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Archive pour la catégorie '* Espionnage'

Maldonne pour un espion (A Dandy in aspic) – d’Anthony Mann (et Laurence Harvey) – 1968

Posté : 30 mars, 2021 @ 8:00 dans * Espionnage, 1960-1969, HARVEY Laurence, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Maldonne pour un espion

Dernier tour de piste pour le grand Anthony Mann, mort subitement (à 60 ans seulement…) en plein tournage de ce premier film d’espionnage, que son acteur principal Laurence Harvey terminera lui-même. Une fin de carrière fort honnête pour un cinéaste aussi enthousiasmant que cohérent.

Cet ultime film achève aussi la troisième partie de son œuvre. Pour faire simple (et c’est très résumé) : les polars des années 40, les westerns des années 50, et les grosses productions internationales des années 60. Pour faire simple, donc. Ce cinéaste si marqué par les genres rois du cinéma américain tire donc sa révérence sur un film très britannique, ne serait-ce que par l’accent de ses comédiens et par le décor.

Londres, en l’occurrence, mais aussi Berlin, lieux de l’un de ces films d’espionnage de la Guerre Froide qui se succédaient alors. On est alors en plein triomphe de James Bond, ce qui se sent surtout dans le générique. Mais c’est plutôt du côté de John Le Carré et de L’Espion qui venait du froid que lorgne Mann.

Rien de fun ou d’excitant ici, mais le portrait d’un agent double russe, infiltré depuis dix-huit ans dans les services secrets britanniques, et qui cherche désespérément une porte de sortie, une manière de retrouver sa vie et son identité. C’est Laurence Harvey donc, dont la froideur et le détachement douloureux font des merveilles dans ce rôle-là, si coupé de la vie.

Sa rencontre la jeune et fraîche Mia Farrow, libre et insouciante à sa manière, est une belle image de cette vie qui se refuse à l’espion. Beau drame humain, film d’espionnage sombre mais étonnamment simple, dépouillé, entièrement tourné sur les espoirs et les peurs de son personnage principal.

Le film est inégal, avec quelques fulgurances de mise en scène (beaux plans utilisant la profondeur de champs), et des moments plus convenus, voire un peu longs. Mais il y a un ton, une noirceur, et aussi une intimité. Baisser de rideau très honorable, pour Mann.

Tueur d’élite (The Killer Elite) – de Sam Peckinpah – 1975

Posté : 26 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Espionnage, * Polars US (1960-1979), 1970-1979, PECKINPAH Sam | Pas de commentaires »

Tueur d'élite

Deux amis qui travaillent pour la même agence gouvernementale secrète. L’un trahit l’autre et le laisse pour mort. Ce dernier revient à la vie et cherche à se venger…

Canevas hyper classique pour ce Peckinpah qui n’a pourtant rien de banal. Entre les deux d’abord, interprétés par James Caan et Robert Duvall, l’amitié a quelque chose de charnel, et les regards et les gestes sont ceux d’amants plus que ceux d’une amitié virile et machiste telle qu’on l’attend.

Les personnages sont tous des durs, des tueurs. La particularité du film tient au décalage entre la nature de ces types et l’affection visible qu’ils ont les uns pour les autres. La tendresse, même, jusque dans la mort, qu’on la reçoive ou qu’on la donne.

James Caan est formidable dans ce registre, arborant un calme et un visage impassible, sourire triste et regard perdu. Moins ami trahi qu’amoureux déçu ne parvenant pas à se relever d’une tromperie. Cassé, en fait, et la clé de son personnage tient sans doute à cette réplique : « J’en ai simplement rien à foutre. »

La violence est sèche, brutale, percutante. Peckinpah la filme avec le même regard détaché, la même tendresse amusée. Les femmes sont vite évacuées, comme des morpions un peu gênants (ce qu’annonce la blague sur l’infection vaginale au début). Ne reste que des hommes, fatigués de jouer à la guerre, et qui n’ont plus qu’une envie : couler des jours heureux au soleil.

