraiment pas, pour oublier le chef d’œuvre de John Farrow.

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