Ainsi, Caan prit la mer avec Burt Young… Et Peckinah signa un beau film bien dans sa manière, et pourtant au ton si original…

Osterman Week-end (The Osterman Week-end) – de Sam Peckinpah – 1983

Posté : 18 juillet, 2020 @ 8:00 dans * Espionnage, * Thrillers US (1980-…), 1980-1989, LANCASTER Burt, PECKINPAH Sam | Pas de commentaires »

Osterman week-end

Dernier baroud pour Peckinpah, grand cinéaste en bout de course, rongé par l’alcool, la drogue, l’échec de ses derniers films, et un système hollywoodien qui ne lui convient pas. Convoi, son précédent film, est sorti cinq ans plus tôt ; lui mourra l’année suivante. Pourtant, Osterman week-end, film mal-aimé, est l’œuvre d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens.

Évacuons d’emblée le détail le plus problématique : les ralentis, si typiques des scènes de violence chez Peckinpah. D’une manière générale, l’effet a vieilli. C’est particulièrement vrai ici, où une poignée de moments de bravoure flirtent dangereusement avec le kitsch. Le constat est d’ailleurs vrai de beaucoup de films de cette époque (me suis toujours pas remis du Fury de De Palma…).

Mais ceci mis à part, la mise en scène de Peckinpah est d’une précision et d’une originalité remarquables, sur ce qui est une pure commande, l’adaptation d’un roman de Robert Ludlum à l’intrigue faussement complexe, qui joue avec les codes du film d’espionnage pour déboucher sur quelque chose de différent : une critique du pouvoir des images, de la manipulation des médias.

Peckinpah fait de ce thème le pilier de son travail de réalisateur, multipliant les écrans à l’image : écrans pour observer, pour dialoguer, pour manipuler, pour tromper, pour détruire… C’est assez brillamment fait, et Osterman week-end annonce d’une certaine façon le Invasion Los Angeles de John Carpenter. Que ce dernier choisisse pour le premier rôle féminin Meg Foster, qui joue ici l’épouse de Rutger Hauer, n’est peut-être pas un hasard…

Le casting, globalement, est excellent : Hauer, Dennis Hopper, Craig T. Nelson, tous parfaits (et sobres), John Hurt surtout, formidable en espion détruit. Burt Lancaster aussi, dont la filmographie reste classe jusqu’au bout…

Le choix des acteurs était important, parce que le cœur du film, c’est un huis clos dans une villa où la tension grandit peu à peu entre les protagonistes, l’un étant chargé de manipuler ses trois amis, dont il a appris qu’ils étaient des traîtres au service des Russes. Et la tension, d’abord latente, finit bel et bien par exploser, dans une séquence de chasse nocturne assez bluffante.

Avec son dernier film, Peckinpah réussit son rappel. Il signe un thriller paranoïaque, humain, et tendu comme un arc.

Burn after reading (id.) – de Joel et Ethan Coen – 2008

Posté : 2 février, 2020 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, COEN Ethan, COEN Joel | Pas de commentaires »

Burn after reading

Une femme entre deux âges qui veut trouver l’argent nécessaire aux opérations de chirurgie esthétiques qu’elle veut faire. Un paranoïaque qui multiplie les maîtresses et s’effondre quand il découvre que sa femme le soupçonne d’infidélité. Un coach sportif bas du front, voire totalement crétin… Ces trois là, et quelques autres tout aussi gratinés, se croisent autour d’un CD trouvé dans un vestiaire, qui va aimanté tous les espions en poste à Washington, sans qu’aucun de ces derniers ne comprennent vraiment ce qui se passe.

On est chez les frères Coen, dans leur veine « les crétins sont des héros pas comme les autres ». Bref, dans leur veine George Clooney. Ou l’art d’élever la crétinerie et le n’importe quoi à un niveau exceptionnel. Il est rare, quand même, de voir des personnages aussi à côté de la plaque, aussi absurdes que ceux-là. A tel point qu’on frise par moments le pur foutage de gueule.

On frise seulement. Avec les Coen, ce grand n’importe quoi a toujours quelque chose de très humain, qui touche au coeur. Ou l’art, aussi, de nous faire prendre conscience qu’on a tous quelque chose de crétin et d’absurde. Les Coen, il est vrai, sont de grands directeurs d’acteurs. La preuve : même John Malkovich est très bien dans Burn after reading !

Pas aussi bien que George Clooney, Brad Pitt et Frances McDormand, mais très bien quand même, en ex-analyste de la CIA au fond du trou. Ce sont les personnages qui font tout le sel de ce sommet d’absurdité, eux et les situations, les dialogues souvent complètement inattendus, Frances McDormand l’air entendu devant un agent russe, Brad Pitt en costume un casque de vélo sur la tête, George Clooney qui va courir… Et la rencontre de ces deux derniers bien sûr, aussi brève que percutante.

… Du grand n’importe quoi élevé au rang d’art majeur !

Le Rideau de fer (The Iron Curtain) – de William A. Wellman – 1948

Posté : 7 janvier, 2020 @ 8:00 dans * Espionnage, 1940-1949, TIERNEY Gene, WELLMAN William A. | Pas de commentaires »

Le Rideau de fer

Juste un détail pour vous éviter un petit moment de flottement : non, le personnage interprété par Dana Andrews n’est pas une taupe infiltrée au sein des services secrets soviétiques, mais un vrai Russe. Cette petite précision méritait d’être faite, tant l’acteur (comme Gene Tierney d’ailleurs, à qui il est une nouvelle fois associé après Laura, et avant Mark Dixon détective) « fait Américain ».

C’est effectivement un problème, qui a son poids dans cette histoire (de pure propagande anti-soviétique, ou anti-communiste) dont les personnages sont quasiment tous des Russes envoyés au Canada à la fin de la deuxième guerre mondiale : le couple est tellement associé à l’histoire du film noir, genre si typiquement américain, et Andrews a des manières si virilement américaines, qu’on a du mal à les imaginer dans la peau d’un couple russe.

Quand cette idée commence malgré tout à l’installer, quand même, ce qui frappe alors dans cette histoire estampillée « authentique, tirée d’archives secrètes, et tournée dans les lieux même de l’action », c’est la mise en scène, intense et très stylisée de l’ami Wellman.
Un grand, définitivement, sorte de chaînon manquant entre Ford, Walsh et Hawks… Wellman transforme de simples face-à-face en moments de bravoure, par de superbes jeux d’ombres profondes.

Il les utilise avec jubilation, ces jeux d’ombre, qui soulignent le malaise grandissant dans l’esprit de ce pur produit de la grande union soviétique, qui découvre les joies du capitalisme et du confort de l’Ouest, au Canada où il arrive plein de préjugés.

Le message est clair, et pas très délicat, mais la manière est superbe. En temps que film politique, Le Rideau de fer est une œuvre très discutable qui n’évite aucun cliché, aucune facilité. En tant que film de genre, c’est une merveille de plus à l’actif de Wellman. Et avec un choix plutôt original : constituer la bande son de musiques écrites par des compositeurs russes.

La Sanction (The Eiger Sanction) – de Clint Eastwood- 1975

Posté : 31 mars, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 1970-1979, EASTWOOD Clint (acteur), EASTWOOD Clint (réal.) | Pas de commentaires »

La Sanction

Il y a dans La Sanction quelques notes d’humour qui flirtent ouvertement avec des stéréotypes homophobes (la vilaine tapette au petit chien, bof) et racistes (les vannes à l’encontre de la jeune Indienne, re-bof). Il y a aussi quelques notes franches de mauvais goût (l’imagerie autour de Dragon, le patron albinos des espions, re-re-bof). On peut donc avoir de sérieuses réserves sur ce film.

Mais il y a aussi des tas de bonnes choses, dans ce film particulièrement physique de Clint Eastwood, qui sort clairement de sa zone de confort en s’offrant le rôle pas foncièrement sympathique d’un tueur-alpiniste. Le genre de personnages qu’on n’a pas forcément l’occasion de croiser dans toutes les salles de cinéma, qui sort de l’imagination de Trevanian, auteur qui signait là son premier roman, et qui donne à Clint l’occasion de se mettre en scène dans quelques séquences d’escalade impressionnantes.

Ces scènes sont la raison d’être principale du film, et marquent par leur diversité et par leurs approches esthétiques différentes. Le film est ainsi clairement séparé en trois parties. La première adopte une esthétique typique de film d’espionnage (un peu comme le début de Firefox, l’autre film d’espionnage d’Eastwood) : dans un pays de l’Est, le personnage de Clint doit tuer un espion au service des Russes. L’image est alors froide et grisâtre. Quant à Clint, il se contente d’y grimper le long d’une gouttière, séquence déjà gentiment vertigineuse.

Changement de décor pour la partie centrale : Clint se rend dans les décors spectaculaires et lumineux de Monument Valley pour s’entraîner aux côtés de son vieux comparse George Kennedy (qu’il retrouve après Le Canardeur, et dans un rôle très différent mais tout aussi marquant). Ce qui nous donne pour le coup une fort belle grimpette de l’une de ces « aiguilles » typiques du site, aux images très impressionnantes (Clint et George sur cette plateforme de 5 m2…).

Puis vient le gros morceau de bravoure : Clint gravissant le dangereux Eiger, dans les Alpes suisses, avec trois compagnons de cordée dont il ne sait pas lequel est le traître qu’il doit abattre. L’intrigue passe d’ailleurs vite au second plan. Eastwood ne s’intéresse qu’à filmer ses personnages au plus près dans ses décors (réels) impressionnants. Un parti-pris qui fonctionne parfaitement, et qui donne quelques belles suées.

La Maison Russie (The Russia House) – de Fred Schepisi – 1990

Posté : 28 mars, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, SCHEPISI Fred | Pas de commentaires »

La Maison Russie

« D’après John Le Carré »… Et c’est tout un univers qui se met en place, fait de mensonges, de faux semblants et de menaces sourdes qui transforment le quotidien en cauchemar. Bref, un genre littéraire et cinématographique en soit, auquel ce film fait honneur, sans y apporter grand-chose de neuf.

C’est quand même le chef d’œuvre de Fred Schepisi, cinéaste oubliable (et oublié) particulièrement à l’aise ici, dans sa manière surtout de filmer l’architecture de ses décors, de Moscou à Lisbonne : la ville, comme lieu de tous les possibles (dans un sens positif ou négatif d’ailleurs), joue un rôle central dans le film. C’est d’ailleurs sa première qualité.

Il y a aussi le couple formé par Michelle Pfeiffer et Sean Connery, impeccable, tout en charme. Sean Connery, donc, en éditeur très porté sur le scotch (normal, pour le plus célèbre des Ecossais) et attiré par la Russie, qu’un mystérieux manuscrit pousse à jouer les Espions pour les Britanniques. A moins que ce soit pour les Américains. A moins que ce soit pour les Russes.

Ce doute qui se met en place rapidement n’est vraiment pas une nouveauté dans le genre, et c’est là toute la limite du film, et ce qui lui vaut une réputation… à vrai dire aucune réputation. Le fait qu’entre le début du tournage et la sortie du film, l’Histoire a fait un pas de géant avec la chute du Mur, jamais évoquée ni de près ni de loin, n’a pas joué en sa faveur à l’époque.

Le film passe à côté de l’Histoire ? Sans doute, mais il rend hommage aux antiques films d’espionnage de la guerre froide, avec paranoïa et sentiment de danger à tous les croisements de rue. La prestation de Klaus Maria Brandauer, dans le rôle (court mais marquant) n’y est pas étrangère. En quelques scènes, l’acteur impose un trouble qui flotte sur tout le film.

Demain ne meurt jamais (Tomorrow never dies) – de Roger Spottiswoode – 1997

Posté : 7 février, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 1990-1999, ACTION US (1980-…), James Bond, SPOTTISWOODE Roger | Pas de commentaires »

Demain ne meurt jamais

Pas mal, ce deuxième Bond de l’ère Brosnan. Après le très réussi Goldeneye, l’ami Pierce aurait sans doute aimé plus de profondeur, plus de noirceur, plus de complexité pour son personnage. Mais quand même : il tue, il souffre, il affiche un cynisme bienvenue, et il le fait avec style, classe et panache. Franchement, on n’en demande pas beaucoup plus.

Pas (trop) d’humour lourdingue, non plus, comme dans le triste Meurs un autre jour. Ici, l’humour est en grande partie circonscrite aux scènes d’action, par ailleurs très inventives : c’est ainsi qu’on a le droit à une poursuite en voiture… télécommandée par un Bond dissimulé entre les sièges (un peu plus intéressant visuellement qu’une certaine voiture invisible), et surtout à une autre poursuite en moto pilotée en mode duo.

C’est peut-être la séquence la plus réussie et la plus importante du film : cette poursuite où Bond et une sorte d’alter ego au féminin sont obligés de se partager l’écran, reliés l’un à l’autre par des menottes. Une belle séquence assez virtuose, pleine de rythme et d’idées, autour d’un duo qui ne tiendra hélas pas vraiment ses promesses.

Dans le rôle de cette espionne musclée, Michelle Yeoh semblait un choix idéal. Pourtant, la superstar de Hong Kong semble constamment mal à l’aise, en retrait. Pas gâtée c’est vrai par un scénario qui la garde systématiquement à distance de 007, comme s’il n’était pas encore temps de confronter le plus célèbre des agents de sa majesté à une femme digne de lui.

C’est la même impression qui domine avec l’autre Bond Girl, qui répond à une autre ambition louable mais trop timide : révéler l’humanité de Bond en lui prêtant une vraie histoire d’amour surgie du passé. Teri Hatcher est belle comme tout, mais son personnage se limite un peu à ça. Une leçon dont les scénaristes sauront se souvenir avec Casino Royale.

Quant au grand méchant, magnat des médias qui créent des catastrophes pour s’offrir des scoops, il résume à la fois les forces et les faiblesses du film. Caricatural et jamais vraiment crédible ni effrayant, il est incarné par un Jonathan Pryce en roue libre qui s’offre une interprétation toute en gourmandise et en excès. Il en fait des tonnes, mais il est irrésistible, en particulier quand il se fout ouvertement de la gueule de Michelle Yeoh experte en arts martiaux, ou quand il se comporte en gamin à qui on aurait cassé son jouet…

Un plutôt bon cru, donc, qui remplit joyeusement son cahier des charges : action, dépaysement, gadgets, et chouette chanson de générique (signée Sheryl Crow). Un James Bond, quoi.

Meurs un autre jour (Die another day) – de Lee Tamahori – 2002

Posté : 4 février, 2019 @ 8:00 dans * Espionnage, 2000-2009, ACTION US (1980-…), James Bond, TAMAHORI Lee | Pas de commentaires »

Meurs un autre jour

Du bon et du beaucoup moins bon, pour ce Bond officiellement estampillé n°20. Et ce contraste apparaît dès l’incontournable séquence d’ouverture, à la fois poussive et éphémèrement grotesque (l’arrivée en surf ? vraiment ?), et aussi assez maline : comment répondre à la question brûlante que personne ne se pose vraiment… mais où donc était James Bond le 11 septembre 2001 ?

Il était donc dans une prison de Corée du Nord, où il est resté plus d’un an, subissant interrogatoires et tortures avant d’être échangé contre un autre prisonnier politique. Une entrée en matière particulièrement sombre et audacieuse, qui semble répondre aux aspirations de Pierce Brosnan d’incarner un Bond plus intense, plus noir, plus brut.

Las… La suite lorgne d’avantage du côté de Roger Moore que de Sean Connery, même si ce vingtième opus multiplie les clins d’œil aux premiers films de la saga : Halle Berry qui sort de l’eau comme Ursulla Andress quarante ans avant elle bien sûr, mais aussi le laser et le siège éjectable de Goldfinger. Mais ce qui domine, c’est un humour bon enfant, des dialogues à double-sens d’une lourdeur affligeante, et une surenchère qui, loin de constituer un sommet, représentera une fin de règne bien involontaire pour le pauvre Pierce.

Ultime image de cette surenchère malheureuse : la voiture invisible, sommet de « what the fuck » qui symbolisera rétrospectivement l’impasse de la logique dans laquelle s’enfermait 007, qui aboutira à l’éviction de Brosnan (qui méritait mieux), et au premier vrai reboot de la série, avec Casino Royale. Cette voiture invisible est bien sûr totalement ridicule, mais colle parfaitement à l’esprit de la séquence finale, climax se déroulant dans un palais de glace où Bond affronte des méchants artificiels, qui forcément manque totalement d’humanité et de profondeur.

Et ce n’est pas la prestation incroyablement transparente de Halle Berry, qui se contente d’être belle (pour ça, elle n’a pas grand-chose à faire) sans rien apporter à son personnage, pseudo-alter ego féminin de 007. « Une belle vue », comme le répète Bond dès qu’elle apparaît. Pas plus que celle de Rosamund Pike, très jolie et très froide dans le rôle d’une James Bond Girl très jolie, et très, très froide. Bond est décidément le plus misogyne de tous nos héros, éternellement entouré de belles plantes qui n’incarnent rien. Dommage.

Finalement, le rôle féminin le plus marquant serait presque celui de Madonna, plus convaincante dans son minuscule rôle (une apparition clin d’œil en maîtresse d’escrime, rien de plus) que dans son interprétation de la chanson de générique, très électro et déjà très datée.

De ce grand spectacle outrancier et glacé, on sort avec le sentiment d’un gâchis, pour le spectateur et pour Pierce Brosnan, dont on ne dira jamais assez à quel point sa classe naturelle correspondaient parfaitement à l’idée qu’on se faisait du plus célèbre des agents de sa majesté. Une idée que, après ces excès pas franchement assumés, il fallait absolument redessiner. Et c’est l’ère de Daniel Craig qui s’ouvre…

Bon voyage – d’Alfred Hitchcock – 1944

Posté : 2 décembre, 2018 @ 8:00 dans * Espionnage, 1940-1949, COURTS MÉTRAGES, HITCHCOCK Alfred | Pas de commentaires »

Bon voyage Hitchcock

Après Aventure malgache, Hitchcock continue son effort de guerre à Londres avec des comédiens français, et signe cette fois un authentique bijou. Comme son précédent court métrage, celui-ci est constitué de longs flash-backs. Mais la construction est ici plus linéaire, plus simple, donnant un suspense très efficace, superbement réalisé.

Visuellement et thématiquement, Bon voyage évoque les grandes réussites d’Hitchcock du début des années 40, Correspondant 17 ou Cinquième colonne. Ici aussi les dangers de la guerre son évoqués sous le prisme de l’espionnage et des faux-semblants. Et ici aussi, le cinéaste soigne particulièrement ses ambiances en jouant constamment sur l’obscurité, et les ombres profondes de décors très soignés.

La séquence de la cave est l’une des plus réussie, sans qu’il y ait pourtant rien d’ouvertement spectaculaire : une simple rencontre dans un lieu où un drame s’est joué, et dont Hitchcock parvient à nous faire ressentir instantanément la menace. En choisissant de ne jamais filmer les déplacements de ses personnages, prisonniers de guerre qui cherchent à quitter la France occupée, Hitchcock concentre son action sur une poignée de moments clés, laissant volontairement des blancs et autant d’interrogations et d’interprétations possibles.

Sombre et intense, Bon voyage est au final très éloigné de son « film jumeau », Aventure malgache, dont il est souvent indissociable. Toute trace de légèreté a disparu, et l’optimisme un peu naïf n’est plus de mise ici. Hitchcock nous offre même l’une des scènes de meurtre les plus marquantes de sa filmographie. Une scène pourtant simple, mais où le cinéaste diffère la mise à mort juste le temps de la rendre traumatisante : « Je ne vous ferais pas attendre, laissons seulement l’auto s’éloigner. » Déchirant.

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